Beyond the invisible - chapitre 05

3 décembre 2012

Chapitre 05 par Lybertys

 

Je finis par me laisser totalement aller, nos respirations étaient maintenant devenues plus que calme et nos cœurs avaient retrouvés leur rythme habituel. Je ne sais au bout de combien de temps je finis par me retirer et m’asseoir à côté de lui, posant ma tête contre son épaule. Mes yeux étaient de nouveau en train de se fermer, nous amenant tous deux dans un état de mi-sommeil.

C’est au moment où je me sentais sombrer que j’entendis sa voix me murmurer  :

 - On va se coucher, tu viens dans mon lit… Tu vas pas rester sur le canapé.

J’acquiesçais sans prendre la peine de répondre, trop fatigué pour ne serait-ce que prononcer un mot. Nous nous rendîmes donc jusqu’à sa chambre, tirions les draps et en moins de temps qu’il fallu pour le dire, nous étions déjà allongés côté à côté, tendant les bras à Morphée qui nous saisit au moment même où nous fermions les yeux.

Malgré toute ma fatigue, ma nuit fut extrêmement mouvementée et torturée. Je ne cessais de mêler passé et présent dans des images qui s’approchaient plus du cauchemar que du rêve. Je me réveillais aux mêmes heures des visites des gardiens lorsque j’étais en prison, et toujours cette peur de la nuit et cette ambiance qui y régnait m’imprégnait continuellement. La présence de Dorian à mes côtés avait quelque chose à la fois de très rassurant et de dérangeant.

Le rêve le plus étrange que je fis fut très tard dans la nuit. J’embrassais un homme à pleine bouche, me sentant envahi d’un désir insatiable et d’un plaisir que je n’avais jamais ressenti auparavant. Je pouvais ressentir la même chose provenant de cet être dont je ne connaissais pour l’instant toujours pas l’identité. Je me délectais de ses lèvres, de son cou, le sentant glisser ses mains jusqu’au bas de mes reins. Enivré d’un plaisir inconnu, la curiosité me poussa à ouvrir les yeux qui dans mon rêve étaient clos. A peine découvrais-je l’identité de l’inconnu que mes yeux s’ouvrirent pour de vrai pour cette fois, me plongeant dans la pénombre de la pièce. J’en ressortais avec des sueurs froides. Même si ce n’était qu’un rêve, il ne fallait jamais que ce genre de chose se produise. Non pas parce que c’était Gabriel, mais par l’interaction qu’il y avait en nous. Je l’avais assez payé. Je portais ma main à mon omoplate, touchant inconsciemment le tatouage que je m’étais fait faire en prison. Ne plus jamais recommencer les erreurs du passé, c’était ce que cet oiseau mythique me rappelait sans cesse. Ce phœnix symbolisait aussi ce qui m’était arrivé, ce qui était censé me faire aller de l’avant. Il renaît de ses cendres pour commencer une nouvelle vie, et c’est ce que je tentais de faire depuis dix ans. J’étais comme mort en même temps que lui, et je tentais de renaître.

Assis au bord du lit, je mis longtemps avant de m’en remettre, prenant ma tête entre mes mains pour tenter de calmer en moi l’angoisse grandissante et les souvenirs grouillant, pensant surtout à ce jour qui avait changé ma vie et clos la sienne.

Je finis par m’allonger, n’ayant rien d’autre à faire que dormir et en ayant surtout besoin. Je ne fis que somnoler, ne parvenant pas à trouver la paix en moi. Ce n’est que vers l’aube que je parvins réellement à m’endormir. Et c’est à peine une heure plus tard que je sentais Dorian me secouer légèrement par l’épaule pour me réveiller.

Je sursautais violemment, vieille habitude héritée de prison qui n’était pas prête de me quitter. Il me regarda surpris et me dis assez rapidement :

- On a une demi heure et on décolle.

Je mis un temps à habituer mes yeux à la lumière, il avait ouvert les volets sans que je m’en aperçoive. Il se tenait là à côté de moi en serviette, sortant apparemment de la douche.

- J’vais faire le petit déjeuner, je te laisse te préparer.

Il me laissa sur ces derniers mots. Au pied du lit étaient pliés mes vêtements d’hier, ainsi que ceux qu’il m’avait prêtés la veille. Je me redressais, grimaçant sous les courbatures dues au travail de la journée d’hier ainsi que de la soirée assez mouvementée. Je rougis à ce souvenir, et me dirigeais d’un pas rapide jusqu’à la salle de bain, sachant que seule une bonne douche achèverait de me réveiller.

Une fois prêt, propre et habillé, je me rendis jusqu’à la cuisine où les souvenirs de la veille me revinrent en un instant. Heureusement qu’il fallait se dépêcher, car je sentis presque le rouge me monter aux joues. Un petit sourire complice fut tout de même échangé, lorsque nous mettions nos vestes pour sortir. Les courbatures étaient tout aussi violentes que la veille et je savais que j’allais devoir les supporter toute la journée.

Durant tout le trajet en voiture, nous échangeâmes une petite conversations tranquille, finissant par parler de l’organisation de ce soir. A l’idée que j’allais enfin pouvoir avoir un “chez moi”, je sentais mon cœur s’emballer dans ma poitrine. J’appréhendais assez cependant, le fait de me retrouver à vivre seul. Jamais cela ne m’était arrivé avant la prison et les dix années que j’avais vécues en prison était bien sur à l’encontre d’une telle possibilité.

Lorsque nous arrivâmes au centre, Dorian m’indiqua directement ce que j’avais à faire, et dit rapidement qu’il allait me rejoindre plus tard. Je me dirigeais donc vers le premier box et commençait à accomplir le même travail qu’hier. Le premier box que je nettoyais contenait un animal bien plus agité que tous ceux que j’avais pu voir jusqu’à aujourd’hui. Je le sentais particulièrement agacé et surtout impressionné par la puissance qu’il dégageait. Jamais je n’aurais pu imaginer être impressionné par un tel animal, mais j’étais, je devais l’avouer presque intimidé par la prestance et la force qu’il dégageait. Je continuais malgré tout mon travail, ayant beaucoup de mal à garder mon sang froid et à quitter des yeux ce cheval qui je le pressentais, était en train de préparer quelque chose. Je sursautais lorsque j’entendis la voix de Dorian provenant de l’entrée du box. Je lui souris, tentant tant bien que mal de cacher mon malaise. Je dus très mal m’y prendre car il me conseilla aussitôt :

- Ne t’enferme jamais avec un cheval, laisse toujours ouvert. C’est une sécurité à prendre, surtout avec celui-ci, dit-il en me le pointant d’un bref mouvement de tête.

J’acquiesçais avec un sourire de remerciement et me remis au travail aussitôt. Dorian ouvrit la porte du box et repartit à ses occupations. Seulement, depuis qu’il était parti, l’occupant de ce box, avait tout à fait compris que la porte était maintenant ouverte. Il commença vicieusement à se déplacer vers moi, empiétant au fur et à mesure sur mon territoire, si bien que je me retrouvais presque plaqué contre la porte. Je me mis alors à faire ce que je ne devais précisément pas faire : je paniquais. Il le remarqua immédiatement, et ne m’offrant pas la moindre faveur, il me bourra sans plus de cérémonie afin de sortir. Autant dire que je ne faisais pas le poids face à lui et que je ne savais pas du tout comment réagir dans pareille situation. Sans trop réaliser ce qu’il se passait, l’animal était déjà partit au petit galop dans l’écurie, se dirigeant vers la sortie de celle-ci. Maintenant totalement paniqué, je partis à sa poursuite, n’ayant pas la moindre idée de la manière avec laquelle j’allais m’y prendre pour le faire rentrer de nouveau dans son box et pire encore pour ne serait-ce que je le rattraper. Dorian n’étais même pas là. Alors que je sortais de l’écurie en courant je tombais sur la dernière personne que j’avais envie de voir. Je lui lançais un regard apeuré, ne sachant ni que dire, ni quoi faire dans une telle situation. Gabriel m’aperçu rapidement et sans une attention pour moi, il se précipita à la poursuite du cheval échappé. Heureusement, son estomac eut une plus forte intensité que son envie d’évasion, car le cheval s’arrêta à la réserve à grain. J’observais avec attention, malgré le fait que j’étais extrêmement embêté, la manière dont Gabriel s’y prenait avec cet animal. Lentement, il s’approcha de lui, avant de la contourner pour l’intercepter, se plaçant de manière stratégique. Tout en s’approchant, il l’appela par son nom, bien que le cheval était très occupé à manger. Il saisit le cheval par les crins situés au sommet de sa tête, et le força à relever la tête pour le suivre. L’animal était totalement soumis et n’avait pas du tout le même comportement avec lui qu’avec moi. Anxieusement, je le suivis jusqu’au box, ne sachant pas trop à quoi m’attendre, me mettant cette fois-ci à le craindre vraiment. Il semblait furieux, mais il me demanda d’une voix calme, une fois l’animal dans le box :

- Que s’est-il passé ?

- Je… Commençais-je timidement.

- Tu ?

J’avais l’impression d’être un enfant que l’on était en train de réprimander et d’interroger sur sa bêtise. Rentrant malgré moi dans le jeu, je me lançais et lui racontais tout :

- J’étais en train de faire son box et il… Il m’a bourré pour sortir… Au départ j’avais fermé la porte, mais on m’a dit de ne jamais m’enfermer dans le box, alors j’ai réouvert…
- Hn…
Gabriel se désintéressa alors totalement de moi, pour porter pleinement son attention sur le fameux cheval qui m’avait causé des problèmes. Je décidais de prendre du temps pour le regarder faire, soulagé du fait de ne plus ressentir sa souffrance. Ma colère m’avait vraiment coupé de tout ressentiments le concernant, du moins pour un temps. J’avouais me sentir encore extrêmement honteux de ce qui venait de se passer. Il entra donc de nouveau dans le box, laissant apparemment volontairement la porte grande ouverte. Alors que l’animal faisait un pas en direction de la sortie, je vis Gabriel l’arrêter d’une légère pression du doigt sur le poitrail et lui dire d’une voix douce et ferme de reculer. Il recommença ce manège jusqu’à ce qu’il lui laisse la porte ouverte sans qu’il ne soit tenté de la franchir. Cela dû prendre une bonne vingtaine de minute mais jamais ce spectacle ne me parut ennuyant. C’était fascinant de voir cet homme travailler avec ce cheval. Rien que son comportement était tout autre et l’animal finissait par lui renvoyer une certaine forme de respect. Ce Gabriel là devait être extrêmement agréable à vivre, tout le contraire de ce qu’il m’avait montré jusque là. Je sentais ma colère envers lui s’estomper au fil des secondes. Cet homme avait tout simplement besoin d’aide pour accoucher sa souffrance. Il ne supportait plus les hommes, et trouvait refuge vers d’autres êtres vivants. Mais comment atteindre le bonheur en s’isolant totalement ? Je connaissais parfaitement l’isolement. Ce n’était certes pas les mêmes circonstances, mais la véritable solitude, je la connais parfaitement, je la vis depuis tellement longtemps. Le contact avec autrui est bien trop dangereux pour moi. J’avais payé mon envie de me lier à quelqu’un.
Après une dernière caresse, il se décida à sortir du box et me surpris en train de l’observer accoudé à la porte du box d’en face. A vrai dire, il semblait tout aussi surpris que moi. Je lui adressais un petit sourire, ne voulant pas donner suite aux hostilités. Evidement, il n’y répondit pas et retourna vaquer à ses occupations.
Je me remis au travail, ayant fait une pause suffisamment grande. Un frisson me parcourut, il faisait bien plus froid que la veille.
Dorian revint une petite heure plus tard, apparemment préoccupé par une chose dont j’ignorais la nature.
- Tu t’en sors ?
- Oui, répondis-je simplement, n’ayant pas envie de raconter tout de suite ce qu’il s’était passé avant.
- Je ne pourrais pas te raccompagner ce soir, ma soeur a un problème et je partirais un peu plus tôt. J’ai appelé mon ami, il t’attendra là bas pour signer les papiers, et ce soir tu as ton chez toi. Tu n’as pas trop d’affaires à transporter ? Tu t’en sortiras ?
- Oui, ne t’inquiète pas, merci beaucoup en tout cas…
Nous échangeâmes un regard comprenant tout deux parfaitement ce qu’il signifiait, nous replongeant dans le souvenir de la nuit dernière. Ne voulant cependant pas aller plus loin que de simples pensées, je décidais de changer de sujet :
- Rien de grave pour ta sœur ? demandais-je légèrement inquiet.
- Non, un petit soucis rien de plus.
Dorian m’aida à faire les box, ce qui nous pris toute la matinée. C’était impressionnant comme ce travail était long et pénible. Mais à aucun moment je ne m’en plaignais. Vers onze heure et demi, il m’expliqua comment donner du foin aux chevaux, me montrant la quantité à donner à chacun. Pendant que je m’occupais de cette tache, il alla dans la sellerie réparer une sangle qui s’était cassée la veille. Une heure plus tard, nous nous rendîmes au réfectoire, prenant une pause pour manger bien méritée.
Nous nous installâmes à une table après être allé chercher à manger, avec les autres employés bien plus agréable que Gabriel, ou du moins polis. Dorian m’avait montré discrètement la copine de Gabriel qui se prénommait Marion. Elle était très belle, mais quelque chose gâchait cette beauté. Il y avait quelque chose qui me gênait chez elle. Nous en étions vers la fin du plat principal lorsque je vis Gabriel entrer dans le réfectoire. Il marcha directement jusqu’à sa place habituelle, celle où je l’avais vu hier midi, sans un seul regard pour Marion, assise un peu plus loin. Dorian se pencha et me souffla à l’oreille :
- Il y a de l’eau dans le gaz. Je serais sa copine je l’aurais déjà largué… Peut être qu’il reste avec elle parce que c’est la fille du patron…
Il continua à me parler, mais je ne l’écoutais plus vraiment. Les commérages commençaient à fuser. Tout le monde avait un petit mot pour cette scène. Gabriel semblait totalement étranger à tout cela. Il vivait dans son petit monde, comme enfermé dans sa bulle. Une seule chose émanait simplement de lui et il ne cherchait pas à le cacher. Elle signifiait clairement : foutez moi la paix. Je ne pouvais nier que j’étais de nouveau intrigué par cet homme. Malgré ce qui s’était passé hier, je ne pouvais jouer à l’indifférent. Cela aurait été uniquement se mentir à soi-même. Un par un les employés quittaient le réfectoire, il ne restait plus que Dorian, Marion, Gabriel, quelques autres personnes et moi. Dorian se leva et me dit de prendre mon temps pour finir de manger, il n’avait pas besoin de moi pour le moment. J’allais donc à la cuisine me chercher un café que je décidais de boire là-bas, profitant d’un peu de calme. J’avais beau tenter de me forcer un peu, je n’étais pas habitué à côtoyer autant de personnes et à ne plus avoir mes moments de solitude.
Alors que je retournais au réfectoire pour aller chercher ma veste et retourner travailler, je tombais en plein milieu d’un échange houleux entre Marion et Gabriel.
- Tu peux m’expliquer ce qui t’as pris hier soir ? demanda Marion.
- Y’a rien à expliquer, répondit-il très sèchement.
Je sentais soudain à la manière dont Marion se planta devant lui, que je n’avais vraiment pas à assister à cette conversation. Elle lui demanda alors :
- Tu me trompes ?
Aussitôt, Gabriel répondit stupéfait :
- Hein ? Mais qu’est-ce que tu racontes ? S’exclama-t-il après avoir retrouvé un minimum de sérieux. Arrête tes conneries, et lâche-moi un peu, tu veux !
- J’ai quand même le droit de me poser la question figure-toi, ajouta-t-elle en haussant le ton. On s’est pas vu depuis une semaine et alors que je viens te voir, tu trouves le moyen de me foutre à la porte !
Je n’étais même pas étonné de ce que lui disait Marion et des choses intimes que j’étais en train d’apprendre. Il suffisait de se pencher un peu sur son cas pour s’apercevoir que tout dans la vie de Gabriel n’allait pas comme il le fallait. Je restais tout de même choqué par sa réponse, même si je savais qu’il n’allait pas être tendre dans sa réponse.
- Oui et alors ? Il ne t’est pas venu à l’esprit que je n’avais peu être pas envie de te voir justement ?
Je vis Marion encaisser le coup sans trop vraiment réaliser ce qu’elle venait d’entendre. Dans un état de choc proche de celui de Marion, je ne fis pas attention et ne vis pas que Gabriel était en train de partir et étant sur son chemin, il me bouscula, ne m’ayant pas vu. Aussitôt le contact qui s’était rompu hier revint plus violemment que jamais. Ce qu’il ressentait à l’instant, en plus de ce qu’il se cachait à lui-même, je le vivais multiplié par dix. Je crus ne jamais réussir à respirer de nouveau. Toutes mes forces venaient de m’être enlevées. Mon corps maintenant totalement meurtri, me donnait l’impression d’avoir était roué de coups. La migraine que j’avais connu la veille était revenue de plus belle. Et toujours cette question, comment faisait-il pour ne pas s’effondrer. J’en avais la certitude, ce n’était maintenant qu’une question de temps avant la fin. Gabriel avait besoin d’aide ou bien il craquerait à jamais. Malgré toute la colère que j’avais pu ressentir pour lui et que je ressentais encore, je ne pouvais pas ne pas venir à son aide. J’étais le seul qui avait eu un véritable aperçu de cette souffrance à l’état brut. Ne m’en remettant pas je le fixais d’un air apeuré. Cet homme m’effrayait de part notre liaison. Ressentir tout de lui, sans aucune limite était terriblement angoissant. Apparemment, il n’apprécia pas que je le regarde comme cela, peut être que mon regard était en train de lui renvoyer un seul instant l’image de sa souffrance, ou peut être, inconsciemment, pouvait-il y lire ma peur face à sa douleur.
C’est sa voix emplie de hargne qui me ramena à la réalité :
- Tu peux pas regarder où tu vas non ? T’es miro ou quoi ?
Tout ce cinéma d’arrogance et d’apparence m’agaçait énormément. Il ne faisait que se mentir à lui même. Dans l’état actuel ou j’étais, étant loin de m’en remettre, je n’étais pas près à affronter sa colère contre le monde entier et son caractère exécrable. J’avais l’impression de ne jamais parvenir à me débarrasser de ce mal qui habitait Gabriel et qui avait maintenant pris possession de chaque partie de mon être, attirant mon âme vers la chute ultime. Sachant cela, je répondais rapidement sans trop réfléchir, ayant surtout besoin d’être seul et de m’éloigner de lui :
- Oh, commence pas à m’emmerder hein !
Evidemment, cela ne lui plu vraiment pas et il répondit aussitôt :
- Pardon ? Moi je t’emmerde ?
Pour me défendre, je décidais d’attaquer, c’était la seule manière de m’en sortir :
- Oui tu m’emmerdes, toujours avec ton air supérieur et arrogant ! Tu peux pas t’empêcher de faire chier les autres, c’est maladif ou quoi ? T’as besoin de faire chier le monde pour te sentir bien ?
- Tu commences vraiment à me les briser, de plus, je t’ai rien demander alors retourne curer tes box et fou moi la paix !
Autant dire que je m’attendais à tout sauf à cela. Je savais qu’il l’avait dit sous la colère, mais je ne pouvais m’empêcher d’en être indigné. Heureusement, il s’en alla. Marion me regarda un instant, puis passa devant moi sans un seul mot. Je me retrouvais seul dans le réfectoire, les jambes tremblantes, ayant l’impression qu’un ouragan m’était passé dessus. Comment aider un homme qui souhaitait tout sauf cela ? Tout à coup ce que j’étais en train d’entreprendre me semblait inutile, et surtout vain. Je n’avais aucune chance. Je dus m’asseoir, me remettant doucement de la douleur quasi inhumaine que j’avais ressenti quand il m’avait heurté. Un voile de solitude s’empara de moi, depuis ce jour, il y a plus de dix ans, je ne l’avais jamais autant ressenti. La prison me l’avait caché, le retour à la liberté me le dévoilait de nouveau, sans prendre de gant. Je me souvins de lui, je portais un regard détaché sur ma vie, me posant toujours cette même question : « A quoi bon ? »…
Je venais d’être projeté dans un monde où j’avais maintenant l’impression de ne pas avoir le droit d’en faire parti, ou peut être de ne jamais en être capable. Les bonnes résolutions que j’avais prise en prison étaient en train de s’effilocher. J’avais soudain envie de partir, de fuir comme je l’avais pensé la veille, mais fuir pour aller où. Le seul échappatoire qui s’offrait à moi, celui de la solitude ultime, celui de ma fin, celui que je ne pouvais envisager réellement. Pourquoi ? Qu’est-ce qui me retenait ici ? Peut-être le besoin de me racheter…Peut être que je n’avais pas le courage de le faire, et surtout qu’au fond de moi je n’avais pas envie de réellement quitter cette vie.
Seulement, quel avenir ? Quel futur s’offrait à moi ? Allais-je vivre seul et faire ce boulot toute ma vie ? Le seul but qui m’était fixé maintenant était d’aider cet homme. Il s’était imposé à moi et je n’avais pas vraiment eu le choix. Même si cela était extrêmement douloureux, même si cela était loin d’être une solution de facilité, je savais que c’était l’unique chose qui me tenait encore debout, qui me maintenait au bord du précipice à l’aide d’un fil que je savais très fin.
Trouvant que mes pensées devenaient bien trop sombres et surtout très dangereuses, je pris sur moi et décidais de me lever. Un mal de tête violent s’était maintenant saisi de moi et je savais que je devrais passer au meilleure des cas toute ma journée avec. Alors que je me dirigeais vers la sortie je tombais nez à nez avec une scène que je n’aurais jamais du voir. Je ne m’arrêtais pas et poursuivi mon chemin, réalisant à peine ce que je venais de voir : Marion, tendrement enlacée dans les bras d’un autre homme, en train de l’embrasser à pleine bouche, trahissant son amour pour Gabriel.
C’était étrange à dire, mais j’avais l’impression d’être tout aussi trahis que Gabriel ne l’était. Alors que j’aurais simplement pu ressentir un léger malaise, je me retrouvais investi dans cette histoire qui n’était pas la mienne. C’était la dernière des choses à faire subir à Gabriel en ce moment. J’avais la certitude qu’il n’avait pas connaissance de cela.
Heureusement, c’est ce moment-là que choisit Dorian pour m’appeler. Il était à l’entrée de la sellerie et m’indiquait clairement de le rejoindre. J’entrais dans cette pièce assez mal éclairée et l’écoutais m’indiquer le travail à faire qui consistait à graisser les cuirs des selles. Alors que je lui tournais le dos pour accomplir ma tâche, prenant garde à ne surtout pas le toucher, vu ma sensibilité accrue, je sentis son regard posé sur moi, et l’envie qui émanait de lui. Je choisis de me retourner vers lui, lui faisant face et sautant sur l’occasion. Ce que j’allais faire, j’en avais plus que tout besoin en cet instant. Je devais évacuer le trop plein, je devais sentir ce contact physique pour me rattacher à la réalité.
De manière féline, je m’approchais de lui, lui lançant un regard provocateur. Dorian ne mit pas bien longtemps à comprendre mon intention et pris de court, il ne pu que répondre à mon baiser passionné. Nos langues ne mirent que peu de secondes à se rencontrer et à se mêler dans un esprit de fusion totale.
Je me laissais fondre en lui, me débarrassant de ce poids qui était de trop pour mes épaules. Je pouvais sentir son rythme cardiaque s’accélérer, faisant écho au mien et me rappelant que je vivais moi aussi. Sentir ses lèvres sur les miennes, sa langue caresser la mienne avec envie consolidait le fil si fin qui me maintenait en vie.
Je laissais glisser mes mains sur son corps que je connaissais maintenant intimement, l’attirant plus près de moi, pour approfondir notre échange. Je serais bien resté des heures ainsi, m’unissant simplement de cette manière à son être, mais cela aurait pu être risqué pour lui comme pour moi. Je finis par m’arracher à contre cœur à son étreinte et après un sourire échangé, je me tournais pour accomplir mon travail. Si je restais face à lui, je savais très bien que je n’y résisterais pas. Je finis par me plonger totalement dans mon travail, y mettant tout le soin et l’attention dont j’étais capable, les joues encore rosies par la chaleur du baiser échangé. Dorian était parti vaquer à d’autres tâches, me laissant seul accomplir mon travail, avec l’ordre de nourrir les chevaux une fois ces deux selles terminées. Une bonne heure plus tard, j’avais eu le temps de finir et je me dirigeais vers le lieu où étaient rangées les fourches. Au retour, je tombais nez à nez avec celui que j’avais le moins envie de croiser aujourd’hui. Il se tenait accroupis dans la sellerie, cherchant apparemment une brosse. Lorsqu’il se redressa nous tombâmes nez à nez. Je n’avais pas besoin de me servir de mon don pour deviner qu’il n’avait pas envie de me voir. L’image de Marion le trompant me revint en mémoire et sa souffrance vint de nouveau s’infiltrer en moi. Je ne pouvais pas le laisser comme cela et la première des choses que j’avais à faire était de tenter d’établir de meilleurs liens entre nous. La chose était loin d’être évidente, car sans un regard de plus pour moi, il me dépassa et se dirigea vers le box de sa montre. Je n’avais pas d’autre choix que de le suivre, sachant que je prenais sur moi pour faire cela. Arrivé au box, je parvins à capter son attention un instant, et voulu prendre la parole. Cependant, il me devança en me demanda froidement :
- Qu’est ce que tu veux ?
- Je…commençais hésitant, ne sachant pas comment le prendre. Je tenais à m’excuser pour tout à l’heure…
- Hn, et alors ? Qu’est ce que tu veux que cela me foute ?
J’avais de plus en plus de mal à me concentrer face à ce qui émanait de lui, si bien que sa réponse me mit presque hors de moi, bien que je ne le laissais pas paraître pour le moment. N’appréciant tout de même pas sa remarque, trouvant qu’il dépassait les bornes, je répliquais :
- Dis moi, tu es toujours comme ça avec tout le monde ou c’est juste parce que c’est moi ?
- Rassure-toi, tu n’as rien d’exceptionnel !
Certes le chemin de la réelle discussion était très lointain, mais j’en profitais tout de même pour en apprendre un peu plus sur lui. Je décidai de ne pas m’emballer et de répondre calmement :
- Tu es toujours comme ça ? A balancer des vannes à longueur de journée ?
Cette fois-ci, ce fut à son tour de soupirer, apparemment plus qu’agacé. Je tentais continuellement de garder cette distance entre nous, ne sachant pas vraiment comme je réagirais s’il était trop près. Stoppant toute action, il se retourna vers moi et avec un sourire qui était totalement hypocrite, il me déclara :
- Non, je me suis levé du pied gauche ce matin ! Ca te va comme réponse ?
Je perdis patience, ne parvenant plus à me contrôler, sa colère venant se mêler à la mienne, je ne fis pas attention aux mots blessants que je lui jetais à la figure.
- J’y crois pas ! Il faut toujours que t’ais le dernier mot hein ? C’est pas croyable d’être aussi gamin ! T’es vraiment aigri comme type ! Pas étonnant que ta copine aille voir ailleurs…
Je vis aussitôt son visage se décomposé, pâlir sous la nouvelle cruelle je venais de lui apprendre. Une douleur à l’état brut, un sentiment de trahison profonde envahi son cœur et le mien. Ne pouvant supporter cela, j’esquissais un mouvement vers lui, ce qui eut pour effet de le faire s’exclamer furieux :
- Ne t’approche pas de moi !
Je me maudissais tellement de lui avoir dit cela. Je stoppais mon geste, ne sachant plus vraiment que faire ou que dire.
- Ma vie privée ne concerne que moi c’est clair ? Alors tu vas me faire le plaisir de te mêler de tes affaires et de rester en dehors de mes histoires ? Est-ce que je te pose des questions sur tes histoires de cul ? Non ? Alors fais en de même !
La fureur qu’il déchaîna m’effrayait. L’idée qu’il me connaisse totalement, qu’il connaisse mon passé et mon don m’effrayait. Je me rendais soudain compte que j’avais extrêmement peur de me faire juger par cet homme. Sa colère me rappela celle de celui qui m’avait mené jusqu’ici dans ma vie. En une seule phrase, en une seconde seulement ou je ressentais tout, il m’avait fait replonger dans le passé et dans sa propre souffrance. Pâlissant à vue d’œil, ne parvenant plus à cacher quoi que ce soit, je bredouillais :
- Je… Tu ne sais rien de moi…
- Justement toi non plus !
Sur ces derniers mots, il attrapa la longe de son cheval et me bouscula, finissant d’achever en moi le peu de force mentale qu’il me restait. Je le suivis très difficilement et le vis enfourcher son cheval lestement une fois dehors, avant de s’élancer au galop afin de partir loin de moi, loin de ce qu’il ne supportait plus. Mon regard l’avait percé à jour, et ne plus pouvoir mentir comme il le faisait avec tout le monde, ne plus pouvoir se protéger sous son arrogance était en train de fissurer le mur qu’il s’était construit. Je le vis disparaître à l’horizon, sachant que je ne pouvais rien faire pour lui pour le moment.
Je sentis à ce moment-là Dorian arriver derrière moi. Je me tournais pour lui faire face, tentant de sourire pour cacher le tout qui rongeait mon esprit, mon corps le supportant de moins en moins bien.
- Juha ?!!! Qu’est ce qui t’arrive ? Tu es tout pâle ! Ca t’arrive souvent les crises comme ça ? Tu avais la même tête hier…
- Non ça va, ne t’inquiète pas, dans quelques minutes ça va passer… lui mentais-je.
- J’étais venu te dire, il y a quelqu’un au téléphone pour toi, dans le bureau.
Intrigué et surtout très étonné je lui demandais :
- Tu es sur que tu ne t’es pas trompé ?
- Non, cet homme te cherche bien, je lui ait dis que je venais te chercher…
C’était totalement impossible que quelqu’un me cherche, n’ayant plus de contact avec personne depuis dix ans et n’ayant annoncé ma sortie à personne. Qui était-ce et comment cette personne m’avait trouvé ?
Retrouvant de nouvelle force en moi grâce à la curiosité, je me dirigeais jusqu’au bureau non sans une certaine appréhension et une angoisse grandissante. Alors que j’arrivais dans le bureau, je trouvais le combiné décroché posé sur la table. Les mains tremblantes je saisis le téléphone et le porta à mon oreille avant de dire fébrilement « Allô ». J’entendis une respiration un cours instant, avant d’entendre la tonalité classique me signifiant qu’il avait raccroché.
Le combiné me glissa des doigts, ne parvenant plus à le maintenir. La seule question qui avait emplie toute mes pensées était : qui était-ce ? Une peur sourde s’insinua en moi, sans que je puisse avoir de prise sur elle. J’étais effrayé par ce que ce coup de téléphone pouvait entraîner. Dorian avait bien dit que c’était un homme, et malgré moi je pensais connaître son identité. Préférant ne pas y penser et vivre cela uniquement comme un mauvais rêve, je sortais de ce bureau après avoir raccroché ce téléphone, n’essayant même plus de tenter de cacher mon mal-être. Je rejoins Dorian qui était en train de vérifier mon travail dans la sellerie, essayant de quitter cette sournoise idée que le passé allait revenir me hanter. Je fus sorti de mes pensées par Dorian qui me demanda :
- Tu as pu l’avoir ? Tu as fais vite.
- Oui… répondis-je simplement, ne sachant rien dire de plus.
- Juha ? Tu es sur que tu vas bien ? Tu ferais mieux de rentrer chez toi. De toute façon il n’y a plus rien que tu puisses faire aujourd’hui. Va te reposer tu seras plus efficace demain…
N’ayant même pas le courage de contester sa décision, j’acquiesçais faiblement.
- Je passe te chercher demain matin ?
- Oui, merci…
- L’ami qui te loue l’appartement habite sur la place, à deux maisons de chez moi, passe chez lui directement pour signer les papiers et avoir les clefs.
Il me griffonna l’adresse sur un bout de papier sortie de sa poche et me le tendit :
- Voilà, à demain Juha, passe une bonne soirée.
- Toi aussi, à demain, et encore merci.
Je le quittais me rendant dans la chambre que m’avais louée Philippe. J’attrapais mon vieux sac de toile et y mettais le peu d’affaires qui m’appartenaient. Puis, emmitouflé dans mon manteau, je sortis et pris le chemin pour rentrer chez moi. Plus que tout, j’avais besoin de repos, mais l’idée de me retrouver seul dans cet appartement m’angoissait légèrement, je ne pouvais le nier. Progressivement, il se mit à neiger et le soleil passait lentement derrière les montagnes pour faire place au froid hivernal.
Je marchais sans trop faire attention au monde qui m’entourait, ayant déjà assez de préoccupations avec moi-même. Un bruit pourtant me fit lever les yeux et je vis un cheval, légèrement affoler, dans le champ à côté de la route. Je ne mis pas longtemps à reconnaître le cheval de Gabriel et inquiet je m’approchais de lui tout doucement quittant la route. Je n’y connaissais rien en équitation, mais je savais qu’il était dangereux de laisser un cheval seul au bord d’une route. Il suffisait d’un minimum de jugeote pour le savoir. De la même manière dont j’avais vu Gabriel le faire avec le cheval de ce matin, je m’approchais de celui-ci. Lentement, je continuais ma progression vers lui, en étant attentif à chacune de ses réactions, m’arrêtant lorsque je sentais que ma présence le dérangeais. Je savais que je ne me rendais pas compte de cela uniquement grâce à mon observation, ayant parfaitement conscience que mon don y était pour quelque chose. Avoir l’intuition de ce que l’autre ressentait, même un animal était une chose que je faisais sans même en avoir conscience la plupart du temps. Je finis par arriver à sa hauteur, et m’arrêtais un instant le temps de le laisser m’accepter à ses côtés. Docile, il ne bougea pas d’un pas et lentement je tendais ma main vers lui dans le but d’attraper sa longe qui traînais sur le sol. Je soupirais de soulagement lorsque je sus que j’avais réussi. La longue dans les mains, je continuais de m’aventurer dans le champs, constatant avec joie que la monture de Gabriel m’obéissait à peu près, me suivant en se plaçant à quelques pas derrière moi.
Lorsque je vis une tache bien plus loin, j’accélérais le pas, me doutant parfaitement de l’identité celle-ci. En avançant je pouvais et sentir et voir Gabriel étendu dans la neige inconscient. Je courais presque vers lui, ne lâchant surtout pas la longe, voyant que l’animal commençait à être impatient. Une fois arrivé à sa hauteur, je restais figé sur place, me rendant compte que j’étais dans l’incapacité de me baisser vers lui. Sa tête avait heurté une pierre, et son sang commençait à imbiber la neige, ses yeux clos et sa peau rendue pâle par le froid lui donnait l’apparence d’un mort. Il me renvoyait une fois de plus bien trop loin, bien trop profondément dans mon passé. Je savais qu’il fallait que j’agisse vite, il était question de sa vie, mais j’étais comme paralysé. La souffrance psychique je pouvais la supporter, mais la souffrance physique violente, celle qui nous rend proche de la mort, c’était au dessus de mes forces. C’est en voyant son torse se soulever et s’abaisser, signifiant qu’il respirait encore, que je tentais de me reprendre.
Je dus me faire violence pour me pencher et prendre le portable qui dépassait un peu de sa poche. Appeler les secours, c’était la seule chose qui était en mon pouvoir. J’ôtais ma veste, lâchant un court instant la longe de son cheval qui restais là sans bouger à côté de nous, cherchant parmi la neige piétinée un petit brin d’herbe. Je lui posais dessus, frissonnant sous le vent qui commençait à se lever. J’appelais enfin les secours, leur indiquant ma position, et ce qu’il s’était passé. Dans dix minutes minimum me dirent-ils, ils seraient là. Je restais là, debout, le dominant de ma hauteur, ne sachant pas vraiment que faire. Je ne connaissais le numéro d’aucune personne au centre et n’aurait pas été capable de parler à qui que ce soit d’autre. Je sentis soudain mes jambes céder sous mon poids, me retrouvant agenouillé à ses côtés. Je me mis à trembler comme une feuille, sachant pertinemment que cela n’était pas du au froid. Je tenais fermement la longe de ma mains droite, cela me permettait de m’aider à tenir. Je fixais le corps inerte sans jamais pouvoir esquisser un seul geste vers lui. J’étais en train de me perdre, mêlant ma frayeur à son inconscience et ma propre souffrance à la sienne. J’étais comme en état de choc. J’attendais que quelqu’un vienne nous aider. Dix minutes… Il fallait seulement attendre dix minutes… A l’instant, elles me paraissaient aussi longues que les dix ans que j’avais passé exclu de tout. Depuis plus de dix ans, je me retrouvais toujours paralysé devant un corps inerte, devant un corps proche de la mort ou l’étant déjà. Je revoyais son visage, je me retrouvais à ressentir ces choses que je m’efforçais chaque jour de cacher. Mon manque de lui était toujours aussi fort, comme une plaie béante à vif qui ne s’était jamais refermée après toutes ces années.
Je sentais peu à peu la souffrance mentale de Gabriel se faire de plus en plus lointaine. Je me rendais compte qu’il était en train de partir et je ne faisais rien pour le retenir ou pour l’aider. Plongé dans un profond désarroi, une larme coula le long de ma joue sans que je m’en aperçoive, laissant un sillon glacé par le vent. La main fébrile, je la tendis vers lui, sachant que si je ne le faisais pas, il ne tiendrait pas. Le soleil avait presque disparu et il risquait l’hypothermie, voir bien plus grave… Je la posais sur son front et constatais qu’il était brûlant de fièvre.
Je dus fermer les yeux un instant pour tenter de faire le point en moi, tout était bien trop en ébullition, tout bougeait dans tous les sens, je ne savais plus à quoi me rattacher. J’avais l’impression de perdre ce qui faisait mon unité. C’est au prix d’un effort immense que je parvins à rassembler toutes les parties de moi, les séparant de celles qui ne m’appartenaient pas. Je laissais glisser ma main jusqu’à la sienne et la serra très fort, tentant de le ramener parmi nous, sentant qu’il était en train de quitter ce monde. Mentalement, je lui hurlais de revenir, de ne pas partir, de rester ici. Il ne pouvait pas partir comme cela, c’était bien trop bête et cela n’avait aucun sens. Je serrais encore plus fort sa main, sa respiration était en train de s’accélérer légèrement. Bientôt, j’entendis les sirènes s’approcher, s’accompagnant d’un soulagement de ma part. La monture de Gabriel s’agita, semblant craindre le bruit du camion. Je finis par me redresser, lâchant la main de Gabriel afin d’être sur d’être capable de maîtriser cet animal. Deux ambulanciers sortirent du véhicule garé sur le bord de la route, et accoururent vers moi avec une civière. L’un vint me demander très rapidement ce qu’il s’était passé, tandis que l’autre prodiguait déjà les premiers soins et la première auscultation à Gabriel. Une fois qu’ils eurent finis de l’installer sur la civière, ils me donnèrent pour mission de prévenir le centre. Je me retrouvais donc seul dans la neige, en plein milieu de ce champ dans ma veste, avec ce cheval qui commençait à s’impatienter. Je me mis en marche, après un dernier regard sur l’ambulance, prenant la direction de l’écurie. Marcher rapidement me réchaufferait peut être un peu. L’épuisement qui s’était maintenant emparé de moi n’aidait en rien à réchauffer mon corps.
C’est frigorifié que j’arrivais dans les écuries, et que je croisais par chance Philippe en train de s’occuper d’un cheval. Intrigué de me voir ici, en prime avec le cheval de Gabriel, il sortit aussitôt du box et vint à ma rencontre.
- Qu’est ce que tu fais avec ce cheval ? me demanda-t-il aussitôt.
Puis étant plus près et voyant l’expression maladive et inquiète qui se dépeignait sur mon visage il me demanda d’un ton bien plus inquiet :
- Qu’est-ce que tu fais habillé comme ça ? Tu n’as pas l’air bien.
Malgré le froid qui paralysait mes mâchoires, je réussis à articuler quelques mots, lui expliquant la situation. A peine eut-il entendu « Gabriel, chute, hôpital » il m’attrapa la longe des mains et ramena le cheval dans le box. Après l’avoir débarrassé de son matériel, il sortit et se redirigea vers moi qui n’avait pas bouger d’un pouce.
- Viens avec moi, tu m’expliqueras mieux en chemin, on va à l’hôpital.
Sans dire un mot je partis à sa suite, et montais dans la voiture avec lui. Il me laissa cinq minutes le temps de me réchauffer, avant de me demander ce que j’avais fait de ma veste, et de lui raconter précisément tout ce qu’il s’était passé et ce que j’avais fait. Il semblait terriblement angoissé et je perçus que leur relation n’était pas uniquement celle de patron à employé.
A l’intuition que l’on pouvait avoir,on aurait pu nommer cette relation de père à fils.
A peine garé sur le parking, nous sortîmes de la voiture et nous nous ruions vers l’accueil de l’hôpital. On nous indiqua qu’il était encore en observation et qu’il fallait attendre encore une petite demi-heure avant de se rendre à la chambre où il serait transféré.
Encore plus angoissé qu’avant, Philippe me proposa d’aller boire un café, disant que cela me réchaufferait. Je remarquais que j’étais toujours grelottant. Je mis double dose de sucre dans celui-ci, tentant de me donner un minimum de force. Lorsqu’une infirmière vint enfin nous chercher, elle nous expliqua que Gabriel n’avait rien eu de grave à part une petite commotion cérébrale, qu’il allait lui falloir un peu de repos, et que c’était une chance d’avoir réussi à l’aider aussi tôt, car cela aurait pu être bien plus grave. Soulagés, mais souhaitant tout de même constater son état par nous-même, nous nous rendîmes dans sa chambre. Il était là, allongé dans son lit, légèrement redressé, la tête dans les vapes. Je restais un peu à l’écart, tandis que Philippe se jetait presque sur lui.
C’est à ce moment là que je m’aperçu en faisant un tour d’horizon de la pièce que ma veste avait été posée sur la chaise à côté de moi, placée à l’opposé du lit. Gabriel semblait être totalement dans les vapes, et mit du temps avant de parler à Philippe. Je ne fis pas vraiment attention à ce qu’ils échangèrent, trop occupé à tenter de me réchauffer. Je pris ma veste et m’y emmitouflait. Puis, voulant tout de même voir comment Gabriel allait, m’avouant que je m’inquiétais tout de même beaucoup pour lui, je m’approchais un peu, entrant dans l’intimité qui s’était installé entre les deux hommes. Lorsque Gabriel m’aperçut, il semblait avoir retrouvé assez de force pour s’exclamer assez fébrilement tout de même, mais sans cacher son agacement et son arrogance habituelle :
- Qu’est ce qu’il fout ici lui ?
- Enfin Gabriel ! C’est grâce à lui que tu es ici. On peut même dire qu’il t’a sauvé la vie.
Je ne fis pas attention à la suite de leur échange. Etant en train de me réchauffer progressivement, je sortais de mon engourdissement. Je réalisais soudain dans quel endroit je me trouvais : un lieu plus que dangereux pour moi, un lieu que j’avais toujours évité depuis la découverte de mes capacités. J’étais en train de prendre conscience de la véritable bataille qui se menait dans mon esprit, des barrières qui s’étaient dressées et qui tentaient en vain de résister contre la foule de sentiments extérieurs frappant sans relâche aux portes de mon esprit. J’étais inconsciemment en train de lutter contre la souffrance des autres…
Tout devint flou, et j’avais de plus en plus de mal à me concentrer sur ce qui se passait dans le monde extérieur. Une voix terriblement inquiète et trahissant toujours un certain agacement, me sortit cependant de mon état second :
- Et Orphée ? Philippe ! Comment va mon cheval ?
- Calme toi Gabriel, Juha s’en ai très bien occupé, il l’a ramené et…
Je n’entendis pas la suite, il m’étais presque impossible de me concentrer plus de quelques instants sur une chose précise, telle que cette conversation. Philippe sembla enfin s’apercevoir de mon trouble et de mon mal-être car il se tourna vers moi, avec un regard interrogateur, suivit de celui méprisant de Gabriel. Bredouillant, je déclarais :
- Je crois que je vais rentrer, je…
- Oh, excuse moi, je n’avais pas vu ton état, j’étais tellement inquiet pour Gabriel. C’est vrai que tu semble avoir besoin de repos. On est pas habitué au travail ici hein ? dit Philipe tentant de détendre l’atmosphère.
Pour une fois, c’était le regard de Gabriel qui était posé sur moi et je ne parvenais pas à le soutenir, le fuyant par tous les moyens. Il était en train de me détailler, bien qu’encore dans un état semi-comateux. Mais j’avais la cruelle impression qu’il tentait de découvrir quelque chose en moi, en m’inspectant ainsi, quelque chose qui était en train de l’intriguer. Je lui en voulais d’être aussi peu reconnaissant de l’avoir sauvé, et supportais très difficilement son regard posé sur moi. Même pas un merci, mais cela n’était pas mon problème pour le moment. Pour l’heure, il fallait que je sorte d’ici. C’est heureusement ce que nous fîmes. Philipe allait me raccompagner, disant à Gabriel qu’il reviendrait après. Je jetais un dernier regard à Gabriel. Nos regards se croisèrent un instant, sa souffrance était plus forte que toutes celles que je pouvais ressentir, et il m’était impossible de tenir plus longtemps. Plus que cet hôpital, je devais m’éloigner de lui.
Nous quittâmes cet hôpital, nous dirigeant sur le parking. Dorian avait apparemment prévenu Philippe au sujet de mon emménagement, car il me demanda où il devait me déposer. Je sortis le papier que m’avait donné Dorian, sur lequel était marquée l’adresse. Philippe me fit alors un sourire bienveillant, avant de déclarer :
- Très bien, allons-y.
Heureusement, ce n’était pas très loin de l’hôpital et en un petit quart d’heure, nous arrivâmes à l’adresse donnée. J’étais resté silencieux tout le long du voyage, et ce n’est qu’au moment où je sortais de la voiture, récupérant mon sac que je l’entendis me dire :
- Il ne te le dira peut être pas, ce n’étais vraiment son genre, mais merci pour ce que tu viens de faire pour lui…
Les coins de mes lèvres s’étirèrent un peu, lui offrant un sourire. Je finis par lui dire au revoir et Philipe reprit le chemin de l’hôpital. Je me retrouvais maintenant devant la porte de mon locateur, sonnant à la porte. Il vint m’ouvrir très rapidement, et s’exclama dès qu’il me reconnut :
- Tiens Juha ! Je ne t’attendais plus…
Il me fit rentrer chez lui, disant qu’il n’avait pas beaucoup de temps. En une dizaine de minutes, je me retrouvais de nouveau dehors, les papiers signés en poche et les clefs de mon nouvel appartement dans la main. Il ne me restait plus que quelques dizaines de mètres à faire pour rentrer chez moi. Ayant un bon sens de l’orientation et une bonne mémoire, je retrouvais mon appartement assez rapidement.
Tourner la clef dans la serrure avait quelque chose d’excitant mais je n’avais pas le cœur à être heureux. Comme si ce lieu avait toujours été à moi, je jetais négligemment les clefs sur la table, déposais mon sac sur le sol. Je vis qu’il m’avait laissé des draps et le lit était fait. Dorian devait y être pour quelque chose. De la nourriture y avait aussi était amenée, de quoi tenir quelques jours, et le chauffage était mis en route, instaurant dans la pièce une sorte de cocon douillet, un refuge pour me ramener au calme et au repos.
Tel un zombie, je me dirigeais jusqu’à la petite salle de bain, hésitant entre un bain et une douche. J’optais pour une douche brûlante, et sans rien faire d’autre, n’ayant pas faim, ni envie de quoi que ce soit, je m’étendais sur le lit, rabattis les couvertures sur moi et m’endormis aussitôt, dans un sommeil lourd, sans rêves, me suffisant pour récupérer pleinement.
Ce fut une sonnerie de téléphone qui me réveilla en sursaut. Je me redressais et mis un temps avant de réaliser où je me trouvais et ce qui s’était passé la veille. Je tournais la tête en direction du fameux téléphone que j’ignorais possédé. Je me levais donc à la hâte, décrochant le téléphone de justesse.
- Salut Juha, bien dormi ?
C’était la voix de Dorian.
- Je passe te prendre dans dix minutes ça te vas ? Au fait tant que j’y pense, ton ami à rappellé hier soir, je lui ai donné ton numéro de fixe, comme ça, ça sera plus simple. Aller à tout de suite.
- Oui, à tout de suite.
Si j’avais été calme jusqu’à maintenant ce n’était plus le cas. L’idée qu’une personne me cherchait avec tant de ténacité et ne me dévoilait pas son identité me faisait craindre le pire.
 Je préférais ne pas y penser, et préférais me concentrer sur le fait que j’avais dix minutes pour me préparer.
La journée fut assez longue et pénible, je n’avais pas encore récupéré de la veille. J’appris de la part de Philipe que Gabriel ne rentrerait que le demain, et qu’il restait encore en observation à la clinique. Cela ne me gênait pas vraiment, au contraire, cela m’offrait un peu de répit. J’avais de plus en plus de mal à digérer le fait qu’il ne m’ait pas remercié ou ne serait-ce qu’esquisser autre chose que de la rancœur à mon égard et son air supérieur. Une sorte de mélancolie s’était maintenant installée dans mon cœur, certains psy disent qu’il est tout à fait normal de passer par une phase de dépression une fois sortie de prison. J’aspirais à me retrouver seul sans le vouloir vraiment. J’étais dans un état d’entre deux, ayant l’impression de ne pas être à ma place et de ne jamais pouvoir l’être un jour.
Ce fut la nuit qui fut la plus terrible pour moi. L’homme du téléphone avait mon numéro et m’appela plusieurs fois sans jamais dire un seul mot. L’angoisse qui m’habitait n’était plus du tout tenable. Je finis de rage par débrancher le téléphone, pour avoir la paix, même si ce n’était plus la peine maintenant. Impossible de fermer l’œil pas la suite. Qui cela pouvait-il être et que me voulait-il ?
Je restais là assis sur mon lit, les jambes rabattues sur ma poitrine, attendant que le temps passe et que ma peur me quitte. Ce fut des coups frappés à la porte qui me sortirent au petit matin de mon état second. Je sentis aussitôt mon cœur s’emballer à une vitesse folle. Je ne sais où je trouvais les forces de me lever et de marcher jusqu’à la porte afin d’ouvrir à l’inconnu. Je ne pu que soupirer de soulagement lorsque je constatais que le visiteur n’était autre que Dorian.
- Juha ? Pourquoi tu ne réponds pas au téléphone ? Tu l’as débranché ? Eh ? Ca va ?
Il était vrai que l’expression que j’abhorrais était proche de quelqu’un qui venait de voir un fantôme. Je me préparais rapidement devant l’air de plus en plus suspicieux et inquiet de Dorian.
La journée fut semblable à la suivante, si ce n’est que j’étais constamment sur mes gardes, toujours à l’afflux. Je ne comptais pas le nombre de fois où je sursautais ou lorsque mon cœur manquait un battement.
Lorsque j’appris en fin de journée que Dorian ne pouvais pas me raccompagner en voiture, je ne pu décrire la panique qui s’empara de moi, allant même jusqu’à être difficile à cachée. Mais je n’eu pas le choix, et en fin de journée, alors que le soleil était déjà parti depuis un bon moment je pris le chemin pour rentrer chez moi. Durant tout le trajet, je ne pus me débarrasser de cette désagréable impression d’être suivi. Je me retournais plusieurs fois, pour constater toujours la même chose : j’étais le seul à marcher sur cette route et le reste n’était que le fruit de mon imagination.
Arrivé devant la porte de mon appartement, je me sentis légèrement soulager, mon cœur continuant de battre à toute allure. C’est au moment où je tournais la clef dans la serrure que j’entendis des pas derrière moi. Je n’hésitais pas une seule seconde à me retourné, et vis avec le plus grand effroi qu’il n’y avait personne, sauf une sorte de sentiment de haine qui irradiait le couloir. Je commençais à me dire que je devenais complètement fou !
C’est au moment où j’entrouvris la porte que je sus que je ne l’étais pas. Quelqu’un se tenait vraiment derrière moi et je pouvais sentir son souffle chaud dans ma nuque. Je fis quelques pas pour rentrer chez moi, tentant de garder mon calme et de ne pas me mettre à crier de terreur. Puis je décidais de me tourné, n’ayant d’autre moyen que de faire face à ma peur.
Jamais je n’aurais imaginer me trouver en face de lui, ou pire encore j’avais l’intime conviction de son identité depuis le début, mais je me le dévoilais uniquement maintenant, ne voulant pas croire que j’avais raison.
D’une voix extrêmement froide j’entendis cet homme qui me faisait maintenant face avec toute sa haine tournée vers moi :
- Tu n’aurais jamais dû sortir Juha ! Tu le sais tu mérites bien plus que ces dix petites années de prison ! Assassin, ordure…
Je n’eus pas le temps de réagir que déjà il s’était jeté sur moi, déversant toute sa haine, sa colère et sa brutalité sur moi… Les larmes coulaient de mes yeux… Il lui ressemblait tellement. Qu’est ce qui était le plus douloureux ? Les coups qui pleuvaient maintenant sur moi sans que je puisse rien faire, ou tous les ressentis haineux qu’il éprouvait à mon égard. Coup après coup, je sentais ma conviction et mes forces de vivre diminuer, anéanties par ce retour brutal dans le passé. Dire qu’il y a dix ans, cet homme était mon meilleur ami, celui sur qui j’avais pensé pouvoir compter toute ma vie.  Les insultes pleuvaient comme les coups, il ne s’arrêterait pas tant que de la rancœur à mon égard existait encore dans son cœur. Je savais que ma vie ne ferait pas le poids face à celle-ci, mais peut être était-ce la fin que je méritais. Après tout, cela était vrai, je n’étais qu’un meurtrier et je méritais le même sors…

A suivre…

Once in a lifetime - chapitre 07

3 décembre 2012

Chapitre 07 par Lybertys

 

Nous marchâmes pendant près d’une heure dans un silence monastique. Je n’étais finalement pas habitué à discuter pendant que je marchais, faisant normalement ce genre de trajet seul. J’appréciais le silence, plongé dans mes pensées. Je me demandais où nous allions pouvoir nous rendre tout en restant caché. Tant que nous ne nous serions pas éloignés de cette région, nous avions malheureusement toutes les chances de nous faire rattraper par son père. J’étais sûr qu’il avait les bras longs et qu’il avait engagé des détectives à sa botte. Nous évitions les routes et je préférais de toute façon la nature au béton. Ce fut à cet instant que Gwendal choisit de briser le silence, me demandant alors que nous traversions une forêt :
- Est-ce qu’il va te manquer ?
- Hein ? M’exclamais-je, ne voyant pas de qui il parlait. Qui donc ? Ajoutais-je perdu.
- Ben Julien ! A ton avis, qui d’autre ? Soupira-t-il.
- Excuse-moi, je pensais à autre chose. S’il va me manquer ? Un peu oui, avouais-je. C’est un très bon ami, je tiens beaucoup à lui…
- Oh… souffla-t-il.
Chaque personne que je quittais me manquait, mais jamais ce manque n’avait vaincu mon envie de voyager et de mettre fin à mon mode de vie. Même si Julien était un peu plus spécial que les autres, il n’avait jamais réussi à me retenir… Je doutais que Gwendal parvienne à comprendre un jour mon mode de penser et de vivre, même s’il voulait me suivre.
- C’est vrai qu’il est gentil, souffla-t-il avant de se murer à nouveau dans le silence.
Celui-ci ne me dérangea pas, et je me laissais emporter par mes pensées, profitant de ce sentiment si particulier de perte de toute attache et d’inconnu perpétuel vers lequel je me dirigeais. Pour rien au monde je ne voulais perdre cette liberté…
Nous continuâmes à marcher silencieusement, Gwendal derrière moi tandis que j’ouvrais la marche. Je finis par reconnaître l’endroit, j’étais déjà passé par là. Ma blessure commençait à me tirer légèrement, mais cela restait supportable. Tentant de localiser ma route au mieux pour éviter à Gwendal des détours inutiles, je m’arrêtais brusquement. Gwendal le remarqua trop tard et il me fonça dedans. Alors que je me retournais, je ne pus m’empêcher de sourire intérieurement en le voyant par terre.
- Ca va Gwen ? Demandais-je en lui tendant la main pour l’aider à se relever.
- Oui ça va ! Tu peux pas prévenir quand tu t’arrêtes ? S’exclama-t-il en attrapant la main que je lui tendais.
- C’est toi qui était dans la lune ! M’exclamais-je avant de me taire.
Jamais je n’aurais pensé qu’il soit aussi léger. Gwendal me semblait soudain si frêle et si fragile. J’avais du mal à croire qu’il ait pu marcher jusqu’ici sans être épuisé. Je marchais cependant plus doucement depuis qu’il partageait ma route. Il y avait une chose que je ne pouvais cependant pas nier, Gwendal était un bel homme. Les trais fins et de haute naissance, il ne faisait pas parti de ceux que je côtoyais habituellement.
- Quoi ? Grogna-t-il lorsqu’il remarqua que je l’observais avec attention. Est-ce que tu as été un vautour dans une autre vie ?
- Non, excuse-moi ! Répondis-je, un sourire malicieux étirant mes lèvres. Mais vu ton poids plume, c’est pas étonnant que tu t’envoles au premier coup de vent !
- Mon poids plume ? Répété-t-il, incrédule. Dis, si tu n’as rien trouvé de mieux à faire que de m’insulter, la prochaine fois abstiens-toi ! Je n’ai que faire de tes remarques sarcastiques !
J’avais presque oublié son mauvais caractère et le peu d’humour qu’il pouvait avoir sur lui.
- Ca va, excuse-moi ! Je n’ai pas dit ça pour te blesser, déclarais-je en perdant mon sourire.
Puis, retrouvant mon sourire, ne voulant pas m’appesantir là dessus, je lui demandais :
- Tu n’as pas faim ?
- Si, répondis-je, en me rendant mon sourire. Un peu.
- Dans ce cas, trouvons un coin sympas pour manger !
L’instant suivant, comme je l’avais pensé, nous arrivâmes dans une clairière très agréable. Je jetais mon sac, imité par Gwendal. Alors que je commençais à chercher le repas, j’entendis Gwendal pousser un cri inhumain. Sursautant, je me retournais vers et le vis en train de se tenir le genou.
- Gwen ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Ca va pas de crier comme ça ?
- Je… Commença-t-il en s’asseyant afin d’observer son genou. C’est cette pierre ! Je me suis fait mal !
Rassuré, je ne pus m’empêcher de dire :
- Et tu cries comme ça pour ça ? M’exclamais-je, incrédule.
Pour toute réponse, il me lança un regard assassin, ne prenant pas la peine de me répondre. Soupirant de lassitude face à son attitude enfantine, m’efforçant au calme, je tentais :
- Allez, montre-moi…
- Je n’ai pas besoin de ton aide ! Déclara-t-il, catégorique, en se détournant de moi.
- Très bien, comme tu veux ! Soufflais-je en allant m’asseoir en face de lui, n’ayant pas envie d’insister.
Là, je commençais à sortir la nourriture de mon sac et lui tendis un bout de viande séchée avec du pain fraîchement préparé par Julien. Il les prit et commença à manger en silence. Constatant son état de fatigue et voulant le ménager, je me rappelais qu’un ancien amant ne vivait pas très loin d’ici.
- Avec un peu de chance, demain soir nous pourrons dormir dans un lit ! Dis-je alors, comme pour lui donner un peu de courage.
- Ah bon ? Demanda-t-il.
- Oui, j’ai un ami qui n’habite pas très loin d’ici, dis-je sans rentrer dans les détails. A une journée de marche, peut-être moins, je sais plus trop.
- Oh…
- Ca ne te fait pas plaisir ? Demandais-je surpris.
- Si, répondit-il en esquissant un sourire. Mais faudrait-il que j’arrive jusqu’à là-bas… Si je ne sens plus mes pieds, je te parle pas de l’état de mon dos… Soupira-t-il en fermant les yeux, collant son front contre ses mains. Comment tu fais pour ne pas être dans le même état que moi ?
- L’habitude, répondis-je, amusé par sa question. Je suis sur la route depuis quelques années de plus que toi, ne l’oublie pas.
Les yeux toujours fermés, il ne répondit rien. Prenant conscience de sa réelle souffrance, je me levais et allais vers lui. Alors que je posais les mains sur ses épaules, Gwendal sursauta et se redressa violemment.
- Calme-toi, soufflais-je amusé de le voir ainsi sur le qui-vive. Ce n’est que moi !
Lentement, je commençais à dénouer lentement chacun des nœuds douloureux qui contractait ses muscles. J’avais appris à le faire grâce à un amant masseur. J’étais resté pendant quelques temps chez lui et il avait commencé à me former. Mais l’appelle de la route avait encore une fois était le plus fort. Gwendal finit par se laisser aller, et ce ne fut que lorsque je sentis chacun de ses muscles détendus que je mis fin au massage improvisé, surpris de la finesse de ses épaules, même à travers les vêtements.
Gwendal ne réagit pas immédiatement, comme plongé dans un état d’euphorie. Je n’avais pas trop perdu la main.
- Ca va mieux ? Lui demandais-je après quelques instants.
- Merci, oui ! C’est très agréable, et je n’ai presque plus mal ! Comment tu fais ? Demanda-t-il.
- Si je te le disais ça ne marcherai plus ! Répondis-je en lui adressant un clin d’œil qui le fit sourire. Une pomme ? Lui proposais-je en retournant à ma place.
- Avec plaisir ! Merci ! Répondit-il en attrapant celle que je lui lançais.
Nous mangeâmes notre pomme en silence et ce ne fut qu’après une petite sieste que nous reprîmes la route. Cependant, alors que nous marchions depuis une vingtaine de minutes, la pluie se mit à tomber en une violente averse.
Sentant que cela allait tourner à l’orage très rapidement et étant en quelques minutes trempés jusqu’aux os, je l’attrapais par le bras et m’écriais afin de me faire entendre malgré le vacarme :
- Viens ! Il y a une grotte où nous pourrons nous abriter pas très loin d’ici !
Sans un mot, il m’emboîta le pas. Me fiant à ma mémoire et à mon sens de l’orientation, nous ne tardâmes pas à trouver la grotte. Sans la moindre hésitation, je m’y engouffrais, trop heureux d’avoir retrouvé cet abris. Alors je pouvais entendre Gwendal me suivre à tâtons il me rentra dedans pour la seconde fois de la journée.
Là, j’allumais une lampe de poche que je venais enfin de trouver dans mon sac et commençais à observer la grotte. Elle était comme dans mes souvenirs, profonde et suffisamment grande pour que nous ayons la place de bouger. Gwendal, appeuré, n’osait pas s’éloigner de moi. Il ne me fallut pas longtemps pour m’apercevoir qu’il grelottait de froid, les bras crispés autour de lui pour tenter de se réchauffer.
- Change-toi, Gwen ! Ne reste pas comme ça, tu vas attraper la mort !
Docilement, il alla chercher son sac et enleva ses affaire de dessus qui avait pris l’eau. Il chercha des affaires sèches, pendant que je faisais de même. C’est alors que je l’entendis me dire dans un claquement de dents :
- Tu peux partir, s’il te plait ?
- Partir ? Pour quoi faire ? Lui demandais-je, une fois de plus surpris.
- Pour que je puisse me changer, évidemment ! A ton avis, pour quoi d’autre ?
- Parce ce que tu crois vraiment que je vais sortir, juste pour te permettre de te changer ? M’exclamais-je, incrédule.
- Et bien… Oui ! Affirma-t-il.
- Tu sais, commençais-je, je t’apprécie beaucoup, Gwen, mais pas au point d’aller faire un tour dehors par ce temps. Allez, change-toi ! Lui ordonnais-je, agacé qu’il fasse passer sa santé après sa pudeur.
Ignorant mon ordre, il resta là, immobile, serrant ses vêtement contre lui. Réalisant qu’il ne bougerait pas, je soupirais, las :
- Promis, je ne regarde pas ! J’ai passé l’âge de ce genre d’enfantillages tu sais ! Ajoutais-je en lui adressant un sourire sardonique. Et puis tu n’est certainement pas le premier homme nu que je vois !
A ces mots, je devinais que Gwendal s’empourprait violemment. Il finit par céder alors que j’attrapais mes propres affaires. En un rien de temps, j’étais vêtu de vêtements secs, appréciant la chaleur qui revenait peu à peu dans mon corps. Étendant au mieux mes affaires, j’allais rejoindre Gwendal, assis près de la paroie de la grotte, les jambes contre lui.
- Je crois que nous allons attendre là jusqu’à ce que l’averse se calme, déclarais-je, en venant m’asseoir à ses côtés. Ca va toi ? Ajoutais-je en reportant mon attention sur lui.
- Je… J’ai froid…
- Attends, soufflais-je, en me relevant. Ne bouge pas.
M’éloinant de quelques pas, je cherchais mon duvet, soigneusement rangé au fond de mon sac. Le remplisant à nouveau de toutes mes affaires, craignant d’oublier ou de perdre quelque chose dans cette obscurité, j’allais rejoindre Gwendal. Sans perdre de temps, je nous recouvris du duvet en prenant place à ses côtés. Mon compagnon de route était pris de tremblements et le claquement de ses dents me serra le cœur. Peu à peu, ceux-ci s’espacèrent.
- Ca va mieux ? Lui demandais-je en caressant doucement ses cheveux.
- Un peu… Oui… Je… Euh… Merci…
Gwendal eut à peine le temps de terminer sa phrase je passais un bras autour de ses épaules, attirant son corps peu épais contre le mien.
- Viens contre moi, soufflais-je. Il n’y a rien de mieux que la chaleur humaine pour réchauffer. Et si vraiment ça marche pas, repris-je, un court instant plus tard, je connais une autre méthode, autrement plus agréable.
- Hein ? S’exclama-t-il en se redressant légèrement, ayant exactement la réaction que j’avais prévue.
- Ca va ! Pouffais-je. Je plaisantais ! Allez, viens-là !
Docilement, il se laissa aller contre moi, allant même à ma plus grande surprise, jusqu’à poser sa tête contre mon épaule. Le silence s’installa entre nous, écoutant simplement la pluie tomber en un grondement assourdissant. Distraitement, ma main passait encore et encore dans ses cheveux si doux, en une tendre caresse. Il semblait si fragile contre moi, que je me sentais investi de la mission de tout mettre en œuvre pour le protéger. Ce fut après un temps indéterminé que je l’entendis me demander doucement :
- Hayden ?
- Mmh… Oui ? Répondis-je dans un état second, bercé plus que je ne l’aurais cru par la pluie.
- Tu es né où ?
- A Lyon, répondis-je distraitement.
- A Lyon ? Répéta-t-il, hésitant. Je ne connais pas cette ville… C’est où ?
- En France.
- En France ? Tu es né en France ? J’aurais jamais deviné… Tu n’as aucun accent !
S’il savait à quel point j’avais tout fait pour perdre ce qui me rattachait à ma langue maternelle… Pour toute réponse, j’esquissais un sourire amusé, avant de répondre, après un instant de silence :
- Quand on passe beaucoup de temps dans un pays, on finit par apprendre la langue….
- Beaucoup de temps ? Répondit-il surpris. Tu es en Angleterre depuis longtemps ?
- Quelques années oui, répondis-je, commençant à être embêté qu’il me questionne ainsi sur un passé que je voulais oublier.
- Et tu as beaucoup voyager avant ça ? Tu as vu quels pays ?
- Non ? Je suis venu directement en Angleterre après avoir quitté la France. J’avais besoin de m’éloigner pour oublier… Enfin, voilà, je suis venu ici…
- C’est quand ta mère est morte… C’est ça ? Demanda-t-il, hésitant.
Mon cœur loupa un battement. Pourquoi me parlait-il de cela ? En quoi ma vie l’intérressait-il ?
- Oui… Mais s’il te plait… Je ne veux pas en parler… Répondis-je, poliment.
- Oh… Je comprends… Pardonne-moi, souffla-t-il en se réinstallant plus confortablement.
Je ne répondis rien. Il suffisait d’un simple évocation pour faire remonter en moi cette rancœur et cette honte par rapport à mes origines. Ce que j’avais commis, les seringues de ma mère, la solitude de mon enfance et l’entrave du à la dépendance : plus jamais je ne voulais connaître cela. Je voulais l’effacer de ma mémoire définitivement. Alors pourquoi chaque personne que je rencontrais finissait indéniablement par me questionner sur mon passé. Cela m’avait valu plusieurs disputes et il était vrai que je n’étais pas vraiment agréable lorsque l’on touchait à ce sujet. Je pouvais même devenir agressif, mais cela était le seul moyen que j’avais trouvé pour leur faire comprendre de ne pas chercher à aller plus loin.
Gwendal finit par s’endormir dans mes bras, tandis que perdu dans mes pensées, je continuais à le caresser distraitement. Son corps avait enfin retrouvé une chaleur normale. Malgré moi, je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter pour lui. Avait-il la forme physique pour la vie que je menais ? N’allait-il pas se lasser ? Et que se passerait-il lorsque nos chemins se sépareraient. J’étais habitué à rencontrer des gens sur ma route mais jamais à la partager avec eux. Comment vivrais-je cette séparation ? La pluie ne cessait pas, et je finis par m’assoupir à mon tour, perdu dans mes pensées, pas complètement remis de ma blessure.
Ce fut un coup de tonnerre résonnant violemment dans la grotte qui me réveilla. Je sentis instantanément Gwendal se coller plus contre moi. Raffermissant ma prise autour de ses épaules dans un geste qui se voulait réconfortant, je soufflais :
- Hey ! Calme-toi… Ce n’est que le tonnerre.
- Je… Je déteste les orages… Et là, dehors, c’est… C’est encore pire… Gémit-t-il, en enfouissant son visage dans ma chemise.
- Ca va aller, murmurais-je doucement, peu surpris de sa phobie. T’inquiètes pas, c’est rien… Tu ne crains absolument rien… Je suis là…
- J’ai dormi longtemps ? Demanda-t-il en étouffant un bâillement. Il est tard ?
- La nuit est déjà tombée… Constatais-je. Nous dormirons ici cette nuit. Déclarais-je. Tu as faim ?
- Oui, un peu, répondit-il en m’adressant un petit sourire que je devinais.
- Bien, par contre, je suis désolé, mais pas de repas chaud pour ce soir ! A moins que tu ne souhaites sortir dehors et que tu pries très fort pour trouver du bois sec ! Pour ma part je n’y crois pas trop, mais après tout, qui ne tente rien n’a rien, comme on dit ! Ajoutais-je en lui adressant un clin d’œil.
- Sans façon, répondit-il en me rendant mon sourire. Froid, ça ira très bien ! Je suis pas difficile tu sais !
- Ah bon ? J’aurai pourtant parié le contraire !
- Oui bon ! Tout est relatif ! Déclara-t-il en esquissant un mouvement pour se lever.
- C’est bon, reste assis ! J’y vais ! L’assurais-je en me levant.
Attrapant ma lampe de poche, je relachais mon étreinte autour de lui et allais jusqu’au sac duquel je sortis un bout de jambon avec une tranche de pain et une pomme. Les mains pleines de nourriture, je revins m’asseoir tout contre lui et lui tendis sa part. Nous mangeâmes dans un silence presque monastique. Une fois son repas terminé, il repoussa le duvet et se leva, sous mon regard intrigué :
- Où vas-tu ? Lui demandais-je surpris.
- Il faut que je marche un peu, répondit-il, en m’adressant un petit sourire. J’ai mal aux jambes et aux fesses !
- C’est d’être resté trop longtemps assis ! Moi aussi ça me le fait ! Ajoutais-je en l’imitant, ne rechignant jamais pour une petite marche même si cela impliquer tourner en rond dans la grotte.
Pour toute réponse, Gwendal commença à tourner en rond. C’est alors qu’après un moment, il me demanda en se tournant vers moi :
- Dis ! Tu pourrais m’apprendre à parler français ?
- T’apprendre à… Répétais-je surpris. Tu sais, repris-je après un instant d’hésitation. J’essaye d’oublier tout ce qui a attrait avec mon pays d’origine, dis-je le plus calmement et le plus honnêtement possible.
- Je comprends, souffla-t-il, déçu.
Je n’avais pas utilisé une seule fois cette langue depuis que j’avais quitté la France. Celle-ci me rappelait trop les cris de ma mère et la façon brusque qu’elle avait de s’adresser à moi. Je fus heureux de ne pas le voir insister, reprenant ses allers-retours dans le noir.
- Hayden ? M’appela-t-il à nouveau après un moment.
- Quoi ? Demandais-je, commençant à être agacé par ce genre de question.
N’avait-il pas compris ! Allait-il encore insister ?!
- Tu ne t’es jamais attaché à quelqu’un au point de vouloir rester avec ?
- Tu as fini avec tes questions débiles ? M’exclamais-je agressivement, ne pouvant plus me contenir.
Sursautant, Gwendal me tourna le dos et alla vers son sac. Je devinais plus que je ne le vis s’installer contre le mur opposé de la grotte avec son duvet. Il s’allongea, recouvrant sa tête à l’aide de son duvet. Soupirant intérieurement, je me décidais à aller le rejoindre. Je n’aimais pas être agressif avec lui, mais je voulais qu’il comprenne que je ne voulais pas de ce genre de questions trop personnelles. Alors que je m’asseyais à côté de lui, Gwendal me tourna obstinément le dos, restant sous son duvet.
- Ecoute, Gwen… Commençais-je. Je suis désolé, je n’aurais pas du te parler sur ce ton… Mais, je n’aime pas parler de moi…
- Parce que cela justifie peut-être la façon dont tu m’as parlé ? Demanda-t-il vexé.
Je me redressais, ne sachant que faire. Je n’avais jamais été doué pour la vie à deux. Faisant quelques pas, je finis par me résigner à lui dire, comme un aveu trop personnel :
- Tu sais, la raison pour laquelle j’essaye d’oublier mon passé, c’est parce que je n’en suis pas fier…
- Ton passé à fait de toi ce que tu es… Pourquoi le fuir ? Demanda-t-il, un peu calmé.
- Ah oui ? Parce que tu ne fuis pas toi, peut être ? Demandais-je avec hargne, toute patience m’ayant quitté.
- Mais ça n’a rien à voir avec moi ! S’exclama-t-il brusquement, en se redressant.
- Tiens donc ! C’est pourtant pas l’impression que j’ai !
Je l’avais pourtant mis en garde indirectement. Il s’était approché de trop près du seul sujet sensible qu’il ne fallait jamais aborder avec moi. Mon passé était derrière moi, et cela ne servait à rien de revenir dessus.
- Je ne fuis pas mon passé ! S’écria-t-il. Je ne fuis pas la personne que je suis ! Je suis comme je suis, c’est tout ! Je fais avec ! Je fuis un avenir dont je ne veux pas ! Je fuis une vie insignifiante pour moi !
- Une vie à ton image ! Crachais-je, sans réfléchir.
J’étais tel un animal blessé que l’on avait attaqué, et la seule réponse que je connaissais était l’attaque.
- Comment peux-tu être aussi méchant ? Me demanda-t-il d’une voix étranglée.
Je n’aurais pas du aller jusque là. Je ne voulais pas le faire pleurer, et il n’y avait pas la moindre once de vérité dans ce que je venais de lui dire. Se détournant de moi, il attrapa son duvet et alla s’installer à l’entrée de la grotte. S’installant sans son duvet, callant sa tête contre la paroi humide, il regarda la pluie tomber. Voulant rattraper mon erreur, je m’approchais de lui.
- Gwendal… Commençais-je, en posant une main sur son épaule.
- Laisse-moi ! Cracha-t-il avec hargne en se dégageant. Dégage !
N’insistant pas, ne sachant pas vraiment comment me comporter avec lui et énervé qu’il s’adresse à moi de cette façon, je retournais vers mon sac et en sorti la trousse à pharmacie. Avec un soin qui contrastait avec l’agacement qui bouillait dans mes veines, je refis mon pansement. La plaie était plutôt belle à voir, j’étais rassuré par sa cicatrisation. Je ne ressentais plus qu’une légère douleur et un tiraillement. Le début de démangeaison n’était qu’un bon signe supplémentaire.
Puis, trouvant un endroit le plus confortable possible, je m’installais dans mon duvet, tentant d’ignorer au mieux les reniflements de mon vis-à-vis qui continuait de pleurer. Ce ne fut que lorsqu’il s’endormit que je me laissais aller à mon tour en pensant que la route avec lui ne serait vraiment pas de tout repos…
Un grondement fracassant me tira de mon sommeil, résonnant contre les parois de la grotte. Me redressant légèrement, je tentais de m’assurer que Gwendal allait bien après le cri qu’il m’avait semblé percevoir de sa part. Au deuxième éclair, j’entraperçus sa silhouette se terrer un peu plus contre le mur. Il ne lui en fallut pas plus. Attrapant son duvet, je l’entendis plus que je ne le vis se ruer vers moi en trébuchant. Un éclair illumina la grotte à nouveau, me permettant de le voir. J’écartais mes bras, l’invitant à venir s’y réfugier. Oubliant sa rancœur, il céda et il se précipita entre mes bras, tremblant de peur et de froid. Son corps entier était tendu et congelé. Comment avait-il pu tenir si longtemps à l’entrée de cette grotte ! Je ne pouvais décemment pas le laisser ainsi.
- Tu es glacé, soufflais-je, après un nouveau coup de tonnerre. Tiens moi ça ! Demandais-je en lui tendant la lampe de poche. En zippant les deux duvets ensembles, on pourra se tenir plus chaud, qu’en dis-tu ?
- Je… D’accord ! S’empressa-t-il de répondre alors qu’un éclair illuminait la grotte.
Sans attendre, je m’affairais à attacher ensemble nos deux duvets. Lorsque cela fut fait, je me rallongeais et l’invitais à prendre place à mes côtés, chose qu’il accepta sans tarder. Il prit cependant soin de me tourner le dos, se tentant plus qu’il n’était possible éloigné de moi.
Mais il continuait de tremblait comme une feuille, son corps parcourut de spasmes.
- Arrête de trembler, soufflais-je, agacé par son comportement.
- Je tremble si je veux ! Me donne pas d’ordre, j’en ai pas à recevoir de toi ! Répondit-il sur le même ton avant de se réfugier sous le duvet alors que le tonnerre grondait inlassablement.
Poussant un profond soupir intérieur, je laissais mes mains s’activer dans son dos, le frottant pour tenter de le réchauffer au mieux. Il allait attraper la mort… Gwendal finit par se laisser alors, poussant même un soupir de bien être. Mais ce n’était pas assez.
- Cela ne suffira pas à te réchauffer. Tu est complètement glacé… Allez, viens pas là ! Ajoutais-je en l’attirant vers moi, passant outre ses résistances.
Je le sentis se tendre à mon contact, mais il ne mit finalement pas beaucoup de temps avant de se relâcher, et ne tarda pas, enfin réchauffé à s’endormir.
Le sommeil ne vint pas pour moi. Cela commençait à faire longtemps que je n’avais pas tenu quelqu’un aussi intimement entre mes bras et je n’étais pas quelqu’un qui avait été élevé dans la tendresse. J’avais du mal à l’être et encore plus à en recevoir. Mon accès de colère et l’impossibilité d’avoir fait autrement était ce qui avait était une des causes de mon impossibilité d’avoir une véritable relation. Julien en était la preuve. Même si nous nous étions aimé, je n’avais jamais pu lui apporter ce qu’il voulait, trop indépendant, loup solitaire et avare en gestes de tendresse. J’avais du mal à faire confiance à l’autre au point de baisser toute mes gardes et de rester près de lui aussi simplement. Il y avait toujours ce petit quelque chose qui m’en empêchait. J’avais toujours dû me débrouiller seul ou m’occuper des autres. Je ne pouvais compter que sur moi-même. J’aimais le contact physique avec les autres et leur compagnie, mais taisant ma véritable nature, ce que j’étais réellement et ce passé qui me constituait, je construisais un mur impénétrable entre moi les autres. Personne ne savait qui j’étais vraiment : ce petit enfant tremblant devant sa mère, tapi dans un coin de cuisine, effrayé par la main qu’elle levait sur moi…
Ce fut sur cette dernière pensée que je fermais les yeux, frissonnant un froid que personne n’était jamais parvenu à calmer.
Je me réveillais tôt le lendemain matin. Le soleil était de retour, baignant l’entrée de la grotte de ses premiers rayons. Une buée se dégageait de la pierre chaude, offrant une agréable vue. Sortant du duvet, j’allais m’étirer un peu, engourdis par la nuit et m’offrit une toilette matinale avec les moyens du bord. Rassemblant toutes les affaires, je laissais le petit-déjeuner sorti. Puis je reportais mon attention sur Gwendal qui était toujours en train de dormir profondément. J’entrepris alors de le réveiller et je n’aurais jamais cru qu’il faille en faire autant. Ce ne fut que lorsque j’en vins à le secouer qu’il ouvrit enfin légèrement les yeux :
- Et ben, pour te faire ouvrir les yeux c’es quelque chose ! Fis-je remarquer. Allez, lève-toi !
Il ne répondit rien, m’annonçant le ton de la journée. Il m’adressa un regard assassin avant de se tourner de l’autre côté. Soupirant, je n’insistais pas et m’éloignais. J’allais m’installais et commencais le partage du petit déjeuner. Gwendal mit un certain temps avant de me rejoindre et il ne m’adressa même pas un seul mot, se contentant de m’ignorer. Rentrant dans son petit jeu, je ne cherchais pas à échanger avec lui. Il ne nous fallut pas plus d’un vingtaine de minutes pour finir de nous préparer et plier le reste de nos affaires. Ce fut toujours dans un silence monastique que nous reprîmes la route. Le soleil haut dans le ciel offrait une humidité ambiante du à l’orage de la veille, rendant l’air lourd et désagréable.
Comme je l’avais prédis, il nous fallut presque la journée pour arriver chez mon Max, un amant de passage. J’avais travaillé quelques mois dans son bar et étais revenu le voir plusieurs fois et notre attirance mutuelle avait engendré une relation étrange. Il n’y avait rien de plus qu’une relation physique entre nous et une certaine forme d’amitié peu approfondie. Nos corps s’entendaient bien, il me rappelait le patron du bar que ma mère fréquentait beaucoup quand j’étais petit et qui avait toujours un chocolat chaud pour moi qui m’attendait. Max était un homme bien qui faisait tourner son bar du mieux qu’il pouvait. Il était partit de rien et j’admirais le travail qu’il avait accompli.
Gwendal me suivit silencieusement dans le fameux bar qui donnait sur la place publique. Nous n’avions pas échangé plus de trois phrases, Gwendal était rancunier et moi n’ayant pas la moindre envie de faire le premier par pour qu’il m’assomme de questions et ne me juge sur mon passé et mes choix. M’approchant du comptoir, je demandais à un barman :
- Salut ! Dis-moi, est ce que Max travaille toujours ici ?
- Ca s’pourrait bien ! Ca dépend qui le demande ! Répondit le barman en posant sur moi un regard sceptique.
- Dis-lui simplement qu’Hayden demande à le voir ! Répliquais-je peu impressionné.
Le barman me jaugea un instant du regard avant de disparaître par une porte située derrière le comptoir. L’instant suivant, il réapparaissait accompagné de Max, homme âgé d’une trentaine d’année, les cheveux bruns habituellement long coupés très courts. Un sourire se détacha aussitôt de son air renfrogné lorsqu’il me vit. Il s’approcha aussitôt de moi et nous nous étreignîmes avec force :
- Hayden ! S’exclama Max. Ma parole, ça fait une paye que je ne t’avais pas vu ! Je n’y croyais plus !
- Que veux-tu ! La vie nous réserve des surprises ! Répondis-je en me libérant de sa puissante étreinte. Alors qu’est ce que tu deviens ? Toujours à pourrir dans ton trou à rats ?
- Comme tu vois ! On ne se refait pas ! S’exclama-t-il en riant.
Même si je n’étais pas émotionnellement attaché à Max, cela me faisait plaisir de le revoir. Nous avions passé de bons moments ensemble et s’il n’en avait pas l’apparence extérieure, c’était un homme profondément gentil et prêt à beaucoup pour aider son prochain. Malgré les deux années où je ne l’avais pas vu, il n’avait pas changé. Il faisait beaucoup de sport pour entretenir son corps lorsqu’il ne travaillait pas à faire marcher son bar et contrastait avec l’image bedonnante de l’homme derrière le comptoir, patron de son bar.
Max remarqua la présence de Gwendal qui se tenait à côté de moi, les bras croisé sur sa poitrine :
- Et qui est cette charmante personne ? Demanda-t-il avec un sourire qui en disait long sur ce qu’il était en train de s’imaginer.
- Laisse tomber, Max ! M’exclamais-je. Il est trop bien pour toi ! Max, je te présente Gwen ! Un ami de voyage ! Gwen, voici Max !
- Enchanté Gwen ! Souffla Max. C’est un plaisir de faire ta connaissance !
- Et bien, sachez que je ne vous retourne pas la politesse ! Déclara-t-il en évitant soigneusement de serrer la main qu’il lui tendait.
N’appréciant pas du tout son attitude, je me promis de lui en toucher un mot plus tard.
- Fait pas attention ! Déclarais-je en me tournant vers Max. Il est assez spécial !
Se tournant vers moi, Gwen m’adressa un regard furibond. N’étant pas le genre d’homme à s’attarder sur ce manque de politesse de la part de Gwendal, Max se tourna vers moi et déclara :
- Je t’offre un verre ?
- Avec plaisir ! Répondis-je en m’asseyant au comptoir, laissant mon sac à mes pieds.
Gwendal m’imita et lorsque Max lui proposa la même chose, il refusa simplement.
- Alors, s’exclama Max en reportant son attention sur moi. Quel bon vent t’amène ?
- Nous passions par là, alors je me suis dis que je ne pouvais pas ne pas passer te voir.
- Rassure-moi, dit-il avec un regard lourd de sous entendu qui me fit frémir en imaginant la suite, tu restes ici cette nuit.
- Si nous sommes invités, avec plaisir…
- Il prendra la chambre d’ami, dit-il en me montrant brièvement du regard Gwen qui semblait absent, plongé dans ses pensées, ne prenant part à notre discussion. Quant à toi… À moins que vous ne soyez ensem…
- Comme je te l’ai dit, nous ne sommes que de simples compagnons de voyage. Je suis donc tout à toi. Dis-je en riant.
- Où est ce que tu l’as trouvé celui-là, ce n’est pas ton genre de voyager avec quelqu’un ? 
- Nos routes se sont croisées, rien de bien intéressant, dis-je, voulant rester le plus évasif possible. Et toi après ces deux ans, il a du s’en passer des choses ! Si tu me racontais !
Il n’en fallut pas plus à Max pour me parler de son bar, un petit bijou à ses yeux, battis avec la sueur de son front. Mais Max ne tarda pas à interrompre son histoire pour me montrer Gwendal.
- Tu devrais le monter dans la chambre, ton ami à l’air épuisé au point de s’endormir au comptoir. Je n’avais jamais vu ça ! A part pour ceux qui boivent trop, mais ça n’a pas l’air d’être son cas !
- Oui, bonne idée. Encore merci pour ton hospitalité Max.
- Tu seras toujours le bienvenu ici Hayden, tu le sais.
Je lui adressais un sourire avant de reporter mon attention sur Gwendal. Il semblait dormir profondément. Aussi je le secouais légèrement, tentant de le faire revenir à lui.
- Gwen ! Réveille-toi ! Soufflais-je.
Pour toute réponse, il m’adressa un grognement qui se voulait dissuasif, ne semblant avoir aucune envie de se réveiller. J’avais du mal à imaginer qu’on puisse être aussi épuisé après une journée de marche où le rythme avait été moindre qu’à ce dont j’avais l’habitude.
- Ne reste pas là ! Insistais-je. Viens, je vais te montrer ta chambre ! Allez, lève toi !
Cédant, Gwendal entrepris de se lever, mais il manqua de s’écrouler et ne du son salut qu’à mes reflexes. Je le retins comme je peux par le bras.
- Ca va ? Lui demandais-je, légèrement inquiet.
Il ne me répondit rien et partit à ma suite. Nous montâmes au premier étage, je connaissais bien les lieux. Arrivé devant la chambre dont Max m’avait parlé, j’ouvris la porte et lui dit :
- Voilà, c’est ta chambre pour cette nuit. Repose-toi, tu as l’air d’en avoir besoin.
- Hn… Merci souffla-t-il simplement.
Il se dirigea hagard vers son lit alors que je refermais la porte derrière lui. Retournant voir Max, je lui demandais si je pouvais emprunter sa douche, en rêvant depuis hier soir. Après avoir eu son accord, j’attrapais nos deux sacs et remontait à l’étage. Je déposais silencieusement le sac de Gwen dans sa chambre qui était déjà en train de dormir à moitié affalé sur son lit. Souriant face à cette image, j’allais prendre une douche bien méritée.
Une fois lavé, mon pansement refait et vêtu de propre, j’allais rejoindre Max dans le bar. Un autre verre m’attendait déjà, et je passais une soirée agréable, apprenant à connaître un des nouveau barman engagé. Il m’offrit un plat consistant, et les verres s’enchaînèrent. Alors que je me sentais légèrement engourdi et que l’heure de la soirée était déjà bien avancée, Max me fit sous entendre qu’il était l’heure d’aller se coucher. Je le suivis avec plaisir. J’avais l’impression que je n’avais pas touché intimement un corps depuis des lustres.
Nous n’attendîmes même pas d’arriver jusqu’à la porte de sa chambre pour qu’il se jette sur moi, m’embrassant avec ardeur, me laissant présager la suite.
Cette nuit, j’allais m’offrir à lui comme je l’avais déjà si souvent fait, sans la moindre honte, sans la moindre pudeur ni retenue. Je voulais qu’il me possède pour me sentir vivre, comme pour m’éloigner un peu plus du gouffre de mon passé qui m’attirait inlassablement…
Le lendemain, je me réveillais le corps courbaturé par les ébats de la veille, mais serein comme je l’étais rarement. M’étirant, je vis que Max dormait encore profondément. Amusé, je récupérais mes affaires éparpillées dans la chambre et filais sous la douche. Une fois propre, j’allais voir Gwendal. Celui dormait, enfoui sous sa couette. Je l’appelais doucement, tentais de le secouer légèrement, mais ce fut sans le moindre succès. Ces yeux restaient désespérément clos et seule sa respiration pouvait qu’il était encore en vie. Il me fallut près d’une demi heure avant qu’il se réveille enfin. Je l’appelais d’une voix tremblante d’inquiétude, craignant le pire :
- Gwen ! Gwen, réveille-toi ! Allez ouvre les yeux !
Obéissant, Gwendal finit enfin par ouvrir les yeux avant de les refermer aussitôt. Ne désirant pas le voir sombrer à nouveau, j’insistais appelant son nom et ce ne fut que lorsque je vis sa main se redresser légèrement avant de retomber mollement sur le lit que je m’exclamais :
- Non de Dieu, Gwen ! M’exclamais-je. Ne me refais jamais une peur pareille ! Ca fait une demi-heure que j’essaye de te réveiller et que tu restes aussi immobile qu’un cadavre ! Est-ce que tout va bien ?
- Ca va ! Déclara-t-il, d’une voix rauque.
- Tu es sûr ? Demandais-je en le voyant aussi pâle que la mort. Tu as vraiment mauvaise mine !
- Ca va ! Répéta-t-il avec conviction.
Ne voulant pas insister d’avantage, puisqu’il ne semblait pas vouloir de mon aide, je répondis :
- Très bien ! Je te laisse te préparer ! Rejoins moi en bas, lorsque tu seras prêt, nous partons d’ici une heure !
Sans attendre de réponse, je quittais la pièce, lui laissant le temps de se préparer. Je croisais Max qui sortait de la douche en serviette.
- Sers-toi dans la cuisine de ce dont tu as besoin, je te rejoins.
Je m’installais dans la cuisine et préparait un café brûlant pour m’aider à me réveiller.
Comme je l’avais prévu, après une heure, nous étions de nouveau en route. J’avais remerciais chaleureusement Max, lui promettant de revenir le voir. Gwendal quant à lui, lui décrocha à peine un seul mot. Ce fut après une bonne heure de silence à marcher en sa présence que je finis par craquer. Me retournant brusquement, je croisais les bras sur ma poitrine et déclarais, clairement agacé par son comportement :
- Bon ! Tu m’expliques ce que tu as depuis hier soi ? Tu as été excécrable envers Max qui a eut la gentillesse de t’héberger !
- Et bien, la prochaine fois, qu’il s’abstienne ! Répliqua-t-il avec une colère que je ne lui connaissais pas. Je préfère encore mille fois dormir dehors sous un orage que de revivre la nuit comme celle que je viens de passer !
- Ah oui ! M’exclamais-je. Et son altesse pourrait-elle m’expliquer ce qui lui arrive cette fois-ci ? Tu as tes règles ou quoi ?
- Ce qui m’arrive ? Cria-t-il comme à bout de nerf. Il m’arrive que tu es quelqu’un d’exécrable ! Tu n’est qu’un égoïste ! Tu agis toujours sans la moindre considération pour moi !
- Pardon ? M’étranglais-je, m’attendant à tout sauf à cela.
- Tu m’as très bien compris ! Poursuivit-il. Tu crois que je ne vous ai pas entendu cette nuit ? C’est… C’est simplement répugnant !
- Oh ! Et je peux savoir ce qui te dérange ? Répliquais-je avec sarcasme. Tu es jaloux ?
- Moi jaloux !? Cracha-t-il avec mépris. Plutôt mourir ! C’est malsain et… Immonde ! Pourquoi tu as fait ça ? Je t’ai dit que j’avais de l’argent pour payer des chambres d’hôtel ! Mais non, toi tu préfères te vendre.
Je pris sa remarque comme un coup de poing en pleine figure. Comment pouvait-il me dire une telle chose ? Comment pouvait-il me comparer à ma mère ! Comment pouvait-il concevoir la chose de cette manière ? Et pourquoi fallait-il toujours qu’il se débrouille à me rappeler du lieu où je venais… Emporté par la colère, je lui attrapais le bras et le forçais à se retourner alors qu’il tentait de fuir. D’un geste brutal et avec une force que je ne lui soupçonnais pas capable d’avoir, il se dégagea de ma poigne :
- Ne me touche pas ! S’exclama-t-il. Je ne sais pas où tes mains ont traînées !
Alors que j’allais répondre par une réplique acerbe, je vis Gwendal pâlir à vue d’œil. Reculant de quelques pas, il posa sur moi un regard emplie de tristesse que je ne parvins pas à interpréter. Puis il se retourna et esquissa un mouvement pour s’éloigner. Cependant, il fit à peine quelques pas avant de tomber lourdement sur le sol, inconscient.
Accourant vers lui, je le pris dans mes bras en m’agenouillant. Son front perlant de sueur était brûlant. Quel imbécile ! Pourquoi ne m’avait-il pas avoué qu’il se sentait si mal ! Laissant son sac et le sien, je le pris dans mes bras, le soulevant comme s’il ne pesait rien. Là, je le posais à l’ombre d’un arbre avant d’aller récupérer les sacs. Je pris une serviette dans mon sac et courus jusqu’à une rivière que je savais proche d’ici. En un rien de temps je fus de retour et retrouvais Gwendal se tenant la tête comme si celle-ci était affreusement douloureuse.
M’agenouillant près de lui, ce ne fut que lorsque je parlais qu’il sursauta, remarquant ma présence.
- Gwendal, est ce que ça ?
Il tenta de s’écarter aussitôt, posant sur moi un regard de dégout.
- Ne t’approche pas ! Souffla-t-il comme si cette simple phrase lui coûtait beaucoup.
- Arrête de faire l’enfant Gwen…
Puis sans lui laisser le choix, je posais la serviette humide sur son front qu’il accepta avec un soupir.
- Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu te sentais aussi mal.
- Parce que… Parce que tu n’en as rien à faire de moi.  Murmura-t-il.
Soupirant, je ne répliquais rien, comprenant que ce n’était pas le moment pour une telle discussion.
- Ne bouge pas d’ici, je reviens, dis-je en me redressant.
Gwendal devait voir un médecin. Son corps n’étant pas habitué à un telle vie, ce n’était pas étonnant qu’il tombe malade. Attrapant les deux sacs, je décidais d’aller les cacher. C’est à cet instant que je me souvins de la grange abandonnée pas loin. Ignorant la chaleur étouffante, je partis au pas de course pour y cacher les sacs. Nous resterions sûrement ici ce soir. Il suffisait que je l’aide à marcher jusqu’à chez le médecin, puis nous achèterions ses médicaments et reviendrons ici. Après avoir cacher les sacs, je partis rejoindre Gwendal qui était heureusement toujours conscient.
- Je me suis permis de prendre l’argent dans ton sac pour payer le médecin, expliquais-je. Tu te sens de te lever, je vais t’aider.
Alors que je tentais une main vers lui, il la repoussa mollement en déclarant :
- Ne me touche pas, tu es répugnant, tu me dégoûtes… Tenta-t-il.
Il eut beaucoup de chance d’être malade. Sans cela je lui aurais tourné le dos sans même réfléchir. Ignorant ses paroles blessantes, je l’attrapais et le hissais sans la moindre difficulté sur ses deux jambes. Sans lui laisser le choix, je passais son bras sur mon cou et le soutenant fermement, je commençais à marcher. Dans un état de semi-conscience, Gwendal mit péniblement un pied devant l’autre sans un mot. Le village n’était qu’à une petite heure à pied, mais nous n’avions même pas parcouru le quart au bout d’une demi-heure. Gwendal semblait être incapable de mettre un pied devant l’autre. Il trébuchait et manqua de`s’effondrer plus d’une fois.
Ne supportant plus, je le pris sur mon dos. Il passa mollement ses bras autour de mon cou, appuyant sa tête brûlante contre ma nuque. Son poids plume n’ayant rien d’encombrant, j’entamais la marche d’un pas rapide, désirant y arriver au plus vite. Ce fut avec un soulagement non fein que nous arrivâmes au village. Après avoir demandé mon chemin à un passant qui me regarda avec deux gros yeux ronds, je me rendis au lieu indiqué. Heureusement, il ne fallait pas prendre de rendez-vous et la chance tournant de notre côté, il n’y avait personne dans la salle d’attente. Le médecin nous pris rapidement et il me laissa attendre dans la salle d’à côté pendant qu’il l’auscultait.
Après une vingtaine de minutes qui me parurent durer une éternité, le médecin m’invita à les rejoindre. Gwendal était assis sur la chaise devant le bureau et semblait légèrement plus lucide. Je pris place en face du médecin qui déclara :
- Votre ami a une angine. Ce n’est rien de grave si cela est traité à temps. Je lui ai donné une ordonnance précise et lui ait déjà donné un anti-fièvre et quelques médicaments.
- Merci beaucoup, répondis-je.
- Il dit s’appeler Julien. Je veux bien garder cette version et ne rien ébruiter. Mais cela nécessite une petite contrepartie, en plus du prix de la consultation.
Comprenant très bien ou il voulait en venir, je fouillais dans l’enveloppe garnie qui Gwendal avait emporté. Tirant plusieurs billets, je lui tendis, achetant son silence. Gwen me jetta un bref regard, les yeux embrumés.
- Très bien, dit-il en rangeant l’argent dans son tiroir. Je ne vous ai jamais vu, vous pouvez sortir. Un repas chaud ce soir, les médicaments suivant les prescriptions et Julien sera sur pied dans deux jours comme si rien ne lui été arrivé !
Nous quittâmes son cabinet aussi rapidement que nous y étions entré. Gwendal s’appuyait sur moi. Ne voulant pas attirer davantage l’attention sur nous, je laissais Gwendal à l’entrée du village, près de la forêt et repartie chercher ses médicaments.
Lorsque je reviens, je le trouvais à moitié endormis, assis sur le sol à moitié appuyé contre un arbre. Le médecin lui ayant déjà donné des médicaments, il prendrait les prochains dans quelques heures. J’aurais préféré le laisser se reposer, mais je n’aimais pas l’idée de traîner ici. Même si nous avions graissé la patte du médecin, rien ne nous prouvait qu’il n’appellerait pas la police pour prévenir de la présence de Gwendal ici.
- Lève-toi, lui dis-je en lui tendant une main qu’il refusa de saisir.
- On ne retourne pas chez Max, s’empressa-t-il de me demander alors qu’il me voyait reprendre le même chemin, s’appuyant contre l’arbre n’ayant que très peu d’équilibre.
- Non, je n’abuserais pas de son hospitalité. Il y a une grange abandonnée pas loin. J’y ai laissé nos affaires. Nous passerons quelques jours là bas, tu pourras te rétablir.
Le voyant faire un pas peu assuré, j’ajoutais :
- Laisse-moi te porter, il vaut mieux que tu économises tes forces pour guérir.
Contre toute attente, Gwendal acquiesça, me cédant très facilement. En un rien de temps, il fut sur mon dos en murmurant :
- C’est horrible… Je n’ai jamais été malade…
- Il faut une première à tout, déclarais-je, peu surpris d’apprendre une telle nouvelle.
Il devait être surprotégé dans sa tour d’ivoire…
Nous fûmes rapidement arrivés à la grange. Récupérant nos sacs, je préparais un nid douillet à Gwen avec son duvet. Pliant un de mes pulls, je lui fit un oreiller avant de l’inviter à s’installer. Celui-ci ne rechigna pas. A peine fut-il allongé qu’il sombra dans un sommeil profond. Soupirant de soulagement face à la tournure des évènements, je décidais de ne pas rester inactif. Attrapant mon linge sale dans mon sac et le sien, je pris du savon et retournais près de la rivière. Là, j’entrepris de laver nos vêtements avec énergie. Après les avoirs étendus au soleil près de la grange, j’allais chercher du bois que je rassemblais pour le soir. N’ayant rien dans mon sac qui puisse constituer de la nourriture pour un malade, je me permis de prendre un nouveau billet dans l’enveloppe de Gwen et repris la direction du village pour acheter quelques légumes.
Gwendal ne revint à lui qu’en début de soirée alors que j’étais en train de cuisiner une soupe avec les moyens du bord. Je l’entendis s’approcher de moi avant de s’asseoir comme si ce simple parcours l’avait épuisé.
- Qu’est ce que tu prépares ? Me demanda-t-il.
- Une soupe, pour que tu prennes tes médicaments sans avoir l’estomac vide.
- Je n’aime pas la soupe, dit-il boudeur.
- Et bien, tu te forceras ! Déclarais-je. Je n’ai pas fait deux heures de marche et une bonne heure de cuisine pour que monsieur le malade fasse la fine bouche.
Gwendal ne répondit rien, ayant perdu de son répondant.
- Tu es presque agréable quand tu es malade, dis-je en riant.
- Ah ah ! Dit-il vexé.
Attrapant une gamelle propre, je la remplie de soupe fumante avant de le lui tendre.
- Voilà, c’est prêt.
Gwendal l’attrapa en faisant la moue. Lui tentant une cuillère, j’allais ensuite chercher ses médicaments, lui donnant la dose prescrite sur l’ordonnance. Gwendal mangea silencieusement, ne faisant aucun commentaire, tandis que je prenais ma part. Aucun mot ne fut échangé et ce ne fut que lorsqu’il posa son assiette ayant consommé l’entièreté de sa soupe chaude et prit ses cachet qu’il se leva difficilement. Une fois debout il déclara :
- Je… Je retourne me coucher. Bonne nuit.
- Bonne nuit Gwen. Dit-je sur le même ton. Si tu as besoin de quelque chose n’hésite pas.
- Merci… Murmura-t-il faiblement.
Je pris mon temps pour tout ranger, rassemblait le linge et le pliait. Une fois que tout fut fini, je profitais de la dernière heure de soleil pour poursuivre la lecture de mon livre que j’avais délaissé depuis quelques temps. Lorsque la lumière vint à manquer, j’admirais le coucher de soleil. Puis, n’ayant rien d’autre à faire, j’allais chercher mon duvet et vins me mettre près de Gwendal. Il ne faisait pas particulièrement froid, mais je voulais être là au cas où il ait besoin de moi. Ce fut en espérant qu’il aille mieux le lendemain que je partis le rejoindre dans les bras de Morphée.
Le lendemain fut semblable à la veille, si ce n’est que Gwendal commençait à aller déjà beaucoup mieux. Nous étions en fin d’après-midi lorsqu’il vint me rejoindre s’asseyant à quelques mètres de moi tandis que je continuais ma lecture. Fermant mon livre, je m’approchais de lui.
- Comment te sens-tu ? Lui demandais-je.
Face à son absence de réponse, je tentais de poser ma main sur son front pour m’assurer moi-même que la fièvre était tombée. Mais Gwendal repoussa vivement ma main, et déclara :
- Combien de fois est-ce que je t’ai dis de ne pas me toucher.
- J’ai la réponse à ma question, déclarais-je agaçé. Oh et puis merde à la fin. Je me demande pourquoi je m’entête avec toi. Tu as une attitude d’enfant gâté. Tu es vraiment insuportable quand tu es comme ça.
- Si je suis si insupportable, tu n’as qu’à partir, je me débrouillerais tout seul.
- J’aimerais bien voir ça ! Dis-je en lui éclatant de rire au nez.
Je ne l’imaginais pas une seconde vivre la vie que je menais seul.
- Je me débrouillerais mieux que toi en tout cas ! Claqua-t-il faisant stopper net mon rire.
- Qu’est ce que tu sous-entends par là ? Lui demandais-je.
- Jamais je ne m’abaisserais à coucher avec quelqu’un pour avoir un toit ! Cria-t-il, rageur.
- Ca n’a strictement rien à voir ! Je n’ai pas couché avec lui pour avoir un toit mais parce que je voulais me faire plaisir, chose que tu sembles toujours t’interdir ! Répliquais-je, sentant monter une colère sourde en moi.
- Le fait reste le fait ! Clama-t-il hors de lui. Tu as couché avec celui qui t’héberge, ce n’est pas mieux que ce que faisait ta mère pour de l’argent.
Une colère sans nom me prit. Comment le savait-il ? Comment osait-il me comparer à elle. Alors que je me levais, je vis dans le regard de Gwendal qu’il regrettait ce qu’il venait de dire. Mais le mal était fait. Ne voulant pas retourner ma haine contre lui, je tapais de toute mes forces contre les vieilles planches en bois de la grange qui cédèrent sous le choc. Ignorant la douleur vive sur mon poing encore serré, je retournais mon attention sur Gwendal qui eut un mouvement de recul, me craignant véritablement.
- Tu as enquêté à ce point sur moi ! Je ne sais pas comment tu as su ! Et toutes ces questions que tu me posais innocemment ! Je ne te croyais pas comme ça Gwendal.
Sans un mot de plus, furieux, je lui tournais le dos et partit en marchant d’un pas vif. Il fallait que j’évacue ma colère et je ne pourais le faire que loin de celui qui l’avait déclenché. Je marchais d’un pas vif, haineux comme rarement cela m’arrivait d’être, les poings serrés. Le simple fait qu’il sache ce qu’était ma mère me révulsait, et me comparer à celle que j’avais toujours haie secrètement était la pire des choses. Comment pouvait-il me juger ainsi ? Pourquoi me sortait-il les mêmes termes que ma mère employait à mon égard ? Combien de fois ma mère m’avait-elle traité avec dégoût…
Je ne sus combien de temps je marchais ainsi, faisant un cercle immense autour de la grange, tentant de calmer en moi les tremblements de hargne. Avais-je bien fait de l’accepter avec moi ? Accepter Gwendal à mes côtés c’était lui ouvrir la porte à une intimité que je n’avais jamais offerte à personne. Personne ne connaissait le véritable Hayden… Hayden… Ce n’était même pas mon véritable nom… Ma mère m’avait appelé Mathis… Mais j’avais renié ce nom à l’instant même où elle avait quitté ma vie. Cependant c’était une chose de le renier, mais il était impossible de le faire totalement disparaître. Mathis était toujours là, près à refaire surface si je ne me protégeais pas assez. Soupirant, après plusieurs heures de marches, une légère averse commença à tomber. Ignorant la pluie, je me décidais tout de même à rentrer. L’averse fut finit au moment même où j’arrivais.
Gwendal était toujours là, à l’entrée de la grange. Lorsqu’il me vit arriver, il me lança un regard que je ne sus interpréter. N’ayant aucune envie de partager le même espace que lui pour le moment, je m’installais à l’extérieur, m’appuyant contre le mur de la grange, là où l’herbe avait été protégée de la pluie.

Gwendal hésita, puis finit par s’approcher de moi. Je ne lui adressais pas même un regard.
- J’ai cru que tu ne reviendrais pas, dit-il d’une voix basse.
Je n’eus pas la moindre réaction, encore trop en colère contre lui.
- Ta main… Souffla-t-il. Il faudrait que tu la soignes…
Je posais les yeux sur la main avec laquelle j’avais violemment frappé les planches en bois de la grange et vis qu’elle était ensanglantée. Je n’en avais même pas eu conscience. L’approchant devant moi, je fis bouger les doigts. C’était douloureux, pensais-je en grimaçant, mais rien n’était cassé. C’était simplement de nombreuses coupures. Sans lui porter le moindre intérêt supplémentaire, je la posais sur mon ventre. Je m’en occuperais plus tard. La douleur me permettait de penser à autre chose.
Gwendal disparut dans la grange et je me laissais aller à fermer les yeux appréciant les rayons de soleil qui venait sécher mes vêtements trempés. Il faisait suffisamment chaud pour ne pas avoir à me changer tout de suite. Je sursautais lorsque j’entendis Gwendal me parler. Je n’avais même pas eu conscience qu’il était à côté de moi.
- Laisse-moi voir ta main s’il te plait.
Je tournais la tête vers lui, posant véritablement mon regard pour la première fois sur lui depuis notre altercation. Il tenait la trousse à pharmacie qu’il avait sûrement pris dans mon sac.
- Je croyais que mes mains te dégoûtaient, dis-je, acerbe.
- Je peux le supporter le temps de soigner ta main, répliqua-t-il.
Le silence s’imposa un instant avant qu’il ne murmure :
- Je m’excuse pour ce que je t’ai dit. Je n’aurais pas dû. Je suis désolé.
Je ne répondis rien. Qu’aurais-je pu répondre. Mais Gwendal insista :
- Hayden, laisse-moi voir ta main s’il te plait.
Soupirant, je finis par la lui tendre, posant mon regard sur lui. Il grimaça en voyant le sang qui commençait à sécher. Ouvrant la trousse à pharmacie, il entreprit soigneusement de panser mes plaies plus ou moins superficielles avec les moyens du bord.
- Comment as-tu su pour ma mère ? Soufflais-je après un moment.
Gwendal me leva les yeux vers moi, arrêtant un instant ses soins.
- Mon père… Il a enquêté sur toi. Il… Il me l’a dit quand je suis revenu chez moi de force… Je n’aurais pas du te dire ça ! Je ne le pensais pas !
- C’est bon, soupirais-je. Je m’excuse pour ce que je t’ai dis dans la grotte l’autre soir. On est quitte comme ça. Dis-je en tentant de lui sourire.
Gwendal tenta de me rendre mon sourire, mais je sentais que le cœur n’y était pas. Le silence s’imposa à nouveau, laissant le temps à Gwendal de terminer ses soins. Ma main fut entièrement bandée, laissant chacun de mes doigts libres. Je le remerciais alors qu’il rangeait la trousse à pharmacie. Ce ne fut que lorsqu’il revint avec une pomme en s’asseillant à côté de moi, que j’entamais une véritable discussion avec lui, nous devions parler :
- Pourquoi est-ce que tu as été aussi désagréable avec Max ? Lui demandais-je.
- Je ne sais pas, déclara-il. Je ne l’aime pas, il ne m’inspire pas confiance.
- Pourquoi ça ? Lui demandais-je étonné. Il n’y a pas plus gentil et honnête que Max.
- Non mais tu n’as pas vu le regard qu’il posait sur toi ! C’était… Abject ! Pervers ! Répugnant !
Je ne pus m’empêcher de dire avant de répondre :
- C’est bon, je crois que j’ai compris Gwen. C’était simplement du désir, rien de plus…
Je pris une pause avant d’ajouter, face à sa moue dubitative et légèrement écoeurée :
- Max est parti de rien. Son bar était un bâtiment délabré qu’il a acheté pour une bouchée de pain. En réalité, il y a mis toutes ses économies. Il l’a retapé seul, et il venait tout juste d’ouvrir lorsque je suis arrivé. Il adore raconter son histoire maintenant. Il m’a embauché et j’ai travaillé deux mois pour lui le temps qu’il trouve un remplaçant. Pour ce qui est de ce qui semble t’écoeurer au plus haut point, nous éprouvions une attirance mutuelle et nous avons simplement pris du bon temps ensemble…
- Et bien, tu aurais pu le faire plus discrètement. J’ai passé une nuit atroce ! S’exclama-t-il.
- Je tenterais d’être plus discret la prochaine fois, dis-je amusé.
- La prochaine fois ? Tu t’envoies vraiment en l’air avec n’importe qui ? Me demandant-il avec des yeux écarquillés.
- Ca ne te regarde pas ! Déclarais-je d’un ton un peu sec. Quoi ? Tu es jaloux, ajoutais-je en riant.
- Je ne suis certainement pas jaloux de ça ! S’exclama-il offusqué.
Puis il repris après un temps :
- Je pensais que… Je pensais que tu le faisais avec ceux que tu aimais… Comme avec Julien.
Sentant la discussion dévier vers un sujet sérieux, je lui répondis avec franchise :
- Tu sais Gwen, je n’ai jamais aimé quelqu’un au point de tout abandonner pour lui. Je ne sais même pas vraiment ce qu’on ressent. Je te l’ai pourtant dis. Je vis libre et je profite de tous les plaisirs qu’offre cette liberté.
- Mais… Dit-il alors que je sentais que cette conversation le gênait au vue de la couleur rosie de ses joues. C’est pourtant un acte extrêmement intime. Comment peux-tu le faire avec quelqu’un que tu connais à peine. Ce doit être affreux !
- Si c’était affreux, crois-moi, j’aurais cessé depuis longtemps !
Je comprenais ce qu’il sous entendait. Cela n’était d’ailleurs pas difficile à comprendre. Il devait être toujours puceau, attendant de trouver celui ou celle qui serait le bon, la personne qu’il aimerait et serait aimé en retour… Je ne croyais pas à cet idylle et je lui fis savoir.
- Tu sais Gwendal, ce que tu sembles idéaliser, je ne l’ai jamais connu. Cela est peut-être du à ma mère, mais… J’ai vraiment du mal à croire à l’existence d’une telle chose.
- Tu ne l’as peut-être jamais cherché, commenta Gwendal avec un petit sourire.
- Peut-être, murmurais-je.
Le silence s’installa à nouveau, chacun méditant sur les paroles de l’autre. J’attaquais alors la pomme qu’il m’avait apporté et ce fut à cet instant que Gwen me demanda :
- Tu es resté en contact avec ta mère ? Tu sais ce qu’elle devient.
Je faillis m’étouffer avec le morceau de pomme que je venais d’avaler. Je revis instantanément son corps sans vie, baignant dans son vomi et sa sueur. Mon cœur se serra durement. Ancrant mon regard dans le sien, je restais un instant sans voix, comme totalement perdu. Je finis par me ressaisir. Il fallait définitivement mettre un terme à ce genre de question.
- Je n’ai pas la moindre envie de parler de ça Gwendal ! S’il te plait, arrête de me questionner sur mon passé.
Alors que je voyais Gwendal près à s’excuser au vue de ma réaction, je lui proposais alors aussitôt, sans trop réfléchir à ce que cela allait impliquer :
- Je te propose la chose suivante : tu arrêtes de m’interroger et en échange, je veux bien tenter de t’apprendre le français. Mais je ne te promets rien. Cela fait très longtemps que je ne l’ai pas parlé.
- Je… Tu n’es pas obligé. Souffla-il, embarassé.
Je lui tendis ma main, comme pour conclure le marché.
- Je ne te le proposerais pas deux fois Gwen. Alors ?
Hésitant, Gwendal finit par saisir ma main valide.
- C’est d’accord ! Conclu-t-il.
Ce fut la faible pression de sa main qui m’alerta. Posant une main sur son front, je remarquais que celui-ci était brûlant.
- Gwendal, tu devrais te reposer et dormir un peu. Nous sommes là pour ça. Tu es brûlant de fièvre.
Me redressant, je lui tendis la main pour l’aider à se lever et je le retins alors qu’il semblait prit d’un vertige. Avec précaution et douceur je l’accompagnais jusqu’à son lit. Il s’y étendit sans le moindre refus. Je reviens lui apporter une serviette humide et de nouveaux cachets.
- Dors, soufflais-je après avoir passé ma main dans ses cheveux dans un geste tendre qui m’étonna moi-même.
Cette nuit là, Gwen fit une rechute. Il eut une impressionnante poussée de fièvre et ce fut son claquement de dents qui me réveilla, suivit de mon prénom murmuré.
- Gwendal ? Ca va ? Lui demandais-je.
- Non, j’ai soif et je suis gelé.
- Tu es pourtant brûlant dis-je en posant ma main sur son front. Bouge pas je t’apporte à boire.
En un rien de temps, je fus de nouveau à ces côtés, remplissant un gobelet d’eau fraîche provenant d’une de nos gourdes. Je lui donnais à nouveau un médicament contre la fièvre.
- J’ai mal à la gorge, gémit-il en tentant comme il pouvait de boire.
- La… Souffla-je en lui caressant la joue, ça va passer… Sa main se serra sur ma chemise et il m’attira brusquement contre lui.
Surpris par une telle force, je manquais de tomber sur lui. Comprenant ce qu’il voulait, je m’allongeais près de lui, et en un rien de temps, il fut tout contre moi, tremblant de froid et brûlant de fièvre. Passant lentement ma main dans ses cheveux collés par la sueur, je lui murmurais de se calmer.
- Tu restes là, murmura-t-il, comme sous le délire de la fièvre. Ne m’abandonne pas. Ne pars pas. Reste ici… S’il te plait.
- Je ne bouge pas Gwendal, je suis là…
Fébrile, ses poings restaient serrés sur ma chemise comme s’il avait réellement peur que je ne m’échappe. Attendris, je tins ma promesse. Même lorsqu’il s’endormit à nouveau, je restais près de lui jusqu’au petit matin…

Nous restâmes une journée et une nuit de plus avant de reprendre la route, attendant que Gwendal soit parfaitement rétabli. Nos rapports s’était grandement améliorés lorsque nous reprîmes la route. Gwendal s’en tint à notre marché et ne me posa plus aucune question sur mon passé. Il m’interrogea en revanche sur mon mode de vie, ayant toujours beaucoup de mal avec mon côté libertin. Pour ma part, je commençais à lui apprendre le français, mais j’éprouvais toujours un certain dégoût pour cette langue à laquelle je tentais de passer outre. Gwendal était cependant un très bon élève et apprenait vite. Nous progressâmes rapidement, sans se presser bien que nous devions nous éloigner le plus possible de son père.
Après plusieurs jours de marches, nous finîmes par arriver dans un lieu que je connaissais bien. J’y étais arrivé assez rapidement après ma fuite de la France. Linda, une femme âgée vivait dans une maison trop grande pour elle et m’avait accueilli à bras ouverts. Je l’avais beaucoup aidé à remettre en état son jardin et sa maison qui était arrivée à un état de délabrement dangereux. Elle n’avait pas les moyens pour embaucher quelqu’un. Si elle s’était au départ méfiée de moi, elle avait fini par baisser ses gardes. Elle était veuve et n’avait jamais eu d’enfant. Sa solitude aurait pu la rendre aigrie, mais c’était tout le contraire. Lorsqu’elle a eu confiance en moi, elle s’est avérée être une femme drôle, sensible et presque maternelle.

- Où est ce qu’on va ? Me demanda Gwendal, tu sembles bien pressé tout d’un coup.
- Ce soir, nous dormons dans un lit bien confortable, déclarais-je avec un sourire.
Mais Gwendal ne répondit pas à mon sourire, bien au contraire.
- Ne t’inquiète pas, dis-je en éclatant de rire. C’est une femme et âgée qui plus est !
Gwendal s’empourpra, gêné d’être découvert aussi facilement.
 - Comment s’appelle-t-elle ? Comment tu l’as connu ? Finit-il par demander.
- Elle s’appelle Linda. C’est une femme très gentille, tu verras, tu l’aimeras beaucoup et je pense qu’elle t’apprécieras. Elle a fait beaucoup pour moi. Chaque année, à cet époque, je viens la voir et on célèbre son anniversaire. Son mari est mort et elle n’a pas eu d’enfants. Elle a rarement du monde qui vient la voir… Alors ça te convient ?
- Je… Oui ! Déclara-t-il en me rendant enfin mon sourire. On y est bientôt ?
- Encore une petite demi-heure, ajoutais-je avant de me remettre en route, Gwendal m’emboîtant le pas.
- Tu as rencontré beaucoup de monde, continua-t-il. Il est rare que l’on passe plus de quelques jours sans que tu ne connaisses quelqu’un.
- C’est vrai, répondis-je. Cela dépend des régions. Je suis resté pas mal de temps dans celle-ci. L’hiver est rude, mais l’été est une saison très agréable ici.

- Tu as de la chance… Je n’ai jamais rencontré personne hormis les amis de mon père.
- Mais maintenant, tu t’offres aussi cette chance ! Qui sait, peut être que tu rencontreras une jolie fille et que me laissera continuer seul. Ajoutais-je en riant.
- Je… je… Je veux pas rencontrer de fille, bafouilla-t-il, embarassé.
- Ou un beau mec comme moi ! Déclarais-je, me moquant de lui.
Gwendal vira aussitôt au cramoisi. Jamais je n’aurais pensé que l’on puisse devenir aussi rouge en si peu de temps.
- Je ne veux pas renconter quelqu’un comme ça ! Déclara-t-il, vexé que je me moque ainsi de lui.
- C’est ce que tu crois, dis-je amusé.
Gwendal ne répondit rien et je décidais d’arrêter d’insister. Le silence guida nos pas, jusqu’à ce que mon compagnon change de sujet.
 - Vivement qu’on arrive, je ne sens plus mes pieds.
- Il faudra qu’on t’achète de nouvelles chaussures, dis-je, en posant mes yeux sur les siennes qui étaient loin d’être appropriées.
Il fallut même moins d’une demi-heure pour arriver devant sa maison. Elle était à l’écart de la ville. Nous passâmes le petit portail en fer forgé que j’avais repeint l’an dernier. Mon cœur battait, trop heureux d’enfin la revoir. Je frappais plusieurs coups à la porte, sachant qu’elle mettait toujours du temps avant de m’entendre et de marcher jusqu’à celle-ci. Elle commençait à sentir les années passer. A ma grande surprise, la porte s’ouvrit presque ausstôt, manque de me faire sursauter. Une jeune femme, les lèvres pincées, nous demanda aussitôt :
- Je peux savoir ce que vous voulez ? Demanda-t-elle très désagréablement.
- Heu… Bonjour, est ce que Linda est ici.
- Cette vielle bique ? Elle nous a quitté depuis 6 mois.
- Pardon ? Demandais-je, le cœur battant, ayant peur de mal interprété. Où est-elle ?
La femme me regarda comme si j’était le plus grand de tout les imbéciles.
- Au cimetière, comme toutes les personnes qui décèdent ! Autre chose ? Vous êtes sur une propriété privée ici, alors si vous ne voulez rien de plus, je vous prie de partir.
Sans que je n’ai le temps de répondre quoi que ce soit, la femme claqua la porte. Je restais là, face à cette porte qui resterait maintenant à jamais fermée. Nous ne nous étions même pas dit au revoir, je n’avais pas été là pour elle. Je restais immobile, sans vraiment savoir ce que je ressentais. J’étais perdu, je n’arrivais pas à digérer l’information. C’est alors que je sentis une main attraper les miennes alors que Gwendal me disait :
- Viens Hayden, suis-moi.
Hagard, je le laissais mener le chemin. Une fois à l’extérieur de sa propriété, il me fit asseoir sur le vieux banc en bois.
- Je suis désolé que tu l’ai appris de cette manière, souffla-t-il, en s’asseyant à côté de moi, pour la première fois étonnamment près.
Sans un mot, je laissais mon sac tomber à mes pieds. Je n’avais pas envie de parler. À vrai dire, j’avais envie d’être seul, mais je ne repoussais pas sa main qui passait timidement dans mon dos. C’était si soudain. Et pourtant, elle avait tenté de me le faire comprendre à son dernier anniversaire. Je n’avais pas été là et elle avait sûrement du s’éteindre seul. J’aurais du être présent et lui tenir la main. J’aurais dû accepter de rester plus longtemps alors qu’elle me l’avait si expressément demandé. Je n’aurais pas dû ignorer ses larmes alors que je m’éloignais de chez elle…
Après un long silence durant lequel je restais silencieux, enfermé dans mon mutisme, Gwendal finit par proposer :
- Et si nous prenions une chambre d’hôtel ce soir. Je pense que nous en avons besoin… Surtout après ce que tu…
- Je n’en ai pas besoin, répondis-je en le coupant.
- Moi si ! Une vraie douche, un vrai lit, cela nous fera le plus grand bien.
- Si c’est pour toi alors d’accord… Dis-je, las.
- Bon et bien, dit-il en se redressant, allons-y, il commence à se faire tard.
Je le suivis sans un mot. Je ne savais pas quoi dire. Pour la première fois, ce fut Gwendal qui passa devant. Nous fîmes le chemin inverse pour revenir dans une petite ville. Arrivé devant un hôtel modeste, le seul dans cet endroit, dont le rez-de-chaussée était un bar, Gwendal me donna l’argent et m’attendit dans un coin. Il valait mieux qu’on voit son visage le moins possible. Je payais pour une chambre à partager, ayant même le luxe d’avoir deux lits séparés. Cela plairait sûrement à Gwendal. Nous allâmes y déposer nos affaires et nous nous offrîmes à chacun une douche amplement méritée. Gwendal me proposa d’aller manger un petit quelque chose au bar d’en dessous qui servait des plats simples. L’ambiance y était animée, et il nous choisit une table quelque peu excentrée. Gwendal commanda son plat et lorsque le serveur me demanda ce que je voulais pour ma part, je lui dis :
- Un verre de votre alcool le plus fort, et soyez généreux.
S’il parut surpris par ma demande, il n’en fit rien et ajouta :
- Ce sera tout ?
- Oui, merci. Répondis-je.
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A suivre…

Mourir pour revivre - Chapitre 51

17 octobre 2012

Chapitre 51 écrit par Shinigami

Un sourire malsain et diabolique étira alors les lèvres d’Asiel qui, dans une lenteur emprunte de fierté et d’arrogance non dissimulée, releva la tête et fixa son amant. Cependant, derrière ses traits légèrement tirés et le rictus qui lui étirait les lèvres, personne n’aurait pu deviner la colère et la fureur qui habitait l’adolescent. Parfaitement maître de lui-même Asiel pointait sur Daevlyn un regard dédaigneux que l’adulte pouvait deviner derrière le masque de pierre que représentait son visage. D’une voix douce qui contrastait avec les sentiments tumultueux qui habitaient Asiel, mais chargée d’ironie et de cynisme, l’adolescent déclara :
- Bonsoir Daevlyn chéri, ca faisait longtemps qu’on ne s’est pas vu. Quel plaisir de pouvoir de nouveau te parler…
Asiel avait très bien vu dans le regard de l’homme qui lui faisait face que celui-ci se doutait parfaitement que tout ceci était, comme on dit, le calme avant la tempête. L’adolescent contenait sa rage pour mieux la laisser exploser lorsque le moment serait venu. A cet instant, et malgré l’amour qui lui vouait, Asiel n’avait qu’une envie, c’était de tuer Daevlyn de ses propres mains. Il lui en voulait comme jamais d’avoir dévoilé leur passé à Suzanne qui, à présent, le regardait avec une lueur de crainte au fond des yeux. Mais en plus de l’amour d’Asiel, celui de Raphael ainsi que toute sa volonté venaient s’ajouter au sien pour l’empêcher de commettre l’irréparable.
De plus, les regards indiscrets des adultes et des deux adolescents posés sur lui comme s’il n’était rien de plus qu’une bête de foire commençait à l’énerver profondément. Quittant Daevlyn du regard, Asiel reporta son attention sur le frère et la sœur, leur promettant en un regard les pire tortures imaginables. Alors qu’il allait s’approcher d’eux et leur faire regretter d’être venu au monde, il sentit Daevlyn le saisir par le bras et l’entrainer sans ménagement à sa suite. Comprenant les intentions de son amant, Asiel se laissa guider, adressant un sourire narquois a l’assemblée qu’il sentit frissonner de désagrément , surtout les jumeaux. C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent seuls dans la chambre de l’adolescent après que Daevlyn eut précautionneusement refermé la porte. Asiel sourit à cette précaution qu’il savait toute a fait inutile, sachant pertinemment qu’il ne se contenterait pas de parler calmement avec Daevlyn. Non… Il avait mal, il avait été blessé au plus profond de lui et se devait de le faire savoir à l’adulte, qu’il comprenne qu’il avait été trop loin et qu’il faudrait bien plus que quelques explications et un “pardon” pour se faire pardonner. A peine Daevlyn fut-il face à lui que la main de l’adolescent atterrissait violemment sur sa joue. Cependant, à peine le coup fut-il partit qu’Asiel le regrettait. Une telle fureur l’habitait qu’il lui fallait la laisser sortir.
Inconsciemment, des larmes s’échappèrent de ses yeux. Des larmes libératrices de toutes les émotions contenues jusqu’à présent. Il sentait au fond de lui la présence de Raphael a ses cotés, que l’adolescent le guidait et l’aidait comme lui l’avait aidé pendant tout ce temps. Pourtant, malgré ses larmes, Asiel ne lui avait toujours pas pardonné et n’attendait qu’une chose, que Daevlyn prenne la parole :
- Je… je n’avais pas le choix… commença-t-il d’une voix qui cachait mal son hésitation.
- On l’a toujours Daevlyn ! Trouve autre chose mon cœur ! s’exclama l’adolescent avec un cynisme non feint qui contrastait avec ses larmes.
Aveuglé par ses propres ressentis, Asiel n’avait pas conscience de pousser Daevlyn à bout de patience et ne remarqua pas que l’adulte se faisait violence pour ne pas se départir de son calme.
D’une voix calme qui ne laissait rien présager de bon, Daevlyn déclara :
- Et quoi ? Tu voulais garder le secret toute ta vie ? Ta mère devait savoir Asiel ! Elle en avait le droit. C’est vrai que c’était à vous de choisir le moment pour lui annoncer, mais dans ces circonstances, aurais-je dû continuer à lui mentir ? Si je ne l’avais pas dis, jamais vous n’auriez trouvé le courage pour le faire.
Asiel savait pertinemment que Daevlyn avait raison, mais emporté par sa colère il hurla sans prendre en compte les paroles précédentes de son amant :
- Il valait mieux qu’elle ne sache pas ! hurla presque Asiel. Elle n’aurait jamais du savoir ! Raphaël ne peut plus supporter ce regard. Tu lui a montré plus que sa propre âme ! Cette culpabilité dans les yeux de Suzanne, pour Raphaël c’est insoutenable !
- Suzanne ? demanda alors l’adulte surprit. Pourquoi emploies-tu ce nom ? C’est aussi ta mère !
- Va-t-en ! Hurla l’adolescent sans répondre à la question de l’adulte. Je ne veux plus t’entendre ! Sors d’ici !
Une rage sans nom bouillonnait dans les veines de l’adolescent. Les poings serrés, il tentait de calmer les tremblements de ses mains. La respiration saccadée, ses yeux noirs envoyant des éclairs, Asiel était à deux doigts de se jeter sur lui.
Alors que Daevlyn allait sortir, il se retourna une dernière fois et déclara d’une voix étrangement douce qui avait perdue toute sa colère :
- Laisse lui le temps de te connaître, et elle t’aimera aussi fort qu’elle aime Raphaël. Suzanne est aussi ta mère…
Avant qu’Asiel ne puisse dire quoi que ce soit, Daevlyn avait déjà refermé la porte, le laissant seul comme il le lui avait demandé.
Une fois seul, Asiel laissa libre court a ses larmes. Il courut et se laissa tomber sur son lit, le visage dans l’oreiller, tentant d’étouffer au maximum ses sanglots. Il savait parfaitement qu’il avait mal agit, que sa colère était excessive et s’en voulait. Seulement, sa fierté l’empêchait d’aller s’excuser auprès de Daevlyn. De plus, ses craintes étaient, elles, belle et bien réelles… Comment Suzanne pourrait-elle l’accepter et l’aimer, lui, un assassin ? Il avait toujours été considéré comme la deuxième personnalité de Raphael, adolescent meurtrit par la vie, et s’était enfermé dans cette idée pour ne pas avoir a souffrir d’avantage.
Puis, Daevlyn était entré dans leur vie, suivit maintenant de Suzanne. L’idée de perdre Daevlyn lui était atrocement douloureuse, mais à présent, il devait aussi se résoudre à perdre Suzanne, qui représentait à ses yeux, la mère qu’il n’avait jamais eut. Il devait accepter l’idée qu’il n’était qu’un substitue de Raphael, que seul l’adolescent avait sa place dans cette famille. S’il avait réagit aussi violemment ce n’était que par pur égoïsme. Il avait peur de trop s’attacher a Suzanne comme il l’avait fait avec Daevlyn. Daevlyn qui avait été son arrêt de mort… Asiel ne sut combien de temps s’écoula après que Daevlyn ait quitté la pièce. Epuisé par ses sanglots, il sentait ses forces s’amenuiser peu a peu et alors qu’il s’apprêtait à quitter ce monde pour rejoindre celui des rêves, trois coups frappés à la porte retentirent dans la pièce, le faisant sursauter, à présent totalement réveillé.
Avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit, la porte s’ouvrit sur Suzanne. Lorsqu’il s’en rendit compte, il tenta de retrouver son masque froid et impassible, mais ce fut sans compter sur Suzanne qui déclara :
- Ne joue pas a ce jeux Asiel, cela ne marche pas !
Agacé, l’adolescent lui adressa un regard meurtrier, mais l’ignorant totalement, Suzanne poursuivit :
- Tu peux me fusiller du regard autant de fois que tu veux , m’ignorer même, mais tu ne m’empêchera pas de te dire ce que j’ai a te dire.
Sa décision prise, Suzanne alla s’asseoir sur le lit auprès d’Asiel qui, dans un mouvement de reflexe se recula précipitamment, comme s’il craignait de se brûler au contact de la jeune femme. Si cette attitude blessa profondément Suzanne, elle n’en laissa rien paraître et déclara d’une voix qui se voulait calme et posée :
- Avant toute chose, je voudrais te remercier, Asiel. Je voudrais te remercier d’avoir été la pour Raphael à ma place. Pour tout ce que tu as fait et que tu continues de faire encore pour lui au dépend d’un grand nombre de sacrifices. Tu t’es sacrifier pour lui et cela n’a pas de prix a mes yeux. Tu as accepter de souffrir pour le protéger lui… Mais a présent, tu n’as plus a le faire Asiel ,tu n’as plus a souffrir… Le bonheur est là, il ne tient qu’à toi d’ouvrir les bras et de le saisir…
Asiel était profondément troublé par les paroles de cette femme qui lui faisait face. Il lui semblait qu’elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert. Il ne dit cependant rien, attendant patiemment que Suzanne poursuive. Si au départ il n’avait eut aucune envie de l’écouter, à présent, toute son attention était reportée sur elle. Son regard onyx la fixait avec une certaine admiration. Rassurée par le silence d’Asiel, Suzanne reprit :
- Même si tu te caches derrière ton masque, tu souffres Asiel. Arrêtes de le nier et rends toi à l’évidence ! Si Daevlyn a fait ce qu’il a fait, c’est qu’il le jugeait utile, pour toi, pour vous… Cesse cette mascarade et affronte tes problèmes de face Asiel. Il n’y a que comme cela que tu parviendras à lui pardonner et à te pardonner à toi même. Là, tu te morfonds sur toi même, ce n’est pas une solution. Daevlyn t’aime Asiel, c’est moi qui te le dit. Il t’aime autant que Raphaël et ne fait aucune distinction entre vous car il n’y en a pas a faire. Vous avez le même passé, les mêmes problèmes, le même corps et au fond de vous le même caractère et cette sensibilité qui vous caractérise. Tes craintes sont aussi les siennes… Je ne sais pas si je peux comprendre, pour être honnête, j’en doute même, mais tout ce mal que vous avez vécu est à présent révolu… Cesse de regarder toujours vers le passé et concentre toi sur l’avenir… Certes, tu gardera toujours une part du passé en toi, rien, pas même l’amour que tu voues à Daevlyn et celui qu’il te rend en échange ne pourra l’effacer, seul le temps l’estompera lentement, mais ce n’est pas une raison pour te renfermer sur toi Asiel… Tu as tellement peur des autres et de ce que l’avenir peut vous réserver que tu t’es renfermé sur toi et tu as remonter tes barricades autour de ton cœur pour m’empêcher d’y accéder… Tu as mis cette distance entre nous par peur du regard que je pourrais poser sur toi, sans même attendre d’entendre ce que j’avais à te dire… Tu m’as mis dans le même panier que les autres avant même d’apprendre à me connaître… Attention, ce ‘est pas un reproche Asiel, juste une simple constatation.
Si au départ cela n’avait été qu’une impression, à présent, c’état une certitude…. Suzanne lisait en lui… Elle transcrivait par des mots, les émotions qui étreignaient son cœur. A présent, il avait perdu toute sa belle assurance.
- Tu… comment tu sais ? Demanda l’adolescent sans chercher a cacher l’horreur qui transpercait dans sa voix.
- Je suis une mère, Asiel. répondit Suzanne d’une voix toujours aussi douce, ne souhaitant pas effrayer l’adolescent et le braquer plus qu’il ne l’était déjà. Je sais ce que tu ressens car quoi que tu en penses, je suis aussi TA mère ! Pas uniquement celle de Raphaël, mais la votre à tous les deux. et je vous aime en tant que telle… Je ne m’impose pas plus… Je ne te demande rien non plus, j’espère seulement que tu prendra le temps de méditer ces paroles…
Et sans lui laisser le temps de répondre, elle joignit les gestes à la parole et quitta la pièce, laissant l’adolescent réfléchir à tout ce qu’elle lui avait dit. Dans le silence de la pièce à présent vide, il l’entendit descendre les escaliers puis plus rien. Le noir et le silence régnaient en maîtres dans la chambre. Durant un temps qui lui parut incroyablement long et à la fois trop court. Asiel resta immobile, assis sur son lit, à se repasser inlassablement le discours que lui avait tenu sa mère…
Ce qui l’effrayait le plus c’était la facilité avec laquelle elle avait déchiffré ses émotions, ses doutes et ses peurs. Elle avait franchit sans la moindre difficulté le mur de glace qui faisait le tour de son cœur.
Des larmes silencieuses s’échappèrent à nouveau de ses yeux, achevant le travail commencé un peu plus tôt par Suzanne, à savoir, la fissure de ce mur glacé.
Tout ce qu’il avait construit durant toutes ces années commençait à se disloquer sans qu’il ne puisse rien faire pour l’en empêcher.
Finalement, épuisé par ses sanglots silencieux, il finit par s’endormir après être allé s’allonger sur le matelas posé au sol. Ce fut le bruit caractéristique d’une porte qui s’ouvre et se referme qui le réveilla. Il jeta un rapide coup d’œil discret et son cœur se contracta lorsqu’il reconnu la silhouette de Daevlyn. A ce moment, il se sentit tellement coupable de tout ce qui se passait, du mal qu’il faisait à Daevlyn.
A présent incapable de s’endormir maintenant que Daevlyn était à la fois si proche et se loin de lui, Asiel tentait de résister à la tentation d’aller le rejoindre, sachant pertinemment qu’il n’y avait que dans ses bras qu’il parviendrait à trouver le sommeil qui se refusait à lui. Il pesait le pour et le contre, se giflant mentalement de sa couardise. Puis, n’y résistant plus, il se leva silencieusement et alla se glisser le plus discrètement possible entre les draps du lit dans lequel dormait l’adulte.
Lorsqu’il vit Daevlyn se retourner et tomba nez à nez avec lui, il faillit rebrousser chemin et retourner sur son matelas. C’est alors qu’il sentit deux bras l’entourer et comprenant là une invitation à se laisser aller, Asiel enfouis son visage dans le cou de Daevlyn et se libéra de toute cette souffrance, sa peine et sa colère en de longs sanglots déchirants.
Noyé dans ses sanglots,, c’est à peine s’il entendit les mots d’amour que lui murmurait patiemment l’adulte.
Epuisé par ses sanglots, il finit par s’endormir, ayant juste la force de lui murmurer un “je t’aime” d’une voix endormie.
Asiel se réveilla dans la même position dans laquelle il s’était endormit. Ne se souvenant pas de s’être endormis dans son lit, il s’écarta brusquement de l’adulte avant de se remémorer les événements de la veille. Alors qu’il allait se lever sans un mot, il sentit Daevlyn lui saisir le bras :
- Asiel, reste s’il te plait.
- Pour quelle raison ? Demanda froidement l’adolescent, souhaitant faire comprendre à Daevlyn qu’il ne lui pardonnerait pas aussi facilement ou plutôt, pour masquer son trouble et son appréhension.
- Il faut qu’on parle.
- Et si je n’en avais pas envie, répliqua l’adolescent de mauvaise foi.
Ce n’est pas une question d’envie Asiel, répondit patiemment Daevlyn, tu en as plus que besoin.
- Et qu’est ce qui te fait dire cela ? reprit Asiel avec arrogance tentant tant bien que mal de cacher son trouble.
- Cette nuit en est la preuve…
A l’intonation de la voix de Daevlyn, Asiel comprit que l’adulte craignait sa réaction. Mais contrairement à ce qu’il semblait s’attendre, Asiel ne répondit rien, laissant le temps à Daevlyn de poursuivre :
- Je ne pense pas que tout cela est été une mauvaise chose. Ta plus grande crainte Asiel, c’était de te faire rejeter par ta mère. Mais est-ce que cela a été le cas ? Est-ce que Suzanne te hait et voit en toi un meur…
Avant que Daevlyn n’ait le temps d’achever son mot, Asiel le bâillonna de ses lèvres afin de le faire taire. Asiel quémanda l’entrée de sa bouche en une demande timide, souhaitant se faire pardonner de son comportement odieux.
Certes, il ne le disait pas avec des mots, mais ses gestes, son corps, parlaient pour lui. Le baiser fut électrique, bien plus fougueux et osés que ceux échangés avec Raphaël. Un désir tout autre, d’un degré non comparable, à la fois pareil et différent… Leur langue se rencontraient en un combat farouche afin de déterminer qui aurait le dessus sur l’autre. Asiel sentait déjà le désir naître dans ses reins et alors qu’il s’apprêtait à faire comprendre à Daevlyn qu’il était trop tard pour rebrousser chemin, quelques coups frappés à la porte les ramena brusquement à la réalité.
Dans un soupir de frustration, Asiel s’écarta de Daevlyn et celui-ci invita l’intrus à entrer. C’était Suzanne. Elle resta sur le pas de la porte, comme si elle avait conscience d’avoir interrompu quelque chose et déclara :
- Le petit déjeuner est prêt. Pierre, les enfants et moi allons bientôt partir. Les enfants vont à l’école et nous allons travailler…
- On arrive, répondit Daevlyn en souriant tandis qu’Asiel, gêné, cherchait à se cacher du regard de sa mère.
Asiel et Daevlyn descendirent donc peu de temps après et prirent place à table dans un silence monastique qui dura tout le temps du repas. Tous étaient pressés, et ne perdirent pas de temps, laissant finalement Asiel et Daevlyn seul.
A présent seuls, Daevlyn demanda a Asiel :
- Tu veux faire quelque chose de particulier ou passer une journée tranquille pour se reposer tout les deux.
- Passer une journée tous les deux oui, mais pas pour se reposer, susurra Asiel à son oreille avant de se reculer et de plonger son regard brûlant de sous entendu dans celui de Daevlyn.
Ce dernier, gêné, se leva et articula non sans difficultés :
- Je… Je vais prendre une…. douche… a tout de suite.
La gêne subite de Daevlyn fit sourire Asiel qui, fier de lui, ne le quitta pas du regard, le dévorant des yeux, jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision.
La vision de Daevlyn était pour lui un supplice et l’imaginer sous la douche acheva de faire disparaître ses dernières résistances. Il avait du se faire violence pour ne pas sauter sur Daevlyn, là, dans le couloir. Depuis leur baiser, il sentait un désir violent lui vriller les reins, et l’invitation implicite de l’adulte a venir le rejoindre n’avait fait qu’augmenter considérablement son envie de lui.
Avant même de réaliser ce qu’il faisait, Asiel prit le chemin de la salle de bain. Il s’arrêta quelques secondes sur le pas de la porte; soufflant longuement, puis, prenant son courage à deux mains et un air légèrement aguicheur et sensuel, il entra discrètement dans la pièce. La buée avait envahie la pièce, lui facilitant la tache. Asiel avait parfaitement conscience du pouvoir de surprise continuel qu’il exerçait sur son moniteur et ne se gênait pas pour en user. Il aimait surprendre son amant par son imagination débordante et cela n’avait pas l’air de déplaire à Daevlyn. A présent, la pièce ressemblait plus à un sauna qu’à une salle de bain. Asiel franchit avec une lenteur toute calculée les derniers pas qui le séparaient encore de la cabine de douche, échafaudant un plan d’action dans sa tête.
A travers la vitre couverte de buée, il pouvait deviner les formes parfaites du corps de son amant. Il sentit son désir augmenter considérablement et le besoin vital de sentir les mains de Daevlyn se poser délicatement sur lui, effleurant sa peau avec volupté.
Ne résistant pas à la tentation de l’appel de la chair, l’adolescent entra sans un bruit dans la cabine de douche.
Alors que Daevlyn tournait la tête, surprit de sentir un courant d’air froid, Asiel se jeta sur ses lèvres qu’il happa avec une telle avidité que cela le surprit lui-même. Mais le désir était trop grand pour qu’il pense à autre chose. La façon dont l’adulte répondit à son baiser, avec fougue et passion, acheva tout élan de pudeur. Il voulait Daevlyn, il voulait sentir son corps contre lui, il voulait le sentir se mouvoir en lui…
Asiel était encore habillé, mais il s’en fichait éperdument. L’eau imprégnait ses vêtements qui, à présent, moulaient son corps comme une seconde peau, lui donnant un aspect terriblement sensuel et provocateur. Sous l’effet du désir et du plaisir combinés qui coulaient dans ses veines, les mains d’Asiel se crispèrent dans le dos de Daevlyn, plantant ses ongles dans sa chair, comme pour tenter de se raccrocher une dernière fois à une réalité qui échappait à sa volonté.
Soudain, le baiser de Daevlyn se fit plus ardent. L’adulte attendait, voulait quelque chose. Asiel pouvait le sentir dans la façon qu’il avait de l’embrasser. Un sourire étira les lèvres de l’adolescent lorsqu’il comprit que Daevlyn le voulait lui, voulait posséder son corps pour laisser à jamais en lui son emprunte invisible et ineffaçable. Souhaitant mettre à l’épreuve la patience de son amant, Asiel répondit avec autant d’ardeur à ce baiser qui ressemblait plus à un duel entre leur langue.
Cependant, intérieurement, Asiel avait déjà capitulé et attendait avec toute la retenue dont il était capable, l’instant brûlant durant lequel il ne ferait plus qu’un avec Daevlyn.
finalement, Asiel finit par se reculer légèrement, usant de toute sa volonté pour s’écarter de son amant. Sa motivation n’était autre que le désir de se débarasser au plus vite de ses vêtements devenus à présent trop encombrant et parfaitement inutiles.
Malgré le désir qui lui vrillait les reins et faisait bouillonner son sang dans ses veines, Asiel prit tout son temps pour se déshabiller, passant langoureusement sa main sous son t-shirt.  L’eau qui cascadait sur lui coulait le long de sa chevelure et de son visage, renvoyant à Daevlyn une image des plus érotiques.  L’amour et le désir que l’adolescent pouvait lire dans les yeux de l’adulte gonflaient son coeur d’orgueil.
D’humeur taquine, Asiel commença à jouer avec la patience de son amant,, la mettant à rude épreuve. Il savait exactement ce qu’il voulait, mais aussi ce qu’il risquait à provoquer ainsi Daevlyn. Avec une lenteur exagérée et toute calculée, Asiel fit remonter son t-shirt trempé le long se son torse imberbe, non sans lancer à son vis à vis un regard aguicheur lourd de sens.
Malgré l’eau qui coulait sur son corps, Asiel se sentait se consummer de l’intérieur par un brasier des plus ardents dont toute l’eau du monde ne parviendrait pas à bout. Entre la chaleur de l’eau et celle de son propre corps Asiel avait l’impression d’étouffer. L’air commencait à lui manquer et il avait l’impression de poisser la transpiration, mais pour rien au monde il n’aurait souhaiter mettre un terme à cet instant brûlant.
Un à un, ses vêtements tombèrent dans le bac de douche, aussitôt oubliés et ignorés par leur propriétaire qui ne leur prêta pas plus d’attention qu’à une vuglaire paire de chaussette.
Bien qu’au comble de la frustaction de ne pas sentir les mains de Daevlyn parcourir son corps avec la sensualité dont il savait faire preuve et qui lui faisait perdre la tête, Asiel se prêta au jeu, acceptant les règles de son amant comme celui-ci avait accepté sans objection celles imposées par l’adolescent.
Ce ne fut qu’une fois totalement nu et à armes égales et après un regard d’un rare intensité qu’il conscnetirent enfin à abdiquer, chacun s’abandonnant entièrement à l’autre. Le déclic fut simultané, chacun reprit au même moment le chemin qui les conduiraient jusqu’aux lèvres jumelles tant convoitées.
Souhaitant sentir Daevlyn encore plus prêt de lui, Asiel passa ses bras autour de son cou et l’attira à lui, approfondissant leur échange par la même occasion.
Les mains de Daevlyn se posèrent à leur tour sur la peau satinée de l’adolescent, glissant sur ses hanches légèrement saillantes  avant de rpartir à la redécouverte de ce corps qu’il connaissait déjà par coeur. Même si Asiel savait très bien que l’adulte ne prêtait pas attention aux cicatrices qui zébraient son corps, il ne pouvait s’empêcher de ressentir un élan de honte l’envahir à chaque attouchement de l’adulte. Un flot de sentiments tous plus intenses les uns que les autres s’empara alors de lui, bien que deux fussent plus présents. A la honte du passé, venait à présent s’ajouter la peur de perdre Daevlyn…
Cependant, il s’éforça à les refouler au plus profond de lui même, ne voulant pas gâcher le dernier instant d’amour passé entre les bras de Daevlyn en tant qu’Asiel à part entière. Bientôt, il le sentait au plus profond de lui-même, il ne ferait de nouveau plus qu’un avec Raphaël…
Sans qu’il ne puisse les retenir, il sentit des larmes silencieuses franchir la barrière de ses yeux pour aller se perdre sur  ses joues.
Daevlyn sembla s’en rendre compte car aussitôt, il stoppa toute action et s’écarta de lui. D’une voix dans laquelle Asiel pouvait perçevoir une crainte profonde, Daevlyn demanda :
- Tu pleures ?
A cette question, Asiel fondit littéralement en larmes, se jetant dans les bras de Daevlyn qui l’entoura de ses bras puissants en une étreinte rassurante. Echappant à sa volonté, ses sanglots se firent de plus en plus violents. Noyé dans ses sanglots, c’est à peine s’il se rendit compte que Daevlyn avait coupé l’arrivée d’eau et le soulevait lestement, comme s’il ne pesait rien. Il sentit l’adulte galérer pour tenter de l’essuyer un minimum mais ne tenta rien pour l’aider, ne voulant pas s’écarter de lui ne serait-ce qu’un instant, par peur de le voir disparaître.
Tant bien que mal, Daevlyn le sécha avant d’enfiler son boxer et son t-shirt. Puis, il le prit de nouveau dans ses bras en le serrant tendrement contre lui. Tout ce dont Asiel avait besoin pour le moment, c’était de sentir a chaleur rassurante de son amant. Il voulait sentir sa présence.
Daevlyn le souleva une nouvelle fois, le portant comme un bébé et l’amena jusque dans leur chambre. Là, il le déposa délicatement sur le lit et vint se coller à lui avant de rabattre la couverture sur leur deux corps afin qu’ils ne prennent pas froid.
A peine Daevlyn fut-il installé qu’Asiel enfoui son visage dans son cou, ne parvenant pas à calmer les spasmes et les sanglots qui parcouraient son corps. Pendant plusieurs minutes, Daevlyn attendit patiemment que les pleurs de l’adolescent cessent. Un long moment s’écoula encore avant qu’Asiel ne commence à se calmer. Alors qu’il ravalait ses sanglots, Daevlyn demanda d’une voix ferme mais douce qui ne cachait pas son anxiété :
- Dis moi Asiel, raconte moi ce qui ne va pas.
L’adolescent respira profondément avant de commencer avec hésitation :
- Je…
Daevlyn s’écarta un peu de lui en raffermissant sa prise sur son corps, caressant lentement le dos de son jeune amant. Asiel détourna le regard et les yeux embués de larmes, il commença sa confession :
- Tu sais quel est le souvenir du passé qui me ronge le plus ?
N’attendant aucune réponse de la part de l’adulte, Asiel poursuivit :
- Ce n’est pas le nombre de fois ou Raphaël hurlait à l’aide pendant que son père abusait de notre corps… Ce n’est pas non plus la sensation d’être déchiré que nous partagions bon nombre de fois lorsqu’il nous violait. C’est encore moins les coups que nous recevions chaque jour, ni la disparition de sa mère… C’est…
La voix de l’adolescent se brisa si bien qu’il dut attendre quelques seconde avant de reprendre :
- Je ne souviens de ce moment là, chaque jour… Raphaël m’a appeler tellement fort ce jour là… C’était la première fois qu’il faisait appel à moi aussi fort. Son corps tout entier faisait appel à moi, déchirait à la souffrance aussi bien morale que physique. Il voulait que je le libère enfin. Il ne pouvait le faire lui-même. Je me suis sacrifié pour lui… Si c’était à refaire, je le ferais sans aucune hésitation. C’était pour notre survie. La folie était devenu une voisine proche. C’était notre vie contre la sienne. Je me souviens avoir pris possession de son corps, avoir sentit pleinement ce qu’il ressentait à chaque fois. Je n’étais plus uniquement envahi de ses sentiments, cette fois-ci je ressentais comme lui ressentait. Je voulais que cela cesse à tout prix, tout autant pour lui que pour moi. Je me devais de le protéger comme il me l’avait si souvent demandé…
Un autre silence suivit cet aveux. Asiel avait besoin de temps pour évacuer cette douleur qui l’envahissait à force de ressasser des souvenirs qu’il aurait préféré oublier.
Après un moment de silence, ne sachant pas vraiment s’il aurait la force d’achever son récit, Asiel reprit :
- J’ai saisi l’objet tranchant que Raphaël avait vu un peu avant. Je n’avais plus qu’un seul geste à faire. Notre père était bien trop perdu dans son plaisir personnel pour faire attention à ce que je me préparais à lui faire. Ses gémissements, ces mots durs… Plus jamais je ne voulais les entendre… J’ai saisi cette lame, et je l’ai enfoncée droit dans son corps, lui soufflant des mots que jamais Raphaël ne s’était risqué à prononcer. Pendant que sa vie le quittait en même temps que son sang qui coulait sur moi, je sentais son regard se décomposer. Jamais je n’ai vu autant de haine. J’ai… j’ai tout pris de plein fouet. Je me rappelle encore les battements de son cœur ralentir jusqu’à ce qu’ils cessent complètement. Cet instant fut très bref et pourtant il m’a parut durer des heures… Plus son sang coulait sur moi, plus je me sentais tâché du meurtre que j’étais en train de commettre. C’était trop tard, je ne pouvais plus rien faire. J’avais endurcie mon cœur durant toutes ses années pour réaliser cet acte, et pourtant je le sentais s’entredéchirer. J’avais tellement mal de souffrir de sa mort… J’aurais voulu céder à mes faiblesses, mais j’avais un rôle à tenir, être l’opposé de Raphaël, être le fort… Seulement est-ce que je le suis vraiment Daevlyn ? Et même si je le suis, maintenant c’est fini… Depuis l’instant même ou il t’a rencontré, j’ai su que cela signait ma fin…
Les yeux rougis, seules des larmes muettes continuaient à couler inlassablement de yeux d’Asiel.
Un long silence suivit cet aveux de l’adolescent, un silence lourd en émotions et en sentiments non exprimés mais tellement prenant que chacun pouvait ressentir ce que l’autre ressentait. Aucun mot n’aurait pu décrire l’indignation de Daevlyn, ni la honte d’Asiel…
Ce fut Asiel qui rompit le silence en premier, demandant non sans une certaine appréhension :
- Je sais que c’est égoïste de ma part de te demander cela… Mais… Je le sens, c’est la dernière fois que j’apparais, la dernière fois que je prends possession de ce corps. Raphaël n’a plus besoin de moi… Vous n’avez plus besoin de moi… Mais est-ce que je peux rester encore un peu à tes côtés avant de partir une dernière fois.
- Je sais que c’est égoïste de ma part de te demander cela… Mais… Je le sens, c’est la dernière fois que j’apparaîs, la dernière fois que je prend possession de ce corps… Raphaël n’a plus besoin de moi… Vous n’avez plus besoin de moi… Mais est-ce que je peux rester encore un peu à tes côtés avant de partir ?
- Bien sur Asiel, s’empressa de répondre l’adulte. Bien sur que tu peut rester encore un peu… Je t’aime Asiel… Merci de t’être ainsi confessé à moi, merci de ta confiance…
tout en disant cela, Daevlyn l’avait attiré tout contre lui et le serait dans ses bras à l’étouffer, mais Asiel n’en avait cure. Tout ce qui l’importait, c’était d’être dans les bras de son amant. Ainsi enlacé, il pourrait mourir heureux…
Il restèrent un long moment enlacés, tous deux pleurant à l’unisson pour évacuer cet instant trop chargé en émotions. Puis, après un moment, Asiel murmura à l’oreille de Daevlyn :
- Fais moi l’amour Daevlyn… Fais moi l’amour avec la même délicatesse que tu emplois avec Raphaël, je veux me noyer sous ta douceur… Je t’aime Daevlyn…
L’adolescent avait perdu toute la belle assurance qu’il s’était forgée au fil des mois et des années, il était faible, et pour la première fois, cela n’avait pas d’importance à ses yeux. il se montrait à Daevlyn tel qu’il était réellement, un adolescent grandit trop vite et de la plus horrible des façons qui soient… Il mettait son cœur à nu, dévoilant bien au de la de son âme. Il s’offrait à lui sans honte et sans crainte, en une ultime demande à laquelle l’adulte s’empressa de répondre.
Lentement, Daevlyn fit basculer l’adolescent afin de se retrouver au dessus de lui. Asiel se sentit transporté par la vision qu’il avait de Daevlyn. Les yeux dans les yeux, chacun pouvait lire dans les yeux de l’autre une multitude de sentiments tous plus flou les uns que les autres. Douleur, tristesse, souffrance, peur, angoisse, gratitude, amour… autant de sentiments et d’émotions qu’ils ne parvenaient à contenir. Du bout des doigts, Asiel replaça derrière l’oreille de Daevlyn une mèche de cheveux encore humide qui lui tombait devant les yeux.
Lentement, leurs lèvres s’effleurèrent en une caresse timide et hésitante, comme s’il avaient peur de voir l’autre disparaître au moindre mouvement trop brusque. Asiel mettait toute son âme dans ce baiser, tentant de faire passer à Daevlyn l’amour incommensurable qu’il lui portait.
comme demandé par Asiel précédemment, Daevlyn prenait son temps, faisant redécouvrir à l’adolescent le plaisir que pouvait procurer le simple contact de leurs lèvres en une caresse aérienne mais à la fois si troublante.
après un moment durant lequel leurs lèvres se cherchèrent, Daevlyn laissa aller sa langue à frôler plusieurs fois les lèvres de l’adolescent, lui procurant des caresses plus sensuelles et douce les unes que les autres.
A aucun moment Asiel ne tenta quelque chose, se contentant d’apprécier avec délice les légers attouchements de son amant. Seuls ses bras vinrent s’entourer autour de sa nuque, le retenant prisonnier de son étreinte possessive et désespérée. Asiel avait l’impression de vivre un rêve et qu’à n’importe quel moment, il pouvait se réveiller et mettre définitivement un terme à tout cela. Or, pour lui, c’était tout simplement hors de question. Si c’était bien un rêve, pour rien au monde il ne voulait se réveiller. Il aurait pu passer sa vie entière ainsi, avec la chaleur de Daevlyn, la douceur de sa peau et la tendresse de ses baisers…
Ce ne fut que lorsque la frustration commença à se faire sentir qu’Asiel entrouvrit les lèvres en une invitation explicite. Daevlyn ne se fit pas prier et accéda avec empressement à la requête de l’adolescent. Lorsque leur langue s’effleurèrent, Asiel ressentit des milliers de picotements parcourir l’intégralité de son être. le contact de leur langue fut un tel choc que le battement de leur cœur s’en retrouva décuplé.
La langue de Daevlyn vint lentement prendre possession de la bouche de l’adolescent, entamant avec sa jumelle, un ballet à la fois lent et délicat. Pour la première fois de sa vie, Asiel se donna à fond pour un baiser, s’abandonnant comme jamais aux bons soins de l’adulte.
Noyé dans les sensations que faisait naitre en lui le baiser de Daevlyn, Asiel sentit son corps s’enflammer lorsque les mains de l’adulte partirent a l’aventure le long de son corps. Enivré par les caresses de son amant, Asiel sentait sa température intérieure augmenter à une allure phénoménale. Nu et offert sans pudeur au regard et aux caresses de l’adulte, Asiel sentait le désir naître dans ses reins en un brasier qui enflammait son corps et ses sens. A chaque caresse de Daevlyn, même à peine esquissée, il sentait son corps se sensibiliser toujours un peu plus.
Rechignant à rester inactif, Asiel glissa ses mains sous le t-shirt de son amant, souhaitant graver à jamais dans sa mémoire la texture soyeuse et délicate de sa peau si douce et parfaite.
Leurs larmes s’étaient à présent taries afin de ne pas risquer de troubler cet instant magique qu’ils étaient en train de vivre et de partager. Seuls leurs yeux rougis et leurs traits légèrement tirés trahissaient leur récente crise de larmes.
D’un geste accompagné d’un regard lourd de sens, Asiel fit comprendre à Daevlyn que son t-shirt était de trop et qu’il n’avait pas sa place entre eux. Accédant à l’ordre muet de son jeune amant, Daevlyn se redressa, dominant Asiel de toute sa hauteur et, d’une lenteur toute calculée et avec une sensualité qui laissait transparaître le pourquoi du comment, Daevlyn enleva son t-shirt, dévoilant une par une chaque parcelle de son torse finement musclé. Asiel sentit ses joues s’empourprer face à cette vision des plus sublimes a ses yeux et, passant langoureusement sa langue sur sa lèvre supérieure, il fit comprendre à Daevlyn qu’il appréciait la vue mais que toucher était encore mieux. Rapidement, les quelques vêtements que portait l’adulte se retrouvèrent éjectés au loin, quelque part dans la pièce. Lorsque Daevlyn se baissa, il mit un soin tout particulier a effleurer son torse contre celui d’Asiel qui frissonna violemment à ce contact des plus agréables. Il pouvait sentir la chaleur de Daevlyn tout contre sa peau s’ajouter a la sienne pour engendrer une source de plaisir d’une rare intensité.
Avec impatience, leurs lèvres se retrouvèrent pour un baiser des plus passionnés tandis que leurs mains vagabondaient éhonteusement sur le corps de l’autre, à la recherche des points sensibles de leur anatomie qui les mèneraient lentement mais surement jusqu’au point culminant de leur plaisir respectif. Avec un savoir faire hors du commun , Daevlyn parvenait à éveiller en Asiel chacun de ses sens, lui arrachant ses premiers gémissements de plaisir sous ses caresses.
Fier de cela, Daevlyn glissa ses lèvres dans le cou d’Asiel qui était sa zone la plus sensible et en même temps, ses doigts s’attardèrent sur ses tétons déjà durcis par le plaisir qu’il ressentait. De nouveaux gémissements s’échappèrent des lèvres entrouvertes d’Asiel qui ondula du bassin en un mouvement plus qu’explicite. Le plaisir qu’il ressentait était déjà à son comble et ils en étaient à peine aux préliminaires.
Jamais Asiel n’avait ressentit autant de plaisir avec seulement des baisers et quelques caresses pudiques. La sensibilité à fleur de peau, Asiel crut qu’il allait mourir de plaisir. Daevlyn sembla le remarquer et accédant à sa requête muette, il entama sa descente vers l’intimité de l’adolescent, tandis que sa bouche goûtait à chaque parcelle de sa peau encore inexplorée. Sensible au possible, Asiel se cambra violemment et retenant à grand peine un cri de plaisir lorsque les doigts de Daevlyn effleurèrent son sexe. Asiel avait l’impression d’étouffer, de se consummer de l’intérieur par un brasier ardent. Son corps luisait de transpiration et sa respiration était erratique.
De nouveaux gémissements s’échapèrent de ses lèvres entrouvertes alors que les mains de son amant remontaient lentement à l’intérieur de ses cuisses jusqu’à son intimité.
Les mots d’amour que Daevlyn lui murmurait à l’oreille galvanisaient Asiel qui se sentait irrémédiablement attiré vers la jouissance.
Au contact de la langue de l’adulte sur son intimité gonflée, Asiel ouvrit la bouche en un cri muet de plaisir à l’état pur. Ses hanches se mirent en mouvement, ondulant sans qu’il en ait réellement conscience, imprimant un langoureux déhanchement plus qu’explicite sur ses besoins.
Mettant un terme à la douce torture qu’il infligeait à son jeune amant, Daevlyn entama alors un lent mouvement de va et vient sur son sexe. A présent, Asiel ne retenait plus ses gémissements de plaisir. Alanguis sous les caresses de Daevlyn, il n’avait pas conscience de la vue qu’il lui offrait.
Soudain, Daevlyn stoppa tout mouvement et plongea son regard dans les yeux brûlant d’aSiel qui lui fit comprendre de smécontentement par un petit gémissement plaintif qui s’étouffa dans sa gorge lorsqu’il vit Daevlyn humidifier ses propres doigts avec une sensualité emprunte d’érotisme.
Lorsque Daevlyn le pénétra, Asiel en soupira de bien-être et de satisfaction. Le plaisir qu’il ressentait était si intense qu’il inibait toute trace de douleur. L’adulte faisait oreuve d’une douceur imparable et Asiel sentit des larmes de gratitude lui monter aux yeux.
En même temps qu’il le préparait, Daevlyn laissait sensuellement le bas ventre de son amant, lui offrant mielles plaisir à l’aide de sa bouche.
Quand Daevlyn inséra un second doigt en lui, Asiel poussa un cri de plaisir. La jouissance était proche. Daevlyn sembla s’en rendre compte car il accéléra ses mouvements de sucion. Les mains perdues dans la tignasse indomptable de l’adulte, Asiel se laissait gagner par un plaisir toujours plus grand. Après quelques minutes, il se libéra dans la bouche de son amant en un cri de plaisir non retenu.
Lentement, Daevlyn remonta jusqu’aux lèvres d’Asiel, prenant bien soin de caresser son corps lors de son ascension. leurs bouches se retrouvèrent comme si elles ne s’étaient jamais quittées. Leur langue s’entremêlèrent en un ballet érotique.
Encore sous l’effet de sa récente jouissance, Asiel ondulait son bassin contre celui en forme de son amant. Leur virilité se frottaient l’une contre l’autre réveillant de nouveau le désir de l’adolescent qui sentait la flamme renaître au creux de ses reins.
Libérant la bouche de son jeune amant, Daevlyn glissa jusqu’à son oreille et lui demanda d’une voix rauque chargée d’un désir des plus conséquent :
- Tu te sens prêt ?
Pour toute réponse, Asiel tourna vivement la tête et happa avec avidité les lèvres rougies et gonfflées de Daevlyn. lorsque le baiser prit fin, Asiel s’écarta légèrement de Daevlyn et plantant ses onyx enflammées dans les yeux de son vis à vis, il murmura à son tour :
- Plus que jamais. Je t’aime Daevlyn… Merci pour tout.
Leurs lèvres se soudèrent en un énième baiser tandis que Daevlyn prenait place entre les cuisses d’Asiel et placa ses jambes sur ses épaules. Quand il sentit son amant se présenter à l’entrée de son intimité, Asiel dut user de toute sa volonté pour ne pas s’empaler de lui-même sur le sexe tendu de désir de Daevlyn.
D’un geste habille acquis avec l’expérience, Daevlyn pénétra l’adolescent en même temps qu’il accentua son baiser. Asiel poussa un cri de plaisir mêlé à l’inévitable douleur qui mourut dans la bouche de son amant. Cependant, ayant été longuement préparé par l’adulte, celle-ci fut minime et disparue aussi vite qu’elle était apparue.
Sopn corps se crispa pourtant sous l’intrusion et Daevlyn s’écarta légèrement de lui, comme pour vérifier par lui-même qu’Asiel ne souffrait pas. Reconnaissant de cette attention, Asiel lui adressa un sourire de pur bonheur comme rarement il lui avait été donné de le faire.
Au bout d’un temps qui parut durer une éternité aux yeux de l’adolescent, Daevlyn commenca un déhanchement excessivement lent, qui arracha un cri de frustration à l’adolescent pour qui cette torture était insoutenable. Le plaisir de sentir Daevlyn se mouvoir en lui était indescriptible. La sensation de ne faire de nouveau plus qu’un avec lui avait quelque chose de grisant et terriblement excitant.
Très vite, ne supportant plus le rythme lent imposé par Daevlyn, leur corps entamèrent la même danse langoureuse tandis qu’à chaque coup de bassin Daevlyn pénétrait un peu plus profondément l’adolescent.
Bougeant au même rythme, l’un entraînant l’autre, ils se perdirent etre regard intenses et baisers. Asiel s’abandonnait sans crainte entre les bras de Daevlyn, lui faisant don de son corps, de son coeur mais aussi de son âme. Sans crainte d’aucune sorte, il déposait celle-ci entre les mains de l’adulte.
Les mots d’amour n’étaient pas en reste, chacun murmurant à l’oreille de l’autre tout l’amour et les sentiments plus profonds et puissants les uns que les autres qu’ils ressentaient l’un pour l’autre.
Dans un ultime coup de rein plus profond et puissant que les précédents, Daevlyn prénétra un dernière fois l’adolescent. Il jouirent simultanément, chacun hurlant à s’en briser la voix le prénom de l’autre.
Daevlyn retomba délicatement sur Asiel qui l’entoura de ses bras en une étreinte possessive.
Pour rien au monde Asiel ne voulait que Daevlyn ne se retirer, souhaitant profiter au maximum de cet instant où il pouvait le sentir en lui, sensation qu’il ressentait peu être pour la dernière fois. Semblant comprendre ce désir de l’adolescent, Daevlyn respecta son souhait. Il ne se retira que de longues minutes plus tard, lorsqu’il craignait d’écraser Asiel sous son poids.
La main d’Asiel caressait distraitement la nuque de son amant qui ferma les yeux de bien être. Puis, lentement et avec une extrême douceur, ses doigts glissèrent jusqu’à son front d’où ils décollèrent les mêches de cheveux de Daevlyn collées par la transpiration. Migrant sur sa joue, elle épousa harmonieusement la forme de celle-ci tandis que sans se départir de sa douceur, Asiel relevait la tête de son amant pour déposer avec délicatesse, ses lèvres sur celles de Daevlyn.
Lorsque leur respiration eut retrouvé un rythme à peu près normal, Asiel demanda d’une voix étrangement sérieuse :
- Daevlyn ?
- Hn ?
- Je peux te faire l’amour moi aussi ?
Ne s’attendant pas à cette demande, Daevlyn se redressa brusquement sur ses mains et plongea son regard étincellan dans les onyx tumultueuse de l’adolescent et lui répondit avec le même sérieux, bien qu’un petit sourire étirait ses lèvres :
- Bien sûr… Bien sûr que tu peux…
Sur cette réponse des plus encourageantes, il s’empara des lèvres de son jeune amant qui émit un soupire de bien être. De nouveau, les mains d’Asiel entrèrent en action, partant à la redécouverte du corps si parfait de Daevlyn.
D’un habile coup de bassin, Daevlyn inversa leur position, faisant passer l’adolescent au dessus de lui. Asiel se redressa, soudain hésitant. Avait-il vraiment le droit de lui demander cela ? Hésitant, il ne vit pas le regard intrigué que lui lancait l’adulte et sursauta au contact de sa main sur la sienne. Plongeant son regard dans celui d’Asiel, Daevlyn formula en un murmure la supplication qu’Asiel pouvait lire dans ses yeux :
- Viens…
Asiel se laissa entraîner par son moniteur qui écarta les jambes pour qu’il puisse venir y prendre place. Prenant les commandes, Daevlyn ondula légèrement du bassin frollant leur intimité l’une contre l’autre dans l’intention d’éveiller à nouveau leur désir. Galvanisé par la vue qu’il avait du corps alanguis de son amant sous lui et des petits gémissements rauques qui s’échappaient de ses lèvres entrouvertes, Asiel mit un terme aux derniers doutes qui subsistaient en lui et s’abondonna totalement. Il fit don de son corps et de son coeur à Daevlyn…
Il s’allongea de tout son long sur le corps de Daevlyn, et abandonnant ses lèvres, il laissa sa langue partir à la redécouverte de la sculpture parfaite de son torse qu’il connaissait déjà par coeur pour les avoir redessiner un nombre incalculable de fois.
Très vite, ses mains se joignirent à sa bouche, provoquant chez l’adulte des frissons de désir et de plaisir confondu qui lui parcouraient l’échine. La respiration saccadée et les yeux fermés, Daevlyn se laissait aller de tout son être, savourant les sensations de bien être et de plénitude qu’il ressentait au contact des mains d’Asiel sur son corps. Désireux de satisfaire entièrement le désir de son amant, Asiel finit par abandonner son cou pour s’attaquer à ses boutons de chair durcis de désir. Asiel savait parfaitement que de part leur sensibilité accrue par le désir, ses tétons étaient une zone hérogène de l’adulte. S’amusant à les titiller du bout de la langue, il s’attira un gémissement rauque de la part de Daevlyn.
Ravi de l’effet qu’il produisait sur son amant, Asiel s’activa sur les parties sensibles de son corps mais toujours en évitant soigneusement le point culminant de son désir. Il s’en approchait, laissant entrevoir à Daevlyn ce qu’il lui réservait pour la suite, mais jamais il ne s’y attardait ouvertement. Ce qui frustrait de plus en plus l’adulte, dont les grognements de mécontentement faisaient sourire Asiel. Puis, après avoir suffisament fait patienter Daevlyn et sentant surtout qu’il arrivait aux limites du supportable, Asiel s’empara de son sexe tendu par le désir et imprima un lent et langoureux va et vient qui arracha un cri de plaisir à l’état pur à Daevlyn.
Ses doigts caressaient le sexe de Daevlyn en suivant une cadence régulière, le menant irrépédiablement au sommum du plaisir. Lorsqu’il sentit Daevlyn se tendre imperceptiblement sous lui, il ralentit la cadence pour finalement mettre un terme à sa douce torture. Un sanglot de protestation s’échappa des lèvres entrouvertes de Daevlyn qui se tortillait sous Asiel à la rechreche de se contact sur sa virilité douloureuse. Jouant avec la patience et les nerfs de l’adulte, Asiel se déplaca sensiblement, de façon à ce que son souffle effleure l’intimité de Daevlyn en une douce caresse aérienne.
Un cri de frustration mêlé au désir franchit la barrière des lèvres de Daevlyn qui se crispa violemment. Puis, ayant suffisament fait attendre son amant, sans aucun signe précurseur, Asiel le prit en bouche. Un nouveau cri de plaisir s’éleva dans la pièce, résonnant aux oreilles d’Asiel comme la plus belle des mélodies. Avec avidité, Asiel s’appliquait à imprimer un lent va et vient sur le sexe de son amant, enroulant sensuellement sa langue autour de son intimité. Accélérant la cadence, il laissa ses mains parcourir le torse luisant de transpiration de Daevlyn, tandis que l’une d’elle allait se perdre sur ses lèvres en une invitation explicite. Comprenant le sens de la demande muette de l’adolescent, Daevlyn entrouvrit les lèvres et lécha ses doigt avec avidité, s’appliquant à les humidifier de la façon la plus sensuelle qu’il soit.
Levant les yeux, Asiel reporta son attention sur Daevlyn et lorsqu’il vit l’expression extatique qui détendait les traits de son amant, Asiel faillit ne plus rien contrôler du faire appel à toute sa volonté pour ne pas se libérer à cette simple vue. Inconsciement, ses vas et vient s’étaient accélérés, et dans un cri de jouissance dans lequel se mêlait en même temps une certaine surprise, Daevlyn se libéra entre les lèvres d’Asiel.
Un sourire étira alors les lèvres de l’adolescent tandis qu’il se passage avec gourmandise la langues sur ses lèvres, ne gaspillant aucune goutte du fluide vitale de son amant. Les mains crispées sur les draps, Daevlyn tentait tant bien que mal de retrouver une respiration normale, mais c’est sans compter sur l’aide d’Asiel qui, n’en ayant pas fini avec lui redessina du bout de langue les abdominaux puis le torse imberbe de l’adulte, remontant irrémédiablement vers ses lèvres alors que sa main suivait le chemin inverse.
Alors que sa langue franchissait la barrière des lèvres de Daevlyn, ses doigts trouvaient la porte de son intimité. D’un geste lent empli de douceur et de délicatesse, il inséra un premier doigt en lui. Lorsqu’il sentit Daevlyn se tendre sous cette intrusion, il cessa immédiatement tout mouvement tout en intensifiant leur baiser afin de détourner son attention de la douleur.
Lorsqu’il fut certain que Devlyn ne souffrait plus après avoir reçu son approbation, Asiel poursuivit la préparation de son amant, entament un lent et ample va et vient d’abbord régulier avant d’accélérer ou réduire la cadence selon son humeur. Les gémissements que poussait Daevlyn l’aidait à satisfaire son désir au mieux, régulant sa préparation au son de la voix de l’adulte. Très vite, un second doigt vint rejoindre le premier et connaissant mieux que quiconque la douleur que pouvait entraîner une mauvaise préparation, Asiel prit son temps. avec une lenteur exagérée et une douceur extrême, il commença un mouvement de ciseaux, détendant au maximum les muscles de Daevlyn pour sa venue future.
Quand Daevlyn commença à s’empaler de lui-même sur ses doigts, Asiel concentit à insérer le troisième et dernier doigt, redoublant de précaution. Celui-ci était toujours le plus douloureux et ne souhaitant pas blesser Daevlyn, il alla même jusqu’à stopper tout mouvement. Inconsciement, les traits de Daevlyn se détendirent aussitôt et Asiel se félicita mentalement d’avoir eut cette idée, l’adulte étant trop fier pour avouer sa douleur. Se penchant au dessus de lui, Asiel l’embrassa avec tendresse, lui faisant comprendre qu’il n’y avait aucune honte à montrer sa douleur, qu’il valait mieux cela que ne pas accéder au plaisir ultime à cause de cela.
Lorsqu’Asiel fut certain que Daevlyn ne ressentait plus aucune douleur due à sa préparation et rassuré par les gémissements audible qui franchissaient les lèvres de l’adulte, Asiel retira ses doigts, s’attirant un grognement rauque de mécontentement. Puis, s’agenouillant entre les cuisses de Daevlyn, il se présenta à son entrée. Avec une lenteur extrême, il le pénétra, les yeux rivés sur son visage à l’affu du moindre signe de douleur. Alors qu’il le pénétrait toujours plus profondément avec toujours cette même délicatesse, Asiel se sentait rassuré de ne lire sur le visage de Daevlyn que du plaisir à l’état pur.
Constatant cela, il se risqua à s’enfoncer entièrement en lui en un ample coup de bassin. Un cri s’échappa des l-vres de Daevlyn, mais un cri de plaisir uniquement. Galvanisé par le son sensuel de la voix de Daevlyn et la sensation intense qu’il ressentait à être en Daevlyn, Asiel poussa lui aussi un gémissement de pur plaisir. Puis, prenant un rythme ample et régulier, il commença ses déhanchements, attisant leur désir mutuel, les menant inexorablement vers la jouissance.
Galvanisé par le plaisir qu’il ressentait et ce brasier qui embrasait ses reins, répendant des étincelles incandescentes dans ses veines, faisant bouillonner son sang, Asiel devait se faire violence pour ne pas céder à ses pulsions et prendre Daevlyn comme il ne l’avait encore jamais fait et le faire hurler son plaisir sous des coups de bassin. Intervertissant une pénétration lente et régulière avec des coups de bassins plus violents et saccadés, Asiel sentait Daevlyn se tendre imperceptiblement sous lui et ses mains se crisper sur ses épaules, plantant ses ongles courts dans sa chair.
Souhaitant mener Daevlyn à la jouissance, Asiel accéléra la cadence de ses déhanchements, le pénétrant toujours plus profondément, enhardit par ses cris de plaisirs. Puis, dans un ultime coup de bassin plus violent et profond que tous les précédents, ils jouirent en un seul et même cri, se libérant simultanément. Complètement épuisé, Asiel se laissa retomber sur son amant, enfouissant le visage dans son coup, s’enivrant de son odeur musquée typiquement masculine.
Scellant leur amour d’un baiser, ils ne tardèrent pas à s’endormir d’un sommeil lourd et réparateur.
Lorsqu’Asiel ouvrit les yeux, la pièce était baignée d’une aveuglante lumière blanche et un silence monastique les entourait. Reportant son attention sur Daevlyn, il sourit tendrement en le voyant dormir la tête posée sur son coeur.
Ses traits détendus ne le rendaient que plus beau aux yeux de l’adolescent qui ne résista pas à la tentation de laisser ses doigts remettre en place la mèche rebelle de cheveux qui lui tombait devant le visage, lui gachant la beauté de son amant.
Un sourire étira alors les lèvres de Daevlyn qui frissonna à ce contact aérien sans pour autant ouvrir les yeux. Cependant, Asiel le savait à présent réveillé et d’une voix à peine plus élevée qu’un murmure, il demanda :
- Je t’ai réveillé mon amour ?
- Non, rassures-toi mon ange. Je l’étais depuis un moment déjà…
- Tu aurais dû me réveiller… fit remarquer l’adolescent en rougissant.
- Mais tu es tellement beau quand tu dors que je n’ai pas osé te réveiller. Et puis j’ai pu te contempler à loisir, murmura l’adulte en se redressant pour faire face à Asiel.
Asiel s’empourpra face au compliment de son amant puis l’attira à lui et happa délicatement ses lèvres dans le but de le faire taire. Un sourire vainqueur étira les lèvres de Daevlyn qui s’empressa de répondre au baiser avec la même douceur dont faisait preuve l’adolescent. Leurs lèvres s’effleuraient en de furtifs contact avant de s’éloigner pour rapidement se retrouver. Débuta alors un jeu de course poursuite entre leurs lèvres. Mauvais joueur, Asiel happa la lèvre inférieure de son amant et la mordilla délicatement, tout en prenant bien soin de ne pas lui faire mal. Après quelques minutes de duel acharné, celui-ci s’acheva sur un baiser réconciliateur.
Lorsque leur bouche se séparèrent, Asiel demanda toujours de cette même voix douce :
- Quelle heure est-il ?
- Je n’en ai pas la moindre idée, répondit Daevlyn. Pourquoi ? Tu as faim ?
A ses mots, le regard d’Asiel changea et d’une voix étrangement rauque, il répondit :
- De toi uniquement…
Daevlyn crut que son coeur loupait un battement. Ces quelques mots de l’adolescent avaient suffit à raviver le désir dans ses reins. A la vue de la flamme que sa réponse avait réveillé dans les yeux de l’adulte, Asiel comprit que son désir était partagé.
Prenant un air aguicheur afin d’intensifier le désir de Daevlyn, Asiel passa lentement sa langue sur sa lèvre supérieure. Il vit Daevlyn déglutir avec difficultés et décidé attiser au maximum son amant, il se redressa sur ses coudes et happa les lèvres asséchées de l’adulte. Celui-ci, mit un certain temps à répondre au baiser, mettant du temps à retrouver ses esprits. Tout en douceur et sans pour autant quitter les lèvres de Daevlyn, l’adolescent inversa leur position, renversant Daevlyn sur le dos, la tête de l’autre côté du lit.
Ainsi positionné, il surplombait l’adulte de toute sa hauteur. Bougeant légèrement, il vint prendre place sur le bassin de son amant qui se mordit la lèvre inférieure pour ne pas gémir lorsqu’il se mit à onduler lentement des hanches, imprimant un lent mouvement de vas et vient sur l’intimité réveillée de son amant.
Fier de l’effet qu’il produisait à Daevlyn, Asiel effleura du bout des doigts la peau satinée du torse de Daevlyn qui frissonna sous cet attouchement. Ses mains descendirent le long de son torse pour aller redessiner les formes parfaites de ses abdominaux finement taillés.
Souhaitant mener Daevlyn à la jouissance, comme il l’avait fait pour lui précédement, Asiel écarta les jambes de son amant et vint prendre place entre ses cuisse. Un sourire satisfait étira ses lèvres lorsqu’il vit Daevlyn se cambrer violemment au contact de ses mains sur sa virilité gonflée d’un plaisir et d’un désir déjà conséquent. Puis, mettant fin à la douce torture qu’i infligeait à son amant, il prit son sexe en main et entama un lent va et vient qui arracha un soupir de bien être à Daevlyn.
Les yeux rivés sur l’adulte, Asiel enregistrait chacune de ses réactions et lorsque Daevlyn commenca un lent déhanchement, l’adolescent comprit qu’il était tant qu’il passe à autre chose.
Sous l’effet du plaisir, Daevlyn avait fermé les yeux et se mordait violemment la lèvre inférieure pour ne pas gémir de plaisir. Constatant cela, Asiel stoppa tout mouvement et sans quitter son amant des yeux, il déclara en un murmure étrangement rauque :
- Laisse moi entendre ta voix, Daevlyn… J’aime quand tu gémis sous mes mains, sous ma langue…
Joignant le geste à la parole, Asiel lécha le sexe tendu de Daevlyn sur toute sa longueur, arrachant un long gémissement à l’adulte qui crispa ses doigts sur les draps.
Satisfait de la réaction de son amant, l’adolescent reprit après quelques secondes :
- J’aime quand tu perds le contrôle… Tu es tellement beau quand le plaisir se lit sur ton visage…
Une nouvelle plainte, mais de frustration cette fois-ci, se fit entendre. Un sourire de satisfaction étira les lèvres de l’adolescent qui prenait tout son temps pour mener son amant au sommet du plaisir, se vengeant doucement de Daevlyn qui avait eut la même réaction précédement.
Lorsqu’il le jugea suffisament à l’agonie, Asiel mit fin à sa torture et prit le sexe douloureusement tendu de Daevlyn en bouche, arrachant à son amant un cri de plaisir enfin assouvi qui résonna dans la chambre.
Avec application, Asiel entama un va et vient irrégulier sur l’intimité de son amant, alternant entre des mouvements lents et rapides qui faisaient perdre la tête à l’adulte. Sa langue s’entourait délicatement autour du sexe gorgé de plaisir de l’adulte, arrachant à ce dernier un cri de plaisir à l’état pur. Ses mains vinrent se perdre dans la chevelure emmêlée de l’adolescent, le guidant sur le rythme à soutenir. Cependant, Asiel ne voulait pas faire venir Daevlyn tout de suite. Lorsqu’il sentit que celui-ci n’était plus très loin de la jouissance et manquait de se libérer à tout moment, il abandonna momentanément son action. Daevlyn émit un grognement de mécontentement qui se transforma en cri bestial lorsque la langue d’Asiel vint lécher éhonteusement le bout de son intimité.
Il joua un moment ainsi, s’amusant de voir Daevlyn trembler de tout son être à chaque attouchement plus érotiques les uns que les autres, tout en se retenant de jouir. Quand il décida l’avoir suffisament fait patienter, Asiel le reprit entièrement en bouche et entama un va et vient frénétique sur son intimité gonflée dans le seul but de lui faire atteindre la jouissance.
Celle-ci ne tarda pas à venir et Daevlyn se libéra enfin dans la bouche de son amant, criant son prénom à s’en briser la voix.
Lentement, Asiel remonta jusqu’à la bouche de son amant tout en léchant sa peau, qui à présent avait un léger goût salé dû à la transpiration, de son bas ventre à ses lèvres. Il s’en empara avec avidité, partageant avec Daevlyn son fluide vital.
Après un baiser des plus passionnés, Asiel, le souffle court, s’allongea entre les bras de son amant, la tête reposant au creux de sa clavicule, juste au dessus de son coeur. Ils restèrent un long moment ainsi enlacés, tentant tous deux de se remettre de leurs émotions.
Lorsque leur rythme cardiaque eut retrouvé un rythme régulier, Asiel se redressa et un sourire en coin vint étirer ses lèvres tandis qu’il plantait ses onyx dans les yeux de son amant. Et avant qu’il n’ait le temps de dire ou de faire quoi que ce soit, Asiel se frotta lascivement contre Daevlyn, prenant un air d’extase en éxagérant les petits cris qu’il poussait à chaque contact de leur virilité entre elles. Les yeux fermés et la bouche entrouverte, Asiel sentait avec un plaisir non feint, Daevlyn se durcir de nouveau sous ses fesses.
Soudain, Daevlyn se releva et fit basculer Asiel en arrière de façon à se retrouver au dessus de lui. Pas surprit le moins du monde par ce brusque renversement de situation, Asiel laissa s’échapper un gloussement amusé alors qu’il retenait Daevlyn prisonnier entre ses cuisses.

Daevlyn s’empara alors vivement des lèvres de l’adolescent et les mordilla légèrement afin de lui faire part de son mécontentement. Le sourire d’Asiel s’agrandi face à la frustration évidente de son amant puis fini par ceder, desserrant sa prise sur le bassin de Daevlyn.
L’adulte en profita et déposa délicatement ses doigts sur les lèvres entrouvertes d’Asiel. Du bout de la langue, l’adolescent les lécha sur toute leur longueur, arrachant un frisson de désir à l’adulte. Puis, Asiel les engloutis, les léchant avec passion, entourant sa langue autour des doigts de l’adulte en un geste érotique. Ne pouvant en supporter d’avantage, Daevlyn vint souder ses lèvres à celles de l’adolescent, laissa sa langue pénétrer sa bouchen mêlant leur salive.
Lorsque Daevlyn jugea ses doigts suffisament humidifiés, il les retira, arrachant une plainte de mécontentement à Asiel, puis les fit lentement glisser le long de son torse imberbe, sur lequel ils laissèrent derrière eux une traînée de lave en fusion.
Daevlyn s’amusait à faire languir l’adolescent, titillant son intimité sans jamais forcer le passage. Les doigts crispés sur le draps, Asiel retenait à grand peine des sanglots de frustration tandis que son amant jouait avec sa patience, le menant au bout de ses limites, à la limite du supportable. A ses doigts, vint s’ajouter sa langue et Asiel, sous ce contact humide et à la fois tellement brûlant, émit un cri de plaisir, suppliant son amant de ne pas le faire languir d’avantage.
Accédant finalement à la requête de l’adolescent, Daevlyn inséra lentement un premier doigt en lui, arrachant une cri de satisfaction à Asiel. Sans attendre mais tout en faisant attention à ce qu’Asiel ne souffre pas, Daevlyn inséra un second doigt en lui. Soupirant de satisfaction enfin assouvie, Asiel se laissa aller à onduler du bassin en un langoureux déhanchement, s’empallant de lui-même sur les doigts de son amant. Aucune douleur aussi minime soit-elle ne vint troubler cet instant, seul un plaisir grandissant se lisait sur le visage de l’adolescent. constantant cela, Daevlyn inséra un troisième et dernier doigt en lui, veillant toujours à ce qu’aucun mal ne soit fait à Asiel.
Parfaitement détendu Asiel ne ressentait que plaisir. Asiel savait pertinemment que Daevlyn faisait durer le plaisir et à bout de patience, il inversa leur position d’un habile coup de hanche, se retrouvant de nouveau sur son amant. Assis sur son bassin, il sentait son érection pulser contre ses fesses, ce qui acheva de le convaincre. D’une main ferme mais douce, il s’empara du sexe durcis de son amant et le présenta à l’entrée de son intimité. Lentement, il s’empala sur Daevlyn qui le regardait faire ébahit. Le regard plongé dans celui de Daevlyn, Asiel avait parfaitement conscience du combat intérieur que semblait mener l’adulte.
Sans préavis, il commenca à aller et venir sur le sexe de son amant, d’abbord lentement puis à un rythme de plus en plus soutenu. Suivant la cadence, Daevlyn avait posé ses mains sur les hanches de l’adolescent, le soulevant au rythme de leurs déhanchements endiablés. Asiel ne retenait pas ses cris de plaisir, qui résonnaient dans la pièce, faisant écho sur les murs d’un blanc immaculé.
Soudain, contre toute attente, Asiel cessa subitement tout mouvement et sous le regard empli d’imcompréhension de Daevlyn, il se releva. Le regard de Daevlyn changea du tout au tout lorsqu’il vit l’adolescent se retourner et se mettre à quattre pattes devant lui, lui présentant ses fesses. Daevlyn resta un moment interdit face à l’attitude de son amant avant de reprendre ses esprits et de venir se placer derrière lui.
Les mains sur les hanches d’Asiel Daevlyn se présenta de nouveau aux portes de son intimité. Faisant appel à tout son self-control, il commenca à le pénétrer avec une lenteur extrème qui arracha un sanglot de mécontentement à Asiel. Faisant fi des suplications muettes que lui adressait Asiel par de langoureux déhanchements, Daevlyn déclara d’une voix rauque :
- Tu es bien pressé… N’est-ce pas toi tout à l’heure qui m’a supplié de te faire l’amour avec tendresse et douceur ? Alors je vais te prendre extrement lentement, jusqu’à ce que je t’entende crier ton plaisir… Je veux entendre ta voix Asiel… Gémit, cri pour moi…
- Dae… Daevlyn, s’exclama l’adolescent entre deux sanglots. S’il te plait amour… prend moi… Daevlyyyn…
Puis, d’un mouvement brusque, il s’empala complètement sur la virilité de son amant, leur arrachant à tout deux un cri de plaisir à l’état brute. Entamant un lent va et vient, il ressera ses mucles autour de l’intimité de son amant, qui se mordait violemment la lèvres inférieure pour tenter de ne pas se laisser aller à ses pulsions bestiales. Au bout de la deuxième fois, il gémit plus qu’il ne déclara, d’une voix rauque comme Asiel ne l’avait encore entendue :
- Asiel… A… Arrête… Je… Je ne pourrais plus me contenir…
- Alors ne te contiens plus, répondit l’adolescent d’une voix brûlante de désir.
Daevlyn réagit violemment à cette injonction et ressérant sa prise sur les hanches de son amant, il le pénétra entièrement d’un habile et ample coup de bassin. Galvanisé de le sentir enfin en lui, Asiel s’abandonnait complètement, s’empalant toujours plus profondément sur le sexe de Daevlyn.
Abandonnés l’un à l’autre, ils n’entendirent pas la porte d’entrée claquer ni les pas qui montaient les escaliers. Etant à la fac, Morgan venait de finir les cours. Epuisé, il entra dans la salle de bain, et alors qu’il allait entrer dans la cabine de douche, il trouva les vêtements trempés que ni Daevlyn ni Asiel n’avaient prit le temps d’enlever.
Furieux, il se rhabilla hâtivement tout en pestant contre l’adolescent et son manque de manières :
- Raphaël ! Je sais pas ce que tu as foutu mais tu aurais pu en…
Ouvrant la porte sans prendre le temps de frapper, sa phrase mourut dans sa gorge lorsqu’il vit ce qui se déroulait sous ses yeux.
A quatre pattes, les cuisses écartées en une position indécente, accoudé sur ses avant bras, Asiel gémissait son plaisir sous les coups de bassin frénétiques de Daevlyn. Pétrifié, Morgan resta quelques secondes immobile et son regard plongea l’espace d’un instant dans celui onyx de l’adolescent. Cependant, cela ne dura qu’une fraction de seconde qu’il n’était même pas certain que cela ce soit réellement produit. Retrouvant l’usage de ses membres, il referma la porte sur un cri de plaisir d’Asiel.
Malgré le plaisir qu’il ressentait et la difficulté qu’il avait à garder ses esprits, un sourire narquois et sadique vint étirer les lèvres d’Asiel. Car contrairement à ce que croyait Morgan, Asiel s’était bel et bien rendu compte de sa présence et de l’air à la fois horrifié et désireux de Morgan. Cependant, faisant fi de la présence de l’adolescent dans la maison, Asiel donna libre court à son plaisir tandis que Daevlyn le pénétrait toujours plus profondément.
Cependant, lorsque l’adulte ralentit la cadence, Asiel laissa s’échapper un hoquet de surprise. Daevlyn se pencha alors vers lui, et dans un geste étonamment doux, il déposa ses lèvres sur l’omoplate de son amant avant de laisser sa langue parcourir son dos, léchant la saillie de sa colone vertébrale.  Un frisson de plaisir parcourut l’échine de l’adolescent qui se cambra violemment sous cet attouchement.
Leur peau luisantes de transpiration à présent soudées l’une à l’autre, Asiel avait l’impression de ne faire enfin plus qu’un avec Daevlyn. Il se sentait transporté inexorablement vers la jouissance, au delà même du réel et de l’inconscient.
Ses doigts se crispaient sur les draps, comme pour tenter de se raccrocher à la réalité qui déjà, se faisait de plus en plus floue et incertaine. Il voyait s’éloigner la notion de conscience tandis que se rapprochaient les portes du septième ciel.
Les doigts de Daevlyn vinrent rejoindrent ceux de l’adolescent, se mêlant à eux avec volupté.
Galvanisé par les petits cris audibles que poussaient Asiel, Daevlyn accéléra ses va et vient, les faisant tout deux hurler leur plaisir à s’en briser la voix. Asiel se sentait mourir à petit feu, consummé par un brasier ardent tandis que le poison du désir coulait dans ses veines, inihibant au fur et à mesure, chacun de ses sens et intensifiant son plaisir.
Puis, dans un ultime coup de bassin plus ample et plus profond que tous les précédents, Daevlyn les mena à la jouissance, chacun hurlant le prénom de l’autre. Asiel se cambra violemment, rejetant sa tête en arrière, tandis que Daevlyn plantait ses dents dans l’épaule de son amant, tout en le ramenant vers lui.
Complètement épuisé, Asiel se laissa retomber dans les draps, entraînant Daevlyn dans sa chute. Le visage enfoui dans les draps, Asiel tentait tant bien que mal de calmer sa respiration erratique, tandis que Daevlyn faisait de même. Allongé sur le ventre, il sentait avec délice le poids du corps de son amant encore sur lui et sa repiration saccadée dans son cou. Alors que Daevlyn allait se retirer, Asiel l’en empêcha vivement, posa sa main sur une des fesses de l’adulte, lui intimant silencieusement de ne pas se retirer. Il voulait encore profiter de sa présence en lui pour cette fois qu’il savait à présent, la dernière. Il voulait graver au plus profond de sa mémoire la sensation de sentir Daevlyn en lui. Inconsciement, Asiel caressait du bout des doigts la peau délicate des fesses de son amant, qu’il sentait somnoler contre lui, le visage enfoui dans son cou.
Après un instant qui lui parut durer une fraction de seconde et à la fois une éternité, Daevlyn se retira doucement de lui afin de ne pas le blesser tout en murmurant à son oreille :
- Je dois commencer à me faire lourd…
- Non, répondit honnêtement l’adolescent en tourant la tête vers lui sans pour autant changer de position. J’aime te sentir tout contre moi… Je t’aime Daevlyn…
Reprenant sa place tout contre l’adolescent, Daevlyn l’attira dans ses bras et laissa ses doigts effleurer machinalement le creux de ses reins. Après quelques secondes de silence paisible, il répondit :
- Moi aussi je t’aime Asiel. Mon petit démon de la luxure, ajouta-t-il en lui mordillant délicatement l’oreille.
- Tu m’as épuisé, souffla Asiel en bâillant.
Daevlyn émit un petit rire moqueur avant de répondre :
- Que devrais-je dire… Je t’ai rarement vu aussi passionné…
Asiel s’empourpra violemment à la remarque de son amant en émettant un petit gémissement plaintif qui semblait signifier “ne te moques pas de moi”. Puis, se retournant vers Daevlyn pour lui faire face, il plongea son regard dans le sien et déclara, un petit sourire pervers étirant ses lèvres :
- Cela n’avait pas l’air de te déplaire…
Ce fut au tour de Daevlyn de sourire, amusé par la réaction de son jeune amant. Il l’embrassa furtivement avant de répondre, avec lui aussi, une lueur lubrique au fond des yeux :
- Pas le moins du monde…
- Alors tu as aimé ? Demanda l’adolescent en s’empourprant légèrement.
- Et même plus que ça… Merci mon coeur…
Asiel lui adressa un sourire rempli d’amour et de gratitude cette fois-ci avant de recapturer ses lèvres pour un tendre baiser et de se blottir dans ses bras.
Quelques minutes passèrent dans le calme le plus complet ils entendirent la porte d’entrée claquer. Compenant que cela signifiait la fin de leur tranquillité, Asiel s’extirpa à contrecoeur de l’étreinte possessive de l’adulte et déclara :
- Je vais prendre ma douche, j’arrive.
Il vola un baiser furtif à son amant et se leva. Il se dirigea vers son armoire pour en sortir des vêtements propre avant de retourner au pied du lit pour enfiler son bas de pyjama. durant tout ce temps, il avait sentit le regard de Daevlyn sur lui ou plus précisément sur une partie bien précise de son anatomie. Un sourire en coin, il lui lança son t-shirt au visage en s’exclamant :
- Déparvé !
- C’est toi qui ose me dire cela ? S’offusqua Daevlyn en retenant à grand peine une envie de rire.
Faussement vexé, Asiel lui tira la langue et quitta la pièce en refermant vivement la porte derrière lui, alors que le rire de Daevlyn retentissait dans son dos. Alors qu’il traversait le couloir, Asiel tomba nez à nez avec Morgan qui sortait de sa chambre. Lorsqu’il le vit, Morgan se mit à rougir violemment, et s’amusant de sa réaction, Asiel s’approcha de lui d’une démarche féline et prenant une voix sensuelle il murmura au creux de son oreille :
- Dis moi… Tu as aimé le spectacle ? Ca t’a fait bander ? T’as prit ton pied au moins, non ? insista-t-il face au mutisme de son aîné.
Et avant que Morgan n’ait le temps de réagir, Asiel lui mordilla le lobe de l’oreille avant de repartir aussitôt, le laissant planté immobile au milieu du couloir.
Arrivé dans la salle de bain, il ferma la porte à clée derrière lui et entreprit de se déshabiller. Une fois nu, il entra dans la cabine de douche et comme Morgan précédement, il trouva ses vêtements lâchement abandonnés un peu plus tôt. Il les essora au maximum et les jeta dans le lavabo le temps de prendre sa douche.
Il entra dans la cabine et entreprit de faire couler l’eau, la réglant au maximum de la chaleur. Quand il entra sous l’eau, il se délecta de la bienfaisance de l’eau brûlante sur ses muscles endoloris. Cascadant sur son corps telle une pluie purificatrice, l’eau effacait sur son passage les vestiges de leurs ébats passionnés, emportant avec elle le reste de la semence de Daevlyn qui maculait ses cuisses et ses fesses.
Sans signes précurseurs, des larmes silencieuses se mirent à couler le long de ses joues, alors qu’il réalisait ce que cela signifiait. Demain matin, il serait parti…
Tentant de refouler ses mauvaises pensées au plus profond de lui même, Asiel se lava le corps et les cheveux. Puis, il se sécha et essora rapidement ses cheveux avant de les brosser délicatement afin d’enlever les noeuds qui s’étaient formés durant leurs ébats amoureux. Avant de quitter la salle de bain, il lava et essora ses vêtements avant de les étendres sur l’étandage près du radiateur.
Enfin prêt, il sortit de la pièce et alla rejoindre son amant dans sa chambre. Lorsqu’il entra, il trouva l’adulte toujours couché dans le lit, mais la fenêtre avait été ouverte. Face aux yeux clos de son amant, Asiel crut à première vue qu’il s’était endormi et sans bruit, il alla s’asseoir au bord du lit. Du bout des lèvres, il éffleura celles de Daevlyn et lui murmura à l’oreille :
- La douche est libre, amour.
Seul un grognement lui répondit et Asiel ne put s’empêcher de sourire face à la réaction de l’adulte.
- Allez Daevlyn, insista l’adolescent.
De nouveau, l’adulte n’eut aucune réaction, s’attirant sans le savoir, une surprise pas des plus agréable de la part de l’adolescent. En effet, Asiel se leva et contourna le lit. Il attrapa le draps qui recouvrait le corps dénudé de son amant et montant debout sur le lit, il le surplomba de toute sa hauteur.
La, le plus délicatement afin de ne pas réveiller les soupçons de Daevlyn, il réuni ses cheveux encore humides sur ses épaules et les essora sur le torse chaud de l’adulte. Sa réaction fut immédiate. Il sursauta violemment et s’assit brusquement dans le lit, lançant à l’adolescent un regard ébahit. Il n’en fallut pas plus à Asiel qui éclata de rire lorsqu’il vit la tête que faisait Daevlyn.
- C’est bon ? T’es réveillé ? Demanda l’adolescent sans se départir de son sourire narquois.
- Attend que j’me lève tu vas voir ce qui va t’arriver ! S’exclama l’adulte à présent parfaitement réveillé.
Le sourire d’Asiel s’effaca subitement et lestement, il sauta du lit alors que Daevlyn esquissait un geste pour l’attraper. Littéralement mort de rire, Asiel courrait dans la chambre et sautait sur le lit en imitant les hurlements de terreurs dans les films de cinéma, alors que Daevlyn le poursuivait à travers la pièce en tentant de le rattraper. Ce qu’il finit par faire lorsqu’il le réceptionna avant qu’il n’attérisse sur le sol après avoir sauté une énième fois du lit. Ils s’écroulèrent sur le sol, Asiel riant toujours à gorge déployée tandis que Daevlyn lui faisait regretter par des chatouilles, son précédent geste.
Attirée par le bruit que faisait Daevlyn et Asiel, Suzanne bientôt suivie par Pierre, Abby et Lindsay se postèrent dans l’entrebâillement de la porte et les observèrent, un sourire amusé étirant leur lèvres. Lorsqu’Asiel se rendit compte de leur présence et avisant la tenue indécente de son amant, il inversa leur position d’un habile coup de hanche, se retrouvant ainsi sur lui, tachant de dissimuler au mieux l’intimité dénudée de Daevlyn.
- Hey ! s’exclama-t-il alors à l’intention des nouveaux arrivants. Vous avez fini de vous rincer l’oeil ?
Face à la jalousie possessive de son fils, Suzanne ne put que sourire, mi amusée, mi attendrie par le spectacle qui s’offrait à elle. Le visage de Daevlyn se décomposa brusquement, passant de sa couleur normal au livide en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Constatant la gène de son amant, Asiel ne put s’empêcher de sourire en dépit des circonstance, tout en se démenant pour faire rempart de son corps et dissimuler la nudité de son amant aux yeux des autres.
Regardant autour de lui à la recherche d’un truc qui pourrait lui être utile, Asiel finit par se redresser, toujours agenouillé sur le bassin de Daevlyn, ne laissant apparaître que son torse, il tendit la main vers la couverture qui jonchait le sol. Il s’en empara vivement et la rabatie sur leur deux corps, les dissimulant des regards extérieurs. Là, il embrassa furtivement son amant avant de reculer à quatre pattes pour sortir de sous la couverture. Echevelé, il parvient enfin à se dépétrer de la couverture sans porter atteinte à la pudeur de Daevlyn et après un pincement sur les fesses de l’adulte qui sursauta violemment, il se dirigea vers son armoire.
Il en sortit un boxer noir et le lança au visage de Daevlyn qui le regardait faire amusé :
- Souviens toi de ce que je fais pour toi Daevlyn, car ce ne sera pas toujours le cas ! Ma bonté me perdra ! Ca t’apprendra à vouloir jouer aux exibitionnistes ! S’exclama l’adolescent faussement énervé.
Daevlyn enfila rapidement son boxer sous la couverture et se releva en nouant ladite couverture sur ses hanches. Pendant ce temps, Asiel était aller lui chercher un jean et un t-shirt propre qu’il lui lança à la figure :
- Ca t’apprendra à pas m’écouter !!
A première vue, n’importe qui aurait put croire que l’adolescent était réellement en colère contre son moniteur et que celui-ci n’en menait pas bien large. Mais l’étincelle pétillante de malice qui illuminait les onyx de l’adolescent et le sourire en coin de Daevlyn démontraient que chacun se prenait au jeu de l’autre. Asiel se plaça derrière l’adulte et le poussa de toute ses forces en direction de la salle de bain en déclarant :
- Maintenant tu vas te laver ! Non mais !!
Sur le pas de la porte, tout le monde s’écarta pour les laisser passer, amusés de la scène qui se déroulait sous leurs yeux, mais aussi du comportement de l’adolescent. Tous étaient stupéfaits de voir à quel point Asiel pouvait être un adolescent tout à fait ordinaire, sachant rire et s’amuser au même titre qu’eux.
Prenant un air soulagé, Asiel s’adossa contre la porte de la salle de bain. Puis, sentant quatre regards posés sur lui qui le fixaient avec un intérêt non dissimulé, il reporta son attention sur eux et plus précisément sur Suzanne et lui adressa un petit sourire timide. Suzanne le lui rendit et déclara :
- Cela va bientôt être l’heure du repas. Vous voulez manger quelque chose en particulier ?
- Pizza ! S’exclama Lindsay qui, jusqu’à maintenant, était restée silencieuse.
Chacun donna son accord, puis la jeune femme se tourna en direction d’Asiel, dans l’attente de sa réponse :
- Cela me convient, répondit l’adolescent, un sourire forcé étirant ses lèvres.
Asiel n’avait rien dit pour ne pas plomber l’ambiance, mais il savait parfaitement, qu’il ne serait déjà plus là lorsqu’il serait l’heure de passer à table… Cependant, face à la bonne humeur et à la joie qu’il pouvait déceler en Suzanne, il n’avait pas eut le courage de le lui dire… Alors qu’il commencait à sombrer, il fut tiré de ses sombres pensées par la voix de Suzanne qui demandait :
- Et pour Daevlyn ?
- Il adore cela, répondit Asiel, en souriant tendrement au souvenir de l’état de satisfaction extrême que s’emparait de Daevlyn lorsqu’il mangeait sa pizza.
- Dans ce cas c’est parfait ! S’exclama Suzanne ravie.
Lindsay et Pierre retournèrent à leur occupation et Asiel retourna dans sa chambre. Alors qu’il ouvait l’armoire à la recherche de draps propres, Suzanne prit la parole, d’une petite voix qui cachait mal sa déception :
- Tu ne descends pas avec nous ?
- Si, je… J’arrive, répondit Asiel en se retournant les bras chargés.
Il se dirigea alors vers le lit qu’il entreprit de défaire, dévoilant par ce fait, leur activité de la journée.
- Oh ! Je vois, souffla la jeune femme en souriant légèrement intimidée. Dans ce cas, n’hésite pas à nous rejoindre quand tu veux, ajouta-t-elle.
- Merci, répondit Asiel.
Suzanne le laissa vacquer à son occupation et alors qu’il jettait le draps à l’entrée de la chambre, il eut la surprise de constater qu’Abby était toujours là. La jeune fille lui sourit timidement et demanda d’une petite voix :
- Je… Je peux te parler ?
- Oui, répondit simplement l’adolescent. Entre, je ne vais pas te manger, ajouta-t-il en souriant lorsqu’il s’aperçut qu’elle restait obstinément sur le pallier.
Abby lui sourit timidement et d’un pas hésitant, elle entra dans la chambre non sans une certaine appréhension :
- Tu sais Raphaël…
- Asiel… Je m’appelle Asiel, la coupa gentiment mais fermement l’adolescent.
- Je… Pardon, A… Asiel, balbutia Abby, impressionnée malgré elle par le jeune garçon qui lui faisait face. Voilà, je… Je voudrais m’excuser de mon comportement de cette semaine. J’ai conscience d’avoir été odieuse avec toi, je… J’ai agis inconsidérément par pure jalousie, je l’avoue… Je sais que mon pardon n’effacera pas le mal que j’ai fait, mais je tenais à le dire quand même…
Asiel qui avait terminer de refaire le lit vint prendre place face à la jeune fille et plongeant son regard dans le sien, il déclara :
- Je te remercie pour ton geste, Abbygaïl, cela me touche sincèrement… Mais tu devrais plutôt t’excuser auprès de Raphaël… Ton attitude à toi et à Morgan l’a beaucoup blessé et si je suis intervenu, ce n’est que pour le protéger de lui-même mais aussi de vous. Raphaël est un garçon très introverti qui cache une grande fragilité… Il se faisait une joie de vous rencontrer et il s’est prit une sacrée douche froide sans comprendre pourquoi… Votre comportement à tous les deux lui a vraiment fait mal…
La jeune fille ne répondit rien, se contantant de baisser honteusement les yeux, n’osant pas affronter le regard pénétrant de l’adolescent qui lui faisait face.
- Mais comme je te l’ai dit plus tôt,  reprit Asiel, je te remercie pour ton geste. Ami ? Demanda-t-il après un court silence en tendant la main à Abby.
- Ami, répondit l’adolescente en prenant sa main sans hésitation, adressant à Asiel un sourire empli de gratitude et de remerciements.
Ce ne fut qu’à ce moment qu’il se rendit compte de la présence de Daevlyn qui, adossé à l’embrasure de la porte, regardait la scène en souriant tendrement.
Quelques minutes plus tard, ils descendaient tous les trois et allaient rejoindre Suzanne et le reste de la famille qui discutit tranquillement de leur journée.
Asiel sentit un pincement au coeur en songeant que bientôt, il ne connaîtrait plus le bonheur d’une vie de famille. Inconsciemment, il resserra sa prise sur la main de Daevlyn qu’il tenait fermement dans la sienne, tentant de refouler les larmes qui faisaient briller ses yeux de façon significative. Daevlyn sembla comprendre les sentiments de l’adolescent, car à son tour, il rafermi sa prise sur ses doigts.
Se tourant vers lui, Asiel lui adressa contenant une supplication muette… Le moment tant redouté était enfin arrivé…
Sentant que quelque chose se passait, les conversations cessèrent subitement et tous les regards se posèrent sur eux, remplis d’incompréhension et de questions non formulées. Des larmes silencieuses roulèrent sur les joues de l’adolescent qui, dans un effort surhumain, tentait de défaire ses doigts de ceux de son amant. il voyait bien que Daevlyn usait de toute sa volonté pour retenir ses larmes.
Lorsque finalement leurs doigts se quittèrent, Asiel ettoufa un sanglot et se tourna vers Suzanne qui, ne comprenant pas ce qui se passait, commençait à paniquer. D’une voix difficilement contrôlée, Asiel commença :
- Abby est venue me présenter ses excuses toute à l’heure, et à présent, c’est à moi de vous présenter les miennes… Je… J’ai conscience d’avoir semé le trouble dans votre famille et je m’excuse pour toutes les méchancetés que je vous ai dite. Je sais que les mots n’effaceront pas les blessures et le mal causé… Je ne cherche pas à me donner bonne conscience par un joli discours et des mots vite expédiés, je… Ce que je dis, je le pense sincèrement… Je sais que vous vous demandez comment un gamin arrogant et immonde comme moi peut avoir une notion du pardon… Et vous avez parfaitement raison… Les mots que je prononce, c’est Daevlyn qui me les a apprit… C’est lui qui m’a tout apprit…
A ses mots, il se tourna vers son amant qui tentant de rester droit alors que ses yeux et tout son être lui criait son envie de s’effondraer et de se précipiter vers lui.
Détournant son regard de celui de Daevlyn avant que le courage ne vienne à lui manquer, Asiel reporta son attention sur l’assemblée et plus particulièrement sur Suzanne. Les larmes aux yeux, la jeune femme semblait comprendre ce qui se passait.
- Maman… commenca Asiel, prononcant ce mot pour la première fois de sa vie.
A ce mot, un magnifique sourire vint étirer les lèvres de la jeune femme, illuminant son visage malgré les larmes qui maculaient ses joues.
- Tu es la mère que j’ai toujours rêvé d’avoir… je suis désolée du mal que je t’ai causé, je… tu restera à jamais dans mon coeur… Je t’aime maman… Merci… Merci du fond du coeur de m’avoir ouvert les yeux et accepté… Je t’aime…
- Oh Asiel… sanglota la jeune femme en se levant précipitament pour prendre son fils dans ses bras. Merci à toi… J’ai été heureuse de faire ta connaissance… Sache que tu garderas toujours une place spéciale dans mon coeur… Oh mon dieu… J’ai l’impression que l’on m’arrache une partie de mon coeur… Pourquoi vous avoir retrouvé enfin pour te perdre à nouveau ? Sanglota la jeune femme. Merci Asiel, tu es une personne merveilleuse… Je t’aime mon fils…
- Maman… gémit lamentablement l’adolescent. Jamais tu ne me perdra… Je t’aime et je t’aimerai toujours…
Il restèrent un long moment ainsi enlacés, Asiel tenant fermement le chemisier de sa mère serré dans ses poings, pleurait à chaudes larmes.
Puisant dans les derniers restes de courage, il s’écarta de sa mère avant de se tourner vers Daevlyn. Là, il laissa éclater des sanglots déchirants et se précipita dans les bras de son amant. Refermant ses bras sur sa nuque, il le serrait à l’etouffer, se retenant à lui comme si sa vie en dépendait. Ses sanglots résonnaient dans la pièce comme le chant du cygne dans le crépuscule hivernal. La douleur que chacun d’eux ressentait était palpable à des kilomètres et l’amour qui les unissait électrisait la pièce.
Leurs lèvres se soudèrent alors pour un ultime baiser à l’arrière goût d’adieux. Les sanglots d’Asiel mouraient dans la bouche de Daevlyn alors que leur langue se retrouvaient pour une dernière danse.
Soudées les unes aux autres, leurs lèvres semblaient ne pas vouloir se quitter. Dans un sanglot, Asiel fini par mettre fin au baiser, puisant dans une source de volontée insoupçonnée.
- Je t’aime Daevlyn, sanglota l’adolescent. Si tu savais comme je t’aime… C’est trop dur, je n’y arrive pas… J’ai l’impression que l’on m’arrache le coeur… Mon amour, je t’en prie… Ne m’oublie pas… Pas trop vite… Sanglota Asiel en un gémissement d’animal blessé. Je t’en prie, embrasse moi… Serre moi dans tes bras une dernière fois…
- Ne… Dis pas… De choses… Aussi… Stupides, répondit Daevlyn entre chaque baiser qu’il déposait sur les lèvres et le visage de l’adolescent.
Les mains encadrant son visage, Daevlyn ne prêtait pas attention aux larmes qu lui brûlaient les yeux.
Accédant à l’ultime requête de l’adolescent, il l’embrassa avec toute la fougue et la passion du désespoir qui les habitaient.
Après un dernier baiser, Daevlyn essuya du bout des doigts les larmes qui inondaient les joues d’Asiel et déclara :
- Jamais je ne t’oublierais Asiel… Comment peux-tu penser une chose pareille… Je t’aime… Mon petit ange… Merci pour tout le bonheur que tu m’as apporté… Je t’aime… Je t’aime de tout mon coeur, de toute mon âme…
Asiel ne parvenait pas à se résoudre à se soustraire à l’étreinte de Daevlyn. Son coeur se déchirait à cette pensée. Plus les secondes passaient et plus il sentait sa volonté fondre comme neige au soleil.
Avec avidité, il s’empara brutalement des lèvres de Daevlyn, tout en suppliant mentalement Raphaël de venir le délivrer de lui-même, de mettre un terme à cette douleur insupportable qui lui étreingait le coeur.
Lorsque leurs lèvres se séparèrent, un sanglot déchira la gorge d’Asiel alors qu’il se sentait partir. Dans un hurlement de douleur, Asiel cria le nom de son amant avant de s’effondrer.
Daevlyn le retint fermement dans ses bras, ne cherchant plus à retenir ses propres sanglots qui lui déchiraient le coeur, et l’allongea délicatement sur le sol. Autour d’eux, plus rien n’existait. Suzanne, Pierre et les enfants avaient été oubliés.
Le corps de l’adolescent parcourut de spasmes plus violents les uns que les autres était le seul témoin du comabt intérieur que sembaient mener Asiel et Raphaël. Chacun retrouvant sa place l’un dans l’autre, en une union parfaite de leur âme.
Ce manège parut durer une éternité aux yeux des spectateurs et plus particulièrement à Daevlyn qui semblait sur le point de craquer à tout instant. Lorsque subitement les spasmes qui parcouraient le corps de l’adolescent cessèrent brusquement ainsi que ses battements cardiaques, Daevlyn paniqua pour de bon, et Pierre fut obligé d’intervenir, alors qu’il serrait le corps inerte de l’adolescent dans ses bras.
Laissant le corps de l’adolescent au bon soin de Suzanne qui, même si elle le montrait montrait moins n’en était pas moins paniquée, Pierre entraina de force Daevlyn avec lui alors qu’il criait à s’en casser la voix le nom de Raphaël, lui ordonnant de se battre, le suppliant de ne pas l’abandonner…
Lorsque les battements de son coeur reprirent, Suzanne laissa s’échapper un long soupire de soulagement et posa sa tête sur ses genoux. Quand Daevlyn revint passablement calmé, il se laissa tomber auprès du corps de son amant et prenant son visage dans ses mains, il pleura un long moment, se libérant de toute la tristesse et la tension accumulée depuis ce matin.
Puis, au bout d’une heure, peut être plus peut être moins, Raphaël finit par ouvrir les yeux. Daevlyn, à force de les contempler, connaissait par coeur la couleur des yeux de l’adolescent, et si quelque chose attira son attention en premier, ce fut bien cela…
Dans un sanglot qui mêlait joie, soulagement et étonnement, il murmura :
- Raphaël… Tes… Tes yeux… Ils…
Encore à moitié vaseux, Raphaël ne comprenait pas bien les allusions de l’adulte ni la raison de ses larmes et fermant les yeux, il reposa sa tête contre le torse de son amant, bercé par les battements frénétiques et endiablés de son coeur.
Epuisé, il finit par s’endormir dans les bras de Daevlyn qui, visiblement soulagé de le savoir enfin en paix, le porta jusque dans leur chambre et l’allongea dans leur lit.
Dormant d’un sommeil lourd et sans rêve, un sommeil réparateur, Raphaël ne sentit pas Daevlyn venir le rejoindre au bout d’une dizaine de minutes. Cependant, inconsciement, il vient se blottir contre cette source de chaleur réconfortante lorsqu’il entra dans le lit.
Lorsqu’il se réveilla, Raphaël sentit tout de suite la chaleur de l’adulte l’envahir. Il soupira de bien être tout en se blottissant un peu plus contre son amant à la recherche de sa présence rassurante.
Raphaël glissa sa tête dans le creux du cou de l’adulte et respira son odeur, s’imprégnant de celle-ci. Jamais il ne s’était sentit aussi heureux et aussi complet qu’à cet instant. il avait l’impression que quelque chose en lui avait changé, sans trop réellement pouvoir expliquer quoi ni comment. Il avait juste la sensation étrange d’avoir retrouvé une partie de lui qu’il avait perdue depuis trop longtemps déjà.
Bien qu’il ne se souvenait pas de ce qui s’était passé la veille, il avait un vague souvenir de s’être réveillé avec un mal de dos, allongé sur quelque chose de dur et froid. Puis, il avait entendu ces mots de Daevlyn, des bribes de phrases incompréhensibles soufflées entre deux sanglots.
S’extirpant délicatement des bras de Daevlyn, afin de ne pas le réveiller, Raphaël se leva et sans bruit, il se dirigea à la salle de bain. Il alluma la lumière et papillonna des yeux afins de s’habituer à la clarté puis se planta en face du mirroir. Là, il eut un choc quand il regarda son reflet dans la glace. Ainsi, c’était cela que voulait dire Daevlyn…
L’améthyste de ses pupilles avait viré au pourpre, pas tout à fait violet mais pas tout à fait noir non plus… Ainsi, cela venait de là cette sensation de plénitude et de bien être qu’il ressentait depuis qu’il s’était réveillé ?
Tout simplement heureux, Raphaël se mit à sourire bêtement à son reflet avant de se décider à retourner se coucher.
Sur la pointe des pieds, il retraversa le couloir en sens inverse et alors qu’il prenait place dans le lit, il sentit deux bras l’entourer et le ramener possessivement à eux.
- Ne part pas Asiel… Reste auprès de moi… Je t’aime tant…
Cela n’avait été qu’un murmure, mais il n’avait pas échappé à l’ouïe fine de l’adolescent, qui sentit son coeur se contracter de douleur. N’en supportant pas d’avantage, il s’arracha de l’étreinte de Daevlyn et quitta la chambre.
Il descendit les escaliers et alla s’installer dans un fauteuil du salon, dans un endroit où l’on ne pourrait pas le voir. Remontant ses genoux contre son torse, il laissa libre court à ses larmes silencieuses qui scintillaient sous les pâles rayons de la lune.
A ce moment, il n’aurait pu décrire l’état d’abattement dans lequel il se trouvait. Son coeur se compressait à l’idée que Daevlyn n’ait pas accepté son retour. Ainsi, Asiel était la partie de lui-même qui comptait le plus à ses yeux… Comment avait-il pu être aussi aveugle pour ne pas s’en rendre compte ?
Il s’en voulait comme jamais, à lui, mais aussi à Daevlyn… Daevlyn qui lui avait mentit sur la nature de ses sentiments, qui lui avait affirmé qu’il ne voulait pas d’Asiel, mais bel et bien de lui. Pourquoi avait-il menti ? Etait-ce pour ne pas lui faire de la peine ? Un hoquet méprisant et ironique secoua alors le corps de l’adolescent à cett pensée. Malgré l’amour incomensurable qu’il lui vouait, Raphaël en arrivait à haïr Daevlyn ainsi que son sens de la compassion. Il le haïssait autant qu’il se haïssait lui-même pour avoir cru aux paroles de Daevlyn. Il était devenu dépendant de lui, de sa chaleur, de sa présence, de toute ce qui faisait que Daevlyn était Daevlyn, mais au fond de lui, il avait cette crainte incontrolable que cette passion qui l’habitait ne finisse un jour par le détruire complêtement. Même s’il était à présent plus fort qu’auparavant, il n’en restait pas moins fragile et son coeur ne supporterais pas un second coup de couteau, et encore moins de la part de son amant. Il fallait qu’il se sorte à tout prix de cette impasse dans laquelle il se trouvait, sous peine de finir par y laisser son âme.
Raphaël finit par s’endormir dans le canapé, les yeux rougis par les larmes et la fatigue. Lorsqu’il se réveilla de nouveau, il papillonna des yeux afin de s’habituer lentement à l’afflux de lumière blanche qui illuminait le salon et alors qu’il allait se lever, une couverture posée sur lui attira son attention. Qui avait bien pu la poser la ?
Des bruits à la cuisine attirèrent son attention et encore à moitié endormi, il se dirigea vers la cuisine. Il y trouva Suzanne qui déjeunait en compagnie de Morgan et Pierre. Lorsqu’il le vit, Morgan se mit à rougir et reporta son attention sur sa tartine tandis que Pierre et Suzanne lui adressaient un sourire, bien que celui de la jeune femme ne cachait pas entièrement son inquiétude.
Raphaël déposa un baiser sur la joue de sa mère en un geste qui se voulait rassurant et vint prendre place à ses côtés. De la où il se trouvait, il pouvait sentir la gêne de Morgan et les coups d’oeil furtifs qu’il lui lançait. Ce manège dura encore quelques minutes, mettant Raphaël de plus en plus mal à l’aise, puis finalement, Morgan finit par se lever de table.
Raphaël s’excusa auprès des adultes et partit à sa suite. Il le rattrapa dans le couloir, et alors qu’il allait monter les escaliers pour regagner sa chambre, Raphaël s’exclama :
- Morgan ! Attend…
L’interpelé se retourna et Raphaël se sentit subitement horriblement gêné, si bien qu’il se mit à bafouiller :
- Je… Je voudrais m’excuser du comportement d’Asiel… Je ne sais pas ce qui lui a prit de faire ça…
- C’est oublié, répondit simplement l’adolescent.
- Et pour ce que tu as vu, je…. Reprit Raphaël attrocement gêné, en s’empourprant violemment.
- Quoi ? Demanda l’adolescent. Tu as peur que ça s’ébruite ? Tu viens me demander de taire ce que j’ai vu ? T’as peur que ta mère apprenne que tu fais des galipettes avec Daevlyn ?
- Hein ? S’exclama Raphaël surprit. Non, pas du tout, ajouta-t-il en retrouvant peu à peu son assurance. Je n’ai rien à cacher, simplement… Je suis désolé que tu… Nous ai surprit… Nous avons toujours été discret, mais…
- Tu appelles ça discret toi ? Avec les cris que tu poussais ? J’suis sur que même les voisins vous on entendu ! Fit remarquer l’adolescent sur un ton accusateur, toute trace de gêne ou de honte ayant disparue.
Raphaël sentit ses joues s’empourprer à cette remarque et sentant la colère monter en lui, il s’exclama :
- De toute façon je sais pas pourquoi je m’obstine à vouloir m’excuser auprès de toi alors que t’en a rien à foutre !
Et sur ses mots, il tourna les talons, abandonnant Morgan dans les escaliers pour retourner à la cuisine, passablement énervé. Il grignota plus qu’il ne mangea, l’estomac encore noué de son précédent accrochage avec Morgan et ruminant sa colère, il n’entendit pas Daevlyn entrer dans la pièce.
L’adulte salua tout le monde, et passant derrière Raphaël, il posa tendrement sa main sur sa joue et la laissa glisser jusqu’à son menton qu’il souleva délicatement, faisant relever la tête à l’adolescent. Là, il lui vola un rapide baiser avant de prendre la parole :
- Bonjour mon ange, tu as bien dormis ?
- Hn, oui, se contenta de répondre l’adolescent en reportant son attention sur son bol de lait.
- Quelque chose ne va pas Raphaël ? Demande Daevlyn surprit par l’attitude de l’adolescent.
- Mal dormis… se contenta de répondre Raphaël.
En réalité, Raphaël n’avait pas encore digérer les paroles que Daevlyn avait soufflées dans son sommeil. Puis, sans laisser le temps à Daevlyn de répondre, il se leva et retourna dans sa chambre. Il en fut dérangé quelques minutes plus tard par Suzanne qui ouvrant timidement la porte, déclara :
- Pierre et moi allons travailler, et les enfants vont à l’école…
- D’accord, répondit Raphaël en lui souriant. A toute à l’heure…
- Raphaël, que se passe-t-il ? Demanda Suzanne qui n’était pas dupe.
- Rien, je t’assure, ça va !
- Oui, au point que tu passes la nuit dans le salon ! fit-elle remarquer avec un ton de reproche. C’est Daevlyn ? Ajouta-t-elle d’une voix redevenue douce.
- Je… Laisse moi du temps… S’il te plait… Promis, je te raconterais, mais pas tout de suite, j’ai… J’ai besoin de faire le point, murmura l’adolescent.
- D’accord mon chéri, répondit Suzanne qui, entre temps s’était rapprochée, en embrassant l’adolescent sur le front. Je m’inquiète pour toi, tu sais…
- Je suis désolé, mais… tu n’as pas à t’inquiéter…
- Tu me le promet ?
- Oui, je te le promet !
- Je t’aime mon garçon, répondit la jeune femme en l’embrassant de nouveau sur le front.
- Je t’aime aussi maman, murmura l’adolescent.
- Bon, il faut que je file, je vais être en retard, déclara Suzanne en se levant. On sera la plus tôt ce soir. A toute à l’heure mon grand. Je t’aime fort.
Sur ces mots, elle referma la porte derrière elle. Raphaël l’entendit débouler les escaliers et quelques instant, la porte d’entrée claqua et le silence revint. Il ne fut briser que par les pas étouffés de Daevlyn qui montait lentement les escaliers. L’adolescent retient son souffle et lorsque la porte de la chambre s’ouvrie sur l’adulte, son coeur s’emballa en un rythme endiablé.
- Raphaël ?
- Qu’est-ce que tu veux ? Demanda l’adolescent d’une voix sèche, masquant à l’adulte l’accablement qui le saisissait.
- J’aimerais savoir ce qui te prend depuis ce matin, répondit Daevlyn sur le même ton, visiblement agacé par le comportement de son jeune amant. T’as tes règles ou quoi ?
- Nan j’ai pas mes règles, hurla l’adolescent. Redis moi ça encore une fois et tu peux dire adieux à ta descendance ! Et avant de reporter toujours la faute sur les autres, commence par te remettre toi-même en question et on en reparlera ok ?
Sans laisser à Daevlyn le temps de répondre, il attrapa des vêtements et alla s’enfermer dans la salle de bain.
- A… Raphaël, mais qu’est-ce qui t’arrive enfin ? Tu veux bien m’expliquer ce dont tu m’accuses ? S’exclama Daevlyn en tambourinant contre la porte. Ouvre cette porte… S’il te plait…
Assis sur le sol, adossé contre la porte, Raphaël ne cherchait pas à retenir ses larmes. Même s’il s’était vite ratrapé, le lapsus de DAevlyn n’avait pas échapé à Raphaël. Cependant, il ne voulait pas que Daevlyn soit témoin de sa douleur, et il s’en voulait à lui-même d’être aussi faible face à l’adulte. Certes, Daevlyn ne pouvait pas savoir la raison qui animait sa colère, mais Raphaël ne se sentait ni le courage ni l’envie de lui expliquer. tout ce qu’il voulait, c’était qu’on le laisse seul et surtout que Daevlyn arrête de le harceler avec ses questions. Avant de chercher  à avoir les réponses qui lui tombent directement du ciel il pouvait aussi très bien se creuser l’esprit et essayer de chercher par lui-même le pourquoi de la colère de l’adolescent.
Raphaël se leva et s’habilla après avoir fait une rapide toilette. Puis, sortant de la salle de bain, il bazarda avec rage son pyjama dans sa chambreet descendit les escaliers. Et sans répondre aux appels désespérés de Daevlyn, il sortit en claquant la porte d’entrée.
Ne parvenant pas à calmer sa fureur, il prit la direction du  centre ville en marchant d’un pas rapide. Il avait besoin de se changer les idées et Amaranth n’était pas là pour l’y aider. A cette pensée, Raphaël sentit son coeur se serrer. L’animal lui manquait affreusement. lorsqu’il se sentait mal, Amaranth était le seul à avoir le pouvoir de lui faire retrouver le sourire.
Sans qu’il ne s’en rende compte, ses pas le menèrent au parc dans lequel il erra un long moment, shootant dans les cailloux qui se trouvaient sur son passage. Les larmes ravageaient son visage et ses cheveux volaient autour de lui sous l’effet du vent qui soufflait fort. Constatant cela, il se maudit d’être parti aussi vite sans prendre le temps de s’attacher les cheveux.
Avisant un banc inoccupé et relativement à l’écart, il s’y dirigea et prit place dans un coin. Les larmes semblaient ne plus vouloir s’arrêter de couler et il n’avait  bien évidement, pas prit de mouchoir. Dans un réflexe, il tourna la tête à droite puis à gauche à la recherche d’un âme charitable et alors qu’il reportait son attention à ce qui se passait devant lui, il tomba nez à nez avec une main étrangèrent qui lui tendait un mouchoir. Clignant des yeux pour s’assurer qu’il ne révait pas, il releva la tête pour observer son sauveur.
Lorsqu’il croisa le regard du jeune homme qui lui faisait face, il cru se noyer dans la profondeur de son regard d’un bleu clair saisissant. Ses cheveux blonds mi longs étaient retenu en une demi queue et un bandana de la même couleur que ses yeux était noué autour de sa tête et cintrait légèrement son front. Intrigué, Raphaël observa un peu plus en détail l’homme qui s’était à présent installé à ses côtés. Ils devaient avoir sensiblement le même âge, l’inconnu ne semblait guère plus âgé que lui, peu être de trois ou quatre ans son aîné. Son visage abordait un petit sourire mi amusé mi attendrit illuminait son visage. Ses yeux dans lesquels dansait une lueur de malice le fixaient avec un amusement non dissimulé.
- Alors tu le prends ou pas ? Demanda l’inconnu d’une voix étrangement douce et mélodieuse.
- Mer… Merci, bafouilla l’adolescent en s’emparant du bout de tissu.
Du revers de la main, il s’essuya les yeux avant de se moucher bruyamment, s’attirant un sourire amusé de la part du jeune inconnu.
- Comment t’appelles-tu ?
- Raphaël, répondit l’adolescent s’étonnant lui-même de la facilité avec laquelle il avait dévoilé son prénom à un parfait inconnu.
D’ordinaire, il n’aurait pas accepté l’aide d’un inconnu et n’aurait encore moins répondut à sa question, mais étrangement, il sentait qu’il pouvait faire confiance à ce garçon. Il se dégageait de lui quelque chose de rassurant qui avait le pouvoir de le mettre en confiance. Peut-être était-ce du à son allure dégentée. Il n’en savait trop rien, mais cela lui importait peu. Tout ce qu’il voyait pour le moment, c’était une personne qui lui tendait la main en un geste amical.
- Et vous ? Demanda timidement l’adolescent. Quel est votre nom ?
- Je m’appelle Julian. Répondit le jeune homme en lui adressant un sourire radieux. Alors, ajouta-t-i en retrouvant son air grave, raconte moi, Raphaël. Qu’est-ce qui a bien pu te mettre dans un état pareil ?
L’adolescent renifla bruyamment, triturant nerveusement le mouchoir de Julian et répondit entre deux spasmes de nouveaux sanglots :
- C’est… C’est Daevlyn, je… Je l’aime mais lui ne me vois pas… enfin… Hésita l’adolescent tout de même réticent à exposer tous les détails de sa vie à un inconnu.
- Pas comme tu le voudrais ? Termina Julian.
Raphaël hocha la tête en guise d’aquiescement tout en soupirant.
- Alors il doit être aveugle, termina Julian.
Raphaël émit un petit rire qui sonnait affreusement faut avant de reprendre, hésitant :
- C’est plus compliqué que ça… Je… Je sais qu’il m’aime, mais parfois… J’ai l’impression qu’il voudrait que je sois différent, expliqua l’adolescent, en faisant référence à Asiel, tout en masquant un peu la vérité.
Pour la deuxième fois de sa vie, la première ayant été Daevlyn, Raphaël sentait qu’il pouvait se confier à quelqu’un sans crainte d’être jugé. Ce garçon n’était pas comme tout le autres, il ne l’avait pas jugé sur ses précédentes révélations et ne se moquait pas de lui. Il se contentait de l’écouter sans l’interrompre, hochant simplement la tête de temps en temps comme pour acquiescer ou refuter les arguments de l’adolescent.
- Ce qui m’énerve le plus, continua Raphaël, c’est que je fais des efforts pour changer, pour être conforme à ce qu’il aimerait que je sois… Mais c’est… C’est comme s’il ne voit pas ou refuse de voir tout ce que je fais pour lui… Il reste prisonnier et aveuglé de ses propres sentiments sans se préocupper des miens, sexclama l’adolescent qui sentait la colère renaître en lui à chaque mot prononcé.
- Tu le lui a dit ? l’interrompit Julian pour la première fois, sentant bien le changement dans le ton de l’adolescent.
- Hein ? Demanda l’adolescent totalement déstabilisé par cette question pour le moins inattendue. Euh… Je… non, je ne lui ai pas dit, murmura-t-il en baissant la tête, honteux. Je… Je voulais qu’il s’en rende compte par lui-même.
- Peu être qu’au lieu de lui hurler dessus comme tu m’as dit que tu avais fait, tu auais du le lui dire tout simplement. Comment veux-tu qu’il sache ce qui ne va pas si tu ne le lui dit pas ? Il n’est pas dans ta tête !
- Oui, sans doute, mais…
- Oui, mais ! S’exclama Julian en éclatant de rire. Tu ne serais pas du genre à vouloir avoir toujours raison ? Demanda-t-il en adressant à l’adolescent un sourire malicieux.
Raphaël lui adressa un petit sourire timide alors que le rouge lui montait aux joues.
- Si je te dis cela, Raphaël, c’est parce que je le sais. Ecoute l’expérience de tes aînés ! S’exclama Julian en riant.
Le silence s’installa entre les deux garçons. Raphaël méditait les paroles de ce garçon plein de bon sens. Puis, au bout d’un moment, Julian déclara en avisant l’heure tardive :
- Je  parie que ton copain ne sais pas que tu es là… Je me trompte ?
Raphaël se contenta d’hocher négativement la tête et Julian poursuivit :
- Tu ne crois pas qu’il serait temps que tu rentres ? Il doit vraiment se faire du soucis…
- Oui… Je… Merci, Julian, murmura l’adolescent en lui tendant son mouchoir avec hésitation.
- Garde le va ! sourit le jeune homme. Tu en as plus besoin que moi. En tout cas, reprit-il après un court silence, je suis heureux de t’avoir rencontré, Raphaël. Tu es une personne formidable. J’espère sincèrement que tes problèmes vont s’arranger…
- Merci Julian, répéta Raphaël. Moi aussi je suis heureux d’avoir fait ta connaissance. Cela faisait longtemps que je n’avais pas parler à des gens aussi compréhensif, cela m’a vraiment fait du bien. Merci de m’avoir écouté…
- Je t’en prie. Allez ! Rentre vite, le temps est à l’orage.
Sur ses mots, Julian tourna les talons et disparu dans l’allée du parc. Raphaël le regarda s’éloigner et ne fut sortit de ses pensées que lorsqu’il sentit une goutte d’eau attérir sur son visage. Il jura mentalement et se mit à courir en direction de chez lui alors que la pluie gagnait en intensité.
Raphaël courait dans les rues de la ville. Ses poumons le brûlaient, mais pour rien au monde il n’aurait ralentis sa course. Déjà la pluie tombait à verse, si bien qu’en l’espace d’un instant, il se retrouva complètement trempé. Malgré cela, il continua à courir, même si à présent, c’était devenu absolument inutile.
Paradoxalement, plus il se rapprochait de la maison, plus il sentait la tension qui l’avait quitté revenir au galop. Il allait de nouveau se retrouver face à Daevlyn et il ne pouvait s’empêcher d’angoisser. En plus de sa nervosité, il sentait la colère renaître en lui. Il se doutait parfaitement que l’adulte l’attendait de pied ferme derrière la porte pour le chopper au passage.
il allait avoir droit à un brassage en règle. En plus d’être partis sans rien dire, il était resté plusieurs heures dehors et revenait trempé jusqu’aux os.
Alors qu’il arrivait à l’angle de la rue, il ralentis l’allure, sentant subitement tout son courage et sa détermination l’abandonner lachement. Il savait qu’il allait encore s’engueuler avec Daevlyn et son coeur se contractait à cette simple pensée.
Cependant, c’était plus fort que lui, il ne pouvait s’empêcher de réagir violemment à chaque réflexion venant de son amant. Il avait quelque chose qui l’énervait et l’exaspérait, cette façon d’être toujours sur son dos au mindre changement de comportement. Et malgré cela, il l’aimait. Il l’aimait à en creuver et il souffait de cette situation invivable et de ce trop plein de sentiment qui étreignait son coeur d’une poigne de fer dans un gant de velour.
Avec hésitation, il ouvrit la porte et entra. A l’intérieur, la maison était plongée dans la pénombre et un silence religieux y régnait. Mais à peine la porte fut-elle refermée derrière lui que Daevlyn déboula en trombes dans l’entrée et lorsqu’il aperçut l’adolescent, il demanda d’une voix sèche et autoritaire :
- Où étais-tu ? J’étais mort d’inquiétude !! Et en plus tu es totalement trempé !!
- Oh ça va ! Soupira l’adolescent en tentant de refouler l’élan de colère qui naissait en lui. Lâche moi un peu !
- Tu te rends compte que je me suis imaginé le pire en ne te voyant pas revenir ! S’exclama Daevlyn en haussant le ton sans tenir compte des protestations de Raphaël.
- Et toi tu te rends compte que tu me saoules ? S’emporta l’adolescent.
A peine ces mots franchirent-ils la barrière de ses lèvres que Raphaël les regrettait déjà amèrement. Cependant, emporté dans son élan et fatigué aussi bien mentalement que physiquement, il poursuivit, tentant de justifier ses derniers mots :
- Je suis plus un gamin, Daevlyn ! Je suis libre de faire ce que je veux sans avoir sans cesse des comptes à te rendre !
Sans laisser à l’adulte le temps de répondre quoi que ce soit, il se précipita dans les escaliers et passa en coup de vent dans sa chambre prendre des vêtements secs avant d’aller s’enfermer dans la salle de bain.
Là, il jeta ses affaires trempées dans la machine à laver et se sécha rapidement les cheveux avant de les natter sans prendre le temps de les démêler, n’ayant ni le courage ni l’envie de se prendre la tête avec ça pour le moment.
Puis, épuisé, il retourna dans sa chambre et se coucha. En bas, il entendait Daevlyn s’agiter. L’adulte semblait ruminer sa rancoeur et sa colère, tournant en rond comme un lion en cage.
Et Raphaël le remerciait mentalement de ne pas avoir engager les hostilités après qu’il l’ai renvoyé paître assez méchamment. L’adulte semblait avoir compris qu’il étouffait et il le remerciait de lui laisser un peu de liberté.
Son coeur se serra dans sa poitrine et les larmes aux yeux, il se recroquevilla sur lui-même en position foetale. Il attrapa son oreiller et le serra tout contre lui. A défaut d’avoir la chaleur de Daevlyn, il sentait son odeur.
Il inspira profondément l’odeur imprégnée de son amant tout en laissant libre court à ses larmes. A présent, il ne controlait plus ses émotions et ses sanglots résonnaient dans la chambre comme un cri de désespoir. Cependant, ne souhaitant pas encore avoir à faire face à Daevlyn, il enfoui sa tête dans l’oreiller, etouffant ses sanglots déchirants.
C’est ainsi que Daevlyn le trouva une heure plus tard, sauf que Raphaël s’était endormis. Lorsqu’il le vit, Daevlyn s’approcha du lit et d’un geste empli de douceur, il déposa ses lèvres sur la joue de l’adolescent. Raphaël remua dans son sommeil et soupira de bien être avant de se retourner instinctivement vers cette source de tendresse et de chaleur, ensserrant la taille de l’adulte en une étreinte possessive et murmura :
- Je t’aime Daevlyn… Pourquoi tu me fais ça…
Une larme coula sur sa joue et l’adulte l’essuya du bout du pouce. Au bout d’une petite heure, en entendant la porte d’entrée claquer, il s’arracha difficilement à l’étreinte de l’adolescent qui, sentant la chaleur protectrice et rassurante de l’adulte s’éloigner, il murmura :
- M’abandonne pas… Je t’en prie… Reste avec moi…
- Je ne pars pas mon ange, répondit Daevlyn en un murmure tout en lui caressant tendrement les cheveux. Je reste avec toi…
L’adolescent soupira de soulagement avant de concentir à relacher  sa prise autour de l’adulte qui en profita pour s’éclipser de la chambre à pas de loups.
Une heure s’écoula de nouveau avant que Raphaël ne se réveille. Papillonnant des yeux, il mit un moment à se resituer. Les volets avaient été fermés et la pénombre régnait dans la chambre. Des voix au rez-de-chaussez attirèrent son attention, parmis elles, il reconnu aisément celle de Daevlyn. Il aurait pu la reconnaître en milles… Sa voix si grave et douce à la fois, cette tendresse particulière qu’il n’avait pas conscience d’adopter lorsqu’il s’adressait à luiet ses intonations que lui seul avait… Tous des petits détails qui n’avaient pourtant pas échappés à l’oreille habituée de l’adolescent, qui connaissait son amant dans les moindres détails.
Après un instant d’hésitation, il finit par se lever et sans bruit, il descendit les escaliers. Arrivé sur le pas de la porte, il s’arrêta pour observer sa famille. Tous mangeaient, parlant de tout et de rien. Son coeur se gonfla d’un amour infini et malgré la tristesse qu’il éprouvait, une pointe de bonheur vint éguailler sa soirée.
Ce fut Pierre qui le vit le premier. Stoppant sa phrase en plein milieu, il lui adressa un sourire radieux et tira la chaise à côté de lui, l’incitant par ce geste à venir se joindre à eux. L’ayant vu, tous se tournèrent dans sa direction, attendant un geste de sa part.
Affreusement gêné d’être subitement devenu le centre d’intérêt, Raphaël leur adressa un petit sourire timide, tout en évitant au maximum de croiser le regard impassible de son amant. Sous le regard bienveillant des adultes, il vint prendre place entre Pierre et Daevlyn, pendant que Suzanne remplissait son assiette.
- Alors mon garçon, tu as bien dormis ?
- Ou… Oui, répondit timidement l’adolescent en gardant obstinément les yeux rivés sur son assiette. Pardon…
- Pardon de quoi ? D’avoir dormi ? Tu n’as pas à t’excuser pour cela mon garçon, répondit Pierre avec un sourire rassurant. Tu n’es pas le premier à qui cela arrive !
Raphaël ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête. En silence, il se mit à manger pendant que Linsday reprennait le récit de sa journée d’école. Abby lui lançait parfois des regards interrogatifs et Morgan évitait au maximum de le regarder tandis que Raphaël en faisait de même avec Daevlyn. L’adulte devait encore lui en vouloir profondément car il ne lui avait encore pas adressé la parole. Bien que Raphaël comprenne cette attitude, il était blessé et se faisait violence pour ne pas se mettre à pleurer devant tout le monde.
Malgré qu’il ne la regardait pas, Raphaël pouvait parfaitement sentir le regard de Suzanne se poser tour à tour sur Raphaël puis Daevlyn, tentant de comprendre la raison de cette distance entre eux.
L’adolescent passa le reste de la soirée cloitré dans son mutisme, ne répondant que très brièvement aux questions qui lui étaient posées. Suzanne, quant à elle, s’inquiétait de plus en plus de l’attitude de Raphaël, si bien qu’elle décida que quoi qu’il en pense, elle parviendrait à lui faire cracher le morceau, de gré ou de force, ne supportant plus de voir son air triste et abattu.
A la fin du repas, Raphaël aida sa mère à ranger la cuisine puis alla se vautrer dans le canapé devans la télévision. Puis, ne trouvant aucun intérêt à rester là, il finit par se lever et après avoir souhaité une bonne fin de soirée à tout le monde, il monta dans sa chambre.
Une fois en pyjama, il attrapa un livre et s’installa de son côté du lit. Pendant plus d’une demi heure, il feuilleta distraitement quelques pages sans les comprendre, n’ayant pas l’esprit assez concentrer, avant de finalement refermer le livre. Etonnement, c’est sans trop de mal qu’il parvient à s’endormir.
Il ouvrit les yeux en sursautant en entendant des pas dans la pièce. Les battements de son coeur s’accélérèrent incrçoyablement lorsqu’il reconnu la démarche silencieuse de son amant. Cependant, il ne fit rien aui aurait pu le trahir et s’efforça à rester immobile et silencieux. A son grand étonnement, Daevlyn vint s’asseoir sur le bord du lit et resta là à l’observer longuement, sans pour autant le toucher. De son côté, Raphaël gardait obsitnément les yeux fermés et tentait de rester impassible, calmant au mieux les battements frénétiques de son coeur.  Certes, il se trouvait lâche de ne pas oser affronter Daevlyn, mais il n’avait pour le moment pas la force de le faire, car il savait qu’il s’effondrerait en larmes au premier mot prononcé. Alors, malgré son envie d’en finir avec ce conflit, de pouvoir à nouveau sentir la présence de Daevlyn près de lui, il ne bougea pas, s’insultant mentalement, maudissant sa lâcheté.
Au bout d’un temps uqi lui parut interminable, Daevlyn finit par se lever et traversa la chambre. Une fois de son côté, Raphaël l’entendit se déshabiller avant de se glisser dans le lit à ses côtés, quelques secondes plus tard.
Raphaël retenait sa respiration, appréhendant un geste quelconque de la part de son amant. finalement, Raphaël entendit Daevlyn soupirer longuement et se tourner vers lui. A la respiration régulière de Daevlyn, Raphaël comprit qu’il s’était endormi. N’osant plus bouger, Raphaël sentait le souffle chaud de l’adulte effleurer sa peau en une douce caresse aérienne. Même si Daevlyn ne le touchait pas, il pouvait sentir sa chaleur émaner de lui, cette même chaleur qui lui réchauffait le coeur et lui faisait perdre la tête.
Raphaµël devait se faire violence pour ne pas laisser ses pulsions prendre le dessus et résister à son envie de le serrer dans ses bras et lui dire à quel point il l’aimait. Pourtant, sa rancoeur était toujours présente et il se doutait bien que l’adulte ne lui pardonnerait pas aussi facilement son comportement insolent.
Lorsqu’il fut certain que Daevlyn dormiait profondément, ayant trop honte de se retrouver nez à nez avec Daevlyn, il se tourna vers lui  et l’observa un long moment durant, contemplant avec amour les traits gracieux et détendus de son visage endormi. il paraissait tellement serein ainsi… A cette pensée, Raphaël sentit les larmes lui monter aux yeux. Tout était de sa faute… Si seulement il n’était pas aussi entêté et immature, il ne causerait pas autant de soucis à Daevlyn… Il avait l’impression de n’être qu’une source de problèmes pour l’adulte et s’en voulait terriblement. A bien y réfléchir, qu’avait-il apporté à Daevlyn depuis qu’ils se connaissaient apart des ennuis continuels ? Il n’avait jamais rien fait de conséquent, et quand il pensait à tout ce que l’adulte avait fait pour lui, il ne pouvait s’empêcher de culpabiliser… Tout ceci était arrivé à cause de lui… Depuis qu’il avait croisé la route de Daevlyn il lui avait apporté que des malheurs.
Parfois, Raphaël arrivait à douter que leur relation puisse les mener quelque part un jour, et il se demandait comment Daevlyn avait pu tomber amoureux d’un gamin comme lui. Lui, l’adulte mature et responsable, amoureux d’un gamin à peine sortit de l’adolescence, inutile et bon à rien. Raphaël, adolescent perdu et méprisé par la vie, avait trouvé en Daevlyn un point de repère stable à qui se raccrocher, un pilier qui avait toujours été là pour lui même dans les moments les plus difficiles. Puis, au fil du temps, de point d’encrage, il était passé au statut d’indispensable à sa vie, et aujourd’hui, Raphaël ne savait que trop bien que s’il perdait Daevlyn, il n’y survivrait pas…
Alors qu’il le contemplait, les yeux remplis d’un amour infini, il finit par ceder à la tentation qui lui nouait l’estomac depuis quelques instants et repoussa une mèche de cheveux rebelle et déposa délicatement ses lèvres sur sa joue, murmurant un “je t’aime” au creux de son oreille. Puis, le plus discrêtement possible, il s’extirpa du lit et comme la veille, il descendit dans le salon. Il avait besoin de réfléchir à tout cela, réfléchir à son comportement et aux paroles de Julian, sans influence d’aucune sorte, et Daevlyn était une influence…
A peine fut-il installé dans le canapé que le grincement caractéristique des escaliers attira son attention, le tirant de ses sombres pensées. Un instant plus tard, la voix de Suzanne retentit dans son dos, encore enraillée de sommeil :
- Raphaël, mais qu’est-ce que…
Elle ne termina jamais sa phrase. Les sanglots qui secouaient le corps de l’adolescent suffirent à l’alarmer, et c’est totalement réveillée qu’elle se précipita vers lui :
- Que se passe-t-il, mon chéri ?
Raphaël, ne répondit rien, et au regard supliant et rempli de douleur que lui adressa l’adolescent, elle comprit :
- C’est Daevlyn n’est-ce pas…
Elle soupira bruyamment, signe qu’un début d’énervement et d’exaspération menaçait d’exploser et reprit, d’une voix ferme mais douce, ne souhaitant pas apeuré l’adolescent :
- Maintenant ça suffit Raphaël ! Cesse de faire ton entêté et raconte moi ce qui ne va pas ! On a tous sentit la tension qu’il y a entre toi et Daevlyn… Je m’inquiète pour toi mon chéri, et Daevlyn aussi…
Un nouveau sanglot s’échappa des lèvres entrouvertes de l’adolescent, et reniflant bruyamment, il commença d’une voix hésitante :
- Je… J’ai été odieux avec Daevlyn… Maman, je m’en veux tellement, tout est de ma faute… Je lui ai parlé méchamment, je n’aurai pas dû…
- Raconte moi, Raphaël… Libère ce que tu as sur le coeur, cela ne pourra que te soulager… Vient là, ajouta-t-elle en tendant les bras vers son fils, l’invitant à venir prendre place sur ses genoux.
- Tu te rapelles, reprit la jeune femme, tentant de détendre l’atmosphère, comme quand tu étais petit… Alors, dis moi tout…
- Je n’aurais jamais du revenir, commença l’adolescent dans un sanglot. J’ai l’impression de ne pas avoir ma place parmis vous. Asiel se serait beaucoup mieux adapté à cette nouvelle vie, et de toute façon, à qui aurais-je manqué ?
Suzanne resta stupéfaite par les paroles prononcées par son fils. Abasourdie, elle s’exclama :
- Est-ce… Est-ce que tu te rends compte ce que tu viens de dire ? Comment peux-tu seulement penser une chose pareille ?
Raphaël ne répondit pas tout de suite, reniflant bruyamment, avant de reprendre :
- Et je ne suis pas le seul à le penser ! S’exclama-t-il sèchement, sentant la colère et la tristesse le gagner de nouveau.
- Explique toi, demanda Suzanne, tentant de rester calme bien qu’à cet instant elle usait de toute sa volonté pour ne pas s’emporter contre son fils.
- Daevlyn, il… il ne m’aime pas… Ne me dit pas le contaire, ajouta-t-il en voyant Suzanne ouvrir la bouche pour parler. Il… Il l’a dit… Je l’ai entendu l’autre soir, il… Il a parlé dans son sommeil… Il disait… Il suppliait Asiel de ne pas l’abandonner, qu’il l’aimait… Et moi, s’emporta-t-il subitement, est-ce qu’il a pensé à moi ? Est-ce qu’il à pensé au mal qu’il me faisait ! Et après il se permet de me faire des réflexions sur mon comportement, alors que je devrais la fermer et faire comme si de rien n’était ? Je suis pas à sa disposition, il y a des choses que je peux accepter, mais me faire prendre pour un con ça fait partie des choses qui ne passent pas !
- Et tu ne crois pas que tu aurais pu m’en parler ?
Suzanne et Raphaël sursautèrent en même temps au son de la voix qui retentie dans leur dos. Voix que Raphaël ne connaissait que trop bien… Honteux, il n’osa pas se retourner, par peur de croiser le regard de l’adulte qu’il imaginait empli de colère.
- Sérieusement Raphaël… reprit Daevlyn un court instant plus tard en s’agenouillant devant son jeune amant. Pourquoi n’es-tu pas venu m’en parler au lieu de ruminer ton amertume et ta rancoeur tout seul dans ton coin, pendant que je m’inquiétais pour toi ?
- Je vous laisse, déclara Suzanne en déposant Raphaël sur le canapé à côté d’elle. Je crois que vous avez des choses à vous dire.
Sur ces mots, elle se leva et après un regard d’encouragements à son fils, elle quitta le salon. Raphaël l’entendit se diriger vers la cuisine et se concentra sur le bruit qu’elle faisait. Honteux, il n’osait pas regarder Daevlyn dans les yeux, de peur d’y lire queluqe chose qui pourrait le blesser d’avantage, comme des reproches ou de la déception.
Cependant, lorsque Suzanne fut remontée à l’étage, Daevlyn engagea les hostilités :
- Tu m’expliques ? Demanda-t-il en s’efforçant de garder un ton calme et posé.
- Y’a rien à expliquer, bougonna l’adolescent de mauvaise foi.
- S’il te plait Raphaël, reprit Daevlyn en poussant un soupire de lassitude. Ne commence pas ce petit jeu et cesse tes gamineries, cela devient lassant. Tu es adulte ou tu ne l’es pas ? J’en ai franchement marre de ces malentendus entre nous. Alors tu arrêtes ton cinéma cinq minutes et tu me racontes ce qui ne va pas.
Raphaël lui lança un regard meurtier, n’approuvant pas les paroles de son amant. Si Daevlyn voulait vraiment savoir, alors il saurait ! Envahit d’une foule de sentiments tous plus variés et flous les uns que les autres, Raphaël s’exclama, sans trop élever la voix pour autant :
- Pouquoi m’avoir dit que tu m’aimais alors que chaque instant que l’on a passés ensemble, c’est Asiel que tu aurais voulu avoir à tes côtés ?
- Qu… Quoi ? S’exclama Daevlyn abasourdit.
- Qu’est-ce qu’il a de plus que moi ? Reprit l’adolescent plus calement, sans prendre en compte l’intervention de l’adulte, la voix brisée par des sanglots et des larmes inondant ses joues. Je t’aime Daevlyn… Je t’aime tellement que je pourrais creuver pour toi… Mais cela tu t’en fou…
L’adolescent se tut, n’en supportant pas d’avantage et laissa libre court à ses sanglots qu’il ne parvenait pas à contenir. Assis sur le canapé, les genoux remontés contre son torse, il attendait avec appréhension la réponse de Daevlyn. Finalement, après de longues secondes d’attente, l’adulte déclara d’une voix qui avait perdue toute sa durté :
- Comment peux-tu penser une telle chose, Raphaël ? Ne t’ais-je pas suffisament démontré mon amour pour toi ? Que dois-je faire, Raphaël ? Peux-tu me dire ? J’ai toujours été sincère et honnête avec toi. Je t’aime comme j’aimais Asiel, mais Asiel est parti à présent, et ne fais plus qu’un avec toi. Je vous ai aimé autant l’un que l’autre et je continuerais à vous aimer tout les deux car quoi qu’il en soit, je continue à penser qu’il vit à travers toi. Tes actes, tes paroles, ton comportement parfois excessif… Tout en toi en est la preuve. Quant à savoir ce que j’ai dit dans mon sommeil, je n’en ai aucune idée, mais je te connais suffisament pour savoir que si tu réagis ainsi, c’est qu’il a dut se passer quelque chose… Imagine toi un instant à ma place. Un des deux garçons que tu aimes te dit “adieux”, comment réagirais-tu ? Soit certain que je compred ta douleur et ton chagrin. Soit également sûr que si j’avais pu retenir ces paroles, je l’aurais fait si cela aurait pu éviter de te blesser… Je t’aime Raphaël. Je n’ai jamais cherché à me jouer de toi et je préfererais mettre fin à mes joues plutôt que de te faire une chose pareille, tu es bien trop précieux à mes yeux. Tu représentes toute ma vie, j’ai placé mon destin entre tes mains… C’est toi qui m’a fait découvrir la véritable signification du mot aimer…
Raphaël ne répondit pas tout de suite, prenant le temps d’analyser et de digérer toutes les informations qu’il venait de reçevoir.
Puis, étouffant ses pleurs, il gémit plus qu’il ne déclara :
- J’ai honte Daevlyn… Je m’en veux tellement d’avoir été aveugle, je… Je t’aime tellement que ça en est douloureux, je… Je ne te mérites pas… Je ne mérite pas l’amour que tu m’offres, je n’en suis pas digne…
- Ne crois-tu pas que cela, c’est à moi d’en juger ?
Seul un hoquet de sanglots retenus brisa le silence nocturne. Raphaël était complètement perdu et ne savait plus que penser, Daevlyn semblait tellement sincère…  La flamme qui brillait dans ses yeux émeraudes était la même qui illuminait son regard lorsqu’il lui faisait l’amour…
Face au silence de son amant, Daevlyn se leva et vint s’asseoir à ses côtés. Il passa sa main sur son épaule et l’attira doucement à lui. Raphaël se laissa faire, il attendait depuis trop longtemps de retrouver la chaleur de ses bras et avait trop besoin de se sentir aimé et protégé.
Les mains crispées sur la chemise de Daevlyn, Raphaël se cramponait à lui comme si sa vie en dépendait, comme s’il craignait de le voir disparaître. Seules quelques bribes de phrases comme “je t’aime”, “pardonne moi” ou alors “ne me laisse pas” franchissaient inlassablement, entre deux sanglots, les lèvres de l’adolescent. Supplications auxquelles Daevlyn répondait par des mots, des baisers ou en rafermissant son étreinte autour de sa taille, tandis que les bras de Raphaël se resserraient sur sa nuque dans le désir de le sentir toujours plus près de lui.
Finalement, terrassé par ses pleurs, Raphaël finit par s’endormir étroitement enlacé par l’adulte. Ne souhaitant pas le réveiller, Daevlyn s’allongea dans le canapé, entrainant le corps inerte de Raphaël et le faisant s’allonger sur lui afin de ne pas l’écraser par son poids.
Lorsque Suzanne se leva dans la matinée, ce fut la longue chevelure de Raphaël traînant par terre qui attira son attention. Intriguée, elle entra dans le salon et un sourire tendre vint étirer ses lèvres à la vue de son fils et Daevlyn endormis tendrement enlacés. La tête reposant sur l’épaule de l’adulte, Raphaël avait le visage enfoui dans son cou et un bras jalousement posé sur sa hanche. Daevlyn quant à lui enserrait possessivement la taille de l’adolescent. Comme elle l’avait fait la veille,, elle déposa une couverture sur leur corps endormis avant de quitter la pièce sans faire de bruit afin d’aller préparer le petit déjeuner pour tout le monde. Aujourd’hui étant samedi, cela leur ferait l’occasion de tous se retrouver pour le petit déjeuner.
Les éclats de rires étouffés de Raphaël attirèrent son attention et souhaitant savoir comment s’étaient déroulées leur réconciliations, elle alla retrouver les deux amants dans le salon.
- Ca va ? demanda-t-elle plus pour la forme que pour la réponse en elle-même.
- Voui, répondit l’adolescent en rougissant.
Puis, après avoir reçu une réponse positive à la question muette posée à Daevlyn, il tendit la main à Suzanne en une invitation à venir les rejoindre. La jeune femme ne se le fit pas dire deux fois et vint rejoindre les deux garçons qui s’étaient assis entre temps. Elle prit place à côté de son fils qui, lorsqu’elle fut installée, lui sauta dans les bras.
Suzanne lui rendit son éteinte alors que Raphaël invitait Daevlyn à venir plus près. Ainsi entouré des deux personnes qu’il aimait le plus au monde, Raphaël se sentait incraoyablement bien. Le stress et le poids qu’il avait sur le coeur depuis deux jours s’étaient comme envolés et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Ils restèrent un long moment ainsi, Raphaël ayant besoin de cela, jusqu’à ce que des pas discrets se fassent entendre dans les escaliers. Peu de temps après, Abby faisait son apparition dans le salon. D’abbord surprise de les trouver ainsi, elle se reprit bien vite et alla leur dire bonjour, déposant un bisou sur la joue de chacun. Raphaël ne cacha pas sa surprise, puis comprenant les intentions de la jeune fille, fit comme elle et enterra la hâche de guerre. Se décalant un peu plus contre Daevlyn, il invita Abby à avenir prendre place entre lui et Suzanne. Abby le remercia d’un sourire radieux et après s’être installée, elle se pencha vers lui et lui murmura à l’oreille :
- Pardon, petit frère…
Emu, Raphaël ne répondit rien, mais adressa à la jeune fille un sourire radieux empli de reconnaissance, tandis que des larmes de bonheur faisaient scintiller son regard aux reflets pourpres.
Avisant l’heure tardive ils décidèrent d’un accord commun, de commencer à manger, les autres les rejoindraient lorsqu’ils se réveilleraient.
Assis devant son bol de céréale, Raphaël était plongé dans ses pensées, réfléchissant à un programme pour la journée. Car depuis qu’ils étaient arrivés, ils n’avaient pas bougés de la maison, et il souhaitait faire découvrir à Daevlyn toutes ces choses que Suzannes lui avaient montrées lorsqu’il était venu passer quelques jours chez sa mère.
- Maman, commença timidement l’adolescent.
- Oui mon chéri ?
- On… On pourrait emmener Daevlyn, tu sais, là où tu m’avais emmener… Avec le parc magnifique où il y avait les indiens…
- Le Yosemite National Park ?
- Oui voila, c’est ça ! Je ne me souvenais plus du nom… Alors, on pourra ?
- Je ne vois pas d’inconvénient, on pourrait aussi demander aux garçons s’ils souhaitent se joindre à nous.
- Oui, ça serait bien, une sortie en famille !
Personne ne répondit rien à l’exclamation de l’adolescent, mais chacun n’en pensait pas moins. Sans même s’en rendre compte, Raphaël venait de dire tout haut, ce que tous pensaient tout bas.
Pierre, Lindsay et Morgan choisirent ce moment pour faire leur apparition et furent accueili par quatre sourires radieux. Alors qu’ils prenaient place à table, Suzanne prit la parole :
- Raphaël veut emmener Daevlyn visiter le parc du Yosémite et on a pensé qu’on pourrait y aller tous ensemble, qu’est-ce que vous en dites ?
- Oui, répondit Pierre. Cela pourrait être une excellente idée ! Pourquoi ne pas partir la journée et pique-niquer sur place, en plus, le temps est idéal pour cela.
- Pour aujourd’hui cela risque d’être un peu court, mais on peut prévoir cela pour demain, moi, cela me paraît être un bon emploi du temps non ?
- Oui, pourquoi pas ! S’exclama Abby enthousiasmée par l’idée. Et pour aujourd’hui on pourrait peut-être aller plus près, histoire de leur faire découvrir la ville non ?
- C’est envisageable, répondit Suzanne.
- Sinon, déclara Morgan en ouvrant la bouche pour la première fois, il y a aussi la possibilité d’aller à la plage.
Un silence gêné acceuilli cette proposition. Seule Lindsay semblait enchantée par cett eidée et n’hésitait pas à le faire savoir. Raphaël quant à lui, en avait lâché sa cuillière de stupéfaction, ne s’attendant pas à une telle proposition. Tous les regards, hormis ceux de Daevlyn et Suzanne, se posèrent sur lui, intrigués, tandis que l’adolescent gardait obstinément les yeux rivés sur son bol, n’osant pas relever la tête.
- Qu’est-ce que j’ai dit ? Demanda Morgan en lançant un regard interrogatif à sa soeur qui haussa les épaule en signe d’ignorance.
- Pardon, s’excusa Raphaël, d’une petite voix. Oui, on… On pourra aller à la plage aussi !
A peine eut-il terminé sa phrase qu’il sentit le regard interrogateur de Daevlyn et Suzanne se poser sur lui. Comprenant leur étonnement, il leur adressa un sourire rassurant, leur faisant comprendre qu’il gérait la situation et qu’il ne les empêcherait pas d’aller s’amuser.
Une fois l’emloi du temps déterminé pour les deux jours à venir, le petit déjeuner se termina dans le calme. A la fin de celui-ci, Daevlyn attrapa Raphaël au vol alors qu’il sortait de la cuisine et le serrant contre lui, il le guida dans le salon déserté.
Sans le lâcher pour autant, il déclara d’une voix douce exempte de tout reproche :
- Je ne comprend pas pourquoi tu as accepté d’aller à la plage, mais si tu l’as fait, c’est que tu dois avoir ta petite idée en tête et je te fais confiance. Dis moi seulement, que comptes-tu faire ?
- Rien, je ne me baignerais pas, c’est tout, répondit l’adolescent en lui souriant tendrement. Je ne voulais pas gâcher leur journée, reprit-il sur un ton plus grave et sérieux, et puis, de toute façon, il faudra bien que j’arrive à surmonter ce dégoût que m’inspire mon corps…
- Tu n’as pas peur qu’ils te posent des questions ?
- Si, murmura l’adolescent, c’est un risque à prendre… Mais au fait, s’exclama-t-il en changeant de sujet. Tu n’as pas l’impression d’avoir oublié quelque chose à tout hazard ?
Sachant parfaitement à quoi faisait alusion l’adolescent, Daevlyn prit un air faussement surprit et demanda en toute innocence :
- Ah bon ? Quoi donc ?
- Oh je n’sais pas, répondit l’adolescent en souriant, cherche au fond de ta mémoire…
Daevlyn fit mine de chercher assiduement les insinuations de l’adolescent, avant de déclarer :
- Je suis désolé, gémit l’adulte d’une petite voix faussement implorante, je ne me souviens pas…
- Vraiment ? Interrogea Raphaël. Et si je fais ça ?
A ces mots, il se leva sur la pointe des pieds et déposa délicatement ses lèvres sur celles de l’adulte, en une caresse aérienne. Puis, sans plus approfondir leur échange, il se recula et planta son regard dans celui de Daevlyn avant de reprendre :
- Cela ne te rappel pas quelque chose ?
- Hum peu être… Réessaye pour voir, histoire de me rafraîchir la mémoire…
A peine eut-il terminé sa phrase, que Raphaël l’attrapait par le col de sa chemise et l’attirait à lui avant de s’emparer de ses lèvres avec avidité, lui offrant un baiser bien plus prononcé que le précédent. Pour la première fois depuis un temps qui lui avait parut incroyablement long, Raphaël savourait la douceur de la langue de Daevlyn qui se mêlait à la sienne en un ballet des plus sensuels.
Les mains de Daevlyn qui, jusqu’à présent, étaient bien sagement posées sur les hanches de l’adolescent, dévièrent vers le sud pour aller terminer leur course sur ses fesses. Leurs gémissements étouffés mourraient dans la bouche de l’autre, avant même d’avoir pu éclore.
C’est ce moment que choisit Lindsay pour entrer en trombe dans le salon en criant un “je suis prête” retentissant, presque aussitôt suivie par Abby.
- Oups ! fit l’adolescente, un sourire malicieux étirant ses lèvres, en avisant la position comprométante des deux amants. Je vous laisse, ajouta-t-elle en leur adressant un sourire équivoque avant de quitter la pièce, entraînant Morgan à sa suite.
Seule Lindsay resta dans le salon, lançant un regard interrogatif à sa soeur. Püis, reportant son attention sur Daevlyn et Raphaël, elle leur adressa un sourire radieux et demanda à l’attention de Daevlyn :
- Pourquoi tu tiens Raphaël dans tes bras ?
- Parce que je l’aime, répondit l’adlte simplement. J’aime le tenir dans mes bras.
- Ah ! Et moi, tu ne me tiens pas dans tes bras… Ca veut dire que tu m’aimes pas ?
Daevlyn lui adressa un sourire plus prononcé, tandis que lui et Raphaël se faisaient violence pour ne pas rire à la question innocente mais pleine de bon sens de la petite fille. Lâchant l’adolescent, il s’agenouilla et tendit les bra en direction de Lindsay, l’invitant à venir s’y blottir. La petite fille ne se fit pas prier et se précipita dans les bras de l’adulte, qui se releva, la portant sur la hanche.
- Bien sur que si je t’aime Lin, répondit Daevlyn en déposant un baiser sur sa joue. Mais Raphaël c’est particulier… C’est mon amoureux, souffla-t-il à l’oreille de la petite fille, comme s’il lui dévoilait un secret de la plus haute importance.
Lindsay porta ses deux mains à sa bouche, les plaquant de toutes ses forces sur celle-ci comme pour signifier qu’elle garderait le secret qui lui a été confié. Cependant, ses yeux pétillaient d’une lueur malicieuse qui était non sans rappeler celle que Daevlyn pouvait parfois voir danser dans les prunellesde l’adolescent. A son tour, elle embrassa Daevlyn sur la joue avant de s’exclamer :
- Même si je peux pas être ton amoureuse, je suis quand même contente parce que tu es l’amoureux de mon deuxième grand-frère !
Raphaël resta muet de stupéfaction suite à la déclaration de Lindsay, et ne fut tiré de ses songes, que lorsqu’il sentit un poids s’aggriper à son cou. Reprenant ses esprits, il attrapa la petite fille encore retenue par Daevlyn et la serra contre son coeur, déposant de multiples baiser sur son front et ses cheveux.
- Moi aussi je t’aime fort Lindsay, chuchota-t-il à son oreille. Tu es la petite soeur que j’ai toujours rêvé d’avoir, ajouta-t-il ému.
Ils restèrent un long moment ainsi, puis Daevlyn finit par monter se changer à l’étage. Lindsay toujours collée à lui, Raphaël attendait patiemment que tous se préparent pour partir.
Abby et Morgan furent les premiers arrivés, suivit par Pierre et enfin Suzanne et Daevlyn. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous en route pour la plage, Lindsay marchant entre Daevlyn et Raphaël qui s’amusaient à la soulever dans les airs, lui donnant ainsi l’impression de voler.
Les éclats de rire de la petite fille gonflaient d’amour le coeur de l’adolescent qui, pour la première fois, avait l’impression d’avoir enfin trouvé sa place au sein de cette famille qui était désormais la sienne.
Ils arrivèrent très vite à la plage encore peu peuplée, et Lindsay abandonna aussitôt les deux garçons et se précipita vers la mer afin de toucher l’eau et ainsi se faire une idée de la température de celle-ci. Moins de deux minutes plus tard, elle était dans l’eau et les jumeaux ne tardèrent pas à suivre le mouvement, sous le regard amusé des adultes.
Main dans la main, Daevlyn et Raphaël les regarder s’amuser tandis que Pierre rassemblait leurs affaires et que Suzanne venait à leur rencontre :
- Tout va bien ? Raphaël ?
- Je vais bien maman, lui assura l’adolescent en lui adressant un sourire sincère. Je t’assures.
- Tu nhésites pas à me le dire dans le cas contraire, d’accord !
- Tu as ma paroles. Ne t’en fait pas pour moi.
Suzanne l’embrassa sur le front et à son tour se délesta de ses affaires inutiles.
Lindsay sorti de l’eau et vint prendre Daevlyn par la main :
- Tu viens jouer avec moi, s’il te plait Daevlyn ? Demanda-t-elle à l’adulte, l’adolescent ayant gardé ses vêtements.
Voyant l’hésitation de Daevlyn et sachant pertinamment que celui-ci s’apprêtait à refuser la demande de la petite fille, Raphaël le devança et répondit à sa place :
- Oui Lin, il arrive ! Va mon amour, ajouta-t-il à l’attention de son amant. Va t’amuser, ne t’occupes pas de moi.
Sur ces mots, il l’embrassa furtivement et récupéra les affaires de l’adulte avant d’aller rejoindre Pierre et Suzanne à quelques pas de là.
De là, il observait Daevlyn à loisir. L’adule semblait s’amuser comme jamais auparavant, retrouvant son âme d’enfant. En plus de cela, Raphaël le voyait développer son instinct paternel, protégeant la petite fille des vagues trop fortes en faisant rempart de son corps.
A le voir ainsi, il découvrait un tout nouvel aspect de sa personnalité et l’amour qu’il portait à l’adulte s’en trouvait décuplé. Il aimait la vision de ce Daevlyn protecteur et attentif envers sa petite soeur.
Inconsciement, il en vint à se demander si Daevlyn aurait agit de la même façon avec ses propres enfants. Il se surprit à l’imaginer en train de jouer avec cet enfant, qu’à deux, ils ne pourraient jamais avoir. Raphaël savait parfaitement qu’ils étaient encore jeunes et avaient toute la vie devant eux, mais parfois, l’envie lui prenait de vouloir construire quelque chose avec Daevlyn franchir un pas de plus dans leur relation et fonder une famille.
Certes, il savait très bien que tout ceci n’était et ne resterait qu’un doux rêve et cela lui étreingait le coeur. Il savait aussi qu’un jour Daevlyn se lasserait de tout cela, qu’il aurait envie de passer à autre chose et d’avoir des enfants, chose qu’il ne pourrait jamais lui donner…
Sentant les sombres pensées faire surface, Raphaël se gifla mentalement et reporta son attention sur son amant qui tentait d’apprendre à nager à Lindsay. Un sourire attendrit vint étirer ses lèvres à la vue de ce spectacte tandis qu’à ses yeux, perlaient des larmes de bonheur à l’état pur.
Réalisant alors la présence à ses côtés, il reporta son attention sur l’inconnu et tomba nez à nez avec Abby. Assise à côté de lui, la peau encore trempée, elle lui demanda :
- Pourquoi restes-tu habillé par cette chaleur ? Tu n’as pas chaud ? Tu ne viens pas te baigner avec nous ?
- Je… Je n’aime pas être en t-shirt, commenca l’adolescent avec hésitation.
Puis, face à la moue dubitative qu’il pouvait lire sur le visage d’Abby, il se reprit, tentant d’expliquer du mieux qu’il pouvait le pourquoi du comment :
- En réalité je… J’ai fais des choses dont je ne suis pas fier aujourd’hui et… enfin je…
Voyant le malaise de l’adolescent, la jeune fille posa sa main sur son épaule en un geste apaisant et lui adressa un sourire entendu, lui faisant ainsi comprendre qu’elle comprenait et ne lui demandait pas de se justifier.
- Si tu changes d’avis, répondit-elle simplement,  rejoint nous ! Ajouta-t-elle avant de se lever et de retourner dans l’eau.
Seul assit sur la plage, profitant du soleil, Raphaël regardait avec amusement les jumeaux, Daevlyn et Lindsay, s’amuser à se pourchasser. Plongé dans ses pensées, il ne vit pas Daevlyn arriver à ses côtés et lui lancer quelques gouttes d’eau encore contenue dans ses mains jointes. Surpris, Raphaël poussa un cri d’horreur mêlé à la stupéfaction tandis que Daevlyn éclatait de rire, visiblement fier de son coup.
Raphaël resta un moment figé, sans réellement comprendre ce qui venait de se passer, puis retrouvant ses esprits, un souire sadique vint étirer ses lèvres et d’un bon, il se releva et courut à la poursuite de Daevlyn, dans l’intention de lui faire regretter son geste. L’adolescent essayait en vain de le faire tomber au sol, à l’aide de croche pieds et autres méthodes plus ou moins loyales mais c’était sans compter sur la force et l’agilité de l’adulte que Raphaël ne possédait pas.
Finalement, au bout d’un certain temps, Raphaël finit par rattraper l’adulte et se jetta sur lui, l’entrainant dans sa chute. Ignorant les regards curieux et indiscrets posés sur eux depuis le début, il s’assis, victorieux sur le bassin de son amant et le toisa de toute sa hauteur. Puis, il se pencha vers son cou et lui mordilla sensuellement le lobe de l’oreille. Ne s’attendant pas à cela, Daevlyn poussa un gémissement de plaisir, avant de se reprendre et d’inverser leur position d’un habile coup de rein.
Se retrouvant à présent au dessus de l’adolescent, il lui lança un regard faussement sévère et déclara d’une voix grave :
- Tu as été un vilain garçon… Et les vilains garçons mérites une punition…
Le sourire de Raphaël s’aggrandit à ces mots, et sans cacher son amusement, il répondit :
- Oh oui… Punit moi…
Réagissant au quart de tour à cette injonction, Daevlyn se releva subitement et attrapant les mains de l’adolescent, il le releva vivement. Passant son bas autour de sa taille, il le souleva habilement et sans le moindre effort, le faisant passer sur son épaule avant de l’entraîner vers l’eau.
Comprenant les intentions de son amant, Raphaël se mit à se débattre, criant et se tortillant dans tout les sens pour tenter de se soustraire à l’étreinte de l’adulte. Raphaël sentait le souffle lui manquer tellement il riait, et il n’était pas le seul. Au loin, il pouvait entendre les cris de Lindsay qui encourageait Daevlyn et les éclats de rire des jumeaux et des deux adultes.
Entre deux éclats de rire de devinant les intentions de l’adulte, Raphaël s’exclama :
- Non, Dae… Daevlyn a… Arrête !!
Cependant, les faibles protestations de l’adolescent ne firent aucun effet à Daevlyn qui continuait d’avancer, s’enfoncant toujours plus profondément dans l’eau. Lorsque celle-ci lui arriva à la taille, Raphaël s’exclama :
- De toute façon, tu n’osera pas faire ça…
A peine eut-il terminé sa phrase, que Daevlyn le fit glisser dans ses bras et le portant telle une jeune mariée, il plongea son regard dans le sien et demanda avec un sérieux à la limite de l’effrayant :
- Ah oui, tu crois ça ?
Et avant que Raphaël n’ait le temps de faire ou de dire quoi que ce soit, il le lança dans l’eau aussi facilement que s’il ne pesait rien.
Lorsque l’adolescent refit surface, les cheveux et les vêtements lui collant à la peau, il lança un regard abasourdit à Daevlyn qui le fixait avec une lueur mi sadique mi malicieuse.
Rentrant dans son jeu, Raphaël se jeta sur son amant avec la ferme intention de lui faire payer sa trahison.
Il se pendait de tout son maigre poids à son cou, tentant de lui faire perdre l’équilibre, mais voyant que c’était perdu d’avance, il changea de technique et se mit à l’éclabousser.
Les gerbes d’eau volaient dans tous les sens tandis que chacun essayait de prendre le dessus sur l’autre.
Très vite, ils furent rejoint par Lindsay qui se rangea aux côtés de Daevlyn et Abby et Morgan qui se joignirent tous deux à l’adolescent sous le regard bienveillant et amusé des deux parents.
Souhaitant se venger de Daevlyn, Raphaël se défoulait sur lui, allant même jusqu’à se jeter sur lui pour l’entraîner dans sa chute. Cependant, il faillit bien boire la tase lorsque Lindsay lui sauta dessus sans qu’il ne s’en aperçoive. Abandonnant momentanément sa vengeance, il se tourna vers la fillette et fit mine de lui courir après, avant de l’attraper par la taille et de l’embrasser sur la joue.
Ce simple geste suffit à Lindsay qui se ralia à la cause de Raphaël. Ensemble, il se jetèrent sur l’adulte, et tandis que Lindsay tentait de l’empêcher de trop bouger, Raphaël l’éclaboussait à grande eau.
Lorsque Daevlyn déclara forfait, la fillette sauta de joie autour de son frère avant de se précipiter auprès de Pierre et Suzanne pour leur raconter leur victoire.
Lorsqu’ils furent seuls, Daevlyn attrapa Raphaël par la taille et l’attira délicatement à lui. Il l’entraîna un peu à l’écart de façon à profiter de cet instant de répit, et murmura :
- Pardonne moi mon ange, mais c’était vraiment trop tentant… Cela me faisait mal de te voir seul sur la plage à nous regarder nous amuser, et connaissant ton entêtement, je savais bien que tu ne serais pas venu nous rejoindre…
Raphaël lui adressa un sourire de remerciment avant de répondre :
- Merci mon amour…
Daevlyn lui rendit son sourire et à la vue des frissons qui parcouraient le corps de l’adolescent, il demanda :
- Tu n’as pas froid ?
- Si, un peu, répondit Raphaël. Mais je connais un excellent moyen d’y remédier…
Et sans attendre de réponse, il s’empara des lèvres de Daevlyn en un baiser empli de délicatesse et de douceur.
Lorsque leur langue se rencontrèrent, Raphaël sentit un frisson de chaleur et de bien être parcourir son corps et un feu bien connu sous le nom de désir prendre naissance au creux de ses reins.
Ses bras se refermèrent autour de la nuque de Daevlyn dans le but de réduire au maximum la distance qui les séparait toujours. Sous l’eau, les mains de Daevlyn glissèrent sous les vêtements de l’adolescent pour s’attarder longuement sur la peau satinée de son dos.
Alors que leur désir s’intensifiait au même titre que leur baiser, Daevlyn fit glisser ses mains sur les fesses de son jeune amant, les caressant à travers son boxer qui le collait comme une seconde peau.
Retenant un gémissement de plaisir, Raphaël se cambra violemment contre le bassin de l’adulte, se frottant lascivement contre l’érection déjà conséquente de Daevlyn, et attisant la sienne par des déhanchements sensuels.
Galvanisé par le plaisir du à ces attouchements, Daevlyn mordit la lèvre inférieure de l’adolescent en étouffant un cri de plaisir. Fier de cette réaction, Raphaël dénoua ses doigts et crispant une main sur l’épaule de Daevlyn, il laissa l’autre partir à l’aventure sans pudeur sur son dos avant d’aller se perdre dans son short de bain.
La main de Raphaël caressa avec avidité la peau délicate des fesses de son amant, s’amusant à copier chacun des attouchements que Daevlyn exercait sur lui. Puis, lassé de ce petit jeu, il fit glissser sa main sur la hanche de Daevlyn, pour ensuite les faire passer sur son aine qu’il effleura du bout des doigts, provoquant un frisson de plaisir chez l’adulte. Ses doigts se refermèrent autour de son sex gonflé de désir tandis que l’adulte laissait s’échapper un hoquet de surprise.
Puis, d’un geste habile acquis avec l’expérience, il fit sauter le bouton du jean de l’adolescent et libéra son intimité tendue de désir et de plaisir.
Un petit cri de plaisir franchit les barrières des lèvres entrouvert de l’adolescent tandis que Daevlyn entamait un lent et habile va et vient sur son initmité.
Reprenant ses esprits, Raphaël en fit de même, imprimant sur la virilité de son amant, un langoureux va et vient qu’il agrémentait d’une petite touche de fantaisie, laissant ses doigts dériver plus ou moins rapidement sur son érection qu’il pulser et durcir entre ses doigts.
Au loin, ils entendaient les cris des enfants qui s’amusaient sur la plage, mais ceux-ci se faisaient à chaque seconde qui passait un peu plus lointain et indisociable du bruits de la mer. Alletant de plaisir, Raphaël se leva sur la pointe des pieds et après avoir léché sensuellement le lobe de l’oreille de Daevlyn, il murmura :
- Je parie que tu n’avais jamais fait cela avant…
- En effet… Souffla Daevlyn avec difficultés, mais avoue…. Avoue que c’est terriblement excitant… Souffla-t-il tout contre la bouche de Raphaël qui pouvait sentir son souffle chaud effleurer son visage en une douce caresse aérienne.
Raphaël ne répondit rien mais s’empara avidement des lèvres tentatrices de son amant, les dévorant avec acharnement. Des petits cris de plaisir brut s’échappaient de ses lèvres entrouvertes, aussitôt emporté par le bruit des vagues allant s’échouer sur le rivage, Alors que Daevlyn accélérait ses vas et vient. Sentant que l’adulte était lui aussi proche de la jouissance, Raphaël stoppa aussitôt tout mouvement, arrachant un gémissement de frustration à Daevlyn, avant de reprendre ses caresse en un rythme affreusement lent. Un cri de plaisir muet mourut dans la gorge de l’adulte alors que les attouchements de Raphaël se faisaient plus précis et ciblés.
Ses doigts fins et délicats titillaient sa virilité dans un but bien déterminé, le mener à la jouissance. Après quelques instants, Raphaël sentit Daevlyn se tendre violemment et emportés tous deux par la vague déferlante de jouissance qui s’abattait sur eux, ils jouirent en même temps, se libérant simultanément entre les doigts de l’autre.
Le souffle erratique, Raphaël se laissa aller contre le torse de son amant, respirant son odeur qu’il aimait tant, tentant de retrouver lentement une respiration calme et régulière. Lorsque leur rythme cardiaque fut redevenu calme et régulier, Daevlyn entreprit de rhabiller son jeune amant tandis que Raphaël faisait de même tout en capturant ses lèvres pour un baiser tendre et passionné.
Ils échangèrent un sourire amoureux puis Daevlyn se pencha légèrement vers l’adolescent et demanda :
- Tu viens nager avec moi ? La mer est calme, on peut en profiter…
Et sans attendre de réponse, il s’éloigna sur le dos en direction du large. Un sourire étirant ses lèvres, Raphaël parti à sa suite. Voyant cela, Daevlyn lui tendis la main et lorsque Raphaël s’en empara, il l’attira à lui. Côte à côte, ils nagèrent de longues minutes avant que l’adulte ne finisse par s’arrêter. Là, il déclara à l’adolescent :
- Regarde… Derrière toi…
Obéissant à Daevlyn, Raphaël se retourna et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il constata que la plage n’était plus qu’une fine ligne claire à l’horizon. S’il avait toujours eut un peu peur des grands points d’eau, ici, avec Daevlyn, il se sentait étrangement en sécurité. S’il le lui avait demandé, il l’aurait suivit au bout du monde, quitte à traverser l’océan à la nage. Daevlyn se rapprocha de lui et l’ensserrant en une étreinte possessive, il murmura à son oreille :
- Nous sommes seuls… Rien que nous… Juste toi et moi, ensemble…
Raphaël se retourna, les yeux scintillant d’émotion et de larmes contenues et prit possession des lèvres de Daevlyn avec tendresse et tout l’amour dont il était capable. Les larmes coulaient sur ses joues, silencieuses et discrètes, comme pour ne pas briser cet instant unique qu’ils vivaient, cet instant rien qu’à eux où, pour la première et dernière fois, ils étaient là, rien qu’eux deux, perdu au milieu de la grande bleue, seuls aux yeux du monde…
Après une tendre étreinte et un baiser des plus doux, ils prirent la direction du retour, main dans la main, se laissant porter par les vagues. Lorsqu’ils arrivèrent sur le rivage, Raphaël était épuisé, mais souriait comme un bien heureux. Frigorifiés, ils retournèrent auprès des adultes et des enfants qui les regardaieent avec amusement et admiration, sans pour autant dénouer leurs doigts entrelacés.
- Je suis épuisé, s’exclama Raphaël en se laissant tomber sur la serviette étallée au sol à côté de sa mère.
- J’imagine oui ! Je n’en reviens pas comme vous êtes allés loin ! J’aime même demandé à Pierre si vous aviez l’intention de vous arreter un jour, répondit la jeune  femme en riant. En tout cas, j’en connais deux qui vont bien dormir ce soir, ajouta-t-elle en leur adressant un clin d’oeil.
Comme pour confirmer les paroles de sa mère, Raphaël étouffa un bâillement, s’attirant un sourire amusé de la part de tous. Daevlyn vint alors prendre place aux côtés de l’adolescent et l’entoura de sa serviette de bain afin de le protéger de la brise de vent qui soufflait légèrement. Cependant, les vêtements trempés de Raphaël lui collaient à la peau et l’empêchaient de se réchauffer. Constatant cela, Morgan tandis son jean à l’adolescent, l’incitant implicitement à ce changer et Raphaël lui adressa un petit “merci” timide. A son tour, Daevlyn donna son t-shirt à l’adolescent et se leva. Sachant pertinamment que Raphaël ne se changerait pas tant qu’il ne serait pas à l’abris du regard des autres, qu’ils soient de sa famille ou pas, Daevlyn ouvrit sa serviette, l’incitant à venir s’y réfugier. Raphaël lui adressa un souire de remerciement et lorsqu’il l’eut rejoint, Daevlyn referma la serviette sur eux. Une fois à l’abris des regards indiscrets, Raphaël conscentit à se changer après s’être assurer qu’aucune partie de son corps n’était visible de l’extérieur.
Après avoir enfilé le jean de Morgan trop grand pour lui, il fit passer son t-shirt mouillé par dessus sa tête alors que Daevlyn suivait le mouvement, remontant la serviettes en même temps que Raphaël levait les bras.
Lorsqu’il fut changé, Raphaël vola un baiser furtif à son amant en guise de remerciement et l’adulte lui posa la serviette sur les épaules avant de l’enrouler à l’intérieur, son t-shirt ne dissimulant aucunement les mutilations subies par ses avants bras.
Raphaël retourna s’asseoir à sa place et Daevlyn alla s’agenouiller derrière lui au plus grad étonnement de l’adolescent qui, surprit, tourna la tête dans sa direction. Cependant, son mouvemnet fut interrompu par la main de Daevlyn qui, d’un geste empli de douceur, le força à regarder devant lui. Presque aussitôt, il sentit les doigts de Daevlyn venir se perdre en douceur dans sa chevelure emmêlée, dans le but de les démêler au maximum.
Durant de longues minutes, les doigts habiles de Daevlyn glissèrent dans les cheveux de Raphaël qui soupirait de bien-être sous cette délicates attention.
Très vite, le démélage improvisé se transforma en massage et Raphaêl finit par fermer les yeux et somnoler laissant parfois s’échapper des soupires de satisfaction. Un gémissement de mécontentement se fit entendre lorsque Daevlyn stoppa son massage. L’adulte sourit tendrement avant de déclarer d’une voix douce :
- Tu t’endors mon ange, ce n’étit pas le but recherché… Mais si tu le souhaites, je t’en referais un ce soir si tu veux…
- Hum… Vrai ? demanda Raphaël en étouffant un nouveau bâillement.
- Promis, murmura Daevlyn en l’attirant contre lui.
- Merci, souffla Raphaël. Je t’aime Daevlyn…
- Moi aussi je t’aime mon ange, murmura à son tour l’adulte en l’embrassant sur la tempe.
Un mouvement sur leur gauche attira son attention, alors que Lindsay venait s’asseoir aux côtés de l’adolescent. Elle tendit une petite main timide vers les cheveux de l’adolescent et demanda :
- ‘Aël ? Je peux te coiffer moi aussi ? je promet que je ferais pas mal…
S’il parut surprit par le petit nom qu’employa la fillette, l’adolescent n’en laissa rien paraître et adressant un sourire affectueux à la petite fille, il répondit :
- Oui, si tu veux…
Toute contente, Lindsay vint prendre place derrière Raphaël et comme Daevlyn précédement, elle le coiffa à l’aide de ses doigts, avant de commencer à les tresser avec dextérité, en une natte parfaite.
- Tu as fait une heureuse, déclara Pierre qui, depuis le début suiviait la scène sans faire de commentaire. Mais à ta place, je me méfierais, qui sait ce qu’elle va pouvoir inventer…
- Ce n’est pas grave, répondit Raphaël, si cela lui fait plaisir alors ça ne me dérange pas… Le principal c’est qu’elle s’amuse… Et puis c’est pas comme si c’était la première fois qu’on me touchait les cheveux, ajouta-t-il en fixant Daevlyn avec un sourire en coin.
L’adulte sentit ses joues s’empourprer et Raphaël lui déposa un rapide baiser sur la joue avant de se faire réprimander par l’apprentie coiffeuse, à force de trop bouger.
Jouant le jeu jusqu’au bout, Raphaël resta patiemment immobile pendant un long moment, tandis que la fillette s’amusait à expérimenter des coiffures toutes plus originales et complexes les unes que les autres, sous le regard amusé des adultes.
Au bout d’une petite demi heure, Raphaël commença à avoir les jambes engourdies, et ce fut Suzanne qui vient à son secours :
- Je vais me baigner avant de rentrer, qui m’accompagne ?
- Moiii ! S’exclama Lindsay en se levant, abandonnant Raphaël à son sort.
Moins d’une minute plus tard, elle était de nouveau dans l’eau suivie de près par Suzanne. De la où il se trouvait, Raphaël regardait sa mère jouer avec la fillette qu’il considérait comme sa petite soeur. Plongé dans ses pensées, il fut ramené à la réalité en sentant un poids se poser sur son épaule. Tournant la tête comme il le pouvait, l’adolescent sourit tendrement lorsqu’il s’aperçut que ce poids n’était autre que la tête de Daevlyn. Le menton posé sur son épaule, l’adulte semblait loin dans ses pensées, les yeux rivés vers le large qu’il ne semblait pas voir.
Tendrement, il leva la main vers lui et lui caressa le visage en un geste empli de douceur.
Ce simple geste suffit à ramener Daevlyn à la réalité et Raphaël s’en voulut un peu. Il était tellement beau ainsi, loin de tout, perdu dans ses songes, le regard rêveur… Mais très vite cette culpabilité se dissipa lorsqu’il sentit les lèvres de son amant se poser sur les siennes avec une tendresse inégalable. Raphaël ne se fit pas prier pour répondre au baiser, mais lorsqu’il se rendit compte que Morgan et Abby étaient toujours là et n’avaient rien perdu du spectacle, il mit fin au baiser en s’empourprant violemment. Tout dans le regard d’Abby semblait signifier un “c’est trop mignon”, non formulé mais pensé si fort qu’il n’y avait pas besoin de mots.
La voix de Lindsay demandant à Daevlyn de venir jouer avec elle attira leur attention, et un sourire tendre étira les lèvres du jeune couple.
- Vas-y, murmura Raphaël à l’intention de son amant. Elle t’attend ! Mais attention, pas de bétises !! Je te surveille !! ajouta-t-il en souriant.
- Mais je suis toujours sage, répondit Daevlyn en se levant avant de l’embrasser furtivement et de rejoindre la fillette dans l’eau.
- Ca, ça reste à prouver, fit semblant de râler l’adolescent.
Abby sourit amusée et finit par se lever à son tour, dans le but d’aller rejoindre les autres dans l’eau. A force de conviction, elle parvient à faire en sorte que Pierre cède et l’accompagne à son tour. Raphaël se retrouva alors seul avec Morgan. il lui adressa un petit sourire gêné, toujours aussi intimidé par l’adolescent, puis au bout de quelques minutes de silence pesant, ce fut Morgan qui prit la parole en premier :
- Raphaël… ?
- Oui ? Demanda l’interpellé en se tournant vers son interlocuteur.
- Je… Je peux te parler, s’il te plait ?
- Oui, bien évidement, répondit Raphaël intrigué de la question de Morgan et part le ton gêné avec lequel il formulait sa requête.
- Ca fait longtemps que… que tu es avec Daevlyn ?
Raphaël sembla réfléchir un instant avant de répondre :
- Presque un an… Pourquoi ?
- Oh, comme ça… Et… Comment tu as su ?
- Su que… ? Je l’aimais ?
- Oui, ton homosxualité… Tu l’as découvert comment ?
- Tu sais, commença Raphaël après un instant d”hésitation, comme s’il cherchait les mots appropriés. Je ne sais pas si je peux dire que je préfère les garçons… En fait, Daevlyn est mon tout premier, aussi bien homme que femme. Et ce n’est pas tant le fait qu’il soit un homme qui m’a attiré chez lui… Je dirais que c’est plus un ensemble de critères qui m’ont attiré chez lui. Je l’aime pour ce qu’il est. Je me fiche qu’il soit homme ou femme, tout ce qui compte, c’est la personne qu’il est. Ce que j’aime chez lui, c’est son sourire, sa tendresse, sa fragilité, ses petites manies et les petits gestes qu’il fait sans même s’en rendre compte, comme ses défauts. Je l’aime lui, sa personnalité… Pourquoi me demandes-tu cela ? Ajouta-t-il après un court silence.
A son grand étonnement, il vit Morgan s’empourprer et baisser les yeux, comme s’il avait honte. Un doute se freya un chemin dans l’esprit de Raphaël, mais ne souhaitant pas émettre de conclusion trop hatives, il demanda, un peu hésitant :
- Tu… Tu es attiré par un garçon ?
Morgan ne répondit rien, se contentant de garder obstinément les yeux rivés sur les grains de sables collés à ses pieds nus. Sentant le malaise de l’adolescent, Raphaël reprit d’une voix posée qui se voulait rassurante :
- Tu sais, ce n’est certainement pas moi qui te jugerais sur ce point de vue là, ni sur n’importe lequel autre d’ailleurs. Ne craint pas de parler, il n’y a pas de honte à avoir. Pierre et maman le savent ?
- Non, répondit timidement Morgan, en plantant son regard dans celui de Raphaël. Tu es le premier à qui je le dis… Je… Je n’ai pas osé leur en parler, j’ai… J’ai peur de leur réaction… Avoua Morgan.
- Je comprend que ce soit dur à avouer. On peut dire que j’ai eut de la chance, maman s’en ai rendu compte avant que je lui dise… Même si au début, je n’avais pas envie de le lui dire, parce que comme toi, je craignais sa réaction. Mais finalement, elle l’a bien pris, et ton père aussi… Nous avons de la chance, nous avons un père pour toi, et une mère pour moi qui sont tolérant et ouvert d’esprit.
Morgan acquiesca d’un hochement de tête en souriant et Raphaël reprit :
- Tu as quelqu’un dans ta vie, ou c’est juste de l’attirance ?
- Je suis avec quelqu’un… Nous sommes ensembles depuis trois mois, avoua timidement l’adolescent. Je peux te poser une autre question indiscrète ?
- Je t’écoute, répondit Raphaël qui se doutait à présent parfaitement de l’interrogation qui allait suivre.
- Comment tu… Enfin, je… Je sais pas vraiment comment te demander ça, hésita Morgan.
- Va y cash, déclara Raphaël. Je peux tout entendre tu sais !
- Comment ça s’est passé… Ta première fois…
Aussitôt la question posée, le sourire de Raphaël s’élargit et plongé dans ses souvenirs, il répondit :
- A vrai dire, ça c’est fait comme ça, sous le coup d’une impulsion, mais je n’ai jamais regretté… On a fait l’amour dans l’écurie, sur le foin qui recouvrait le sol dans la réserve…
- Dans l’écurie ? S’exclama Morgan surprit.
- Oui, répondit l’adolescent en éclatant de rire à ce souvenir.
- Et si quelqu’un était venu ? Demanda Morgan en riant malgré lui.
- Et bien… Nous aurions eut de gros problèmes je pense ! S’exclama Raphaël en riant. Mais c’était tellement magique, reprit-il en retrouvant son sérieux, les yeux pleins d’étoiles et de souvenir. A vrai dire, on se foutait totalement que l’on ait pu nous surprendre. Plus rien n’existait autour de nous… Il était si tendre, si prévenant envers moi… Jamais je n’ai regreté de m’être offert à lui cette nuit là…
- C’est vrai ce qu’on dit ? Que c’est douloureux la première fois ?
Raphaël sentit le rouge lui monter au joue, un peu gêné malgré tout d’aborder un tel sujet avec quelqu’un d’autre que Daevlyn, mais Morgan semblait si désemparé, qu’il n’eut pas le coeur à mettre un terme à la conversation. Si bien qu’il prit sur lui, et répondit sérieusement, mais non sans une certaine gêne :
- Je te mentirais en répondant non. C’est vrai que c’est plus ou moins douloureux, cela dépend comment tu as été préparé auparavant. C’est toujours un peu douloureux, car notre corps n’est pas fait pour être pénétré. Mais une fois la douleur première passée, c’est là que ca devient magique. Peut être que la première fois ce ne sera pas aussi bien que tu ne l’espérais, mais il ne faut pas s’arrêter à cela…
Après un court silence, Raphaël reprit d’un ton grave et sérieux :
- Et si je peux te donner un conseil, ne laisse jamais personne te voler ta première fois… Sois sur de la personne avec qui tu veux franchir le pas, car une fois que tu l’aura fait, tu ne pourra plus revenir en arrière et tu risques de le regreter…
Le silence s’installa entre eux, puis finalement, Morgan prit la parole :
- Raphaël…
- Oui ?
- Merci !
- Je t’en prie, répondit l’adolescent en lui souriant.
- Et bien et bien, s’exclama Abby en s’écroulant à côté de son jumeau. Que nous vaut ces remerciements ?
- Rien qui te concerne, ma très chère soeur ! Répliqua Morgan d’un ton faussement sec.
- Vous me faites des cachoteries ? Je suis déçue, s’exclama la jeune fille sur un ton mélodramatique au possible, s’attirant les rires de ses frères.
- Que de bonne humeur, remarqua Pierre en arrivant. Vous m’en voyez ravi !
- Ravi de quoi ? Demanda Suzanne en arrivant, suivie de Lindsay et Daevlyn.
- De voir que nos enfants s’entendent aussi bien après des débuts plutôt houleux, répondit Pierre en souriant à l’assemblée.
Les trois adolescents sourirent en silence et dans un réflexe, Raphaël tendit la serviette qu’il avait sur les épaules à Daevlyn afin qu’il se sèche pour ne pas qu’il prenne froid à cause du vent marin.
Ce ne fut que lorsqu’il vit Daevlyn tressaillir qu’il se rendit compte de la bétise qu’il venait de faire. Exposés à la vue de tous, ses bras dénudés étaient devenus le centre d’intérêt général. Tétanisé, Raphaël ne parvenait pas à esquisser le moindre mouvement. C’est Daevlyn qui, une fois de plus vint à son secours, en reposant la serviette sur ses épaules, en prenant bien soin de dissimuler ses avants bras mutilés.
Cependant, au grand étonnement de tous, Abby prit doucement le bras de Raphaël dans ses mains et du bout des doigts, elle effleura les cicatrices qui zébraient sa peau fine et délicate. Raphaël tressaillit à ce contact, et dans un geste d’autoprotection, il tenta de se soustraire à l’étreinte douce mais ferme de la jeune fille sans y parvenir. Il se débatti pendant quelques secondes, des larmes de honte et de peur coulant silencieusement sur ses joues, mais il finit par abandonner lorsqu’il comprit qu’Abby ne cèderait pas. Debut à deux pas de là, Daevlyn semblait prêt à intervenir à la moindre réaction de son amant.
Mais Abby se contenta d’effleurer un à un les vestiges de la souffrance de Raphaël, comme si par ce geste, elle pouvait les effacer. De honte, Raphaël avait baissé les yeux, n’ayant pas le courage d’affronter le regard de sa famille et ne les releva même pas lorsque Abby déclara doucement :
- Alors voilà la raison pour laquelle tu  ne veut pas te montrer ? Demanda-t-elle. Tu sais Raphaël, ajouta-t-elle, comme tu l’as dit toi même, on fait tous des erreurs, et le plus important dans tout cela, c’est que tu t’en sois rendu compte par toi même ! Je comprend parfaitement que tu ais honte de tes cicatrices, mais elles sont une partie de toi, de ta vie, de ton passé. Elles sont le reflet de la souffrance que tu as put ressentir, mais ne doivent pas être un frein au bonheur que tu vis à présent. Garde les précieusement Raphaël, et lorsque tu les regardes, pense au bonheur que la vie te donne jour après jour et ne pense au passé que comme un vieux souvenir qui, lentement, finira par s’estomper.
De son autre main, elle glissa ses doigts sous le menton de l’adolescent et releva son visage, le forçant à la regarder dans les yeux. Lorsqu’elle fut certaine d’avoir toute son attention, elle ajouta :
- Nous ne te demandons pas de te justifier, ni de nous raconter ce que tu as vécu pour t’infliger de telles souffrances, d’accord ? Et je te demande de pardonner notre réaction à moi et à Morgan, même si je sais que certaines personnes souffrent, je n’aurais jamais cru qu’il était possible de s’infliger cela à soi-même, j’ai été surprise et à la fois horrifiée, je dois l’admettre, en voyant ces marques sur tes bras. Mais sâches que nous ne te jugeons pas, nous n’en avons pas le droit.
Elle se tut, fixant toujours Raphaël dans les yeux, elle lui adressa un sourire tendre et, du pouce, essuya les larmes qui coulaient sur ses joues.
- Allez petit frère, sourit !
- Merci Abby, sanglota Raphaël en se laissant aller dans les bras de la jeune fille.
Ils restèrent un long moment ainsi, Suzanne caressait le dos de son fils qui pleurait à chaudes larmes dans les bras de sa soeur. Puis au bout de quelques minutes, la jeune femme brisa le silence et demanda :
- Un barbecue sur la plage ce soir, cela vous tente ?
Après avoir reçut l’accord de chacun, elle ajouta :
- Par contre, j’aurais besoin d’aide pour m’aider à aller chercher des vêtements chauds et des couvertures à la maison pendant que l’un ou l’un d’entre nous va faire les courses.
Quelques minutes plus tard, Suzanne, Daevlyn et Morgan laissaient derrière eux les quatre autres.
Ils revinrent une petite demi heure plus tard et Daevlyn s’aperçut avec soulagement que l’adolescent avait retrouvé le sourire. Sourire que Raphaël lui adressa lorsqu’il le vit revenir. Une fois près de lui, l’adulte lui tendit un de ses éternels t-shirt noir à manches longues. L’adolescent se changea rapidement et rassemblant leurs affaires, ils se dirigèrent vers un coin un peu plus à l’écart, là où ils seraient sûr de ne déranger personne, à la lisière du petit bois qui longeait la plage.
Pendant que Abby et Morgan étalaient les serviettes sur le sol, Raphaël et Daevlyn partirent à la recherche de pierres et de morceaux de bois pour allumer le feu. Lorsqu’ils furent à une distance raisonnable des autres, Daevlyn saisit Raphaël par le bras et l’attira vivement à lui, arrachant à l’adolescent un hoquet de surprise. Là, il s’emparra de ses lèvres avec une passion qui laissait transparaitre son désir de le sentir près de lui.
C’est avec un plaisir non feint que Raphaël répondit au baiser de Daevlyn, entrouvrant ses lèvres suite à la demande muette de son amant. Dans un soupire de soulagement et de bien être, leur langue se mêlèrent enfin en un ballet sensuel.
- Je t’aime Daevlyn, murmura Raphaël tout contre la bouche de l’adulte une fois qu’il se soient éloigné par manque d’oxygène. Je suis désolé pour tout à l’heure… Je ne l’ai vraiment pas fait exprès tu sais…
- Je le sais parfaitement mon ange, répondit Daevlyn en posant son index sur ses lèvres en une invitation implicite à se taire. Mais ce n’est pas plus mal tu ne crois pas ? Je sais bien que cela te faisait souffrir de devoir sans cesse faire attention à tes gestes et à ton comportement pour ne pas te trahir. Ne le prend pas mal, mais je pense que c’est mieux qu’ils sachent.
- Oui, avoua Raphaël, enfin… Je ne sais pas si c’est mieux, se reprit-il, mais c’est vrai que je me sens soulagé d’un poid considérable.
Daevlyn ne répondit rien, se contentant de lui caresser tendrement la joue avant de capturer ses lèvres pour un nouveau baiser passionné. Après une tendre étreinte tant attendue de chacun, ils se séparèrent et retournèrent à leur activité première.
Une quinzaine de minutes plus tard, le feu crépitait dans la fin d’après-midi. Alors qu’ils mangeaient en parlant de choses et d’autres, Pierre prit la parole d’un voix grave et sérieuse :
- Raphaël…
A l’entente de son nom et à la façon dont Pierre l’avait prononcé, l’adolescent comprit immédiatement que l’adulte avait l’intention de lui annoncer quelque chose de particulièrement important, et impuissant, il sentit son coeur s’affoler, tandis que dans son esprit, s’échaffaudaient déjà milles et une hypothèses de scénario. D’une voix hésitante qui cachait mal son appréhension, l’adolescent répondit :
- Ou… Oui ?
- J’ai quelque chose à te demander, et je crois que c’est l’occasion que je cherchais depuis le début… Sache tout d’abbord, que j’en ai longuement discuté avec ta mère et aussi avec les enfants, mais le principal concerné, c’est toi…
Une angoisse sourde nouait à présent l’estomac de l’adolescent qui, depuis que Pierre avait prit la parole, avait subitement perdu l’apétit, s’attendant au pire à tout instant. Inconsciemment, sa main vient chercher celle de Daevlyn qui, semblant comprendre son malaise, s’en empara et la serra fortement dans la sienne, comme si par ce geste, il lui transmettait un peu de son courage.
- Je ne suis pas doué pour les grands discours, alors je vais faire au plus simple, pardonne moi si cela te choques… Voilà, j’aimerais faire de toi mon fils, je voudrais t’adopter…
Un silence pesant suivit cette déclaration, Raphaël ne s’attendant pas du tout à cette demande. Son coeur se figea dans sa poitrine sous le coup de l’aveu, et ce fut Daevlyn qui l’aida à retrouver sa respiration en lui tappant dans le dos. Ayant retrouver un minimum de lucidité, il ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son n’en sorti. Dans sa gorge, des sanglots restaient coincés, ne parvenant pas à s’extérioriser comme ils le souhaitaient.
Sentant qu’il ne parviendrait pas à s’exprimer comme il le voudrait avec des mots, il lacha la main de Daevlyn et se jeta brusquement dans les bras de Pierre, tandis que ses sanglots s’échappaient enfin de sa gorge.
- Je… commença l’adolescent d’une voix rauque. Je ne sais… pas quoi dire… je… C’est… Merci, merci infiniment… Sanglota-t-il dans les bras de l’homme qui, bientôt, serait son père aux yeux de la loi.
- Merci à toi Raphaël, déclara Pierre en caressant tendrement les cheveux de l’adolescent, tout en regardant Suzanne qui le regardait les yeux brillant d’émotion. Tu sais, pour tout te dire, j’ai mis un moment avant de me décider à te le demander. C’est finalement Suzanne qui m’a convaincu…
L’adolescent se tourna alors vers sa mère et d’une voix tremblante d’émotion, il déclara :
- Merci maman, merci du fond du coeur de m’offrir une famille… J’en ai tellement rêvé…
Le coeur de Raphaël débordait d’amour pour Daevlyn, mais aussi pour sa mère qui lui offrait la famille et l’amour d’un père qu’il n’avait jamais eut la chance d’avoir, en plus de trois frères et soeur qui, malgré leurs différents du début de leur relation, appréciait énormément.
Après un moment, Raphaël regagna sa place à côté de son amant et ils finirent le repas dans la joie et la bonne humeur. A la fin du repas, Raphaël les abandonna un moment et s’éclipsa du mini campement, ayant besoin d’un peu de solitude pour digérer tout les évènements survenus cette après-midi. Discrètement, il s’éloigna sans s’apercevoir que Daevlyn le regardait s’éloigner. Cependant, semblant comprendre le désir de solitude de l’adolescent, Daevlyn ne bougea pas et reporta son attention sur les autres.
Raphaël marcha le long de la rive, avant de s’arrêter un peu plus loin, éblouit face au spectacle que lui offrait le soleil en se couchant à l’horizon, dépeignant sur la mer un magnifique reflet aux couleurs chatoyantes.
Perdu dans sa contemplation, il n’entendit pas Daevlyn le rejoindre mais ne sursauta pas lorsque celui-ci l’encercla de ses bras par derrière, l’attirant contre son torse puissant. Se laissant aller à cette tendre étreinte, Raphaël posa la tête contre la clavicule de son amant. Ainsi enlacés, ils contemplèrent en silence le couché du soleil, profitant d’être seuls pour s’accorder quelques gestes tendres qu’ils s’efforçaient à retenir lorsqu’ils n’étaient pas seuls.
Abandonné l’un à l’autre, Daevlyn murmurait inlassablement des mots d’amour à l’oreille de l’adolescent. Puis, le spectacle terminé, Raphaël se retourna vers son amant, appréciant la vue que lui offrait les derniers rayons de soleil qui illuminaient le visage grave de l’adulte. Leurs lèvres se soudèrent en un baiser ardent et endiablé. Leur langue se mêlaient, cherchant non pas à dominer l’autre, mais à l’entraîner dans une dance toujours plus envoûtante, un ballet sensuel dont ils connaissaient par coeur la chorégraphie mainte fois répétée. Dans la pénombre de la nuit tombante, leur silhouette étroitement enlacées, ne faisaient plus qu’une.
Des pas provenant de leur droite attirèrent leur attention et c’est à contrecoeur qu’ils se séparèrent. Tournant la tête en direction de l’opportun qui venait les déranger, les deux amants furent surprit de trouver Suzanne. D’une petite voix, elle déclara doucement afin de ne pas briser la magie et la douceur de l’instant :
- Pierre et moi vous invitons à aller manger une glace, vous voulez venir ou vous préférez rentrer ?
- Nous venons, assura Raphaël. Merci maman.
La jeune femme lui adressa un sourire ravi avant de répondre :
- Très bien, nous partons lorsque nous avons replié les affaires.
- Nous arrivons, déclara à son tour Daevlyn, s’arrachant à contrecoeur de l’étreinte de son jeune amant.
Main dans la main, ils suivirent la jeune femme et tous ensembles, ils rassemblèrent leur affaire. Après avoir vérifié qu’ils n’oubliaient rien, ils prirent la direction du centre ville. Ils s’arrêtèrent un peu avant, chez un glacier apparament apprécié de la petite famille. Rassemblant un nombre suffisant de chaises et rapprochant deux tables, ils prirent place et commencèrent à feuilleter les pages.
Quelques minutes plus tard, le serveur revenait avec leur commande.  Ils commencèrent à manger en silence, savourant ce petit plaisir puis Raphaël se tourna vers Daevlyn et proposa :
- Tu veux goûter ?
Remerciant l’adolescent d’un regard, Daevlyn plongea sa cuillère dans sa coupe en lui tendant la sienne à son tour. Raphaël l’imita et lorsque Daevlyn se fut servit, il se tourna vers Suzanne, Pierre et ses frères et soeurs et leur posa la même question qu’à son amant. Se prêtant au jeu, ils accéptèrent la proposition mettant toutes les coupes au milieu de la table ils partagèrent chacun leur glace, sous le regard mi intrigué, mi amusé des autres clients.
Gourmand comme pas deux, Raphaël termina sa glace en premier sous le regard attendri de Daevlyn qui, repu, lui tendis le reste de la sienne. L’adolescent lui adressa un regard pétillant de gourmandise et de remerciement mêlés avant de s’en emparer. Par acquis de conscience, il en proposa à la tablée, mais tous refusèrent, lui laissant le privilège de terminer. Raclant consciencieusement le fond de la coupe, Raphaël déclara :
- C’est ça qu’il manque au ranch, des glaces !
Suzanne éclata de rire à la remarque de son fils, et Daevlyn qui cachait mal son amusement, l’attira à lui et l’embrassa sur le front tout en lui frottant vivement le sommet du crâne :
- Aiieuh ! S’exclama l’adolescent. Ben quoi, j’ai pas raison p’têtre ?
Daevlyn ne répondit rien, mais relevant le menton de l’adolescent d’une légère pression, il hapa furtivement ses lèvres avant de déclarer en souriant :
- Tu sais que je t’aime toi ?
- Vi, répondit Raphaël en soupirant de satisfaction, avant de recapturer les lèvres de son amant.
Ils restèrent un moment sur la terasse à profiter de la fraîcheur bienfaisante du soir et épuisé par sa journée, Raphaël fini par s’endormir sur l’épaule de Daevlyn. La main de l’adulte effleurait sa cuisse en une douce caresse régulière qui eut raison des dernières onces de résistance de l’adolescent.
Lorsqu’elle s’en aperçu, Suzanne sourit tendrement à ce spectacle, tout simplement heureuse de voir son fils sourire enfin après quelques jours difficiles. Après avoir réglé, ils se levèrent et Daevlyn n’ayant pas le coeur à réveillé l’adolescent, lui murmura à l’oreille :
- Passe tes bras autour de mon cou, je vais te porter.
Quand il fut sûr que Raphaël se tenait bien, il le souleva lestement. Fermement accroché au cou de son amant, Raphaël enfoui son visage dans son cou, la tête callée contre son épaule et les deux jambes ensserrant sa taille, à la façon d’un koala. En sécurité dans les bras de son amant, Raphaël se laissa aller dans les bras de Morphée, épuisé par les émotions forte de cette journée.

Mourir pour revivre - Chapitre 50

17 octobre 2012

Chapitre 50 écrit par Lybertys

Daevlyn sentait la main de Raphaël se serrer un peu plus fort dans la sienne. Durant tout le trajet il avait été dans le même état. Et cet état d’excitation était ainsi depuis que Raphaël avait appris qu’ils étaient tous les deux invités à passer du temps chez Suzanne. Les adolescents étant tous partit du centre, Sébastien s’occupant des chevaux, ils

avaient tous deux pu se libérer pour se rendre chez la mère de Raphaël. Cela faisait plusieurs mois que Raphaël n’avait pas vu Suzanne et c’est d’un air attendris que Daevlyn le regardait bouillir d’impatience juste devant la porte d’entrée. Il devait avouer qu’il appréhendait un peu ce moment lui aussi. Voir la mère de Raphaël dans le centre n’était pas du tout la même chose que de passer quelques temps chez elle. L’environnement dans lequel ils allaient vivre allait être totalement différent et cela faisait longtemps qu’il n’avait pas quitter son centre. De plus maintenant qu’il était directeur, il avait eu bien plus de travail, et toucher terre seulement depuis leur départ en avion.

C’est ensemble que Daevlyn et Suzanne avaient convenus d’une date pour qu’ils viennent la voir elle et son nouveau compagnon, car celle-ci n’habitait maintenant plus seule.

Ils avaient convenu de se voir ce fameux mois de janvier et l’attente avait été apparemment insoutenable pour l’adolescent. Ils sonnèrent à la porte, attendant qu’on vienne leur ouvrir et Daevlyn sentait Raphaël angoisser de seconde en seconde. La porte s’ouvrit subitement sur un homme qui devait être le fameux compagnon de Suzanne. Daevlyn savait aussi que c’était le fameux notaire qui avait permis l’émancipation de son amant et lui en était ô combien reconnaissant.

- Tiens, bonjour Raphaël ! Comment vas-tu depuis tout ce temps ?

- Je… Bonjour Monsieur Duval, bégaya l’adolescent un peu intimidé par la présence de cet homme.

- Allons, appelle moi, Pierre, déclara le quadragénaire. Vous devez être Daevlyn je suppose, ajouta-t-il en tendant la main à Daevlyn, lui adressant un sourire amical.

- Oui, enchanté de vous rencontrer, Monsieur Duval, répondit Daevlyn en serrant la main que lui tendait l’homme.

- Moi de même, j’ai beaucoup entendu parlé de vous, répondit Pierre dans un franc éclat de rire.

A ces mots, Daevlyn vit Raphaël s’empourprer violemment sous le regard amusé de Pierre qui s’empressa d’ajouter :

- Quel hôte indigne je fais, venez ! Entrez ! s’exclama-t-il en s’effaçant pour laisser entrer les deux hommes.

Daevlyn emboîta le pas à Raphaël, qui contrairement à lui, connaissait les lieux, et ils entrèrent dans le salon. Au premier coup d’œil l’endroit était particulièrement agréable.

- Les enfants, descendrez ! Cria Pierre.

C’est ce moment là que Suzanne choisit de faire son apparition en sortant de la cuisine. Il ne fallut pas plus pour Raphaël qui, dès qu’il l’aperçut, se jeta dans ses bras, ne retenant pas ses lames. Daevlyn était profondément touché et attendrit par cette scène, heureux du bonheur de son amant.

Absorbé par la scène de retrouvaille, ne quittant pas Raphaël des yeux, Daevlyn ne remarqua pas tout de suite la présence d’autres venus. Il finit cependant par remarquer leur présence en même temps que Raphaël et sa mère, et leur adressa un sourire. Les enfants de Pierre étaient maintenant dans la même pièce qu’eux. Lorsque son jeune amant et Suzanne se séparèrent enfin, Pierre procéda aux présentations :

- Raphaël, je te présente les jumeaux, Abbygaïl et Morgan et la petite dernière, Lindsay.

- Les enfants, voici Raphaël, le fils de Suzanne, dont nous vous avons déjà parlé, et voici Daevlyn, ajouta-t-il après quelques secondes de silence en désignant Daevlyn.

Le regard froid que lancèrent les jumeaux à Raphaël ne passa pas inaperçu aux yeux de Daevlyn. Seule Lindsay, qui n’avait pas plus de quatre ans, vient lui faire un bisou sur la joue que Raphaël lui rendit avec un tendre sourire.

- Bonjour Daevlyn, déclara Suzanne en lui faisant la bise. Comment vas-tu ?

- Très bien, merci. Répondit Daevlyn quelque peut déboussolé par le tutoiement de Suzanne. Et vous ?

- Oh plus de “vous” entre nous s’il te plait, s’exclama Suzanne en souriant.

Plongé dans leur discussion et heureux de se retrouver après tout ce temps, personne ne fit attention au regard que posait Abbygaïl sur Daevlyn, ni même lui-même.

Pierre les invita à passer au salon, et Daevlyn s’installa sur le canapé, Raphaël le suivant de près et prenant place à ces côtés, entre lui et sa mère. Les autres quant à eux prenaient place dans les fauteuils.

- Vous avez fait bon voyage ? Questionna Suzanne tandis que Pierre sortait des rafraîchissements et l’apéritif pour tout le monde.

- Oui, répondit Daevlyn. Bien que cela devenait long à la fin, ajouta-t-il en se tournant vers Raphaël avec un petit sourire significatif qui fit rougir l’adolescent.

- Je comprends, déclara Pierre. C’est vrai que cela fait long pour venir de France jusqu’ici. Et puis avec le décalage horaire…

Daevlyn trouvait cet homme très agréable. Il semblait être quelqu’un de très calme et réfléchi, une qualité importante aux yeux du moniteur. Il avait tout l’air d’être un homme droit et sur qui l’on pouvait s’appuyer. Pierre servit à boire en premier lieu à Daevlyn et Raphaël avant de servir Suzanne et ses enfants tandis que Lindsay faisait le tour avec les paquets de petits biscuits apéritif.

Puis lorsqu’elle eut terminé, elle revient s’asseoir entre Suzanne et Raphaël, faisant se décaler ce dernier un peu plus contre Daevlyn. Puis, intrigué, elle s’empara de la longue natte de Raphaël et commença à jouer avec.

- C’est tes vrais cheveux ? Demanda la petite fille.

- Oui, répondit Raphaël en souriant timidement, qui faisait fondre Daevlyn.

- Wouaaah ! Ils sont longs ! Et puis ils sont tous doux ! S’exclama Lindsay.

Daevlyn vit Raphaël s’empourprer violemment et baisser la tête, semblant avoir honte. Mais Lindsay ne semblait pas avoir fini et poursuivit :

- Je veux avoir les mêmes quand je serais grande ! Dis, pourquoi tu les coupes pas tes cheveux ?

- Je…

- Dis tu as finit avec tes questions ! S’exclama Suzanne en riant.

Raphaël lui offrit un petit sourire de remerciement que sa mère lui rendit. Daevlyn sentait que son amant était mal à l’aise. Peut être étais-ce du au fait qu’il côtoyer soudain beaucoup de monde à la fois et qu’il était loin d’être habitué à une telle vie sociale. Daevlyn n’y prêta finalement pas plus d’attention pour le moment, se disant qu’il lui faudrait juste un peu de temps pour s’habituer et qu’il ne serait à rien de s’inquiéter inutilement. Pourtant ce n’était pas l’envie qui lui manquait de le prendre dans ses bras ou de lui montrer un quelconque signe de tendresse, mais Daevlyn voulait qu’il se débrouille seul pour le moment. Et puis il ne savait pas comment les autres interprèteraient leur relation pour le moment. Pourtant même s’il ne tenta rien vers lui, il posa son regard sur lui, tentant de lui montrer qu’il était tout de même présent à ses côtés. Il faisait cependant cela de manière assez discrète, ne voulant pas que cela se remarque vraiment. Raphaël gardait cependant toujours les yeux rivés sur le sol, et Daevlyn avait de plus en plus de mal à garder son inquiétude de côté.

Ils discutèrent encore un moment, puis après avoir vérifié que le repas était près, Suzanne les invita à passer à table.

Alors que tous disparaissaient dans la pièce voisine, Daevlyn craqua et retint Raphaël par le bras et l’attira doucement à lui :

- Tout va bien ?

- Ou… Oui, je… Ça va, le rassura Raphaël en lui offrant un sourire qui se voulait rassurant, mais Daevlyn n’était pas dupe et le connaissait parfaitement. Il choisit de lui rendre son sourire et mit bas à la distance qui les séparait encore pour venir prendre possession de ses lèvres dans un geste empli d’amour et de tendresse. Sa langue quémanda l’entrée de la bouche de l’adolescent qui, mis à l’épreuve par le fait de ne pas pouvoir se satisfaire de la présence de Daevlyn comme il le souhaitait, accéda à sa requête presque instantanément, dévorant ses lèvres avec une passion qu’il ne se connaissait pas. Daevlyn entendit un gémissement de contentement de la part de Raphaël qui vint se perdre dans sa bouche.

Les mains de Daevlyn se posèrent sur les reins de l’adolescent, comme pour annihiler les quelques derniers millimètres qui les séparaient encore, cherchant à mettre à néant cette distance qui les détachait, faisant d’eux deux êtres différents, pour se fondre l’un dans l’autre.

Chaque baiser était avec son ange, la découverte de nouvelles sensations.

Noyés l’un dans l’autre, aucun des deux hommes n’entendit l’intrus s’arrêter discrètement à l’entrée de la pièce et sursautèrent, lorsqu’il léger raclement de gorge retentit à leurs oreilles. Aussitôt, ils s’éloignèrent précipitamment l’un de l’autre, comme prit en faute, et se tournèrent vers l’intrus, le coeur battant à tout rompre. Ils poussèrent simultanément un soupire de soulagement en reconnaissant Suzanne qui les regardaient, accoudée à l’embrasure de la porte, un sourire attendrit étirant ses lèvres. Daevlyn attira Raphaël à lui pour remettre un peu d’ordre dans ses cheveux et ses vêtement, tentant de nier ce sentiment de gêne. Puis il l’embrassa furtivement sur la tempe, dans le but de lui donner du courage avant de l’entraîner à sa suite.

Alors qu’ils entraient dans la cuisine, Daevlyn se pencha auprès de son amant, et lui murmura un “je t’aime” à l’oreille, faisant s’empourprer l’adolescent, sous le regard intrigué des jumeaux qui avaient l’impression d’avoir loupé un épisode.

Ils finirent par prendre place côté à côte à table, Raphaël se mettant encore une fois entre lui et Suzanne. Il était tout à fait normal qu’il souhaite profiter de sa mère après tout ils était là pour cela.

Après quelques minutes durant lesquelles ils ne parlèrent pas, Suzanne se tourna vers Raphaël et lui demanda :

- Amaranth se porte bien ?

Daevlyn sentit aussitôt l’adolescent rayonner, et pu voir un sourire radieux étirer ses lèvres et ses yeux se mettre à pétiller de bonheur. Sans cacher son enthousiasme, il répondit :

- Oui, il a surtout beaucoup grandit ! La semaine dernière avec Daevlyn on l’a mit pour la première fois avec les autres. Tu aurais dû le voir, il faisait le fier c’était vraiment beau à voir.

Devant l’incompréhension totale dans laquelle était plongé tout le reste de l’assemblée, elle précisa à tout le monde.

- Raphaël travaille avec Daevlyn dans une sorte de ranch. Amaranth est le poulain de Raphaël.

Un éclaire d’intérêt illumina alors les prunelles de Pierre qui, prenant par à la discussion déclara :

- Alors comme ça tu aimes les chevaux ? C’est vrai que se sont des animaux stupéfiants. Nobles et fiers, ils représentent ce que l’homme à toujours recherché, la liberté… Je me souviens quand j’étais  petit, il y avait un cheval dans le pré voisin, j’aimais beaucoup aller le voir, il me fascinait. Du coup, quand j’ai été en âge, j’ai demandé à ma mère de m’inscrire dans un centre équestre… J’en ai fait pendant de longues années. Tu montes depuis longtemps ?

- Non, je… Cela fais seulement quelques mois que j’ai découvert cet univers, répondit Raphaël. C’est Daevlyn qui m’a fait découvrir, ajouta-t-il en se tournant vers le principal concerné et en lui offrant un sourire rempli d’amour.

Daevlyn était ravi et fier d’avoir partagé sa passion avec son jeune amant.

- Oui, une fois qu’on entre dans cet univers, il est très difficile de le quitter. Je crois même qu’on ne le quitte jamais complètement, ajouta Pierre en lui adressant un sourire bienveillant. Quelle race de chevaux élevez-vous ? demanda-t-il ensuite en se tournant vers Daevlyn.

- Nous avons surtout trois races, des Appaloosa, des Paint et des Quarter Horse. Pour moi, ce sont les meilleures races de chevaux. Dociles, à l’écoute, calmes, ce sont des montures idéales pour les débutants comme pour les plus confirmés.

Daevlyn préféra se taire, car il était tout à fait capable d’en parler pendant des heures et des heures, ne séchant jamais sur le sujet.

- Certes, répondit Pierre très sérieusement, ce sont effectivement de très bonnes montures. Vous pratiquez donc l’équitation dite western et l’éthologie ?

- En effet, on peu dire ça comme ça, répondit Daevlyn en souriant. Et même s’il a encore beaucoup de choses à apprendre, Raphaël est sur la bonne voie et apprend vite. Lorsque je le vois avec Amaranth, j’ai l’impression de me revoir à son âge avec Waterfalls, mon cheval. Ils sont inséparables et il y a un lien fort qui les unis. Cela se ressent. Ils sont parfaitement en osmose.

Pour ce sujet c’était encore plus le cas. Daevlyn gardait un certain orgueil à ce sujet. Il était tellement heureux que Raphaël s’en sorte aussi bien.

Suzanne choisit ce moment pour intervenir et demanda à Raphaël :

-  Tu as poursuivit son dressage ?

- Oui. Enfin, Daevlyn m’aide beaucoup, il y a encore des choses où j’ai un peu de mal, mais j’arrive à lui apprendre quelques tours. Et puis Daevlyn me donne des cours avec Diamond Dust. Il m’apprend aussi à interpréter le comportement et le langage des chevaux. C’est vraiment quelque chose de passionnant.

- Et comment vis-tu ton nouveau rôle ? Ton poste de directeur te plait-il ? Demanda Suzanne en se tournant vers Daevlyn.

- Je dois dire que cela se passe plutôt bien et que cela apporte des intérêts non négligeables. En ce moment, c’est Sébastien qui me remplace et s’occupe des chevaux pendant notre absence.

Daevlyn pu voir le rouge monter aux joues de Raphaël face au sous-entendu qu’il venait de faire. Si Suzanne le comprit également, elle n’en laissa rien paraître. Sébastien passait très souvent les voir, et était d’une aide très précieuse, soulageant le travail de Daevlyn qui s’y faisait peu à peu. Malgré cela, son travail était passionant et lui apportait beaucoup de privilège, dont la possibilité de profiter de leur amour.

Le dîner se termina dans la joie et la bonne humeur, surtout du côté des invités et de Suzanne et Pierre. Le repas traînant en longueur, Lindsay avait été envoyée se coucher, et les jumeaux semblaient plus passionnés par le contenu de leur assiette que par la conversation. Cela faisait extrêmement bizarre à Daevlyn de se retrouver dans une telle ambiante, une ambiance de famille, celle qu’il n’avait pas vécue depuis des années.

Ce ne fut que bien plus tard que tous allèrent se coucher. Après un rapide bonsoir, les jumeaux montèrent dans leur chambre commune qui avait été aménagée dans l’ancien bureau de Suzanne, à l’opposé de la chambre de Raphaël. Après avoir souhaité une bonne nuit à Pierre et à Suzanne, Daevlyn suivit Raphaël qui le guida jusque dans sa chambre. Là, il posèrent leurs valises et épuisé, Raphaël se laissa tomber tout habillé sur son lit.

- Je suis épuisé, lâcha-t-il dans un bâillement.

- Oui, surtout avec le décalage horaire et la journée que nous avons eut. Tu sais quoi, ajouta l’adulte en s’approchant de son jeune amant, je propose que tu fermes les yeux et que tu me laisse m’occuper de toi. Qu’en dis-tu ?

- J’en dis que cela me tente beaucoup, répondit Raphaël en plongeant ses améthystes rougies par la fatigue dans les émeraudes de son moniteur.

Ils s’adressèrent un de leur sourire qu’ils se réservaient, un sourire empli d’amour et de tendresse non contenus. Daevlyn prit place sur le lit aux cotés de son amant et avec des gestes emplis de douceur, il entreprit de déshabiller l’adolescent. Cependant, contrairement à d’habitude, il n’y avait aucune provocation dans cette initiative, seulement l’envie de prendre soin de son amant et de le chouchouter comme il aimait si bien le faire. Il savait maintenant qu’il pourrait le faire encore et encore, du moins il se souhaitait de toute ses forces. Penser à son avenir, c’était penser à Raphaël. Il était inconcevable dans son esprit de ne pas vivre jusqu’à la fin de ses jours avec l’adolescent.

Appréciant l’initiative de son moniteur, Raphaël se laissa faire. Daevlyn était aux petits soins pour lui, profitant un maximum de ces instants de tendresse qui leur était maintenant quotidien.

Daevlyn le déshabilla entièrement, faisant attention à ne pas provoquer son désir, car il serait dans l’impossibilité de l’assouvir, et s’éloigna de lui. Le temps n’avait en rien changer son désir et son envie de lui. Voir son corps sous la simple lumière tamisée de la lampe de chevet, était déjà difficile. En effet, la pièce baignée d’une lueur orangée, offrait un cadre reposant et romantique à souhait. Il savait qu’il ne tiendrait pas éternellement sur cette vu et préféra chercher quelque chose qui l’en préserverait. Fouillant dans la valise de Raphaël, il ne mit pas longtemps avant de trouver ce qu’il cherchait, et retourna auprès de l’adolescent. Celui ci était en train de l’observer avec un petit sourire en coin. Tentant de ne pas l’admirer plus longtemps, il lui enfila rapidement un bas de pyjama en déclarant face à l’étonnement qu’il pouvait lire dans les prunelles améthystes qui le fixaient :

- C’est plus prudent ainsi, si quelqu’un venait à entrer et à nous trouver nus, cela pourrait être gênant.

- Oui, murmura Raphaël en rougissant.

A son tour, Daevlyn enfila un pantalon de pyjama, restant torse nu, et vient prendre place dans le lit aux côtés de Raphaël. A peine fut-il installé que l’adolescent vint se blottir contre lui, passant sa jambe par dessus les siennes, et s’allongea de tout son long sur le torse de son amant. L’avoir tout près de lui et ne rien pouvoir faire avait quelque chose d’extrêmement frustrant, mais il n’en montra rien. Pourtant, il laissa glisses ses main sous les tissus superflu et ses doigts se mirent à effleurer doucement la peau satinée de son dos, s’attardant sur la cambrure de ses reins.

Un gémissement s’échappa des lèvres de l’adolescent lorsque ses doigts s’attardèrent sur la cambrure de ses reins. En même temps qu’un sentiment de retenu contenu du lieu dans lequel il se trouvait, Daevlyn ne pouvait se retenir d’être satisfait.

Soudain, Raphaël se redressa, prenant appuis sur ses coudes, et plongea son regard pierres précieuses dans les yeux de son amant, avant de se pencher vers lui et de lui murmurer à l’oreille :

- Tu sais, je ne sais pas si je pourrais me retenir plus longtemps si tu continues ainsi, et comme tu me l’as toi-même fait remarquer, cela ne serait pas très prudent…

Ces mots firent frissonner l’adulte, Raphaël avait le don de le mettre dans tous ses états. L’idée de ne rien faire cette nuit, aussi minime soit la chose,  était maintenant de l’ordre de l’impossible. L’adolescent continua son petit jeu semblant lui aussi n’avoir aucune envie que cela cesse. Il se redressa et regarda son amant, un sourire en coin étirant ses lèvres, tandis que ses yeux pétillaient d’une lueur malicieuse. Pour confirmer ses paroles, il se déhancha sensuellement contre le bassin de son moniteur, lui arrachant un hoquet de surprise. Raphaël était réellement en train de tester ses limites et cette ambiance d’interdit ne faisait que rendre tout cela plus excitant.

La respiration haletante, Daevlyn souffla dans un gémissement à peine audible :

- A… Arrête… Raphaël, je…

- Tu… ? demanda l’adolescent, semblant être ravi de l’effet qu’il produisait sur son amant.

- J’ai trop envie de toi, je tiendrais pas si tu continues..

Heureusement Raphaël cessa tout, et se rallongera à sa place initiale. D’un petite voix, il souffla des mots d’excuses à l’oreille de Daevlyn :

- Pardon… C’est frustrant, ajouta-t-il après un silence, de te toucher et t’avoir près de moi sans pouvoir aller plus loin que de simples caresses en toute sagesse…

Un petit rire s’échappa de la gorge de Daevlyn qui l’embrassa tendrement avant de murmurer :

- Petit démon !

- Oui, mais un démon tout sage, que tu aimes, répondit Raphaël, les joues rouges face à l’audace de sa réponse.

- Oui je t’aime mon ange, et même plus que ça…

- Je suis un ange maintenant ? Interrogea l’adolescent, un sourire mutin étirant ses lèvres.

- Un ange démoniaque… Tu es une invitation à la luxure mon coeur…

Sur ses mots, il l’embrassa de nouveau, ajoutant toujours plus d’intensité à leur échange. Leur langue se mêlaient, se caressant en toute sagesse pour ne pas éveiller d’avantage le désir qui commençait à naître au creux de leurs reins. Rester enlacer ainsi pendant l’éternité, était le souhait le plus cher de Daevlyn. Jamais il ne s’était sentit aussi bien qu’avec Raphaël tout contre lui.

A bout de souffle, ils se séparèrent à contrecœur.

- Je t’aime Raphaël… si tu savais comme je t’aime…

- Moi aussi je t’aime mon amour… je t’aime plus que tout, murmura Raphaël tout contre les lèvres de Daevlyn avant de s’en emparer avec avidité.

Il avait beau lui répété et se l’entendre dire, Daevlyn ne s’en lasserait jamais. Ce doux refrain venait enivrer son cœur lui apportant un afflux de bonheur à chaque fois renouvelé.

Dans ce total afflux d’amour, les deux amants se perdaient dans leur baiser. Tandis que Raphaël ne se gênait pas pour dévorer ses lèvres avec une soif de le sentir toujours plus près qui ne tarissait pas, Daevlyn happait sa lèvre supérieure et la suçait avec un plaisir non feint. Ce baiser n’avait rien à voir avec leur tout premier. D’ailleurs chaque nouvel échange était totalement différent, teinté de tous ceux précédemment vécu. Leurs baisers se faisaient de plus en plus langoureux, et très vite, ils ne parvinrent plus à contenir le désir qui leur embrasait les reins. Daevlyn avait glissé ses mains sous le pantalon de pyjama de l’adolescent et posées sur ses fesses, elles le guidaient dans le rythme de son déhanchement. Le sentir se frotter à lui ainsi lui donnait un plaisir tel qu’il ne savait pas comment il était possible d’en ressentir plus que cela.

Retenant tant bien que mal leurs gémissements de plaisir qui se perdaient dans leur bouche, ils accordèrent les ondulations de leur bassin, frottant leur virilité contre celle de l’autre à travers leur pyjama.

Daevlyn avait déjà très chaud, et on pouvait voir sa peau se recouvrir d’une file pellicule de transpiration. La proximité de leur corps lui faisait perdre la tête. Raphaël fit glisser ses lèvres sur le torse imberbe de son moniteur, laissant des traînées de lave en fusion partout où elles passaient.

Daevlyn était particulièrement friand de ce genre d’attention. Plus le temps passait et plus Raphaël changeait, dans le bon sens. Ces moments intimes n’étaient que le reflet des changements conséquent de l’adolescent. Bientôt, il ne restait plus une parcelle de peau qui n’avait été épargnée par l’appétit vorace de l’adolescent qui, agacé de cette constatation, rabattis son dévolu sur les tétons durcis de désirs de son moniteur.

Le souffle erratique, Daevlyn avait de plus en plus de mal à retenir ses gémissements.

Heureusement, s’en apercevant,  Raphaël mit fin à la douce torture qu’il lui infligeait, et alla prendre possession de ses lèvres. Fou de désir, Daevlyn les happa avec une avidité non contenue, comme si sa propre vie était en péril. L’adulte sentir le déhanchement de Raphaël gagner en vitesse et en intensité, les rapprochant tous deux toujours plus près de l’orgasme.

N’en pouvant plus de rester inactif, Daevlyn glissa ses doigts vers l’intimité de l’adolescent, commençant à le préparer à sa venue. A ce contact, Raphaël se cambra violemment, attisant leur désir et leur arrachant à tout deux un cri de plaisir muet.

Les mains de Raphaël étaient posées sur son torse. L’adolescent, les reins cambrés, semblait rechercher le contact des doigts agiles de Daevlyn qui savait s’y prendre à la perfection pour lui faire voir les étoiles. Raphaël renvoyait une image insoutenable à son moniteur : la bouche entrouverte, la respiration haletante, et des mèches collées sur son front par la sueur, une véritable invitation à la luxure.

Toucher Raphaël ainsi de ses doigts avait quelque chose de particulièrement excitant et le préparait finalement lui aussi à ce qui allait suivre. Son envie de le prendre à chaque instant, de le faire sien était passait bien au delà des limites. Son intimité gorgée de plaisir était douloureuse, mais le plaisir de son jeune amant passait avant tout. Que son amant prenne du plaisir était déjà une forme de plaisir inouï. Raphaël semblait être en parfaite extase, et Daevlyn jugea que le moment était idéal pour le préparer. Aucune douleur ne sembla émaner de l’adolescent, qui eu un hoquet de surprise lorsque l’adulte toucha quelque chose en lui.

Parfaitement attentif au moindres réactions de son amant, Daevlyn scrutait le visage de son amant qui semblait se battre entre plusieurs émotions. Lorsqu’il vit soudain des larmes s’échapper de ses yeux, et constatant que l’adolescent retenait un sanglot, Daevlyn cessa toute action et se retira. Le passé n’était pas oublié et ce genre de choses inquiétait terriblement l’adulte tout autant que cela était douloureux. Il aurait tout donné, même sa propre vie pour que Raphaël n’ait pas à eu à vivre ce qu’il avait vécu… Les larmes inondant ses joues, Raphaël murmura alors entre deux sanglots :

- Nan… Vient… S’il te plait… Ne… Ne t’arrêtes pas… J’ai confiance en toi… Je t’aime…

Soulagé et enivré par la déclaration et le désir qu’il pouvait déceler dans la supplication de son jeune amant, Daevlyn s’exécuta, et avec une tendresse et une douceur qu’il n’aurait jamais pensé être capable, il commença à pénétrer Raphaël.

L’adolescent se figea sous la douleur ressentie et aussitôt, Daevlyn cessa tout mouvement. C’était la première fois depuis longtemps qu’il ne lui avait plus vu ce visage. Cette fois-ci, c’était comme pour rappeler que tout n’était pas oublié. Certes Raphaël allait mieux, mais son traumatisme s’il était estompé n’avait pas disparut.

Les larmes coulaient des yeux de son jeune amant qui étaient désespérément clos. Daevlyn avait parfaitement conscience du combat intérieur que livrait son amant, et se sentait tellement impuissant….Tout son corps semblait se crisper de douleur, jusqu’à finir totalement tendu comme déchirer de l’intérieur. Daevlyn fit tout ce qui était dans ses capacités, les seules choses qu’il pouvait faire pour lui dans ces moments là : il raffermis son emprise autour de lui et l’attirant à lui, il lui murmura des mots d’amour et des paroles réconfortantes aux creux de l’oreille. Lui montrer sa présence, son amour illimité c’était sa seule arme contre les démons de l’adolescent.

Il glissa une main dans ses cheveux, multipliant tendresse et douceur, lui caressant tendrement le visage de l’autre main. En ultime recours, il déposa ses lèvres sur les siennes avec une délicatesse extrême comme si un geste légèrement plus brusque allait le briser. Il continua à lui murmurer de nombreuse paroles d’amour, sentant que cela ramenait peu à peu l’adolescent à ses côtés. Heureusement Raphaël commença à se détendre, grâce à Daevlyn qui une fois de plus l’arrachait de son passé pour l’amener à un présent heureux, un temps qui n’appartenait qu’à eux.

Il murmura un dernier « je t’aime » qui fit ouvrir les yeux de Raphaël. Son regard plongea aussitôt dans le sien, avant qu’il ne se jeta à son cou, et le serra de toutes ses forces, une façon muette de lui montrer sa reconnaissance et son amour qui ne cessait de grandir chaque jour. Une nouvelle étape venait d’être franchie.

Prenant à son tour l’initiative, Daevlyn commença à se mouvoir en Raphaël qui se crispa sous la douleur. Cependant entouré par l’amour que lui offrait l’adulte, il oublia bien vite la douleur pour ne ressentir qu’une gêne. Celle-ci se transforma bientôt en plaisir qui ne cessait d’augmenter à chaque coup de rein de Daevlyn. Il n’aurait su exprimer avec de simples mots tout ce qu’il ressentait dans ce genre de moment.

Les ongles de Raphaël se plantèrent dans ses épaules, comme si par ce geste, il se raccrochait à la réalité. L’adulte se laissa peu aller gagner par son propre plaisir, vivant l’instant tout aussi intensément que Raphaël. Assis sur ses cuisses, l’adolescent avait passé ses bras autour de sa nuque et son visage était enfoui dans son cou. Tous deux étouffaient tant bien que mal les gémissement de plaisir qui ne demandaient qu’à s’échapper de leur lèvres.

Soudain, en même temps que Raphaël qui avait rejeté la tête en arrière, Daevlyn fut frappé par l’orgasme, jouissant en même temps que son amant après un ultime coup de rein qui les transportant aux portes du ciel.

Épuisé et la respiration courte, Daevlyn se laissa retomber sur le matelas, entraînant Raphaël dans sa chute.

Haletant, ils restèrent silencieux le temps de retrouver une respiration régulière. La main de Daevlyn passait et repassait sous le t-shirt de l’adolescent, comme s’il cherchait à l’apaiser.

Il entendit Raphaël soupirer de bien être, et le sentit se laisser aller à son étreinte, déposant délicatement ses lèvres dans son cou, ce qui fit frissonner l’adulte. Ce genre d’instant était tout simplement magique et surtout unique.

Après quelques minutes de silence, Raphaël prit la parole le premier :

- Daevlyn je… Merci pour ce que tu as fait… Tout à l’heure je…

- Chuuut, ne dis rien, l’interrompit Daevlyn en posant son doigt sur les lèvres de l’adolescent, lui intimant le silence. J’ai fais ce que j’avais à faire Raphaël et je serais prêt à le refaire autant de fois que nécessaire. Je t’aime mon ange….

- Moi aussi Daevlyn, répondit l’adolescent. Je t’aime… Oh si tu savais comme je t’aime…

A ces mots, il enfoui son visage dans le cou de l’adulte et se lova un peu plus près contre lui.

De nouveau le silence se fit, brisé uniquement par le bruit de leur respiration synchronisées. Lentement, celle de l’adolescent se fit de plus en plus régulière et alors que Daevlyn le pensait endormit, Raphaël demanda d’une petite voix emplie de sommeil :

- Daevlyn…

- Hum ?

- Tu es heureux d’être ici avec moi ?

- Oui… Oui, je suis heureux mon ange, répondit Daevlyn en l’embrassant tendrement sur le front, sans cesser de lui caresser le dos.

Heureux… Il l’était comme jamais il ne l’avait jamais été. Cela faisait si longtemps… Ils étaient passés par tellement de choses, que ce bonheur qui leur était maintenant accordé n’était que pure béatitude.

Sentant que Raphaël allait maintenant sombrer pour de vrai, Daevlyn lui murmura à l’oreille :

- Dors mon ange, je veille sur toi…

Raphaël finit par s’endormir dans les bras de Daevlyn, bercé par les battements réguliers de son coeur. Daevlyn resta un moment éveillé, avant de le suivre à son tour, emporté dans les bras de Morphée.

Tous deux ne se réveillèrent que tard dans la matinée. Après un réveil des plus agréables, Daevlyn alla prendre sa douche alors que Raphaël descendit à la cuisine. Il n’y passa pas trop de temps, bien que l’envie d’y traîner un peu l’avait pris, mais celle d’aller retrouver Raphaël et sa famille était plus forte.

Une fois propre et habillé, il rejoignit Raphaël dans la cuisine qui était avec sa mère et Abbygaïl. Il fut accueillit pa trois sourires chaleureux, y comprit celui d’Abbygaïl qui avait relevé la tête en le voyant arriver. Daevlyn alla prendre place entre Suzanne et Raphaël, et la jeune femme lui demanda :

- Bien dormis ?

- On ne peut mieux, lui répondit-il, échangeant un regard avec Raphaël qui n’échappa pas à l’attention de Suzanne qui sourit à son tour face au bonheur évident et à l’amour qui liaient ces deux êtres. L’adulte était heureux des bons rapports qu’il avait avec la mère de son amant, il n’aurait pu rêver mieux.

Ils terminèrent leur petit déjeuner en silence, puis, après avoir aidé à débarrasser, Raphaël monta prendre sa douche tandis que Daevlyn regagnait leur chambre et changeait les draps du lit, prenant ceux que Raphaël avait eu le bon sens de poser sur le matelas posé au sol, qui aurait dû servir à l’origine à accueillir l’un des deux hommes.

Une fois fait, il ouvrit le velux et la fenêtre, histoire d’aérer la pièce et entreprit de vider leurs valises et de ranger leurs vêtements dans la penderie. L’adolescent le rejoignit un instant plus tard, les cheveux mouillés et habillé de propre. Daevlyn attrapa la brosse à cheveux de son jeune amant, et le faisant asseoir à même le sol, il entreprit de lui démêler sa chevelure qui avait bien poussée en quelques mois. Ses longs cheveux noirs de jais lui arrivaient à présent au dessous des fesses, et faisaient la fierté de l’adolescent, pour le plus grand plaisir de Daevlyn qui passait des heures à les caresser sans se lasser de leur texture soyeuse.

Après les avoir entièrement démêlés, Daevlyn le libéra sans avoir attaché ses cheveux. Intrigué, Raphaël se retourna et lui lança un regard interrogateur. Comprenant sa question muette, Daevlyn répondit en souriant :

- Au centre c’est mieux de les laisser attachés à causes des nœuds et du  travail, mais ici rien ne t’oblige à les attacher. Et puis tu es encore plus beau ainsi.

Raphaël ne répondit rien, mais Daevlyn pu voir ses joues s’empourprer sous le complément. L’adolescent embrassa furtivement son amant avant de se lever.

Après quoi, ils rejoignirent tout le monde au salon, et Raphaël se proposa pour aider Suzanne à préparer le repas. Celle-ci le remercia d’un sourire et ils se rendirent à la cuisine tandis que Daevlyn prenait place dans le canapé et que Pierre engageait la conversation avec lui, attirant de ce fait, toute l’attention d’Abbygaïl sur leur discussion.

Morgan quant à lui, avachi dans le canapé, jouait à la Playstation sans ce soucier le moins du monde de ce qui se passait autour de lui.

Daevlyn appréciait vraiment cet homme qui ouvert d’esprit, ne les jugeait pas. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas eu ce genre de rapport avec un adulte. Pendant qu’il échangeait avec Pierre, il pu remarquer qu’Abbygaïl ne le lâchait pas un instant des yeux, ce qui avait le don de le mettre assez mal à l’aise même s’il ne laissait rien paraître.

De plus il semblait être le seul à avoir remarquer son regard et l’attention particulière de la jeune fille. Certes savoir que l’on plaisait à une personne était toujours flatteur, mais dans ce cas, Daevlyn se sentait particulièrement gêné.

Raphaël revint lorsque le repas fut prêt, et s’installa à même le sol, adossé aux pieds du canapé, il demanda à Morgan :

- Tu joues à quoi ?

Daevlyn bien qu’en train de parler avec Pierre, resta attentif à leur échange, jetant quelques coup d’œil. Il fut particulièrement déçu du comportement du jeune garçon qui lança à son amant un regard dédaigneux avant de reprendre son jeu sans prendre la peine de lui répondre. Daevlyn savait parfaitement que Raphaël avait déjà fait beaucoup et que ce rejet devait lui faire mal. Il allait intervenir, sans trop savoir de quelle manière, mais Pierre le devança et déclara :

- Morgan, tu pourrais lui proposer de jouer avec toi, au lieu de rester là avachi sur le canapé.

- Non je… Merci, mais je ne sais pas jouer à cela, s’empressa de répondre l’adolescent.

Sur ses entre faits, Suzanne arriva au salon et invita tout le monde à passer à table. Daevlyn fut soulagé que tout cela prenne fin.

Une fois dans la cuisine, Daevlyn s’assit et vit Abbygaïl prendre place à ses côtés, place normalement attribuée à Raphaël. Il n’en fit pas un drame après tout ils pouvaient être séparer le temps d’un repas. Raphaël prit place entre Morgan et Suzanne.

Daevlyn vit tout de suite que quelque chose n’allait pas. Il ne releva pas la tête de son assiette tout le long du repas. Daevlyn eut beau tenter de croiser son regard, de capter son attention, rien n’y fit. l’adulte se promit qu’il en parlerait avec lui dès qu’ils sortiraient de table. Mais Raphaël allait-il tenir jusqu’à la fin ?

Soudain, Abby lui demanda :

- Cela n’est pas trop ennuyeux de devoir jouer au baby-sitter ?

- Abby ! s’exclama alors Pierre, furieux contre la question de sa fille.

- Au fait, comment en es-tu arrivé à faire la connaissance de Raphaël ?

Daevlyn vit aussitôt Raphaël redresser brusquement la tête lui adressant un regard suppliant. Daevlyn ressentit toute la souffrance de Raphaël comme si c’était la sienne. Jamais il n’aurait pensé que les deux adolescent et en particulier Abbygaïl puissent être aussi cruels avec lui. Même les autres adolescents du centre pouvaient être moins sournois.

Après un silence pesant dans le but de ravaler sa colère, Daevlyn ouvrit enfin la bouche :

- C’est une longue histoire. De plus, cela ne te concerne pas, répondit sèchement Daevlyn.

- Quoi ? Tu as si honte que ca que tu veux pas en parler ?

- Abbygaïl cela suffit ! Tonna Pierre de sa grosse voix. Et si tu n’es pas d’accord avec cela, rien ne t’empêche d’aller terminer ton repas dans ta chambre.

- De toute façon, c’est toujours mieux que de rester là en compagnie de personnes comme lui, cracha Abby en montrant Raphaël du doigt avant de se lever de table.

Furieusement, elle sortie de la cuisine et monta dans sa chambre. Les larmes inondant ses joues, Raphaël releva la tête et captant le regard de Suzanne et de Daevlyn, il se leva précipitamment de sa chaise et sortit en courant de la cuisine pour aller, à son tour, s’enfermer dans sa chambre.

Alors qu’il allait se lever, Suzanne retint Daevlyn par le bras et se dirigea vers les escaliers pour aller rejoindre son fils. Daevlyn du se faire violence pour rester ici et ne pas se lever. Il lui était impossible de laisser son amant dans un tel état. Il pouvait devenir totalement fou et dangereux pour la personne qui voulait du mal à son ange. Il prit donc son mal en patience, parlant d’un air distrait à Pierre qui présentait ses excuses pour le comportement désagréable de sa fille. Ce n’est qu’au bout de très longues minutes d’attente que Raphaël revint enfin, les yeux rougis par les larmes. Il vint prendre place à côté de lui, place qu’Abbygaïl avait laissée. Daevlyn posa une main sur la sienne, dans un geste doux et aimant. Rassuré que Raphaël aille un peu mieux.

Dans l’après-midi, Suzanne et Pierre allèrent faire quelques courses afin de remplir le frigo qui commençait à se vider et laissèrent les enfants seuls avec Daevlyn et Raphaël.

L’adolescent, assit à côté de Daevlyn, se leva afin d’aller chercher quelque chose dans sa chambre. Abbygaïl en profita immédiatement pour venir lui piquer sa place. Elle commença à lui parler, tentant de lui faire du charme. Elle le complimentait sur la couleur de ses yeux, et alla même à lui remettre une mèche de cheveux derrière son oreille. C’est bien évidemment à ce moment là que Raphaël, revint et resta figé sur le pas de la porte d’entrée du salon.

Si Daevlyn n’avait pas particulièrement porté d’importance à ce geste, ce n’était pas le cas de Raphaël. Semblant être dégoûté, il alla prendre place sur la table du salon et y posa son matériel de dessin.

Daevlyn avait pris un livre, profitant du temps qui lui était offert. Il adorait lire et pourtant, il était rare qu’il ait vraiment l’occasion et le temps suffisant.

Raphaël se leva un moment, et sortit de la pièce. Interompu dans sa lecture par cette sortie, Daevlyn leva les yeux. Morgan venait de se lever à son tour, et partait dans la même direction que Raphaël. A son tour, se méfiant de ce que l’adolescent pouvait faire à son amant, dans une attitude protectrice, il se leva et les suivit à distance. Raphaël sortait de la cuisine avec une pomme à la main. Il tomba nez à nez avec Morgan. Ce dernier l’attaqua tout de suite et lui balança :

- Fais gaffe à ta ligne, tu vas gonfler si tu continues à manger en dehors des repas.

Plus qu’agacé, Raphaël se tourna vers lui et déclara d’une voix froide et à peine reconnaissable :

- Contrairement à toi qui passe tes journées avachi comme une larve dans le canapé à jouer a ton jeu débile, moi je fais du sport ! Je n’ai donc rien à craindre pour ma ligne, par contre, toi, tu ferais mieux de faire attention, tu as un bourlet qui dépasse de ton t-shirt, fit remarquer l’adolescent en pointant le bas ventre de Morgan.

Puis alors qu’il allait retourner au salon, il ajouta :

- Et depuis quand tu as vu qu’une pomme ça faisait grossir ?

Un sourire mi satisfait, mi sadique étira ses lèvres lorsque, du coin de l’oeil, il vit Morgan loucher sur son ventre et tenter de baisser son t-shirt. Cependant, il ne remarqua pas le sourire fier et amusé affiché sur les lèvres de Daevlyn et l’air incrédule d’Abby qui avait assisté à la scène.

Croquant dans sa pomme, Raphaël retourna s’asseoir à sa table, et Daevlyn retourna à sa lecture. Il était tout aussi fier de la réaction de l’adolescent. Raphaël reprit son dessin, et rien d’autre ne se passa jusqu’à ce que Suzanne et Pierre ne rentrent des courses.

Lorsqu’il les vit arriver, Raphaël stoppa son activité pour les aider à aller ranger. Abbygaïl en profita pour se lever et aller voir les dessins de Raphaël. C’est à ce moment là que Raphaël revint, horrifié de ce qu’elle était en train de commettre. Lentement, il s’approcha d’elle et demanda d’une voix qu’il s’efforça de garder calme et polie  :

- Est-ce que je me permet d’aller fouiller dans tes affaires ?

Comprenant où voulait en venir Raphaël, elle reposa le carnet sur la table et déclara méchamment :

- De toute façon ils sont moches !

Raphaël ne prêta aucune attention à la réplique d’Abby  et s’asseyant à la table, il se prit la tête dans les mains, tentant de cacher son mal être et sa fureur qui ne passèrent pas inaperçu à l’adulte. Pierre arriva à ce moment là et demanda à Raphaël, le faisant sursauter :

- Je ne savais pas que tu dessinais ! Je peux regarder ? Demanda Pierre en lui offrant un sourire bienveillant.

- Hein ? Euh, je…. , enfin… Si vous voulez, bégaya l’adolescent, surprit.

- Pas de “vous” Raphaël, tu vas me vexer, fit remarquer Pierre avec un sourire amusé.

- Oui, pardon, murmura Raphaël.

Pierre prit place sur la chaise voisine de Raphaël et commença à feuilleter le carnet de Raphaël avec un regard appréciateur. Cependant, il ne fit aucun commentaire jusqu’à ce qu’il eut terminé de le regarder. Daevlyn n’avait jamais eut l’occasion et la permission d’admirer le travail de l’adolescent. Celui-ci lui avait toujours caché ses œuvres. Il ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Il fini par se lever discrètement et se mettre derrière Pierre. Il ne s’y connaissait pas vraiment, mais il trouvait que les dessins de Raphaël étaient très beau. Ce n’était pas de simples dessins. Chacun d’eux faisaient passer quelque chose, laissant transparaître quelque chose de bien plus profond. Beaucoup d’entre eux le représentait. Lorsque Pierre eut terminé, il le reposa devant son propriétaire et déclara :

- Tu dessines très bien Raphaël. Ne te laisse pas influencer par les paroles blessantes d’Abby, mon garçon. Cela finira par lui passer.

Et sans laisser à Raphaël le temps de répondre, il s’éloigna après lui avoir adressé un sourire d’encouragement. C’est ce moment là que Daevlyn choisit d’intervenir :

- Pierre à raison mon amour, ils sont magnifiques tes dessins, murmura-t-il à son oreille.

Raphaël émit un hoquet de surprise et se retourna vivement. Daevlyn qui avait prévu le mouvement de l’adolescent, recula de quelques pas et plongea son regard dans ses prunelles améthystes qui brillaient d’une lueur d’interrogation.

- J’aime particulièrement celui que tu as fait de moi, ajouta l’adulte avec un sourire équivoque.

Cette phrase eut pour effet de faire s’empourprer l’adolescent. Attendrit, Daevlyn l’embrassa furtivement, après avoir vérifié que personne d’autre qu’eux ne se trouvait dans la pièce. Ce baiser, même chaste, eut pour effet de faire retrouver de sourire à Raphaël.

Daevlyn lui adressa un clin d’œil et entendant des pas venir dans leur direction, il s’écarta de quelques pas. Alors que Daevlyn allait s’installer dans le canapé et reprendre son livre, Raphaël alla ranger son matériel de dessin dans sa chambre.

Abbygaïl choisit ce moment là pour continuer ce qu’elle avait commencé avec bien plus de lourdeur. Elle vint se coller à lui, faisant encore des allusions grotesques. Elle finit par lire au dessus de son épaule, chose qui agaçait Daevlyn par dessus tout. Il resta le plus calme et le plus patient possible, c’était heureusement en ses cordes.

Lorsque Raphaël revint, Daevlyn était doublement plus gêné qu’il assiste à ce genre de scène et espérerait qu’il comprendrait… Raphaël alla prendre place sur l’accoudoir du canapé, et posa sa tête sur son épaule, semblant tenter de se calmer. Daevlyn ne savait pas ce qui le retenait de l’embrasser. Il resta un long moment ainsi, et c’est dans cette position que Suzanne les trouva en entrant dans la pièce.

Cependant, face à la scène qui se déroulait sous ses yeux, Suzanne comprit bien vite que l’adolescent agissait ainsi par pure jalousie, et souhaitant lui laisser un peu de temps avec Daevlyn, elle déclara :

- Abby, tu peux venir m’aider pour le repas s’il te plait ?

- Pourquoi ? Raphaël il peut le faire lui !

- Abby ! Raphaël s’est déjà proposé de m’aider hier, tu pourrais bien le remplacer aujourd’hui ! Ce n’est pas à lui de tout faire !

- Ben voyons ! Souffla Abby en se levant, prenant appuis sur la cuisse de Daevlyn. Et après on ose nous dire qu’il n’y a aucun chouchou !

La jeune fille dépassa Suzanne et se rendit à la cuisine en soufflant bruyamment. Suzanne lança un clin d’oeil à son fils et rejoignit Abby.

Une fois seuls, Raphaël se laissa glisser sur les genoux de Daevlyn qui referma son livre pour reporter toute son attention sur son jeune amant. Là comme il en avait envie depuis le début de l’après-midi, il prit tendrement possession de ses lèvres, et l’embrassa avec tout l’amour dont il était capable. Raphaël semblait attendre ce genre d’attention depuis trop longtemps, et répondit au baiser avec entrain, assouvissant son manque de lui.. Mettant fin au baiser, Raphaël enfoui son visage dans le cou de l’adulte et chougnia :

- J’en ai marre qu’elle te colle comme ça… En plus tu ne fait rien pour la repousser… Je suis jaloux tu sais…

-  je sais mon ange, j’ai vu les regards meurtriers que tu lui lances… Et si je ne la repousse pas c’est pour ne pas la vexer. Je pensais que mon indifférence lui ferait comprendre mais apparemment elle a l’air plutôt tenace.

Raphaël ne répondit rien, se contentant de se lover un peu plus contre son amant. Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que Suzanne vienne les chercher pour passer à table :

- Vous venez manger les garçons ? Appela-t-elle en leur lançant un regard attendrit.

- On arrive, répondit Daevlyn avant de voler un baiser à son amant et de se lever, le portant comme un bébé.

Raphaël passa ses jambes autour de la taille de son amant qui le porta ainsi jusqu’à l’entrée de la cuisine. Là, Raphaël se laissa glisser à terre en souriant tendrement à Daevlyn et Suzanne appela la maisonnée pour leur signaler que le repas était prêt.

Cette fois-ci, Raphaël eut une place à côté de lui. Abby, quant à elle, se retrouva à côté de son frère pile en face de Daevlyn.

Le repas débuta dans le calme, bien que Daevlyn supportait de moins en moins le regard brûlant que posait sur lui l’adolescente. Suzanne demanda soudain à Raphaël qui laissait discrètement de côté les carottes contenues dans son assiette :

- Tu n’aimes pas les carottes ?

Honteux, Raphaël se contenta d’hocher négativement la tête, les yeux obstinément rivés sur son assiette, tandis que Daevlyn vidait son assiette des légumes maudits. Il avait complètement oublié que l’adolescent détestait cette nourriture.

- Tu aurais dû le dire, je t’aurai préparer autre chose ! fit remarquer Suzanne.

- C’était bien la peine de faire à bouffer s’il mange quedalle ! C’est fini, j’me casse plus le cul pour lui ! Il se démerde ! S’exclama Abby en tuant Raphaël du regard.

- Abby ! Je commence à en avoir plus que marre de tes réflexions ! S’exclama Pierre hors de lui.

La jeune fille ne répondit rien, replongeant son attention sur son assiette. Raphaël de son côté, ne parlait pas non plus. Daevlyn le sentait, les repas étaient de plus en plus dur pour son jeune amant. Les rejets constant semblaient lui  être plus que pesant, et son visage abhorrait un air triste qu’il ne lui avait pas vu depuis un moment.

- Et bien ! Quelle ambiance ! Fit remarquer Morgan qui ouvrait la bouche pour la première fois.

- Ca suffit Morgan ! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !

La suite du repas se déroula dans un silence monastique. Au moment du dessert, alors que Daevlyn était en train de se servir, il sentit quelque chose lui toucher le pied et remonter lentement sur sa jambe. Il avait déjà sentit quelques effleurements, mais il avait cru que cela avait était uniquement fait par erreur et par inattention. Il releva immédiatement les yeux sur Abbygaïl, qui après un petit regard aguicheur repris de plus belle son manège tout en faisant semblant de s’intéresser à son dessert. Tendu, Daevlyn ne savait pas vraiment comment réagir, et tentait de la repousser le plus discrètement possible.

Au regard intrigué que lui lança alors l’adolescent qui devait avoir certainement avoir sentit qu’il se passait quelque chose, Daevlyn tenta de ne surtout pas éveiller plus ses soupçons. Il ne voulait pas que Raphaël soit témoin de cette scène, c’était vraiment inutile.

Abbygaïl ne cessait pas son petit manège, et déplaçait lentement et sensuellement son pied nu le long de sa jambe. Il avait beau vouloir s’en débarrasser, c’était en vain.  D’un geste maladroit, Raphaël laissa soudain tomber sa petite cuillère. Daevlyn le vit se baisser pour la ramasser, et jeter discrètement un coup d’œil sous la table. Il sentit aussitôt l’adolescent se glacer d’horreur devant le devant le spectacle offert à ses yeux.

Lorsqu’il se réinstalla sur sa chaise, Raphaël posa sa cuillère et repoussa son dessert, prétextant avoir assez mangé.

Ne se doutant pas une seule seconde que Raphaël avait été témoins de son manège, Abby continuait de draguer ouvertement l’adulte qui faisait son possible pour ne pas se lever et lui coller une gifle. Que Raphaël soit témoin de cette scène le mettait dans un état de fureur insoutenable.

Lorsque tout le monde eut terminé, Daevlyn et Raphaël aidèrent Suzanne a débarrasser la table avant d’aller rejoindre les autres au salon. Daevlyn alla prendre place dans la dernière place libre du canapé, aux côtés de Pierre et Abby tandis que Raphaël allait s’asseoir sur les genoux de sa mère, toutes les places étant déjà prises.

Abby poursuivant son objectif vint se coller contre l’adulte qui était à deux doigts de craquer. Raphaël semblait être encore mille fois plus furieux, et lorsque Abby posa sa main sur la cuisse de Daevlyn, dans un geste qui se voulait tout à fait innocent, il se leva :

- Ça suffit ! Cria-t-il en s’avançant dangereusement vers Abby, faisant sursauter tout le monde. Je croyais que tu avais compris depuis le temps mais apparemment non, alors laisse moi te l’expliquer d’une manière plus radicale que j’espère claire et convaincante.

Là, sous le regard mi-étonné, mi-effrayé des jumeaux, il s’assit sur les cuisses de Daevlyn et prit violemment possession de ses lèvres dans un baiser ardent et langoureux. Raphaël dévorait les lèvres de l’adulte avec un avidité poussée à son maximum. Il n’en fallut pas plus pour Daevlyn qui répondit au baiser avec la même intensité. Ces contacts étaient bien trop espacés en ce moment pour qu’il ne succombe pas. Les mains posées sur les hanches de l’adulte, Raphaël suçait avec un plaisir non feint la lèvre inférieure de son amant. Galvanisé par l’ardeur que mettait Raphaël à l’embrasser, Daevlyn posa ses mains sur les hanches de son amant, et lui caressait lentement la chute de ses reins, en un geste lent et sensuel. S’unissant ainsi avec son amant, il oubliait tout le monde extérieur à leur deux êtres. Plus rien n’existait pour lui, à part Raphaël.

Après un temps qui leur parut à la fois trop long et trop court, Raphaël mit fin au baiser et s’écarta de Daevlyn qui lui sourit d’un air amusé. Raphaël lui donna un léger coup de poing sur le torse, lui montrant qu’il n’approuvait pas l’attitude de son amant. Raphaël avait tellement changé…

Timidement, celui-ci se retourna, sans quitter les genoux de Daevlyn, et les joues rouges face à l’audace dont il venait de faire preuve, il murmura :

- Pardon…

- Ne t’excuses pas Raphaël, déclara Pierre. Ta mère et moi n’avons rien dit aux enfants car nous estimions que c’était à vous de l’annoncer lorsque vous l’auriez décidé. Tu n’as rien à te reprocher.

Raphaël lui adressa un petit sourire timide empli de remerciements muets mais qui n’échappèrent pas au notaire qui lui renvoya un clin d’œil victorieux.

- C’est dégueulasse ! S’exclama alors Abby en se levant et en montant dans sa chambre en courant.

- Ouais, ben j’ai intérêt à faire attention à mon cul moi ! Fit remarquer Morgan avec une moue dégoûtée.

A ses mots, Pierre se leva et gifla violemment son fils en s’exclamant :

- Vous me faites honte tous les deux ! Jamais je ne vous ai éduqué de la sorte ! File dans ta chambre, je ne veux plus te voir jusqu’à nouvel ordre !

Raphaël avait enfoui son visage dans le cou de Daevlyn. Le cœur de Daevlyn se serra, pourquoi tout se passait ainsi. Ce séjour était vraiment en train de virer au cauchemar. Ce ne fut que lorsqu’il sentit une des larmes de l’adolescent rouler dans son cou que Daevlyn s’aperçut que Raphaël pleurait, et l’embrassant tendrement dans les cheveux, il lui caressa le dos en signe d’apaisement, lui murmurant des mots réconfortant au creux de l’oreille.

- Je suis vraiment confus, déclara Pierre affreusement gêné. Je ne comprends pas du tout leur réaction. Mon frère est homosexuel également, et jamais ils n’ont eut ce genre de réflexion…

- Ne vous en faites pas, le rassura Daevlyn. Je pense que c’est un trop plein d’émotions qui l’ont fait craquer. Il était sous pression depuis quelques jours et c’est le contrecoup de tout ce qui vient de se passer. Et c’est pas plus mal ainsi, il n’aurait pas pu supporter une journée supplémentaire avec ce poids sur le cœur.

Avisant les soubresauts qui secouaient le corps de son fils, Suzanne se leva et alla s’asseoir auprès de Daevlyn qui tentait toujours de consoler l’adolescent qui à présent, ne cherchait plus à cacher ses sanglots :

- Ne pleure plus mon ange… C’est fini… Là, calme-toi, respire doucement… Chut, mon cœur…

Mais noyé dans ses sanglots, Raphaël ne semblait pas entendre ses paroles. Ses sanglots étaient intarissables et chaque larme versée par Raphaël serrait un peu plus le cœur de Daevlyn qui à l’aide des deux autres adultes tentait tant bien que mal de consoler l’adolescent, sans succès. Même Lindsay, attristée par les pleurs de Raphaël était montée sur les genoux de Daevlyn et faisait un câlin au jeune garçon, sous le regard attendrit des trois adultes.

Ce ne fut que bien plus tard que les sanglots de Raphaël cessèrent enfin. Daevlyn sentit un poids mort peser sur son épaule et après avoir murmuré le prénom de l’adolescent sans obtenir de réponse, il déclara en chuchotant pour ne pas le réveiller :

- Il s’est endormit…

- C’est mieux ainsi, fit remarquer Pierre. Il a besoin de dormir.

- Hn. Je vais aller le coucher, je reviens.

Sur ses mots, il fit descendre Lindsay et se leva. Portant l’adolescent comme une jeune mariée, il le monta jusque dans leur chambre et le coucha dans leur lit. Il le mit en pyjama le plus délicatement possible de façon à ne pas le réveiller, avant de rabattre les couvertures sur lui.

Après un dernier regard pour s’assurer qu’il allait bien, il éteignit la lumière et referma la porte derrière lui. A pas de loup, il alla rejoindre Pierre et Suzanne qu’il trouva en pleine conversation :

- Je suis désolé ma chérie, disait le notaire. Je ne comprends vraiment pas leur réaction. J’irais leur parler demain, si j’y vais maintenant je risque de m’énerver et cela ne rimerait à rien.

Daevlyn retourna s’asseoir dans l’un des fauteuils qui faisaient face au canapé. Ils discutèrent un long moment avant que Daevlyn ne monte se coucher à son tour. L’adolescent dormait toujours, les traits un peu plus détendu. Il avait vraiment besoin de repos. Alors qu’il entrait sous les couvertures, Raphaël vint se coller à lui en marmonnant son prénom.

- Je suis là mon ange, rendors-toi…

Raphaël se blotti un peu plus dans les bras de Daevlyn et se rendormit aussitôt.

Depuis une semaine que Raphaël avait explicitement fait comprendre à Abby que Daevlyn n’était plus un coeur à prendre, les choses ne s’étaient pas vraiment améliorées. Une tension à couper au couteau émanait de la part des deux jumeaux, et l’adolescent tentait de ne pas prendre trop à cœur leur moqueries. Cependant, même si extérieurement il avait tout l’air de quelqu’un qui n’y prête pas attention, intérieurement, il souffrait et cela Daevlyn le constatait un peu plus chaque jour.

Il ne savait pas vraiment quoi faire, et se mettait à languir la fin du séjour malgré lui.

Suzanne semblait être particulièrement fatiguée et usée elle aussi de cette tension. les appela pour passer à table et avant d’entrer dans la cuisine, Daevlyn attira Raphaël à lui et l’embrassa tendrement, faisant fit de la présence des jumeaux dans leur dos. En ce moment Raphaël avait plus que besoin de ce genre d’attentions. Et c’était la seule chose que Daevlyn pouvait lui offrir à volonté. Raphaël sourit tendrement à Daevlyn et l’embrassa furtivement une dernière fois avant de rejoindre sa place à table, son amant sur les talons.

Le nez plongé dans son assiette, comme à chaque repas, Raphaël tentait de ne pas faire attention aux gloussements imbéciles des jumeaux. Daevlyn ne savait plus quoi faire, et commençait à ressentir de la haine contre les deux adolescents. Il devait faire appel à tout son self-control pour ne pas éclater. Raphaël encaissait remarque sur remarque, et avait lui aussi les nerfs à fleur de peau. Soudain, suite à une énième remarque de la part d’Abby à son frère, Raphaël lâcha sa fourchette, posa sa main sur sa cuisse et serra violemment le poing. Daevlyn  s’aperçut tout de suite du trouble de l’adolescent, il pressa sa main dans la sienne, dans un geste de réconfort, tentant de le calmer.

Mais cela ne fut pas suffisant. Plantant violemment la pointe du couteau dans la table en bois, Raphaël releva lentement la tête tandis que son regard d’un noir ébène se posait sur Abby. Daevlyn ne s’attendait pas du tout au retour d’Asiel, jamais il n’aurait imaginé que Raphaël était à ce point à bout. Plongé dans sa fureur, la beauté de Asiel était sans pareil.

La tension qui émanait de l’adolescent à ce moment était tel que toutes les conversations avaient cessées et que tous les regards étaient posés sur lui. D’une voix impersonnelle et d’une froideur extrême, Asiel déclara :

- Toi la peste je t’ai rien demandé ! Radio langue de pute ça va bien cinq minutes mais la ça devient carrément casser couilles  Et fout toi bien ça dans le crâne, je préfère sans hésiter me faire “défoncer le cul” pour reprendre ta propre expression, plutôt que de devoir supporter la vue d’une greluche telle que toi, avec une poitrine de vache laitière ! Tu viens définitivement de me guérir des filles Abby, et je t’en remercie !

Aussitôt, les yeux de Raphaël retrouvèrent leur couleur habituelle. Même s’il était habitué à Asiel, Daevlyn était quand même sous le choc. Une fois de plus, Asiel avait mieux protégé Raphaël que lui. A sa manière certes, mais au moins il avait fait quelque chose… Au moins Abby et Morgan y réfléchiraient à deux fois avant de revenir embêter l’adolescent.

Les larmes aux yeux, sentant le regard ahuri de sa familles posé sur lui, Raphaël se leva précipitamment et s’enfuit en courant. Daevlyn bondit aussitôt à sa poursuite et le rattrapa par le bras avant qu’il n’emprunte les escaliers. Il l’entraîna au salon et demanda :

- Raphaël…

- Nan ! Hurla l’adolescent a bout de nerf et en sanglots. Ne viens pas me faire la morale ! Je sais très bien ce que tu penses ! Que c’est une bonne chose qu’il ait intervenu ! Et moi ! Tu penses un peu à moi ? S’écria Raphaël entre deux sanglots. Pourquoi se croit-il toujours obligé d’intervenir ? Il ne peut pas me laisser me débrouiller par moi-même ? Je suis pas assez fort c’est ça ? J’en peux plus Daevlyn, c’est trop dur, je suis à bout, sanglota l’adolescent au bord de la crise de nerfs.

- Calme-toi Raphaël, cela ne sert à rien de te mettre dans un état pareil.

- Que je me calme, hurla Raphaël hystérique. Comment veux-tu que je me calme ? Je suis à deux doigts de peter un câble et toi tu veux que je me calme ? Tu en as encore beaucoup des comme ça ?

Soudain, Daevlyn remarqua que le souffle était en train de manquer à Raphaël. La respiration sifflante, il était en train de suffoquer par le manque d’air.

Daevlyn s’approcha de lui mais fut vite repousser par les coups violents lancés à l’aveuglette par l’adolescent. Raphaël faisait une crise de panique :

- Respire Raphaël… Je t’en prie calme-toi… tu es entrain de t’étouffer… Raphaël respire putain ! Cria à son tour l’adulte complètement paniqué, impuissant face à son amant qui s’étouffait.

A l’entente de ses mots, Suzanne sauta de sa chaise et se précipita au salon, suivit de près par Pierre et les enfants. Daevlyn était réellement paniqué, il ne savait plus quoi faire, et voyait l’adolescent dépérir sous ses yeux.

Suzanne poussa un cri de terreur. Réagissant le premier, Pierre se précipita vers Raphaël et lui compressa un point anatomique de sa poitrine. Aussitôt, l’adolescent inspira bruyamment une grande bouffée d’air, tandis que Daevlyn faisait de même, soupirant de soulagement et de peur. Il se précipita vers l’adolescent et le prit dans ses bras, pleurant de peur et de soulagement, ses larmes se mêlaient aux sanglots de l’adolescent, qui frappait le dos de l’adulte, de coups de poings de rage et de désespoir, mais trop faiblement pour vraiment lui faire mal. De toute façon Daevlyn, dans son état actuel, aurait bien pus supporter plus, du moment qu’il pouvait serrer l’adolescent vivant dans ses bras.

Des gémissements d’animal blessé s’échappait de la gorge de l’adolescent, compressant la poitrine de Suzanne et Daevlyn qui étaient totalement impuissants face à la détresse et la douleur de l’adolescent.

- Pardonne-moi Raphaël… pardonne-moi de n’avoir pas vu à quel point tu souffrais… J’aurais dû voir que tu étais à bout… J’aurais dû faire en sorte qu’il ne revienne pas… Je t’en prie, pardonne-moi mon ange, sanglota Daevlyn enfouissant son visage dans les cheveux détachés de l’adolescent.
Les sanglots de Daevlyn se tarirent bien avant ceux de l’adolescent. Lorsque enfin les pleurs de Raphaël cessèrent, Daevlyn s’aperçut qu’il venait de s’endormir dans ses bras. Délicatement, il passa un bras sous son cou et l’autre au creux des genoux et le porta dans leur chambre. Morgan et Abby s’écartèrent vivement pour le laisser passer, tandis que Suzanne emboîtait le pas à Daevlyn, intimant l’ordre aux autres de rester en bas.
Passant devant l’amant de son fils, elle ouvrit la porte de la chambre et tira les draps du lit afin que Daevlyn puisse l’y allonger l’adolescent. Ensuite, elle retourna fermer la porte et revient auprès de Daevlyn qui avait entreprit de déshabiller son jeune amant. Suzanne allait lui poser des questions, c’était inévitable. Qu’allait-il lui dire ? Il n’avait maintenant plus le choix… Elle devait savoir. Ce secret ne pouvait plus durer. Pour Raphaël, il le ferait, même si celui-ci lui en voudrait, Daevlyn pensa qu’avec un peu de temps, il comprendrait le geste de son amant.
- Je crois que j’ai droit à des explications non ? Demanda la jeune femme d’une voix douce mais ferme.

Daevlyn ne répondit rien, faisant passer le t-shirt de Raphaël par-dessus sa tête, dévoilant à sa mère son torse et ses bras striés de cicatrices plus anciennes les unes que les autres. Un cri muet s’échappa des lèvres e la jeune femme face à l’horreur qui se dévoilait à ses yeux et Daevlyn déclara d’une voix posée :
- Autant commencer par le commencement non ?
La jeune femme se contenta d’hocher positivement la tête en signe d’acquiescement et Daevlyn reprit, ayant tout de même beaucoup de difficultés à redire à voix haute tout ce que son ange avait vécu :
- Lorsque Raphaël est arrivé au centre, il ne parlait pas et n’acceptait personne à moins de trois mètres de lui. Il se mettait à crier à chaque fois que quelqu’un l’effleurait par mégarde. Très vite, les autres ados du centre en ont fait leur bouc émissaire, trouvant en lui la victime idéale. J’ai obtenu de la part de Sébastien la permission de m’occuper seul de lui et après plusieurs semaines sans parvenir à aucun résultats, il a commencé à me parler, mais toujours sans accepter le moindre contact. Un matin, j’ai retrouvé Raphaël les bras charcutés et à demi conscient, poursuivit l’adulte, en simplifiant un peu les faits. On l’a aussitôt fait transporté à l’hôpital…
- Qui est ce ‘il’ dont Raphaël faisait mention tout à l’heure ? Interrogea la jeune femme qui palissait à vue d’œil au fur et à mesure que Daevlyn avançait dans son récit.
- J’y viens, et je pense que tu devrais t’asseoir… Je ne vais pas y aller par quatre chemins… Quand il s’est réveillé à l’hôpital, ce n’était pas Raphaël qui était là, mais Asiel…
Un grand silence suivit cette déclaration avant que Suzanne finisse par demander d’une voix hésitante :
- Asiel ? Tu… Tu veux dire que…
- Oui, termina calmement Daevlyn. Raphaël souffre de dédoublement de personnalité. Cependant, cela faisait plusieurs mois qu’il n’était pas réapparut… Je pense que s’il est apparut tout à l’heure c’est parce qu’inconsciemment, Raphaël à dû le lui demander… Connais-tu la raison de la présence de Raphaël dans ce centre ? Demanda alors Daevlyn.
- Non, je… Il n’a jamais voulu me le dire…. Chaque fois que j’abordais le sujet, il déviait la conversation ou se renfermait sur lui-même, alors j’ai finis par arrêter de chercher à savoir…
Daevlyn allait passer à la phase la plus dure de la révélation. Comment une mère pouvait-elle entendre cela au sujet de son propre enfant…
- Ce centre à la particularité d’accueillir des adolescents à problèmes, notamment ceux qui ont commis un meurtre…
- Un meurtre ? répéta Suzanne incrédule.
Daevlyn se contenta d’hocher affirmativement la tête et retenant un cri d’horreur, Suzanne plaqua ses mains sur sa bouche alors que dans son esprit, les morceaux se recollaient :
- Oh mon Dieu… Raphaël…. C’est Raphaël qui a tué son père…
- Pas tout à fait… Tu es déjà au courant de ce qu’a fait subir son père à Raphaël… Un jour, Asiel est apparut sans crier garde et à poignarder son père alors qu’il…
La voix de Daevlyn se noua dans sa gorge et Suzanne étouffa un sanglots, sans parvenir à détacher son regard du visage de Raphaël qui dormait paisiblement. Daevlyn n’arriverait pas à en dire plus. Chaque jour, la douleur était aussi vive. Si Asiel n’avait pas tué cet homme, Daevlyn l’aurait fait mourir dans les pires circonstances possible. Cet homme avait détruit à jamais quelque chose dans l’adolescent. La blessure serait toujours visible, même sous la forme d’une cicatrice, jamais elle ne disparaîtrait. Raphaël porterait toujours la trace de ce sombre passé, même si Daevlyn était aujourd’hui à ses côtés pour l’y aider.
- Je n’arrive pas à y croire… Comment est-ce possible ? Sanglota Suzanne en s’agenouillant au chevet de son fils, prenant sa main dans la sienne. Tout ceci est de ma faute… Si seulement je n’étais pas partie… Si seulement je l’avais emmené avec moi au lieu de le laisser à la garde de son père… Je me sens tellement coupable… Je te prie de me pardonner Raphaël… Je t’en prie, pardonne-moi…
Touché par la détresse de la jeune femme, Daevlyn s’agenouilla à ses côtés, et Suzanne se laissa aller dans ses bras pleurant toutes les larmes de son corps. Ils restèrent un long moment ainsi enlacés, pleurant sur le sort de cet être qu’ils aimaient tous deux de tout leur coeur.
Ce ne fut que bien plus tard qu’ils redescendirent au salon où ils furent accueilli par Pierre qui demanda d’une voix qui cachait mal son inquiétude :
- Comment va-t-il ?
- Il dort. Il a besoin de se reposer. Cela fait quelques jours qu’il a le sommeil agité, répondit Daevlyn d’une voix qu’il voulait calme et posée mais qui cependant, cachait bien mal son inquiétude et sa propre fatigue. Il ne pouvait que culpabiliser de ce qui arrivait. S’il avait été plus attentif, jamais tout cela ne serait arrivé.
Chacun prit place dans un fauteuil, les jumeaux assis l’un à côté de l’autre dans le canapé, Suzanne souffla longuement puis prit la parole :
- Cela fait une semaine que cette situation perdure et cela ne peut plus durer. Je ne veux plus jamais qu’une telle scène se reproduise sous mon toit, me suis-je bien fait comprendre ? demanda Suzanne d’une voix calme mais déterminée. Je n’ai rien dit tout ce temps, pensant que cela allait se tasser, mais visiblement, ce n’est pas le cas. Je n’ai pas pour habitude de sévir et vous le savez très bien, mais je ne peux pas laisser passer quelque chose d’aussi grave. Avez-vous seulement conscience de la gravité de la situation ? Interrogea-t-elle toujours calmement. Alors voila, je vais mettre les choses au clair en espérant ne plus avoir à le refaire. Même si Raphaël ne vit pas avec nous toute l’année, il n’en est pas moins mon fils et ici chez lui. J’aimerais que vous l’acceptiez comme tel et que vous cessiez vos gamineries ! Raphaël est mon fils et pour rien au monde je n’accepterais que vous le laissiez à part. Il a autant sa place que vous dans cette famille et dans cette maison, est-ce clair ? Ajouta la jeune femme en commençant à perdre son calme et à hausser la voix. Vous avez quel âge pour agir de la sorte ? Abby, Morgan, répondez-moi ! C’est quoi qui vous gêne chez lui ? A-t-il eut ne serait-ce qu’une fois des paroles blessantes envers vous ? Non ? Alors pourquoi est-ce que vous vous acharnez sur lui de cette façon bordel ? Cela ne vous est jamais venu à l’esprit qu’en plus de le blesser lui vous me blessiez moi aussi ? Vous croyez que cela m’amuse de voir mes enfants se bouffer le nez à longueur de journée ? Cria Suzanne à présent hors d’elle.
Après un moment de silence durant lesquels ont entendit voler les mouches, elle reprit plus calmement :
- J’ai vécu trop longtemps loin de Raphaël et je ne veux plus jamais que cela arrive. Je suis désolée Pierre, ajouta-t-elle en se tournant vers l’homme qu’elle aimait sans chercher à dissimuler les larmes qui coulaient sur ses joues. Je t’aime, mais je ne veux pas avoir à me séparer de mon fils à cause de votre comportement puéril, déclara-t-elle en faisant de nouveau face aux jumeaux. Si vous ne parvenez pas à faire en sorte que tout se passe bien entre nous, alors je partirais. Je suis prête à sacrifier mon bonheur pour faire le sien.
Un cri d’horreur se fit entendre dans leur dos, et tous se figèrent en voyant Raphaël descendre les escaliers et se précipiter vers sa mère et se jeter dans ses bras en sanglots :
- Naaan… Je veux pas… Je veux pas que tu sacrifies ton bonheur pour le mien… Tu as le droit d’être heureuse toi aussi… Cesse de ne penser toujours qu’à moi et vit pour toi… Je t’aime Maman, mais si tu fais cela, plus jamais je ne pourrais me regarder dans un miroir… Moi j’ai Daevlyn en plus de t’avoir toi, mais toi, ton bonheur est ici, auprès de Pierre et de tes enfants… Je t’aime Maman, répéta l’adolescent, mais je préfère partir plutôt que de te savoir malheureuse à cause de moi…
- Ecoute Raphaël, ma décision est prise et je ne changerais pas d’avis. Je suis désolée…
- Désolée ? Tu te fous de moi ? S’exclama l’adolescent en s’arrachant vivement à l’étreinte de Suzanne.
- Calme-toi Raphaël, tenta Suzanne, un peu dépassée par la réaction violente de son fils. Je ne veux plus te voir souffrir… Tu as déjà bien trop souffert par le passé… Non ! S’exclama-t-elle en voyant Raphaël ouvrir la bouche pour parler. Daevlyn m’a tout expliquer pendant que tu dormais… Plus jamais ! Tu m’entends ? Plus jamais je ne t’abandonnerais ! J’ai été forcée de le faire une fois, ne m’arrache pas le coeur en me forçant à le faire une seconde fois !
Daevlyn regretta à l’instant même de lui avoir parler tout de suite. Raphaël était bien trop fragile pour affronter tout de suite le regard de sa mère qui maintenant savait…
- Que… Quoi ? Bégaya l’adolescent incrédule. Je… Daevlyn ? Répéta-t-il d’une petite voix.
Délaissant sa mère, il marcha rapidement en direction de son amant qui s’était levé, s’attendant eu pire :
- Toi ! S’exclama-t-il furieux. Pourquoi est-ce que tu lui as dit ? Tu m’avais promis ! Tu m’avais promis de ne rien dire, sanglota l’adolescent. Je te déteste, gémit-il en frappant faiblement le torse de son amant, toute force semblant l’avoir abandonnée.
Les mots étaient mille fois plus dur que les coups. L’entendre dire cela lui déchirait le cœur. Même si c’était sous le coup de la colère, l’adolescent semblait vraiment le penser.
- Je te déteste, répéta l’adolescent en sanglot, le visage enfoui dans la chemise de Daevlyn qui ne pouvait que le tenir fermement contre lui.
- Je sais… Je sais Raphaël… déteste-moi tant que tu veux, mais laisse sortir tout ce que tu ressens… Ne garde pas cela pour toi, répondit calmement l’adulte, d’une voix posée et rassurante.
Il fallait avant tout qu’il se calme. Raphaël était trop épuisé pour supporter d’avantage. La frontière qui séparait son esprit de la folie était maintenant aussi mince qu’un fil.
Raphaël pleurait toujours dans les bras de son amant lorsque la voix de Suzanne retentit dans son dos :
- Comment veux-tu que je reste indifférente Raphaël… Après tout ce que j’ai vu… Ton corps… Ce que t’as fait subir ton père et…
La jeune femme ne put aller plus loin, sa voix se noua dans sa gorge, retenant un sanglot.
A ces mots, Daevlyn sentit tous les muscles de Raphaël se contractèrent violemment. Il fut repousser violemment par l’adolescent. Il plaqua ses mains sur ses oreille, tandis qu’un cri d’animal blessé, tel le chant du cygne, s’échappait de ses lèvres entrouvertes. Son corps secoué de spasmes violent, semblait être devenu le terrain de jeux d’un duel sans merci entre lui et sa conscience. Daevlyn vit Suzanne tentait de s’approchait de lui, et craignant pour la vie de la jeune femme et pour son jeune amant, il s’écria :
- Ne t’approche pas de lui !
Quelques instant plus tard, Raphaël redevient calme, et lorsque après s’être relevé, il plongea son regard dans celui de Daevlyn, il comprit…

Asiel le fixait de toute sa hauteur, un sourire emprunt de toute sa fierté et son orgueil se dépeignant sur son visage. Si Daevlyn n’avait pas été habitué, il aurait frémit comme tous les autres devant la fureur qui émanait de l’adolescent. A l’expression froide qu’il abhorrait, Daevlyn comprit qu’Asiel lui en voulait énormément d’avoir fait souffrir ainsi Raphaël. D’un ton qui transpirait l’ironie, Asiel s’adressa à Daevlyn :

- Bonsoir Daevlyn chéri, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vu, quel plaisir de pouvoir de nouveau te parler.

Daevlyn pressentait que tout cela n’était qu’apparence. L’adolescent si sûr de lui souffrait le martyre. Mai surtout, il en voulait à Daevlyn ses onyx brûlant lui envoyaient de la haine à l’état brut. L’adulte savait pertinemment que s’il était encore en vie face à lui, c’était grâce à l’amour que lui portait l’adolescent.

Asiel n’avait pas besoin de parler. Daevlyn se sentait comme à la veille de son grand jugement. La première chose qu’il devait faire, c’était éloigner Asiel d’ici. S’entretenir seul à seul avec lui était la seule solution pour que rien de grave n’arrive. Déjà les yeux meurtriers de l’adolescent avaient glissés vers Morgan et sa sœur. Sans réfléchir particulièrement, il attrapa Asiel par le bras et l’attira avec lui dans le couloir, après un dernier regard à toute l’assemblée qui avait assisté ahurie à toute la scène. Suzanne semblait dévastée, mais il n’avait pas le temps de s’en occuper pour le moment.  A son plus grand étonnement, Asiel ne lui opposa aucune résistance, et c’est ainsi qu’ils se retrouvèrent tous les deux dans la chambre.

Daevlyn ferma précautionneusement la porte, ne sachant pas ce que les foudres de l’adolescent allaient pouvoir lui réserver. Après tout, il les méritait, il venait de trahir Raphaël et Asiel par la même occasion.

A peine eut-il le temps de se retourner qu’il reçut une gifle très violente de la part de Asiel. Il encaissa le coup, sans répliquer. Une marque rouge apparaissait progressivement sur sa joue qui déjà le brûlait. Une chose le surprit alors, l’adolescent était au bord des larmes. Il savait qu’il parviendrait à se retenir, mais ce n’était encore une fois que la preuve que l’union ultime de Raphaël et Asiel était proche. Asiel devenait de plus en plus sensible, simple reflet de Raphaël en lui. Daevlyn devait parler, l’adolescent n’attendait que cela : l’entendre pour lui verser son venin par la suite :

- Je… Je n’avais pas le choix… commença-t-il, peu sur de lui.

- On l’a toujours Daevlyn ! Trouve une autre excuse mon cœur !

Daevlyn inspira profondément. Il pouvait supporter l’adolescent, il avait déjà encaissé sa gifle, mais cela commençait vraiment à être trop. Sans se départir de son calme, il déclara :

- Et quoi ? Tu voulais garder le secret toute ta vie ? Ta mère devait savoir Asiel ! Elle en avait le droit. C’est vrai que c’était à vous de choisir le moment pour lui annoncer, mais dans ces circonstances, aurais-je dû continuer à lui mentir ? Si je ne l’avais pas dis, jamais vous n’auriez trouvé le courage pour le faire.

- Il valait mieux qu’elle ne sache pas ! hurla presque Asiel. Elle n’aurait jamais du savoir ! Raphaël ne peut plus supporter ce regard. Tu lui a montré plus que sa propre âme ! Cette culpabilité dans les yeux de Suzanne, pour Raphaël c’est insoutenable !

Daevlyn tiqua. Pourquoi ne disait-il pas sa « mère » à la place de Suzanne ? Pourquoi cette distance ? Il en profita pour demander.

- Suzanne ? Pourquoi tu emploies ce nom ? C’est ta mère !

- Vas-t-en ! hurla Asiel. Je ne veux plus t’entendre. Sors d’ici !

Daevlyn sentit que l’adolescent ne plaisantait pas. S’il lui demandait de sortir, c’était uniquement pour se retenir de ne pas se jeter sur lui. Asiel avait besoin d’être seul, et Daevlyn accéda à sa requête. Il souffla tout de même quelque mots avant de sortir :

- Laisse lui le temps de te connaître, et elle t’aimera aussi fort qu’elle aime Raphaël. Suzanne est aussi ta mère…

Daevlyn emboîta le pas de la porte et marcha dans le couloir, dans le but de rejoindre les autres. Il s’arrêta cependant un instant, s’adossant au mur, les mains tremblantes. Ses retrouvailles avec Asiel avaient étprouvantes et il allait maintenant devoir affronter la mère angoissée ainsi que le reste de la famille.

Il mit un du temps avant de se ressaisir. L’amour qu’il éprouvait pour lui était sans limite. Il avait apprit à connaître Asiel, et l’avait aimé tout comme il aimait Raphaël. Suzanne réagirait de la même manière, il lui fallait juste du temps. Cela lui prouvait encore une fois qu’Asiel  était plus que sensible et que sa colère et sa hargne n’était qu’une carapace. Il avait tout simplement besoin d’amour, plus que d’autres personnes. Daevlyn prit sur lui et finit par s’écarter du mur afin de rejoindre la famille de Raphaël.

Suzanne était seule dans le salon, Pierre devait être en train de parler aux enfants. Elle était assise sur le canapé, et leva les yeux vers Daevlyn lorsque celui-ci vint prendre place à ses côtés.

- Je crois que vous ne m’avez pas tout dis… Comment tout cela ! C’est… Je ne m’imaginais pas tout cela…

Ne voulant pas faire deux fois la même erreur, Daevlyn lui répondit :

- Je pense qu’il vaut mieux que vous en parliez directement avec Asiel.

Ainsi, pensa-t-il, il ne le trahirait pas. Les mots blessants d’Asiel lui revenait en mémoire et lui étaient maintenant douloureux.

- Asiel, c’était donc lui que nous avons vu ?

- Oui, souffla Daevlyn, allez lui parler, il a besoin de vous.

- Mais je… prononça-t-elle d’une voix qui trahissait son appréhension.

- Il ne vous fera rien, ce n’était que l’extérieur que vous avez vu. Il m’en veut énormément, pas à vous.

Suzanne acquiesça et se leva, laissant Daevlyn seul avec lui-même. Il comprenait la souffrance et la douleur d’Asiel. Après tout, pour lui, qu’allait voir Suzanne en lui à part un meurtrier.

Daevlyn resta seul dans le salon pendant un moment, la tête entre les mains. Le bonheur qui leur avait été offert pendant un temps exceptionnellement long leur était de nouveau enlevé. C’était normal qu’il cesse un instant ; sa trahison, car c’était bien cela qu’il avait fait, le rongeait. Il avait cédé à la confession… Il se mettait même à douter d’avoir bien fait…

Le temps lui parût incroyablement long, Suzanne ne revenait toujours pas. De quoi parlaient-il ? Est ce que Asiel l’avait accepté ? Si c’était le cas, Daevlyn ressentit un pointe de jalousie. Lui, avait mit bien plus de temps à se se faire accepter et aimé d’Asiel. Comble de la malchance, il entendit quelqu’un s’approcher de lui et lorsqu’il vit Abbygaïl, il ne put s’empêcher de soupirer légèrement.

Elle vint s’asseoir à côté celui. Daevlyn ne prononça pas un seul mot, il n’était pas en état de faire des efforts. Son esprit était bien trop empli de son jeune amant.

- Je… Commença-t-elle, d’une voix timide que Daevlyn ne lui connaissait pas.

- Tu ? Demanda Daevlyn qui n’avait aucune patience pour le moment.

- Je tenais à m’excuser pour tout ce que j’ai fait depuis le début. Je ne savait pas que Raphaël et vous… Enfin ça m’a fait un choc… Et c’est sous le coup de la colère que… J’avoue, je suis jalouse de Raphaël, et je m’en veux d’avoir fini par causer tout cela…

Daevlyn ne savait pas vraiment quoi lui dire. Sa colère vis à vis d’elle s’était déjà apaisée. Mais il lui en restait encore. Ce n’était pas avec de simples paroles que l’on pouvait être totalement pardonné, mais c’était déjà un bon début. Il tenta de lui sourire, et lui répondit, ayant tout de même l’expérience au vu de son métier :

- Merci, je sais que cela a dut te demander beaucoup de venir me dire tout cela. Mais ce n’est pas à moi qu’il faut uniquement parler. Raphaël a vraiment été blessé de ton comportement, aussi bien du tien que celui de Morgan. J’aimerais, uniquement quand tu seras prête et surtout convaincue que cela est nécessaire, que tu ailles t’excuser de tes actes.

Suzanne qui avait finit son entretien avec Asiel, se tenait sur le pas de la porte et les observait depuis quelques minutes.

- Je… D’accord répondit Abby. Merci Daevlyn…

Abbygaïl se leva et sortit de la pièce, Daevlyn leva les yeux et vit Suzanne qui lui souriait.

- Comment ça s’est passé ? demanda aussitôt Daevlyn. Est ce qu’il va bien ? Il a bien réagit ?

- Disons que je lui ait surtout parlé et qu’il m’a gentiment écouté. Il ne m’a que très peu parlé. Mais au moins j’ai pu le rassurer sur ce que je pensais de lui et…

Le silence tomba entre les deux adultes, durant de longues minutes. Puis Suzanne finit par dire.

- Je suis désolée, je vais aller me coucher, je suis épuisée.

- Bonne nuit Suzanne, repose-toi, tu en as besoin.

- Merci Daevlyn, j’espère que cette nuit sera reposante pour toi aussi.

Daevlyn attenti un moment seul dans la pièce. Il n’osait retourner tout de suite dans la chambre.

- Merci Daevlyn, j’espère que cette nuit sera reposante pour toi aussi.

Daevlyn attendit un moment seul dans la pièce. Il n’osait retourner tout de suite dans la chambre. Après tout, qu’est ce qui lui prouvait qu’Asiel accepterait sa présence. Longtemps, il se remémora la scène des aveux, réfléchissant aux autres manières d’agir qu’il aurait pu utiliser. Est-ce que Raphaël en aurait moins souffert ? Une chose cependant était sûre, à l’instant même où il l’avait revu, son corps brûlait de la même intensité pour lui, et le rejet de cet amour lui pesait sur la poitrine. C’est après deux longues heures qu’il se décida à montrer dans la chambre. Il n’allait pas rester là toute la nuit, il était lui aussi épuisé par les évènements, et le rejoindre était l’unique solution. Il se devait de l’affronter et de lui faire face. Fuir n’arrangeait rien et il avait laissé assez de temps à Asiel seul.

Ce fut la boule au ventre et la mort dans l’âme qu’il se leva et retourna dans la pièce ou se trouvais son amant. Tout doucement, il ouvrit la porte, ne voulant pas prendre le risque de le réveiller s’il s’était endormi. Il l’espérait d’ailleurs de toute ses forces et se trouvait même ridicule d’être aussi lâche. Pourtant, il ne pu réprimer un soupire de soulagement lorsqu’il le vit étendu sur le lit à côté du sien, les yeux clos. Cependant, cela pouvrait qu’Asiel lui en voulait encore énormément, puisqu’il ne se mettait pas dans le même lit commun ? Il se dévêtit, gardant uniquement son boxer. Tournant le dos à Asiel, il lui sembla un instant que les yeux de l’adolescent étaient posés sur lui. Il se retourna et constata qu’au vu de sa respiration lente et régulière, de ses yeux clos, cela n’avait été que le fruit de son imagination.

Daevlyn alla se glisser dans les draps du lit voisin, faisant un maximum pour ne pas faire de bruit. Lorsqu’il fut allongé, il ferma les yeux, ne souhaitant qu’une chose, dormir pour oublier un instant tous les problèmes présents.

Seulement, il n’y parvint pas. Il avait beau fermer les yeux, tenter de détendre un à un ses muscles, son esprit restait désespérément éveillé.  A une heure bien avancée de la nuit, Daevlyn ne dormait toujours pas. Il tournait le dos au lit d’Asiel, craignant même de le regarder dormir. C’est alors qu’il sentit le lit s’affaisser au niveau de son dos. Sans

trop réfléchir, il se tourna et tomba nez à nez avec l’adolescent qui fondit en larme dans son cou. Un court instant, il sembla à Daevlyn que Raphaël était revenu, mais il avait bien vu dans la pénombre ses yeux noirs.

Sans trop savoir s’y prendre, et d’un geste assez maladroit, il entoura Asiel de ses deux bras, avant de le consoler comme il l’avait si souvent fait avec Raphaël. Asiel craquait, versant sa peine et sa colère, collé tout contre Daevlyn.

Il lui murmura longuement des mots d’amour et de réconfort, caressant son dos de haut en bas. Les pleurs d’Asiel étaient déchirant, et scindaient à chaque fois un peu plus le cœur de l’adulte. Tout comme Raphaël l’avait fait, Asiel finit par s’endormir au creux de ses bras, épuisé par sa crise de larmes. Daevlyn le serrait fort, et il lui sembla entendre un « je t’aime », à peine murmuré.

Maintenant en contact avec l’adolescent, Daevlyn trouvait bien plus de facilité à s’endormir. Il sombra de longues minutes plus tard, dans un profond sommeil.

Tous deux se réveillèrent dans la même position. Asiel s’écarta légèrement, avant de plonger ses yeux dans ceux de l’adulte. A la lueur qui régnait dans ses yeux, Daevlyn comprit qu’il lui en voulait encore. Alors qu’Asiel allait se lever sans un mot, Daevlyn se redressa légèrement et l’attrapa par le bras.

- Asiel, reste s’il te plait.

- Pour quelle raison ? dit-il, retrouvant son air glacial qui fit froid dans le dos à Daevlyn.

- Il faut qu’on parle.

- Et si je n’en avais pas envie, répliqua Asiel.

- Ce n’est pas une question d’envie Asiel, tu en as plus que besoin.

- Et qu’est ce qui te fait dire cela ? dit-il d’un air empli d’arrogance.

- Cette nuit en est la preuve… se risqua à dire Daevlyn.

Heureusement, Asiel ne réagit pas violemment. Au contraire, cette phrase lui fit certainement prendre conscience que Daevlyn était plus qu’inquiet pour lui.

Il chercha lamentable quelque chose à ajouter, jusqu’à ce que l’idée lui vienne.

- Je ne pense pas que tout cela est été une si mauvaise chose. Ta plus grande crainte Asiel, était de te faire rejeter pas ta mère, mais est-ce que cela a été le cas ? Est ce que Suzanne te hais et voit en toi une meur…

Ses paroles furent interrompues par les lèvres d’Asiel . Par ce baiser, Asiel semblait lui donner son pardon. Lentement, il vint quémander l’entrée de ses lèvres afin d’y rejoindre sa langue jumelle. Le baiser fut électrique, bien plus fougueux et osés que ceux échangés avec Raphaël. Un désir tout autre, d’un degré non comparable, à la fois

pareil et différent… Asiel lorsqu’il le voulait, était une véritable invitation à la débauche et à la luxure. Les mains déjà baladeuses passaient et repassaient sans cesse sur le corps de l’autre, dans une volonté d’appuyer sa toute puissance. Les deux êtres menaient un combat afin de savoir qui allait prendre le dessus. S’il s n’avaient pas entendu

quelques coups déjà frappés à la porte, Asiel et Daevlyn seraient allés bien plus loin. Ils s’écartèrent, avant que Daevlyn ne dise à l’intrus qu’il pouvait entrer. C’était Suzanne. Elle resta sur le pas de la porte, jetant un coup d’œil sur chacun d’eux, semblant évaluer la situation.

- Le petit déjeuner est prêt. Pierre, les enfants et moi allons bientôt partir. Les enfants vont à l’école et nous allons travailler…

- On arrive, répondit Daevlyn avec un sourire.

Asiel et Daevlyn descendirent donc peu de temps après et prirent place à table dans un silence monastique. Et c’est dans ce même silence que dura tout le repas. Tous étaient pressés, et ne perdirent pas de temps, laissant finalement Asiel et Daevlyn seul. Pendant tout le petit déjeuner, Abby et Morgan avaient évité le regard brûlant d’Asiel qui quant à lui, avait évité celui de sa mère.
Se retrouvant maintenant tous les deux, Daevlyn lui demanda :
- Tu veux faire quelque chose de particulier, ou passer une journée tranquille pour se reposer tout les deux.
- Passer une journée tous les deux, oui, mais pas pour se reposer…
Asiel lui envoya un regard tellement brûlant de sous-entendu que Daevlyn préféra se lever et dire légèrement bégayant.
- Je.. Je vais prendre une… douche… A tout de suite.
Il ne pouvait nier qu’il lui aurait bien sauté dessus à l’instant. Il ne savait d’ailleurs pas comment il avait fait pour se lever et sortir d’ici, sans le prendre là tout de suite dans la cuisine. Leur baiser échangé avait fait renaître en lui un désir plus que bestial. L’envie d’être possédé était elle aussi tout aussi puissante. Asiel était le seul qui avait jamais eu la chance et le privilège de le prendre. Ce n’était qu’avec Asiel qu’il se mettait à ressentir ce besoin ; une envie si puissante qu’elle en devenait une nécessité. Depuis l’instant même où Asiel avait posé les yeux sur lui, il se mourait de désir.
Le rythme cardiaque accéléré par le désir, Daevlyn marcha jusqu’ à la salle de bain. Là, il se dévêtit, et attendit que l’eau soit suffisamment chaude, avant de pénétrer dans la cabine de douche. Il l’appréciait particulièrement, elle était bien plus spacieuse que celles du centre. Bientôt, la buée vint se coller contre la paroi, et Daevlyn profitait des bienfaits de l’eau brûlante coulant sur son corps. Alors qu’il allait attraper le savon, il lui sembla entendre un bruit de porte qui s’ouvre et se referme. Mais l’épaisse buée l’empêchait de vraiment voir. Sans chercher vraiment à y prêter attention, il poursuivit son action. Alors qu’il allait poursuivre tranquillement sa douche, il sentir soudain une présence derrière lui, et un assaut d’air frais pénétrer dans la cabine comme si l’on venait d’ouvrir la porte de douche et la refermant aussitôt. Il eut juste le temps de tourner la tête, qu’Asiel avait déjà prit possession de ses lèvres. Se jetant tout contre sa peau mouillée, Asiel se collait tout contre l’adulte qui répondit intensément à son baiser, guidé par la fougue qui prenait naissance au creux de ses reins.
Asiel était encore habillé, mais tous deux s’en moquaient ouvertement. L’eau imprégnait ses vêtement progressivement, sol collant sensuellement à sa peau. Ses mains se crispaient sur le dos nu de Daevlyn. L’adulte se sentait transcendé par le désir pur du corps de son vis à vis. Son envie de posséder Asiel était finalement plus forte que celle de se faire prendre et il le fit clairement ressentir dans ce baiser. Un réel conflit se déroulait entre leur langue.
Asiel finit par s’écarter légèrement, semblant vouloir se débarrasser au plus vite de ce t-shirt qui lui collait à la peau et qui était un obstacle. Cependant, il prit tout son temps pour le faire. Daevlyn pouvait voir l’adolescent à quelques centimètres de lui, passer lassivement ses mains sous son t-shirt. L’eau avait ruisselée sur quelques unes de ses mèches défaites, et donnait à Asiel un visage encore plus érotique. Daevlyn se mordit la lèvre inférieure en un regard appréciatif au sujet du corps de son vis à vis. L’adolescent était plus beau que jamais. Orgueilleux de l’amour qui cet être lui portait, Daevlyn se sentait doucement envahi de ce sentiment nommé béatitude…
Asiel finit par remonter avec un lenteur plus qu’exagérée son t-shirt, prenant bien soin de lui lancer un regard aguicheur et lourd de sens. La température était maintenant insoutenable. Daevlyn avait chaud comme jamais et l’eau bouillante coulant sur son dos n’était pas l’unique responsable. Un à un, les vêtements d’Asiel tombèrent dans le bac de douche, perdant toute importance à leur yeux à l’instant même où ils quittaient les mains de l’adolescent. A aucun moment Daevlyn n’avait osé poser les mains sur le corps de l’adolescent, se contentant malgré la difficulté de ses yeux qui passaient et repassaient sur le corps délicat de l’adolescent. Asiel s’était parfaitement prêté au jeu. Lorsqu’il se retourna totalement nu, il mit un temps avant de reprendre leur baiser. Un regard intense était échangé, un regard qui parlait à leur place. Le déclic fut simultané, chacun repris au même instant la route des lèvres de l’autre. Les bras d’Asiel passèrent autour du cou de l’adulte, l’attirant encore plus près pour leur baiser. Les mains de Daevlyn se posèrent à leur tour le long de la peau satinée et zébrée de l’adolescent. Toutes ces citatrices faisant maintenant partie de l’adolescent pour Daevlyn et y étaient indissociables, jamais il ne pourrait l’imaginer dans. En rien il ne trouvait que cela faisait défaut à sa beauté, au contraire ; l’adolescent était le plus beau de tous à ses yeux, et il le lui faisait clairement ressentir par toutes ses attentions.
Grisé par l’intensité de ce simple baiser, Daevlyn sentait sa tête tourner. Ses mains, tout comme celles d’Asiel se laissent aller à glisser et caresser son corps, s’aventurant comme pour la première fois. Jamais la lassitude ne les avait gagné. L’eau pleuvait sur leur corps, leur offrant milles autres sensations. Plusieurs fois leur langue se séparèrent pour aller couvrir de douceur et de plaisir le cou et les épaules de l’autre, attisant à chaque fois un peu plus leur désir mutuel. Cependant, lorsque Daevlyn était en train d’embrasser les joues de l’adolescent, il leur trouva un étrange goût salé. Il s’écarta aussitôt, cessant toute action, comprenant que l’adolescent pleurait. Il était impossible d’aller plus loin si Asiel était dans cet état.
- Tu pleures ?
A cette question l’adolescent fondit littéralement en larme, se jetant au cou de l’adulte qui l’entoura de ses bras puissants. Ses pleurs devinrent de plus en plus bruyant, déchirant le cœur de l’adulte. Il lâcha un court instant l’adolescent, et coupa l’eau de la douche. Il fallait le sortir d’ici, qu’ils puissent parler sérieusement. Asiel devait s’exprimer, Daevlyn ne pouvait supporter de le voir ronger par ce mal-être. Lentement, il souleva l’adolescent toujours en larme, accroché à cou. Il le sortit de la douche, attrapa une serviette, et tenta tant bien que mal de l’enrouler dedans. Asiel semblait avoir beaucoup de difficultés à s’écarter de Daevlyn, il le collait comme si sa vie en dépendait. Daevlyn du pourtant le forcer à le lâcher un instant. Très rapidement, il se sécha et enfila un t-shirt propre et un boxer. Il reprit Asiel dans ses bras qui n’avait pas bougé, toujours enroulé dans sa serviette, pleurant toute les larmes de son corps.
Il le souleva une deuxième fois et l’amena jusqu’à leur chambre. Là, il le posa délicatement sur le lit, et vint se coller à lui, rabattant la couverture sur leur deux corps afin qu’il ne prennent pas froid. Asiel enfoui son visage dans le cou de l’adulte, pleurant toujours bruyamment. C’est au bout de très longues minutes que l’adolescent commença à se calmer. Ne tenant plus de rester ainsi dans l’ignorance, Daevlyn se risqua à lui demander, murmurant dans son oreille :
- Dis moi Asiel, raconte moi ce qui ne va pas.
Sans s’écarter de lui, Asiel prit une inspiration et commença à parler :
- Je…
Daevlyn s’écarta un peu de lui, raffermissant tout de même sa prise, caressant lentement le dos de l’adolescent pour lui montrer qu’il était là, prêt à recevoir sa confession. Asiel détourna le regard, et ce fut les yeux embués de larme qu’il s’exprima enfin :
- Tu sais quel est le souvenir du passé qui me ronge le plus ?
Cette question n’attendait pas de réponse, si bien que Asiel poursuivit :
- Ce n’est pas le nombre de fois ou Raphaël hurlait à l’aide pendant que son père abusait de notre corps… Ce n’est pas non plus la sensation d’être déchiré que nous partagions bon nombre de fois lorsqu’il nous violait. C’est encore moins les coups que nous recevions chaque jour, ni la disparition de sa mère… C’est…
Sa voix se noua dans un sanglot bien trop dur à contenir. Après un temps il reprit, prenant un profonde inspiration :
- Je ne souviens de ce moment là, chaque jour… Raphaël m’a appeler tellement fort ce jour là… C’était la première fois qu’il faisait appel à moi aussi fort. Son corps tout entier faisait appel à moi, déchirait à la souffrance aussi bien morale que physique. Il voulait que je le libère enfin. Il ne pouvait le faire lui-même. Je me suis sacrifié pour lui… Si c’était à refaire, je le ferais sans aucune hésitation. C’était pour notre survie. La folie était devenu une voisine proche. C’était notre vie contre la sienne. Je me souviens avoir pris possession de son corps, avoir sentit pleinement ce qu’il ressentait à chaque fois. Je n’étais plus uniquement envahi de ses sentiments, cette fois-ci je ressentais comme lui ressentait. Je voulais que cela cesse à tout prix, tout autant pour lui que pour moi. Je me devais de le protéger comme il me l’avait si souvent demandé…
Un second silence suivit ce récit. Asiel semblait avoir besoin de temps. Daevlyn l’écoutait, les larmes aux yeux, ayant de plus en plus de mal à ne pas éclater en sanglot à son tour. Tout était bien trop dur à entendre. Jamais Asiel ne lui avait parler ainsi. Lorsque Asiel reprit la parole, il avait l’impression que jamais il ne pourrait entendre un mot de plus.
- J’ai saisi l’objet tranchant que Raphaël avait vu un peu avant. Je n’avais plus qu’un seul geste à faire. Notre père était bien trop perdu dans son plaisir personnel pour faire attention à ce que je me préparais à lui faire. Ses gémissements, ces mots durs… Plus jamais je ne voulais les entendre… J’ai saisi cette lame, et je l’ai enfoncée droit dans son corps, lui soufflant des mots que jamais Raphaël ne s’était risqué à prononcer. Pendant que sa vie le quittait en même temps que son sang qui coulait sur moi, je sentais son regard se décomposer. Jamais je n’ai vu autant de haine. J’ai… j’ai tout pris de plein fouet. Je me rappèle encore les battements de son cœur ralentir jusqu’à ce qu’ils cessent complètement. Cet instant fut très bref et pourtant il m’a parut durer des heures… Plus son sang coulait sur moi, plus je me sentais tâché du meurtre que j’étais en train de commettre. C’était trop tard, je ne pouvais plus rien faire. J’avais endurcie mon cœur durant toutes ses années pour réaliser cet acte, et pourtant je le sentais s’entredéchirer. J’avais tellement mal de souffrir de sa mort… J’aurais voulu céder à mes faiblesses, mais j’avais un rôle à tenir, être l’opposé de Raphaël, être le fort… Seulement est-ce que je le suis vraiment Daevlyn ? Et même si je le suis, maintenant c’est fini… Depuis l’instant même ou il t’a rencontré, j’ai su que cela signait ma fin…
Les yeux rougis, seuls des larmes muettes continuaient à couler inlassablement des yeux de Asiel. Daevlyn pouvait sentir sa souffrance, elle était telle qu’elle émanait de l’adolescent et envahissait l’adulte. Il avait mal…
Sa voix si grave raisonnait dans sa tête, l’enfonçant un peu plus dans la douleur de l’adolescent. Il s’en voulait tellement de ne pas avoir été là pour les protéger même s’il n’y pouvait rien. Il s’en voulait de voir Asiel souffrir autant et d’être totalement impuissant face à tout cela….
La voix de Asiel résonna de nouveau dans la pièce :
- Je sais que c’est égoïste de ma part de te demander cela… Mais… Je le sens, c’est la dernière fois que j’apparaîs, la dernière fois que je prends possession de ce corps. Raphaël n’a plus besoin de moi… Vous n’avez plus besoin de moi… Mais est-ce que je peux rester encore un peu à tes côtés avant de partir une dernière fois.
Si Daevlyn n’avait esquissait aucun geste jusqu’à maintenant, il ne résista pas cette fois-ci. Il l’attira tout contre lui, le serrant si fort qu’il aurait pu l’étouffer.
- Bien sur Asiel… Bien sur que tu peux rester encore un peu… Je t’aime Asiel… Merci de t’être ainsi confessé à moi, merci de ta confiance…
Asiel c’était enfin confié à lui sur cette partie de sa vie si délicate. Cela avait était tout aussi difficile pour Daevlyn mais il était heureux de l’avoir soulagé ne serait-ce qu’un peu. Ils restèrent longtemps ainsi enlacés, tous deux pleurant pour évacuer cet instant trop plein d’émotions. Puis, après un long moment, Daevlyn entendit Asiel lui murmurer à l’oreille :
- Fais moi l’amour Daevlyn… Fais moi l’amour avec la même délicatesse que tu emploies avec Raphaël, je veux me noyer sous ta douceur… Je t’aime Daevlyn…
Asiel semblait soudain si fragile. Pour la première fois depuis leur rencontre, Asiel lui mettait son cœur à nu, dévoilant bien au delà de son âme. Asiel s’offrait à lui, dans une ultime demande, à laquelle Daevlyn n’allait pas se refuser. Lentement, il fit basculer l’adolescent et se retrouva au dessus de lui. Leurs yeux se croisèrent, rappelant à l’un l’autre les larmes versées ce matin. L’amour qui unissait ces êtres étaient plus fort que tout.
Lentement, Daevlyn s’abaissa pour recouvrir les lèvres d’Asiel. Il employa toute la douceur dont il était capable, la même que sa première fois avec Raphaël. Il n’effleura pas tout de suite les lèvres d’Asiel avec sa langue, se contentant uniquement de la caresse de leurs lèvres. Souvent ils oubliaient ce simple plaisir produit par ce contact.
Les lèvres de son jeune amant étaient si douces et si chaudes. Après un temps, il se laissa guider par l’ambiance, et laissa aller sa langue à effleurer plusieurs fois les lèvres de l’adolescent, lui prodiguant des caresses plus sensuelles et douces les unes que les autres. Asiel était attentif à chaque geste, laissant Daevlyn mener la danse. Seul ses bras entouraient possessivement l’adulte, comme pour se raccrocher à lui.
Lorsqu’il jugea le moment venu, il commença lentement à quémander l’ouverture de la bouche de l’adolescent, souhaitant entrer en contact avec sa langue. Le contact de leur deux langues fut tel un choc que le battement de leur cœur en fut doublement augmenté. Langoureusement, Daevlyn pénétra à l’intérieur de sa bouche, entamant un ballet délicat avec Asiel. Tout comme ses paroles, Asiel semblait se laisser aller pour la première fois pleinement. Daevlyn avait même l’impression que c’était leur premier baiser. Comment une personne aussi sensible pouvait elle être aussi forte en apparence ? Lentement ses mains, restées jusqu’alors inactives, commencèrent à partir à la découverte du corps de l’adolescent, souhaitant éveiller progressivement tous ses sens.
Le corps nu de l’adolescent changeait au fur et à mesure de température. A chaque caresse, celle-ci augmentait un peu plus. A chaque attouchement, le corps d’Asiel était un peu plus réactif. Les mains du jeune homme se glissèrent sous le t-shirt de Daevlyn, souhaitant apparemment elle aussi toucher  la peau de son vis à vis. Les larmes avaient cessées de couler, seuls leurs yeux rougis étaient témoins de la crise précédente.
Sentant que son t-shirt commençait à être une gêne pour Asiel, qui semblait vouloir avoir accès à son corps entier. Il se redressa, dominant Asiel de sa hauteur, et enleva son t-shirt avec une lenteur calculée, dévoilant une à une chaque parcelle de son corps. Asiel en rougit de plaisir, passant lentement sa langue sur ses lèvres appréciant la vue. Daevlyn écarta le t-shirt une fois enlevé. Lorsqu’il se rabaissa, il prit bien soin de faire toucher son torse nu à lui de l’adolescent qui frissonna sous ce contact brûlant.
Leur baiser reprit, ainsi que la découverte de leur corps. Le but final était d’attiser le désir de chacun. Daevlyn, avec savoir faire, éveillait en Asiel chaque sens, le faisant gémir progressivement. Asiel, restant toujours égal à lui même, laissa glisser ses mains sur les fesses de Daevlyn, tandis que Daevlyn glissait ses lèvres dans son cou. Ses doigts s’attardaient sur le bout de ses tétons déjà durcis.
Plusieurs gémissements d’échappèrent des lèvres de l’adolescent qui commençait à onduler du bassin en un mouvement explicite. Daevlyn comprit la demande muette de l’adolescent et après un temps jugé suffisant, il entama sa descente vers l’intimité de l’adolescent déjà durcie de plaisir et de désir. Sa bouche remplaça ses mains sur le torse de l’adolescent, tandis que ses doigts partirent en éclaireurs. Tout le corps d’Asiel s’arqua brusquement lorsque sa main effleura à peine son sexe. Daevlyn posa sa main sur le genou de l’adolescent pour remonter jusqu’à son entre jambe, murmurant quelques mots d’amour à l’adolescent
Puis, il descendit poursuivre le travail qu’avait entamé ses mains, grisant Asiel. Le contact avec sa langue, provoqua chez lui un déhanchement explicite, accompagnant les mouvement de l’adulte. Avec douceur et langueur, il offrit à l’adolescent du plaisir à l’état brut. Son corps commençait déjà à transpirer, la sueur se mêlant à leur cheveux encore mouillés de la douche.  Ses cheveux détachés, son corps ainsi offert, y étaient beaucoup pour l’excitation de Daevlyn. Il s’arrêta un instant, souhaitant mêler plaisir et préparation. Tout en regardant Asiel de ses yeux de braise, il humidifia soigneusement ses doigts.
Lorsqu’il pénétra Asiel, celui-ci laissa échapper un soupire de bien être. Aucune douleur ne semblait être ressentit. De sa main libre, Daevlyn massait sensuellement le bas-ventre d’Asiel, pendant qu’il lui offrait milles plaisirs avec l’aide de sa bouche. Lorsqu’il inséra un deuxième doigt en lui, toujours avec la même douceur que lui avait demandé Asiel, l’adolescent poussa un léger cri. Il n’était plus très loin de la jouissance et Daevlyn accéléra les mouvements de sucions. C’est après quelques minutes qu’Asiel finit par craquer, se déversant sans la bouche de son amant, qui se délecta du fruit de son plaisir.
Lentement, il remonta jusqu’aux lèvres de l’adolescent, prenant soin le caresser de corps dans son ascension. Leurs bouches se retrouvèrent comme si elles ne s’étaienjamais quittées.
Tous deux mimaient de leur bassin le mouvement de l’acte sans le faire réellement, frottant leurs intimités, ravivant celle de Asiel. Daevlyn se glissa alors lentement jusqu’à son oreille et lui murmura plusieurs mots d’amour, avant de lui demander :
- Tu te sens prêt ?
Pour toute réponse, Asiel tourna très vite la tête, et prit possession des lèvres de l’adulte avec une avidité sans pareille, montrant que malgré la douceur, l’excitation était bien là.
Une fois le baiser achevé, Asiel repoussa légèrement Daevlyn plantant ses onyx dans les siens, et lui murmura à son tour :
- Plus que jamais. Je t’aime Daevlyn… Merci pour tout.
Daevlyn rejoignit ses lèvres avant de se placer entre les cuisses de l’adolescent, remontant ses jambes sur ses épaules. Il présenta son sexe devant l’orifice de l’adolescent, ressentant seulement maintenant combien il avait envie de le faire depuis le début. D’un geste habile, acquis avec l’expérience, il pénétra l’adolescent en même temps qu’il accentua son baiser, dans le but de lui faire perdre la tête. Asiel poussa un cri de plaisir mêlé à la douleur inévitable. Sentant qu’il se crispait, Daevlyn cessa tout mouvement, et s’écarta un peu pour contempler le visage de l’adolescent. Celui-ci lui offrait un sourire de pur bonheur comme rarement Daevlyn le lui avait vu.
Lorsqu’il jugea que l’adolescent était habitué à sa présence, Daevlyn commença un déhanchement excessivement lent, qui était aussi dur à supporter pour lui que pour Asiel. Le plaisir ressentit d’être en lui était indescriptible. Bientôt, tous deux entamèrent la même danse, dont les pas étaient vieux comme le monde. Bougeant au même rythme, l’un entraîné par l’autre, ils se perdirent entre regard intense et baiser. Tous deux se laissaient maintenant aller à exprimer ce qu’ils ressentaient, se susurrant plusieurs fois des mots d’amour. Lorsque la jouissance commença à naître, il leur suffit d’un simple regard pour comprendre ; Daevlyn offrit un dernier coup de rein puissant et profond à Asiel, qui leur fit voir les étoiles, jouissant simultanément.
Daevlyn retomba doucement sur Asiel, qui l’entoura de ses bras. Tous deux ne voulaient pas se séparer, et Daevlyn attendait encore un peu avant de se retirer. Profiter de cet instant suivant leur union, était se sentir vivre. Plus que tout ils voulaient profiter de cet instant qui peut être serait leur dernier.

Mourir pour revivre - Chapitre 47

17 octobre 2012

Chapitre 47 écrit par Shinigami

Lorsque Raphaël se réveilla en début d’après-midi, il avait les yeux rouges et gonflés d’avoir trop pleuré. Puis, sa conversation de cette nuit avec Daevlyn lui revint en mémoire, et un immense sourire étira ses lèvres, illuminant son visage. Il sortit précipitamment de son lit et prit d’assaut la salle de bain et dix minutes plus tard, il en sortait lavé et habillé de propre. Ainsi paré, il se rendit à la cuisine d’où s’échappait une forte odeur de café, et embrassa tendrement Suzanne qui, à sa tête, ne devait pas être réveillée depuis bien longtemps. Celle-ci lui adressa un sourire de bienvenue et Raphaël s’installa à ses côtés, devant un bol de chocolat fumant.

Tous deux déjeunèrent en silence, appréciant le calme de ce début d’après-midi. Finalement, ce fut Suzanne qui brisa le silence :

- Tu n’as pas oublié que nous devons nous rendre chez le notaire cette après-midi ? Demanda-t-elle à son fils.

- Non, je n’ai pas oublié, répondit l’adolescent. Maman.. Ajouta-t-il quelques secondes plus tard.

- Oui mon fils ?

- J’ai… enfin je… je souhaiterais offrir un cadeau à Daevlyn… est-ce qu’on pourra aller se promener en ville ? demanda timidement Raphaël, un peu gêné et mal à l’aise de demander à sa mère de l’emmener.

- Bien sur mon chéri, avec plaisir, s’empressa de répondre Suzanne, trop heureuse que son fils souhaite faire les boutiques avec elle. Que veux-tu lui prendre ?

- Je ne sais pas, murmura l’adolescent. Je… je viens d’avoir l’idée, je… je n’ai pas vraiment réfléchi…

- Ne t’inquiètes pas, nous trouverons, le rassura Suzanne.

- Merci Maman.

- Je t’en prie mon garçon, répondit Suzanne. Et puis si tu veux, nous pourrons en profiter pour traîner un peu en ville.

- Oui, ce serait une bonne idée… merci Maman, répondit l’adolescent.

Après leur petit déjeuner, tous deux montèrent se préparer chacun de leur côté, et quelques minutes plus tard, Suzanne attendait son fils dans l’entrée, prête pour partir à leur rendez-vous chez le notaire. Raphaël arriva quelques minutes après elle, et après avoir attrapé son manteau, il sortit de la maison et alla s’installer dans la voiture pendant que Suzanne fermait la maison.

Après une petite demi-heure de route, ils se garèrent en centre ville, tout près du cabinet du notaire. Même s’il n’osait l’avouer, Raphaël était en cet instant même littéralement mort de peur. Après tout, il ne connaissait pas cet homme… Qui lui disait qu’il allait accepter la requête de Suzanne ? Le cœur de Raphaël s’emballa subitement à l’idée que l’homme puisse refuser de l’émanciper… Qu’allait-il devenir si cela ne se faisait pas ? Comment pourrait-il vivre avec Daevlyn ? A cette pensée, son cœur se contracta douloureusement, et les larmes se mirent à briller au fond de ses yeux.

Semblant sentir le trouble de son fils, et comprenant parfaitement que celui-ci puisse avoir peur, Suzanne posa sa main sur la sienne et la serra fortement en guise de réconfort. Raphaël releva la tête et lui adressa un sourire encourageant et lui disant tout bas, sur un ton de confidence :

- Tout va bien ce passer…

- Je… j’espère… j’ai peur Maman… et s’il ne voulait pas ?

- Chuuut… ne dit rien. Je suis certaine que tout va bien ce passer. Tu me fais confiance ?

- Oui… bien sûr je te fais confiance…

- Bien ! s’exclama la jeune femme, allons-y !

Tentant de contrôler le tremblement de ses mains, Raphaël sortit de la voiture et regarda autour de lui. Il n’était encore jamais venu dans cette partie de la ville et la beauté de l’endroit l’émerveilla. Les bâtiments anciens surplombaient la rue de leur imposante stature donnait à l’adolescent l’impression d’être totalement insignifiant.

Perdu dans sa contemplation, le jeune garçon ne vit pas Suzanne s’approcher de lui et sursauta lorsqu’il sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna vivement mais le regard de sa mère le rassura.

- Viens, c’est en face, déclara Suzanne.

Raphaël ne répondit rien mais lui emboîta le pas, serrant les mains pour les empêcher de trembler davantage. Ils pénétrèrent dans l’un des grands bâtiments que Raphaël observait quelques minutes auparavant, et Suzanne qui semblait connaître l’endroit, se dirigea directement vers l’ascenseur.

Quelques minutes plus tard, ils arrivaient au septième étage et Suzanne s’annonça à la secrétaire qui les invita à aller attendre dans la salle prévue à cet effet. Depuis qu’il était entré dans le bâtiment, Raphaël regardait partout autour de lui. Jamais encore il n’avait vu autant de luxe, et la hauteur des plafonds l’étonnait au plus haut point.

Il prit place dans l’une des luxueux fauteuils qui meublaient la petite pièce et détailla avec attention les doreries ornant la tapisserie qui recouvrait les murs. Suzanne quant à elle le regardait faire avec une lueur d’amusement et de tendresse dans les yeux.

Ils n’eurent pas à attendre bien longtemps, car à peine quelques minutes plus tard, un homme d’une quarantaine d’années, entra dans la petite salle :

- Madame Sullivan !

A l’entente de son nom, Suzanne se leva et se dirigea vers l’homme qui venait d’arriver, suivit par Raphaël qui, intimidé, ne quittait pas sa mère.

- Bonjour Monsieur Duval, répondit Suzanne en attrapant la main que lui tendait le notaire.

- Vous allez bien Suzanne ?

- Oui, je vous remercie, et vous-même ?

- Comme toujours ! répondit le quadragénaire avec un sourire charmeur. Qui est ce garçon ?

- Raphaël, mon fils, répondit Suzanne, c’est pour lui que nous sommes ici aujourd’hui.

- Je vois, allons dans mon bureau vous voulez bien ?

- Nous vous suivons, répondit la jeune femme en emboîtant le pas au notaire.

Raphaël en profita pour détailler plus attentivement l’homme avec qui ils allaient passer les prochains instants. L’homme en question était plutôt bel homme et abordait un visage à l’expression douce qui donnait l’impression d’être en sécurité. Il avait un nez droit qui surplombait une petite moustache finement taillée. Ses yeux marrons se mariaient parfaitement à son teint légèrement halé, typique des gens de la côte. Ses cheveux grisonnant sur les tempes renforçaient son charme naturel. Le dénommé Duval portait un costume très classe que l’adolescent jugea être au niveau de sa fonction.

Ils arrivèrent dans le bureau du notaire, et celui-ci les invita à prendre place dans les deux sièges situés face à son bureau, tous aussi luxueux qu’eux de la salle d’attente.

- Bien, expliquez-moi tout, déclara le quadragénaire.

- Voilà, nous avons vécu une situation familiale quelque peu particulière ces dernières années. J’ai retrouvé Raphaël seulement depuis quelques jours, mais beaucoup de choses ont changé et bien qu’il restera toujours mon fils, nous avons chacun refait notre vie de notre côté, avec les souffrances que cela impliquait. Nous en avons longuement parlé ensemble, et nous avons prit la décision de faire émanciper Raphaël. Je ne pourrais pas être auprès de lui tout le temps, mais Raphaël est grand, il sait parfaitement se débrouiller seul.

- Je vois… Et quelle est la raison réelle de cette demande ?

- Écoutez, je vis ici, à Los Angeles, et Raphaël vit en France, son père est décédé et je ne l’ai retrouvé que depuis quelques jours. Il me faudra je ne sais combien de temps pour faire les papiers de Raphaël et le centre dans lequel il se trouve pour le moment ne m’a laissé qu’une semaine avec lui. Cela nous faciliterait énormément les choses si Raphaël pouvait être émancipé.

Monsieur Duval, Pierre de son prénom, se tourna alors vers Raphaël qui restait silencieux mais attentif à tout ce qui se passait autour de lui, et lui demanda :

- Quel âge as-tu Raphaël ?

- J’ai dix-sept ans dans quatre mois Monsieur, répondit l’adolescent, tout de même un peu intimidé par cet homme qui possédait une partie de son destin entre ses mains.

- D’accord… puis-je te poser quelques questions personnelles ? Tu as le droit de refuser…

- Je… euh… d’accord… bégaya l’adolescent, redoutant les questions à venir.

- As-tu quelqu’un dans ta vie ?

A cette question, le cœur de Raphaël fit un bon dans sa poitrine avant de repartir à toute vitesse. Il s’était piégé lui-même, pourquoi avait-il accepté de répondre aux questions ? Qu’allait-il lui répondre ? Cet homme allait-il le juger de sa relation avec Daevlyn ? Après un dernier regard apeuré à Suzanne, Raphaël décida de jouer le tout pour le tout, de toute façon, il n’avait rien à perdre, autant jouer franc jeu.

- Ou… oui, je… je suis avec quelqu’un…

Pierre qui avait remarqué l’angoisse grandissante du jeune garçon se pencha vers lui par-dessus son bureau, et lui adressa un sourire rassurant avant de déclarer :

- Hey ! Ce n’est pas un jugement, ok ? Tu n’as rien à craindre, d’accord ? Je veux simplement essayer de mieux te connaître pour savoir qui tu es.

Raphaël se contenta de hocher la tête en guise d’acquiescement, et après un dernier sourire d’encouragement, le notaire poursuivit ses questions :

- Comment s’appelle-t-elle ?

- Daevlyn… Il s’appelle Daevlyn, Monsieur…

- Quel âge a-t-il ce jeune homme ?

- Vingt-quatre ans, Monsieur, répondit Raphaël qui n’osait pas regarder l’homme en face de lui, de peur d’y lire un quelconque jugement dans ses yeux comme cela avait déjà si souvent été le cas auparavant. Je vous jure qu’il ne sait pas Monsieur, il n’a rien à voir avec cette histoire, s’exclama-t-il par peur que le notaire interprète mal la situation.
Contre toute attente, le quadragénaire éclata de rire et posa un regard bienveillant sur l’adolescent aux cheveux noirs qui se trouvait devant lui, le trouvant de plus en plus attachant.

- Je n’en doute pas une seule seconde Raphaël, le rassura-t-il. Bien, je voudrais parler en tête-à-tête avec ta mère, peux-tu attendre un instant dans le couloir s’il te plait ?

Raphaël ne répondit rien, mais fit ce que lui demandait le notaire, et après un dernier regard à sa mère, il quitta la pièce. Le stress qu’il ressentait en ce moment était à son paroxysme. Jamais il n’avait été aussi angoissé, et la peur lui nouait douloureusement l’estomac.

N’ayant rien d’autre à faire qu’attendre, il se laissa glisser le long du mur en face de la porte du bureau dans lequel s’entretenait sa mère, et remonta ses genoux sur son torse avant de les entourer de ses bras.

Pendant ce temps dans la pièce, Suzanne tentait désespérément de plaider la cause de son fils :

- Écoutez, je sais que cela peut s’apparenter à un détournement de mineur, mais croyez-moi, ça n’est nullement le cas.

- Saviez vous qu’il aimait un homme ?

- Je m’en suis douté lorsque je suis allé le chercher il y a quelques jours, mais j’ai eu la confirmation cette nuit.

- Cette nuit ? Répéta Pierre en regardant Suzanne d’un air sceptique.

- Je l’ai surpris en train de dessiner son portrait. Je sais, vous allez me dire que tout ceci n’a pas de sens, mais croyez-moi, cela n’a absolument rien d’insensé. De plus, comme vous avez pu le constater, Raphaël est un garçon timide et introverti, cependant, il a décidé de jouer franc jeu avec vous dès le début et de mettre cartes sur table… Ce qui se passe entre eux est très fort, il n’y a aucune manipulation de la part de Daevlyn je peux vous l’assurer. Comme vous l’a dit Raphaël, il n’est même pas au courant de la situation.

- Hum… j’ai remarqué que Raphaël était très introverti, savez-vous pourquoi ?

Suzanne resta silencieuse une petite minute avant de déclarer :

- Je… Je soupçonne Raphaël d’avoir été battu par son père…

Cet aveu engendra un vide l’espace d’un instant, puis le quadragénaire finit par rompre le silence, demandant d’une voix grave :

- Vous en avez des preuves ?

- Aucune, mais son comportement laisse supposer qu’il n’a pas été traité comme il aurait du l’être.

- Je ne suis pas avocat et encore moins juge reprit le notaire après un court silence, je ne peux rien faire hormis vous conseiller d’aller voir un juge ou faire appel à l’assistance sociale.

- C’est hors de question ! s’exclama Suzanne, je ne veux pas que mon fils ait quoi que ce soit à voir avec ces emmerdeurs !

Pierre lui lança un regard dans lequel Suzanne décela une lueur de reproche et d’interrogation, et elle s’empressa d’ajouter :

- Excusez -moi, je me suis emportée. De toute façon, son père est décédé depuis quelques mois déjà, je crains que même s’il est vrai que Raphaël ait été battu, je ne puisse plus rien faire.

- Je ne suis pas apte à vous répondre, vous devriez vraiment vous renseigner, même s’il est trop tard pour que votre ex-mari soit jugé pour ses actes, si vos doutes s’avèrent être exacts, vous pouvez toujours recevoir des dédommagements.

Suzanne lui adressa un regard empli de tristesse et lui demanda d’une voix brisée :

- Croyez-vous réellement qu’a présent Raphaël ait besoin d’un quelconque dédommagement matériel ? La meilleure chose qu’il ait pu recevoir, c’est que son père soit en enfer et que Daevlyn partage désormais sa vie.

- Vous avez raison, pardonnez-moi, déclara le notaire un peu gêné de sa précédente remarque.

- Ce n’est rien, répondit la jeune femme en s’emparant de son sac. Je vous remercie pour cet entretien, Monsieur Duval, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la porte.

- Je vous en prie, à bientôt Suzanne, répondit le notaire en ouvrant la porte à la mère de Raphaël. Je vous tiens au courant pour la réponse.

- Je vous remercie, au revoir.

Raphaël qui avait entendu la porte s’ouvrir, se leva précipitamment et rejoignit sa mère. Après avoir salué le notaire, tous deux prirent la direction de la sortie. Face à l’air grave qu’abordait à présent Suzanne, Raphaël ne préféra poser aucune question, le visage fermé de Suzanne parlait pour elle : son émancipation n’était pas encore accordée, et il doutait qu’après ses révélations, elle le soit un jour.

Il poussa un soupire qui cachait mal sa déception et son envie de pleurer. Se giflant mentalement, il refoula ses larmes et prit la main de Suzanne dans la sienne en signe de réconfort pour lui comme pour Suzanne qui semblait en avoir autant besoin que lui.

Comme convenu plus tôt, Suzanne emmena Raphaël faire les magasins pour trouver un cadeau pour Daevlyn et cela permis de leur changer les idées. Au bout de quelques minutes, ils ne pensaient déjà plus à leur précédent entretien qu’ils avaient eut avec le notaire.

Au bout du troisième magasin, Raphaël trouva le cadeau qu’il souhaitait offrir à son amant. Il lui prit une magnifique chemise en soie noire qui ferait gracieusement ressortir la couleur émeraude de ses prunelles. Fier de sa trouvaille et avec les compliments de sa mère, ils quittèrent la boutique et Suzanne les conduit dans un petit bar tranquille où ils burent un chocolat chaud et dégustèrent une crêpe au Nutella.

En fin d’après-midi, ils restèrent chez eux, et après avoir demandé à Suzanne où se trouvait le papier cadeau, Raphaël se précipita dans sa chambre et entreprit de faire le cadeau pour Daevlyn. Il y mit tout son cœur et s’appliqua à faire un joli paquet. Mais n’ayant jamais eut l’occasion d’en faire auparavant, il eut un peu de mal, et déçu, des larmes brillant au fond de ses yeux, il alla retrouver Suzanne qui lisait dans le salon.

- Je… je n’arrive pas à faire le paquet… est-ce que tu peux m’aider s’il te plait ?

Suzanne fut surprise par la requête de son fils, mais lorsqu’elle croisa son regard larmoyant, elle lui adressa un tendre sourire et posant son livre, elle l’invita à venir prendre place à côté d’elle, sur le sol. A son tour elle s’agenouilla sur le tapis, et patiemment, elle expliqua à Raphaël comment réaliser son paquet.

La soirée se déroula dans la tranquillité. Suzanne qui avait la flemme de préparer le repas du soir, commanda une pizza pour la plus grande joie de son fils qui, pendant ce temps, choisit le film qu’ils regarderaient en mangeant.

Vers onze heure, lorsque le film fut terminé, Raphaël souhaita une bonne nuit à sa mère et alla monta à l’étage. Il prit une douche rapide et pensant que son mal de ventre était du à la pizza qu’il n’arrivait pas à digérer, il avala deux cachets avant d’aller se coucher.

Cependant, le lendemain, il fut réveillé aux aurores par une violente douleur à l’abdomen. Pensant que cela allait passer et n’ayant pas envie de réveiller sa mère pour si peu, il se recoucha et tenta de se rendormir. Il y parvint bien des heures plus tard et lorsqu’il se réveilla de nouveau, le soleil était déjà haut dans le ciel. C’est dans un état comateux qu’il descendit dire bonjour à Suzanne avant de remonter se coucher l’estomac vide. Raphaël ne pouvait rien avaler. Rien que penser à la nourriture lui donnait des hauts le cœur. Tout ce qu’il voulait, c’était dormir.

Suzanne fut surprise de l’état de Raphaël, lui qui allait bien la veille. Elle monta le voir et frappa doucement trois petits coups à la porte avant de demander :

- Raphaël, je peux entrer ?

- Hn…

Suzanne entra dans la chambre de son fils et s’approcha de lui. Elle s’assit à son chevet et posa sa main sur son front, histoire de voir s’il avait de la température. L’adolescent avait le front un peu chaud, mais rien d’inquiétant.

- Cela fait longtemps que tu te sens mal ? Interrogea la jeune femme.

- Hn… Depuis hier soir, souffla l’adolescent.

- Bien, reposes toi, murmura Suzanne. J’appellerais le médecin si cela ne va pas mieux tout à l’heure.

Sur ces mots, elle quitta la pièce et sentant que le sommeil n’était pas loin, Raphaël laissa son esprit vagabonder. Il pensait à Daevlyn et au fait que dans moins de trois jours, il pourrait de nouveau être dans ses bras, caresser sa peau, se nourrir de ses baisers et respirer son odeur qui lui manquait tant. Oui, dans moins de soixante-douze heures, il serait dans les bras de son amant, et qui sait ce que celui-ci avait prévu pour son retour. A cette pensée les joues de Raphaël prirent une belle teinte colorée, puis il finit par s’endormir, terrassé par la fatigue et la douleur qui ne diminuait pas.

L’adolescent se réveilla plus de quatre heures plus tard et son mal de ventre semblait avoir disparut. Par contre, son estomac criait famine. Raphaël se leva et descendit à la cuisine, prendre quelque chose à manger. Il trouva Suzanne qui faisait la vaisselle. Elle se retourna quand elle entendit du bruit derrière elle, et voyant Raphaël sur pieds, elle demanda :

- Tu vas mieux ?

- Oui, c’est passé, répondit l’adolescent en ouvrant son yaourt.

Suzanne lui sourit tendrement, et tandis qu’elle finissait la vaisselle, Raphaël alla s’installer dans le canapé et alluma la télévision. Il tomba sur une série qui semblait pas trop mal et finalement, il ne décolla pas de la soirée, hormis pour aller chercher de quoi grignoter dans le placard.

Comme la veille, il alla se coucher à une heure raisonnable et cette fois-ci, il n’eut aucun problème à s’endormir.

Ce fut sur les coups des trois heures du matin que la douleur revient en force, arrachant même un gémissement de douleur à l’adolescent. Raphaël avait l’impression qu’on lui transperçait le ventre à coups de couteau et la douleur le fit se plier en deux. Les larmes qu’il avaient réussit à retenir jusqu’à maintenant s’échappèrent de ses yeux, inondant ses joues et son oreiller. Un nouveau gémissement, plus fort que le précédent s’échappa de ses lèvres entrouvertes, et quelques secondes plus tard, la lumière s’allumait dans le couloir, et la porte de sa chambre s’ouvrit sur Suzanne. La jeune femme s’approcha du lit et alluma la petite lampe de chevet et retient avec difficulté un cri d’horreur en apercevant Raphaël, plié en deux sous la douleur ressentit, les larmes coulant sur ses joues et ruisselant de transpiration.

- Raphaël, appela-t-elle paniquée, Raphaël réponds-moi, qu’est-ce que tu as ?

- Mal… ventre…articula difficilement l’adolescent.

- Je vais prendre ta température, déclara-t-elle avant de courir vers la salle de bain.

Elle en revint quelques secondes plus tard et posa la bande thermique sur le front de l’adolescent. Un instant plus tard, celui-ci affichait quarante et un degrés.

- Je t’emmène à l’hôpital, tu ne peux pas rester avec cette température, s’exclama Suzanne, tentant de se calmer.

- Nan… pas… pas l’hôpital, supplia l’adolescent en un nouveau gémissement.

- Il n’y à pas de “non” qui tienne Raphaël. Je ne te laisse pas ici dans cet état, sévit Suzanne pour la première fois.

Jamais encore elle n’avait haussé le ton sur Raphaël et elle s’en voulu aussitôt, cependant, la vie de son fils était peu être en danger et elle se refusait à le laisser la sur un simple caprice. Elle couru dans sa chambre où elle s’habilla en quatrième vitesse avant d’aller ouvrir la porte et faire chauffer la voiture. Elle revient ensuite chercher Raphaël et bien que l’adolescent ne pesait pas bien lourd, elle n’avait pas la force de le porter. Elle passa son bras derrière son dos et l’aida à marcher du mieux qu’elle pu puis l’installa dans la voiture. Elle revient en vitesse fermer la porte et remonta précipitamment en voiture.

Ils arrivèrent une dizaine de minutes plus tard à l’hôpital, et aussitôt, Suzanne entraîna l’adolescent aux urgences. L’infirmier voulu d’abord les faire patienter, mais lorsqu’un cri de douleur à l’état pure s’échappa les lèvres de l’adolescent et qu’il faillit tomber au sol après un nouvel excès de douleur, l’infirmier l’emmena et lui fit passer une radiographie d’urgence.

Un quart d’heure plus tard, Raphaël était allongé sur la table d’opération et Suzanne faisait les cent pas dans le couloir. Une infirmière vient la voir et lui proposa de se reposer un peu, lui assurant que son fils était entre de bonnes mains et tout à fait hors de danger, mais l’inquiétude et la peur qu’elle avait ressentit et ressentait toujours l’empêchait de dormir.

Près d’une heure plus tard, le chirurgien quitta la salle d’opération et vient trouver Suzanne qui, lorsqu’elle l’aperçut la jeune femme bondit sur ses pieds et se précipita à la rencontre du médecin.

- Comment va-t-il ?

- Le pire a été évité de justesse. Il était à deux doigts de faire une péritonite, nous l’avons opéré juste à temps. S’est-il plein de douleur au ventre cette semaine ?

- Non, cela a commencé hier. Je pensais qu’il s’agissait juste d’une gastro-entérite mais cette nuit je l’ai entendu gémir de douleur. J’ai prit sa température, il avait quarante et un de fièvre, je l’ai aussitôt amené à l’hôpital.

- Vous avez bien fait.

- Puis-je aller le voir ?

- Pas pour le moment, il est en salle de réveil. Il va se réveiller d’ici une petite demi-heure, répondit le chirurgien. En attendant, ajouta-t-il, j’aimerai vous parler en privé, allons dans mon bureau.

- Il y a quelque chose qui ne va pas ? S’inquiéta Suzanne.

- Venez, répéta le médecin en prenant la jeune femme par le bras et en l’entraînant à sa suite.

Une fois dans le bureau du docteur, Celui-ci la fit s’asseoir avant de prendre place en face d’elle derrière son bureau.

- Voilà, je ne vais pas y aller par quatre chemins, déclara le médecin. Votre fils, articula-t-il avec difficultés, nous avons trouvé de lourdes séquelles et des cicatrices zébraient la quasi-totalité de son corps…

A ces mots, Suzanne ouvrit la bouche en un cri d’horreur muet tandis que le chirurgien poursuivait :

- Nous avons aussi remarqué des traces d’automutilation sur ses poignets et ses avants bras… mais ce n’est pas tout… face à un tel carnage, j’ai préféré faire des tests supplémentaires, et… il semblerait que votre fils ait été violé…

A cette révélation, aucun son ne sortit des lèvres entrouvertes de la jeune femme. Seules des larmes s’échappaient de ses yeux grands ouverts, seuls signes révélateurs de la nature des précédents aveux.

- Savez-vous qui est susceptible de lui avoir fait subir cela ?

- Je… C’est une histoire compliquée vous savez mais je viens de retrouver mon fils après plusieurs années de séparation… il vivait avec son père… cela ne peut être que lui…

- Où est-il à présent ?

- Il est décédé… il y a près de trois mois…

- Vous en êtes certaines ?

- Oui… pourquoi ? Que se passe-t-il ? s’exclama Suzanne qui commençait à paniquer.

- Son dernier rapport sexuel remonte à seulement quelques jours…

Suzanne resta bouche bée face à un tel aveu… Qui pouvait avoir touché à son fils hormis son père ? Soudain, elle tilta : Daevlyn… Cela ne pouvait être que Daevlyn… Raphaël avait couché avec son moniteur… A présent, restait à savoir si celui-ci l’avait contraint ou non… Puis elle sembla se souvenir… Les regards que les deux amants s’échangeaient, l’attitude de Daevlyn envers Raphaël et celle de son fils envers son moniteur… non, c’était tout à fait impensable que Daevlyn ait violé Raphaël… Si le médecin disait vrai, Raphaël avait couché avec Daevlyn peu de temps avant qu’elle ne vienne le chercher…

Suzanne avait l’impression d’être en plein cauchemar. Alors comme ça Raphaël, son petit bébé été devenu un homme… Quand elle avait apprit que Raphaël sortait avec Daevlyn, jamais elle n’aurait imaginé qu’ils aient déjà fait l’amour… Comment cela était-ce possible ? Raphaël avait tout juste seize ans, il sortait à peine de l’enfance et déjà il avait l’expérience d’un adulte.

Et si seulement cela s’arrêtait là, mais non, le pire était à venir… Raphaël avait été violé… Il avait été battu et abusé par son propre père… Comment en était-il arrivé à subir tout cela ? Pourquoi avait-il subit ces sévices ? Et surtout, quel âge avait-il lorsque son père l’a touché pour la première fois ? Suzanne préféra ne pas penser à cette question. Elle était déjà suffisamment sous le choc avec les révélations qu’elle venait d’entendre et elle ne souhaitait pas en savoir d’avantage. Tout ce qu’elle souhaitait en cet instant, c’était oublié tout ce qu’elle venait d’apprendre, oublié que son bébé n’était plus celui qu’il semblait être… A présent, elle devait le considérer comme l’homme qu’il était devenu. Mais comment ne pas voir encore comme son petit bébé, cet adolescent fragile et craintif ?

A présent, Suzanne avait les réponses à ses questions. Si elle s’était doutée que Raphaël avait été battu, jamais elle n’aurait soupçonné que celui-ci ait également été violé… non, cela ne pouvait pas être vrai… c’était un cauchemar… elle allait ouvrir les yeux et tout rentrerait dans l’ordre. Elle se réveillerait dans son lit, Raphaël paisiblement endormis dans le sien dans la chambre d’à côté et tout ceci ne serait plus qu’un horrible souvenir.

Raphaël fut réveillé par un « bip » régulier qui résonnait à ses oreilles. Dans un état comateux, il ouvrit lentement les yeux. Lorsqu’il regarda autour de lui, il ne reconnu pas l’environnement familier de sa chambre. C’est alors que les derniers évènements lui revinrent en mémoire. Il était à l’hôpital, mais le plus horrible de tout cela, c’est que son secret avait été découvert… Suzanne savait maintenant ce qu’il s’était efforcé de cacher…

Des larmes silencieuses se mirent à couler sur ses joues pâles. Le monde autour de lui semblait s’être écroulé.

Raphaël fut tiré de ses pensées par la voix douce de Suzanne qui murmurait son prénom. Perdu dans ses réflexions, il ne l’avait pas entendu frapper et ne sursauta même pas lorsqu’elle l’appela une nouvelle fois. L’adolescent semblait complètement déconnecté de la réalité.

Cependant, lorsque Suzanne l’appela de nouveau en lui demandant de la regarder, il retira sa main de la sienne et tourna la tête vers la fenêtre, fixant le paysage sans même le voir, les larmes de tristesse, de honte et de dégoût de lui-même lui brouillaient la vue.

- Raphaël, appela Suzanne, regarde moi… dit quelque chose…

Mais l’adolescent gardait obstinément la tête tournée du côté opposé. Il ne voulait voir personne, pas même sa mère. Tout ce qu’il souhaitait à cet instant, c’était qu’on le laisse seul dans son monde de ténèbres et de cauchemars, avec pour seules compagnies, sa honte et son dégoût.

Il avait l’impression de vivre un cauchemar éveillé, qu’il allait se réveiller et que tout ceci ne serait plus qu’un horrible souvenir. Il tentait désespérément de faire surface, mais rien, il restait inexorablement prisonnier de cette réalité, enfermé dans ce monde de déshonneur. La voix douce mais tremblante de la jeune femme retentit une nouvelle fois à ses oreilles en une supplication à peine murmurée :

- Regarde-moi Raphaël… Dit moi que c’est faut…

- Je ne peux pas, gémit l’adolescent en une plainte d’animal blessé, je ne peux pas… parce que c’est vrai… Tout est vrai…

- Pourquoi ? Sanglota Suzanne. Pourquoi toi ? Pourquoi ça ?

Cette fois-ci, Raphaël ne répondit rien, et un silence pesant empli de nouveau la pièce. Face au mutisme délibéré de son fils, Suzanne ajouta quelques secondes plus tard :

- Et Daevlyn ?

A ces mots, Raphaël tressailli violemment sans pour autant regarder sa mère, trop honteux du dégoût qu’il pourrait lire dans ses yeux. Après de longues minutes de silence, il murmura d’une voix brisée :

- J’aime Daevlyn… Et lui aussi m’aime… Jamais il n’aurait tenté quoi que ce soit contre mon accord…

- Tu as… couché avec Daevlyn ? demanda la jeune femme d’une voix tremblotante et mal assurée.

Raphaël décida de jouer franc jeu, de toute façon, il n’avait plus rien à cacher. Le peut qui lui restait de dignité avait été balayée lorsque Suzanne avait apprit ce qu’il lui était arrivé par le passé. Elle savait à présent tout de lui, elle connaissait ses hontes et ses secrets. Alors que pouvait bien lui apporter le fait de savoir si, oui ou non, il avait couché avec Daevlyn. Il n’était plus à une révélation près et puis, tôt ou tard, elle aurait fini par l’apprendre…

- Ou… Oui, souffla l’adolescent après quelques secondes d’hésitation. Je te dégoûte ?

Dès qu’elle entendit le premier mot de l’adolescent, le cœur de Suzanne fit un bon dans sa poitrine et c’est à peine si elle entendit la question que lui posait son fils. Raphaël avait bel et bien couché avec Daevlyn… son fils, son petit garçon qu’elle revoyait encore tout bébé n’était plus aussi innocent qu’il semblait l’être. Suzanne avait beaucoup de mal à avaler la pilule, elle n’arrivait pas et ne voulait pas imaginer son fils entre les bras de Daevlyn. Elle ne pouvait pas, c’était encore trop tôt. Elle avait reçu son quota d’aveux et de révélations pour les prochains jours à venir. Reprenant alors ses esprits, elle se souvient de la question de son fils, et ne souhaitant pas accentuer son sentiment de stress et d’angoisse, elle s’empressa de répondre, toutefois un peu distraitement :

- Non, non, tu ne me dégoûtes pas… laisse-moi juste le temps…

Sur ses mots, elle se leva, et comme par automatisme, guidée par une force surnaturelle, elle quitta la chambre de son fils. Raphaël de son côté, avait tourné la tête pour voir sa mère quitter la pièce, les joues inondées de larmes qui coulaient librement sur ses joues, l’adolescent ne faisant pas le moindre effort pour les retenir.

Il resta longtemps ainsi, pleurant toutes les larmes de son corps, libérant cette souffrance intérieure qui lui nouait l’estomac et lui serrait douloureusement le cœur. Il n’eut même aucune réaction lorsque l’infirmière vint le voir, et lui apporta son petit déjeuner. Il restait là, immobile, les yeux rivés sur le plafond qu’il ne voyait même pas, perdu dans un monde loin d’ici.

Qu’allait-il devenir s’il perdait même sa mère quelques jours seulement après l’avoir retrouvée ? Il avait à peine eut le temps de se faire à l’idée qu’il n’était pas aussi seul et abandonné qu’il le croyait depuis sa plus tendre enfance, que déjà il se voyait arraché de nouveau à cette femme qu’il aimait tant.

Pourquoi la vie était-elle aussi cruelle ? Pourquoi, par un coup du sort, il devait perdre de nouveau ce que la vie avait remit en travers de son chemin ? Pourquoi la vie nous donnait-elle des choses si c’est pour les reprendre ? Tant que de questions qui tournaient dans la tête de l’adolescent, que celle-ci semblait sur le point d’exploser. Après un effort surhumain pour tenter de se changer les idées, il se mit à penser à Daevlyn, au fait que plus que tout en ce moment, il souhaitait être dans ses bras et se réveiller de cet affreux cauchemar.

Il voulait sentir la chaleur de l’adulte, entendre les mots d’amour qu’il lui susurrait à l’oreille. Il voulait tout simplement se sentir aimé. Aimé comme jamais auparavant il ne l’avait été et comme jamais il n’avait aimé. Seul Daevlyn avait le pouvoir de calmer ses angoisses et de chasser ses mauvais rêves. Il était le gardien de ses jours et de ses nuits, l’ange que le ciel lui avait envoyé pour veiller sur lui. Sans qu’il ne s’en rende compte, les larmes qui s’étaient taries un peu plus tôt, recommencèrent à couler maculant ses joues, d’une pâleur extrême, d’une multitude de perles salées.

Finalement, il finit par s’endormir, après bien des sanglots étouffés, terrassé par la fatigue, le remord et l’angoisse permanente qu’il ressentait depuis quelques heures.

Ce qu’il ne savait pas, c’était que depuis un moment, Suzanne l’observait par la petite vitre de la porte de sa chambre. Elle avait été témoin des torrents de larmes qui s’étaient échappés des améthystes de son fils sans pour autant entrer. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait, le voir ainsi la faisait souffrir. Elle était consciente du mal qu’elle faisait à son fils et en souffrait que d’avantage, mais elle ne pouvait se résoudre à accepter la nature des révélations de cette nuit. Elle n’avait pas le courage nécessaire pour affronter son fils et la lueur de tristesse et de déception qui ternissait son regard.

Lorsqu’elle fut sûre que l’adolescent était profondément endormi, elle ouvrit la porte de la chambre avant de la refermer tout aussi délicatement et alla prendre place sur la chaise au chevet de Raphaël. Elle ne sut combien de temps elle resta là, à observer son visage serein paisiblement endormis. Cependant, elle savait que tout ceci n’était qu’une façade, que derrière ses paupières closes se cachaient des yeux rougis par les larmes et que son visage calme n’était que le masque d’une profonde souffrance intérieure.

Suzanne se doutait parfaitement du trouble qu’elle avait du semer en son fils. Elle qui avait si bien accepté sa liaison avec Daevlyn, la voilà qui revenait sur ses paroles et agissait comme la pire des mères pourrait le faire avec son enfant. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle avait trahit la confiance qu’il avait fait l’effort de placer en elle. Certes elle aimait toujours Raphaël et le considérait encore comme son fils, ce n’est pas le fait qu’il aime un homme qui la rebutait, mais elle n’arrivait pas à s’ôter de la tête qu’il avait déjà franchit le cap avec lui tout en se faisant violence pour oublier le fait qu’elle savait qu’il avait été violé par le passé. Elle aimait Raphaël, là n’était pas la question, elle l’aimerait toujours quoi qu’il arrive, elle avait seulement besoin de temps pour réfléchir à tout ça, au passé, au futur, à tout ce que cela impliquait.

Raphaël dormit toute l’après-midi et ne se réveilla qu’en début de soirée. Lorsqu’il ouvrit les yeux, une infirmière prenait sa tension. Elle lui sourit aimablement et lui demanda doucement :

- Ca va mon garçon ?

L’adolescent ne répondit rien, se contentant d’hocher positivement la tête, sans quitter la femme des yeux. Cette dernière était une femme d’un certain âge, les cheveux grisonnant, elle abordait un sourire jovial et une lueur de malice pétillait au fond de ses yeux. Son sourire sembla contaminé Raphaël, car il finit par lui rendre son sourire, certes moins prononcé, mais un petit sourire tout de même.

- Où… où est… demanda difficilement l’adolescent.

- Chuut, l’interrompit l’infirmière, reposes-toi… C’est moi qui ait ordonné à ta mère de rentrer chez elle pour se reposer. Elle t’a veillé toute l’après-midi et elle repassera demain.

- Merci, souffla l’adolescent avant de fermer de nouveau ses yeux rougis par les larmes et la fatigue.

L’infirmière sortie un moment plus tard, après avoir déposé auprès de l’adolescent, le plateau qui contenait son repas.

Comme promis, Suzanne revient voir son fils en fin de matinée et lui assura qu’il pourrait sortir le lendemain matin de l’hôpital. Le jeune garçon émit un soupire de soulagement et après un petit « merci » timide à Suzanne, il garda le silence.

Lorsqu’elle rentra chez elle ce soir là, Suzanne se fit violence pour décrocher le téléphone. Raphaël devait repartir demain pour le centre, mais dans son état, c’était encore trop tôt. Elle était donc dans l’obligation d’appeler Daevlyn pour le mettre au courant de la situation.

Rassemblant son courage, elle saisit le téléphone et composa le numéro du centre. Elle se trouva débile d’angoisser ainsi, et après une profonde inspiration, elle décrocha. De l’autre côté, une personne décrocha au bout de quelques sonneries :

- Oui allô ?

- Bonjour, c’est la tante du jeune Raphaël, pourrais-je parler à Daevlyn s’il vous plait ?

- C’est moi-même. Il est arrivé quelque chose à Raphaël ? demanda Daevlyn subitement inquiet.

- Rien de grave, rassurez-vous, il a fait une crise d’appendicite avant-hier et a été opéré. C’était juste pour vous prévenir que je suis dans l’obligation de retarder son retard de quelques jours.

Un silence suivit cette déclaration et Suzanne demanda :

- Est-ce que ça va ?

- Hn… oui pardon, excusez-moi. Co… comment va-t-il ?

- Il se remet lentement, répondit prudemment la jeune femme, omettant volontairement de parler de sa sinistre découverte.

Suzanne avait parfaitement ressentit le trouble et l’inquiétude que reflétait la voix du jeune moniteur de son fils, mais ne fit aucun commentaire. Comment avait-elle pu douter de lui ? Lui, que sa voix qui se voulait assurer trahissait tout de même une violente détresse.

- Je… puis-je lui parler ? demanda timidement Daevlyn.

- Il est encore à l’hôpital, il rentre demain matin. Rappelez en début d’après-midi, cela lui permettra de se reposer un peu après son retour.

- Très bien, je vous remercie Madame.

- Je vous en prie. Je vous tiens au courant du jour de notre retour.

- Oui, merci. Au revoir, répondit Daevlyn.

- Au revoir, répondit à son tour Suzanne avant de raccrocher.

Raphaël quitta l’hôpital en milieu de matinée, après que Suzanne ait rempli les formalités de sortie. Le trajet se déroula dans le silence le plus total et lorsqu’ils arrivèrent, Raphaël monta immédiatement dans sa chambre. Suzanne vint le rejoindre quelques minutes plus tard et frappa doucement à la porte :

- Je peux entrer ?

- Oui, répondit l’adolescent d’une voix neutre.

- Merci, répondit Suzanne avant de prendre place sur le rebord du lit. J’ai appelé Daevlyn hier, je lui ais dit que tu allais rester encore quelques jours ici, le temps de retrouver tes forces. Il t’appellera en début d’après-midi Tu peux dormir, je viendrais te réveiller, déclara Suzanne en se levant et en se dirigeant vers la porte.

- Merci, répondit l’adolescent, touché par le geste de sa mère.

Suzanne lui adressa un faible sourire et referma la porte sur elle, plongeant la pièce dans la pénombre. Malgré sa fatigue, Raphaël ne parvient pas à trouver le sommeil. Les minutes et les heures défilaient à une allure incroyablement lente. Raphaël sursautait à chaque fois que le téléphone sonnait et son cœur s’emballait. Mais à chaque fois, sa déception était plus grande lorsqu’il se rendait compte que ce n’était pas Daevlyn.

Finalement vers quatorze heures trente, le téléphone sonna de nouveau, et lorsque Raphaël entendit Suzanne monter dans les escaliers, son cœur se mit à battre la chamade. Celui-ci s’arrêta momentanément quand Suzanne ouvrit la porte en déclarant :

- Je vous le passe…

A ces mots, elle tendit le combiné à l’adolescent et quitta la pièce avant de refermer la porte derrière elle. Raphaël s’empara du téléphone et d’une voix tremblante il demanda :

- Dae… Daevlyn ?

- C’est moi. Tu vas bien mon ange ? J’ai eu tellement peur lorsque j’ai reçu l’appel de ta mère hier…

- Je… je veux te voir Daevlyn, s’exclama l’adolescent qui ne réussit pas à contenir ses sanglots plus longtemps. Tu me manques trop Daevlyn, je… je n’en peux plus…

Daevlyn se rendit immédiatement compte que l’adolescent n’était pas dans son état normal. Sa voix tremblante et ses sanglots lui déchiraient le cœur. Il se doutait que l’adolescent voulait rentrer, mais de là à se trouver dans un tel état d’anxiété et de détresse ne le rassurait guère. Il s’était sûrement passé quelque chose… Tout en tentant de calmer les sanglots déchirants de son amant, Daevlyn demanda :

- Que se passe-t-il Raphaël ? Je t’en prie, calmes toi et expliques moi… Cesse de pleurer mon ange, je n’aime pas te savoir dans cet état…

- Je… veux te voir, répéta l’adolescent.

- Je sais mon ange, moi aussi je veux te voir, je veux te prendre dans mes bras moi aussi… sois patient… allez, calme toi et explique moi calmement, d’accord ?

- Ou… oui, répondit l’adolescent en reniflant, refoulant ses sanglots. Je… elle sait… elle sait tout… je… je sais plus quoi faire Daevlyn… je… j’ai l’impression qu’elle ne m’aime plus… elle… elle ne me parle plus… je… elle sait pour nous aussi… je te promet… je te promet que j’ai rien dit… c’est à… à l’hôpital… ils lui ont dit… je voulais pas y aller Daevlyn…

- Chuuut, calme-toi mon ange, je suis sûr qu’elle t’aime encore… tu lui as parlé ?

- Non…

- Et bien fait le, vas la voir et tu lui fait part de ce que tu ressens, ne reste pas avec ce poids sur le cœur Raphaël, répondit Daevlyn avec tout le sérieux dont il était capable.

Ils restèrent un long moment au téléphone. Daevlyn tentait désespérément de remonter le moral à son jeune amant, essayant de le rassurer, lui assurant qu’ils seraient bientôt de nouveau ensemble.

Au bout de plusieurs heures, à contrecœur, Daevlyn mit fin à la conversation, ayant encore des choses à faire. Après un dernier « je t’aime » murmuré, ils raccrochèrent de concert. Ces trois mots de son moniteur avait suffit à lui remonter le moral et lui redonner courage et patience pour attendre ce jour proche où ils seraient réunis.

Raphaël garda longtemps le téléphone posé sur son cœur, comme si cela pouvait le rapprocher de Daevlyn. Puis, à force de larmes, il finit par s’endormir.

Le jour qui suivit fut l’un des pires pour Raphaël. Depuis son retour de l’hôpital, il n’avait quasiment pas vu sa mère, excepté lorsqu’elle lui apportait ses repas. Cependant, aucune parole n’avait été échangée depuis plus de deux jours, et Raphaël ne supportait plus ce silence.

Abolissant les interdictions de Suzanne, il repoussa les couvertures et avec beaucoup de difficultés, il parvient à se lever. Lentement, il quitta sa chambre et descendit au ré de chaussez, où il espérait trouver sa mère. Il la trouva assise dans le canapé, en train de lire un livre. Lorsqu’elle l’aperçut, elle ferma son livre et demanda :

- Raphaël ? Ne devrais-tu pas être couché ?

Mais Raphaël ne répondit rien, et subitement, toute la tristesse, la colère et la rancune contenue depuis trois jours explosèrent :

- Tu disais que je ne te dégoûtais pas, mais tu m’as mentit, hurla l’adolescent Je te fait honte, je le voix bien… Tu ne me parles plus, tu ne me prends même plus dans tes bras… Tu m’ignores comme si je n’existais pas !! Je veux rentrer, je veux voir Daevlyn, sanglota l’adolescent.

Jamais Suzanne n’avait vu son fils dans cet état, si bien qu’elle resta un moment silencieuse après que l’adolescent se soit tu. Puis, réagissant au quart de tour, elle s’exclama :

- Tu es mon fils Raphaël, et je t’aime en tant que tel. Je t’ai fais souffrir, j’en ai conscience et je m’en excuses sincèrement. Tu ne me dégoûtes pas, loin de là, pardonnes moi de t’avoir laisser penser le contraire, j’avais… j’avais besoin de temps pour accepter tout ça, pour accepter le fait que malgré que l’on se soit retrouvé, je ne te connais pas. J’aimerais tellement effacer le passer et rattraper le temps perdu… Soit certain que je t’aime Raphaël, c’est indéniable… Ne l’oublie jamais, ajouta-t-elle en s’avançant vers lui les bras tendus dans sa direction.

Les sanglots de l’adolescent redoublèrent d’intensité, et le cœur libéré d’un poids considérable, il se précipita vers sa mère et se jeta dans ses bras, pleurant toutes les larmes que son corps pouvait encore contenir. Suzanne l’entraîna dans le salon et le fit s’asseoir sur le canapé et prit place à ses côtés. Immédiatement, l’adolescent vient se coller contre elle, réclamant sa chaleur, sa présence et son amour qui lui avaient tant fait défaut ces derniers jours.

Durant un long moment, Raphaël laissa libre court à ce flot d’émotions contenues depuis trop longtemps, puis lorsqu’il fut à peu près calmé, Raphaël déclara une voix entrecoupée de sanglots :

- Je… je veux voir Daevlyn Maman… j’en peux… j’en peux plus d’être loin de lui…

Suzanne caressait tendrement les cheveux de son fils, l’embrassant de temps en temps sur les cheveux, le front ou les tempes. Elle tenait à rattraper le temps perdu et prouver à son fils qu’elle l’aimait, s’excusant ainsi de lui avoir laissé supposer le contraire sans même s’en rendre compte.

- Je sais mon chéri, je sais, murmura la jeune femme. Patiente encore demain, je vais voir ce que je peux faire. Mais d’ici là, je veux que tu manges un peu et que tu te reposes, d’accord ?

- Oui, répondit l’adolescent, d’accord… je… je peux rester là ? J’en ai assez d’être allongé…

- D’accord, mais tu ne bouges pas d’ici. Tu peux allumer la télévision si tu veux, je vais te préparer à manger. Tu veux quoi ?

- Je peux avoir un chocolat chaud ?

- Je te l’apporte, déclara Suzanne en lui souriant tendrement.

- Je t’aime Maman, souffla l’adolescent.

- Moi aussi mon fils, répondit la jeune femme sur le même ton.

Le reste de la journée et le lendemain passèrent tout aussi lentement aux yeux de Raphaël qui passait la plupart de son temps à dormir. Le lundi matin, alors que Raphaël dormait toujours, Suzanne reçut un appel du notaire qui lui donnait son accord pour l’émancipation de Raphaël. Avec tous les évènements survenus depuis, Suzanne avait complètement oublié leur rendez-vous chez le notaire. Lorsqu’elle apprit la nouvelle, elle dû user de tout son self-control pour ne pas laisser libre court à sa joie. Elle écrivit rapidement un mot à l’intention de Raphaël et le posa sur la table de la cuisine, avant d’attraper ses clefs de voiture et de partir en centre ville.

Lorsqu’elle arriva au bureau du notaire, celui-ci l’attendait sur le pas de la porte de son bureau. Suzanne saisit la main qu’il lui tendait et entra à sa suite dans son bureau.

- Vous avez l’air bien fatiguée, remarqua alors Pierre en s’asseyant en face d’elle.

- Oui, Raphaël a du être hospitalisé.

- Rien de grave j’espère ! s’exclama le quadragénaire.

- Une violente crise d’appendicite. Il se remet doucement.

- C’est rassurant. Bien, comme je vous l’ai dit au téléphone, votre demande est acceptée. Il ne vous reste plus qu’à signer quelques documents.

- Je vous remercie du fond du coeur Monsieur Duval, déclara Suzanne, l’air soulagée et un sourire radieux étirant ses lèvres fines.

- Je n’ai fait que mon travail, répondit le notaire. Et appelez-moi Pierre.

Suzanne lui adressa un sourire radieux et s’empara des documents qu’il lui tendait.

Quelques minutes plus tard, tout était dans l’ordre et Suzanne se leva pour prendre congé. Elle rangea ses papiers dans son sac et Pierre la reconduisit jusqu’à la porte d’entrée où, avant qu’elle ne sorte, il demanda :

- Puis-je vous inviter à dîner demain soir ?

Suzanne lui adressa un petit sourire contrit et déclara d’une voix désolée :

- Je ne peux pas demain soir, je ramène mon fils en France. Mais à mon retour pourquoi pas, ajouta-t-elle.

- Très bien alors à bientôt Suzanne, répondit-il tout sourire.

- Bientôt, répondit la jeune femme avant de s’éclipser.

Quand elle entra dans la maison, Raphaël dormait toujours. Elle se rendit à la cuisine et jeta le petit mot qu’elle avait écrit, avant de prendre le téléphone. Elle appela la compagnie aérienne et réserva un vol pour le lendemain matin dès la première heure. Raphaël devrait se lever tôt, mais il pourrait finir de dormir dans l’avion qui le ramènerait auprès de son cher et tendre.

L’adolescent se réveilla à peine quelques minutes plus tard, et après une douche rapide, il rejoignit sa mère qu’il trouva à la cuisine. Celle-ci lui adressa un sourire radieux comme il n’en avait encore jamais vu et intrigué il demanda :

- Que se passe-t-il ?

- Pardon ? demanda Suzanne qui semblait être ailleurs.

- Qu’est ce qui t’arrives ? On dirait que tu… rayonnes ! fit remarquer l’adolescent.

- Peux être est-ce le cas, souffla Suzanne.

- T’es amoureuse ? demanda l’adolescent de plus en plus intrigué par le comportement de sa mère.

Contre toute attente, Suzanne éclata de rire, et se demandant ce qu’il avait bien pu dire de si drôle, Raphaël demanda :

- Ben quoi ?

- Non je ne suis pas amoureuse, répondit Suzanne. Je suis heureuse. J’ai reçu un appel du notaire, je reviens de son cabinet…

- Et ? demanda Raphaël soudain anxieux.

- Et tiens, fit Suzanne en tendant une feuille de papier à son fils.

Raphaël s’en empara, les mains tremblantes et le coeur battant la chamade, et avec appréhension, ses yeux se posèrent sur le bout de papier. Au fur et à mesure que ses yeux parcouraient la feuille, le coeur de l’adolescent gagnait en rapidité pour finalement exploser de joie.

Il se jeta dans les bras de sa mère en criant sa joie et laissa libre court à des larmes de satisfaction et de bonheur intense. Ils restèrent ainsi quelques minutes, puis Suzanne ajouta :

- Tes valises sont prêtes ? Nous prenons l’avion demain matin…

Un nouveau cri de joie résonna dans la pièce et Raphaël se précipita de nouveau dans les bras de sa mère. Demain… Demain il serait de nouveau aux côtés de Daevlyn.

Après cette nouvelle étreinte, Raphaël se précipita dans sa chambre aussi vite que le lui permettait son ventre douloureux et entreprit de faire ses valises, laissant sortit uniquement les affaires dont il aurait besoin jusqu’au lendemain.

Depuis la révélation de Suzanne, le temps qui paraissait déjà long à l’adolescent lui parut interminable. Chaque minute qui passait lui donnait l’impression d’être des heures. Son regard améthyste se posait inlassablement sur la pendule accrochée au mur du salon, si bien que Suzanne en vint à se demander si elle n’avait pas fait une erreur de lui annoncer la bonne nouvelle aussi tôt. Peut être aurait-elle dû attendre.

Après un énième soupire de lassitude, Raphaël alluma la télévision devant laquelle il finit par s’endormir au bout d’un petit moment. Soulagée de le voir enfin paisible, Suzanne se posa à ses côtés et reprit le livre qu’elle avait abandonné un peu plus tôt.

Du coup, Raphaël ne se réveilla que tard dans la soirée, Suzanne ayant jugé préférable de le laisser dormir, Raphaël se réveilla aux aurores ce matin-là. Dans sa poitrine, son coeur battait à tout rompre, et il bouillait d’une excitation mal contenue. A la hâte, il sauta de son lit et changea les draps avant de filer sous la douche, si bien qu’à cinq heures trente, il était prêt. Réveillée par les pas de l’adolescent dans le couloir, Suzanne se leva à son tour pour trouver le jeune garçon laver, habillé, coiffé, ses valises à chaque et prêt à partir debout en haut des escaliers. Celui-ci semblait avoir un problème pour descendre ses valises. A la vue de Raphaël, Suzanne ne put retenir un éclat de rire qui surprit l’adolescent. Il se retourna et observa attentivement la jeune femme, la fixant d’un regard qui semblait signifier “ben t’es pas encore prête ?”.

Comprenant l’impatience de l’adolescent, Suzanne fila à son tour sous la douche et un quart d’heure plus tard, ils étaient tous deux réunit à table devant leur petit déjeuné. A sept heures moins quart, Raphaël sautait dans la voiture, et moins d’une minute après, ils partaient en direction de l’aéroport. Les yeux rivés sur la vitre, Raphaël regardait sans le voir, le paysage défiler devant lui.

A sept heures trente, leur avion décollait comme prévus, en direction de la France. Comme lors de l’allé, l’adolescent regarda distraitement le paysage, pensant plutôt à ses retrouvailles avec son amant. Tout ce qu’il espérait, c’était que la directrice ne serait pas là pour gâcher leur joie de se retrouver après une semaine et demi de séparation. Après tout ce temps, il comptait bien faire savoir à Daevlyn qu’ il lui avait atrocement manqué. Se rendant compte des sous-entendus que pouvait provoquer cette insinuation, Raphaël s’empourpra légèrement, puis encore fragile de sa précédente opération, il finit par s’endormir, avec devant les yeux, une image de Daevlyn.

Bien des heures plus tard, il se réveilla en sursaut lorsqu’il entendit la voix du pilote retentir dans les haut-parleurs, donnant l’ordre aux passagers d’attacher leur ceinture pour l’atterrissage.

- Tu veux manger quelque chose ? demanda Suzanne alors qu’ils sortaient de l’avion.

- Non, je n’ai pas faim… répondit distraitement l’adolescent.

- Tu n’as pas faim ou tu es pressé de partir ? fit justement remarquer la jeune femme. Il est encore très tôt Raphaël, avec le décalage horaire. Bien que nous ayons encore plusieurs heures de route, si nous partons maintenant, nous arriverons là bas bien trop tôt. Et puis, je ne suis pas certaine de réussir à conduire aussi longtemps après un vol aussi long. Allons prendre une chambre d’hôtel.

- Oui… je n’avais pas pensé à cela, répondit l’adolescent d’une petite voix désolée.

- C’est ce que j’ai remarqué ! Allez viens, déclara Suzanne en prenant la main de son fils.

Après quelques heures de repos qui, tout compte fait, ne firent pas de mal à Raphaël, ils louèrent une voiture et reprirent la route. Après trois heures de route interminables, un détail attira l’attention de Raphaël, et aussitôt, il se redressa dans son siège tandis que son coeur s’emballait. Ils arrivaient à l’endroit où il avait vu Daevlyn disparaître au loin à la lisière de la forêt. Ils étaient tout proche du centre… Un sourire immense étira ses lèvres, et il se tourna vers Suzanne qui lui rendit son sourire. Quelques minutes plus tard, la jeune femme garait la voiture dans la cours principale de l’établissement.  D’abord attristé de ne voir personne dehors, Raphaël s’apprêtait à ouvrir la porte de la voiture lorsqu’un mouvement à l’extérieur attira son attention. Aussitôt, il releva la tête et son regard se posa sur Daevlyn. Une larme puis deux s’échappèrent des yeux de l’adolescent qui, sans attendre, bondit hors de la voiture et se précipita dans les bras de Daevlyn en criant son prénom. Pour son plus grand bonheur, l’adulte ouvrit les bras et le réceptionna avant de le faire tournoyer dans les airs à la façons des amoureux au cinéma. Des larmes inondaient son visage et mettant bas à la dernière distance qui séparait leur deux corps, Raphaël entoura de ses bras la nuque de son amant en enfouissant son visage dans son cou, respirant son odeur à plein nez.

- Daevlyn… tu m’as tellement manqué, sanglota l’adolescent. Je t’aime tellement… plus jamais je ne veux être séparé de toi…

- A moi aussi tu m’as manqué Raphaël… je t’aime tellement… j’ai tellement rêvé de ce moment ou je pourrais de nouveau de serrer dans mes bras…

A cet instant, plus rien n’existait autour des deux hommes, le temps semblait s’être comme arrêté. Daevlyn reposa l’adolescent au sol, et alors qu’il s’apprêtait à l’embrasser, il aperçut Suzanne qui observait la scène à quelques pas de là, tout de même intimidée et gênée.

Par respect pour elle, Daevlyn s’éloigna doucement et à contrecœur de son jeune amant qui l’observa sans comprendre. Daevlyn releva la tête et Raphaël suivit son regard. Lorsque celui-ci se posa sur Suzanne, il en rougit de honte. Il l’avait complètement oubliée dès qu’il avait aperçut Daevlyn. D’un petit hochement de tête, Suzanne leur donna son accord, et Raphaël lui adressa un sourire empli de reconnaissance. Il se rapprocha de nouveau de son amant qui, comprenant son intention, le devança. D’un geste empli de douceur, il lui releva le menton avant de déposer avec délicatesse, ses lèvres sur celles entrouvertes de l’adolescent qui en soupira de satisfaction. Très vite, il raffermis sa prise autour du cou de son moniteur tandis que leur baiser se faisait de plus en plus gourmand et enflammé. Bientôt, la langue de Daevlyn vint réclamer l’entrée de la bouche de son jeune amant qui ne se fit pas prier et accéda à sa requête avec le même entrain. Lorsque leur langue se rencontrèrent, un violent frisson de désir et de satisfaction comblée s’empara de leur corps et leurs gémissements de bien être disparurent dans la bouche de l’autre. Leur langue se mêlaient en un ballet connu de tous deux, enflammant leur sens. Daevlyn laissa ses mains parcoururent le dos de l’adolescent, caressant ses cheveux dénoués, passant sur la chute de ses reins pour finir leur course sur ses fesses dans le but de l’attirer toujours un peu plus contre lui.

Un raclement de gorge atrocement gêné se fit entre derrière eux et semblant se souvenir de la présence de Suzanne, ils se séparaient à contrecoeur, dans un dernier regard brûlant de désir difficilement contenu, qui leur laissait imaginer à tous deux la nuit qu’ils allaient passer dans les bras l’un de l’autre. Raphaël s’empourpra violemment sous le regard intense et chargé de désir de son amant combiné à celui gêné de sa mère. Même si pour rien au monde il ne souhaitait quitter le giron protecteur et aimant de son moniteur, par respect pour sa mère, il se détacha de lui et recula de quelques pas.

Suzanne s’approcha alors d’eux, et déclara :

- Y a-t-il un endroit où nous pourrions discuter tranquillement ?

- Bien sûr, répondit Daevlyn.

Le jeune adulte les guida jusqu’à l’écurie et tous trois prirent place à la petite table qui trônait au centre de la sellerie. Suzanne regarda autour d’elle, tentant de se faire une image du lieu où avait vécu Raphaël durant ces derniers mois et après un court moment de silence, elle déclara, choisissant au mieux ses mots :

- Voilà, durant le séjour de Raphaël aux Etats-Unis, nous avons beaucoup parlé. Il m’a parlé de vous et des sentiments que vous aviez l’un pour l’autre, et après un accord commun, nous en sommes arrivés à la conclusion que nous avions chacun refait notre vie de notre côté. Même si Raphaël vit ici et moi aux Etats-unis, ils sait que dans mon coeur il reste mon fils et qu’il aura toujours une place chez moi pour lui…

- Attendez… Raphaël est votre fils ? s’exclama Daevlyn choqué par la révélation qu’il venait d’entendre. Mais je croyais que…

- Que j’était morte ? termina Suzanne un sourire triste étirant faiblement ses lèvres. Oui, Raphaël aussi. C’est ce que son père à cru bon de lui faire croire…

- Veuillez m’excuser, déclara alors Daevlyn.

- Il n’y a pas de mal. Je disais donc que nous avons longuement parlé et la conclusion qui s’en est découlée est qu’il est préférable pour Raphaël de rester ici encore quelques temps, histoire de fixer les choses et de voir comment elles vont évoluer. J’ai reçu ce matin la réponse favorable du notaire pour son émancipation.

Sur ses mots elle se tut, laissant à Daevlyn le temps de digérer les ce nouvel afflux d’information. Après quelques minutes de silence, elle reprit :

- Je voudrais donc voir avec la directrice, s’il était possible qu’il reste dans cet établissement et ce malgré qu’il soit à présent en mesure de le quitter.

Un silence suivit ses paroles puis Daevlyn déclara gravement :

- La directrice n’est pour le moment pas joignable, et normalement le règlement interdit à tout pensionnaire majeur de rester dans l’enceinte de l’établissement…

A ces mots, le coeur de Raphaël se serra douloureusement, et il baissa les yeux, ne voulant pas que Daevlyn il lise la tristesse qui ternissait leur éclat. La voir de Daevlyn retentit de nouveau, et espérant un miracle, Raphaël tendit l’oreille aux aroles de son moniteur :

- … Cependant, et en tant que directeur, je voulais justement engager un palefrenier qui pourrait m’aider à m’occuper des chevaux… Bien entendu, tous les frais seraient prit en charge par l’établissement…

Un nouveau silence suivit cette déclaration, suivit d’un hurlement de joie. Tous les regards présents convergèrent vers l’auteur de ce cri venu du fond du coeur et Daevlyn lui offrit un sourire à damner un dieu. Raphaël se leva subitement, faisant tomber sa chaise à la renverse et sans prendre le temps de la relever, il alla se jeter dans les bras de son amant :

- Dit moi que tout ceci n’est pas un rêve Daevlyn… Dit moi que l’on restera ensemble pour toujours et que personne ne nous séparera jamais… dis-moi que je suis bel et bien vivant… murmura l’adolescent d’une voix brisée par l’émotion.

- Je te promet tout cela Raphaël, murmura Daevlyn. Je te promet que le cauchemar est enfin fini. Nous somme libre… libre d’être ensemble et de nous aimer…

- Alors je peux rester ? Demanda l’adolescent sans oser y croire.

- Alors tu as intérêt à rester, rectifia tendrement Daevlyn en déposant un baiser sur son front.

- Je t’aime Daevlyn, souffla l’adolescent qui ferma les yeux de bonheur.

- Moi aussi je t’aime mon ange, répondit l’adulte sur le même ton en raffermissant sa prise autour du corps frêle de l’adolescent.

Ils restèrent un moment enlacés, jusqu’à ce qu’un hennissement retentisse du fond de l’écurie, sortant les deux hommes de leur bulle et leurs doux rêves d’avenir. Raphaël s’arracha à l’étreinte de son amant et lui lança un regard empli d’une supplication muette, et après un hochement de tête de la part de l’adulte, Raphaël s’empara de la main de sa mère et l’entraîna au fond de l’écurie. D’abord surprise, Suzanne se laissa faire et suivit docilement son fils. Ils arrivèrent au box d’Amaranth et Raphaël lâcha la main de sa mère pour entrer dans le box. Aussitôt qu’il le vit, Amaranth se précipita vers lui et lui donna un coup de tête comme pour lui montrer son mécontentement face à cet abandon momentané.

- Tu m’as manqué aussi Amaranth, déclara l’adolescent en s’agenouillant auprès du poulain.

Il plongea son visage dans sa crinière duveteuse et passa ses bras autour de son encolure, lui offrant ce câlin que le poulain attendait depuis déjà plus d’une semaine. Derrière la porte du box, Suzanne observait son fils, un sourire attendrit étirant ses lèvres illuminait son visage. Perdue dans sa contemplation, elle n’entendit pas Daevlyn arriver derrière elle et sursauta lorsque sa voix retentit à ses côtés :

- Amaranth est le poulain de Raphaël. Sa mère est morte le lendemain de sa naissance, et depuis c’est Raphaël qui s’occupe de lui.

- Ils ont l’air de beaucoup s’apprécier, remarqua la jeune femme.

- Oui, une grande complicité est née entre eux. Dans quelques années, quand Amaranth sera assez âgé pour être monté, ils seront l’exemple même du centaure, lorsque l’homme et le cheval ne font plus qu’un.

Suzanne reporta son attention sur Daevlyn et l’observa attentivement. Il avait prononcé ces paroles avec tellement de fierté et d’amour qu’elle-même l’avait ressentit. Le regard qu’il posait sur l’adolescent réchauffa le coeur de la jeune femme. Oui, elle pouvait avoir confiance en lui. Autant d’amour, de respect et de tendresse n’était pas donné à tout le monde, et Raphaël avait trouvé la perle rare en la personne de Daevlyn. Ils avaient trouvé la moitié qu’il leur manquait, et ne formaient à présent qu’un seul et même être.

Finalement, elle reporta son attention sur Raphaël. Depuis qu’ils étaient arrivés, l’adolescent semblait rayonner de l’intérieur, comme si une aura mystique s’était soudainement emparée de lui. Ses yeux brillaient d’une lueur jusque là inconnue, il semblait tout simplement vivant.

Le reste de l’après-midi, Raphaël le passa en compagnie de son amant et de sa mère. Il lui présenta Diamond Dust et l’emmena faire un tour dans la forêt qui bordait le centre. Daevlyn invita Suzanne à partager leur repas de midi, et la jeune femme accepta, souhaitant profiter au maximum des dernières heures qui lui restaient à passer avec son fils.

Les deux adultes passèrent le reste de la journée à parler. Suzanne voulait en apprendre plus sur la liaison que Daevlyn entretenait avec son fils, et Daevlyn, semblant comprendre les motivations de la jeune femme, répondait à ses questions non sans une certaine appréhension. Cependant, au fond de lui, il était heureux que Raphaël ait la chance d’avoir une mère compréhensive et ouverte d’esprit, même si l’intimité de leur relation la mettait encore un peu mal à l’aise. En même temps, Daevlyn comprenait sa réaction. Quelle mère, même aussi ouverte d’esprit que Suzanne ne serait pas un minimum gênée en voyant son fils embrasser un autre garçon qui, de plus, était plus âgé que lui.

Assis à la lisière de la forêt, les deux adultes parlaient de Raphaël, le principal concerné, dormant paisiblement, la tête posée sur la cuisse de Daevlyn qui jouait distraitement avec une de ses mèches. Raphaël se réveilla vers la fin de l’après-midi et prit par à la discussion, sans pour autant changer de position. Ils discutèrent tant et si bien qu’ils ne s’aperçurent que trop tard que le soleil était déjà couché depuis longtemps et que la pénombre gagnait les sous bois.

Avisant l’heure tardive, ils rentrèrent au ranch et après le dîner, Daevlyn proposa à Suzanne de rester dormir ici pour cette nuit. Après de multiples supplications de la part de son fils, la jeune femme finit par céder, et vers dix heures, ils allèrent déposer les affaires de Raphaël dans sa chambre de dortoir.

Fatiguée par leur long voyage et le décalage horaire, Suzanne entra dans la chambre de l’adolescent après avoir récupéré les couvertures que lui tendait Daevlyn. Raphaël lui adressa un petit sourire timide signifiant qu’il arrivait tout de suite, et respectant le désir d’intimité des deux amants, Suzanne ferma la porte derrière elle, laissant Daevlyn et Raphaël seuls dans le couloir.

Lorsque la porte fut refermée, Daevlyn attira délicatement l’adolescent à lui, malgré son envie pressante de goûter à nouveau au goût de ses lèvres. Avec une lenteur calculée, il mit bas à la distance qui séparait leurs lèvres et s’en empara avec tendresse. Leur langue se rencontrèrent avec délice et dans un gémissement de contentement, Raphaël attira brusquement Daevlyn à lui, glissant une de ses mains sur sa nuque de façon à approfondir leur échange. La tendresse fit lentement place à la passion et à la tentation. N’y tenant plus, Daevlyn plaqua presque violemment Raphaël contre le mur de sa chambre et prit possession de ses lèvres avec avidité. Sa langue redécouvrait la bouche de l’adolescent et caressait sa jumelle en un ballet érotique. Plus le baiser dirait, plus il gagnait en intensité, et plus la tension entre eux était palpable. Le désir du corps de l’autre se faisait de plus en plus vivement ressentir, si bien que Daevlyn préféra mettre un terme au baiser avant de ne plus pouvoir se retenir et de prendre Raphaël là, contre le mur.

De son côté, Raphaël sentait le désir qu’il ressentait pour Daevlyn se faire de plus en plus présent, la passion et l’amour gonflaient son coeur et faisait naître des milliers de délicieuses sensations au creux de ses reins. Son sang bouillonnait dans ses veines comme de la lave en fusion si bien qu’il dû user de toute sa volonté pour s’arracher à l’étreinte de Daevlyn et lui rendre sa liberté.

Dans un dernier regard, ils se séparèrent en une promesse à peine formulée, tellement elle était présente dans le regard des deux amants. Chacun pouvait lire dans les yeux de l’autre, la même question et la même réponse. Ils n’avaient pas besoin de mots pour exprimer ce qu’ils ressentaient. Rapide comme l’éclaire, Raphaël s’approcha de Daevlyn et lui vola un dernier baiser, comme pour imprimer dans sa mémoire le goût de ses lèvres, avant de rentrer dans sa chambre et de refermer la porte derrière lui après un dernier regard à son amant.

Suzanne qui avait relevé les yeux de son livre lorsqu’elle avait entendu la porte s’ouvrir, observa son fils à la dérobée. Cependant, ses joues et ses lèvres rosies par le plaisir n’échappa pas à son attention. A cet instant, Raphaël était une réelle tentation à la luxure. Suzanne s’était déjà rendu compte de la beauté de son fils, mais jamais elle n’avait vu à quel point le plaisir de la chair pouvait le rendre désirable. La lueur de désir qui brillait au fond de ses prunelles améthystes avait quelque chose à la fois sensuelle, à la limite de l’érotisme, et d’enfantin, comme s’il prenait un malin plaisir à goût à quelque chose d’interdit. Comme Ève lorsqu’elle croqua dans la pomme.

Sentant le regard de Suzanne posé sur lui, Raphaël releva la tête et lui adressa un petit sourire gêné qui eut pour effet d’augmenter prodigieusement la couleur de ses joues déjà bien rouges. Puis, il se dirigea vers ses valises et les ouvrit à la recherche de son pyjama. Lorsqu’il l’eut Trouvé, l’adolescent s’en empara et saisit également sa trousse de toilette avant de se rendre dans la salle de bain commune, reprenant ses vieilles habitudes.

Une quinzaine de minutes plus tard, il se couchait sur les couvertures posées au sol, après avoir souhaité une bonne nuit à sa mère.

Si d’apparence Raphaël semblait calme, intérieurement, il bouillonnait d’impatience et d’excitation. Il devait se faire violence pour rester tranquillement allongé alors qu’il pensait à Daevlyn. Inconsciemment, il poussa un soupire de résignation et ferma les yeux, espérant qu’ainsi le temps passerait plus rapidement.

Après un moment qui lui parut une éternité, Suzanne posa son livre et éteignit la lumière posée sur la table de chevet. Dans la pièce plongée dans la pénombre, Raphaël regardait par la fenêtre ouverte, les rayons de la lune passer derrière un petit nuage. Des étoiles plein les yeux, il cherchait dans le ciel les constellations qu’il connaissait et celles qu’il se souvenait avoir vu dans son vieux livre d’astronomie.

Au bout d’une demi-heure, la respiration de Suzanne se fit régulière et laissant encore passer une autre demi-heure pour être certain qu’elle dormait, Raphaël se leva sans bruit et se dirigea vers la fenêtre qu’il enjamba lestement.

Son coeur battait à une allure qu’il n’avait encore jamais atteinte, menaçant de s’arrêter à tout moment. Dans son état d’excitation,  il ne vit pas Suzanne s’asseoir dans son lit et le regarder se faufiler discrètement le long du mur.

La jeune femme n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin, elle avait parfaitement comprit que son fils partait rejoindre son amant, et ses doutes se confirmèrent lorsqu’elle le vit frapper à une porte et que celle-ci s’ouvrit quasiment instantanément sur Daevlyn. L’adulte attira alors l’adolescent à lui et l’embrassa avec passion en refermant la porte sur eux.

De son côté, totalement inconscient du regard de Suzanne, Raphaël redécouvrait le goût des lèvres de son amant avec un plaisir non dissimulé. Lorsque, dans un désir de mettre à bas la dernière distance qui les séparait encore, Daevlyn attira vivement Raphaël à lui, l’adolescent eut un sourire amusé en constatant la fougue dont faisait preuve son amant.

- Je t’ai manqué ? murmura-t-il tout contre ses lèvres sans chercher à cacher son amusement.

- Si seulement tu savais à quel point, rétorqua l’adulte sur le même ton fiévreux avant de reprendre possession de ses lèvres.

Raphaël répondit avec la même intensité au baiser de Daevlyn souhaitant lui faire à son tour savoir à quel point il lui avait manqué. Sa langue gourmande vient rencontrer celle de son vis-à-vis et très vite elles entamèrent un ballet vieux comme le monde. A travers ce baiser, Raphaël pouvait sentir toute la tension que Daevlyn se faisait violence pour maîtriser. Plus leur échange gagnait en intensité, plus Raphaël sentait Daevlyn se durcir contre lui et cela eut pour effet d’attiser son propre désir. La respiration haletante, l’adolescent s’écarta de son moniteur le temps de reprendre son souffle avant de s’emparer de nouveau des lèvres de l’adulte. Avide de sentir Daevlyn toujours plus près, Raphaël glissa ses doigts entre les pans ouverts de la chemise de Daevlyn qui laissaient entrevoir un torse puissant et parfaitement dessiné.

Les abdominaux de Daevlyn se contractèrent sous les effleurements faussement timides de l’adolescent et un gémissement de plaisir s’échappa de ses lèvres pour aller mourir dans la bouche de son jeune amant. Avec une lenteur toute calculée, Raphaël fit glisser la chemise de Daevlyn le long de ses bras, tout en déposant de légers baisers papillons sur son torse. L’effet fut quasiment immédiat. Daevlyn émit un gémissement plus prononcé, tandis que ses mains allaient se perdre dans ses cheveux, en une supplication muette. Une fois la chemise au sol, Raphaël reposa ses mains sur le torse de son amant, faisant glisser ses doigts sur sa peau, à présent plus que sensible. Après avoir longuement parcourut son torse, ses doigts partirent à la découverte de son dos, glissant sensuellement le long de sa colonne vertébrale, provoquant des frissons de plaisir à l’adulte qui laissa s’échapper un son rauque qui ressemblait vaguement au prénom de son jeune tortionnaire.

Satisfait de l’effet qu’il produisait à son moniteur, Raphaël le poussa lentement mais sûrement jusqu’au lit, au pied duquel Daevlyn buta et se sentant tomber à la renverse, il se retient à Raphaël, l’entraînant dans sa chute. Les deux amants atterrirent sur le lit dans un éclat de rire de la part des deux hommes, puis Raphaël plongea son regard dans les émeraudes de son amant, dans lesquelles il put y lire tout le désir qu’il contenait. D’humeur taquine, il déposa furtivement ses lèvres sur celles de son amant, avant de lui embrasser délicatement les yeux, le nez, le front, n’épargnant aucune parcelle de son visage avant de consentir à mettre un terme au délicieux supplice qu’il faisait vivre à Daevlyn. La flamme dans son regard lui indiquait que Daevlyn était déjà bien échauffé, et mettant fin au jeu, il happa avec avidité la lèvre supérieure de l’adulte, qu’il suçota avec une avidité évidente, retenant à grand peine un gémissement de désir.

Trop heureux de l’initiative et l’assurance que prenait l’adolescent, Daevlyn ne fit aucun commentaire, se laissant aller au plaisir que faisait naître en lui les gestes encore un peu hésitants de Raphaël. Puis, n’y tenant plus, il posa ses mains sur les hanches de son amant, et le fit rouler sous lui, prenant pour la première fois depuis l’arrivée du jeune homme, le rôle du dominant. A son tour, il s’empara avec brutalité des lèvres de Raphaël, ne supportant plus de rester inactif. Ses mains glissèrent sous le t-shirt de l’adolescent, le faisant frissonner de plaisir. Les doigts de Daevlyn remontèrent lentement sous son t-shirt, caressant sa peau délicate à pleine main. Il voulait le toucher, il voulait palper sa peau si douce, se convaincre que tout ceci n’était pas encore un nouveau tour de son esprit. Daevlyn remonta le t-shirt de son amant de façon à mettre à nu son torse imberbe finement sculpté et ses tétons déjà durcis par le plaisir que lui procurait l’adulte.

Raphaël sentait son propre désir monter en flèche. Son sang bouillonnait dans ses veines et son corps avait gagné en température. Raphaël n’en pouvait plus de plaisir, et sentir les mains de Daevlyn sur lui le rendait fou de désir. Ses reins s’embrasaient sous l’afflux de sensations toutes plus intenses les unes que les autres. Les mains de Daevlyn furent bientôt remplacées par sa langue et Raphaël ne put retenir un petit cri de surprise et de plaisir mêlé au contact humide sur son ventre. Ses doigts se joignirent de nouveau à la langue de l’adulte veillant à ne laisser aucune parcelle de peau vierge de son passage.

Du genou, Daevlyn écarta les cuisses de l’adolescent et vint prendre place entre, non sans frotter son intimité gorgée de désir contre son bassin, en un déhanchement érotique. Après un dernier baiser, Daevlyn s’agenouilla entre les cuisses de son amant, et entremêlant leurs doigts, il l’observa longuement. Puis, il l’attira à lui, le forçant à se relever et lâchant ses doigts, il les fit glisser jusqu’à son t-shirt et commença à le lui enlever. Une fois la bouche du jeune garçon fut libre d’accès, Daevlyn en prit possession, marquant sa propriété d’une légère morsure, vestige de son instinct animal. Les yeux cachés par son propre t-shirt, Raphaël ne pouvait voir Daevlyn, mais pouvait sentir dans ses gestes et sa façon de l’embrasser toute la tension et le violent désir de l’adulte. Puis finalement lassé de ce petit jeu, souhaitant lui aussi pouvoir contempler le corps gracieux de son moniteur, Raphaël finit par enlever totalement son t-shirt et l’abandonna au pied du lit. La passion et le désir de l’adolescent pour son moniteur le poussait à agir comme jamais il ne l’aurait fait auparavant, et à ce qu’il pouvait en constater, cela n’était pas pour déplaire à l’adulte qui se laissait faire avec un plaisir évident. Avec une lenteur déconcertante et sensualité à la limite de l’érotisme, il posa ses mains sur le torse dénudé de son amant, et les fit délicatement glisser sur sa peau, l’effleurant à peine, dans le but d’attiser au maximum le plaisir de son partenaire. Ses doigts de déplacèrent avec légèreté sur le torse imberbe de son moniteur, explorant chaque parcelle de peau. Puis, ses mains se posèrent sur la poitrine de Daevlyn et d’une légère pression, il le fit basculer à la renverse, le faisant s’allonger sur le matelas. L’adolescent vint prendre place sur lui, s’asseyant à califourchon sur son bassin déjà bien stimulé. Raphaël se pencha au-dessus de son amant, le fixant d’un air coquin, une lueur de lubricité éclairant ses magnifiques prunelles améthystes, devenues presque violettes sous l’afflux du plaisir. Il déposa délicatement ses lèvres sur celles de son amant, et avant que Daevlyn n’ait le temps d’approfondir le baiser, Raphaël se relevait, un sourire victorieux peint sur le visage. Ses mains reprirent l’exploration du torse et des abdominaux de son amant, descendant jusqu’à ses reins, tandis que son bassin entamait une légère ondulation qui arracha un cri de pur plaisir à Daevlyn qui ferma les yeux tant la sensation était forte.

La réaction de Daevlyn fit naître un sourire satisfait sur les lèvres de l’adolescent qui, heureux du plaisir qu’il offrait à son amant, réitéra le même mouvement langoureux. Au fur et à mesure, il sentait Daevlyn devenir dur sous ses fesses et cela ne fit qu’attiser le désir de l’adolescent qui se déhancha encore et encore jusqu’à ce que, n’en pouvant plus, Daevlyn inverse de nouveau leur position en murmurant d’une voix rauque un “petit démon” qui fit s’élargir le sourire de Raphaël.

Très vite, un rapport de force s’installa entre eux, aucun des deux ne voulant laisser gagner l’autre. Malgré le désir qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, il prenait leur temps, souhaitant conclure leurs retrouvailles de la meilleure façon qu’il soit. Les sourires et les mots d’amour n’étaient pas en reste, chacun murmurant à l’oreille de l’autre quelques mots tendres, comme ils en rêvaient depuis plus d’une semaine.

De nouveau, Raphaël se retrouva assit sur l’aine de son amant, qui le fixait d’un air appréciateur, le matant sans pudeur aucune. Raphaël rougit sous l’intensité du regard de Daevlyn qui l’observait avec gourmandise, une lueur au fond des yeux lui signifiant qu’il aimerait le goûter en entier.

Mi-gêné, mi-amusé, Raphaël se pencha vers son moniteur et lui vola un baiser dans l’espoir de le distraire et d’effacer ce sourire de ses lèvres. Cela marcha même mieux que Raphaël ne l’aurait imaginé, car à peines sa bouche effleura celle de Daevlyn que l’adulte les happait avec avidité. Les hanches de l’adolescent se remirent en mouvement, ondulant légèrement, juste assez pour attiser le désir de l’adulte sans le faire venir trop tôt, et les mains de Daevlyn vinrent se poser sur les fesses du jeune garçon, l’accompagnant ainsi dans son initiative. Les petits cris que poussaient Daevlyn indiquaient à l’adolescent, qu’il était proche de la libération, et aussitôt, il cessa tout mouvement, et s’éloigna de Daevlyn qui rouvrit immédiatement les yeux en grognant de mécontentement. Se relevant sur ses coudes, il observa l’adolescent, lascivement allongé sur le matelas, dans une position plus qu’érotique qui faillit faire venir Daevlyn. L’adulte contemplait l’adolescent avec un désir évident, et lorsque l’une des mains de Raphaël vint se glisser sous son jean en une invitation plus qu’explicite et un regard qui signifiait clairement “déshabille-moi”, Daevlyn déglutit avec difficulté, ne sachant pas ce qui le retenait encore de sauter sur l’adolescent et de le faire sien dans un cri de jouissance.

Perdant soudain tout son assurance, Daevlyn s’approcha lentement de Raphaël, hésitant sur la manière de l’aborder. Ce fut l’adolescent qui, semblant lire son interrogation dans ses yeux, l’attrapa par la ceinture de son jean et l’attira violemment à lui. Le retenant prisonnier entre ses cuisses, Raphaël se déhancha lentement, et la sensation que ressentit Daevlyn à cet instant le fit sortir de sa torpeur. Il embrassa l’adolescent avec passion, mêlant sa langue à la sienne, les faisant danser l’une avec l’autre et passant ses mains entre leur corps, il entreprit de déboutonner le jean de Raphaël, comme le lui avait silencieusement intimé son jeune amant. Faisant d’une pierre deux coups, il fit glisser à la fois le jean et le boxer de l’adolescent avant de les jeter négligemment quelque part dans la pièce. Il s’arrêta l’espace de quelques secondes, prenant le temps de contempler à nouveau ce corps qui lui avait tant manqué. Puis, il revient prendre place entre les jambes de son amant, se couchant pratiquement sur lui, dans le désir de sentir sa peau contre la sienne, de se fondre en lui pour enfin ne faire plus qu’un.

Complètement nu contre Daevlyn, Raphaël était confiant. Malgré le désir parfois un peu brutal de Daevlyn, il n’avait pas peur, ses anciennes craintes et ses souvenirs semblaient avoir totalement disparut. Ne restait que le désir qu’il éprouvait pour Daevlyn, et l’envie de le sentir se mouvoir en lui, scellant ainsi l’union de leur corps et de leur âme.

Raphaël ne retenait plus ses gémissements provoqués par les mains et les lèvres de Daevlyn parcourant son corps. Il se laissait envahir par cette multitude de sensations qui s’emparaient de lui, n’ayant plus conscience de rien hormis des mains de Daevlyn et du plaisir qu’il éprouvait. Une caresse plus osée et intime que les précédents arracha un cri à l’adolescent qui frissonna violemment au contact de la main de Daevlyn sur son intimité. Celle-ci fut suivie d’autres toutes plus osées les unes que les autres. Avec une lenteur exagérée, Daevlyn lécha sensuellement le torse de l’adolescent, descendant sur ses abdominaux qui se contractèrent à ce contact, puis descendant toujours plus bas, vers le point culminant du plaisir de Raphaël. Puis, faisant taire les supplications de son jeune amant, Daevlyn le prit en bouche, arrachant un cri de plaisir muet à l’adolescent.

Raphaël savourait au plus haut point cette sensation qui lui avait tant fait défaut durant cette dernière semaine. Daevlyn faisait des merveilles avec sa langue, lui arrachant des petits feulements de plaisir, alors que l’adolescent se tordait dans tous les sens dans l’espoir d’attiser au maximum le désir qui lui brûlait les reins. Perdu dans les limbes du plaisir charnel, c’est à peine s’il prit conscience que ses mains allèrent se glisser dans la tignasse de Daevlyn, décollant au passage ses mèches de cheveux collées à son front luisant de transpiration.

Sentant la jouissance venir à grands pas, il tenta de le faire comprendre à Daevlyn, d’une légère pression sur son cuir chevelu, se trouvant dans l’incapacité de parler. Seul des gémissements de plaisir s’échappaient de ses lèvres entrouvertes. Cependant, faisant fit des avertissements de l’adolescent et galvanisé par ses petits cris érotiques, Daevlyn accéléra la cadence et Raphaël finit par se libérer dans un cri de jouissance pure.

Daevlyn se redressa pour regarder son amant, passant sa langue sur ses lèvres en une mimique limite indécente tandis qu’un sourire satisfait étirait ses lèvres. Les joues et les lèvres rosies par le plaisir, les cheveux éparpillés autour de lui, la respiration haletante et le corps ruisselant de transpiration, Raphaël était une incitation à la luxure. Cette simple vue faillit venir à bout de Daevlyn qui se fit violence pour se retenir de jouir à la vu du corps alanguis de son amant.

Retenant son souffle, il vient s’allonger sur le corps de l’adolescent, déposant une multitude de baisers papillons un peu partout sur son corps, léchant son cou jusqu’au lobe de son oreille qu’il mordilla sensuellement, arrachant un nouveau gémissement à son jeune amant qui retrouvait lentement une respiration régulière.

Raphaël posa ses mains sur la chute de reins de son moniteur, effleurant sa peau du bout des doigts, dans un mouvement régulier de haut en bas, puis ne tenant plus, il happa les lèvres rougies de l’adulte. Il suçota longuement sa lèvre inférieure, la caressant du bout de la langue après l’avoir mordillée avec gourmandise.

La tête de Daevlyn posée sur son coeur, Raphaël sentait son souffle chaud dans son cou qui faisait lentement renaître son désir. Puis, d’un habile cou de hanche, il renversa leurs positions, se retrouvant ainsi chevauchant Daevlyn. Il plongea son regard dans les émeraudes de son partenaire, le fixant intensément, puis, après un rapide baiser volé et quelques ondulations du bassin, il entreprit d’attiser au maximum le désir déjà conséquent de l’adulte.

Avec délice et volupté, il caressa chaque parcelle de peau de Daevlyn, et très vite ses lèvres prirent la relève tandis que ses mains descendaient toujours plus au sud. Fébrilement, il déboutonna le jean de son amant, qui dans sa volonté de lui faciliter la tâche, souleva son bassin. Raphaël fit glisser à la fois son jean et son boxer, libérant l’érection de Daevlyn de sa prison de tissus.

L’adolescent se déplaça de façon à pouvoir agir convenablement, et d’une main hésitante, il entama un lent va et vient sur l’intimité de l’adulte qui ferma les yeux de plaisir à ce contact dont la timidité et l’hésitation ne faisait qu’augmenter les bienfaits.

Daevlyn rouvrit subitement les yeux lorsque après un coup de langue sur son intimité, Raphaël le prit entièrement en bouche, arrachant un cri de plaisir non feint à l’adulte. D’abord lents et hésitants, les vas et vient de l’adolescent sur l’intimité de son moniteur gagnèrent en vigueur et en intensité, le menant aux portes de la jouissance, en moins de temps qu’il ne faille pour le dire. Sentant que Daevlyn était sur le point de jouir, Raphaël ralentit la cadence et du bout de la langue, il lécha le bout de l’intimité de Daevlyn qui se cambra violemment sous l’effet du plaisir. Ses doigts s’enroulèrent dans la chevelure de l’adolescent qui, voyant là, un signe précurseur de la libération de Daevlyn s’éloigna et le reprit en main. Quelques secondes plus tard, Daevlyn se libérait dans un cri de jouissance en criant le nom de son amant, et se laissa retomber sur le matelas, la respiration saccadée et le corps ruisselant de sueur.

Comme son moniteur l’avait fait précédemment, Raphaël vient s’allonger sur Daevlyn, la tête posée sur sa poitrine, il écoutait les battements endiablés de son coeur. Puis, après quelques secondes de silence dans lequel leur souffle se mêlaient, Raphaël murmura, non sans cesser de faire glisser ses doigts sur le sein droit de son amant :

- Pardon… J’ai pas pu aller jusqu’au bout, je…

- Chuuuut, l’interrompit Daevlyn, tu m’as déjà offert un magnifique cadeau ce soir. Je ne m’y attendais pas du tout, ajouta-t-il en l’embrassant tendrement sur le front.

- Je t’aime Daevlyn, murmura l’adolescent tout contre ses lèvres, je t’aime plus que tout…

- Je t’aime aussi mon ange, répondit Daevlyn avant d’accéder à la requête muette de son jeune amant et de prendre possession de ses lèvres en une douce et tendre caresse.

Raphaël bougea légèrement afin de pouvoir approfondir leur baiser, et sa récente cicatrice rencontra la hanche de son amant, lui arrachant un sursaut de surprise et un petit gémissement de douleur bien vite étouffé dans la bouche de son moniteur. Cela n’échappa pas à Daevlyn qui, mettant fin au baiser, murmura d’une voix désolée :

- Avec tout cela, j’ai complètement oublié ta récente opération…

- Non, ce n’est rien… juste une cicatrice de plus, répondit l’adolescent la gorge nouée. De toute façon, une de plus ou de moins, où est la différence ?

A ces mots, Daevlyn posa délicatement son doigt sur les lèvres de son amant, et déclara d’une voix ferme mais non dépourvue de douceur :

- Tais-toi ! Oublie tout ce qui s’est passé Raphaël… A présent, nous sommes ensemble, et rien ne nous séparera jamais…

Raphaël ne répondit rien, obéissant à son amant qui dans un geste d’une immense tendresse, déposa délicatement ses lèvres sur le visage de son amant, déposant une multitude de baisers papillons sur son front, ses yeux, ses joues et sa bouche, en un signe de réconfort et d’amour.

Sans se départir de sa tendresse, Daevlyn inversa leur position, prenant garde à ne pas blesser son jeune amant. Une fois Raphaël allongé sous lui, Daevlyn l’embrassa une dernière foi, alors que ses mains parcouraient de nouveau le corps de l’adolescent, faisant renaître le désir dans ses reins.

Les doigts de l’adulte vinent effleurer avec délicatesse la nouvelle cicatrice de l’adolescent et d’un geste empli de douceur, il déposa ses lèvres dessus, arrachant un soupir de bien être à Raphaël. L’adulte continua ce petit jeu encore quelques secondes, jusqu’à ce qu’un gémissement de Raphaël résonne à ses oreilles :

-  Daevlyn… s’il te plait…

- Qu’y a-t-il mon ange ? demanda Daevlyn, un sourire en coin étirant ses lèvres. Que veux-tu Raphaël ?

Après une énième caresse, Raphaël se cambra violemment, et dans un gémissement de plaisir, il haleta :

- Toi… s’il te plait… j’ai envie de toi…

Cette déclaration enflamma les sens de Daevlyn qui dû se faire violence pour ne pas réagir au quart de tour et accéder à la requête de son jeune amant. Il remonta vers le visage de l’adolescent et l’embrassa avec passion, lui faisant ainsi comprendre que son désir était partagé. Après quoi, il caressa les lèvres de Raphaël du bout des doigts que le jeune garçon se mit à sucer avidement. Cette vision provoqua un court circuit dans le cerveau de l’adulte qui laissa s’échapper un gémissement de satisfaction et bien être, totalement envoûté par l’érotisme dont faisait preuve Raphaël à cet instant.

Lorsqu’il les jugea suffisamment humides, Daevlyn retira ses doigts et les fit glisser sur le torse de Raphaël qui frissonna de plaisir à ce contact aérien. Daevlyn poursuivit sa course jusqu’au nombril de l’adolescent, et avant d’aller plus loin, il vient prendre place entre ses cuisses. L’adolescent s’offrait à lui sans appréhension aucune, plaçant son corps et son coeur entre ses mains en toute confiance.

Avec une douceur extrême, Daevlyn commença à préparer son amant, insérant délicatement un premier doigt en lui. Raphaël se tendit légèrement, mais la douceur et la tendresse de Daevlyn finirent de le décontracter, et l’adolescent se laissa porter par la vague de plaisir et de soulagement qu’il s’emparait de lui.

Très vite, Daevlyn inséra un nouveau doigt dans l’intimité de Raphaël, et lorsque l’adolescent se fut habitué à cette présence, l’adulte entama un léger mouvement de va et vient, arrachant un gémissement à son amant. Après un certain temps d’adaptation et de préparation, Daevlyn insinua un troisième et dernier doigt en lui, et cette fois-ci, Raphaël ne pu retenir un hoquet de douleur qui très vite, se transforma en cri de plaisir lorsque l’adulte toucha quelque chose en lui qui lui fit voir les étoiles. Lorsque Raphaël commença ç s’empaler de lui-même sur ses doigts, l’adulte les retira, s’attirant une plainte de mécontentement, puis il vint se placer à l’entrée de son intimité.

D’un ample coup de bassin, il le pénétra, et malgré toute la douceur dont il faisait preuve, Raphaël se contracta sous l’intrusion en retenant un gémissement de douleur. Daevlyn stoppa aussitôt tout mouvement, malgré la sensation et le plaisir intense qu’il ressentait à être de nouveau en Raphaël.

Après quelques secondes, Daevlyn entama un lent et ample mouvement de bassin et Raphaël emprisonna ses hanches entre ses jambes, dans la volonté de le sentir toujours plus près, toujours plus profondément en lui. Les yeux fermés, la bouche entrouverte et le souffle erratique, Raphaël sentait avec un plaisir non feint, le bonheur de sentir l’homme qu’il aimait par-dessus tout, se mouvoir en lui, le faisant sien. Depuis le temps qu’il attendait ce moment, leur corps ne faisaient à nous plus qu’un.

Les coups de bassin de Daevlyn se faisaient toujours plus amples, toujours plus profonds, augmentant considérablement le désir et le plaisir de chacun. Les deux hommes avait oublié tout ce qui n’était pas eux, plus rien autour d’eux n’existait tandis que leur corps s’unissaient en une union parfaite. Leurs cris de plaisir retentissaient dans la chambre, faisant écho sur les murs, résonnant à leurs oreilles comme la plus douce des mélodies. Leur corps ondulaient au rythme d’une mélodie qu’eux seuls entendaient, leurs déhanchements guidés par leur souffle erratique.

Les yeux de Raphaël s’ouvrirent brusquement sous l’effet du plaisir, et sentant que la jouissance était proche, il raffermis sa prise autour des hanches de son amant qui, galvanisé par le plaisir accéléra la cadence, pénétrant toujours plus profondément l’adolescent, lui faisant hurler son plaisir sous ses coups de reins experts. Dans un ultime coup de hanche, plus ample et profonds que les précédents, Daevlyn et Raphaël se libérèrent en un seul et même cri, chacun hurlant le prénom de l’autre.

Haletant, le corps luisant de transpiration, Daevlyn se laissa retomber entre les bras de son amant, tout en faisant attention de ne pas l’écraser sous son poids. Fébrilement, il s’empara des lèvres de l’adolescent et après un dernier ‘je t’aime”, ils s’endormirent tous deux d’un sommeil réparateur et bien mérité.

Mourir pour revivre - Chapitre 46

17 octobre 2012

Chapitre 46 écrit par Lybertys

Lorsque Raphaël mit fin au baiser, Daevlyn du faire appel à toute sa volonté pour ne pas le retenir et l’embrasser avec encore plus de passion. Tous deux savaient que ce baiser était le dernier avant une semaine, et c’est avec une infinie lenteur qui montrait qu’il n’avait aucune envie de le faire, que Raphaël s’éloigna de l’étreinte de l’adulte, les yeux brillant de tristesse.

L’adolescent recula de quelques pas et attrapa la poignée de son sac avant de s’éloigner, Daevlyn à ses côtés, non sans garder un minimum de distance entre eux, sachant pertinemment que si par malheur ils se touchaient de nouveau, jamais ils n’arriveraient à se séparer… C’était déjà bien assez dur comme cela…

Daevlyn avait l’impression qu’il allait perdre une partie de lui. C’était comme si on allait lui arracher une partie de son cœur nécessaire à sa survie.

Lorsqu’ils sortirent du dortoir, une grosse voiture était stationnée dans la cours et une femme d’environ trente-cinq ans, parlait avec la directrice. A la pensée que celle-ci n’allait pas lui laisser cinq minutes de répit pendant cette semaine, Daevlyn baissa la bras intérieurement. Avant il avait Raphaël pour l’oublier, cette semaine il allait devoir l’affronter seul d’une certaine manière.

N’étant maintenant plus seul à seul, aucun contact ne leur était permis. Daevlyn aurait tellement aimer prendre ne serait-ce que la main de Raphaël pour l’encourager à avancer vers cette inconnue. Mais cela leur était malheureusement impossible. La détresse de l’adolescent était tout aussi palpable que la sienne. Ce n’était plus qu’une question de minutes avant le départ de son jeune amant et déjà il se sentait mal.

Lorsque les deux femmes les aperçurent, elles se tournent en même temps, et les regarda arriver. L’attention de Daevlyn se porta immédiatement sur la femme qui lui enlevait son amant pendant toute une semaine. Il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une sorte de rancœur contre elle, lui en voulant pour lui arracher Raphaël. Que lui voulait-elle ? Pourquoi maintenant ?

Lorsque Raphaël releva la tête qu’il avait baissée pendant tout le trajet afin de voir cette fameuse tante, Daevlyn le vit sursauter violemment. Aussitôt il commença à s’inquiéter. Pourquoi Raphaël réagissait-il ainsi ? Reconnaissait-il finalement cette femme ? Lui avait-elle fait du mal par le passé ? Une chose était sûre, si jamais il devait arriver quelque chose à Raphaël avec cette femme, jamais il ne le laisserait partir et ferait tout pour empêcher son départ. Daevlyn l’observait attentivement, scrutant le moindre signe précurseur d’un malaise. Raphaël ne détournait pas le regard de cette femme, et semblait comme paralysé. Daevlyn aurait donné cher pour savoir ce qu’il se passait dans sa tête. De cette femme émanait une telle douceur que s’il n’y avait pas fait attention, Daevlyn en aurait était séduit.

La femme semblait être dans le même état que Raphaël, attisant encore plus la curiosité de Daevlyn. Elle regardait l’adolescent comme s’il revenait du monde des mort, les yeux brillants de larmes, et un sourire radieux illuminant son visage.

Lorsque sa voix s’éleva, douce et cristalline, Daevlyn sombra dans l’incompréhension la plus totale :

- Oh mon Dieu… Raphaël… C’est bien toi… tu as tellement grandi… tu m’as tellement manqué…

Ce ne fut pas cette phrase qui le choqua vraiment, mais la suite qui le mit dans un trouble total.

Lorsque la femme s’approcha de Raphaël, celui-ci eut tout naturellement un sursaut de surprise, cependant à aucun moment il ne la repoussa et se laissa faire. Raphaël semblait accepté l’étreinte de cette femme, pire encore, il passa ses bras autour du cou de la jeune femme. Daevlyn ne pu s’empêcher de ressentir de la jalousie. Qui était cette femme et pourquoi lui faisait-elle ce qui lui était uniquement réservé.

Raphaël l’avait complètement oublié et Daevlyn avait la cruelle impression d’être à l’instant le seul à encore souffrir de leur séparation. Vivre seul ce qu’ils avaient jusqu’à maintenant vécu à deux était bien plus pénible. Cette complicité naissant entre ces deux être face à lui commençait déjà à le ronger, sentant le vil sentiment nommé jalousie prendre possession de lui.  Les voir ainsi enlacé lui faisait de plus en plus mal et Daevlyn détourna pour la première fois son regard de Raphaël pour s’apercevoir que la directrice semblait étonnée de les voir ainsi.

Lorsque Raphaël et cette femme se séparèrent enfin, Daevlyn crut pouvoir respirer de nouveau. Mais ce sentiment de léger soulagement fut très rapidement remplacé par la douleur du départ imminent de son amant.

La femme lui serra la main après celle de la directrice, lui adressant un sourire radieux et empli de reconnaissance. Daevlyn n’arriva cependant pas à éprouver de la sympathie pour elle. Sa jalousie prenait le dessus. Il ne répondit que vaguement à son sourire, par pure politesse. Il ne la regarda pas vraiment, son regard étant de nouveau fixé sur son

jeune amant. Il imprimait en lui ces dernières images, seule chose qui allait lui rester après son départ. L’adolescent aussi semblait avoir du mal à quitter son regard. Tous deux avaient beaucoup de difficultés à regarder ailleurs que dans leurs yeux. La possibilité de se prendre une dernière fois l’un dans les bras de l’autre et de s’embrasser avec passion leur était interdit, et il était évident qu’ils en souffraient terriblement.

Après un temps qui leur parut une éternité mais qui en même temps sembla incroyablement court, Raphaël détourna les yeux à regrets. Daevlyn en aurait été incapable. Lorsqu’il prit place à côté de cette femme dans la voiture, Daevlyn eut l’impression que son cœur se déchirait en deux.

Cependant, il fixait toujours son jeune amant, et il lui sembla voir ses lèvres s’entrouvrir avant de lui murmurer des paroles muettes lui était seulement destinées : « Je t’aime ».

Aussi longtemps qu’il le put, Daevlyn fixa Raphaël, jusqu’à ce que la voiture ne s’éloigne trop. Daevlyn avait l’impression qu’on venait d’arracher une partie de lui, il se sentait totalement abandonné, seul comme jamais. La voix stridente de la directrice résonna, l’empêchant de se laisser aller à pleurer :

- Bien vous avez une semaine pour rédiger cette lettre et partir d’ici.

Il se retourna, la toisant de toute sa hauteur et la regardant avec dédain. Il avait d’autre chose à penser que se préoccuper de cette vielle sorcière. Plus que tout, il voulait revoir Raphaël ne serait-ce qu’un court instant, juste pour avoir encore une dernière image de lui dans son cœur. Une idée lui vint à l’esprit, et sans y réfléchir, il partit en courant en direction des écuries, laissant la directrice outrée qu’il la laisse ainsi en plan.

En un instant, il avait un licol en main et se trouvait à courir dans le parc de Waterfalls à perdre haleine. Il avait largement le temps d’arriver à l’endroit ou il souhaitait avant Raphaël, mais il ne voulait surtout pas le rater. Il ralentit le rythme lorsqu’il arriva près de sa monture et une fois les signes précurseurs qu’il l’acceptait dans son espace, Daevlyn l’enfourcha et le lança dans un galop effréné sans attendre un seul instant.

Waterfalls se plia à la volonté de cet homme sans rechigner, lui offrant toujours ce qu’il souhaitait et prenant tout autant de plaisir que Daevlyn à s’élancer ainsi dans la prairie. Après quelques minutes, il était déjà arrivé à à la destination voulue et ralentit son cheval d’une simple pression légère sur la longe. Du galop, il passa au trop, avant de passer au pas et de s’arrêter définitivement à la lisière de la forêt à une dizaine de mètre de la voiture qu’il pouvait déjà apercevoir au loin.

Lorsque la voiture passa devant lui, il fixa la silhouette du jeune homme qu’il n’allait pas revoir avant une semaine. Son cœur se serrait fort, cette fois ci Raphaël partait pour de bon…

Daevlyn n’en fut pas sur, mais il sembla voir Raphaël lui souffler un baiser. Il resta là, à fixer la voiture qui commençait à disparaître à l’horizon, et quand celle-ci eux disparue, il ne détourna pas le regard de ce point invisible. C’était comme si à chaque instant, il espérait voir Raphaël revenir, que cette semaine se déroule sous ses yeux en un seul battement de cil.

Il ne sut combien de temps il resta ainsi, à regarder dans le vide, dans vraiment savoir pourquoi il s’obstinait à rester ici. Ce fut sa monture s’impatientant qui le rappela à l’ordre. Seulement, il n’avait pas envie de rentrer. Il n’avait aucune envie de retrouver ce lieu où chaque chose, chaque endroit lui rappellerait Raphaël et il avait encore moins envie de voir cette directrice. En plus du problème de la séparation, Daevlyn devait faire face à un autre problème et un problème de taille : sa démission forcée.

N’ayant vraiment pas la force de faire tout cela maintenant et d’affronter tout simplement la réalité, il dirigea sa monture dans le sens opposé au centre et la laissa aller à son propre rythme. Il ne voyait presque plus rien, sans s’en rendre compte, ses yeux s’étaient inondés de larmes : trop plein de tristesse. A aucun instant son cheval ne fit un  écart, ni un faux pas. D’un pas calme et assuré, il s’enfonça dans la forêt, comme s’il s’enfonçait dans l’obscurité mélancolique du cœur de son maître. Raphaël était partit depuis moins d’une heure, et il lui manquait cruellement. Il avait l’impression d’étouffer et avait de plus en plus de mal à respirer. Tout le reste de la matinée se passa ainsi.

Waterfalls allant là où il se souhaitait et Daevlyn n’étant plus vraiment là, se laissant totalement guider. Son cheval le portait, et il aurait été incapable de faire quoi que ce soir sans lui. Encore une fois, il se reposait entièrement sur sa monture, lui imposant des problèmes qui n’étaient pas les siens.

Vers midi, Waterfalls s’arrêta près d’une source et après s’être abreuvé, il commença a brouter les jeunes pousse d’herbe tendre la bordant. Jugeant que cet abattement était suffisant, Daevlyn tenta de se ressaisir et mit pied à terre, se laissant glisser lestement sur le sol. Faisant une confiance totale en sa monture, il la laissa en liberté et après d’être rafraîchit avec l’eau du ruisseau, il alla s’adosser à un arbre un peu plus loin profitant de son ombre pour s’y reposer.

La fatigue et la lassitude s’immiscèrent discrètement en lui, ne lui laissant même pas le temps de s’apercevoir qu’il était en train de fermer les yeux. Il s’endormit en un rien de temps, bercé par le ruissellement de l’eau et la proximité de sa monture. C’était une chose qu’il faisait fréquemment avant l’arrivée de Raphaël. Ces petits moments qu’il ne réservait qu’à lui, ces instants de solitude qui l’emplissaient d’un sentiment de repos et de paix.

Mais cette fois-ci une toute autre forme de solitude venait s’y mêler et empiéter sur sa paix. Cette sieste fut finalement tout sauf reposante. Il se réveilla en sueur d’un cauchemar au sujet de Raphaël qui souhaitait ne plus revenir dans cette endroit et vivre avec cette femme, traduisant ainsi sa plus grande angoisse.

Il avait tout de suite pressentit que Raphaël allait beaucoup s’attacher à cette femme, et après tout n’aurait il pas raison de quitter cet endroit et trouver le bonheur qu’il n’avait jamais eu. Daevlyn ouvrit difficilement les yeux. Son cheval s’était rapproché de lui, et le soleil avait bien avançé dans le ciel, passant presque derrière les montagnes. Il avait dont passé tant de temps à dormir ?

Il se releva en s’étirant, il était plus que temps de rentrer. Approchant avec délicatesse de Waterfalls, il l’enfourcha avec souplesse et se rendit au pas jusqu’à l’établissement, s’offrant tout de même un galop dans une clairière.  A contrecœur, il se sépara de lui, se rendant d’un pas ferme jusqu’à sa chambre. Après une rapide douche, il se rendit au réfectoire. Tout le monde avait dîner depuis longtemps et il se rendit directement dans les cuisines où il se servit seulement un morceau de pain et du fromage, se nourrissant plus par nécessité que par plaisir.

Il croisa malheureusement la directrice sur le trajet du retour jusqu’à sa chambre. Elle le toisa de haut, n’ayant apparemment toujours digéré ce qu’il lui avait fait ce matin :

- Je croyais que vous étiez partit pour de bon… Ce n’est pas le cas… Hum… A demain.

- Bonne nuit madame, ironisa Daevlyn, sur un ton de moquerie.

Une fois dans sa chambre, il s’étendit sur son lit en soupirant, ne prenant pas la peine de se déshabiller.

Il n’avait pas spécialement sommeil, mais n’avait rien d’autre à faire. Il fixa son plafond pendant des heures, pensant uniquement à l’être qu’il aimait, ne parvenant pas à avoir d’autres images que lui en tête. C’était sa première nuit de séparation et il aurait préféré dormir au lieu de se morfondre éveillé sur son lit. Toute la nuit, il ne réussit pas à trouver le sommeil, et ne se redressa qu’à l’heure du réveil des autres enfants. Lorsqu’il passa devant la chambre de Raphaël, son cœur se serra. Ne résistant pas, il y entra, et s’y aventura. Il vit un de ses t-shirts posé négligemment sur son lit. Il le porta à son visage et s’enivra de l’odeur de l’adolescent qui imprégnait ce morceau de tissu. Dieu comme il avait besoin de simplement le serrer dans ses bras, de le sentir tout contre lui, d’entendre sa respiration dans son cou et d’avoir l’impression que les battements de son cœur faisaient écho au sien.

Il regarda le lit de Raphaël : c’était là qu’ils avaient passé leur dernière nuit ensemble, et quelle nuit ! Au lieu de se laisser aller dans ces souvenirs, Daevlyn se sentit encore plus mal. Il ne remarquait vraiment que maintenant à quel point il était dépendant de lui.

Il finit par sortir de la chambre de Raphaël, déposant à contrecœur son t-shirt sur le lit. Il alla réveiller les adolescents, seule tache à accomplir cette journée. N’avoir rien à faire était finalement pire que tout, ne trouvant aucun moyen de s’occuper l’esprit. Il se sentait comme en état de manque, sa drogue n’étant autre que Raphaël.

Il n’avait pas sa dose quotidienne et son cœur le lui faisait ressentir plus que de raison. Il n’alla pas manger avec les autres, n’ayant aucune envie de voir d’autres personnes que Raphaël. Il n’alla d’ailleurs pas manger du tout.

Il s’en voulu d’avoir autant fait la guerre à Raphaël à ce sujet et de n’être même pas capable de se forcer comme il l’avait forcé. Mais il savait que le moindre aliment ne passerait pas.  En revanche, un autre petit être avait, lui, besoin de nourriture. Il prépara un biberon et l’amena au poulain. Celui-ci se jeta dessus goulûment. Jugeant qu’il n’avait rien d’autre à faire, il prit le poulain en longe et l’emmena dans un petit enclos séparé du parc, mais le longeant. Ainsi, il pourrait faire connaissance des autres chevaux et bientôt les rejoindre.

Heureux de la liberté qui lui était accordé, le poulain se laissa aller à galoper et à faire quelques cabrioles, sous le regard amusé de Daevlyn. Il aurait aimé que son cœur soit aussi léger et joyeux que ce poulain.

Il resta un moment à le regarder, et le laissa seul, ayant quelques petites réparations à faire dans l’écurie, qu’il avait toujours repoussées. L’heure du repas de midi arriva bien trop vite à son goût et il se rendit au réfectoire, jugeant qu’il n’était pas bon non plus de s’exiler totalement. Il marcha d’un pas lourd se trouvant pathétique de réagir de cette manière. Arrivé au réfectoire, il redressa la tête, s’attendant à voir la directrice le fixer et l’inciter à prendre place près d’eux. Mais il eut la surprise de voir un intrus à sa droite et Sébastien lui sourire. Il y répondit, tout en se demandant ce qu’il pouvait bien faire ici. D’un pas rapide cette fois-ci, il se dirigea jusqu’à la table, où il restait une

place près de Sébastien. Après un rapide bonjour échangé, il prit place et se servit du plat qu’on lui tendit.

- Voici Daevlyn, commença la directrice en s’adressa à l’homme qui se tenait près d’elle, il s’occupe de l’enfant qui est absent pendant une semaine. Du coup, il en profite pour ne rien faire.

- Et ? Il ne peut pas aller aider d’autres éducateurs ? demanda alors l’homme étrange.

- Non, non, je lui ai dit de se reposer.

Daevlyn faillit s’étouffer, choqué par l’hypocrisie de cette bonne femme.

- Daevlyn, voici l’inspecteur de l’hygiène et du mode de vie de nos pensionnaires. Il va rester ici un jour ou deux.

- Enchanté monsieur ?

- Marc, appelez-moi simplement Marc. Enchanté Daevlyn.

Le reste du repas se passa très simplement, s’échangeant simplement des politesses et des discours sans réel profondeur.

Lorsqu’ils eurent finit de manger, Sébastien prit congé avec Marc, laissant Daevlyn un peu étonné de ne pas pouvoir dialoguer avec son ami seul à seul. Il n’en tient pas compte et après être, lui aussi, sortit de table, il se rendit aux écuries, attrapa un licol et une grande longe, afin de travailler le poulain dans le rond de longe. Son programme de la journée était ensuite de s’offrir une balade avec Waterfalls, ayant du temps pour lui, autant se faire plaisir et ne pas rester là à ce morfondre. Il travailla Amaranth une bonne partie de l’après-midi. Celui-ci apprenait vite, mais restait malicieux, toujours près à faire une bêtise.

Le groupe des autres chevaux se tenait tout près et avait du rendre visite au poulain pendant que Daevlyn mangeait. Waterfalls les regardait depuis le début, se tenant un peu à l’écart.

Vers seize heure, il libéra le poulain, le laissant se défouler le reste de l’après midi. Il le rentrerait ce soir.

Alors qu’il retournait dans les écuries pour prendre le licol de Waterfalls et ranger celui d’Amaranth, il tomba nez à nez avec la directrice.

- Tiens, c’est justement vous que je cherchais.

- …

Daevlyn ne répondit rien, n’ayant rien à lui dire, et n’ayant surtout pas envie d’engager une conversation avec elle.

- Je voulais juste m’assurer que vos bagages étaient en préparation.

- Et si…

- Et si quoi Daevlyn, répliqua aussitôt la directrice.

- Et si je refusais de démissionner.

- Alors sachez que Raphaël le paiera d’une manière ou d’une autre. Sachez que j’en connais assez pour le faire plonger et pour ruiner toute sa vie future. Je ne…

La directrice s’arrêta subitement, fixant une chose qui se tenait apparemment dans son dos. Une voix provenant de derrière lui, le fit sursauter.

- Un problème avec Daevlyn, Ambre ? demanda Marc.

- Non, non, aucun, répondit-elle sèchement..

- Bien, ce n’est pas ce qui m’avait semblait comprendre.

Marc passa devant eux avec Sébastien qui sourit étrangement à Daevlyn semblant vouloir lui dire quelques chose, que malheureusement Daevlyn ne saisit pas. Ne voulant pas traîner avec cette femme, il attrapa le licol de son cheval et s’éclipsa, ne lui laissant pas le temps de l’arrêter.

Très vite, il retrouva Waterfalls et partit en ballade avec lui. Ce sentiment de liberté qui l’envahissait à chaque instant, était comme une sorte de nécessité pour lui qu’il ne comptait jamais abandonner un jour. Il rentra à l’heure du soupé, ayant fait une promenade plus qu’agréable, il rentra à pied à ses côtés pour le dernier kilomètre. Après l’avoir libéré et avoir nourrit et rentré Amaranth, il retourna voir le monde quittant sa solitude pourtant tant recherchée. Il eut le droit à un regard et une répliqua cinglante de la directrice sur son arrivée légèrement tardive à table, mais il n’en tint pas vraiment compte. L’appétit n’était pas là, et cela ne passa pas inaperçu aux yeux de Sébastien.

Arrivé dernier, il quitta la table le premier, n’arrivant pas à suivre une seule conversation. A son manque de Raphaël, s’était ajouté des questions à son sujet. Allait-il bien ? Est ce que tout se passait bien pour lui ? N’avait-il pas de problèmes et est ce que cette femme prenait soin de lui ?  Il était en réalité terriblement inquiet pour lui.

Il se rendit directement dans sa chambre, et après une rapide douche, il enfila un pyjama avant de se glisser sus les draps frais dans un soupire. Il ne supportait pas de se retrouver seul dans ce lit maintenant qu’il avait connu le plaisir de le partager avec Raphaël.

Le regard de la directrice constamment posé sur lui, cette pression qu’elle exerçait sur lui dès qu’elle en avait l’occasion était bien plus dure à supporter sans la présence de son amant.

Il était tout de même soulagé de ne pas avoir parler de sa démission forcée à Raphaël avant son départ, même s’il savait que celui-ci n’appréciait pas ce genre de chose. Mais il avait assez de problème à faire face seule et il restait cinq jours à Daevlyn pour trouver une solution.

N’ayant pas dormi depuis de trop nombreuses heures, c’est au milieu de pensées assez désagréables qu’il s’endormi.

Daevlyn se réveilla assez tardivement ce matin-là, et se laissa aller à traîner au lit, n’ayant aucune envie de devoir affronter cette nouvelle journée sans Raphaël. Il n’avait toujours pas fait la moitié de la durée de leur séparation, et il se demandait déjà sérieusement comme il allait faire pour tenir.

L’envie de prendre sa valise et de rejoindre Raphaël était une tentation de chaque instant. Comment y résistait-il ? Il ne le savait même pas.

Ce n’est que vers 10 heures qu’il se décida à sortir de son lit. Il prit sa douche, finit de se préparer et heurta de plein fouet la directrice en sortant de sa chambre dans le couloir. S’il y avait bien une personne à qui il ne voulait faire face en ce début de journée plus que mélancolique, c’était bien cette bonne femme. Il inspira avant de lui dire difficilement :

- Excusez-moi, je ne vous avez pas vu… Bonjour..

- Je croyais que votre tache était de réveiller les ados, vous n’avait que cela à faire.

- A qui la faute, le coupa-t-elle, n’ayant aucune envie de subir ses sarcasmes.

- Vous n’êtes pas en vacances, sachez que je peux ruiner votre vie en un claquement de doigt et vous envoyer croupir en prison de longues années.

- Vous ruinerez alors la réputation de cet établissement qui vous tiens tant à cœur, et la votre par la même occasion, dit Daevlyn de manière plus qu’insolente.

- Attention Daevlyn, si les menaces ne marchent pas sur vous, sachez que votre petit Raphaël peut le payer cher. Je peux l’envoyer dans un asile, de toute façon c’est tout ce qu’il mérité, je…

Daevlyn perdit tout son sang froid en un instant. Au moment ou Sébastien et Marc passèrent dans ce couloir, Daevlyn se jeta sur cette femme, et lui envoya une gifle monumentale en hurlant :

- Vous ne toucherez jamais à un cheveux de ce garçon ! Vous …

Alors que sa main s’élevait dans les airs une deuxième fois, son bras fut soudain fermement retenu par une personne dans son dos qui n’était autre que Sébastien accompagné de Marc.

La directrice se remit très rapidement du choc vociférant la main sur la joue :

- Vous êtes viré !

Marc prit alors la parole :

- Oh non madame. Daevlyn n’est pas viré. Je me présente, inspecteur des éducateurs. Si je ne me suis pas présenté à vous, c’est suite à une plainte de cet ex-directeur, Sébastien, sur votre manière de travailler et surtout sur votre harcèlement sur Daevlyn. J’ai tout observé et j’en ai largement assez vu. Vous ne pouvez plus, dès lors, exercer ce métier.

- Mais, il baise Raphaël, n’est ce pas à lui plutôt de… Enfin, il viole les adolescents ! Ce type est un pervers, un violeur !

- Vous voyez Marc, elle est totalement folle. Elle a déjà plongé, et tente même d’emmener de manière plus que puérile Daevlyn dans sa chute.

- Mais enfin, je ne délire pas, je les ai vu ! Dans la chambre de l’adolescent, la nuit… Il le baisait comme une bête !

- Vous aggravez votre cas Ambre, vous feriez mieux de vous taire… déclara Sébastien.

Daevlyn assistait à la scène, dans trop vraiment comprendre ce qui était en train de se produire. Etait-il en train de rêver ? Vivait-il vraiment la réalité ? Totalement perdu, Daevlyn se taisait et observait la scène se dérouler sous ses yeux, tel un spectateur ou du moins, un acteur passif. Une chose était sûre : il ne comprenait plus rien.

- Veuillez me suivre ! déclara soudain Marc.

Marc attrapa Ambre par le bras et l’entraîna à sa suite. Sébastien quand à lui resta à côté de Daevlyn qui était encore figé sur place.

- Je crois que je te dois quelques explications non ? Suis moi, on va au réfectoire, je crois que tu n’as pas encore déjeuné.

Daevlyn acquiesça et suivit quelque peu éberlué Sébastien qui marchait devant lui. Ils entrèrent tous les deux dans les cuisines lorsque Daevlyn pensa au poulain qui devait mourir de faim. Il s’excusa un instant auprès de Sébastien, disant qu’il revenait très vite, et fila avec le biberon qu’il venait de préparer. Après l’avoir rapidement nourrit, il rejoins Sébastien qui l’attendait à une des nom nombreuses tables du réfectoire avec un petit déjeuné copieux préparé pour deux.

Il s’assit en face de Sébastien, et attendit qu’il prenne la parole. Mais étonnement celui-ci était totalement muet. Il se contentait de le regarder, semblant perdu dans ses pensés. Ne supportant pas ce silence, Daevlyn préféra le briser :

- Je… je sais que je te dois beaucoup pour ce qu’il s’est passé. Je sais que sans toi, je ne m’en saurais pas sorti… Je… Merci.

- En effet, tu avais l’air d’être dans un sacré pétrin.

- Comment tu as su ? Je veux dire que… Comment ça se fait que tu sois revenu ?

- Je savais qu’elle ne te laisserai pas tranquille, alors j’ai demandé à Marc, un ami inspecteur, de te débarrasser d’elle.  Je n’ai pas eu beaucoup à interférer dans son jugement d’ailleurs. Te voilà débarrassé de cette bonne femme, et mieux encore, promu directeur à ma place.

- Comment ?

-  Je vais rester quelques semaines pour t’aider à te faire à ton nouveau poste. Mais avant, il y a une chose qui me tracasse.

Daevlyn resta muet, ne sachant pas vraiment quoi dire et encore moins quoi penser. Trop de choses venaient de se produire pour qu’il puisse vraiment réaliser.

- Je savais que tu étais dans le pétrin à la base, mais comment tu as fais pour t’enfoncer autant ? La directrice disait-elle vrai ?

Daevlyn ne répondit rien, et Sébastien eu sa réponse. Mal à l’aise, il détourna le sujet.

- Je ne vais pas te juger, surtout au vu de ce que j’ai faillit te faire.

Un autre silence vint se joindre à cet instant, silence les replongeant tous deux dans cet instant qu’ils préféraient oublier.

- Tu… Tu ressens vraiment quelque chose pour ce gamin ? Tu… Tu l’aimes ?

- Oui. répondit simplement Daevlyn.

Il n’avait rien d’autre à y ajouter.

- J’espère qu’il t’apportera le bonheur que je n’ai su t’apporter. Je…

Daevlyn redressa la tête. Son ouïe ne l’avait pas trahie, il avait bien entendu la voix de Sébastien se briser dans ses derniers mots. Des larmes emplissaient ses yeux. Daevlyn sentit son cœur se serrer. Il savait que les sentiments que Sébastien éprouvait pour lui étaient toujours là. Savoir que ce n’était qu’un amour vain à sens unique devait lui faire terriblement mal. Ne pouvant pas lui offrir son âme et son amour, Daevlyn se leva et fit le tour de la table pour s’asseoir sur la chaise voisine à Sébastien.

Il l’enlaça tout simplement, ne sachant pas vraiment si cela enfoncerait plus Sébastien qu’il ne l’était déjà. Mais la chose dont il était sûr, c’était que Sébastien avait besoin plus que tout en cet instant d’être pris dans ses bras, et de laisser aller sa peine. Cela lui faisait bizarre. Alors que ça avait toujours était lui qui était à la place du consolé, voilà maintenant qu’il était en train de lui passer la main dans les cheveux, tendrement, lui disant combien son amitié était importante pour lui et le remerciant pour tout ce qu’il avait fait pour lui. Les derniers mots qu’il lui murmura à l’oreille résonnèrent longtemps dans l’esprit de Sébastien, des mots que pour la première fois Daevlyn pouvaient prononcer avec sincérité :

- Je te pardonne…

Ils restèrent un long moment, simplement enlacé ainsi, sans aucun autre geste. Lorsque Daevlyn finit par s’écarter de Sébastien, il lui sourit tristement. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire. Ce fut Sébastien qui une fois de plus prit l’initiative de la parole. Ce qui venait de se passer ne fut pas abordé, comme s’il ne s’était rien passé.

- Je te laisse préparer tes affaires tranquillement cet après midi, tu déménageras demain.

- Comment ça ? déclara Daevlyn, ne comprenant pas où il voulait en venir.

- Tu vas habiter dans la dépendance pour le directeur que tu es maintenant devenu. Là où j’habitais, et là où Ambre est en train de rassembler ses faire et de faire ses valises. Tu verras ce n’est pas un palace, mais tu y sera bien mieux que dans ta petite chambre de fonction.

Daevlyn avait encore du mal à réaliser. Il était devenu le directeur de cet établissement. Il n’aurait plus à répondre de personne. La seule chose qu’il devrait faire, c’est veiller au bien être des adolescents. Enfin, il pourrait façonner cet endroit selon sa vision des choses, dans le prolongement de celle de Sébastien.

Soudain, un problème de taille le heurta. S’il était directeur, il ne pouvait plus s’occuper d’adolescent personnellement.

- Sébastien ! Qui va s’occuper de Raphaël ?

- Un de tes employés, je ne vois pas où est le problème…

Tout cela était donc trop beau pour être vrai. Il fallait qu’il y ait une ombre au tableau. Il préféra taire ce problème à Sébastien. Il avait fait déjà beaucoup pour lui et ce n’était pas à lui de s’occuper de ce genre de chose.

Ils allèrent tous deux dans l’écurie et sortir Amaranth avant de s’offrir un ballade à cheval. Sébastien monta Diamond Dust et Daevlyn prit bien évidemment son cheval.

Il ne rentrèrent qu’à une heure avancée de l’après midi, profitant des grandes plaines qui s’offraient à eux pour de longs galops endiablés, retrouvant l’intimité qu’ils avaient eut par le passé. Après avoir rentré Amaranth, Daevlyn et Sébastien se séparèrent pour chacun vaquer à ses occupations personnelles.

Daevlyn passa un temps fou à rassembler toutes ses affaires et à les mettre dans les cartons que Sébastien était allé lui dégoter. Il avait entassé dans ses placards beaucoup de souvenirs dont beaucoup lui revenaient maintenant en mémoire.

C’est en sortant de sa chambre qu’il réalisa subitement. Jamais plus Raphaël ne pourrait venir se glisser discrètement dans sa chambre… Daevlyn n’étant plus surveillant de nuit, Raphaël ne pourra de toute façon plus se permettre de sortir la nuit. Un sentiment d’intense mélancolie prit possession de lui, et sans trop s’en rendre compte, il se retrouva dans la chambre de Raphaël. Il attrapa son pull qui était toujours posé sur son lit. Il le saisit contre lui, et s’enivra tout comme la dernière fois de cette odeur. Il ne parvint pas à le laisser dans la chambre et l’emmena avec lui, le mettant soigneusement dans son sac. Malgré tous les évènements, Raphaël lui manquait toujours autant, c’était même pire, maintenant qu’il savait que la presque tranquillité de leur rapport quotidien était grandement menacée.  Se rendant compte qu’il était déjà l’heure de manger, Daevlyn marcha d’un pas lourd jusqu’au réfectoire, où il eut le plaisir de ne pas voir la directrice. Cela lui ouvrit l’appétit. Il s’assit à côté de Sébastien, et après un sourire échangé, il parlèrent de choses et d’autres, se retrouvant, et renouant l’amitié qu’ils avaient failli perdre.

A la fin du repas, Sébastien lui demanda :

- Tu as quelque chose à faire ce soir ?

- Euh… non, répondit Daevlyn ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre.

- Je vais commencer à te montrer ton bureau.

Daevlyn le suivit et assez rapidement, Sébastien lui expliqua des tas de choses qu’il connaissait presque totalement. Soudain le téléphone sonna et c’est par réflexe que Sébastien décrocha.

Après un dialogue échangé qui dura une petite minute, Sébastien se tourna vers lui avec un sourire coquin et lui dit :

- Tiens, c’est pour toi…

Ne sachant pas trop à quoi s’en tenir, Daevlyn prit le combiné et entendit alors :

- A… Allô ?

Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Cette voix, il avait tant espéré l’entendre depuis leur séparation. C’était comme s’il vivait un de ses rêves.

Sans trop y croire, il appela la personne se trouvant à l’autre bout du combiné :

- Raphaël ?

- Dae… Daevlyn…

Daevlyn sut à cet instant qu’il vivait bien quelque chose de réel et que cette voix n’avait pas était le fruit de son imagination. C’était bien Raphaël qu’il y a avait à l’autre bout du fil. Même s’il ne l’avait pas en chair et en os en face de lui afin de l’étreindre, il pouvait au moins entendre le son de sa voix…

- Daevlyn c’est bien toi… tu me manques… tu me manques tellement… c’est trop long sans toi…

- Oui c’est moi mon ange, toi aussi tu me manques… tout ce passe bien pour toi ? Je m’inquiète tellement pour toi mon coeur…

- Oui… oui je vais bien… merci de t’inquiéter pour moi… et toi ? Ca va ?… Et Amaranth il va bien ? Et Diamond Dust aussi ? Tu me manques tu sais…

Raphaël semblait profondément troublé par la conversation, car il passait vraiment du coq à l’âne. Cependant, Daevlyn pouvait parfaitement comprendre son état, étant dans le même que lui.

- Oui, Amaranth et Diamond Dust vont bien. Tu leur manque à eut aussi, j’ai l’impression qu’Amaranth boude parce que c’est moi qui lui donne à manger. Je crois qu’il languit ton retour… et moi aussi je me languis de toi mon ange…

- Tu me manques aussi…  j’ai hâte d’être de retour… je t’aime Daevlyn…

- Moi aussi je t’aime mon ange…

Ils restèrent un long moment au téléphone, s’échangeant régulièrement des mots d’amour, appréciant d’entendre la voix de cet être si cher à leur cœur comme si cela leur permettait de ressentir la présence de l’autre à leurs côtés. A cet instant, il n’était plus question de nuit et de jour, d’océan à traverser, seul comptait la voix tant chérie. Daevlyn ne lui parla pas de sa nouvelle promotion, voulant que Raphaël profite de son séjour qui se passait apparemment très bien outre son manque de lui.

C’est au moment où Raphaël commença à donner des signes de fatigue que Daevlyn demanda, se maudissant de ne pas y avoir pensé :

- Quelle heure est-il chez toi ? Tu bâilles depuis un moment déjà, ne devrais-tu pas penser à te coucher ?

- , je… j’arrivais pas à dormir, tu me manquais trop… il est quatre heures ici…

D’une voix faussement sévère, Daevlyn déclara alors :

- Tu profites d’être loin de moi pour faire des folies… Attends voir que tu sois de retour… Aller mon ange, vas te coucher… d’ici j’entends que tu tombes de fatigue…

- Je veux pas aller me coucher… Je veux rester avec toi Daevlyn…

Daevlyn fut touché par ses paroles, et il du user de sa raison et non de sa passion pour ne pas lui céder.

- Moi aussi Raphaël. Mais soit raisonnable, profite de Suzanne un maximum, moi je te verrais à ton retour pour ne plus se quitter. J’ai tellement hâte que tu sois de retour… - D’accord, je vais me coucher… mais tu me promets de m’appeler bientôt hein… même si c’est la nuit c’est pas grave…

- Je te promets, bonne nuit mon ange, dors bien… je t’aime…

- Merci Daevlyn… bonne nuit à toi aussi… je t’aime…

Daevlyn posa le combiné sur le bureau, ayant du mal à retrouver sa place initiale. Sébastien était à ses côtés et avait assisté à toute la conversation. Il regardait Daevlyn, ému, comprenant qu’il avait agit comme il se devait. C’était réellement de l’amour entre ces deux personnes, et il ferait tout pour protéger leur bonheur, mettant en avant de son ami le plus cher.

Ils terminèrent ce qu’ils avaient à faire puis se séparèrent pour aller chacun se coucher.

A peine arrivé dans la chambre, Daevlyn s’étendit sur son lit. Il s’était passé tellement de choses dans cette chambre et c’était certainement la dernière nuit qu’il y passait.

Il finit par fermer les yeux, s’enfermant lui même dans sa coquille de souvenir de Raphaël, profitant de chaque image lui revenant en tête, un sourire mélancolique lui étirant les lèvres.

Daevlyn fut réveillé par la lumière vive du soleil déjà assez haut dans le ciel. Il tourna la tête vers son réveil et vit qu’il était déjà 11h du matin. Il ne se pressa pas, il avait le temps, cet après midi, il allait s’installer tranquillement dans son nouveau chez lui. Il s’étira, profitant pour la dernière fois de ce lit dans lequel il ne dormirait plus jamais.

Il finit par se lever et filer sous la douche, profitant de l’eau bienfaitrice coulant sur sa peau.

C’est au moment où il sortait de la douche en serviette dans sa chambre que sa porte s’ouvrit à la volée sur Sébastien. Son regard s’arrêta un instant sur son torse nu encore humide, mais il se reprit assez vite et déclara avec un sourire :

- Raphaël est de retour, il est en bas avec Suzanne.

- Mais… dit Daevlyn qui ne comprenait pas, il était censé partir pendant une semaine, et quand je l’ai eu au téléphone il ne m’en a pas parlé…

- Toujours est-il qu’il est en bas… Au fait, j’ai nourris Amaranth ce matin, comme tu ne déniais pas te lever…

En moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, Daevlyn était habillé et coiffé et suivit Sébastien qui était allé l’attendre dans le couloir.

Daevlyn avait vraiment beaucoup de mal à y croire. Raphaël était là, il était finalement de retour. Il allait pouvoir le prendre dans ses bras, le serrer fort, l’embrasser fougueusement, s’enivrer de son odeur si particulière et…

Ses joues prirent quelques couleurs lorsque d’autres idées lui vinrent à l’esprit.

Sébastien le laissa et bifurqua dans un couloir, lui disant qu’il le laissait profiter de ses retrouvailles et qu’il avait des choses à faire. Daevlyn se dirigea d’un pas pressé jusqu’à l’entrée, et c’est là qu’il le vit. Se tenant juste devant la porte, il regardait la voiture de Suzanne partir. Arrivé à une distance moindre, il s’approcha bien plus lentement de lui, se glissant le plus doucement possible.

Arrivé à sa hauteur, il regarda s’il n’y avait personne et l’enlaça par derrière, déposant un baiser dans sa nuque libérée par ses cheveux attachés. Raphaël sursauta et se retourna aussitôt. L’expression de peur qu’il aurait pu ressentir s’envolant aussitôt pour laisser place à un sourire splendide.

Daevlyn était heureux comme jamais. Raphaël était là, dans ses bras, et il répondait à son étreinte. Tous deux se serraient fort, comme pour se prouver qu’ils étaient réellement l’un contre l’autre, pour de vrai. Tout semblait si irréel.

- Tu m’as tellement manqué ! dit Raphaël les larmes aux yeux.

- A moi aussi Raphaël, si tu savais…

- Je n’en pouvais plus, j’ai supplié Suzanne de rentrer après ton coup de téléphone, je…

Daevlyn l’étreignit un peu plus fort, ne voulant surtout pas qu’il se mette à pleurer.

Il avait soudain une envie folle de l’embrasser, de prendre possession de ses lèvres. Rapidement, il s’écarta de lui, le saisit par le bras et prit sa valise de l’autre main. Il le guida rapidement jusqu’à sa chambre. Le couloir était vide et personne ne les surprit.

Légèrement essoufflé par la course folle qu’ils venaient de faire jusqu’à la chambre, Raphaël eut à peine le temps de refermer la porte derrière lui, qu’à peine retourné Daevlyn avait prit possession de ses lèvres.

Cette timidité appartenant seule à Raphaël, cette bouche, cette langue, ces lèvres et leur goût légèrement sucré, tout cela lui faisait perdre la tête. Enivré d’amour pour son amant, Daevlyn mettait toute sa passion dans ce baiser de retrouvailles trop longtemps attendus.

Etonnamment, ce furent les mains de Raphaël qui commencèrent à être baladeuses les premières, mais furent très vite suivies de celle de Daevlyn. Alors que celles de Raphaël parcouraient son dos en se glissant sous son t-shirt, celles de Daevlyn passaient sur le torse de son amant, sensible au moindre attouchement. Daevlyn avait l’impression que cela faisait des millénaires qu’il n’avait pas sentit la peau de l’adolescent se réchauffer sous ses mains. Celui-ci était déjà chancelant, enivré des caresses de son amant, ses jambes n’allaient bientôt plus le maintenir. Daevlyn glissa sensuellement ses mains sur les tétons de son amant, frémissant en les sentant se durcir sous ses mains habiles. Il commençait à connaître de mieux en mieux ses points faibles, car Raphaël ne pu se retenir et laissa échapper un gémissement empli de chaleur qui fut radical pour Daevlyn. Aussitôt il se colla plus près de lui, prenant bien soin de plaquer son intimité durci contre le bassin de son amant qui s’empourpra aussitôt. Le baiser en fut immédiatement plus enflammé. Ils n’avaient pas besoin de se dire combien ils s’étaient manqués, leur corps parlaient pour eux. Le corps de Raphaël commençait légèrement à onduler, et la main de Daevlyn dérapa dans son dos. Inversant les rôles, Raphaël vint glisser sa main sur le torse musclé de ton amant. Daevlyn glissa ses mains jusqu’au bas de ses reins, avec une lenteur calculée, attendant le moment propice à franchir le cap, tout en butinant son cou de légers baisers, allant même jusqu’à mordiller le lobe de son oreille. La tension devenait palpable, en plus du manque de la présence de leur amant, ils ressentaient réellement à cet instant un manque purement charnel. Depuis quand en était-il devenu dépendant à ce point ?
Jamais Daevlyn n’aurait pensé prendre autant de plaisir à se délecter de la peau fine légèrement sucrée du cou de son amant. Le sentir frémir, entendre les gémissements qu’il ne pouvait contenir à cause de ce qu’il lui faisait, le transportait vers un ailleurs. La sensualité que dégageait son amant avait le don de lui faire perdre la tête. Il n’était plus question de mots, mais uniquement de gestes savamment orchestrés par le désir de l’autre et l’amour. Ses pulsions étaient déjà présentes et contenues à plus grande peine. S’il ne faisait pas attention, un jour, il craquerait bien trop tôt. Mais cela faisait partit du charme de ce « jeu » de séduction et d’envie jusqu’au moment ultime. Ce n’était pas un pur assouvissement bestial, mais l’expression de cet amour qui les consumait. Cependant, ce sentiment amoureux était proche de celui qu’on appelle folie. Un simple regard de l’un embrasait l’autre à l’instant même.

Les mains de Daevlyn ne résistèrent plus bien longtemps et finirent par passer sur le fessier de son jeune amant avant de se glisser dans son jean laissant juste passer une seule main. L’autre, plus baladeuse et coquine effleura l’intimité de Raphaël qui s’enflamma à ce simple contact, s’arquant sous la frustration et le plaisir mêlé ressentit.

L’adulte ne mit pas bien longtemps à ouvrir le jean de son amant, laissant plus de liberté de mouvement à sa jumelle. Sentant que Raphaël ne tiendrait plus très longtemps sur ses deux jambes, il le poussa jusqu’au mur parcourant un petit mètre. C’est un peu brutalement qu’il y fut plaqué. Mais Daevlyn ne tarda pas à s’excuser en l’embrassant avec une fougue et une passion que lui même ne se connaissait pas.

Cette volonté d’emprise totale sur son amant et de possession de tout son corps et de toute son âme lui faisait peur, et il tentait grandement de la réprimer. Le prendre à l’instant aurait été tout à fait possible.

Mais pour l’instant, il se concentrait sur plaisir que ressentait Raphaël, rien que par ce baiser, les mains crispées sur sa nuque, l’attirant encore et toujours plus près par un baiser diablement plus profond.

Leur langue se mêlaient sans aucune pudeur, et c’est simplement le manque d’air qui les séparaient d’infimes secondes. C’est une passion dévastatrice qui les habitait dans un lieu presque onirique.

C’est à grand peine qu’il quitta sa bouche pour ôter le t-shirt de l’adolescent qui semblait être dans le même état que Daevlyn. Ses mains quittèrent les fesses fermes de Raphaël pour rejoindre son torse dénudé à la peau blanche hâlée. D’une main, il lui releva le menton légèrement, afin de laisse le chemin libre pour ses lèvres. De la bouche de Raphaël, il descendit, parsemant son chemin de baisers de ses lèvres jusqu’à sa pomme d’Adam pour faire une halte sur son torse, titillant de sa langue les zones qu’il savait érogènes par expérience. Galvanisé par les gémissement mal contenus de son amant qui portait une main à sa bouche, il ne tint pas plus longtemps et continua sa course bien plus au sud…

Ses mains précédèrent son arrivée et baissèrent le jean de Raphaël en même temps que son pantalon, cessant sa course au niveau de ses genoux. Une main effleura le sexe dressé de son amant qui ne pu retenir un gémissement de plus. Quant à l’autre main, elle se saisit de celui-ci accompagnant sa langue qui avait touché à son but. Tout le corps de Raphaël se contracta sous l’afflux de sensations que Daevlyn lui offrait.

L’adulte mit tout son savoir faire en œuvre, voulant que son amant prenne un maximum de plaisir. Chaque coup de langue, chaque mouvement étaient calculés dans le seul but d’amener Raphaël à l’extase. Celui-ci la main droite plaquée contre sa bouche n’avait de cesse que de réprimer des gémissements plaisirs, voir de petits cris, tandis que sa main gauche était perdu dans la chevelure de son amant, l’accompagnant dans ses mouvements de sucions. Daevlyn leva les yeux vers le visage de Raphaël et pu admirer l’expression de celui-ci. Leurs regards se croisèrent un instant, jusqu’à ce que Raphaël ferme les yeux, gêner mais surtout en train de tenter de rester sur terre. La façon si particulière qu’il avait de se mordre la lèvre inférieure, et ses joues rosies par le plaisir donnèrent une toute autre vigueur à Daevlyn qui mit encore plus de cœur à l’ouvrage. Au bout d’un moment, Raphaël se déversa dans un cri qu’il ne pu, cette fois-ci, contenir. Daevlyn avala la semence de son amant, s’en délectant avant d’embrasser le bas de son ventre. Les jambes de Raphaël semblait maintenir son corps léger à grand peine.

Lorsque leur langue se rencontrèrent de nouveau, c’était pour s’embrasser avec mille fois plus de passion. L’érotisme et la tension que tous deux dégageaient suite à ce qu’ils venait de faire était presque irrespirable pour une personne extérieure à leur monde. Soudain le regard de Raphaël se modifia un peu. On aurait dit que ce mêlait à sa timidité habituelle un regard de prédateur.

Il repoussa doucement Daevlyn, qui se laissa faire curieux de ce que l’adolescent avait en tête. Il marcha à reculons jusqu’à son lit, et d’un simple mouvement de la main Raphaël le fit tomber en arrière.

D’une manière féline comme Raphaël savait si bien le faire, il se plaça au dessus de son amant, et se mit à ouvrir un à un les boutons de sa chemise, prenant soin de laisser glisser ses doigts sur son torse.

Le cœur battant, Daevlyn se demanda ce qu’allait vraiment lui faire Raphaël lorsqu’il s’attaqua de la même façon à l’ouverture de son jean. Daevlyn n’en pouvait plus de chaleur et il n’aurait pu dire où il se trouvait. Jamais Raphaël n’avait était comme ça, et cette fois ci, il était si… Sensuel.

Une chose était sure, cela était loin de lui déplaire.

Son entre-jambe était d’ailleurs là pour le démontrer. Raphaël regarda Daevlyn d’une manière emplie de chaleur avant de reporter son attention sur sa tache. Il prit soin de lui laisser son boxer, et passa plusieurs fois sa main dessus allant du simple effleurement à la caresse plus poussée avec un savoir faire que Daevlyn ne lui connaissait pas.

Puis, prenant soin de coller sa peau nue contre celle de Daevlyn, il revint prendre possession des lèvres de son amant et l’embrassa comme jamais. Une passion brûlante et un désir charnel les guidait tous deux.

Daevlyn n’osait même pas poser ses mains sur l’adolescent, ne voulant pas interrompre cet instant qui avait quelque chose de surnaturel. Les mains de Raphaël quand à elles, ne se gênaient pas pour parcourir dans aucune pudeur le corps de Daevlyn. Ses gestes n’avaient plus rien d’hésitant. Où avait-il prit une telle assurance ? Bien vite, sa main retrouva le lieu qu’elle venait de quitter, dans le but de libérer une partie de l’anatomie de Daevlyn maintenant bien trop serrée par un morceau de tissu.

Lorsque Raphaël s’écarta des lèvres de Daevlyn, celui-ci ne résista pas et voulu lui demander s’il se sentait vraiment prêt à ce qu’il se préparer à faire :

- Raphaël je…

Celui-ci lui coupa la parole et déposant un doigt sur sa bouche et en murmurant un « chuuuut… ».

Comment résister à une telle demande. Raphaël lui sourit simplement, et entreprit de descendre jusqu’à l’entrejambe de Daevlyn qui n’attendait plus que lui. Il prit cependant tout son temps pour faire ce trajet, s’attardant avec habilité sur des points sensibles, laissant ses mains préparer le terrain. Elles l’avait déjà débarrassé de son pantalon et de son boxer, lorsque les lèvres et la langue de Raphaël arrivèrent à destination.

Une explosion de ressentis, de plaisir, de sensations toutes plus enivrantes les unes que les autres prirent possession de lui. Raphaël accomplissait sa première fellation avec un savoir inné.

Daevlyn ondula du bassin, en extase la plus totale. Il avait l’impression de vivre un rêve éveillé. Tout cela semblait presque irréel, mais tellement bon…

Sous l’afflux de plaisir ressentit et galvanisé par ce genre de caresse, Daevlyn ne savait plus trop ce qu’il se passait, ni ce qu’il devait faire. C’est à ce moment là, alors qu’il était au bord de la jouissance, Raphaël choisit de faire une pose. Il attrapa une des mains de Daevlyn, et sélectionna deux doigts qu’illécha de la même manière qu’il venait de faire à un tout autre endroit.

Daevlyn du faire appelle à toute sa raison pour ne pas se déverser sur le champ face à cette vision. Lorsque Raphaël jugea les avoir assez humidifié, il se plaça de dos à Daevlyn toujours au dessus de lui, et se pencha, montrant à Daevlyn de manière plus qu’explicite ce qu’il attendait de lui. Cette fois-ci, ce fut Daevlyn qui fut gêné, mais il ne se laissa pas démonter pour autant, et tentant de garder ses esprits malgré ce qu’avait recommencé à lui faire Raphaël, il caressa avec tendresse en envie les fesses de Raphaël avant de commencer la préparation exigée par celui-ci avec ces doigt pré-humidifiés. Tout le corps de Raphaël se tendit lorsqu’il inséra un premier doigt en lui, et celui-ci mit encore plus de vigueur à la tache. Ils continuèrent tous deux, se procurant une sorte de plaisir totalement différent mais tout aussi intense.

Après un temps, Daevlyn ne tint plus et finit par jouir, ne parvenant même pas à prévenir Raphaël avant que cela n’arrive. Raphaël se remit alors à l’endroit, mettant par la même fin à la préparation de Daevlyn. Il retrouva ses lèvres comme s’il ne les avait pas embrassées depuis des années.

Daevlyn ne tint plus et l’excitation étant déjà de nouveau présente, il se redressa un peu et renversa les rôles, se trouvant au dessus de Raphaël qui se laissa faire, semblant totalement en confiance dans ses bras.

Après un acquiescement de la part de Raphaël, Daevlyn se mit en position et d’un coup de rein habile et infiniment doux, il le pénétra, fermant les yeux sous la multitude de sensations que lui offrait cet instant à chaque fois. Raphaël ne put s’empêcher de grimacer légèrement sous la présence imposante de son amant. Comme à leur habitude, ils attendirent que Raphaël s’habitue à sa présence en lui, en profitant pour s’inonder de baisers divers et variés.

Lorsque Daevlyn commença à se mouvoir en Raphaël, leur gémissements se firent écho. Très vite, Raphaël sembla oublier sa douleur et prendre réellement du plaisir. Raphaël accompagnait les mouvements de Daevlyn toujours plus profond et puissant. Tous deux s’envolaient vers l’extase, n’ayant comme horizon que le visage de l’autre et ses yeux pour se perdre dans leurs regards.

Ils finirent par jouir simultanément, dans un râle de plaisir. Ce qu’ils venaient de vivre ensemble était inoubliable. Daevlyn s’était donné à fond et en avait les jambes presques tremblantes.

Tout avait été presque au summum…

Daevlyn finit par se retirer et il s’allongea dans le lit une place de Raphaël tout contre lui. Il se laissa aller à inhaler cette odeur si particulière qui lui avait tant manquée.

Alors qu’il se laissait aller à ce simple instant, et était presque près à fermer les yeux, profitant de la simple présence de son amant collé tout contre lui, la tête posée sur son bras, il sentit celui-ci se redresser et placer son visage juste à côté du sien, juste avant de lui murmurer à l’oreille :

- Encore…

Daevlyn ouvrit les yeux et tourna la tête. Il avait l’impression de s’être assoupi. Il tourna la tête vers l’endroit où devait se trouver Raphaël, mais il n’était pas la. Il ne se trouvait pas dans la chambre de Raphaël, mais dans la sienne…

Mourir pour revivre - Chapitre 45

17 octobre 2012

Chapitre 45 écrit par Shinigami

Ce matin là, Raphaël se réveilla très tôt. Il avait été tiré de son sommeil lorsqu’il avait vu en rêve que Daevlyn n’était plus à ses côtés. Pour s’assurer de la non-véracité de ses images, il ouvrit les yeux et se tourna vers son amant, qu’il contempla longuement, un sourire tendre étirant ses lèvres fines. Daevlyn était si beau dans son sommeil… Ses traits détendus n’avaient plus rien de froid ou d’arrogant. L’adolescent était hypnotisé par les lèvres de son moniteur, si bien qu’il ne résista pas plus longtemps à la tentation et pris délicatement possession de celles-ci dans le but d’assouvir son envie. Ce n’était pas la première fois que Raphaël embrassait Daevlyn pendant son sommeil, mais à chaque fois, il ne pouvait s’empêcher de rougir à la pensée qu’il violait, en quelque sorte, son intimité. Cependant, un grand auteur ne disait-il pas que le meilleur moyen de résister à la tentation est d’y céder ? A cet instant, Raphaël ne faisait que suivre son conseil…

Mais apparemment, ce traitement n’était pas pour déplaire à l’adulte qui ouvrit lentement les yeux et plongea son regard émeraude dans les améthystes de l’adolescent qui s’empourpra d’avantage. Cependant, pour rien au monde Raphaël ne l’éloigna. Il ne leur restait que seulement quelques heures à passer ensemble et pour rien au monde il ne souhaitait gâcher ce temps si précieux. L’adolescent souhaitait vivre pleinement ces derniers instants et les immortaliser à jamais dans sa mémoire pour ainsi, ressentir toujours la présence de Daevlyn auprès de lui, même lorsque celui-ci serait loin…

Loin… Comme ce mot pouvait faire mal…Sentant un début de mal être commencer à poindre, Raphaël chassa cette idée déplaisante de son esprit pour se concentrer uniquement sur le moment présent et sur la présence de Daevlyn.

Les bras de l’adulte passèrent derrière le cou de l’adolescent, l’attirant un peu plus près contre lui. Raphaël adressa un sourire radieux à son amant, un sourire que lui seul avait le privilège de pouvoir contempler puis leurs lèvres se joignirent en un baiser matinal empli. Daevlyn explorait sa bouche avec avidité, et Raphaël répondait à ce baiser avec la même intensité que son amant.

Si le lit une place de Raphaël aurait était jugé trop petit pour deux sous un regard extérieur, pour eux il avait été amplement suffisant. Collé l’un contre l’autre toute la nuit durant, il n’avait jamais ressentit de gène particulière à ce niveau là. Peu leur importait le lieu, le principal était d’être l’un dans les bras de l’autre…

Outre les besoins nécessaires, leur amour partagé était amplement suffisant.

Après de longues minutes de tendresse matinales, Daevlyn s’arracha à l’étreinte de l’adolescent et entreprit de ramasser ses vêtements éparpillés un peu partout dans la chambre. Raphaël contemplait non sans rougir légèrement, le corps magnifiquement bien sculpté de son amant, par la pratique régulière de l’équitation. Seulement, Daevlyn sembla sentir le regard de l’adolescent posé sur lui car il lui lança un regard entendu, un petit sourire en coin étirant le coin de ses lèvres.  Gêné de s’être fait ainsi surprendre, Raphaël s’empourpra immédiatement.

Le rougissement intempestif de l’adolescent sembla amuser son moniteur car celui-ci s’approcha de lui et prit tendrement possession de ses lèvres. Mécontent que l’adulte se moque ainsi de lui, Raphaël boudait et mit un certain temps à répondre au baiser. Cependant, il finit par répondre, cédant sous l’intensité du baiser de Daevlyn qui, par celui-ci, semblait vouloir se faire pardonner. Pour Raphaël, il était totalement impossible de ne pas céder sous un tel afflux d’amour et de tendresse.

Soudain, Raphaël, qui avait fermé les yeux de bien être,  sentit Daevlyn s’arracher un peu trop brutalement à son étreinte. A la fois intrigué et apeuré, l’adolescent ouvrit les yeux et observa son amant, n’osant dire un mot, de peur de l’irriter un peu plus. Il ne comprenait pas… Pourquoi Daevlyn semblait soudain si gêné ? Sans un mot, Raphaël observa attentivement son amant, essayant de déchiffrer son malaise à travers ses gestes. Ce fut lorsque l’adulte enfila précipitamment son jean que Raphaël comprit la raison du mal être de son moniteur.

L’adolescent s’empourpra violemment, se sentant cependant flatté d’être désiré ainsi. Intérieurement, il remercia le geste premier de l’adulte, qui avait été de s’écarter de lui et de ne pas le forcer à faire quelque chose qu’il n’aurait pas voulu. Cependant, s’il y avait bien une chose que Daevlyn ignorait, c’était que de son côté, Raphaël aussi désirait Daevlyn. Son désir était peu être moins flagrant, mais la flamme qui lui brûlait les reins n’en était pas moins vive. Dans un élan de pudeur, Raphaël noua négligemment le drap sur ses reins et s’approcha de Daevlyn. Volontairement, il se colla tout contre Daevlyn, se frottant contre l’érection grandissante de son amant, en prenant une pause lascive avant de quémander ses lèvres.

La tension monta très vite en eux. Leurs mains étaient déjà en train de parcourir le corps de l’autre, accompagnant le baiser qui ne se suffisait plus à lui-même. Déjà les mains de Daevlyn s’étaient glissées entre les pans du drap à la recherche du contact de sa peau, tandis que celles de Raphaël ne se gênaient pas pour caresser le torse encore dénudé de son amant.

A travers le draps et le jean, tous deux pouvaient malgré tout sentir peu à peu le plaisir de l’autre augmenter.

Raphaël se laissait aller sous les caresses expertes de son amant lorsqu’il sentit une de ses mains se faufiler sous son drap et venir caresser ses fesses avant de remonter lentement jusqu’à la chute de ses reins, en une caresse plus que suggestive. Raphaël mit subitement fin au baiser, ne pouvant retenir plus longtemps un gémissement de plaisir et de surprises mêlées, qui lui brûlait la gorge. La main de Daevlyn effleura un instant ses reins avant de glisser lentement jusque sur son ventre,  mais sans jamais descendre plus bas. Attisé par les caresses de son amant, Raphaël émit un long gémissement de mécontentement, sans pour autant libérer les lèvres de son moniteur. Raphaël sentit l’adulte mettre fin au baiser et s’éloigner de lui. Raphaël prit un air boudeur et lança un regard accusateur à l’adulte qui déclara alors :

- Je vais prendre ma douche.

Les paroles de Daevlyn choquèrent l’adolescent, qui ne comprit pas le sous-entendu de Daevlyn. Comment Daevlyn osait-il l’allumer ainsi et le laisser en plan comme on jetterait un vieux vêtement ? La colère fit place à la tristesse, comment Daevlyn osait-il jouer avec lui ? Il n’était pas une poupée que l’on utilise et que l’on jette lorsque l’on en veut plus. Raphaël ne comprenait pas ce soudain changement et retenant ses larmes, il demanda :

- Mais tu ..?

Daevlyn ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Avec un sourire plus qu’explicite, il demanda :

- Tu viens avec moi ?

Aussitôt, les joues de Raphaël prirent une belle teinte rosée et sans réellement réfléchir à ce qu’il disait, il balbutia :

- Je… euh… je… D’accord.

Daevlyn lui vola un furtif baiser et prit ses vêtements qu’il roula négligemment en boule. Puis, il saisit doucement le bras de l’adolescent et l’entraîna à sa suite dans sa salle de bain personnelle. Raphaël le suivait sans un mot, perdu dans ses pensées. Il n’avait réalisé que trop tard la portée de ses paroles…

Une fois dans la chambre de Daevlyn, l’adulte ôta son jean, se retrouvant ainsi en tenue d’Adam. Il se retourna et Raphaël dû se faire violence pour ne pas rougir et ne pas baisser son regard sur une certaine partie de l’anatomie de son amant.

Cela sembla amuser Daevlyn qui, un sourire amusé sur les lèvres, demanda :

- Tu comptes te laver avec ton drap ?

Raphaël ne savait plus ou se mettre. Ses yeux s’embuaient de larmes et il devait user de toute sa volonté pour les empêcher de s’échapper. Raphaël était au pied du mur… Comment devait-il annoncer à Daevlyn qu’il ne gardait qu’un horrible souvenir du jour où quelqu’un l’avait rejoint alors qu’il était en train de se laver… Bien sûr, il savait parfaitement que jamais Daevlyn ne le forcerait, mais il ne pouvait s’empêcher d’appréhender la réaction de son amant… Cependant, Raphaël n’eut pas à se torturer l’esprit plus longtemps car Daevlyn sembla s’apercevoir que le trouble de l’adolescent était bel et bien réel, car il s’approcha de lui et lui releva doucement mais fermement le menton. Ne pouvant supporter le regard de Daevlyn lui reprochant son comportement exagéré, Raphaël donna libre court à ses larmes, désolé de faire subir tout cela à son moniteur.

- Excuse-moi, je… pardonne moi Daevlyn, je…

Raphaël ne pu s’excuser d’avantage. Sa voix se brisa en un sanglot qu’il ne parvenait pas à maîtriser.

Raphaël sentit que Daevlyn l’attirait doucement contre lui, souhaitant lui faire comprendre qu’il comprenait parfaitement le trouble de l’adolescent. D’une voix douce et emplie d’amour, il murmura :

- Je t’aime Raphaël, jamais je ne te forcerais tu m’entends. Je n’ai jamais voulu me moquer de toi, je… C’est moi qui m’excuse.

A ces mots, Daevlyn raffermit son étreinte sur le corps frêle de l’adolescent, parcouru de légers frissons. Rassuré par les mots de l’adulte, les larmes de l’adolescent finirent par se tarirent et il finit par se calmer complètement. Cependant, Daevlyn le garda encore quelques instants dans ses bras, déposant une multitude de baisers papillons surs es cheveux, lui murmurant inlassablement des mots d’amour à l’oreille.

Au bout d’un moment, Daevlyn demanda d’une voix douce :

- Tu veux toujours la prendre avec moi cette douche ?

Raphaël sentit parfaitement l’appréhension que ressentait l’adulte, et souhaitant le rassurer et le remercier de sa présence et de sa gentillesse, il s’écarta légèrement de lui, et lui adressa un maigre sourire, se contentant d’hocher positivement la tête pour répondre à la requête de l’adulte.

De son pouce, Daevlyn sécha la dernière larme qui coulait le long de la joue de l’adolescent, ne voulant plus les voir couler par sa faute.

Sans que l’un et l’autre ne s’en rendent compte, leurs lèvres s’étaient rejointes en un baiser tendre et rassurant. Raphaël lui transmettait ses appréhensions et Daevlyn tentait de les effacer au mieux. Progressivement, la douceur et la tendresse se mêlèrent à la passion, jusqu’à ne faire plus qu’un avec elle.

Au fur et à mesure que leur baiser gagnait en intensité, leur désir s’éveillait de nouveau, leur brûlant les reins de cette flamme qu’ils ne connaissaient que trop bien, et de ce désir qui parcourait leur sang, se répandant dans tout leur être comme un poison.

Sans brusquerie aucune, Daevlyn mit bat au dernier rempart à la nudité de l’adolescent, faisant tomber le draps qui le séparait encore du contact de sa peau. Savoir Daevlyn, aussi nu que lui et sentir sa peau nue se frotter à la sienne ne fit qu’attiser un peu plus son désir. De son côté, Daevlyn semblait lui aussi avoir du mal à contenir son désir pour l’adolescent et l’attira encore plus près qu’il ne l’était déjà. Se sentir ainsi désiré par Daevlyn ému profondément l’adolescent. Pour lui qui était complexé par son corps qu’il trouvait répugnant, savoir que Daevlyn l’aimait et le désiré malgré son corps immonde était la plus belle preuve d’amour que l’on pouvait lui faire. Jamais l’adulte n’avait détourné les yeux des cicatrices qui zébraient son corps, jamais il n’avait eut un sursaut de répugnance en caressant sa peau mutilée, lui murmurant au contraire à quel point il était beau et désirable.

Enivré par l’odeur de Daevlyn et par ses caresses sensuelles, Raphaël remonta ses mains jusque dans son dos et, lentement, il les fit glisser ses doigts de haut en bas, effleurant sa peau si douce, tandis que l’autre se perdait sur sa nuque. Un frisson de plaisir parcourut l’échine de l’adulte et il approfondit davantage leur baiser.

A les voir de nouveau ainsi, il aurait était impossible de soupçonner la crise de larme de Raphaël que Daevlyn avait finalement effacé très rapidement. Cela ne faisait que souligner la dépendance qu’il existait entre tous deux, ainsi que la dangerosité de celle-ci. Ils s’aimaient, ils s’aimaient tellement qu’un degré de plus encore et leur amour pouvait devenir totalement destructeur.

Le simple amour avait fait place à un amour passionnel magique qui pouvait en un rien de temps, devenir violent et destructeur. Cependant, ni l’un ni l’autre n’avaient conscience de ce danger, chacun se contentant d’apporter à l’autre toujours plus d’amour que leur coeur ne pouvait en contenir.

Doucement, Daevlyn guida Raphaël sans le forcer jusqu’à la salle de bain. Une fois tous deux entrés dans celle-ci et sans se quitter un seul instant, leurs lèvres restant jointes, Daevlyn referma la porte derrière eux, les enfermant dans sa petite salle de bain privée.

Tous deux en simple tenu d’Adam, ils pénétrèrent dans la douche avant de refermer la porte de plastique qui empêchait l’inondation.

Depuis de longues minutes déjà, leurs mains allaient et venaient à leur guise sur le corps de l’autre, mais sans jamais descendre trop bas, souhaitant amener leur amant au paroxysme du plaisir, tout en douceur et le plus lentement possible. Le baiser se fit de plus en plus passionné, leurs langues se caressaient, leurs lèvres se happaient comme pour dévorer l’autre, le soumettant au plaisir charnel. Ce fut Daevlyn qui mit fin au baiser, arrachant un soupir de protestation à l’adolescent, bien vie remplacée par un soupir de bien être lorsqu’il sentit la tiédeur de l’eau s’ajouter à la brûlure que la peau de Daevlyn laissait contre la sienne. Une peau brûlante de ce feu que l’on appelle désir, un feu qui contaminait Raphaël, le laissant pantelant sous les attouchements de son amant. Un frisson de plaisir lui parcourut l’échine et Raphaël émit un faible gémissement de bien être, ne souhaitant pour rien au monde que cela cesse.

Lorsqu’il sentit Daevlyn s’écarter de lui, Raphaël rouvrit les yeux qu’il n’avait pas eu conscience de fermer, pour apercevoir l’adulte, un sourire aguicheur dessiner sur les lèvres, attraper le gel douche et en vider une partie dans sa main. Raphaël se mit à rougir violemment au sous-entendu émit par l’attitude de Daevlyn et sentit l’adulte lui attraper la main et verser une partie du savon dans sa paume. L’adolescent se laissa faire et une fois que Daevlyn lui relâcha la main, il entreprit de se savonner. Sa course fut stoppée à mi-chemin par la main de Daevlyn qui la retenait prisonnière. Raphaël lui lança un regard empli d’incompréhension. Daevlyn n’avait-il pas dit qu’ils allaient se laver ? Alors pourquoi l’arrêtait-il ainsi ? Il n’allait quand même pas rester avec le savon dans les mains…

Daevlyn sembla se rendre compte du trouble de l’adolescent car il guida sa main qu’il posa sur son torse. L’innocence de Raphaël troublait profondément l’adulte. Malgré ce qu’il avait vécu par le passé, il conservait une telle pureté et une telle innocence que Daevlyn aurait presque pu apparenter à de la naïveté.

Raphaël resta un moment immobile, regardant Daevlyn répartir le savon dans ses deux mains avant de les poser sur son corps et de partir à la découverte de celui-ci. Ses mains caressaient ses épaules, commençant à le savonner jusqu’au cou avant de redescendre sur son torse pour finir leur course sur son bas ventre. Une fois la surprise passée, Raphaël prit entièrement conscience du sens des paroles de Daevlyn. L’adolescent se mit à rougir et se gifla mentalement de son ignorance et son manque de jugeote. Comment avait-il pu être aussi naïf ?

Mettant fin à son conflit intérieur, l’adolescent se laissa aller à savourer les caresses de l’adulte qui prenait un malin plaisir à attiser le feu du désir qui lui vrillait de nouveau les reins.

Soudain, Daevlyn attrapa les hanches de l’adolescent et le retourna brusquement, arrachant un cri de surprise et de peur au jeune garçon qui ne comprenait pas un tel accès de vivacité de la part de son amant. Daevlyn sembla s’en rendre compte, car aussitôt, il rapprocha son corps toujours un peu plus près du sien sans pour autant le toucher. Ses lèvres se posèrent délicatement sur sa nuque, l’inondant d’une multitude de baisers tous plus passionnés les uns que les autres, tandis que ses mains encore pleines de savon parcouraient éhonteusement son corps, caressant chaque recoin, du plus commun au plus intime.

Après un temps qui paru interminable aux yeux de Raphaël, Daevlyn consentit enfin à s’approcher de lui, à le toucher, après lui avoir consciencieusement lavé le dos. Raphaël sentait l’érection de Daevlyn pulser contre ses fesses, l’adulte faisant exprès de se frotter lascivement contre lui, en une invitation plus que suggérée. Cependant, il ne tenta rien de plus, se contentant de l’attiser au maximum, à l’aide de ses mains et de son corps.

N’y tenant plus, les mains de Daevlyn finirent par descendre un peu plus au sud, commençant par effleurer l’intimité de l’adolescent, continuant leur course jusque sur ses jambes avant de remonter lentement sur son entrejambe. Raphaël avait de plus en plus de mal à se retenir de gémir sous l’effet combiné de l’eau ruisselant sur son corps et des caresses que lui procurait l’adulte. Ses gémissements résonnaient dans la cabine de douche, attisant le désir de l’adulte à son paroxysme. Ses petits cris plaintifs excitaient Daevlyn qui commençait à avoir réellement du mal à se retenir de le prendre sur le champ. Il voulait l’entendre crier son nom et hurler son plaisir…

Les mains de Daevlyn se posèrent sur ses fesses et il se mit à les caresser sensuellement, tandis que parfois ses doigts déviaient de leur trajectoire première pour aller se perdre sur l’intimité de son amant, dans le but de le préparer à sa venue prochaine.

A présent, Raphaël ne retenait plus ses gémissements de plaisir. Le plaisir que lui procurait Daevlyn était si intense, si passionné qu’il voulait lui faire savoir à quel point il le désirait, à quel point il l’aimait. Et quel autre moyen avait-il de lui faire comprendre cela si ce n’est répondre au plaisir qu’il lui offrait ? Daevlyn lui procura une caresse plus poussée et Raphaël se cambra violemment sous l’afflux de plaisir toujours plus intense. Il sentait son sang bouillonner dans ses veines, et répandre en lui le feu du désir. Le désir de sentir Daevlyn contre lui, en lui, laissant en lui la trace invisible de son passage, sa marque, comme quoi il lui appartenait à lui et à lui seul.

Semblant s’apercevoir du désir de l’adolescent, Daevlyn jugea qu’il était temps de passer à autre chose, et mordillant légèrement le lobe de l’oreille de Raphaël, il lui murmura son amour, provoquant des frissons de bien être chez l’adolescent. Les “je t’aime” de Daevlyn avaient le pouvoir de lui ôter toute peur et d’annihiler toute appréhension.

Après une caresse beaucoup plus osée que les précédentes de la part de son moniteur, Raphaël rejeta sa tête en arrière sur l’épaule de Daevlyn, la bouche ouverte en un cri muet. Jamais encore il n’avait connu une telle intensité.

Les baisers papillons que Daevlyn déposait sans relâche sur la moindre parcelle de peau nue passant à proximité de ses lèvres ne faisaient qu’attiser l’envie de Raphaël de le sentir en lui. Ses mains ne cessaient d’imprimer un lent et langoureux mouvement sur l’érection douloureuse de l’adolescent, qui gémissait au moindre effleurement de l’adulte. Tout son corps semblait brûler de l’intérieur et sa peau était d’une sensibilité extrême. La main de Daevlyn parcourant librement son corps en était l’une des principales responsables.

Soudain,  Raphaël se retourna, faisant face à l’adulte, rompant un instant le contact de sa main sur son intimité et se colla à Daevlyn pour prendre possession de ses lèvres. Daevlyn ferma les yeux, et se laissa aller sous ce contact humide et doublement excitant sur ses lèvres. Sa main retrouva bien vite le lieu où elle s’était trouvée quelques secondes auparavant et reprit bien vite ce qu’elle avait entamé. Souhaitant remercier l’adulte du plaisir qu’il lui offrait, Raphaël posa timidement sa main sur l’intimité de son amant. Aussitôt, Raphaël plongea son regard dans celui de Daevlyn, non sans appréhender ce qu’il pourrait y lire. Cependant, lorsqu’il vit le sourire et la lueur de désir qui illuminait les émeraudes de son moniteur, toute l’appréhension de Raphaël s’envola en fumée. Cependant, la sensation lui était encore étrangère, et la peur de mal faire lui nouait les entrailles.

Leurs corps ondulaient au rythme de leurs caresses manuelles, jusqu’à ce que Daevlyn craque et commence à embrasser le torse de son amant, quittant ses lèvres. Semblant comprendre ce qui l’avait l’intention de faire, Raphaël cessa tout mouvement et se recula jusqu’à s’appuyer dos au mur afin de se maintenir au mieux sous le plaisir qu’allait lui procurer son amant. Daevlyn ne mit pas trop de temps à descendre et sa langue suivit de sa bouche vint remplacer sa main droite.

A ce contact, le corps de Raphaël se cambra brusquement, et il du se faire violence pour ne pas jouir immédiatement tellement le plaisir ressentit était immense. Automatiquement, il se mit à onduler du bassin, dans l’espoir d’inciter Daevlyn à continuer dans cette voie. Daevlyn semblait s’appliquer au mieux, faisant découvrir à Raphaël de toutes nouvelles sensations avec l’eau qui coulait sur leur corps dont le feu n’était pas près de s’éteindre.

Puis, sans signe précurseur, Daevlyn accéléra la cadence, procurant mille sensations à l’adolescent.

Soudain, une vague de jouissance déferla sur Raphaël et il se libéra dans un cri qu’il étouffa tant bien que mal, tandis que ses mains de perdaient dans la chevelure mouillée de son amant.

Daevlyn se redressa alors, afin de regagner ce que ses lèvres quémandaient inlassablement : la bouche de Raphaël. Leurs lèvres mouillées se mêlèrent et les mains de Raphaël vinrent se reposer sur l’intimité de son amant, reprenant là où il en était avant l’interruption de Daevlyn. La chaleur était intenable dans l’habitacle, et la buée avait envahi toute la petite pièce.

Ne résistant pas à la tentation que représentait le corps nu de Raphaël offert à lui, Daevlyn se mit en oeuvre pour le préparer, tentant de se maîtriser pour ne pas le prendre tout de suite, là maintenant. Il se fit violence pour réfréner ses pulsions hormonales alors qu’il glissait le premier doigt en Raphaël.

Ne s’attendant pas à cette intrusion subite, Raphaël émit un hoquet de surprise et s’agrippa violemment à l’épaule de Daevlyn, plantant ses ongles dans sa chair, cessant tout mouvement de sa main gauche.

Aussitôt, Daevlyn cessa tout mouvement, attendant patiemment que Raphaël s’habitue à sa présence en lui. Rassuré, Raphaël se détendit et reprit ses caresses manuelles, incitant inconsciemment l’adulte à poursuivre où il s’était arrêté.

Galvanisé par les caresses et les gémissements de l’adolescent, Daevlyn commença à se mouvoir en lui, entamant des vas et viens plus ou moins profonds à des rythmes variés. Raphaël ne tarda pas à se mettre à onduler du bassin, toujours légèrement éloigné sur mur pour laisser la place à la main de Daevlyn. Lorsqu’il inséra un deuxième doigt, ce n’est pas un cri de douleur ou de surprise qui sortit des lèvres entrouvertes de l’adolescent, mais un gémissement de plaisir.

Daevlyn continua à le préparer longuement, dans le but d’éviter le maximum de douleur à son amant, ne lui offrant ainsi que du plaisir charnel à l’état pur. Très vite, Raphaël s’empala de lui-même sur les doigts de Daevlyn qui usait de tout son self-control pour ne pas le prendre violemment contre le mur, le possédant avec passion, lui faisant hurler son plaisir à gorge déployée.

Jugeant l’avoir amplement préparé, Daevlyn retira ses doigts sous le gémissement de protestation de l’adolescent. Il l’embrassa alors comme jamais, lui faisant perdre la tête, allant même jusqu’à lui faire cesser tout mouvement. Il l’embrassait avec fougue et passion, comme si c’était la dernière fois.

Puis, sans brusquerie aucune, il quitta les lèvres de l’adolescent et le retourna, le mettant face au mur. Il se colla contre lui, embrassant sa nuque, sentant que l’adolescent commençait à se tendre légèrement sous la position qu’ils n’avaient pas encore expérimentée. Jusqu’à maintenant, chaque acte avait était réalisé les yeux dans les yeux. Si Raphaël appréhendait le fait que Daevlyn le prenne par derrière, la tendresse dont fit preuve l’adulte en le guidant mit bas à toutes ses craintes. Il se sentait complètement stupide d’angoisser sur la réaction de l’adulte alors qu’il savait très bien que celui-ci avait toujours été d’une douceur et d’une patience exemplaire.

Les mots doux et les “je t’aime” que Daevlyn ne cessait de lui murmurer à l’oreille depuis qu’il lui tournait le dos lui rappelaient combien il tenait à lui, combien il comptait pour lui.

D’un ample coup de rein et avant que Raphaël n’ai le temps de réaliser quoi que se soit, Daevlyn était en lui, le faisant sien.

Aucun son ne s’échappa de la gorge de Raphaël, mais ses mains se crispèrent sous l’intrusion et la présence imposante de Daevlyn en lui. Cependant, pour rien au monde il ne lui aurait demandé de se retirer, même s’il savait que Daevlyn préférait cela à le voir souffrir. Il voulait le sentir contre lui, il voulait le sentir se mouvoir en lui, imprimant sa marque dans son corps, affirmant sa possession et sa propriété. Il voulait être à Daevlyn, et rien ne pouvait lui apporter plus de joie que de se savoir à l’origine des cris de jouissance de son amant. Sentir Daevlyn se déverser en lui, alors qu’il criant son prénom était le plus beau cadeau qu’il pouvait lui faire.

Sentant Raphaël se tendre sous lui, Daevlyn cessa aussitôt tout mouvement, reportant son attention sur la douleur de l’adolescent, prenant sur lui pour ne pas céder à ses pulsions qui lui intimaient d’entamer ses vas et viens.

Après d’innombrables baisers déposés sur la nuque de Raphaël, et des mots d’amour susurrés à son oreille, Daevlyn entama une lente et ample ondulation du bassin, gémissant au plaisir qu’il ressentait à être en son ange.

Embrasé par les gémissements de Daevlyn et ses coups de reins, Raphaël ne tarda pas à joindre sa voix à la sienne, en une litanie de gémissements plus sensuels les uns que les autres, signe évident de leur plaisir mutuel.

Le plaisir ressentit était tellement intense qu’étouffer ses cris était insupportable. Raphaël aurait voulu crier au monde entier toute la foule d’émotion qu’il ressentait, il aurait voulu crier au monde entier le plaisir que lui faisait ressentir son amour. Enivré par les gémissements de plaisir de Raphaël, Daevlyn accéléra la cadence, en un rythme soutenu.

Pour la dernière fois avant une semaine ils ne faisaient plus qu’un. Profitant à fond de la présence de l’autre, Raphaël se donna comme jamais il s’était donné, voulant offrir les étoiles à l’adulte.

Jamais encore Daevlyn ne lui avait fait l’amour avec une telle intensité. Ce qu’ils vivaient à ce moment était plus fort et plus intense que jamais. Comme si par cette seule union de leur corps, leur âme se scellait de la même façon, faisant qu’une pour ne plus jamais se dissocier.

Après un ultime coup de rein qui les transportèrent tous deux très loin d’ici, ils jouirent simultanément dans un cri qu’ils eurent le plus grand mal du monde à contenir. Daevlyn posa sa tête sur l’épaule de Raphaël, sans se retirer immédiatement, voulant encore se sentir en lui et contre lui. Reprenant tous deux leur respiration après ce moment plus qu’intense, ils avaient l’impression d’entendre les battements effrénés du cœur de l’autre.

Ce n’est qu’après de longues minutes qu’ils s’écartèrent pour mieux se retrouver de face et reprendre possession de leurs lèvres dans un baiser langoureux.
Ils finirent de se laver, dans la joie et la bonne humeur. Daevlyn prêta une serviette à Raphaël pour qu’il puisse regagner sa chambre, se donnant rendez-vous après un baiser dans un petit quart d’heure pour se rendre au réfectoire.

C’est avec beaucoup de difficultés que Raphaël parvient à quitter Daevlyn pour regagner sa chambre. Il dut user de toute sa volonté pour s’arracher à l’étreinte de son moniteur.

Ce ne fut qu’une fois dans sa chambre qu’il réalisa entièrement la portée de son départ. Il avait quitté Daevlyn depuis quelques secondes à peine, et déjà il ressentait comme un vide dans son cœur et un froid persistant ne le quittait pas. Jamais il ne pourrait tenir une semaine complète loin de lui…C’était tout simplement au-dessus de ses forces…

Ne pensant même plus à sa quasi-nudité, l’adolescent se laissa choir sur son lit, toute force semblant l’avoir déserté. Sans qu’il ne prenne conscience de ce qu’il se passait, des larmes vinrent inonder ses joues, et son corps fut prit de soubresauts du à ses sanglots soudains.

Terrassé par la tristesse qu’amenait son départ proche, l’adolescent enfouis son visage dans ses mains, se laissant aller à la douleur qui l’accablait. Il avait l’impression que son cœur se compressait sous la force toujours plus puissante d’un étau invisible qui lui serrait la poitrine. Son cœur saignait et son âme pleurait sa douleur qu’il lui était impossible d’extérioriser autrement. Qui aurait pu comprendre ? Qui à part Daevlyn aurait pu comprendre ce qu’il ressentait à cet instant présent ? Qui mis à part, la seule autre personne à ressentir la même douleur, le même déchirement ?

La présence de son moniteur à ses côtés lui avait fait oublier toutes ces années de solitude, et son départ ne faisait que le ramener à une réalité bien plus éprouvante qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Depuis son arrivée dans ce centre, depuis qu’il y avait fait la connaissance de Daevlyn, jamais il ne s’était sentit aussi bien, aussi aimé et en sécurité. Malgré ses quelques différents avec certains individus avec lesquels il était forcé de cohabiter, il se sentait à l’abris et le monde extérieur était devenu une sorte de monde appart, comme tout droit sorti de son imagination. Depuis un peu plus d’un mois, il vivait dans un cocon, une bulle de bonheur qu’il s’était créé à l’aide de Daevlyn, qui avait su le guider et le comprendre, gagnant ainsi sa confiance et son amour.

Perdu dans ses tristes réflexions et ses souvenirs, il n’entendit pas la porte s’ouvrir sur l’adulte qui l’appela pour lui signaler sa présence. A l’entente de son nom, Raphaël sortit de sa torpeur et alla se jeter dans les bras de son amant, le serrant contre lui de toutes ses forces. Il ne pouvait pas… c’était trop dur… il n’aurait pas le courage de supporter cette séparation. Pourquoi lorsqu’il pensait avoir réussi à attraper entre ses mains un peu de bonheur, celui-ci s’échappait, le faisant replonger dans sa vie de solitude et de détresse… Il ne demandait pourtant pas grand-chose… Peut importe l’endroit où il se trouvait, tout ce qui lui importait, c’était de pouvoir aimer Daevlyn librement, sans crainte d’une éventuelle séparation n’y menace d’aucune sorte…

D’une voix entrecoupée de sanglots, Raphaël se décida enfin à parler, comme si cela pourrait libérer son cœur de la souffrance qu’il contenait :

- Dae… Daevlyn tu vas me manquer, je ne veux pas … Je veux rester avec toi… Je t’aime.

Bien sûr, Raphaël savait parfaitement que de son côté, même s’il ne le montrait pas forcément, l’adulte souffrait aussi de cette situation. Cependant, il le remercia intérieurement de l’assurance qu’il faisait preuve, semblant vouloir rassurer au mieux l’adolescent alors que lui-même doutait de la véracité de ses propos. Et Raphaël le remerciait pour cela, il le remerciait pour son courage et son soutient, pour sa présence et sa prévoyance à son égard. Il le remerciait pour cette force qui l’empêchait de craquer, le faisant se montrer fort face à l’adolescent.

La détresse et la peur de Raphaël lui amenaient des nœuds à l’estomac, lui laissant une sensation de nausée.

D’une voix qui se voulait tendre et rassurante, Daevlyn s’empressa de répondre à l’angoisse de l’adolescent :

- Je sais Raphaël… Courage, ce n’est qu’une petite semaine…  Nous nous retrouverons très vite. Je t’aime tellement…

Même si le moment n’était pas aux débordement de joie, l’adolescent ne pouvait s’empêcher de ressentir un élan bien être s’emparer de lui aux derniers mots prononcés par son moniteur.

« Je t’aime »… Si seulement Daevlyn se rendait compte à quel point ses trois mots avaient le pouvoir de lui remonter le moral et de lui redonner confiance en lui… Se rendait-il compte à quel point son amour était réciproque ? Percevait-il l’aura d’amour intense qui irradiait l’adolescent lorsqu’il était dans les bras de son amant, ou même seulement lorsqu’il pensait à lui ? Raphaël n’aurait pu le dire, mais peu lui importait. Tout ce qui lui importait, c’était l’amour qu’il vouait à Daevlyn et l’amour que l’adulte lui rendait. Leur amour était pour lui quelque chose de sacré, la plus belle chose qui lui était arrivée dans sa vie. Alors pour préserver cet amour, il se battrait… Il irait jusqu’au bout des épreuves que la vie mettrait en travers de son chemin…

Lorsque ses sanglots cessèrent, Raphaël s’écarta légèrement de son moniteur, s’arrachant à son étreinte réconfortante et planta ses améthystes brillantes de larmes refoulées dans les émeraudes de son amant. Aussitôt, Daevlyn l’attira contre lui, comme s’il ne pouvait se résoudre à le laisser partir. Cet effort qu’on lui demandait était au-dessus de ses forces, il ne se sentait pas le courage de le regarder partir, même pour une petite semaine.

Cependant, les larmes silencieuses qui coulaient des yeux de l’adulte n’échappèrent pas au regard de l’adolescent qui sentit son cœur faire un bon dans sa poitrine. Certes, Daevlyn était beaucoup moins convaincant avec des larmes perlant au coin de ses yeux, mais se signe de faiblesse qu’elles représentaient à l’instant le touchèrent énormément. Voir que Daevlyn était aussi affecté et bouleversé par son départ lui apportait un réconfort innommable.

Dans les bras l’un de l’autre, tous deux se laissaient bercés par leur respiration saccadée. Ils auraient pu rester des heures immobiles, restant simplement ainsi enlacés, comme soudés l’un à l’autre dans l’espoir que rien ne vienne les détacher.

Ce ne fut qu’à l’issue de longues minutes chargées d’un silence de mort, dans lequel chacun tentait de faire passer ses sentiments et son amour à l’autre, que Daevlyn mit bas à la barrière invisible qui séparait leurs lèvres.

A travers ce baiser, Raphaël tenta de transmettre à l’adulte tout l’amour qu’il lui portait, l’embrassant avec la fougue du désespoir, comme si c’était la dernière fois qu’il goûtait à la saveur de ses lèvres. Un baiser qui avait un arrière goût d’adieux… Raphaël baissa toutes ses barrières, abandonnant ses démons derrière lui pour se donner à fond dans se baiser d’adieux emplis de promesses non dites. Ses lèvres happaient avec avidité celles de son moniteur, dans un ultime élan de possessivité. Il préférait en profiter à fond le moment même, n’étant pas certain de se retrouver de nouveau seul avec Daevlyn avant le moment fatidique.

Raphaël dévorait les lèvres de son moniteur qui répondait à son baiser avec le même entrain, souhaitant garder sa marque, le signe de son appartenance, son goût sur lui, le plus longtemps possible.

C’est avec un pincement au cœur que Raphaël sentit Daevlyn s’arracher avec d’immenses difficultés à ce baiser passionné, préférant s’éloigner tant qu’il avait encore en lui la force de le faire. Raphaël en fit de même, sachant pertinemment que s’il ne s’éloignait pas de lui à cet instant, il ne le ferait jamais… Dans un dernier murmure soufflé à son oreille, Daevlyn lui rappela combien il l’aimait avant de s’écarter et d’ajouter d’une voix qu’il voulait parfaitement maîtriser :

- Je reviens te chercher dans un petit quart d’heure, le temps d’aller réveiller tout le monde et que tu t’habilles.

Raphaël aurait, lui aussi, aimé lui souffler son amour, mais les mots restaient en travers de sa gorge, refusant de sortir. Raphaël était dans l’incapacité totale d’émettre le moindre son. Sa voix refusait de lui obéir, restant prisonnière au fond de sa gorge. Ses yeux par contre, criaient à l’adulte ses mots qu’il avait déjà prononcés mais qui pourtant, à cet instant, refusaient de sortir.

Bien après que Daevlyn ait quitté la pièce, Raphaël continuait de regarder inlassablement la porte derrière laquelle l’adulte avait disparut. Il devait se faire violence pour refouler ses larmes et focaliser ses pensées sur autre chose que sur son départ imminent.

Comme promit, Daevlyn revient frapper à sa porter une quinzaine de minutes plus tard, trouvant l’adolescent qui l’attendait patiemment assit sur son lit, son sac de voyage à ses pieds. Aucun des deux hommes ne fit le moindre commentaire au sujet du sac de l’adolescent et, comme à leur habitude, ils se rendirent au réfectoire.

Lorsqu’ils entrèrent, ils eurent la satisfaction de découvrir qu’ils étaient les premiers. Cela leur permettait de passer encore quelques minutes plus qu’opportunes en tête-à-tête, profitant au maximum de la présence de l’autre à leurs côtés.

Cependant, la directrice ne tarda pas à arriver, venant se planter sous leur nez avant même qu’ils n’aient le temps de calculer sa présence :

- Bonjour. Jeune homme, finissez votre petit déjeuner en vitesse et venez dans mon bureau.

Lorsqu’il se rendit compte que la directrice s’adressait à lui, Raphaël se figea sur place, comme paralysé d’effroi et avala avec beaucoup de difficultés ce qu’il avait dans la bouche. Il avait déjà du mal à avaler quoi que ce soit, le faisant uniquement pour faire plaisir à son amant, et la vue de la directrice lui coupa définitivement l’appétit.

Heureusement, Daevlyn s’aperçut de son trouble, et répondit froidement qu’ils y seraient, insistant volontairement sur le pluriel utilisé pour les désigner tous deux. Raphaël lui adressa discrètement un regard de remerciement.

Sur ce, la directrice les gratifia d’un sourire mauvais avant de leur tourner le dos et d’aller prendre place à la table du personnel encadrant.

Le trajet jusqu’à son bureau se fit dans un silence monastique. Au fur et à mesure, Raphaël sentait l’angoisse lui nouer les tripes. La dernière fois qu’il était entré dans le bureau de la directrice, Asiel lui avait dévoilé son secret, sa plus grande honte qu’il gardait à l’abri de tout regard autre que celui de Daevlyn…

Cependant, prenant son courage à deux mains, il enterra sa peur au plus profond de lui, ne souhaitant pas alarmer Daevlyn.

Ils entrèrent, et allèrent prendre place en face de la directrice, qui commença à déblatérer son discours sur les manières à adopter avec la femme qui viendrait le chercher. Durant tout le monologue de la directrice, Raphaël laissa son esprit vagabonder au gré de ses pensées, se rappelant qu’il devait aller donner à manger à Amaranth, et lui dire au revoir, à lui et à Diamond Dust.

Au bout d’une heure, la directrice consentit enfin à le laisser sortir. Alors qu’ils allaient quitter le bureau, la directrice intima l’ordre à Daevlyn de rester un moment. Raphaël s’apprêtait à rester avec lui, lorsque l’adulte lui fit comprendre qu’il n’en avait pas pour longtemps et qu’il devait en profiter pour aller voir son poulain. L’adolescent hocha la tête en guise de consentement et après un dernier regard pour l’adulte, il lui tourna le dos et se rendit aux cuisines.

Raphaël était en train de faire un câlin à son poulain lorsqu’il sentit la présence de Daevlyn dans son dos. Aussitôt, il se retourna, sans pour autant mettre fin au câlin de l’animal, et à la vue du sourire triste que lui lança Daevlyn, il comprit immédiatement que la directrice avait encore du faire pression sur lui. A cette pensée, il sentit un élan de haine l’envahir et il du user de toute sa volonté pour garder son calme.

Cependant, ne souhaitant pas gâcher ces derniers instant avec Daevlyn et partir en gardant une certaine forme de rancœur sur le cœur, il ne posa aucune question, malgré la curiosité qui le gagnait. Ce n’était vraiment pas le moment pour s’attirer les foudres de l’adulte.

- Tu veux aller dire au revoir à Diamond Dust ?

Raphaël remercia l’adulte de faire momentanément abstraction de ses soucis pour se consacrer entièrement à lui. Il acquiesça d’un hochement de tête, et après avoir déposé un bisou sur le museau duveteux du poulain et après une multitude de caresses, il consentit à quitter le box d’Amaranth.

Puis, il emboîta le pas à l’adulte et le suivit jusqu’au pré où il resta longuement auprès de Diamond Dust, lui offrant, comme pour Amaranth, un flot de caresses et de bisous.

Après ces au revoir difficiles, Raphaël retourna à sa chambre, accompagné de l’adulte, voir s’il n’avait rien oublié. Au grand désespoir de l’adolescent, Daevlyn n’eut pas un geste de tendresse envers lui, même lorsqu’ils furent dans sa chambre, à l’abri des regards indiscrets. Etant loin d’être con, Raphaël se doutait parfaitement que le comportement distant de l’adulte envers lui avait un rapport avec ce qu’avait dû lui dire la directrice un peu plus tôt.

Faisant fit des états d’âme de son amant, Raphaël abattis les dernières barrières qui séparaient leurs lèvres et l’embrassa fougueusement. Pour Raphaël, un dernier baiser avant son départ avait son importance.

Cependant, Daevlyn ne répondit pas au baiser de l’adolescent, et celui-ci, blessé, ne comprenant pas un tel désintérêt, le libéra de son étreinte et s’éloigna sans un mot, attristé par l’absence de réaction de son amant. Pourquoi devait-il toujours tout gâcher ?

Sur cette interrogation, il attrapa son sac et quitta la pièce sans se retourner, laissant Daevlyn seul. A peine eut-il fait quelques pas, qu’un cri dans son dos le fit se retourner brusquement :

- Attends !

Il vit Daevlyn se précipiter à sa suite et lui attraper le bras, pour ensuite l’attirer tout contre lui, prenant possession de ses lèvres avec une passion débordante. Déboussolé par ce soudain revirement de situation, Raphaël ne répondit pas immédiatement au baiser, puis finit par se laisser entraîner. A travers ce baiser, il fit passer toute la passion, le désir et l’amour qu’il ressentait pour l’adulte. Guidé par ce que lui dictait son cœur, Raphaël s’agrippa désespérément à la chemise de son moniteur, dévorant ses lèvres avec avidité. Ce baiser était le dernier qu’ils échangeaient, synonyme d’une longue semaine de sevrage.

Aucun des deux ne sut combien de temps dura ce baiser, ni vraiment comment il prit fin. Ils avaient quitté un instant ce monde, s’éloignant de tout ce qu’il représentait, s’éloignant de tous les problèmes qui les attendaient. Aucun des deux ne se soucia de ceux qui auraient pu les surprendre, se moquant de tout ce qui ne les concernait par personnellement. Enfermés dans un univers qui n’appartenait qu’à eux seuls, ils avaient l’impression de planer au-dessus de tout, de n’être plus que dans le regard de l’autre, de n’être plus que par l’autre…

Raphaël profitait au maximum de ces dernières minutes d’intimité, respirant à plein nez l’odeur de son amant qu’il aimait tant, s’agrippant à lui comme si cela pouvait le retenir. Il imprimait dans sa mémoire, les moindres détails des instants passés avec son moniteur, les moindres sensations et émotions ressenties entre ses bras.

Cette fois ci, ce fut Raphaël qui mit volontairement fin au baiser, usant de toute sa volonté pour y parvenir. D’une lenteur qui montrait bien qu’il n’avait aucune envie de le faire, il s’éloigna à regret de l’étreinte de l’adulte, les yeux brillants de tristesse.

L’adolescent recula de quelques pas et attrapa la poignée de son sac avant de s’éloigner, Daevlyn à ses côtés, non sans garder un minimum de distance entre eux, sachant pertinemment que si par malheur ils se touchaient de nouveau, jamais il n’arriveraient à se séparer… C’était déjà bien assez dur comme cela…

Lorsqu’ils sortirent du dortoir, une grosse voiture était stationnée dans la cour et une femme d’environ trente-cinq ans, parlait avec la directrice. A la vue de la voiture, le cœur de Raphaël se serra, et à cet instant, il regrettait de ne pas pouvoir tenir la main de Daevlyn. Daevlyn qui, il le voyait bien, semblait aussi mal que lui.

Lorsque les deux femmes les aperçurent, elles se tournent en même temps, et les regarda arriver. Sous le regard intense de la directrice, Raphaël ne releva pas les yeux, se contentant de regarder le sol, comme un enfant prit en faute. Cependant, la curiosité prit le dessus, et avec appréhension, il releva la tête pour observer la jeune femme qu’il ne connaissait pas, ou n’avait pas le souvenir de connaître. Lorsque ses yeux se posèrent sur son visage, Raphaël cru que son coeur loupait un battement, et sursauta violemment, ce qui n’échappa pas à Daevlyn qui l’observait attentivement. Raphaël n’arrivait pas à détourner le regard de la femme qu’il avait sous les yeux, comme paralysé.

Ce visage… Comment cela pouvait-il être possible ? Cette femme était-elle réellement sa tante ?

Il devait sûrement y avoir une erreur… Cela ne pouvait être possible… Pouvait-on revenir du royaume de morts ? Cette femme… Elle était le portrait craché de sa défunte mère… Le même visage angélique, le même sourire doux étirant ses lèvres fines et délicates, parfaitement bien dessinées. De longues mèches caramels encadraient un visage fin et allongé… Le même visage que celui représenté sur la seule et unique vieille photo toute déchirée qu’il possédait de sa mère…

Apparemment, Suzanne n’était pas la seule à être hypnotisée. La jeune femme regardait l’adolescent comme s’il revenait du monde des morts, les yeux brillants de larmes, et un sourire radieux illuminant son visage. Lorsque sa voix s’éleva, douce et cristalline, l’adolescent se rendit vite compte qu’elle avait beaucoup de mal à contenir ses sanglots :

- Oh mon Dieu… Raphaël… C’est bien toi… tu as tellement grandi… tu m’as tellement manqué…

Raphaël ne comprenait pas les paroles de la femme qui lui faisait face… Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Pourquoi lui avait-il tant manqué ? Etait-elle bien celle qu’il pensait qu’elle était ? Lorsqu’elle s’approcha de lui, l’adolescent eut un sursaut de surprise. Cependant, il ne ressentait aucun sentiment de danger en présence de cette femme. Comme Daevlyn, elle semblait être une source de réconfort et de protection, si bien que lorsqu’elle le serra dans ses bras, il ne broncha pas.

Lorsqu’il sentit l’étreinte de la femme contre lui, Raphaël sentit que quelque chose se produisait, et, recevant la réponse à ses questions, il referma ses bras autour du cou de la jeune femme, sous le regard étonné de Daevlyn et de la directrice. Des larmes de joie s’échappaient des yeux des deux être enlacés, comme pour célébrer leurs retrouvailles après toutes ces années de séparation.

Cependant, Raphaël n’osa pas briser le silence et garda le silence, se promettant d’interroger Suzanne plus tard.

Semblant se rendre compte du trouble qui habitait l’adolescent, même si elle n’en comprenait pas la raison, Suzanne s’écarta de Raphaël et hocha simplement la tête, mettant ainsi fin aux questions intérieures de l’adolescent. Ainsi arriva le moment fatidique des au revoir. Suzanne serra la main de la directrice en la remerciant, puis serra ensuite celle de Daevlyn, lui adressant un sourire radieux et empli de reconnaissance. L’adulte répondit vaguement à son sourire, sans la regarder vraiment, le regard fixé sur l’adolescent, qui lui aussi, avait beaucoup de difficultés à détourner les yeux. Il avait aussi énormément de difficultés à résister à l’envie de se jeter dans ses bras et de prendre possession de ses lèvres si tentatrices, ses lèvres au goût de pêché auxquelles il était impossible de résister.

Après un temps qui leur paru une éternité mais qui en même temps sembla incroyablement court, Raphaël détourna les yeux à regrets, et après s’installa dans la voiture, côté passager, son sac à ses pieds. Suzanne prit place derrière le volant, et après un dernier regard à l’adolescent, elle démarra la voiture.

A cet instant, les lèvres de Raphaël s’entrouvrirent sur des paroles muettes, un “je t’aime” simplement suggéré, mais qui pourtant, ne passa pas inaperçu aux yeux de la jeune femme qui sourit intérieurement.

Aussi longtemps qu’il le put, Raphaël ne quitta pas son moniteur du regard, contemplant sa silhouette à travers ses yeux humides de larmes, et même lorsqu’il sortit de son champs de vision, son regard resta perdu dans le vague, regardant sans le voir le paysage qui défilait sous ses yeux.

Après quelques minutes de trajet silencieux, un mouvement à la lisière de la forêt, quelques dizaines de mètres plus loin, attira son attention. Il releva les yeux sur Daevlyn qui, monté à cru sur Waterfalls, le regardait partir, immobile. Les yeux embués de larmes, l’adolescent porta ses doigts à sa bouche, déposa un baiser sur ceux-ci, et souffla lentement dessus, en direction de l’adulte, sous le regard attendrit de Suzanne.

Raphaël n’aurait pu dire combien de temps il resta ainsi, le regard perdu dans le vague, fixant sans le voir de paysage qui défilait sous ses yeux. Lorsque enfin il sortit de sa torpeur, il tourna la tête et observa longuement la jeune femme qui conduisait. Sentant le regard persistant de l’adolescent sur elle, Suzanne finit par tourner la tête et lui adressa un sourire radieux, qui avait le don de lui amener le sourire et chasser ses sombres pensées.

Prenant son courage à deux mains, mais sans oser la regarder, il demanda timidement :

- Vous… Vous êtes ma mère n’est ce pas ?

- Je t’en prie, tutoie-moi… et pour répondre à ta question, oui, je suis bel et bien ta mère… Tu m’en veux ?

- Pourquoi ?

- Déjà d’être partie, et de m’être fait passée pour ta tante, répondit Suzanne, d’un air désolé.

- Non… non je ne vous… t’en veux pas, bien au contraire ! Comment pourrais-je t’en vouloir alors que je te croyais morte ?! S’exclama Raphaël.

A l’entente des mots de l’adolescent, le sourire de la jeune femme s’effaça soudainement, et sa bonne humeur fit place à un air sombre et inquiet. Croyant avoir dit une bêtise, Raphaël s’empressa d’ajouter :

- Je… je suis désolé… je voulais pas vous blesser… je…

- Raphaël !!! L’appela la jeune femme, sans se départir de sa voix douce, voyant bien que l’adolescent paniquait, mais ne comprenant pas la raison d’une telle réaction. Je ne t’en veux pas Raphaël, ne t’inquiète pas. C’est juste que ton affirmation m’a surprise… Qui t’as dit cela ?

- Je euh… c’est mon… c’est mon père…

Si Suzanne parue surprise par le qualificatif employé par Raphaël, elle n’en laissa rien paraître, se promettant pourtant de revenir un jour sur la question. Mais à présent, elle souhaitait plutôt se concentrer sur le problème à régler :

- J’aurais du m’en douter…

- Que veux-tu dire ? demanda l’adolescent, intrigué par le comportement de sa mère.

- Je voudrais que tu me racontes, que t’a t’on dit à mon sujet ?

- Je… je ne sais pas grand chose, juste ce qu’il à bien voulu m’en dire… que tu avais été tuée dans un accident de voiture lorsque j’avais cinq ans. Je ne sais rien d’autre…

Suzanne soupira bruyamment, avant de déclarer :

- Me permets-tu de rétablir l’histoire dans sa véritable version ?

- Oui, bien sûr… répondit Raphaël, sans réellement prendre conscience de ce qu’il disait.

Cela faisait beaucoup d’informations et de révélations en peu de temps, et il avait encore du mal à réaliser entièrement tout ce qui s’était passé depuis une heure.

- Tout d’abord, il faut que tu saches, que je n’ai jamais eu l’intention de t’abandonner. L’histoire de l’accident est vraie, lorsque nous avons eut cet accident, nous étions tous les deux, et je te ramenais chez ton père. Nous étions en procédure de divorce, et j’avais demandé au juge qu’il t’ai à sa charge le temps que je retrouve une situation stable. Je suis partie vivre aux Etats-Unis dans l’espoir de trouver facilement du travail. Ca n’a pas été facile, mais j’y suis finalement arrivée. Lorsque j’ai été sûre d’avoir un emploi fixe, j’ai voulu tenir la promesse que je m’étais faite envers toi, celle d’aller te chercher pour que nous puissions vivre ensemble. Cependant, lorsque j’ai voulu reprendre contact avec ton père qui avait coupé les ponts, je n’ai jamais réussi à vous retrouver. J’ai passé plus d’un an à tenter de te retrouver, sans résultats. J’ai fini pas abandonner mes recherches… je te prie de m’excuser Raphaël… jamais je n’aurai dû baisser les bras…

- Nan… ce n’est pas de ta faute… c’est de sa faute à lui ! s’exclama Raphaël au bord des sanglots. Tu ne pouvais pas savoir ! Tout ce que tu as fait, tu l’as fait dans mon intérêt, et je ne peux que te remercier pour cela… Le principal c’est que nous nous sommes retrouvés… Si tu savais comme tu m’as manqué… J’ai eu tellement mal quand il m’a dit que tu étais morte, sanglota l’adolescent qui n’avait plus le courage de retenir ses larmes.

- Tu as raison, laissons le passé de côté et concentrons-nous sur l’instant présent…  Allez, reposes toi à présent, nous avons encore beaucoup de route à faire, je vois bien que tu es épuisé. Dors, je te réveillerai le moment venu.

Raphaël ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête en guise d’approbation, et baissa le dossier du siège, de façon à s’installer plus confortablement pour se reposer.

Pourtant, même en y mettant la meilleure volonté du monde, jamais Raphaël ne parviendrait à s’endormir aussi facilement. Il venait de vivre trop de chose pour pouvoir trouver le sommeil. Dans sa tête, les informations et les souvenirs des derniers vingt-quatre heures tournaient en boucle, l’empêchant de réfléchir à tête reposée à tous les derniers évènements.

Il n’arrivait toujours pas à réaliser que sa mère, l’être qu’il aimait le plus au monde avec Daevlyn, se trouvait à sa gauche, à quelques centimètres à peine de lui… C’était tout simplement irréel… Peut-être avait-il enfin gagné le droit d’être heureux… après toutes ces années d’humiliation et de souffrance, il avait enfin le droit au bonheur, le droit d’être aimé de Daevlyn et choyé par sa mère, cette femme douce et aimante qu’il n’avait pas le temps de connaître. Jamais Raphaël n’aurait cru un jour être aussi heureux… Si par le passé quelqu’un lui aurait dit qu’il connaîtrait un tel bonheur, il lui aurait certainement rit au nez. Avec Daevlyn, Raphaël s’était sentit revivre, il se sentait renaître sous un nouveau jour, mais avec la présence de sa mère à ses côtés, il se sentait enfin complet. Il se sentait redevenir celui qu’il avait été, loin, loin dans le passé…

Le coeur léger, son esprit se focalisa sur la dernière image de Daevlyn qu’il gardait en tête, ses lèvres étirées en un sourire radieux qui ne l’en rendait que plus beau, ses yeux émeraudes pétillants de cette lueur particulière qu’est l’Amour avec un A majuscule. A cette pensée, un faible sourire naquit sur ses lèvres, tandis que ses yeux se voilaient de tristesse. Son coeur se serrait à l’idée que ce soir, il s’endormirait dans un lit vide, seul dans les ténèbres de la nuit. Il était parti depuis une heure à peine, que déjà la présence de Daevlyn lui manquait… jamais il ne pourrait tenir une semaine loin de lui… Une semaine… Sept jours sans sentir sa présence à ses côtés, sans respirer son odeur ni entendre le son mélodieux de sa voix grave…

Daevlyn qui, si cela se trouve, à cet instant, devait se poser pas mal de questions par rapport au comportement que Raphaël avait eut juste avant de partir, sans avoir le temps de lui en fournir une explication… Il espérait simplement que l’adulte ne se fasse pas de fausses idées, qu’il ne croit pas que maintenant que Raphaël avait retrouvé un membre de sa famille, il décide de rester avec. Car, même s’il était plus qu’heureux d’avoir retrouvé sa mère, rien ni personne ne l’empêcherait de retourner auprès de Daevlyn après ces sept jours d’éloignement obligatoire. Ne préférant pas penser à l’avenir immédiatement, Raphaël repoussa ses pensées et après de longues minutes, il finit par s’endormir, avec toujours devant les yeux, l’image de Daevlyn qui lui souriait tendrement.

Il ne se réveilla que plusieurs heures plus tard en entendant une voix douce l’appeler tendrement par son prénom. Il papillonna des yeux pour s’habituer à la lumière éblouissante du soleil et tourna la tête en direction de la voix.

Son regard se posa sur le visage angélique de Suzanne qui le regardait, un sourire mi-tendre mi-amusé étirant ses lèvres.

- Nous sommes arrivés à l’aéroport. Nous avons encore une heure devant nous avant de prendre notre avion. Viens, je t’offre à manger.

Raphaël ne répondit rien, se contentant de lui sourire, les yeux pétillants d’une joie non contenue. Il bailla longuement avant de se détacher, d’attraper son sac et de sortir de la voiture.

Comme promis, Suzanne l’invita au restaurant et après un long moment de silence, Raphaël finit par le briser d’une petite voix timide :

- Euh… je voudrais savoir… comment… comment avez-vous…. As-tu su que j’étais dans ce centre ?

Le sourire de Suzanne s’effaça pour faire place à un air sombre et sérieux que Raphaël n’aimait définitivement pas voir sur ce visage d’ordinaire si doux. C’est avec sérieux que la jeune femme prit la parole :

- Quand je suis partie pour les Etats-Unis, j’ai coupé tous les ponts avec la famille. Je ne supportais plus les reproches quotidiens dont m’accablaient mes beaux-parents alors petit à petit, j’ai fini par couper tous les ponts. J’étais et je suis toujours, très amie avec mon ex-belle sœur, c’est elle qui m’a apprit le décès de ton père.

A ses mots, Raphaël sursauta violemment, mais le regard plongé dans le vague, Suzanne ne sembla pas s’en apercevoir. A son grand soulagement, Suzanne ne s’attarda pas sur ce sujet, terrain plus que glissant pour l’adolescent.

- Dès que j’ai appris la nouvelle, j’ai commencé mes recherches, passant des journées entières au téléphone avec toutes les personnes ou organismes qui auraient pu être en contact avec toi ou qui t’avaient vu pour la dernière fois.

Quand j’ai appris par hasard que tu te trouvais dans ce centre pour adolescents j’ai prit des congés à mon travail et je suis partie. J’ai longtemps hésité avant de me présenter devant toi, et je m’excuse de m’être faite passée pour quelqu’un que je ne suis pas.  Cependant, il y a une question qui ne quitte pas mon esprit, et j’espérais que tu pourrais m’apporter la réponse.

Le cœur de Raphaël se mit à battre de plus en plus rapidement alors que Suzanne posait la question qu’il redoutait le plus au monde :

- Pourquoi et comment es-tu arrivé dans ce centre de rééducation, Raphaël ? Demanda Suzanne d’une voix à limite implorante, comme si elle le suppliait de lui apporter la réponse à cette question, comme le fait de savoir apporterait les réponses et expliquerait la raison du pourquoi.

Sentant les larmes lui monter aux yeux, Raphaël baissa la tête, fixant obstinément la table, sans oser regarder la femme en face de lui. Il ne pouvait pas lui dire… Elle ne devait pas savoir… Il ne fallait pas qu’elle sache…

Cependant, le silence de Raphaël confirma les doutes de Suzanne qui, ne souhaitant pas renfermer l’adolescent plus qu’il ne l’était déjà, elle n’insista pas.

- Je suis désolée Raphaël, je ne voulais pas te brusquer… Tu me le diras lorsque tu te sentiras près, d’accord ? Ajouta-t-elle d’une voix douce afin de rassurer l’adolescent

Raphaël renifla bruyamment et après avoir essuyé ses yeux du revers de sa main, il releva timidement la tête et acquiesça silencieusement, répondant timidement au sourire que lui adressait Suzanne.

Sur ces mots, ils se levèrent au son du haut-parleur qui annonçait le départ pour Los Angeles.

Assit dans son fauteuil, Raphaël regardait à travers le hublot avec le regard d’un enfant qui découvre le monde extérieur. Jamais il n’avait prit l’avion et la terre vue du ciel avait quelque chose de fascinant. Cependant, au bout d’une heure de vol, et en ayant encore pour une petite dizaine d’heures, Raphaël fini par se lasser et au bord de l’ennui profond, il sombra dans le sommeil.

Il fut réveillé bien des heures plus tard, par une douce pression sur son épaule tandis que Suzanne le secouait doucement en l’appelant dans un murmure :

- Raphaël… réveilles toi mon grand, nous allons bientôt atterrir…

L’adolescent papillonna des yeux et s’étira longuement, avant de se redresser, constatant tout gêné qu’il s’était endormit sur l’épaule de Suzanne. Cette dernière lui adressa un sourire bienveillant auquel l’adolescent répondit, avant de reporter son attention sur l’extérieur. Le paysage urbain défilait sous ses yeux, tandis qu’ils se rapprochaient inlassablement du sol à une vitesse vertigineuse.

De là où il se trouvait, il avait l’impression d’observer une fourmilière. Les lumières des phares des automobiles et les réverbères illuminaient la ville d’une lumière artificielle tellement intense qu’on aurait pu la voir de l’autre côté de l’océan.

Lorsqu’ils quittèrent l’aéroport, Suzanne héla un taxi qui les déposa, un petit quart d’heure plus tard, devant une grande maison qui, vue à la lumière du jour, devait être magnifique. Après avoir réglé le prix de la course, Suzanne entraîna Raphaël à sa suite et ils entrèrent dans l’immense demeure. Raphaël regardait autour de lui, émerveillé par la beauté des lieux. Depuis le hall d’entré, il pouvait apercevoir une immense cheminée qui surplombait la pièce de sa taille imposante.

Amusée, mais comprenant parfaitement la curiosité de son fils, Suzanne le couva du regard, souriant tendrement, avant de reprendre ses esprits et de déclarer de sa voix habituellement douce :

- Tu viens, je vais te faire visiter !

Raphaël récupéra son sac et emboîta le pas à la jeune femme qui le guida à travers la maison, lui faisant découvrir les différentes pièces dont elle était composée. La dernière pièce qu’ils visitèrent était une grande pièce aux murs blancs et avec pour tout meuble, un matelas posé sur le sol.

avant que Raphaël n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Suzanne déclarait :

- Voici ta chambre Raphaël. Comme je ne connais pas tes goûts, j’ai prit la liberté de la laisser telle quelle. Si tu le souhaites, nous irons demain t’acheter de quoi la meubler à ton goût pour que tu ai un petit coin à toi. Qu’en dis-tu ?

Raphaël se retourna vers la jeune femme, les yeux emplis d’une gratitude sans bornes, et les larmes perlant aux coins de ses yeux, il murmura :

- Je… merci… ça me touches beaucoup… je ne sais pas quoi dire… je… merci !

A ces mots, Raphaël se jeta dans les bras de la jeune femme et se laissa aller à son étreinte qui, même si elle ne remplaçait pas celle de Daevlyn, lui apportait autant d’amour et de sécurité que celles de son moniteur.

- J’aimerais tellement me racheter de mes erreurs passées… Je sais que ce n’est rien comparer à la douleur d’avoir perdu une mère, mais il y a quelque chose que tu veux, dis le moi ! D’accord ? Tout ce que je souhaite c’est rattraper tout ce temps perdu à tes côtés, je veux te rendre heureux… je t’aime, mon fils…

Si Raphaël avait été touché par les paroles de Suzanne, les derniers mots qu’elle prononça restèrent à résonner à ses oreilles de longues minutes. “Mon fils”… ces mots lui serraient le coeur et lui apportait une joie incommensurable, une joie qu’il n’aurait jamais cru possible ailleurs que dans les bras de son amant.

Ne cherchant plus à retenir ses larmes, Raphaël éclata en sanglots, serrant toujours plus fort Suzanne dans ses bras. La tête posée sur sa poitrine, il écoutait les battements de son coeur. Toute notion du temps semblait avoir disparue tandis que tous deux s’abandonnaient à cette étreinte bienfaitrice, cette étreinte entre une mère et son fils…

Raphaël n’aurait su dire combien de temps s’était écoulé entre les dernières paroles de Suzanne et les mots qu’il souffla entre deux sanglots :

- Merci… Merci… je t’aime… Maman…

Lorsqu’elle entendit ses mots, Suzanne ne pu retenir ses larmes et raffermit son étreinte sur le corps frêle de l’adolescent qu’elle tenait ferment enlacé entre ses bras, comme s’il n’était qu’un de ses mirages dont elle avait si souvent rêvé. après un moment qui leur parut une éternité, la jeune femme s’éloigna de l’adolescent, et essuyant ses yeux encore humides de larmes, elle demanda :

- Tu veux manger quelque chose ?

Raphaël hocha la tête en guise d’approbation. C’est bizarre comme il retrouvait cette timidité qui était sienne lorsqu’il se retrouvait loin de Daevlyn. Il avait beau être plus qu’heureux d’avoir retrouvé sa mère qu’il croyait décédée, il n’en était pas moins intimidé. Après tout, cela faisait plus de dix ans qu’ils ne s’étaient pas vu…

Suzanne lui sourit et ils se rendirent à la cuisine, où, après le consentement de Raphaël, elle leur prépara un petit repas. Ils passèrent à table, et Raphaël se décida enfin à rompre le silence. Timidement, il demanda d’une petite voix, après tout, il n’avait pas l’habitude de poser des questions d’ordre privé :

- Tu… Tu vis toute seule ? Tu n’as pas d’autres enfants ?

- Oui, je suis célibataire. J’ai vécu pendant trois ans avec un homme, mais cela n’a pas marché entre nous. Et non, je n’ai pas d’autres enfants.

- Pourquoi ? Demanda alors Raphaël, intrigué.

- Tu sais, quand on perd son premier enfant, il faut beaucoup de courage pour surmonter cette épreuve… un courage que je n’ai jamais eut. J’ai toujours voulu n’avoir qu’un seul enfant, et cet enfant, c’est toi… Malgré que je sois partie loin de toi, tu n’as pas quitté mon cœur durant toutes ces années.

- Moi aussi j’ai beaucoup pensé à toi… tu m’as tant manqué… je me suis sentit si seul… Mais maintenant tu es là…

- Oui je suis là, et sache que plus jamais je ne te laisserai… je t’en fait la promesse…

Les heures défilaient et ils discutaient toujours, tentant de rattraper le temps perdu, Raphaël buvant les paroles de Suzanne qui lui racontait sa vie aux Etats-Unis. Mais jamais ils n’abordèrent le passé de Raphaël. Suzanne semblait avoir comprit que c’était un point sensible de l’adolescent et qu’il n’aimait pas revenir la dessus, et respectant son choix, elle ne lui posait pas de questions. Et Raphaël lui en était grandement reconnaissant.

Bien que Raphaël tombait de fatigue, il refusait catégoriquement d’aller se coucher, voulant profiter au maximum de la présence de sa mère à ses côtés, comme s’il craignait que celle-ci ne s’évapore. Cependant, Suzanne n’était pas dupe, et au énième bâillement de son fils, elle déclara :

- Tu devrais aller te coucher… tu tombes de fatigue, en plus avec le décalage horaire, tu dois avoir du sommeil à rattraper.

Raphaël s’empourpra violemment et face à son mal aise, la jeune femme ajouta :

- Ne t’inquiètes pas, moi aussi je vais aller dormir.

sur ces paroles, ils se levèrent et Suzanne s’approcha de son fils, déposant un tendre bisou sur ses cheveux en déclarant dans un souffle :

- Bonne nuit mon chéri, fait de beaux rêves…

- Bonne nuit… Maman…

Ils se séparèrent à ses mots, et après un rapide détour par la salle de bain, Raphaël alla se coucher. A peine fut-il couché, que déjà l’image de Daevlyn revint le hanter. Sa présence lui manquait, sa voix, son odeur… tout son être lui manquait atrocement. Cependant, terrassé par la fatigue, Raphaël finit par s’endormir, avec toujours devant les yeux, cette image de Daevlyn qui ne le quittait pas.

Le lendemain, lorsqu’il ouvrit les yeux, la pièce était inondée d’une lumière blanche qui l’aveugla vivement, lui faisant refermer les yeux aussi vite qu’il les avait ouvert. Après quelques minutes d’adaptation à la lumière environnante, Raphaël se leva silencieusement, prenant soin de ne pas oublier de s’habiller avant de descendre, ayant perdu l’habitude de le faire auprès de Daevlyn. A cette pensée, ses joues prirent une belle teinte colorée, et il se gifla mentalement. Lorsqu’il arriva dans le salon, il fut accueilli par Suzanne qui s’exclama d’une voix enjouée :

- Enfin te voila !! j’ai bien cru que tu allais dormir toute la journée à ce rythme là ! Et dire que tu refusais d’aller te coucher !! Tu as bien dormis ? demanda-t-elle en déposant un bisou sur les cheveux de l’adolescent.

- Oui, j’ai bien dormis, merci. Quelle heure est-il ?

- Il est bientôt deux heures et demi. Tu souhaites manger quelque chose ?

A sa grande surprise, l’adolescent baissa subitement la tête et joignit les mains derrière son dos, comme le ferait un enfant prit en faute qui attend sa punition. Intriguée, Suzanne demanda, quelque peu inquiète :

- Raphaël ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

Le jeune garçon secoua négativement la tête et déclara d’une petite voix :

- Je… Je suis désolé de m’être levé aussi tard… Je ne le referais plus… je

- Hey hey Raphaël ! s’exclama doucement la jeune femme. Ne te mets pas dans un état pareil pour si peu ! Ce n’était pas une critique tu sais ! Tu as bien le droit de dormir autant que tu le souhaites, je ne vais pas te blâmer pour cela.

- Je… merci…, murmura l’adolescent, sans pour autant oser regarder sa mère.

L’étonnement de Suzanne grandissait à chaque réaction de ce genre de la part de son fils, faisant place à une inquiétude et un mauvais pressentiment qu’elle se refusait pourtant d’imaginer. Le comportement soumis et craintif de l’adolescent lui laissait envisager les pires raisons d’une telle attitude. Tout dans ça façon d’être lui criait que l’adolescent avait dû vivre des situations plus que douteuses. Raphaël aurait-il été… battu ? Non, cela était de toute évidence impossible, jamais Éric, son ex-mari, n’aurait pu faire une chose pareille…

Se giflant mentalement, Suzanne s’efforça de chasser ses sombres pensées et reporta son attention sur le jeune garçon qui n’avait toujours pas bougé et qui la fixait, étonné. Suzanne lui adressa un sourire rassurant, et retrouvant son éternel sourire, elle s’exclama d’une voix qui se voulait enjouée :

- Viens, suis-moi, je vais te montrer où se trouvent tout ce dont tu as besoin.

Après leur rapide repas, Raphaël alla se préparer, et comme promis, Suzanne l’emmena dans la zone commerciale où elle le laissa choisir son mobilier pour sa chambre. D’abord atrocement gêné de faire dépenser à sa mère une telle somme d’argent rien que pour lui, Raphaël commença par refuser de prendre autre chose qu’un lit et une armoire les plus communs possible. Cependant, lorsque Suzanne le menaça de s’énerver pour de bon s’il ne choisissait pas quelque chose à son goût, l’adolescent baissa les yeux. Suzanne comprit immédiatement, aux tressaillement de ses épaules que l’adolescent pleurait, et prit son fils dans ses bras, lui demandant la raison de se soudain débordement de larmes. Raphaël lui répondit vaguement que c’était la première fois qu’on lui offrait quelque chose, ce qui eut pour effet, au plus grand malheur de la jeune femme, de confirmer les doutes qu’elle avait déjà.

Cependant, faisant fit de la gêne de son fils, elle s’était contenté de lui répondre que justement, autant profiter du moment pour réparer cette erreur, et en plus d’un lit et d’une magnifique armoire, elle l’aida à choisir un bureau et des étagères. Après quoi, elle le traîna dans des magasins de vêtements et l’incita à refaire sa garde robe, le guidant dans ses choix.

Lorsqu’ils rentrèrent, il était déjà tard. Raphaël était épuisé. Après avoir passé une grande partie de l’après-midi à faire les boutiques, Suzanne lui avait fait découvert la ville, l’emmenant dans les musées, et lorsque la nuit fut tombée, elle l’emmena manger dans un petit restaurant chinois, où là, Suzanne était tombée sur l’une de ses collègue de travail qui s’extasia devant “la beauté et le charme fou” de son fils.
Épuisé par sa journée plus que remplie, Raphaël s’effondra sur le canapé ou Suzanne ne tarda pas à le rejoindre. Assis côtes à côtes, ils se sourirent et Raphaël posa sa tête sur l’épaule de la jeune femme, la remerciant pour cette fabuleuse journée. Ils restèrent un long moment ainsi, appréciant la présence tant désirée d’une mère pour Raphaël et d’un fils pour Suzanne. Raphaël avait réellement apprécié cette journée passé avec sa mère, une journée ou pour la première fois de sa vie, il avait eut l’impression d’être un adolescent tout ce qui a de plus banal, un adolescent comme les autres.

Cependant, il manquait un petit quelque chose. Ce qui lui avait manqué pour rendre cette journée parfaite à ses yeux, c’était la présence de Daevlyn à ses côtés. Daevlyn qui à cet instant, se trouvait à des milliers de kilomètres de lui. Que faisait-il ? Raphaël se doutait parfaitement que l’adulte devait se rendre souvent au box du poulain pour lui apporter à manger et il eut un sourire amusé en l’imaginant longer les murs de l’écurie afin d’échapper à la surveillance constante de la directrice. Daevlyn s’ennuyait-il sans lui ? Pensait-il souvent à lui ?

Soudain, Raphaël sentit les larmes lui embuer les yeux et les chassa du revers de la main, se concentrant sur les aspects positifs de cette séparation forcée. Dans moins d’une semaine, il aurait de nouveau tout le loisir de le prendre dans ses bras et de redécouvrir le goût de ses lèvres, ce goût si particulier qui lui manquait tant. Des larmes silencieuses roulèrent lentement le long de ses joues pour aller se perdre dans son cou tandis que la main libre de Suzanne passait et repassait inlassablement dans ses cheveux, comme pour l’apaiser de ce chagrin dont elle ne connaissait pas la cause. Suzanne avait parfaitement sentit la soudaine tristesse qui émanait de l’adolescent, et sans poser de question, c’est tout naturellement qu’elle se mit à le consoler comme si elle avait fait ça toute sa vie. Étonnement, les gestes lui revenaient avec une facilité déconcertante, et Raphaël apprécia l’initiative de la jeune femme et la remercia mentalement de ne pas lui poser de questions auxquelles ils n’aurait pas su répondre.

Aucun des deux n’aurait pu dire combien de temps ils restèrent ainsi tendrement enlacés. Lorsqu’elle sentit la tête de l’adolescent s’affaisser, Suzanne eut un sourire amusé, et lui susurra à l’oreille :

- Tu ne crois pas que tu devrais aller dormir mon chéri ? Tu tombes de fatigue…

- Mmh… Oui… bonne nuit Maman, murmura l’adolescent en étouffement un  bâillement.

- Bonne nuit à toi aussi mon chéri, fait de beaux rêves.

Raphaël l’embrassa sur la joue et, d’une démarche hésitante, il gagna l’étage et après s’être rapidement mit en pyjama, il sombra dans un profond sommeil.

Le lendemain, Raphaël fut réveillé de la même façon que la veille, éblouit par un rayon de soleil qui filtrait à travers les rideaux entre ouverts. Il s’étira longuement, et alla prendre sa douche, avant de descendre rejoindre Suzanne qui s’était levée entre temps. Malgré le sourire qui ne quittait pas les lèvres de la jeune femme, Raphaël sentait qu’il y avait quelque chose, et, prenant son courage à deux mains, il demanda :

- Quelque chose ne va pas ?

Suzanne soupira et déclara :

- Il faut que nous ayons une conversation sérieuse toi et moi…

A ces mots, le coeur de Raphaël se serra brusquement, soudain terrifié par ce qu’allait lui révéler Suzanne. D’une voix contenant mal un mal aise profond, il demanda :

- Tu… tu ne veux plus de moi ?

Suzanne eut un sursaut de surprise à l’entente de ses mots, et s’apercevant du mal aise de l’adolescent, elle s’empressa d’ajouter :

- Mais bien sûr que si je veux de toi mon chéri… non, ce dont je veux te parler concerne ton avenir. Voilà, je ne vais pas y aller par quatre chemins… Je ne sais pas si tu imagines le stresse que j’ai pu ressentir quand je suis venue te chercher il y a deux jours. Je n’arrêtais pas de me poser des questions, allais-tu m’accepter ? Allions-nous nous accepter ? Serions-nous à arriver à construire quelque chose tout les deux ?… Bref, j’en suis arrivé à la conclusion suivante. Raphaël, je t’aime de tout mon coeur, tu es et tu restera à jamais mon petit garçon, mais je pense que tu es assez grand pour décider toi-même de ton avenir… Voilà, j’avais pris la décision au cas ou nous ne nous serions pas entendu, de te faire émanciper, et je voulais savoir si tu tiens toujours à l’être ou non ? Sache que quelque soit ta réponse, je serais toujours là pour toi. Ce n’est pas parce que je te donne la possibilité d’obtenir la majorité que cela signifie que je ne veux plus de toi tu comprends ?

Raphaël ne répondit rien, se contentant d’acquiescer silencieusement et Suzanne poursuivit :

- Tu n’es pas obligé de me répondre tout de suite, tu peux prendre le temps de réfléchir si tu le souhaites…

- Je… Je comprends ce que tu veux dire, et je t’en suis reconnaissant… je… j’accepte la proposition, mais…  ce n’est pas contre toi, je te le jure… c’est juste que…

- C’est juste que tu as d’autres projets en tête ? Termina Suzanne avec un petit sourire en coin.

Raphaël sentit ses joues s’empourprer et adressant un petit sourire timide à sa mère, il hocha la tête en guise d’approbation. En effet, Raphaël avait d’autres projets en tête, cependant, il se garda bien d’en faire-part à Suzanne, par peur de sa réaction. Il verrait bien avec le temps…

- Bien, cette affaire est réglée et ce n’est pas plus mal ! Je dois t’avouer que je ne savais pas trop comment te l’annoncer, je craignais que tu le prennes mal ou comme un rejet. Soit certain qu’il n’en est rien. Tu es ici chez toi.

- Merci… merci Maman, déclara l’adolescent

- Ne me remercie pas mon chéri, tout ce que je fais, je le fais dans le but de te rendre heureux. Je n’ai pas eu l’occasion de le faire durant ses dernières années, et je tiens à me rattraper. Je t’aime mon fils, déclara la jeune femme en déposant un tendre bisou sur le front de l’adolescent.

- Je t’aime aussi Maman, merci… pour tout ce que tu fais pour moi, merci d’être là pour moi… répondit Raphaël en se réfugiant dans les bras de sa mère.

Il restèrent un long moment enlacé, puis Suzanne s’exclama :

- Allez, je vais appeler le notaire avant qu’il ne soit trop tard.

A ces mots, elle l’embrassa une dernière fois et partit téléphoner. Elle réapparue quelques minutes plus tard, déclarant qu’ils avaient rendez-vous chez le notaire le lendemain en début d’après midi.

La journée se passa dans la tranquillité, et dans l’après midi, Raphaël reçu son mobilier pour sa chambre, et tous deux passèrent le reste de la journée à monter les meubles et à aménager la chambre au goût de l’adolescent.

Lorsqu’ils terminèrent, la nuit était déjà tombée et la soirée était déjà bien entamée. N’ayant pas vu les heures défilées, Suzanne leur prépara un petit repas rapide, qu’ils mangèrent rapidement, puis ils s’installèrent devant un film.

Puis, sur un commun accord, ils montèrent se coucher après s’être souhaités une bonne nuit. Raphaël s’allongea dans son nouveau grand lit, et comme un peu plus tôt dans la journée, son esprit se mit à vagabonder, loin, loin par delà l’océan, dans une contrée lointaine, perdue au milieu de la montagne, lieu sacrée où se trouvait son âme sœur à cet instant même. Toujours son esprit se posait les mêmes questions, inlassablement, comme qui quelques heures d’intervalle pouvaient faire changer les réponses à leur gré.

A travers les rideaux entre ouverts, Raphaël observait la lune se déplacer lentement à travers le ciel étoilé. Plongé dans ses souvenirs de Daevlyn, il se surprit à penser que toutes les étoiles dans le ciel n’étaient encore pas assez nombreuses pour exprimer l’amour qu’il ressentait pour l’adulte. Soudain, sans signe précurseur d’aucune sorte qu’il soit, les larmes de Raphaël jaillirent de ses yeux. Jamais il n’aurait cru un jour possible de souffrir autant du manque de quelqu’un. La douleur était telle qu’elle lui nouait les entrailles et lui laissait comme un arrière goût de solitude. Depuis des heures, le sommeil semblait le fuir, l’abandonnant à son chagrin et à sa solitude que même l’amour d’une mère ne parvenait pas à combler. Lassé, Raphaël finit par se lever, et attrapa son carnet de dessin, avant de s’asseoir sur le sol, le dos calé contre le mur sous la fenêtre.

Trop concentré à sa tache, Raphaël n’entendit pas Suzanne entrer dans sa chambre et ne sursauta même pas lorsqu’elle demanda d’une voix mi-endormie, mi-étonnée :

- Raphaël ? Qu’est ce que tu fais encore debout ?

-  Je n’arrive pas a dormir ! Répondit l’adolescent sans lever les yeux de son carnet de dessin, souhaitant cacher à Suzanne les larmes qui lui inondaient les joues.

Suzanne vient alors prendre place à ses côtés, et observa longuement Raphaël qui s’appliquait à parfaire le portrait de Daevlyn qu’il avait entreprit un peu plus tôt. Un sourire étira ses lèvres lorsqu’elle reconnu l’homme dont il était question. Une larme vient s’écraser sur le dessin, et soudain tout s’éclaira dans l’esprit de Suzanne, qui n’avait jusqu’à présent, que de légers soupçons. D’une voix emplie de tendresse, elle demanda :

- Tu l’aimes ?

Raphaël sursauta violemment, surprit par la question de sa mère, et sans oser relever les yeux vers elle, il répondit, la voix brisée par les sanglots contenus :

- Oui… oui je l’aime… co… comment tu as su ? Tu vas me frapper ?

Si Suzanne parue choquée par la dernière question de son fils, elle n’en laissa rien paraître et, le prenant dans ses bras, l’incitant à laisser libre court à son chagrin, elle lui caressa tendrement les cheveux et murmura :

- Il y a des signes qui ne trompent pas, tu sais… La façon dont il te suit constamment du regard, ces yeux d’un vert intenses qui s’illuminent d’amour et de tendresse à chaque fois qu’ils se posent sur toi, et puis le baiser que tu lui as envoyé dans la voiture avant de partir…

- Tu as vu ? demanda Raphaël qui se mit à rougir.

Suzanne rit doucement, et après avoir déposé un bisou sur les cheveux de l’adolescent, elle déclara :

- Comment ne pas s’en apercevoir ? Alors, quel nom n’ais-je pas le droit de te donner ?

Raphaël la regarda, ne comprenant pas ou elle voulait en venir, et Suzanne reformula sa question :

- Il doit bien y avoir un petit mot qui t’est réservé non ?

De nouveau, Raphaël s’empourpra et Suzanne comprit qu’elle avait visé juste. Attendrie par l’attitude de son fils, elle raffermit sa prise autour de ses épaules et se lovant un peu plus contre cette source de chaleur réconfortante, Raphaël murmura non sans rougir d’avantage :

- Voui… il… il me dit que je suis son ange… Il… il me manque tellement Maman, ajouta-t-il après quelques secondes de silence, j’ai si mal…

- Je sais mon chéri… je sais…

Suzanne resta de longues minutes à consoler son fils, puis, elle s’arracha à l’étreinte de Raphaël et se leva :

- Ne bouges, pas, je reviens…

Puis sans une explication de plus, elle quitta la chambre.

Lorsqu’elle revient quelques minutes plus tard, elle tendit le combiné de téléphone à l’adolescent qui la regarda sans comprendre, et elle déclara :

- Tiens, c’est pour toi…

Un sourire que Raphaël n’arriva pas à déchiffrer étira ses lèvres, et se demandant qui pouvait bien avoir envie de lui parler à une heure pareille, il répondit timidement :

- A… Allô ?

- Raphaël ? appela sans trop y croire, une voix qu’il ne connaissait que trop bien.

Cette voix… Cela ne pouvait être vrai… A la vue de l’adolescent dont les yeux s’agrandirent de surprise et de joie,  Suzanne eut un sourire victorieux.

- Dae… Daevlyn…

La voix entrecoupée de sanglots heureux, Raphaël ne pu rien dire de plus, tant l’émotion lui nouait la gorge. Après un immense effort pour refouler ses sanglots, il poursuivit :

- Daevlyn c’est bien toi… tu me manques… tu me manques tellement… c’est trop long sans toi…

- Oui c’est moi mon ange, toi aussi tu me manques… tout ce passe bien pour toi ? Je m’inquiète tellement pour toi mon coeur…

- Oui… oui je vais bien… merci de t’inquiéter pour moi… et toi ? Ca va ?… Et Amaranth il va bien ? Et Diamond Dust aussi ? Tu me manques tu sais…

Troublé par sa conversation avec son amant, Raphaël n’avait même pas calculé qu’il passait du coq à l’âne.

- Oui, Amaranth et Diamond Dust vont bien. Tu leur manque à eut aussi, j’ai l’impression qu’Amaranth boude parce que c’est moi qui lui donne à manger. Je crois qu’il languit ton retour… et moi aussi je me languis de toi mon ange…

- Tu me manques aussi…  j’ai hâte d’être de retour… je t’aime Daevlyn…

- Moi aussi je t’aime mon ange…

Ils restèrent un long moment au téléphone, s’échangeant régulièrement des mots d’amour, appréciant d’entendre la voix de cet être si cher à leur coeur comme si cela leur permettait de ressentir la présence de l’autre à leurs côtés. A cet instant, il n’était plus question de nuit et de jour, d’océan à traverser, seul comptait la voix tant chérie.

Raphaël commençait à donner des signes de fatigue, à plus de quatre heures du matin, le sommeil semblait enfin vouloir de lui. Semblant s’en apercevoir, Daevlyn demanda à l’autre bout du fil :

- Quelle heure est-il chez toi ? tu bâilles depuis un moment déjà, ne devrais-tu pas penser à te coucher ?

- Oui, je… j’arrivais pas à dormir, tu me manquais trop… il est quatre heures ici…

D’une voix faussement sévère, Daevlyn déclara alors :

- Tu profites d’être loin de moi pour faire des folies… Attends voir que tu sois de retour… Aller mon ange, vas te coucher… d’ici j’entends que tu tombes de fatigue…

- Je veux pas aller me coucher… Je veux rester avec toi Daevlyn…

Suzanne sourit face à l’attitude enfantine que pouvait parfois revêtir son fils, mais ne fit aucun commentaire, se doutant parfaitement, que si Daevlyn semblait aussi mère poule qu’il paraissait, il arriverait à le convaincre d’aller se coucher, ce qui arriva quelques secondes plus tard :

- D’accord, je vais me coucher… mais tu me promets de m’appeler bientôt hein… même si c’est la nuit c’est pas grave…

- Je te promets, bonne nuit mon ange, dors bien… je t’aime…

- Merci Daevlyn… bonne nuit à toi aussi… je t’aime…

A ses mots, il éloigna le combiné de son oreille, et raccrocha tandis qu’une larme s’échappait de ses yeux. Il releva alors les yeux vers Suzanne en rougissant légèrement, et se leva, afin de se lover dans ses bras.

- Merci, murmura-t-il.

- Je t’en prie, répondit Suzanne. Je crois avoir compris la raison pour laquelle tu as accepté ma proposition d’émancipation. Dis-moi si je me trompe, mais je parie que ce jeune homme a grandement influencé ton choix, n’est-ce pas ?

- Je… Je suis désolé, s’excusa l’adolescent.

- Ne le soit pas, si tu es heureux, alors cela me suffit amplement. Et je crois que Daevlyn, c’est bien ça ? Il a raison mon chéri, tu ferais bien de te coucher à présent.

- Oui… merci Maman… bonne nuit…

- Bonne nuit mon chéri, répondit la jeune femme avant de déposer un bisou sur ses cheveux et de quitter la pièce.

A peine deux minutes, plus tard, Raphaël était de nouveau couché dans son lit. Allongé en position fœtale, il ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil, des images de Daevlyn plein la tête.

Mourir pour revivre - Chapitre 42

17 octobre 2012

Chapitre 42 écrit par Lybertys

Après cette journée plus qu’épuisante pour les deux hommes, Daevlyn finit par s’endormir, rassuré par les paroles de l’adolescent. Rares étaient les fois où il pouvait dormir aussi bien. Tout contre Asiel, il avait l’impression de se sentir protégé. Il pouvait se reposer un instant sur l’épaule de son amant, reposer son âme, son esprit et son cœur… Asiel venait de faire beaucoup pour lui et se jura avant de sombrer définitivement dans les méandres du sommeil qu’il le remercierait sincèrement.

Ce fut l’impression d’être observé qui le tira de son endormissement au petit matin. Ses yeux se mirent à papillonner comme pour s’acclimater à la lumière éblouissantes des premiers rayons de soleil. Lorsque leurs regards se croisèrent, Asiel lui adressa un sourire resplendissant auquel Daevlyn répondit avec le même entrain. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi reposé.

Après les tendresses matinales échangées, les deux amants se levèrent et chacun de leur coté, ils vaquèrent à leurs occupations personnelles. Ils ne se retrouvèrent de nouveau ensemble seulement quelques secondes avant d’entrer dans la salle de cantine et de se séparer une fois de plus. A peine fut-il entré dans le réfectoire, qu’il sentit le regard étouffant de la directrice posé sur lui. Ils allaient devoir parler et Daevlyn allait devoir user de toute sa ruse et sa diplomatie pour avoir l’autorisation d’emmener Asiel avec lui.

Il alla s’asseoir en face d’elle, et celle-ci lui adressa un grand sourire qui sonnait faux comme elle savait si bien les faire.

- Bonjour, comment allez-vous ? demanda Daevlyn.

S’il voulais obtenir quoi que ce soit d’elle, autant qu’il la caresse dans le sens du poil.

- Très bien merci. Et vous ? Vous vous sentez mieux ? Ce genre de crise vous arrive souvent ? Nous avons tous était terriblement inquiet… Etes-vous remis ?

Pourquoi s’inquiétait-elle aussi soudainement de son état ? Pourquoi ne lui reprochait-elle pas le spectacle qu’il avait fait lui et Raphaël avec tout le monde les regardant ? Était-ce dû au fait qu’ils n’étaient pas seuls à seuls mais entourés des autres moniteurs qui ne cessait de les observer et d’écouter à la dérobée.

- Je vais bien merci. se contenta-t-il de répondre.

- Tant mieux. J’ai vu avec votre père avant qu’il ne vienne vous en parler, je vous donne votre journée pour aller à l’enterrement.

- Justement à ce sujet, je ne peux pas laisser Raphaël seul au centre. Comme vous avez pu le constater et au vu de sa fragilité, il ne peut rester ici seul et encore moins avec un autre moniteur. J’ai déjà eu l’autorisation de le sortir du centre et je n’ai rencontré aucun problème.

- Vous vous croyez vraiment tout permis ? demanda-elle sèchement.

- J’en prends l’entière responsabilité. Je vous promets qu’il ne se passera rien.

- C’est uniquement parce que vous êtes le seul à pouvoir le gérer. Ce n’est pas parce que je ne dit rien pour cette fois que les autres fois passeront.

- Je dois comprendre que vous me donnez votre accord ?

- Ne me le faites pas répéter !

- Merci.

Jamais Daevlyn n’aurait cru qu’un jour, il remercierait cette femme odieuse.

Soulagé, ils continuèrent à parler de choses et d’autres, ainsi que des modalités et des conditions de cette journée. Lorsque cette discussion et son petit déjeuner furent terminés, il s’aperçut qu’Asiel était déjà partit et décida d’aller préparer ses affaires avant d’aller le chercher à l’unique endroit où il devait se trouver.

Une fois prêt, il passa rapidement voir comment allait sa monture, avant de se rendre à l’écurie pour aller chercher son amant.

A peine Asiel l’eut il aperçut que Daevlyn vit se dépeindre sur ses lèvres un magnifique sourire. Après un caresse au poulain, il sortit du box pour rejoindre son amant. Une fois face à lui, il déposa un rapide baiser papillon sur ses lèvres. Il s’écarta alors de Daevlyn et plongea son regard pénétrant dans les émeraudes pétillantes de joie de l’adulte.

Avant qu’il n’ait le temps de lui demander la raison qui le rendait si joyeux, Daevlyn posa son index sur ses lèvres et murmura :

- Viens…

Semblant être perplexe, Asiel ne réagit pas immédiatement, et Daevlyn en profita pour glisser ses doigts dans les siens avant de l’entraîner doucement à sa suite. En temps normal, Daevlyn aurait pû être heureux de sortir de cet endroit un instant avec Asiel, endroit qui pourtant était le seul lieu où il se sentait chez lui. Quitter l’oppression de la directrice, quitter le regard des autres, et pouvoir être seul avec son amant, tout cela aurait dû le rendre heureux, mais ce n’était pas le cas. Le lieu où ils se rendaient, ce qu’il allait devoir affronter faisait naître au plus profond de lui un malaise inégalable. Sans la présence d’Asiel il n’aurait même pas eut la force d’aller jusqu’à sa voiture.

Asiel resta silencieux quelques secondes, mais lorsqu’ils arrivèrent près de la voiture de Daevlyn, sa curiosité sembla prendre le dessus :

- Qu’est ce que cela signifie Daevlyn ?

- J’ai l’autorisation de la directrice pour t’emmener avec moi… A moins que tu n’ai changé d’avis entre temps… demanda le moniteur d’une voix qui cachait mal sa crainte et son angoisse.

- Oh… murmura l’adolescent.

Daevlyn ne pû cacher la crainte d’un rejet. En effet il était tout à fait probable que l’adolescent ai changé d’avis, ne voulant pas s’encombrer des problèmes de l’adulte. Après tout, il ne lui devait rien.

L’adolescent sembla s’en apercevoir, car il ajouta d’une voix rassurante :

- Non, je n’ai pas changé d’avis Daevlyn… Je tiens toujours mes paroles. C’est juste que j’ai été surpris que la directrice nous donne son accord…

Daevlyn lui adressa un petit sourire empli de soulagement, et Asiel y répondit comme pour le rassurer et lui montrer qu’il était là. Le cœur de Daevlyn s’en sentit apaisé et se remis à trouver un rythme plus normal. Ils prirent place dans la voiture et c’est avec joie et soulagement qu’il quittèrent momentanément cet endroit lourd en émotions et chargés de souvenirs tous plus angoissants les uns que les autres.

Seulement, le lieu où ils se rendaient, était pour Daevlyn encore pire et il avait beaucoup de mal à cacher les tremblements qui le parcouraient de l’intérieur. Devoir affronter de nouveau son père, cet homme qui savait et dire adieu à une femme qu’il n’avait que trop peu connu. Revoir le lieu où son défunt frère était et surtout, avoir à faire à toute sa famille le terrifiait. Étaient-ils au courant ? Qu’allaient-ils dire à son sujet, et surtout aurait-il la force de ne pas s’effondrer à la moindre remarque ?

Ils roulèrent pendant quelques heures dans un silence religieux. Daevlyn concentré sur la route et Asiel contemplant le paysage qui défilait sous ses yeux. Aucun des deux ne ressentait l’envie ou le besoin de rompre le silence. Ils étaient enfin seuls tous les deux, sans personne sur leur dos pour les surveiller ou leur faire une quelconque réflexion. La main d’Asiel posée sur sa cuisse, rassurait un peu plus Daevlyn, profitant de ce contact interdit, loin des regards désapprobateurs et impudiques des gens.

Sans l’angoisse de ce qu’il allait devoir vivre, Daevlyn se serait senti serein et paisible, profitant de la présence bienveillante d’Asiel à ses côtés. Celui-ci finit d’ailleurs par s’endormir, la tête calée contre la vitre. Un sourire attendrit vint illuminer le visage de Daevlyn à la vue de ce spectacle.

Deux heures plus tard, Daevlyn se garait devant le mur d’enceinte du cimetière. Il coupa le contact et souffla un grand coup. Puis il se pencha vers Asiel, l’embrassa furtivement et tenta de le réveiller :

- Asiel, on est arrivé…

L’adolescent papillonna des yeux afin de s’acclimater à la lumière vive des rayons du soleil de cette chaude matinée de début d’août avant de se relever lentement. Il bailla longuement et se tourna vers Daevlyn qui lui souriait tendrement. Asiel lui rendit son sourire et prit possession de ses lèvres en un baise doux et tendre : un baiser plus que bénéfique pour le moral de l’adulte.

Après leur baiser, Daevlyn déclara :

- Nous y allons ?

Asiel ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête en guise d’approbation. Daevlyn s’était surprit à espérer que celui-ci lui dise non. En réalité, plus les secondes défilaient, plus Daevlyn avait envie de se défiler lui même. Rien que le fait de sortir de la voiture fit augmenter en flèche le mal-être de l’adulte, et Asiel semblant s’en apercevoir, s’approcha de lui et lui prit la main. Il entrelaça ses doigts aux siens et après avoir déposé un furtif baiser sur ses lèvres, il murmura un faible “courage” au creux de son oreille.

C’est ainsi, que main dans la main, il entrèrent dans le cimetière.

Chaque inspiration était prise avec une grande difficulté. Ses entrailles se nouaient et se tordaient, jamais il ne s’était senti aussi angoissé et oppressé. on mal-être augmenta considérablement, lorsqu’il aperçut un des premiers membres de sa famille. Il ne les avait pas vu depuis tant d’années, que la vieillesse de certains les rendait presque méconnaissables. La dernière fois où ils s’étaient tous réunis remontait à l’enterrement de Asiel, son défunt frère. Il se souvenait du regard de reproche qu’on lui lançait, lui seul rappelant toujours à leurs yeux son double disparut.

Tous se trouvaient bien où Daevlyn l’avait imaginé : un attroupement de personne se tenait au milieu de l’allée.

Daevlyn eut soudain envie de vomir. Ce n’est qu’à ce moment là précisément, qu’il réalisa : sa mère n’était plus. Tous les regards convergèrent dans leur direction, certains semblant faire un blocage sur leurs mains liées. Les murmures, les critiques allaient bon train, mais Daevlyn n’en avait même plus conscience. Enfermé dans la douleur d’avoir perdu la personne qui l’avait mise au monde… Il n’avait même pas pu lui dire au revoir… Il n’avait même pas pu lui parler. Il n’avait même pas pu…

Daevlyn hésita à continuer d’avancer. Méritait-il sa place ici, au sein de sa “famille” ? Etait-ce encore sa famille ? Faisait il partit de ce groupe auquel il ne ressentait aucune attache ? Asiel dû sentir que l’adulte avait du mal à continuer, car il raffermit sa prise autour de sa main. Daevlyn comprit. Même s’il se sentait seul au milieu de gens devenus maintenant de parfaits inconnus, il ne l’était pas. Asiel était là pour lui, il était là pour le protéger.

Ils s’arrêtèrent à quelques pas du groupe et attendirent patiemment et en silence le début de la cérémonie. Daevlyn n’écouta même pas et ne chercha même pas à comprendre les mots prononcés. Sa mère les avait quitter pour de vrai. Avant… Avant il savait qu’elle était en vie, et même si celle-ci refusait de le voir, elle était vivante. Maintenant, jamais il n’aurait l’occasion de lui parler. Jamais elle ne pourrait lui pardonner. Elle était morte en ayant voulu lui parler et cette possibilité lui avait était arrachée. Était-il maudit pour avoir une telle vie ?

A la fin de la cérémonie, Asiel lâcha la main de Daevlyn et recula de quelques pas sous le regard étonné de l’adulte. Asiel fixa un point devant lui et intrigué Daevlyn en fit de même. Il comprit le souhait de l’adolescent en lui lançant un regard emplie de reconnaissance. Asiel était vraiment là, et il l’empêchait de tomber. Il se dirigea alors vers la tombe de sa mère.

C’est à ce moment là qu’un seul souvenir lui remonta à la mémoire, effaçant tous les autres, s’imposant à lui. Les quelques mots qu’avait prononcés sa mère et qu’il avait toujours cherché à oublier à jamais. Ces quelques mots qui l’avaient brisé. Sous le poids de ceux-ci qu’il avait toujours préféré oublier il s’effondra à genoux. « J’aurais préféré que tu sois à sa place ! Je voudrais tant le prendre dans mes bras ! Je te hais pour ne pas l’avoir sauvé »

C’était le dernier échange qu’ils avaient eux. Daevlyn se prit le visage dans les mains, voulant masquer sa peine et la douleur qui déchiraient ses traits. Pourquoi ? Pourquoi c’était ce souvenir de leur dernier échange et pas la vie d’avant la mort de son frère qui revenait à la surface ? Pourquoi cette rancœur ?

Elle était finalement partit, le serrer dans ses bras éternellement. S’était-elle repentit juste avant de mourir pour l’avoir demandé ? Où voulait elle contempler le visage que son frère aurait pu avoir ?

Daevlyn préféra lui dire adieu et s’éloigna de cette tombe, où les pensées devenaient de plus en plus néfastes et où il se sentait sombrer de nouveau.

Il revint vers le seul homme capable de le soutenir et de l’aider, il revint vers son présent, s’arrachant au passé dans lequel il retombait. Une larme roulait silencieusement sur sa joue. L’adolescent s’approcha de lui, et du pouce, il l’effaça tendrement avant de l’embrasser de façon à lui transmettre tout son soutien, son courage et son amour auquel Daevlyn ne resta pas indifférent.

Durant ces quelques seconde, tout comme Asiel, Daevlyn oublia tout. Le cimetière, l’enterrement, le regard des autres, tout… Tout avait disparut…. Lorsque leurs lèvres se quittèrent et qu’il revinrent à la réalité, les commentaires blessants fusèrent à leurs oreilles.

Au moins pensa Daevlyn, cette fois-ci, ce n’était pas pour lui reprocher d’avoir tué son frère. Et c’est ce qui lui permit de se pas être touché trop profondément. Asiel raffermi sa prise sur la main de Daevlyn et celui-ci s’en sentit grandement apaisé.

Mais alors même qu’ils s’éloignaient de quelques pas, la voix de l’homme qui l’avait renié s’éleva dans son dos, une voix glaciale, emplie de dégoût :

- C’est le gamin qu’il baisait quand je suis allé lui annoncer la mort de sa mère ! Comment ose-t-il se montrer avec lui en ce lieu ? N’a-t-il donc aucun respect ? Ma pauvre femme doit se retourner dans sa tombe à le voir s’exhiber en public de cette manière…

Cette fois-ci, Daevlyn sentit que ça en fut trop pour Asiel qui s’arrêta subitement. Son regard flamboyant dans lequel dansait une lueur de rage et de haine à l’état pure, disparut le temps d’un battement de paupière et d’une lenteur toute calculée, il se retourna, ignorant les supplications de Daevlyn qui craignait beaucoup pour la suite.

Asiel s’arracha à l’étreinte de Daevlyn qui tenait désespérément de le retenir et d’un pas rageur, il se dirigea vers le père de son amant.

- Ça suffit  hurla Asiel. Je vous interdit de dire ce genre de chose est-ce clair ? D’où prenez-vous le droit de juger Daevlyn sur des faits dont vous ne savez strictement rien ? Vous ne savez pas qui je suis ni les liens qui m’unissent à Daevlyn.  Vous vous lamentez sur le sort de votre femme mais ne savez absolument pas ce qu’elle en pense ! Si Daevlyn est là aujourd’hui c’est parce que c’était la dernière volonté de votre épouse  N’oubliez jamais ceci ! Vous pouvez garder vos remarques et vos critiques pour vous car, si elles ont un jour touché et blessé Daevlyn, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Alors si tout ce que vous avez à lui dire n’est qu’insultes, je vous prie de vous abstenir. Il n’a pas besoin de cela et se porte beaucoup mieux quand vous êtes loin de lui !

Asiel venait d’accomplir totalement son rôle. Il avait dit qu’il protégerait Daevlyn et c’est ce qu’il venait de faire. Si Asiel n’avait rien dit, s’il n’avait pas argumenté contre son père, Daevlyn aurait était profondément blessé par ceux-ci, sans jamais se l’avouer vraiment. En prenant sa défense, Daevlyn se sentait soudain plus fort. Asiel laissa le père de Daevlyn comme un con, seul au milieu de l’allée et s’empressa de rejoindre son amant, un sourire heureux illuminant son regard. Il attrapa la main de Daevlyn, l’embrassa furtivement et ensemble, ils quittèrent le cimetière. Ils n’avaient plus aucune raison de rester là. Le plongé dans son passé ne s’était pas trop mal passé et Daevlyn s’en sentait soulagé. Asiel venait de faire pour lui, plus qu’il n’aurait pu l’espérer. Il lui devait tellement. Daevlyn avait l’impression de ne faire que recevoir de la part de Asiel et de ne jamais rien lui apporter.

Une fois à l’abris des regards indiscrets, ne souhaitant pas non plus provoquer plus que nécessaire, Daevlyn se pencha vers son jeune amant et ravi un nouvelle fois ses lèvres en un doux baiser synonyme de remerciements qu’il n’arrivait pas à formuler d’une autre manière.

Le trajet du retour se fit dans le calme et la bonne humeur, Daevlyn voulant oublier au plus vite l’épreuve qu’il avait traversé. Lorsqu’ils arrivèrent au ranch, il était déjà très tard. Ils firent un saut aux cuisines pour aller chercher le biberon d’Amaranth et tandis qu’Asiel le préparait, Daevlyn leur préparait un sandwich à chacun. Ensemble, ils allèrent nourrir le poulain, puis, avisant l’heure tardive, ils se rendirent aux dortoirs.

A regrets, ils se séparèrent sur le pas de leur porte respective et après un ultime baiser pour se souhaiter une bonne nuit, ils entrèrent chacun dans leur chambre.

A peine Daevlyn fut-il rentré dans sa chambre, qu’il sentit qu’ils ne pouvaient pas se quitter ainsi. Il avait ce sentiment étrange de n’avoir pas agit comme il l’aurait dû, d’avoir agit de manière incomplète. Il voulait qu’Asiel sache l’importance de ce qu’il avait fait pour lui, il voulait lui dire de vive voix. C’est pourquoi, à peine fut-il entré dans sa chambre qu’il était déjà dans le couloir en train de frapper à la porte de son amant. N’entendant aucune réponse, il ouvrit lentement la porte, et vit Asiel le MP3 sur les oreilles sursauter en s’apercevant de sa présence. Cependant, lorsqu’il aperçut l’adulte, sa peur semblant s’envoler et il lui adressa un sourire radieux tout en éteignant sa musique.

Mais l’adulte ne répondit pas à son sourire. Soudain, il ne savait plus vraiment comment le lui dire, et surtout comme Asiel allait le prendre. Quels mots allait-il devoir choisir ? Trouverait-il les mots justes ? Perdu dans ses pensées, il abordait maintenant un air grave. Asiel sembla s’en inquiéter, mais Daevlyn ne lui laissa pas le temps de le faire plus et il commença :

- Tu sais Asiel put tout à l’heure…

Mais avant qu’il n’ait le temps de dire un mot de plus, Asiel lui coupa la parole et s’exclama d’un air désolé :

- Je suis désolé Daevlyn, c’est vrai je n’aurais pas dû parler à ton père de cette façon, je…

- Je ne suis pas là pour te faire une quelconque réflexion sur tes agissements Asiel. En fait je… C’est moi qui tiens à te remercier pour ce que tu as fait. Je… Tu m’as aidé à relever la tête et à vivre de nouveau. Je voulais que tu le saches, je t’aime Asiel…

Tout était dit. Daevlyn avait fait au mieux. Il lui avait dit la chose qui semblait comptait énormément pour Asiel. Il voulait qu’il sache. Un long silence suivit cette déclaration à laquelle Asiel ne semblait pas s’attendre. Il prenait le temps de digérer l’information reçue et Daevlyn appréhendait malgré tout sa réaction.

Cette réaction était pire que tout. Asiel avait baissé la tête et il semblait prit d’un profond malaise. Ce silence était intenable et surtout ce manque de réaction non habituel de la part de son amant le rendait doublement mal à l’aise.

Soudain, un cri déchirant retentit aux oreilles de Daevlyn qui sursauta violemment, ne comprenant pas les raison de celui-ci.

Puis, alors qu’il s’approchait pour prendre l’adolescent dans ses bras, deux améthystes brillantes de larmes lui firent face. A cette vue, Daevlyn stoppa immédiatement tout mouvement, comme hypnotisé par le regard douloureux que Raphaël posait sur lui. Jamais il n’avait vu autant de peine et de douleur s’y refléter. Il avait volontairement omit le sujet de Raphaël avec Asiel, mais n’aurait jamais imaginer que celui-ci souffre autant. Il se sentait coupable, coupable de l’avoir abandonné, coupable de n’avoir était là.

Avant que Daevlyn n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Raphaël prit la parole, d’un ton accusateur mais qui reflétait malgré tout un profond désespoir et une rancœur sans limites :

- Salaud  Tu n’es qu’un salaud ! Je te déteste, et lui aussi ! Tu t’es bien foutu de ma gueule ! Et dire que moi, en parfait petit con que j’ai été je t’ai cru ! J’ai cru à tes paroles tendres et à tes mots d’amour, j’arrive pas à croire que j’ai été aussi naïf ! J’aurais pourtant dû me douter que tu étais comme “lui” ! Tu cherchais la même chose que “lui” en réalité ! Tu ne vaut pas mieux ! Et moi qui croyais réellement que tu m’aimais ! Je ne comprend pas la raison que tu as eut de jouer avec moi ainsi ! Tu aurait très bien pu prendre ce que tu voulais, comme “lui” le faisait, sans me faire miroiter le paradis entre tes bras ! Tu m’as fait revivre et à présent tu m’achèves de la pire des manières qu’il soit ! Je te hais, et je le hais lui aussi pour profiter de mon corps comme il le fait ! Je te hais ! Je te hais !

Daevlyn était littéralement choqué par les paroles de l’adolescent. Comment pouvait-il penser une chose pareille ? A bien y réfléchir, c’est vrai que Daevlyn s’était comporter de façon plus que douteuse. Avouer son amour pour Asiel dans le dos de Raphaël était la pire connerie qu’il puisse faire. Mais une telle réaction le sidérait.

Alors que l’adolescent commençait à devenir hystérique, ses cris retentissant dans la pièce, Daevlyn tenta de calmer Raphaël par des paroles apaisantes, mais face à la non réaction du jeune garçon qui ne l’entendait pas, l’inquiétude montant et ne connaissant qu’une seule manière pour le calmer, il le gifla violemment, regrettant d’avoir dû en arriver à cette extrémité.

Aussitôt, le silence se fit dans la chambre, alors que Raphaël regardait Daevlyn d’un air profondément choqué et blessé. Tout comme Daevlyn, jamais il n’aurait cru qu’un jour, Daevlyn puisse lever la main sur lui.

- Tu es calmé ? demanda alors l’adulte d’une voix calme.

Raphaël ne répondit rien, se contentant de le fusiller du regard, malgré les larmes qui perlaient aux coin de ses yeux, lui donnant un air beaucoup moins crédible. Daevlyn avait mal d’avoir fait cela à Raphaël, mais il n’avait pu faire autrement. Continuant à mitrailler son moniteur du regard, Raphaël déclara :

- Je te déteste !

- Je sais, tu me l’as déjà dit, mais avant j’aimerais que tu m’écoutes !

Même si c’était sur le coup de colère, entendre Raphaël lui dire cela, le blessait profondément, mais il n’en laissait rien paraître.

- Je ne veux rien savoir, et encore moins venant de ta part ! répondit l’adolescent, sourd aux tentatives d’approches de Daevlyn.

Ignorant les paroles de l’adolescent, Daevlyn poursuivit :

- Te souviens tu ce que tu m’as dit le jour où tu m’as dévoilé comment était apparu Asiel ?

Raphaël restait sourd aux questions que lui posait son moniteur, et se foutait complètement de ce qu’il racontait, ce qui commença à agacé l’adulte.

- Réponds-moi ! s’exclama alors Daevlyn en haussant le ton, énervé par l’attitude puérile de Raphaël.

Alors que l’adolescent ne répondait toujours pas, Daevlyn ajouta d’une voix plus calme mais néanmoins toujours aussi autoritaire :

- Ne m’oblige pas à me mettre en colère Raphaël !

- Oui ! cria Raphaël, lui aussi énervé par les questions que lui posait Daevlyn ! Je m’en souviens parfaitement, je suis pas complètement sénile non plus !

- Qu’est ce que tu m’as répondu ?

- C’est toi le vieux sénile apparemment ! râla Raphaël. Si tu t’en souviens pas je vais te le redire et cette fois-ci imprime le bien parce que je ne me répéterais pas une troisième fois ! Je t’ai dis qu’Asiel était apparut parce que je l’avais appelé !

Daevlyn s’agenouilla face à l’adolescent qui s’était assit sur le lit. Tout était clair pour lui, mais ça ne l’était pas pour Raphaël. Il allait lui expliquer le plus clairement possible  et déclara d’une voix calme, presque tendre :

- Raphaël, tu le sais mieux que moi-même, mais lorsque ton père te faisait subir tout ça, ton âme s’est scindée en deux partie. L’une c’est toi, avec tes peur et tes faiblesses, et l’autre c’est Asiel, avec ton courage, ton insolence et parfois même ta méchanceté. Vous n’êtes qu’une seule et même personne Raphaël. Je t’aime pour ce que tu es toi, et déclarer mon amour à Asiel c’est ma façon de t’accepter tel que tu es, avec tes qualités et tes défauts. Accepter mon amour pour Asiel, c’est t’accepter en entier, tel que tu étais et tel que tu seras lorsque vous ne ferez de nouveau plus qu’une seule et même âme.

Au fur et à mesure que Daevlyn parlait, Raphaël pleurait de plus en plus. Il se sentait tellement impuissant fasse à la détresse de l’adolescent. Daevlyn tenta d’approcher la main de son Raphaël dans le but de l’attirer vers lui afin de le consoler. Depuis son retour, il réfrénait une envie de le prendre dans les bras, de le couvrir de mille baisers pour tenter d’être pardonner. C’est un élan de tendresse et d’amour qui guida son geste, mais il ne fut apparemment pas comprit pas Raphaël qui semblait malgré ses paroles ne pas lui avoir pardonné. Un simple baiser ne clôturerait pas cette dispute et le cœur de Raphaël était encore profondément blessé. C’est un violent rejet de la part de Raphaël qui suivit le geste de Daevlyn, suivit de paroles empruntes de colère et de peine :

- Après tout, c’est normal que tu sois amoureux de Asiel, puisqu’il porte le même nom que ton frère et qu’il lui ressemble ! Ton père avait finalement raison !

Daevlyn inspira profondément. Lorsque Raphaël le voulait il pouvait se montrer cruel. Il avait prit soin de choisir un sujet douloureux. Une colère froide l’envahi, masquant sa peine. Il se redressa, toisant Raphaël de toute sa hauteur. Il lui lança un regard accusateur, empli de mépris. D’une voix qui trahie pourtant sa peine, il déclara :

- Je n’ai plus rien à te dire.

Daevlyn lui tourna le dos et sortit de la chambre, profondément blessé par celui qu’il aimait plus que sa propre vie. A peine fut-il rentré dans sa chambre qu’il avait l’impression de suffoquer. Pourquoi Raphaël ne comprenait-il pas ? Tout cela en était tellement douloureux qu’après quelques minutes d’apitoiement sur lui même, il décida de sortir voir le seul être qui jamais ne l’avait blessé.

Doucement, il sortit de sa chambre et à pas de loup, il sortit à l’extérieur. Après une profonde inspiration, il se rendit dans les écuries et après une petite caresse à Amaranth, il attrapa un licol et se rendit dans le près des chevaux. Il siffla deux fois, se dirigeant  à l’endroit où le troupeau avait l’habitude de se rendre et entendit bientôt le hennissement si particulier de sa monture lui répondre. Mutuellement, ils allèrent l’un à la rencontre de l’autre.

Lorsque tout deux arrivèrent à un distance minime l’un de l’autre, Daevlyn avança un peu sa main et attendit que Waterfalls fasse les derniers pas restant. Lorsque le contact se fit, Daevlyn ne tarda pas enfouir un peu son visage dans l’encolure puissante de son cheval, se faisant une fois de plus consoler par lui. Il resta ainsi pendant de longues minutes. Pas un seul instant Waterfalls ne chercha à s’enlever de l’étreinte de Daevlyn. Lorsque Daevlyn s’en sentit capable, il s’écarta et lentement, il lui enfila le licol.

Au moment où il allait monter sur Waterfalls, il vit que celui-ci fixait un point précis depuis un moment. Intrigué il regarda dans la même direction et sursauta en voyant que Raphaël se tenait à quelques mettre d’eux. N’ayant aucune envie de parler, il lui tourna le dos et sauta lestement sur son cheval. Puis, il s’approcha de lui. Raphaël recula un peu. Daevlyn s’arrêta et lui tendit la main, l’invitant tout simplement à prendre place à ses côtés. Un petit sourire étira le coin des lèvres de l’adolescent qui hésita finit par s’approcher, lui tendant aussi la main. Daevlyn la saisit et l’attira puissamment vers lui, lui faisant prendre place devant lui. Il l’entoura de ses bras rassurant et profita du contact qu’il avait ainsi avec Raphaël. D’une simple pression de jambe, Waterfalls se mit en route dans la nuit, seulement éclairée  par la pleine lune…

Le pas de Waterfalls les forçait à se coller un peu plus l’un à l’autre. Daevlyn ne donnait aucune indication de direction à sa monture, sachant parfaitement où celle-ci allait se rendre. En silence, durant de longues minutes, ils marchèrent au pas jusqu’à ce fameux champ. A quelques dizaines de mètres de celui-ci, Daevlyn sentit Waterfalls s’agiter un peu, sachant parfaitement ce qu’il allait pourvoir faire. Il resserra un peu sa prise sur Raphaël et ils se placèrent face au champ. Raphaël eut à peine le temps de se cramponner au crins que Waterfalls s’était déjà élancé dans un galop ample et rapide. Le vent soufflait sur leur visage et heureux ils approchaient ce sentiment si particulier, cette liberté que leur faisait partager Waterfalls.

Cette folle sensation d’avoir l’impression de voler et de quitter le lourd poids de l’apesanteur, laissant un instant de côté leurs problèmes. Tous les trois avait l’impression de quitter ce monde empli de soucis, de ressentiments et de souffrance. Seulement, ce sentiment d’extase avait une fin, et celle-ci fut à la lisière de la forêt. En silence une fois encore, ils firent demi-tour en prenant un sentier par les bois. Collé l’un contre l’autre, ils écoutaient les bruits de la nuit et celui du souffle de Waterfalls et de ses sabots se posant un à un sur le sol.

Trop rapidement au goût de Daevlyn ils furent de retour au ranch. Raphaël et Daevlyn descendirent de Waterfalls, et après plusieurs caresses, ils le détachèrent le regardant s’éloigner et rejoindre les autres.

Toujours en silence, ils retournèrent devant leur chambre, parcourant le dortoir côte à côte. Arrivés devant leur chambre, Daevlyn fit face à Raphaël. Instinctivement, il se pencha au dessus de lui, perdu dans son regard améthyste. Leurs yeux se fermèrent tout naturellement et leurs lèvres se touchèrent en un doux et tendre baiser.

Au fur et à mesure, Daevlyn sentit les mains de Raphaël se poser sur lui et devenir de plus en plus baladeuses. Ne voulant en aucun cas aller plus loin, ayant encore beaucoup de choses à se pardonner mutuellement, Daevlyn s’écarta alors un peu de Raphaël, s’arrachant à son éteinte à contre cœur. Raphaël parut ne pas comprendre un tel comportement de la part de son moniteur, et lui lança alors un regard blessé.

C’est à ce moment là que Daevlyn rompis le silence harmonieux qui jusqu’alors avait perduré entre eux et déclara :

- Trop de choses restent encore impardonnées. Je suis désolé Raphaël.

Il déposa furtivement ses lèvres sur les siennes et le laissa seul dans le couloir, regagnant sa chambre.

En effet, même si ce moment silencieux avait était intense entre eux, Daevlyn ne pouvait s’empêcher d’en vouloir encore à Raphaël pour sa dernière phrase. Et ce qu’il supportait encore moins, c’était la rancœur qu’il pouvait encore lire dans les yeux de l’adolescent. Cet air de suspicion vis à vis des sentiments de l’adulte, lui serrait le cœur.

Il espéra que Raphaël comprendrait et qu’il ne lui en voudrait pas plus encore. Après une douche très rapide, Daevlyn alla se mettre au lit. Mais il ne parvint pas à trouver le sommeil immédiatement. En effet, trop de pensées venaient embrouiller son esprit, l’empêchant de faire table rase pour s’assoupir. Cette nuit-là, allait être comme beaucoup  d’autres, une nuit éveillée.

Alors qu’il était perdu dans ses pensées, il entendit soudain la porte s’entrouvrir. Se doutant de l’identité de l’intrus, et ne sachant pas vraiment comment réagir, il ferma les yeux, feignant un sommeil profond. Il entendit l’adolescent s’approcher de lui, et sa respiration entrecoupée prouvait qu’il était en train de pleurer. Il sentit le lit s’affaiser légèrement, et comprit que Raphaël venait de s’y asseoir. Il ne sut vraiment pourquoi, mais il continua à faire semblant de dormir. Bien qu’il souffre de sentir l’état lamentable de Raphaël, il ne parvenait pas à faire le premier pas. Il sentit alors un petit corps chaud se glisser sous les draps et entendit Raphaël dire au milieu de ses pleurs qui étaient maintenant devenus plus bruyants :

- Pardonnes-moi Daevlyn… Je… J’ai besoin de toi, pardonnes-moi… Je suis désolé…

Daevlyn ne tint pas une minute de plus, ses yeux s’ouvrirent et dans un élan de tendresse, il enlaça Raphaël de ses bras protecteurs et déposa un baiser sur son front, murmurant des paroles de réconfort :

- Je suis là Raphaël, je serais toujours là, calme toi… là…

Ses derniers mots furent : « Je t’aime ».

Il n’ajouta volontairement pas de nom derrière. L’homme qu’il aimait ne portait aucun nom pour le définir entièrement. Il aimait à la fois Raphaël et à la fois Asiel, et ne pouvait dès lors plus se contenter de dire l’un ou l’autre.

Après un long moment, Raphaël parvint à se calmer. Une petite voix naïve s’éleva alors dans le silence de la pièce :

- Je peux… je peux rester ici pour cette nuit ? Avec toi…

Pour toute réponse, Daevlyn resserra son étreinte autour de Raphaël et déposa un dernier baiser sur son front, avant de chuchoter :

- Tu n’as pas à me demander ce genre de chose… Bonne nuit mon ange.

- Bonne nuit Daevlyn.

Et c’est ainsi que, collé l’un contre l’autre, ils s’endormirent pansant leur blessures mutuelles par la simple présence de l’autre.

A l’aube tous deux se réveillèrent en même temps, plongeant chacun dans le regard de l’autre. Après de brèves tendresses matinales échangées, Raphaël alla rejoindre sa chambre et Daevlyn accomplit son rituel quotidien avant de se rendre au réfectoire avec Raphaël. Ils se séparèrent au tout dernier moment, avant de se rendre chacun à leur table.

Malheureusement, seule la directrice se trouvait à la table de Daevlyn et l’adulte soupira intérieurement. Il allait devoir engager et maintenir la conversation seul avec elle.

Après les première politesse échangées, elle lui demanda comment c’était passé la veille.

- Ca s’est passé, répondit tout simplement Daevlyn.

La directrice n’aborda plus ce sujet, et plongeant sa tartine dans son bol de café, elle laissa un silence s’installer. Daevlyn porta alors son attention sur son propre petit déjeuner et sentit après quelques minutes un regard posé sur lui.

Il redressa la tête et vit la directrice le fixait avec un sourire en coin.

- Je trouve que vous vous êtes très vite réconcilié avec Raphaël. Vous rentrez avec lui dans le réfectoire comme si de rien n’était.

- Oui, nous avons réglé le problème.

- Ah oui, je serais curieuse de savoir comment. Même si je m’en doute…

- Que sous-entendez vous ? demanda alors Daevlyn agacé de la tournure que prenait la conversation.

- La réconciliation s’est-elle faite entre les draps ?

Daevlyn choqué par de tels propos ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de digérer l’information. Puis il rétorqua, tentant de ne pas se laisser déstabilisé entièrement :

- Excusez moi, mais je n’aime pas du tout la tournure de vos propos qui deviennent plus qu’hasardeux… Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, vous m’avez coupé l’appétit.

Daevlyn se leva, sous le regard offusqué de la directrice et inquiet de Raphaël, et se dirigea jusqu’aux écuries d’un pas vif.

Il n’était vraiment pas d’humeur à la supporter, et avait assez de problèmes comme cela pour venir ajouter les doutes de la directrices à leur sujet. Il s’arrêta devant le box d’Amaranth et s’assit à même le sol dos au mur, attendant Raphaël. Celui-ci mit un bon quart d’heure avant d’arriver un biberon à la main. Il sursauta lorsqu’il vit Daevlyn, ne s’attendant pas à le voir ici. Daevlyn se redressa, ayant subitement besoin d’avoir l’adolescent tout contre lui. Très vite, ils s’enlacèrent, profitant de la chaleur et du corps de l’autre. Après un doux baiser échangé, Raphaël demanda alors :

- Que s’est il passé avec la directrice tout à l’heure.

- Rien de bien intéressant.

Devant le regard interrogateur et limite boudeur de Raphaël, Daevlyn craqua et lui narra leur discussion. A la fin de celle-ci Raphaël sembla tout aussi agacé que son amant, et c’est dans un long et langoureux baiser qu’ils parvinrent à atteindre un minimum de calme.

Heureusement Daevlyn entendit des pas approcher, et quitta l’étreinte possessive qu’il exerçait sur son amant. Quoi de plus normal que ce soit la directrice, accompagnée de Steven qui vienne les interrompre et les agacer. Elle n’avait apparemment pas digéré le coup que lui avait fait Daevlyn ce matin à table et surtout mal apprécié le fait de se faire remballer.

- Je crois que vous avez oublié que vous aviez deux adolescents à charge. Mais vu les circonstances et votre état, je vous retire la garde de Steven. Je ne fais pas cela comme une faveur sachez le bien, je fais cela pour la qualité de notre établissement.

Daevlyn ne répondit pas à cette agressivité et aux attaques de la directrice. Il tira seulement ce qui était positif dans son monologue : il allait de nouveau pouvoir être seul avec Raphaël. Mais apparemment, la directrice n’en avait pas finit avec eux, car elle porta dès lors toute son attention sur l’adolescent et lui demanda de la suivre dans son bureau. Lorsque Daevlyn tenta de s’interposer, elle dit que cela ne le concernait pas. N’ayant aucun pouvoir d’autorité sur elle, il ne put qu’attendre patiemment le retour de Raphaël qui lui lança en partant à la suite de la directrice un regard légèrement apeuré et inquiet.

Resté seul dans l’écurie, Daevlyn préféra en sortir et commença à aller chercher les chevaux. Il en profita même pour apporter un dernier soin à la patte de Diamond Dust qui avait presque parfaitement guérit depuis sa prise de longue.

Lorsqu’il vit Raphaël revenir de loin, il sentit que quelque chose n’allait pas et rien que sa mine affreuse lorsqu’il fit à ses côtés le lui confirma.

- Qu’est ce que… commença par demander Daevlyn.

Mais à peine eut-il prononcé ces quelques mots que Raphaël changea de conversation passant sa manche sur ses yeux où des larmes avaient récemment coulées :

- Que fait-on aujourd’hui ?

Daevlyn y répondit par une question, ne le laissant pas changer de sujet aussi facilement :

- Qu’est ce qu’elle t’a fait ?

- Elle ne m’a rien fait, et je n’ai pas envie d’en parler maintenant Daevlyn. Répondit assez sèchement Raphaël.

- Très bien, déclara Daevlyn légèrement vexé, mais toujours terriblement inquiet.

La journée se passa très difficilement. Plusieurs fois Daevlyn tenta d’aborder le sujet de l’entrevue que Raphaël avait eu avec la directrice, mais à chaque fois Raphaël refusa d’en parler. Plus le temps avançait, plus Raphaël se repliait sur lui même. L’ambiance entre les deux amants devenait étouffante.

Ils répétèrent les mêmes choses, tel un rituel, ne changeant rien à leur quotidien. Peut être que cette fois-ci, tout était bien plus silencieux.

Avant de se séparer sur le pas de leur chambre respective, Daevlyn lui demanda une dernière fois :

- Tu es sûr que tu ne veux rien me dire ?

Raphaël commençait à avoir les larmes aux yeux, mais pourtant, il fit non de la tête. Daevlyn commençait à être exaspéré de ce comportement et fut soudain très froid :

- Dans ce cas, bonne nuit.

Sa voix cachait mal le fait qu’il était blessé. Il tourna le dos à Raphaël et entra dans sa chambre, fermant sa porte derrière lui. Que diable avait-elle pu bien lui dire ?

Alors qu’il se dirigeait vers sa salle de bain, il entendit la porte de la chambre s’ouvrir et se refermer brusquement. Il eut à peine le temps de se retourner qu’il fut percuté par Raphaël de plein fouet se jetant dans ses bras en sanglots.

Dans l’incompréhension la plus totale, Daevlyn passa sa mains dans les doux cheveux longs de son amant. Tentant vainement de le calmer, il lui chuchotait des paroles rassurantes et déposait de petits baisers dans ses cheveux. Il attendit que celui-ci se calme pour qu’il lui révèle l’origine de son mal-être : ce que la directrice lui avait dit ce matin.

Il détestait le fait d’être impuissant par rapport à la détresse de Raphaël, et haïssait encore plus le fait de l’avoir en train de pleurer dans ses bras sans connaître la raison de son malheur.

Soudain, la tête toujours enfouie dans la chemise de son amant, Raphaël se mit enfin à parler d’une voix plaintive :

- J’ai… Je m’en vais dans deux jours chez ma tante pour une semaine. Je ne veux pas. Je ne veux pas être loin de toi. J’ai trop besoin de toi Daevlyn.

Daevlyn l’écoutait interdit. Que venait de lui dire Raphaël ? Être séparé de lui ? Même une semaine cela semblait impensable ! Comment allait-il faire ? Comment allait-il vivre ? La seule chose à laquelle Daevlyn pensa était qu’il ne devait pas trop montrer son malaise à Raphaël, et tenter au mieux de se montrer fort pour deux, afin de le rassurer…

Cela pouvait paraître idiot d’un point de vu extérieur de ne pas supporter d’être séparé même une petite semaine de l’homme qu’on aimait, mais pour Daevlyn et Raphaël, totalement dépendant l’un de l’autre, c’était impensable, invivable, tout simplement impossible.

Mourir pour revivre - Chapitre 41

17 octobre 2012

Chapitre 41 écrit par Shinigami
Aussitôt que son gémissement minable prit fin, Asiel se maudit intérieurement du non contrôle de sa voix. Lui qui voulait se montrer froid et distant face à Daevlyn n’arrivait même pas à paraître autoritaire face à son amant. Cependant, Asiel était déchiré entre l’envie de l’envoyer paître et celle de le prendre dans ses bras. Les larmes qui roulaient silencieusement sur les joues de l’adulte lui retournaient le coeur, pourtant, il ne pouvait passe permettre de lui pardonner aussi facilement. Pour Raphaël et lui-même, il n’en avait pas le droit. Il ne devait pas oublier que l’adulte venait de bafouer l’amour de Raphaël, et ça, il ne pouvait l’accepter. Même si cela était synonyme de souffrance pour lui, car partagé entre le désir d’aimer Daevlyn, et son rôle de protecteur envers l’adolescent.

Un profond dégoût animait le jeune garçon. Un dégoût envers cet homme qui lui faisait face, mais aussi un dégoût envers lui-même. Il se dégoûtait de ne pas arriver à détester l’adulte malgré toute la souffrance qu’il leur faisait endurer. Tout ce qui arrivait était de sa faute. Asiel aurait dû refermer la porte, le laisser là, seul avec sa souffrance, mais il en était incapable, et il haïssait son moniteur pour cela. Car c’était lui qui avait mi bas à ce mur de pierre qui entourait son coeur. Cette palissade qu’il s’était créer pour se protéger des personnes comme lui.

En son coeur, deux sentiments opposés se faisaient une guerre sans merci tandis que sa raison tentait vainement d’échapper à toute cette souffrance. Il l’aimait et le haïssait, autant qu’il s’aimait et se haïssait. Il n’avait qu’une envie, c’était, d’abandonner Daevlyn comme lui l’avait fait avec Raphaël. il voulait qu’il sache ce que l’on pouvait ressentir lorsque la personne que l’on aime nous trahit. Il voulait qu’il ait aussi mal que lui et que Raphaël. Plus que tout, son coeur lui dictait de venger l’amour bafoué de Raphaël, mais sa raison en décida autrement. Il ne pouvait pas laisser deux hommes périr de chagrin par l’insensibilité du père de Daevlyn. S’il faisait cela, cet homme abjecte aurait gagné, il aurait eut ce qu’il souhaitait, voir son fils mourir, et pour assouvir son désir de vengeance, il avait par la même occasion, brisé le coeur d’un innocent. Et ça, Asiel ne pouvait l’accepter. Que Daevlyn souffre, il pouvait encore, bien que cela lui brisait le coeur, mais voir Raphaël souffrir par la faute de cet homme, c’était au delà de ses forces. Il ne pouvait accepter un tel sacrifice…

Sans réellement prendre conscience de ce qu’il faisait, Asiel attrapa vivement le bras de Daevlyn et l’attira brusquement dans sa chambre. Asiel ferma brutalement la porte, ne souhaitant pas être surprit en compagnie de l’adulte et lui fit de nouveau face. Le regardant cette fois-ci, avec plus de détermination. Il avait prit ca décision. Maintenant que Daevlyn était là, il allait enfin pouvoir s’expliquer…

D’un simple mouvement du bras, Asiel plaqua Daevlyn contre le mur. Daevlyn ne semblait pas s’attendre à une telle violence de la part de l’adolescent car un petit cri de douleur s’échappa de ses lèvres entrouvertes. De son côté, Asiel aussi était étonné par la violence dont il avait fait preuve, et s’est en sentent la présence haineuse de Raphaël qu’il comprit. C’est la force mentale de la souffrance de l’adolescent qui avait guidé le geste d’Asiel.

Cependant bien qu’Asiel était un peu étonné de la violence de Raphaël, il ne s’en formalisa pas. Il comprenait parfaitement ce que pouvait ressentir l’adolescent et il le sentait perdu. De son côté, Raphaël ne comprenait pas non plus les pourquoi du presque pardon d’Asiel. il ne comprenait pas où voulait en venir son protecteur, ni pourquoi il ne faisait pas souffrir Daevlyn comme il se devait. N’avait-il pas conscience de ce que pouvait éprouver l’adolescent ? Avait-il décidé de lui pardonner contre son gré ? Face au trouble et à l’incompréhension qui habitait le jeune garçon, Asiel tenta tant bien que mal de lui faire comprendre son raisonnement.

Il retrouva aussitôt un air froid et impénétrable et le fixa. Daevlyn sembla s’en rendre compte car il releva la tête, croisant son regard. Plus Asiel regardait Daevlyn, plus il ne pouvait s’empêcher de le trouver minable. Où était donc passé cet homme fier et arrogant ? Qu’était devenu le Daevlyn qui osait parfois lui tenir tête ? Un élan de répulsion envers cet homme faible et soumis traversa alors ses prunelles onyx. Daevlyn pouvait très bien lire le dégoût dans ses yeux, Asiel ne le quitterait pas du regard, comme si cela lui permettait de lire en lui. Comme s’il pouvait, de cette manière, comprendre le pourquoi de la non réaction de Daevlyn lorsque Raphaël s’était ouvert au monde en le protégeant. Mais il ne trouva rien, l’adulte restait désespérément fermé à lui, comme s’il avait honte de ce que pourrait y trouver l’adolescent. Daevlyn avait-il honte de son comportement ? Qu’importe, pour Asiel cela ne changeait rien. Le mal était fait, et Daevlyn aurait beau ressentir toute la honte du monde, cela ne changerait en rien le point de vue de l’adolescent à son égard.

Asiel savait parfaitement la raison de la venue de Daevlyn… L’adulte avait espéré trouver dans ses bras, le réconfort dont il avait besoin. Seulement, Asiel n’était pas dupe. Si Daevlyn voulait avoir une chance de se faire pardonner, il faudrait alors qu’il ait une explication valable pour justifier ses actes. Sans cela, il pouvait toujours espérer, il n’obtiendrait rien de la par d’Asiel, et encore moins de Raphaël. Jamais Asiel n’avait ressentit autant de haine et d’animosité émaner de Raphaël. Toute once de compassion semblait s’être évaporée. L’amour se mêlait à la haine, deux sentiments opposés mais pourtant si complémentaires. D’un pas, on pouvait passer de l’un à l’autre sans aucune difficulté. Raphaël en était la preuve vivante. Il reflétait à merveilles ces deux sentiments qui s’emboîtaient, réincarnation charnelle au même titre que le yin et le yang.

Au regard apeuré que Daevlyn lui lançait, tentant d’échapper à l’emprise du regard hypnotique de l’adolescent, Asiel savait parfaitement que Daevlyn souffrait. Son indifférence et sa froideur le faisait souffrir, il le lisait dans ses yeux. Fier du résultat obtenu, Asiel ne le lâchait pas du regard, continuant ainsi à enfoncer l’adulte dans son mal-être. A cet instant, Asile jouissait du pouvoir qu’il détenait sur l’adulte. D’un simple regard, il pouvait le faire plier son moniteur à sa guise. Il avait le pouvoir, soit de l’enfonçant toujours un peu plus dans sa détresse, soit de lui donner une chance de relever la tête et de recommencer à vivre. Il avait entièrement conscience du calvaire que vivait Daevlyn à cet instant, et lui faisait vivre cela comme une sorte de vengeance personnelle vis-à-vis de Raphaël. Il prenait plaisir à voir cet être démuni de vie s’enfoncer toujours un peu plus dans la détresse et se replier sur soit même. Il voulait qu’il ressente ce que Raphaël ressentait.

Les larmes s’échappaient des yeux de l’adulte, et si elles atteignirent Asiel, il n’en laissa rien paraître. Daevlyn croyait-il réellement pouvoir attendrir l ‘adolescent par des larmes ? Pensait-il vraiment pouvoir se faire pardonner aussi facilement ? Il était aisé de pleurer pour montrer que l’on regrettait, bien plus aisé que d’agir au moment venu. Raphaël aussi pleurait… Lui-même était également capable de pleurer… C’était tellement simple… Asiel retenait avec difficulté une éprouvante envie de rire. Non pas qu’il trouvait la scène comique, mais ils semblaient tous deux si pathétique…

Retrouvant son sérieux, Asiel rompit le silence pesant qui s’était installé entre eux et déclara de sa voix glaciale :

- Qu’est ce que tu viens faire ici ? Je pensais pourtant avoir été assez clair. Ce n’est pas avec des larmes qui tu vas m’attendrir et encore moins effacer l’aversion que j’éprouve à ton égard. Tu n’imagines même pas ce que tu as fait. Nous te faisions confiance. Je te faisais confiance. Tu pouvais d’ailleurs te vanter jusqu’à cet après-midi d’avoir été le seul être au monde à qui j’accordais ma confiance.dulte, Asiel fut étonné lorsqu’un gémissement d’animal blessé s’échappa des lèvres entrouvertes de l’adulte :

- Aide moi, Asiel je sens que c’est la fin je…Je suis comme mort. Je…

Daevlyn n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’il vacilla et se serait effondré sur le sol si Asiel n’avait pas eut le réflexe de le retenir. Le contact entre son corps et celui de Daevlyn envoya une décharge électrique qui fit frissonner Asiel. Il avait l’impression que cela faisait des années entières qu’il n’avait tenu ce corps entre ses bras, qu’il n’avait pas respiré son odeur typiquement masculine. Il avait beau essayer, il n’arrivait pas à haïr suffisamment l’adulte pour lui en vouloir éternellement. Si bien, qu’il ne le lâcha pas, se contentant de le serrer dans ses bras aussi fort que ses forces le lui permettaient. Pourquoi Daevlyn craquait-il maintenant ? Asiel avait-il été trop dur dans ses propos ?

Il en avait parfaitement conscience, mais il n’avait pu faire autrement. Même encore à cet instant, alors qu’il tenait son moniteur tout contre son coeur, il ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir. Il le haïssait de ne pouvoir cesser de l’aimer. Il le haïssait de ne pouvoir se détacher de lui et de l’oublier. Tout cela était de sa faute. Il l’avait mystérieusement enchaîné avec des chaînes invisibles et le retenait près de lui, l’entraînant dans un tourbillon chaotique dont même Daevlyn n’avait aucune idée de comment cela allait se terminer.

Soudain alerté par la non réaction de Daevlyn, Asiel s’alarma. Le corps de l’adulte se faisait de plus en plus lourd dans ses bras, comme si la vie le quittait petit à petit. Asiel commença à paniquer, et d’une voix qui trahissait une profonde angoisse, il l’appela, le forçant à rester auprès de lui, dans le monde des vivants :

- Daevlyn ? Ne pars pas, reste avec nous. J’ai besoin de toi Daevlyn.

Oui, malgré tout ce qu’il pouvait penser, au fond de lui, Asiel avait besoin de lui. Et Raphaël aussi… A aucun moment ils ne pourraient espérer vivre heureux si Daevlyn n’était pas à leur côtés. C’était paradoxal, Asiel en avait parfaitement conscience, mais il ne parvenait pas à se l’expliquer, et c’était peu être mieux ainsi. Il savait ce qu’il voulait, et c’était Daevlyn. C’était Daevlyn qu’il voulait, rien ni personne d’autre. Il pourrait se nourrir de son corps et s’abreuver de ses baisers pour le reste de sa vie, le reste, il n’en avait pas besoin. Hormis Daevlyn tout lui était devenu superficiel.

Quand les bras de Daevlyn se resserrèrent légèrement autour de la taille de l’adolescent, Asiel sentit comme un poids disparaître de son coeur. Ce geste, aussi infime soit-il toucha énormément Asiel, qui comprit par ce geste, que Daevlyn acceptait son soutient et qu’il n’avait plus l’intention de partir, ni de l’abandonner.

- Je vais t’aider, souffla l’adolescent.

Puis dans un murmure à peine perceptible, destiné uniquement à l’adulte, il ajouta :

- Je t’aime Daevlyn…

Malgré toute la souffrance qu’ils avaient dû endurer par sa faute, Asiel trouvait encore le courage d’avouer son amour à l’homme qu’il aimait. Pourtant, quelques heures auparavant, il ne s’en serait jamais cru capable.

Asiel se releva et aida Daevlyn à s’allonger sur le lit en le soutenant par les épaules. Asiel frémissait au moindre contact avec la peau si parfaite de son moniteur, il ressentait une sorte de réconfort à pouvoir toucher, ne serait-ce que furtivement, la peau dénudée de Daevlyn.

Lorsque Daevlyn fut complètement allongé, il ferma les yeux et Asiel en profita pour observer longuement ce visage aux traits tirés par la peur et la fatigue. Petit à petit, alors qu’il l’observait attentivement, le soulagement de son coeur fit rapidement place à un désir ardent. Il avait subitement envie de ce corps si tentant, dangereuse près du sien. Ce qu’il ressentait n’avait  rien de la passion que l’on pouvait ressentir au premier jour d’une relation amoureuse, non c’était bien plus fort que cela. Un désir bestial, sauvage et purement sexuel. L’envie de prendre du plaisir et d’en offrir à son partenaire, une envie de sexe à l’état pur. Daevlyn lui avait avoué se sentir mourir, Asiel avait là, la solution pour lui fournir la preuve qu’il était encore bel et bien en vie, et que la mort l’attendrait encore quelques années.

Enivré par cette soif de posséder de nouveau le corps de son moniteur, Asiel l’enfourcha lestement, se retrouvant à cheval sur le bassin de Daevlyn, avant même que celui-ci n’ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Très vite, Asiel prit possession de ses lèvres. Il voulait goûter à ses lèvres tendres et délicates qui lui avaient tellement manquées. Tiraillé par le désir, la langue d’Asiel força le barrage des lèvres de Daevlyn sans aucune douceur. Il voulait le goûter, il voulait le sentir alanguis sous lui, gémissant aux caresses qu’il lui offrirait. Il le voulait en entier.

Asiel avait conscience d’être plus brutal qu’à l’ordinaire, et pour cause, il voulait que Daevlyn prenne conscience de ce que pouvait ressentir son corps, aussi bien le plaisir que la douleur physique. Quand il sentit son moniteur répondre à ses baisers Asiel ne s’en retrouva que plus excité. Le contact entre le leur langue le grisait plus qu’il n’avait pu l’imaginer. Tant de fois en rêve il s’était vu en train de faire l’amour à Daevlyn, que le fait de l’avoir sous lui en cet instant précis, ne faisait qu’augmenter son désir déjà conséquent.

Très vite, les mains d’Asiel vinrent se joindre à l’acte. D’un coup sec, il tira sur chaque pan de la chemise de Daevlyn, arrachant tous les boutons d’un coup sec. La vue de ce torse si finement musclé attisa le désir de l’adolescent. Sans aucune pudeur, il fit glisser ses mains sur cette peau si délicate, redécouvrant avec un plaisir non feint, la douce texture de celle-ci. Les mains d’Asiel parcouraient son torse comme si elles le connaissaient par coeur. Et c’était le cas… Quand Daevlyn et Raphaël faisaient l’amour, Asiel ne pouvaient s’empêcher de redessiner mentalement les formes gracieuses de l’adulte, si bien qu’il connaissait son corps à la perfection. Il était capable de le redessiner les yeux fermés.

Asiel pouvait se vanter de connaître chaque zone sensible de Daevlyn, il connaissait ses moindres faiblesses et se faisait un plaisir de les exploiter, dans l’unique but de mener son amant dans les limbes du plaisir charnel. La jouissance était le sommet à atteindre, et Asiel comptait bien l’y emmener.

Lorsqu’il vit Daevlyn tendre les mains dans le but de le toucher, Asiel s’empara violemment de ses poignets et les coinça d’une seule main au dessus de sa tête. C’est avec satisfaction qu’il constata que Daevlyn ne cherchait pas à se débattre, afin de s’arracher à cette étreinte trop possessive. Un étrange rapport de force se formait, l’adulte dominé par l’adolescent.

A cet instant, Asiel aurait pu le tuer à se guise, mettant ainsi un terme définitif à toutes leurs souffrances. Cependant il n’y fit rien. Voir le corps de l’adulte ainsi offert à lui était une preuve suffisante de la confiance que lui accordait Daevlyn. Le moniteur savait parfaitement ce qu’Asiel savait faire de ses mains, lorsqu’elles se transformaient en un étau mortel. Il en avait déjà été spectateur…

De sa main libre, Asiel déboutonna le jean de son amant, et mettant fin au baiser, il lui adressa un regard plus qu’explicite sur ses intentions. A présent, Asiel était bien trop exciter pour prolonger indéfiniment les préliminaires. Il le voulait, tout de suite, là, maintenant, il ne pouvait plus attendre davantage… Aussitôt, il déboutonna son jean à son tour, la vue du corps nu de Daevlyn offert sans aucune pudeur à son regard ne faisait qu’augmenter considérablement le désir de l’adolescent. Très vite, le jean et le boxer d’Asiel rejoignirent les vêtements de l’adulte au sol. Asiel lâcha les mains de Daevlyn et se plaça entre ses cuisses après lui avoir légèrement soulevé le bassin. Lorsqu’il vit Daevlyn ouvrir la bouche dans l’intention de dire quelque chose, Asiel s’empara avidement de ses lèvres, le faisait taire d’une manière plus qu’efficace.

Asiel savait parfaitement que ce qu’il allait faire endurer à Daevlyn ne serait pas sans douleur, mais il ne cessait de se répéter mentalement qu’il faisait ça pour son bien, qu’il n’avait pas d’autre choix. Sûrement que l’adulte lui en voudrait, il n’en doutait pas une seule seconde, mais si cela lui permettait de revivre de nouveau, il serait prêt à tous les sacrifices.

Ne souhaitant pas faire angoisser l’adulte plus que nécessaire, Asiel inspira profondément et d’un coup de rein assez brusque, il pénétra entièrement Daevlyn. Asiel vit l’adulte ouvrit la bouche en un cri de douleur muet, et lorsqu’il tourna la tête afin de maquer ses larmes à la vue de l’adolescent, Asiel posa ses deux mains de chaque côté de son visage, le forçant à le regarder. Il fut presque heureux de lire de la douleur dans les yeux de son amant. Heureux non pas parce qu’il le blessait volontairement, par plaisir de le voir souffrir, mais parce que la douleur était la preuve même que Daevlyn était en vie. Si Daevlyn avait été mort, il aurait été complètement indifférent à la douleur occasionnée par la pénétration brutale de l’adolescent.

Plongeant son regard de pierre dans les émeraudes de son amant, Asiel commença à se mouvoir lentement en lui. Il lisait dans les yeux de son amant que celui-ci était loin de la jouissance qu’Asiel souhaitait lui faire atteindre. A force de longs et langoureux coups de bassin, Asiel s’insinuait toujours un peu plus profondément en Daevlyn, à la recherche de sa source de vie, afin de l’attiser un peu plus. Les larmes de Daevlyn le blessaient, mais il n’avait pas d’autre choix que continuer. Renoncer signifiait l’abandonner dans sa non vie et ça, il se pouvait l’accepter.  Alors malgré les larmes, il continuait de le prendre, toujours plus fort, toujours plus loin.

Soudain, il cessa tout mouvement. Bien qu’Asiel s’appliquait le plus possible à faire ressentir du plaisir à son amant, un rictus de douleur déformait toujours son visage. Asiel intensifia son regard et scrutant Daevlyn droit dans les yeux, il murmura :

- Te sens-tu toujours mourir Daevlyn ?

Daevlyn ne répondit rien, et satisfait, Asiel se contenta de l’observer. De toute façon, qu’aurait pu répondre l’adulte à une telle question ? Aurait-il eut l’affront de lui affirmer que oui, que la mort était plus vive que la douleur ressentie ? Non, Asiel le savait, jamais Daevlyn n’en aurait eut le courage.

Cependant, il ne souhaitait en aucun cas le laisser comme cela. Car même si Daevlyn ne se débattait pas, Asiel avait l’impression qu’il le vivait comme un viol, et ça, s’était au dessus de ses forces. Avec une lenteur calculée, il reprit ses mouvements de vas et viens, et de sa main, il caressa sensuellement le torse dénudé de son amant. Puis, il prit avidement possession de ses lèvres, tout en faisant glisser sa main un peu plus au sud, dans un but bien précis. Lorsque celle-ci arriva à l’endroit souhaité, Asiel effleura le sexe de son amant, qui aussitôt, retrouva la voix. De ses lèvres s’échappa un gémissement ou douleur et satisfaction se mêlaient. Enhardi par les gémissements de son amant, Asiel entreprit alors de le faire gémir toujours plus fort. Sa main imprima un alors un lent et régulier mouvement sur son intimité qui réagissait positivement aux attouchements de l’adolescent.

Gagné par le plaisir, Daevlyn émit un deuxième gémissement qui ravi le jeune garçon. De nouveau, Asiel stoppa tout mouvement et s’éloigna des lèvres tendres et chaudes de son amant, puis lui demanda :

- Es-tu toujours presque comme mort ?

Tout en prononçant ce dernier mot, Asiel entama une caresse bien plus poussée sur l’intimité de Daevlyn qui se mordit la lèvre pbandon que Raphaël avait pû ressentir était dû au choc de la confrontation avec son père. Seulement, Raphaël arriverait-il à accepter ? Laisserait-il une chance à Daevlyn de s’expliquer ?

A ce moment, Daevlyn demanda, visiblement très inquiet :

- Comment va-t-il ? Est ce qu’il m’en veux. Raphaël… je…

- Je n’en sait rien et je ne chercherais pas à le savoir tout de suite. Déclara alors froidement Asiel.

Oh et puis merde, cela pourra bien attendre encore un peu !!! Pour une fois qu’il pouvait profiter tranquillement de la présence de Daevlyn, il n’allait tout de même pas lui gâcher son plaisir parce qu’il s’inquiète pour son amant tout de même !

Daevlyn sembla se rendre compte de son erreur et de la tristesse de l’adolescent qu’il tenait dans ses bras car il déclara d’une petite voix :

- Je suis désolé Asiel je… J’ai manqué de tact… Je…

Pour rien au monde Asiel n’avait envie de s’aventurer sur cette pente glissante qu’il trouvait beaucoup trop dangereuse à son goût. C’est pourquoi, il décida de changer de sujet avant que la conversation ne s’envenime :

- Si tu veux que je t’accompagne, tu n’as qu’une chose à faire Daevlyn. Il suffit de me le demander et je te soutiendrais.

Ce fut au tour de Daevlyn de se relever et de planter ses émeraudes flamboyantes dans les onyx de l’adolescent. Asiel soutint le regard de son moniteur et fut surprit d’y lire un mélange d’étonnement et de reconnaissance. Pourquoi le regardait-il ainsi ? Avait-il conscience qu’Asiel avait énormément prit sur lui pour lui faire une telle proposition ? Savait-il à quel point il était effrayé par le refus probable de Daevlyn ? Et si Daevlyn préférait y aller avec Raphaël ? Raphaël accepterait-il ? Asiel se maudit lui-même de ne pouvoir s’empêcher de penser à l’adolescent alors qu’il venait lui-même d’en faire la remarque à Daevlyn.

Pourquoi ne parvenait-il pas à le sortir de sa tête ? Pourquoi toutes ses réflexions tournaient-elles autour de l’adolescent et de ce qu’il devait ressentir ? Pourquoi se sentait-il ainsi mal à l’aise de penser à lui ?

Asiel fut tiré de ses pensées par la voix douce et posée de Daevlyn qui déclara :

- Si tu m’accompagnes, je suis prêt à m’y rendre. S’il te plait.

Un faible sourire étira les lèvres de l’adolescent. Certes, il était heureux, mais le cri déchirant de Raphaël qui résonnait dans sa tête, tel le chant d’un loup qui se meurt sous les pâles rayons de la lune, suffit à rayer toute la joie qu’Asiel avait alors pu ressentir. Il se sentait tellement coupable… Au lieu d’aider l’adolescent, il ne faisait que l’enfoncer un peu plus dans sa détresse et dans sa douleur… Il se sentait lamentable d’abuser de la tristesse de Raphaël au profit son  plaisir personnel…

Cependant, ne souhaitant pas inquiéter Daevlyn plus que nécessaire, il se contenta d’acquiescer en un murmure, puis tendrement, il prit possession de ses lèvres, en un baiser tendre et passionné.

Finalement, Daevlyn fini par s’endormir, rassuré par les paroles de l’adolescent. De son côté, Asiel n’arrivait pas à dormir. Le cri déchirant rempli de désespoir de Raphaël résonnait encore et toujours dans son esprit, comme un écho sur les parois d’une falaise. Le malaise qui s’était alors emparé d’Asiel ne le quittait pas, comme pour lui rappeler qu’il ne pourrait pas rester là indéfiniment, que tôt où tard, Raphaël reprendrait les droits sur ce corps qui lui appartenait.

Lassé de toutes ses réflexions qui ne menaient à rien hormis un mal être encore lus profond et saisissant, Asiel se blotti dans les bras de l’adulte, et rassuré par sa présence protectrice, il fini par s’endormir au prix d’un immense effort.

Le lendemain, lorsque Asiel se réveilla, la boule qui s’était logé dans ses entrailles la veille était toujours là. Apparemment, l’angoisse qui l’habitait depuis sa confrontation avec son moniteur avait décidée de ne pas le quitter. Il tenta alors d’en faire abstraction en savourant la douceur du matin. Le souffle chaud et régulier de Daevlyn dans son cou lui indiquait que l’adulte dormait toujours d’un sommeil profond. Comme chaque fois qu’il en avait l’occasion, il se redressa sur un coude et contempla avec un regard empli d’une admiration et d’un amour sans bornes le visage endormit de son amant.

L’adulte sembla s’en rendre compte, car au bout de quelques minutes, ses yeux se mirent à papillonner, comme pour s’acclimater à la lumière éblouissantes des premiers rayons de soleil. Lorsque leur regard se croisèrent Asiel lui adressa un sourire resplendissant auquel Daevlyn répondit avec le même entrain.

Après les tendresses matinales échangées, les deux amants se levèrent et chacun de leur coté, ils vaquèrent à leurs occupations personnelles.

ils ne se retrouvèrent de nouveau ensemble seulement quelques secondes avant d’entrer dans la salle de cantine et de se séparer une fois de plus.

De là où il se trouvait, Asiel observait discrètement Daevlyn qui semblait entretenir une discussion animée avec la directrice. L’adolescent n’avait pas le dont de lire sur les lèvres, et étant trop loin pour capter la conversation, Asiel ne pu connaître le sujet de leur débat animé, mais pourtant, il lui semblait avoir sa propre idée sur le sujet. Ils ne faisait aucun doute que Daevlyn tentait d’argumenter en faveur d’Asiel afin qu’il obtienne la permission de la mégère qu’il l’accompagne à l’enterrement qui devait avoir lieu dans l’après-midi.

Après avoir avalé en vitesse la moitié de son petit déjeuner, Asiel quitta précipitamment le réfectoire et se rendit aux cuisines pour préparer le biberon du poulain. Une fois fait, il se dirigea avec empressement vers le box du jeune animal qui l’accueilli royalement.

Asiel appréciait énormément ce petit être qui gagnait en force et en taille jours après jours. De son côté, Amaranth semblait également s’être habitué aussi bien à la présence de Raphaël que celle d’Asiel et accueillait les deux avec beaucoup d’entrain.

Une petite heure plus tard, des pas provenant de l’entrée de l’écurie attira l’attention du jeune garçon qui se retourna. Lorsque Asiel aperçut Daevlyn venir à sa rencontre, un magnifique sourire étira ses lèvres et, après une dernière caresse au poulain, il sortit du box pour rejoindre son amant. Une fois face à lui, il déposa un rapide baiser papillon sur ses lèvres. Il s’écarta alors de Daevlyn et plongea son regard dans les émeraudes pétillantes de joie de l’adulte. Avant qu’il n’ait le temps de lui demander la raison qui le rendait si joyeux, Daevlyn posa son index sur ses lèvres et murmura :

- Viens…

Perplexe, Asiel ne réagit pas immédiatement et Daevlyn glissa ses doigts entre les siens avant de l’entraîner doucement à sa suite. Asiel resta silencieux quelques secondes, mais lorsqu’ils arrivèrent près de la voiture de Daevlyn, sa curiosité prit le dessus :

- Qu’est-ce que cela signifie Daevlyn ?

- J’ai l’autorisation de la directrice pour t’emmener avec moi… A moins que tu n’ai changé d’avis entre temps… demanda le moniteur d’une voix qui cachait mal sa crainte et son angoisse.

- Oh… murmura l’adolescent surpris que la directrice les laisse partir ensemble.

Puis face à la crainte qu’il lisait dans le regard de son amant, Asiel ajouta d’une voix rassurante :

- Non, je n’ai pas changé d’avis Daevlyn… Je tiens toujours mes paroles. C’est juste que j’ai été surpris que la directrice nous donne son accord…

Daevlyn lui adressa un petit sourire dans lequel il pouvait y lire un profond soulagement, et Asiel y répondit, souhaitant par dessus tout rassurer son moniteur et lui montrer qu’il était là pour lui. Ils prirent place dans la voiture et c’est avec joie et soulagement qu’ils quittèrent momentanément cet endroit lourd en émotions et chargés de souvenirs tous plus angoissants les uns que les autres.

Ils roulèrent pendant quelques heures dans un silence religieux. Daevlyn concentré sur la route et Asiel contemplant le paysage qui défilait sous ses yeux, aucun des deux ne ressentait l’envie ou le besoin de rompre le silence. Ils étaient enfin seuls tous les deux, sans personne sur leur dos pour les surveiller ou leur faire une quelconque réflexion. La main posée sur la cuisse de Daevlyn, Asiel prenait plaisir à marquer sa possession, loin des regards désapprobateurs et impudiques des gens. Il était bien, seul avec l’homme qu’il aimait par dessus tout et profitait de sa présence à ses côtés. Puis, lassé de voir le même paysage depuis qu’ils avaient quitté le centre, Asiel finit par s’endormir, la tête callée contre la vitre. Un sourire attendrit vient illuminer le visage de Daevlyn à la vue de se spectacle.

Deux heures plus tard, Daevlyn se garait devant le mur d’enceinte du cimetière. Il coupa le contact et souffla un grand coup. Puis il se pencha vers Asiel, l’embrassa furtivement et tenta de le réveiller :

- Asiel, on est arrivé…

L’adolescent papillonna des yeux afin de s’acclimater à la lumière vive des rayons du soleil de cette chaude matinée de début d’août avant de se relever lentement. Il bailla longuement et se tourna vers Daevlyn qui lui souriait tendrement. Asiel lui rendit son sourire et prit possession de ses lèvres en un baise doux et tendre.

Après leur baiser, Daevlyn déclara :

- Nous y allons ?

Asiel ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête en guise d’approbation. Ils sortirent de la voiture et sentant le mal-être de l’adulte augmenter considérablement à chaque seconde, il s’approcha de lui et le prit le main. Il entrelaça ses doigts aux siens, et après avoir déposer un furtif baiser sur ses lèvres, il murmura un faible “courage” au creux de son oreille.

C’est ainsi, que main dans la main, ils entrèrent dans le cimetière. Daevlyn les guida comme s’il savait parfaitement où il allait et au bout de quelques minutes, ils virent apparaître un attroupement de personne au milieu de l’allée.

Tous les regards convergèrent alors dans leur direction, certains semblant faire un blocage sur leur main liées. Les murmures et critiques semblaient aller bon train mais ils n’en avaient cure.

A un moment, Asiel sentit que Daevlyn avait du mal à continuer et raffermis sa prise autour de sa main, lui faisant comprendre qu’il était là, qu’il ne le laisserait pas seul au milieu de tous, en proie à leurs remarques et leurs regards accusateurs.

Ils s’arrêtèrent à quelques pas du groupe et attendirent patiemment et en silence, le début de la cérémonie. A la fin de celle-ci, Asiel lâcha la main de Daevlyn et recula de quelques pas sous le regard étonné de l’adulte. Asile fixa un point devant lui et intrigué, Daevlyn fit de même, puis il sembla comprendre le souhait de l’adolescent car il lui lança un regard empli de reconnaissance avant de se diriger vers la tombe de sa mère. Là, Asiel le vit tomber à genoux et se prendre le visage dans ses mains, comme s’il voulait masquer sa peine. Le père de Daevlyn lui faisait face à quelques pas de là, leur lançant à tous deux un regard plus qu’explicite vis-à-vis de ses sentiments. A son tour, Asiel ne le quitta pas du regard, le fixant de cet éclat meurtrier qui le caractérisait  si bien. Mal à l’aise sous ce regard de braise, l’homme détourna se détourna de lui pour reporter son attention sur une femme toute de noire vêtue qui pleurait dans les bras d’un homme qui semblait être son mari.

Cependant Asiel ne le quitta pas du regard, s’amusant du comportement gêné de l’homme qui subissait le poids de son regard accusateur. Ce fut un mouvement de Daevlyn qui lui fit lâcher sa proie de vue, et celle-ci en profita pour s’éloigner en compagnie d’un petit groupe de personne.

Lorsque Asiel vit Daevlyn revenir vers lui, une larme roulait silencieusement sur sa joue. L’adolescent s’approcha de lui, et du pouce, il l’effaça tendrement avant de l’embrasser de façon à lui transmettre tout son soutien, son courage et son amour. Durant ces quelques secondes, Asiel oublia tout. Le cimetière, l’enterrement, le regard des autres, tout…. Tout avait disparut… Lorsque leurs lèvres se quittèrent et qu’ils revinrent à la réalité, les commentaires blessants fusèrent à leurs oreilles.

Tentant de rester impassible et indifférent face à la méchanceté des personnes du même sang que Daevlyn pour la plupart, Asiel se contenta de raffermir sa prise sur la main de Daevlyn. Mais alors qu’ils s’éloignaient de quelques pas, une voix qu’il ne connaissait que trop bien s’éleva dans son dos, froide et emplie de dégoût :

- C’est le gamin qu’il baisait quand je suis allé lui annoncer la mort de sa mère ! Comment ose-t-il se montrer avec lui en ce lieu ? N’a-t-il donc aucun respect ? Ma pauvre femme doit se retourner dans sa tombe à le voir s’exhiber en public de cette manière…

Cette fois-ci, ça en fut trop pour Asiel qui s’arrêta subitement. Son regard flamboyant dans lequel dansait une lueur de rage et de haine à l’état pure, disparut le temps d’un battement de paupière et d’une lenteur toute calculée, il se retourna, ignorant totalement les supplications de Daevlyn.

S’il avait prit sur lui pour ignorer les remarques des gens, celle-ci était de trop et était devenue comme on dit, “la goutte d’eau qui fait déborder le vase”. Il s’arracha à l’étreinte de Daevlyn qui tentait désespérément de le retenir et d’un pas rageur, il se dirigea vers le père de son amant.

- Ça suffit !! hurla Asiel. Je vous interdit de dire ce genre de chose est-ce clair ? D’où prenez-vous le droit de juger Daevlyn sur des faits dont vous ne savez strictement rien ? Vous ne savez pas qui je suis ni les liens qui m’unissent à Daevlyn.  Vous vous lamentez sur le sort de votre femme mais ne savez absolument pas ce qu’elle en pense ! Si Daevlyn est là aujourd’hui c’est parce que c’était la dernière volonté de votre épouse !! N’oubliez jamais ceci ! Vous pouvez garder vos remarques et vos critiques pour vous car, si elles ont un jour touché et blessé Daevlyn, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Alors si tout ce que vous avez à lui dire n’est qu’insultes, je vous prie de vous abstenir. Il n’a pas besoin de cela et se porte beaucoup mieux quand vous êtes loin de lui !

Sur ce, il laissa l’adulte comme un con seul au milieu de l’allée et s’empressa de rejoindre Daevlyn, un sourire heureux illuminant son regard. Il attrapa la main de son amant, l’embrassa furtivement et ensemble, ils quittèrent le cimetière.

Une fois à l’abris des regards indiscrets, ne souhaitant pas non plus provoquer plus que nécessaire, Daevlyn se pencha vers son jeune amant et ravi une nouvelle fois ses lèvres en un doux baiser synonyme de remerciements qu’il n’arrivait pas à formuler d’une autre manière.

Le trajet du retour se fit dans le calme et la bonne humeur et lorsqu’ils arrivèrent au ranch, il était déjà tard. Ils firent un saut aux cuisine pour aller chercher le biberon d’Amaranth et tandis qu’Asiel le préparait, Daevlyn leur préparait un sandwich à chacun. Ensemble, ils allèrent nourrir le poulain puis, avisant l’heure tardive, ils se rendirent aux dortoirs.

A regrets, ils se séparèrent sur le pas de leur porte respectives et après un ultime baiser pour se souhaiter une bonne nuit, ils entrèrent chacun dans leur chambre.

Asiel avait besoin de se changer les idées, et avisant le bordel monstre qui régnait dans sa chambre, il entreprit alors de faire le ménage. La musique sur les oreilles, il n’entendit pas les quelques coups frappés à sa porte et sursauta lorsqu’il vit celle-ci s’ouvrir. Mais lorsqu’il aperçut Daevlyn, sa peur s’envola pour laisser place à un sourire radieux alors qu’il éteignait son lecteur MP3. Cependant, celui-ci ne resta pas longtemps non plus, à la vue de l’air grave qu’abordait l’adulte. Asiel se demanda aussitôt ce qui avait bien pût arriver à son moniteur en si peu de temps, mais celui-ci ne lui laissa pas le temps de se poser des questions.

- Tu sais Asiel, pour tout à l’heure…

Sachant pertinemment ce qu’allait lui dire l’adulte, Asiel lui coupa la parole et s’exclama d’un air désolé :

- Je suis désolé Daevlyn, c’est vrai je n’aurais pas dû parler à ton père de cette façon, je…

- Je ne suis pas là pour te faire une quelconque réflexion sur tes agissements Asiel. En fait je… C’est moi qui tiens à te remercier pour ce que tu as fait. Je… Tu m’as aidé à relever la tête et à vivre de nouveau. Je voulais que tu le saches, je t’aime Asiel…

Un long silence suivit cette déclaration inattendue. Asiel prenait le temps pour digérer l’information reçue, tandis ce que la dernière phrase de Daevlyn repassait en boucle dans son esprit. Ce n’était pas possible, Daevlyn avait sûrement dû faire une erreur sur le prénom, c’était la seule explication valable… Jamais Daevlyn n’aurait déclaré son amour à Asiel ! Pourquoi ? Simplement parce que Daevlyn ne l’aimait pas lui mais Raphaël… Raphaël dont le cri déchirant vrillait son esprit… Un cri d’animal blessé en plein coeur, un cri déchirant chargé de tristesse, de souffrance et de désespoir… Un cri qui reflétait le déchirement de son âme et le brisement de son coeur.

Soudain, un cri déchirant retentit aux oreilles de Daevlyn qui sursauta violemment, ne comprenant pas les raisons de ce cri. Puis, alors qu’il s’approchait pour prendre l’adolescent dans ses bras, deux améthystes brillantes de larmes lui firent face. A cette vue, Daevlyn stoppa immédiatement tout mouvement, comme hypnotisé par le regard douloureux que Raphaël posait sur lui.

avant que Daevlyn n’ai le temps de dire quoi que se soit, Raphaël prit la parole, d’un ton accusateur mais qui reflétait malgré tout un profond désespoir et une rancoeur sans limites :

- Salaud !! Tu n’es qu’un salaud ! Je te déteste, et lui aussi ! Tu t’es bien foutu de ma gueule ! Et dire que moi, en parfait petit con que j’ai été je t’ai cru ! J’ai cru à tes paroles tendres et à tes mots d’amour, j’arrive pas à croire que j’ai été aussi naïf ! J’aurais pourtant dû me douter que tu étais comme “lui” ! Tu cherchais la même chose que “lui” en réalité ! Tu ne vaut pas mieux ! Et moi qui croyais réellement que tu m’aimais ! Je ne comprend pas la raison que tu as eut de jouer avec moi ainsi ! Tu aurait très bien pu prendre ce que tu voulais, comme “lui” le faisait, sans me faire miroiter le paradis entre tes bras ! Tu m’as fait revivre et à présent tu m’achèves de la pire des manières qu’il soit ! Je te hais, et je le hais lui aussi pour profiter de mon corps comme il le fait ! Je te hais ! Je te hais !!!

Daevlyn était littéralement choqué par les paroles de l’adolescent. Comment pouvait-il penser une chose pareille ? A bien y réfléchir, c’est vrai que Daevlyn s’était comporter de façon plus que douteuse. Avouer son amour pour Asiel dans le dos de Raphaël était la pire connerie qu’il puisse faire.

Alors que l’adolescent commençait à devenir hystérique, ses cris retentissant dans la pièce, Daevlyn tenta de calmer Raphaël par des paroles apaisantes, mais face à la non réaction du jeune garçon qui ne l’entendait pas, il le gifla violemment. Aussitôt, le silence se fit dans la chambre, alors que RAphaël regardait Daevlyn d’un air profondément choqué et blessé. Jamais il n’aurait cru qu’un jour, Daevlyn puisse lever la main sur lui.

- Tu es calmé ? demanda alors l’adulte d’une voix calme.

Raphaël ne répondit rien, se contentant de le fusiller du regard, malgré les larmes qui perlaient aux coin de ses yeux, lui donnant un air beaucoup moins crédible. Cependant, Raphaël n’en avait cure, et continuait de mitrailler son moniteur.

- Je te déteste !

- Je sais, tu me l’as déjà dit, mais avant, j’aimerais que tu m’écoutes !

- Je ne veux rien savoir, et encore moins venant de ta part ! répondit l’adolescent, sourd aux tentatives d’approches de Daevlyn.

Ignorant les paroles de l’adolescent, Daevlyn poursuivit :

- Te souviens tu ce que tu m’as dit le jour où tu m’as dévoilé comment était apparu Asiel ?

Raphaël restait sourd aux questions que lui posait son moniteur, et se foutait complètement de ce qu’il racontait. Il ne voulait pas savoir !

- Réponds-moi !!! s’exclama alors Daevlyn en haussant le ton, énervé par l’attitude puérile de Raphaël.

Alors que l’adolescent ne répondait toujours pas, Daevlyn ajouta d’une voix plus calme mais néanmoins toujours aussi autoritaire :

- Ne m’oblige pas à me mettre en colère Raphaël !

- Oui ! cria Raphaël, lui aussi énervé par les questions que lui posait Daevlyn ! Je m’en souviens parfaitement, je suis pas complètement sénile non plus !

- Qu’est ce que tu m’as répondu ?

- C’est toi le vieux sénile apparemment ! râla Raphaël. Si tu t’en souviens pas je vais te le redire et cette fois-ci imprime le bien parce que je ne me répéterais pas une troisième fois ! Je t’ai dis qu’Asiel était apparut parce que je l’avais appelé !

Daevlyn s’agenouilla face à l’adolescent qui s’était assit sur le lit et déclara d’une voix calme, presque tendre :

- Raphaël, tu le sais mieux que moi-même, mais lorsque ton père te faisait subir tout ça, ton âme s’est scindée en deux partie. L’une c’est toi, avec tes peur et tes faiblesses, et l’autre c’est Asiel, avec ton courage, ton insolence et parfois même ta méchanceté. Vous n’êtes qu’une seule et même personne Raphaël. Je t’aime pour ce que tu es toi, et déclarer mon amour à Asiel c’est ma façon de t’accepter tel que tu es, avec tes qualités et tes défauts. Accepter mon amour pour Asiel, c’est t’accepter en entier, tel que tu étais et tel que tu seras lorsque vous ne ferez de nouveau plus qu’une seule et même âme.

Mourir pour revivre - Chapitre 40

17 octobre 2012

Chapitre 40 écrit par Lybertys

Le noir le plus total… Le silence. Tel un spectateur sourd de sa propre vie, telle une âme prisonnière de son propre corps qui ne lui répondait plus, Daevlyn s’éteignait. Tout ce qui se passait autour de lui, lui était totalement étranger. Il avait cette impression étrange de ne plus vraiment appartenir à ce monde. Il se sentait flottait, jusqu’à ne plus se

sentir du tout. Tout devenait néant à ses yeux. Il entendait sans entendre réellement la voix entrecoupée de sanglots de Raphaël l’appeler en vain :

- Ne m’abandonne pas Daevlyn… Je t’en prie… Bats toi Daevlyn… Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas… Je t’aime, je t’aime.. Daevlyn… Daevlyyyyyn…

Mais Daevlyn ne parvint même plus à réagir à cela. Ce qui venait de se passer l’avait totalement anéantit, détruit, dévasté, annihilé le peu d’homme qui existait en lui. Il ne voyait plus rien, n’entendait plus rien, n’était plus rien.

Même s’il avait voulut lever ne serait ce qu’un doigt de sa main, il en aurait été incapable. L’espoir qui l’avait fait tenir jusqu’ici, sa croyance en un quelque chose, sa combativité, tout cela avait été soufflé par les mots de son père.

A quoi bon s’acharner, s’efforcer de vivre malgré les difficultés, à quoi bon tenter de se battre si c’était pour en arriver là.

Ce qu’il avait caché depuis l’acte irréparable qu’il avait commis avec son frère, ce qu’il n’avait dévoilé qu’aux deux personnes en qui il avait confiance, ce qui le rendait sale avait été dévoilé au seul être au monde qui ne devait pas savoir. La manière écœurée dont son père avait fait preuve en le regardant, ce rejet total, ce dégoût irrémédiable marqué de manière indélébile dans les yeux de son père à jamais l’avait achevé.  Son père le haïssait, et sa mère n’était plus de ce monde. Perdu, il ne savait plus quoi faire.

Face à la non réaction de son moniteur, Raphaël avait hurlé son nom, espérant le faire réagir. Mais l’adulte ne bougeait pas, son corps inerte semblait sans vie. Oui, la vie l’avait quittée, ne le laissant pas mort pour autant, non il était simplement dans un entre deux : un état de non mort mais aussi de non vie. Il ne pouvait répondre à la détresse de l’adolescent, il ne pouvait l’aider et le rassurer, comme il le faisait à chaque fois. Cette fois-ci, il ne pouvait être l’homme fort et protecteur. Il n’avait même pas conscience du mal qu’il lui faisait et n’était de toute façon pas en état de faire quoi que ce soit d’autre. Il n’était plus vraiment Daevlyn.

Il sentit vaguement Raphaël se lever et s’écarter de lui, mais il n’eut pas vraiment conscience de ce que celui-ci allait faire. Daevlyn était trop perdu en lui-même pour réellement avoir conscience du monde extérieur. Sourd à la détresse de son amant, il était totalement imprégné et possédé par la sienne. Jamais il n’avait craqué de cette manière, jamais

il ne s’était sentit aussi abattu. Dans une pure contemplation de son malheur, tout ce qui n’était pas lui n’existait plus vraiment. Il n’entendit pas le monologue déchirant de son amant déversant toute sa haine et ses ressentiments sur son père mais n’en retira qu’une impression de faute qu’il commettait en abandonnant le seul être qui comptait à ses yeux.

Et c’est ce ressentit, cette impression d’avoir oublié quelque chose, de l’avoir laissé dans ce monde où tout le poussait à le fuir, en réalité son amour pour Raphaël qui le maintenait dans un état de semi conscience. C’est cet amour qui lui permettait de rester connecté à ce monde. Malgré son désespoir, il se sentait encore un peu attaché dans ce monde et sans cela, il aurait sombré dans la folie. Raphaël était finalement son seul lien avec sa raison et le monde extérieur, sa seule force, sa seule raison de ne pas tout lâcher et de continuer à se battre avec la vie.

Cependant, cette force commençait à s’essoufflée et comme au bord du précipice, Daevlyn oscillait entre la terre et le vide. Il suffisait d’un simple effleurement, d’une chose minime pour le faire chuter à jamais.

Ce fut le cri d’appel à l’aide, le cri de désespoir, le cri déchirant de son amant qui le fit intuitivement se lever et le rejoindre. Chaque geste était réalisé au prix d’un effort intense. Pourtant tout son être le poussait à venir au secours de Raphaël. C’est à la vison du corps frêle de l’adolescent martelant le sol avec ses poings indifférent à la douleur que

cela lui faisait. L’adolescent hurlait à s’en briser la voix. Comment avait-il pu le laisser dans cet état ? Comment avait-il pu ignorer sa détresse et être aveugle à ce point ? Daevlyn revint peu à peu à lui. Il avança près de lui, sans un seul instant lever les yeux sur son père, ayant bien trop peur de replonger avant même d’avoir pu porter secours à Raphaël. Comme avec l’aide des dernières forces que procurait la mort avant de prendre un être à jamais, il posa une main sur son épaule et tenta de prononcer des paroles de réconfort auxquelles il n’avait lui même plus foi :

- Raphaël… Relèves toi… Je suis là mon Ange… Relèves toi… Merci… J’ai entendu tes paroles, ce sont elles qui m’ont fait revenir. J’ai senti ta détresse… je n’avais pas le droit de te laisser mourir pour moi… Sèches tes larmes Raphaël, je ne te quitterais plus jamais… je t’en donne ma parole. Je t’aime Raphaël, si tu savais à quel point je t’aime…

Daevlyn débitait ses paroles sans vraiment prendre conscience de ce qu’il disait. Son cœur le poussait à agir ainsi, et il récitait tout cela telle une litanie incessante et déchirante.

D’un geste brusque, Raphaël se jeta dans les bras de l’adulte, les sanglots de douleur se transformant en sanglots de soulagement. Savait-il seulement que Daevlyn n’avait

même pas cru à ses propres paroles. Ne plus jamais le quitter, c’est ce qu’il souhaitait par dessus tout. Répéter tout cela, lui dire inlassablement que jamais il ne l’abandonnerait c’était comme tenter de continuer à vivre dans cet idéal imaginaire qui jamais ne leur serait permit. C’était le coup de trop pour Daevlyn, il venait d’être atteint bien trop

profondément pour avoir la force de se battre. Toute sa force de volonté venait d’être balayée par son propre père. Il avait eut trop peu de temps de répit pour s’en remettre et déjà affaiblit, il n’avait pu y refaire face.

Il s’était tout simplement laisser soufflé. Quelque chose venait d’être brisé en lui. Seul son regard reflétait l’homme qu’il n’était plus.

Daevlyn n’avait même plus conscience de l’ampleur de sa propre souffrance, alors comment pouvait il saisir celle de son amant en train de le voir disparaître en mourant à petit feu.

D’ailleurs , celui-ci s’arracha brusquement à l’étreinte de l’adulte, et se tournant vers le père de Daevlyn qui assistait impuissant à la scène qui se déroulait sous ses yeux, il se mit à hurler, en se précipitant sur lui :

- Tout ça c’est de votre faute ! Vous avez détruit son âme… Vous l’avez tué ! Vous êtes un assassin ! vous êtes un monstre ! Vous ne méritez pas de vivre, votre place est en Enfer, Monstre !

A ces mots, l’adolescent se jeta sur l’adulte et l’attrapa au cou, dans une étreinte puissante et mortelle. La haine décuplait les maigres forces de l’adolescent, et sa prise se resserrait inexorablement autour du cou du vieil homme qui tentait tant bien que mal à se soustraire de cette étreinte mortelle. Daevlyn tenta de l’arrêter, pensant subitement à

ce que cela impliquerait pour l’adolescent. Oui, soudainement, il se mettait à penser à lui. Si Raphaël tuait, il n’y survivrait pas. Seule l’idée de perdre Raphaël à jamais lui permis de lui dire :

- Raphaël ! Arrêtes ! Ne fais pas ça je t’en supplie…

Il entoura sa taille et le tira en arrière, lui faisant ainsi lâcher prise :

- Ne fais pas ça Raphaël… penses au futur… penses à nous…

Il savait que s’il avait dit à Raphaël “penses à toi”, il n’aurait pas réagit. Il s’était donc inclut dedans, mais sans mettre beaucoup de conviction dans cette pensée. A vrai dire, le futur pour lui, il n’en voyait aucun. Mais s’il y a bien une seule chose qu’il ne supporterait pas, c’était voir Raphaël ruiner sa vie devant lui.

Les larmes coulaient à flot de ses yeux, sans qu’il ne connaisse vraiment là cause réelle. Était-ce parce qu’impuissant, il avait l’impression d’abandonner Raphaël sans en être vraiment responsable. Lorsque l’adolescent plongea son regard dans le sien, Daevlyn tenta de lui faire comprendre la situation, telle une supplication muette d’un condamné. Raphaël avait-il seulement conscience du malaise de son amant ? Ne le sentait-il par partir et disparaître à jamais ? Daevlyn était-il seulement encore ?

Ses yeux et son être lui criaient tout ce qu’il ressentait à cet instant. Ses prunelles vertes intenses reflétaient une litanie de supplication que tous les mots du monde n’arriveraient pas à retranscrire. Raphaël n’arrivait plus à contrôler ses sanglots et son corps était parcourut de spasmes tous plus violents les uns que les autres.

De son côté, le père de Daevlyn ne réagissait pas, trop choqué par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il assistait impuissant à la souffrance des deux hommes agenouillés au sol. Les hurlements de détresse de Raphaël finirent par attirer l’attention des moniteurs et des pensionnaires qui, déjà, s’agglutinaient autour des deux amants maudits.

Tous regardaient la scène d’un air ahuri. Jamais ils n’avaient vu Raphaël dans un tel état et aucun d’eux ne comprenait la raison de son comportement. A son tour, la directrice finit par sortir. Lorsqu’elle découvrit l’adolescent sanglotant dans les bras de Daevlyn, la directrice eut d’abord un sursaut de surprise, mais se reprit très vite. Avec colère, elle se

dirigea vers les deux hommes avec la ferme intention de les séparer.

Cependant, lorsqu’elle arriva à quelques pas du couple, les cris de l’adolescent redoublèrent d’intensité alors qu’il s’agrippait toujours plus fermement à son moniteur. Agacée, la directrice appela l’un des moniteurs et lui demanda de les séparer, honteuse du fait que les deux hommes se donnent en spectacle devant la cours, et souhaitant garder secret le problème de leur relation quelque peu particulière. Quand le moniteur s’approcha à une distance que Raphaël jugea trop impersonnelle, il se passa la même chose que précédemment, le jeune garçon refusait fermement d’abandonner Daevlyn à son sort.

Daevlyn quant à lui n’était plus là. Voir tout ses gens autour de lui, le regard de la directrice, de son père et du reste des spectateurs avaient suffit à souffler le peu de lui qui était encore là. Il laissait Raphaël se battre pour deux. Peu à peu, il quittait le monde. Tous ces cris, toute cette agitation, tous ces regards impudiques, toutes ses personnes, il ne les supportait plus. S’en était de trop. Sa mère venait de mourir, son père savait tout et les avaient vu lui et Raphaël, alors… à quoi bon ? Tout ce qu’il avait construit au fil des années, et cette résistance qu’il s’était forgée volaient en éclats.

Il en était arrivé à un point tel qu’il n’avait même plus la force de se battre pour leur amour.

Raphaël releva son visage inondé de larmes vers son moniteur et ce qu’il y vit le pétrifia d’effroi… Daevlyn était là, immobile, le regard perdu dans le vide, il ne faisait rien pour garder l’adolescent à ses côtés. il semblait totalement indifférent à la souffrance de Raphaël. Oui, les faits étaient là. Mais ce n’était pas par indifférence qu’il faisait cela. C’était par impossibilité et incapacité de faire autrement. Seulement comment Raphaël pouvait-il le comprendre ?

Celui-ci se redressa lentement, avant de plonger son regard améthyste dans les émeraudes voilées de son amant, lui lançant un regard empli de dégoût. Daevlyn fit semblant de ne pas percevoir ce regard. Ce qu’il avait le plus craint se produisait : Raphaël le haïssait par sa propre faute. L’adulte se replia un peu plus en lui-même tentant vainement de ne pas être atteint par la douleur bien trop intense qui n’attendait que de le faucher. Si Daevlyn revenait vraiment à lui, il savait qu’il n’y survivrait pas. Ainsi, il garda son regard perdu dans le lointain, inatteignable, faisant au mieux, totale abstraction de ce qui se passait autour de lui.

C’était la première fois, qu’il faisait passer son propre bien être avant celui de Raphaël. Mais il était cette fois-ci question de sa survie personnelle. De plus, s’il mourait véritablement, que deviendrait Raphaël ?

Soudain, un hurlement déchirant s’échappa des lèvres entrouvertes de Raphaël et ses poings s’abattirent violemment sur la poitrine de son moniteur qui resta immobile. La souffrance de l’adolescent résonnait dans l’après-midi comme le chant du cygne au couché du soleil, lorsque celui-ci sent la mort arriver… Daevlyn ne ressentait aucune douleur physique, comme si son corps ne lui avait jamais appartenu. Les poings de Raphaël martelèrent avec rage le torse musclé de son amant jusqu’à ce que soudain, il s’écroule inanimé sur le sol, sous les cris des spectateurs apeurés. Daevlyn sentit son cœur s’arrêter un instant. Qu’avait-il fait ? Que lui avait-il fait ? A trop vouloir se protéger, il l’avait finalement perdu. Aucun des spectateurs clandestins n’osait faire un pas en direction de l’adolescent, aussi bien du côté des pensionnaires que des moniteurs. Tous étaient comme pétrifiés, et personne ne savait que faire. Puis, comme mu par une force mystique, l’adolescent se releva lentement.

Sans avoir besoin de regarder ses yeux, Daevlyn savait que Raphaël n’était plus et qu’un autre que lui avait prit sa place dans le corps de l’adolescent. Il tressailli rien qu’à l’idée de la rage de celui-ci qui allait s’abattre sur lui. Asiel était de retour et ses yeux d’un noir intense, dans lesquels un brasier ardent avait prit vie, se posèrent sur l’adulte qui n’avait toujours pas bougé, puis après quelques secondes durant lesquelles il ne se passa rien, la main d’Asiel s’abattit avec une violence phénoménale sur la joue de l’adulte.

Des cris de stupeur et d’indignation s’élevèrent de l’assistance. Daevlyn ne broncha pas, attendant que la foudre s’abatte inévitablement sur lui. Ce qu’Asiel allait lui dire, plus que tout, il le méritait.

Un air dédaigneux étirant les traits fins de son visage qui avait retrouvé toute sa froideur d’origine, Asiel déclara  :

- Tu n’es qu’une ordure ! Comment peux-tu rester aussi insensible à la douleur de Raphaël ? Toi qui prétendait l’aimer, tu ne mérites pas l’amour qu’il te porte et la confiance qu’il a placé en toi ! Et je ne parle pas de moi… Puisses-tu souffrir autant si ce n’est plus que lui, Daevlyn… Une dernière chose… N’espère pas le revoir, car se serait un espoir vain… Même si pour cela je dois renoncer à mon rêve d’être un jour aimé par toi, je t’empêcherais par tous les moyens de lui faire du mal à nouveau. La première fois, j’ai faillis à ma tâche en tombant amoureux de toi, mais sois sûr que cette fois-ci, je compte bien remplir ma mission ! Tu l’as détruit Daevlyn… Prends en conscience… Tu as détruit le faible espoir qui commençait à naître en lui… Plus jamais tu ne reverra ton prétendu amour… Dit lui “adieu” Daevlyn avant qu’il ne soit trop tard…

N’était-il pas déjà trop tard ? De quel droit se permettait-il de lui dire ces choses aussi dures ? A chaque mot, Daevlyn s’enfonçait un peu plus dans sa souffrance. Le pire n’était pas les mots en eux-mêmes, mais la réalité qu’ils reflétaient. Daevlyn ne cilla pas, de peur de recevoir une deuxième vague d’attaque de la part de celui qu’il aimait.

Et après tout que dire ? Que faire ? Comment réagir ? Y avait-il vraiment quelque chose à faire ?

Asiel accepterait-il la moindre tentative d’excuse ou d’explication de sa part ? Bien évidemment sa non réaction augmenta la haine de l’adolescent et une nouvelle fois sa main s’abatie sur la joue de l’adulte, avant qu’Asiel ne se lève et s’enfuit en courant, sans un regard en arrière sous les murmures indignés des spectateurs clandestins.

Peut être que s’il se serait retourné, il aurait pu voir les larmes silencieuses qui inondaient à présent les joues de l’adulte… Peut être que s’il se serait retourné, il aurait pu voir dans les yeux de Daevlyn le déchirement qu’il avait ressentit dans son cœur, et peu être que le futur s’en serait retrouvé changé… Mais Asiel ne se retourna pas, abandonnant à son tour Daevlyn.

La directrice s’approcha immédiatement de l’adulte, ne lui laissa pas le temps de se remettre. Tout en lui criait sa souffrance : la seule chose qu’Asiel était finalement parvenu à faire revivre pleinement chez l’adulte.

Ce fut son père lui s’interposa entre eux deux, entravant le chemin de la directrice jusqu’à sa proie. Celle-ci lui lança un regard rageur, avant de se retourner et de demander sèchement à tout le monde d’aller faire ce qu’ils avaient à faire, et précisant à un éducateur de prendre la charge de Steven.

Une fois que tout ce petit monde fut éloigné, elle lança un regard interrogateur au père de Daevlyn lui demandant une explication.

Après une grande inspiration, celui-ci se lança :

- Tout ce qui viens de ce passer est ma faute. Je m’excuse des ennuis que j’ai causé. Vous ne me reverrez plus, oublions cette affaire.

Alors que le père allait tourner les talons et s’en aller, la directrice le retint par le bras. Celui-ci regarda sa main avant de lui faire face, une expression de dédain dépeinte sur le visage. Gênée, celle-ci déclara :

- Vous n’avez rien à me dire de particulier ?

- Je pense que tout est dit. Je vous souhaite une bonne journée madame et vous devriez accorder une journée de repos à ce jeune homme.

Au dernier mot que son père venait d’employer, Daevlyn comprit. Il comprit pourquoi son père n’avait pas tout dévoilé. Ce n’était en aucun cas pour le protéger. En réalité c’était pour garder la paix. Il avait toujours rechigné à se mêler des affaires des autres, et comme il l’avait déclaré auparavant, Daevlyn n’était plus son fils, il faisait donc partit des “autres”.

Il avait définitivement tout perdu. Lentement, il se laissa aller, ne supportant plus cette vie qui ne le supportait plus.

L’air commença subitement à manquer dans les poumons de Daevlyn. Il tenta plusieurs fois vainement d’inspirer, mais il en fut totalement incapable. Ses poumons commençaient à le brûler et sa gorge était en feu. Son rythme cardiaque se ralenti, jusqu’à ce qu’il sombre dans un trou noir, perdant conscience, se coupant cette fois-ci physiquement du monde qui l’entourait, devenu bien trop hostile pour lui.

Lorsqu’il se réveilla, ses yeux papillonnèrent plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il les ouvrent pleinement. Il mit quelque temps avant de réaliser qu’il était dans sa chambre. Comment il était arrivé là, il n’en avait pas la moindre idée. La seule chose qu’il savait, était qu’il avait mal, aussi bien intérieurement que physiquement. Il se redressa, prenant sa

tête entre ses mains. Des coups violents lui martelaient le crâne, et il avait l’impression que celui-ci allait exploser. Tel un zombie, il se dirigea jusqu’à la salle de bain, ôta ses vêtements et entra dans la douche. Il tourna machinalement les robinets d’eau, profitant de la chaleur bienfaitrice de celle-ci. il profita de ce temps pour remettre de l’ordre dans ses idées. Ou il en était ? Que lui arrivait-il ? Qu’allait-il faire ? Qu’allait-il devenir ? Il ne se sentait vivre que grâce à la douleur qui lui serrait le cœur.

Quelque chose lui manquait et tout son être semblait le réclamait. Lorsqu’il sortit de l’eau, il se sécha à la hâte avant d’enfiler des vêtements propres, ne s’avisant même pas de la nuit qui était déjà tombée.

Tel un automate, il alla directement vers sa moitié, comme attiré par un aimant. La seule chose qu’il savait, c’était que plus que tout en cet instant il avait besoin de lui. Il fallait qu’il comble ce vide qui désormais faisait parti de lui.

Il frappa à la porte de l’adolescent, sans jamais se lasser, jusqu’à ce que celui qu’il cherchait vient lui ouvrir brusquement. A la vue du visage dévasté de son amant, les mots restèrent coincé au fond de la gorge d’Asiel :

- Daevlyn… gémit-il lamentablement.

Au moment où les yeux d’Asiel croisèrent les siens, il ne parvint même pas à soutenir ce regard. Il baissa la tête cachant ses yeux qui déjà s’emplissaient de larmes. Il ne réussissait même pas à s’approcher de lui, à le prendre dans ses bras. Non, cette fois-ci, c’était lui qui avait besoin d’être consolé. Il avait peur, terriblement peur. Et cette peur le faisait se tapir au plus profond de lui même, craignant la prochaine souffrance qui pourrait lui être fatale. Il avait besoin d’un appuis, d’un soutient et cela, il savait qu’Asiel était le seul être capable de lui offrir cela. Seulement, le voudrait-il ?

Soudain, il sentit une main lui empoigner le bras fermement et l’attirer dans la chambre. Asiel referma la porte derrière eux, et fit de nouveau face à Daevlyn. Seulement quelque chose avait changé dans son regard. S’il avait pu paraître faible et  souffrant, il y a quelques instants, ce n’était plus le cas maintenant.

D’un simple mouvement du bras, Asiel poussa Daevlyn contre le mur qui le toucha dans un bruit sourd. Surpris par ce geste et par la violence donc l’adolescent avait fait preuve, l’adulte laissa échapper un petit cri. Jamais il n’avait vu une telle colère émaner de l’adolescent, et il en vaint presque à craindre pour sa propre vie à cet instant. Daevlyn qui avait jusqu’alors garder la tête baissée, se risqua à la relever. A l’instant même où il croisa le regard de l’adolescent il fut comme figé dans le temps. Il avait l’impression que celui-ci voyait au plus profond de lui, et il le regardait avec tellement de répulsion qu’il commençait à se dégoûter lui même. Cela faisait le même effet qu’un miroir. Daevlyn se voyait sans artifice dans les yeux d’Asiel et avait cette désagréable impression de ne rien pouvoir lui cacher. Plus que tout en cet instant, il voulait détacher son regard du sien et fuir. A la place du réconfort qu’il était venu chercher, il ne se trouvait que deux fois plus mal. Mais au moins, cette douleur le maintenait en vie…

Daevlyn n’arrivait même pas à dire un seul mot pour faire cesser ce calvaire.

La seule chose qu’il parvint à faire, et qu’il ne fit même pas de son propre chef, fut de faire couler des larmes de ses yeux. L’une après l’autre, elles perlèrent de ses émeraudes, jusqu’à les inondés complètement, brouillant sa vue et le protégeant ainsi du regard de flamme d’Asiel. S’il ne pouvait plus le voir de manière nette, il pouvait cependant l’entendre, car soudain sa voix glaciale retentie dans la pièce :

- Qu’est ce que tu viens faire ici ? Je pensais pourtant avoir été assez clair. Ce n’est pas avec des larmes qui tu vas m’attendrir et encore moins effacer l’aversion que j’éprouve à ton égard. Tu n’imagines même pas ce que tu as fait. Nous te faisions confiance. Je te faisais confiance. Tu pouvais d’ailleurs te vanter jusqu’à cet après-midi d’avoir été

le seul être au monde à qui j’accordais ma confiance. Nous avions foi en toi. Nous avons cru à tes paroles. En réalité, tu n’es qu’un vil menteur. Tu n’as fait que séduire Raphaël en lui faisant miroité le paradis. Tout cela pour qu’il te laisse le droit de toucher son corps et de le baiser. Tu l’as souillé au plus profond de lui. A cause de toi, Raphaël n’aura plus jamais confiance en personne. A la première occasion tu as failli à ta promesse. Tu es pire que ceux qui ne font rien. Non, tu es le pire des hommes que nous avons pu rencontrer.

Un grand silence se fit soudain dans la pièce. A chaque mot prononcés, Daevlyn se sentait mourir un peu plus. Il était dans un état tel de faiblesse qu’il finissait par croire toutes les choses qu’Asiel venait de dire de lui, même au sujet de leurs unions. Était-ce cela ? Avait-il vraiment profité de lui ? Pouvait-on dire que dans cet état il aurait pu faire autre chose ce matin ? Daevlyn n’arrivait même plus à suivre le fil de ses propres pensées.

Asiel repris soudain la parole, d’une voix beaucoup moins glaciale :

- Pourquoi Daevlyn ? Qu’est ce qui t’arrive ?

Daevlyn mit plusieurs secondes avant de comprendre qu’Asiel était en train de lui donner une chance, et une chance de taille : celle de s’expliquer. Seulement, comment décrire ce qu’il ressentait, comment le dire à Asiel et pourrait-il le comprendre ? La seule chose qu’il parvint à dire, sortant tel une plainte de ses lèvres fut :

- Aide moi, Asiel je sens que c’est la fin je…Je suis comme mort. Je…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Asiel se jetait dans ses bras et le serrait fort, terriblement fort.

En réalité, ce n’était pas Asiel qui s’était jetait son plein gré dans ses bras, mais Daevlyn qui sans vraiment se sentir défaillir avait faillit s’effondrer sur le sol, et l’adolescent était venu le soutenir, l’empêchant de chuter à jamais.

Était-il faible à ce point ? Les mots plus que blessant d’Asiel l’avaient littéralement soufflé. Est-ce grâce à sa chute et à sa supplication que toute la haine et l’arrogance de l’adolescent s’envolèrent subitement. Daevlyn sentait ses paupières s’alourdirent. Ses dernières forces, il les avait utilisées pour venir jusqu’à lui. Son corps fut prit de tremblements. Asiel semblant inquiet à cet instant, car Daevlyn entendit une petite voix emprunte d’angoisse lui demander :

- Daevlyn ? Ne pars pas, reste avec nous. J’ai besoin de toi Daevlyn.

Daevlyn resserra légèrement ses bras autour de l’adolescent, tentant vainement cette fois-ci de lui montrer qu’il ne voulait pas partir, qu’il ne voulait pas l’abandonner. C’était tout ce qu’il était capable de faire dans son état. Pourtant, ce geste si petit soit-il sembla toucher énormément Asiel.

- Je vais t’aider.

Et dans un murmure à peine perceptible destiné à une seule personne, il ajouta :

- Je t’aime Daevlyn.

Le cœur dévasté de Daevlyn se sentit aussitôt envahi d’une toute nouvelle sensation. Il avait l’impression que ses battements, qui avaient jusqu’alors cessés de fonctionner, se remettaient tout doucement en marche. Ces simples mots avait eut un impact sur Daevlyn. En effet, il se sentait aller un peu mieux. Certes, tout ceci était vraiment minime, mais c’était au moins un début. C’était incroyable comme Asiel savait manier les mots. A l’aide de simples paroles, il pouvait détruire ou sauver son amant. Il avait ce pouvoir particulier sur Daevlyn.

Asiel l’aida à s’allonger sur son lit, le soutenant par l’épaule et se méfiant de chaque perte d’équilibre. Chaque contact physique avec Asiel lui faisait maintenant un bien fou, même si ce n’était que le contact de son bras qui le soutenait, étrangement cela le réconfortait.

Une fois étendu sur le lit, Daevlyn ferma les yeux, se laissant totalement aller. Tous ses remparts jusqu’alors piller et dévasté n’étaient, cette fois-ci, réellement plus. Cependant, il ne s’attendait pas du tout à ce qui allait arriver par la suite. Sentant le sommeil l’emporter, il lutta pour rouvrir les paupières et admirer une dernière fois le visage bienveillant d’Asiel posé sur lui. Mais ce qu’il vit lui maintint les yeux ouverts. Une toute nouvelle lueur éclairait les yeux de son amant : un désir ardant, une pulsion non maîtrisable, l’envie du corps de l’autre, un pur désir sauvage et sexuel. Deux yeux, tels ceux d’un prédateur le fixaient et le figeaient sur place.

Il n’eut pas le temps de faire ou dire quoi que ce soit que déjà Asiel s’était mis à cheval sur lui et avait pris possession de ses lèvres, forçant sans aucune douceur leur barrage.

Si Daevlyn pu répondre à ce baiser, en aucun cas il n’eut la possibilité de prendre le dessus. Même s’il avait était en possession de toutes ses capacités, jamais il n’aurait pu dominer Asiel. L’emprise qu’il lui avait démontrer par les mots était maintenant reflétée par l’emprise qu’il avait sur son corps. Celle-ci était justement sans bornes. A chaque contact violent avec la langue d’Asiel, Daevlyn sentait son cœur s’emballer un peu plus vite, symbole de la vie qui palpitait de nouveau en lui.

Très vite, les mains d’Asiel vinrent se joindre à l’acte. D’un coup sec, il tira sur chaque pan de sa chemise, arrachant d’un seul coup tous ses boutons, dévoilant efficacement le torse de son amant. Sans aucune pudeur ses mains passaient sur la peau de son amant, laissant un brasier ardant partout où elles passaient. Asiel le touchait d’une tout

autre manière que la première et le seule fois qu’il y avait eut entre eux. On aurait dit qu’il connaissait parfaitement son corps et ses moindres faiblesses, s’attardant à chaque fois à l’endroit précis où il ferait monter au ciel son amant. Il faisait cela à la perfection. Lorsque Daevlyn voulut tendre la main pour lui aussi toucher la peau de son amant,

Asiel saisit violemment son poignet le coinçant avec l’autre d’une seule main au dessus de la tête de l’adulte.

Daevlyn ne chercha pas à se débattre, et il savait que de toute façon il n’aurait pas été possible de faire quoi que ce soit : Asiel semblait plus déterminé que jamais et la folie était elle seule capable de le suivre. Contre cela, l’unique possibilité qui s’offrait à Daevlyn était de se laisser faire. Étrangement, il n’avait pas peur. Même si Asiel pouvait

être terrifiant, il avait en réalité profondément confiance en lui, et se laissant ainsi faire, il mettait sa vie entre ses mains. Il aurait suffit d’un seul geste pour que l’adolescent mette un terme à sa vie, renfermant son étreinte autour de son coup, arrêtant à jamais son souffle de vie. Et jamais Daevlyn ne chercherait à lui faire mal, il ne pourrait atteindre ce corps et le marquer. Il était totalement à la merci de l’adolescent, s’abandonnant à lui et à lui seul.

De sa main libre, Asiel déboutonna les boutons du jean de son amant. Mettant fin au baiser un instant, et lui lançant un regard plus qu’explicite. Une légère angoisse commença à se faire sentir dans la gorge de Daevlyn. Au regard qu’avait Asiel, il comprit que les préliminaires prenaient fin en cet instant, avant même d’avoir réellement commencés. Allait-il le prendre sans même préparer sa venue ?

Sans vraiment comprendre ce qu’il lui arrivait, Daevlyn était totalement nu, offert à Asiel presque contre son grès, ou du moins sans avoir spécialement son mot à dire.

Asiel porta sa main à son propre jean, gardant les yeux fixés sur Daevlyn. L’inquiétude pouvait maintenant se lire sur son visage, et lorsque Asiel eut finalement ôté son boxer en même temps que son jean, Daevlyn comprit que tout n’était qu’une question de seconde. Lâchant ses mains, Asiel se plaça entre les cuisse de Daevlyn, lui relevant un peu le bassin. Daevlyn voulut dire quelque chose, exprimer un mécontentement, mais il en fut empêché par les lèvres d’Asiel prenant possession des siennes à nouveau.

Tout son corps commençait à se crisper, appréhendant fortement ce qui allait arriver dans un instant. D’un simple coup de rein assez brusque, Asiel se retrouva en lui. La douleur fut tellement vive et forte qu’aucun son ne sortit de sa bouche lorsqu’il s’échappa de l’emprise de la bouche d’Asiel. Il tourna la tête sur le côté, voulant au moins cacher ses larmes de douleur. Tout son corps était contracté, Daevlyn n’était maintenant focalisé que sur la douleur qu’il ressentait provoquée par la pénétration plus que violente d’Asiel. Deux main saisirent sa tête, le forçant à regarder son amant dans les yeux.

Tout dans les expressions de Daevlyn trahissait la douleur qu’il ressentait. Cependant cette douleur avait quelque chose de particulier et de fondamentalement important. Grâce à elle, il ne pensait plus à rien d’autre. Totalement focalisé sur elle, il en oubliait celle qui avait jusqu’alors prit possession de lui, le faisant mourir à petit feu.

Plantant ses onyx dans les émeraudes de son amant, il se mit à se mouvoir en lui. La douleur ne fit que s’amplifier et à aucun instant Daevlyn ne prenait du plaisir. Asiel entama de longs et langoureux coup de bassin, allant toujours un peu plus profondément en Daevlyn, puissant au plus  profond de lui à la recherche de sa source de vie afin de l’attiser un peu plus. Les larmes continuaient à perler le long des joues de Daevlyn, des larmes de douleur physique et non de douleur mentale comme auparavant. Etait-ce cela, sa manière de lui venir en aide. Certes, celle-ci était brutale mais efficace.

Soudain, il cessa tout mouvement en lui, comme surprit que Daevlyn ait toujours un rictus de douleur dépeint sur le visage. En le regardant intensément, droit dans les yeux comme pour lui montrer qu’il savait ce qu’il faisait et qu’il n’avait pas honte de lui faire ressentir cela, il déclara :

- Te sens-tu toujours mourir Daevlyn ?

Daevlyn se contenta de le regarder droit des les yeux, ne répondant rien. Que répondre à cela ? Il lui avait demandé de l’aide et c’est ce qu’il avait eut. Il lui avait dit qu’il se sentait comme mort, et le seul et uniquement moyen qu’avait Asiel en sa possession était celui-ci. Mais celui-ci ne s’arrêta pas là. Après avoir recommencé ses vas et viens devant la non réponse de son amant, il lui passa sa main sur son torse dénudé. Tout en reprenant possession de ses lèvres, il continua à faire glisser sa main en direction d’un but précis. A peine eut-il effleuré le sexe de son amant, que celui-ci retrouva enfin la voix. Il poussa un gémissement où douleur et satisfaction se mêlaient.

C’était un ressenti assez ambigu. En effet, ce plaisir n’amoindrissait en rien la douleur qui était encore plus que présente, mais à celle-ci venait s’entrelacer un plaisir intense sous les caresses expertes de Asiel sur son intimité. Au deuxième gémissement poussé par Daevlyn, Asiel fit une pause s’interrompant de nouveau. Il s’éloigna de ses lèvres et il lui demanda une nouvelle fois :

- Es-tu toujours presque comme mort ?

Au dernier mot qu’il prononça, il entama une caresse bien plus poussé sur l’intimité de son amant qui se mordit les lèvres pour ne pas gémir une fois de plus. Cela ne plus apparemment pas à Asiel, qui reprenant son déhanchement, glissa dans son cou, afin de lui donner plus de plaisir. Rien que le souffle chaud de Asiel dans son cou, fit monter la température de son corps en flèche. Il en venait presque à ne plus se focaliser sur la douleur qu’il ressentait. Après avoir détourné la douleur mentale de Daevlyn par une douleur physique, Asiel détournait celle-ci par un plaisir physique. Cette stratégie marchait plutôt bien.

La langue d’Asiel touchait la peau de son cou avec pour unique but : éveiller l’excitation de son amant, et il s’y prenait à la perfection. Lorsqu’il reprit ses vas et vient, la douleur que Daevlyn avait pu ressentir en fut amoindri. Trop concentré sur les caresses intimes de Asiel, ses gémissements de souffrance s’étaient métamorphosés en gémissements de plaisir. Daevlyn plaqua une de ses mains contre sa bouche, se remémorant le lieu dans lequel ils se trouvaient. Si quelqu’un les surprenait, cela aurait était la fin de tout. Son autre main rechignant maintenant à être inactive, passa dans le dos de Asiel, accompagnant ses coup de rein devenu bien plus intense et rapide. Daevlyn commençait même à prendre du plaisir à le sentir se mouvoir en lui. Toutes les autres attentions d’Asiel lui faisaient perdre la tête. Un brasier qui doucement avait prit naissance en lui, commençait à l’enflammer et à la consumer la totalité de son être. Dès lors, le désir lui vrillait les reins, et il commença à se laisser aller à son tour à onduler du bassin. Une toute nouvelle envie était née en lui, le désir de se faire posséder entièrement. Il avait laissé tout son corps à Asiel, lui avait donné la totalité de son âme, la dévoilant entièrement à nue.

Asiel se laissa à son tour aller à pousser un gémissement, le plaisir qu’il prenait lui-même devenant bien trop intense. Asiel éloigna son visage du cou de Daevlyn et le regarda une nouvelle fois fixement, continuant ses coups de reins. Exerçant tous deux une danse vielle comme le monde, ils ne cessaient de se regardait. D’une voix entrecoupée par le plaisir qu’Asiel ressentait il lui demanda une dernière fois :

- Te sens tu revivre Daevlyn ?

D’un ultime coup de rein et dans un cri étouffé du mieux qu’il le pouvait, il se déversa en lui, métaphore de la vie qu’il lui redonnait, lui offrant la possibilité de vivre de nouveau, ravivant la flamme d’espoir qui avait toujours brûle dans le cœur de Daevlyn et qui s’était presque éteinte avant cela. Comme une sorte de rite, de la douleur au plaisir, il l’avait tiré des griffe de la mort, lui insufflant un souffle nouveau. Mourir pour revivre, c’était ce qui était arrivé à Daevlyn. Certes cela était douloureux et ne c’était pas fait sans heurt, mais grâce à Asiel, Daevlyn était de nouveau.

S’apercevant que Daevlyn n’avait toujours pas jouit, Asiel lui fit un sourire plus qu’explicite. Approchant son visage du sien d’une manière à la fois naturelle et sensuelle, il repris possession des lèvres de son amant, lui montrant que tout n’était pas terminé. Daevlyn s’attendait à un baiser mêlant passion et possessivité, mais il fut au contraire totalement différent. A sa mémoire, jamais Asiel ne l’avait embrassé ainsi. En effet, le sentiment qu’il faisait passer à travers leur échange était jusqu’alors inconnu de la part de Asiel. Rêvait-il ou celui-ci avait peur ? Cette manière d’embrasser avec appréhension, il l’aurait reconnu entre mille et n’aurait pas était étonné s’il avait s’agit de Raphaël. En effet pendant l’acte, Raphaël quémandait toujours une certaine forme de réconfort à travers ses baisers, reflétant la peur de se faire prendre et le peur de l’acte en lui-même. Mais pourquoi Asiel avait-il peur ?

Un doute plana, et voulant avoir le cœur net au sujet de l’identité de celui qu’il embrassait, il ouvrit les yeux, cessant un instant de répondre à son baiser. Cela ne passa pas inaperçu car l’adolescent ouvrit à son tour les yeux. Pensant vraiment avoir maintenant à faire à Raphaël, il fut surprit de plonger dans le regard si pénétrant de Asiel. Rêvait-il ou à l’instant, venait-il de voir de la peur s’y refléter ? Soudain inquiet Daevlyn prit la parole pour la première fois depuis un moment :

- Quelque chose ne va pas Asiel ?

Ce fut au tour d’Asiel de rester silencieux. Semblant subitement plus déterminé que jamais. Il se redressa un peu, se plaçant juste au dessus de l’intimité toujours dressée de son amant, et à l’aide de sa main, en fermant les yeux, il s’empala littéralement sur celui-ci provoquant un léger cri de douleur chez l’un et un de satisfaction et de surprise chez l’autre.

Soucieux de ce que pouvait ressentir Asiel et inquiet de la douleur qu’il devait ressentir, Daevlyn se redressa un peu, l’enlaçant de ses bras. Asiel posa automatiquement sa tête sur l’épaule de Daevlyn, tentant de se faire à la présence de Daevlyn en lui. Aucun des deux ne tenta de faire un mouvement de plus. Pourtant une question brûlait les lèvres de l’adulte et il se risqua à la murmurer à son oreille :

- Pourquoi ?

Un long silence précéda la réponse de Asiel où seul le bruit de leur respiration saccadée par le plaisir régnait.

- Je suis à toi moi aussi maintenant. Je t’aime Daevlyn.

A la fin de sa phrase, Daevlyn s’éloigna de l’épaule de son amant et le regarda droit dans les yeux pour appuyer ses dire. C’est à ce moment-là que Asiel entama un va et vient, accomplissant les paroles qu’il avait prononcées. A aucun moment leur yeux ne se quittèrent. Leur front se collèrent l’un à l’autre pour ne plus jamais se quitter, se mouvant au rythme de leur déhanché. Seul leur souffle mutuel caressaient leur visage et leurs lèvres.

Il savait que ce qu’Asiel venait de lui offrir était destiné à lui seul et que jamais il ne le permettrait à une autre personne que lui. Privilégié grâce à l’amour qu’ils se portaient, Asiel lui avait tout offert : sa confiance, son âme et son corps. Bien qu’il reste au dessus, il s’était volontairement laissé prendre.

Mais alors que Daevlyn voulait répondre aux sentiments de Asiel, n’ayant aucun doute au sujet de ce qu’il ressentait pour lui, il fut interrompu. Il eut à peine le temps d’articuler : « Moi aussi je t’ai… », que Asiel s’était jeté sur ses lèvres le forçant à garder le silence. Leur baiser ne fit que les exciter davantage, si bien que la cadence d’accéléra jusqu’à une jouissance commune. Épuisé, Daevlyn entraîna Asiel dans sa chute, s’étendant sur le dos dans le lit.

Ils restèrent un long moment ainsi, Daevlyn toujours en Asiel, et celui-ci continuant à se délecter des lèvres de son amant. Ensembles, ils ne formaient plus qu’un.

Ce ne fut qu’après de longs échanges de tendresse que Daevlyn se retira d’Asiel et que celui-ci vient s’allonger à ses côtés. Collés l’un contre l’autre, la douce chaleur qui les

enveloppait continuait son rôle d’apaisement de leur cœur en convalescence. Alors que Daevlyn commençait à fermer les yeux et à s’assoupir, il entendit Asiel lui demander :

- Daevlyn ?

- Oui ? répondit-il d’un voix endormie.

- Tu vas te rendre à l’enterrement de ta mère ?

Les yeux de Daevlyn s’ouvrirent immédiatement. Pourquoi après un tel moment ? Pourquoi venait-il briser cet instant avec ce qui l’avait mis en l’air.

- Je…

Daevlyn ne réussit à prononcer un seul mot, la douleur qui s’était endormie se réveillait plus que violemment, le noyant de nouveau dans un océan de tristesse et de souffrance. Mais Asiel ne le laissa pas repartir. Il redressa son visage qui s’était aussitôt replié en lui même, le forçant à rester dans ce monde.

- C’était la dernière volonté de ta mère Daevlyn… Ne laisse pas ton père gagner. Prouves-lui qu’il n’a pas réussi à te détruire !

Les larmes perlèrent de nouveau dans les yeux de Daevlyn. S’il n’avait pas réussi à le détruire, il s’en était fallut de peu. Sans l’aide de Raphaël et d’Asiel, il aurait déjà mis fin à ses jours une fois pour toute. Mais seul, il ne pourrait s’y rendre. Il ne pourrait affronter toute sa famille et ne pas tomber devant le regard de son père qui savait tout.

- Je n’y arrivera pas. Je… Je ne pourrais pas lui faire face… seul…

- Veux-tu que Raphaël t’accompagne ?

Rien qu’entendre son nom lui fit un choc. L’angoisse l’envahie. Raphaël… Il l’avait totalement abandonné, sans rien faire pour le soutenir, alors qu’il venait de se battre pour lui. Sous le coup de l’inquiétude sans vraiment réaliser le mal qu’il faisait à Asiel sur le moment, il demanda avec empressement :

- Comment va-t-il ? Est ce qu’il m’en veux. Raphaël… je…

- Je n’en sait rien et je ne chercherait pas à le savoir tout de suite. Déclara alors froidement Asiel.

Daevlyn comprit qu’il était allé trop loin, et tenta de s’excuser.

- Je suis désolé Asiel je… J’ai manqué de tact… Je…bredouilla-t-il.

Semblant vouloir changer de sujet, et semblant surtout éviter d’étaler son mal être et de craquer Asiel dit :

- Si tu veux que je t’accompagne, tu n’as qu’une chose à faire Daevlyn. Il suffit de me le demander et je te soutiendrais.

Daevlyn planta ses yeux dans ceux de Asiel. Jamais il n’aurait pensé que Asiel lui propose une deuxième fois son aide, et la refuser aurait était plus fatal pour lui. Asiel avait du énormément prendre sur lui pour lui dire cela.

Ne voulant pas laisser le silence se prolonger une minute de plus, il dit à Asiel :

- Si tu m’accompagne, je suis prêt à m’y rendre. S’il te plait.

Un léger sourire se dessina sur le visage de l’adolescent qui, après un murmure où il lui dit qu’il serait toujours là pour lui, pris possession de ses lèvres pour accompagner cet instant : un baiser tendre comme rarement Asiel en donnait…