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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 45

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 45 écrit par Shinigami

Ce matin là, Raphaël se réveilla très tôt. Il avait été tiré de son sommeil lorsqu’il avait vu en rêve que Daevlyn n’était plus à ses côtés. Pour s’assurer de la non-véracité de ses images, il ouvrit les yeux et se tourna vers son amant, qu’il contempla longuement, un sourire tendre étirant ses lèvres fines. Daevlyn était si beau dans son sommeil… Ses traits détendus n’avaient plus rien de froid ou d’arrogant. L’adolescent était hypnotisé par les lèvres de son moniteur, si bien qu’il ne résista pas plus longtemps à la tentation et pris délicatement possession de celles-ci dans le but d’assouvir son envie. Ce n’était pas la première fois que Raphaël embrassait Daevlyn pendant son sommeil, mais à chaque fois, il ne pouvait s’empêcher de rougir à la pensée qu’il violait, en quelque sorte, son intimité. Cependant, un grand auteur ne disait-il pas que le meilleur moyen de résister à la tentation est d’y céder ? A cet instant, Raphaël ne faisait que suivre son conseil…

Mais apparemment, ce traitement n’était pas pour déplaire à l’adulte qui ouvrit lentement les yeux et plongea son regard émeraude dans les améthystes de l’adolescent qui s’empourpra d’avantage. Cependant, pour rien au monde Raphaël ne l’éloigna. Il ne leur restait que seulement quelques heures à passer ensemble et pour rien au monde il ne souhaitait gâcher ce temps si précieux. L’adolescent souhaitait vivre pleinement ces derniers instants et les immortaliser à jamais dans sa mémoire pour ainsi, ressentir toujours la présence de Daevlyn auprès de lui, même lorsque celui-ci serait loin…

Loin… Comme ce mot pouvait faire mal…Sentant un début de mal être commencer à poindre, Raphaël chassa cette idée déplaisante de son esprit pour se concentrer uniquement sur le moment présent et sur la présence de Daevlyn.

Les bras de l’adulte passèrent derrière le cou de l’adolescent, l’attirant un peu plus près contre lui. Raphaël adressa un sourire radieux à son amant, un sourire que lui seul avait le privilège de pouvoir contempler puis leurs lèvres se joignirent en un baiser matinal empli. Daevlyn explorait sa bouche avec avidité, et Raphaël répondait à ce baiser avec la même intensité que son amant.

Si le lit une place de Raphaël aurait était jugé trop petit pour deux sous un regard extérieur, pour eux il avait été amplement suffisant. Collé l’un contre l’autre toute la nuit durant, il n’avait jamais ressentit de gène particulière à ce niveau là. Peu leur importait le lieu, le principal était d’être l’un dans les bras de l’autre…

Outre les besoins nécessaires, leur amour partagé était amplement suffisant.

Après de longues minutes de tendresse matinales, Daevlyn s’arracha à l’étreinte de l’adolescent et entreprit de ramasser ses vêtements éparpillés un peu partout dans la chambre. Raphaël contemplait non sans rougir légèrement, le corps magnifiquement bien sculpté de son amant, par la pratique régulière de l’équitation. Seulement, Daevlyn sembla sentir le regard de l’adolescent posé sur lui car il lui lança un regard entendu, un petit sourire en coin étirant le coin de ses lèvres.  Gêné de s’être fait ainsi surprendre, Raphaël s’empourpra immédiatement.

Le rougissement intempestif de l’adolescent sembla amuser son moniteur car celui-ci s’approcha de lui et prit tendrement possession de ses lèvres. Mécontent que l’adulte se moque ainsi de lui, Raphaël boudait et mit un certain temps à répondre au baiser. Cependant, il finit par répondre, cédant sous l’intensité du baiser de Daevlyn qui, par celui-ci, semblait vouloir se faire pardonner. Pour Raphaël, il était totalement impossible de ne pas céder sous un tel afflux d’amour et de tendresse.

Soudain, Raphaël, qui avait fermé les yeux de bien être,  sentit Daevlyn s’arracher un peu trop brutalement à son étreinte. A la fois intrigué et apeuré, l’adolescent ouvrit les yeux et observa son amant, n’osant dire un mot, de peur de l’irriter un peu plus. Il ne comprenait pas… Pourquoi Daevlyn semblait soudain si gêné ? Sans un mot, Raphaël observa attentivement son amant, essayant de déchiffrer son malaise à travers ses gestes. Ce fut lorsque l’adulte enfila précipitamment son jean que Raphaël comprit la raison du mal être de son moniteur.

L’adolescent s’empourpra violemment, se sentant cependant flatté d’être désiré ainsi. Intérieurement, il remercia le geste premier de l’adulte, qui avait été de s’écarter de lui et de ne pas le forcer à faire quelque chose qu’il n’aurait pas voulu. Cependant, s’il y avait bien une chose que Daevlyn ignorait, c’était que de son côté, Raphaël aussi désirait Daevlyn. Son désir était peu être moins flagrant, mais la flamme qui lui brûlait les reins n’en était pas moins vive. Dans un élan de pudeur, Raphaël noua négligemment le drap sur ses reins et s’approcha de Daevlyn. Volontairement, il se colla tout contre Daevlyn, se frottant contre l’érection grandissante de son amant, en prenant une pause lascive avant de quémander ses lèvres.

La tension monta très vite en eux. Leurs mains étaient déjà en train de parcourir le corps de l’autre, accompagnant le baiser qui ne se suffisait plus à lui-même. Déjà les mains de Daevlyn s’étaient glissées entre les pans du drap à la recherche du contact de sa peau, tandis que celles de Raphaël ne se gênaient pas pour caresser le torse encore dénudé de son amant.

A travers le draps et le jean, tous deux pouvaient malgré tout sentir peu à peu le plaisir de l’autre augmenter.

Raphaël se laissait aller sous les caresses expertes de son amant lorsqu’il sentit une de ses mains se faufiler sous son drap et venir caresser ses fesses avant de remonter lentement jusqu’à la chute de ses reins, en une caresse plus que suggestive. Raphaël mit subitement fin au baiser, ne pouvant retenir plus longtemps un gémissement de plaisir et de surprises mêlées, qui lui brûlait la gorge. La main de Daevlyn effleura un instant ses reins avant de glisser lentement jusque sur son ventre,  mais sans jamais descendre plus bas. Attisé par les caresses de son amant, Raphaël émit un long gémissement de mécontentement, sans pour autant libérer les lèvres de son moniteur. Raphaël sentit l’adulte mettre fin au baiser et s’éloigner de lui. Raphaël prit un air boudeur et lança un regard accusateur à l’adulte qui déclara alors :

- Je vais prendre ma douche.

Les paroles de Daevlyn choquèrent l’adolescent, qui ne comprit pas le sous-entendu de Daevlyn. Comment Daevlyn osait-il l’allumer ainsi et le laisser en plan comme on jetterait un vieux vêtement ? La colère fit place à la tristesse, comment Daevlyn osait-il jouer avec lui ? Il n’était pas une poupée que l’on utilise et que l’on jette lorsque l’on en veut plus. Raphaël ne comprenait pas ce soudain changement et retenant ses larmes, il demanda :

- Mais tu ..?

Daevlyn ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Avec un sourire plus qu’explicite, il demanda :

- Tu viens avec moi ?

Aussitôt, les joues de Raphaël prirent une belle teinte rosée et sans réellement réfléchir à ce qu’il disait, il balbutia :

- Je… euh… je… D’accord.

Daevlyn lui vola un furtif baiser et prit ses vêtements qu’il roula négligemment en boule. Puis, il saisit doucement le bras de l’adolescent et l’entraîna à sa suite dans sa salle de bain personnelle. Raphaël le suivait sans un mot, perdu dans ses pensées. Il n’avait réalisé que trop tard la portée de ses paroles…

Une fois dans la chambre de Daevlyn, l’adulte ôta son jean, se retrouvant ainsi en tenue d’Adam. Il se retourna et Raphaël dû se faire violence pour ne pas rougir et ne pas baisser son regard sur une certaine partie de l’anatomie de son amant.

Cela sembla amuser Daevlyn qui, un sourire amusé sur les lèvres, demanda :

- Tu comptes te laver avec ton drap ?

Raphaël ne savait plus ou se mettre. Ses yeux s’embuaient de larmes et il devait user de toute sa volonté pour les empêcher de s’échapper. Raphaël était au pied du mur… Comment devait-il annoncer à Daevlyn qu’il ne gardait qu’un horrible souvenir du jour où quelqu’un l’avait rejoint alors qu’il était en train de se laver… Bien sûr, il savait parfaitement que jamais Daevlyn ne le forcerait, mais il ne pouvait s’empêcher d’appréhender la réaction de son amant… Cependant, Raphaël n’eut pas à se torturer l’esprit plus longtemps car Daevlyn sembla s’apercevoir que le trouble de l’adolescent était bel et bien réel, car il s’approcha de lui et lui releva doucement mais fermement le menton. Ne pouvant supporter le regard de Daevlyn lui reprochant son comportement exagéré, Raphaël donna libre court à ses larmes, désolé de faire subir tout cela à son moniteur.

- Excuse-moi, je… pardonne moi Daevlyn, je…

Raphaël ne pu s’excuser d’avantage. Sa voix se brisa en un sanglot qu’il ne parvenait pas à maîtriser.

Raphaël sentit que Daevlyn l’attirait doucement contre lui, souhaitant lui faire comprendre qu’il comprenait parfaitement le trouble de l’adolescent. D’une voix douce et emplie d’amour, il murmura :

- Je t’aime Raphaël, jamais je ne te forcerais tu m’entends. Je n’ai jamais voulu me moquer de toi, je… C’est moi qui m’excuse.

A ces mots, Daevlyn raffermit son étreinte sur le corps frêle de l’adolescent, parcouru de légers frissons. Rassuré par les mots de l’adulte, les larmes de l’adolescent finirent par se tarirent et il finit par se calmer complètement. Cependant, Daevlyn le garda encore quelques instants dans ses bras, déposant une multitude de baisers papillons surs es cheveux, lui murmurant inlassablement des mots d’amour à l’oreille.

Au bout d’un moment, Daevlyn demanda d’une voix douce :

- Tu veux toujours la prendre avec moi cette douche ?

Raphaël sentit parfaitement l’appréhension que ressentait l’adulte, et souhaitant le rassurer et le remercier de sa présence et de sa gentillesse, il s’écarta légèrement de lui, et lui adressa un maigre sourire, se contentant d’hocher positivement la tête pour répondre à la requête de l’adulte.

De son pouce, Daevlyn sécha la dernière larme qui coulait le long de la joue de l’adolescent, ne voulant plus les voir couler par sa faute.

Sans que l’un et l’autre ne s’en rendent compte, leurs lèvres s’étaient rejointes en un baiser tendre et rassurant. Raphaël lui transmettait ses appréhensions et Daevlyn tentait de les effacer au mieux. Progressivement, la douceur et la tendresse se mêlèrent à la passion, jusqu’à ne faire plus qu’un avec elle.

Au fur et à mesure que leur baiser gagnait en intensité, leur désir s’éveillait de nouveau, leur brûlant les reins de cette flamme qu’ils ne connaissaient que trop bien, et de ce désir qui parcourait leur sang, se répandant dans tout leur être comme un poison.

Sans brusquerie aucune, Daevlyn mit bat au dernier rempart à la nudité de l’adolescent, faisant tomber le draps qui le séparait encore du contact de sa peau. Savoir Daevlyn, aussi nu que lui et sentir sa peau nue se frotter à la sienne ne fit qu’attiser un peu plus son désir. De son côté, Daevlyn semblait lui aussi avoir du mal à contenir son désir pour l’adolescent et l’attira encore plus près qu’il ne l’était déjà. Se sentir ainsi désiré par Daevlyn ému profondément l’adolescent. Pour lui qui était complexé par son corps qu’il trouvait répugnant, savoir que Daevlyn l’aimait et le désiré malgré son corps immonde était la plus belle preuve d’amour que l’on pouvait lui faire. Jamais l’adulte n’avait détourné les yeux des cicatrices qui zébraient son corps, jamais il n’avait eut un sursaut de répugnance en caressant sa peau mutilée, lui murmurant au contraire à quel point il était beau et désirable.

Enivré par l’odeur de Daevlyn et par ses caresses sensuelles, Raphaël remonta ses mains jusque dans son dos et, lentement, il les fit glisser ses doigts de haut en bas, effleurant sa peau si douce, tandis que l’autre se perdait sur sa nuque. Un frisson de plaisir parcourut l’échine de l’adulte et il approfondit davantage leur baiser.

A les voir de nouveau ainsi, il aurait était impossible de soupçonner la crise de larme de Raphaël que Daevlyn avait finalement effacé très rapidement. Cela ne faisait que souligner la dépendance qu’il existait entre tous deux, ainsi que la dangerosité de celle-ci. Ils s’aimaient, ils s’aimaient tellement qu’un degré de plus encore et leur amour pouvait devenir totalement destructeur.

Le simple amour avait fait place à un amour passionnel magique qui pouvait en un rien de temps, devenir violent et destructeur. Cependant, ni l’un ni l’autre n’avaient conscience de ce danger, chacun se contentant d’apporter à l’autre toujours plus d’amour que leur coeur ne pouvait en contenir.

Doucement, Daevlyn guida Raphaël sans le forcer jusqu’à la salle de bain. Une fois tous deux entrés dans celle-ci et sans se quitter un seul instant, leurs lèvres restant jointes, Daevlyn referma la porte derrière eux, les enfermant dans sa petite salle de bain privée.

Tous deux en simple tenu d’Adam, ils pénétrèrent dans la douche avant de refermer la porte de plastique qui empêchait l’inondation.

Depuis de longues minutes déjà, leurs mains allaient et venaient à leur guise sur le corps de l’autre, mais sans jamais descendre trop bas, souhaitant amener leur amant au paroxysme du plaisir, tout en douceur et le plus lentement possible. Le baiser se fit de plus en plus passionné, leurs langues se caressaient, leurs lèvres se happaient comme pour dévorer l’autre, le soumettant au plaisir charnel. Ce fut Daevlyn qui mit fin au baiser, arrachant un soupir de protestation à l’adolescent, bien vie remplacée par un soupir de bien être lorsqu’il sentit la tiédeur de l’eau s’ajouter à la brûlure que la peau de Daevlyn laissait contre la sienne. Une peau brûlante de ce feu que l’on appelle désir, un feu qui contaminait Raphaël, le laissant pantelant sous les attouchements de son amant. Un frisson de plaisir lui parcourut l’échine et Raphaël émit un faible gémissement de bien être, ne souhaitant pour rien au monde que cela cesse.

Lorsqu’il sentit Daevlyn s’écarter de lui, Raphaël rouvrit les yeux qu’il n’avait pas eu conscience de fermer, pour apercevoir l’adulte, un sourire aguicheur dessiner sur les lèvres, attraper le gel douche et en vider une partie dans sa main. Raphaël se mit à rougir violemment au sous-entendu émit par l’attitude de Daevlyn et sentit l’adulte lui attraper la main et verser une partie du savon dans sa paume. L’adolescent se laissa faire et une fois que Daevlyn lui relâcha la main, il entreprit de se savonner. Sa course fut stoppée à mi-chemin par la main de Daevlyn qui la retenait prisonnière. Raphaël lui lança un regard empli d’incompréhension. Daevlyn n’avait-il pas dit qu’ils allaient se laver ? Alors pourquoi l’arrêtait-il ainsi ? Il n’allait quand même pas rester avec le savon dans les mains…

Daevlyn sembla se rendre compte du trouble de l’adolescent car il guida sa main qu’il posa sur son torse. L’innocence de Raphaël troublait profondément l’adulte. Malgré ce qu’il avait vécu par le passé, il conservait une telle pureté et une telle innocence que Daevlyn aurait presque pu apparenter à de la naïveté.

Raphaël resta un moment immobile, regardant Daevlyn répartir le savon dans ses deux mains avant de les poser sur son corps et de partir à la découverte de celui-ci. Ses mains caressaient ses épaules, commençant à le savonner jusqu’au cou avant de redescendre sur son torse pour finir leur course sur son bas ventre. Une fois la surprise passée, Raphaël prit entièrement conscience du sens des paroles de Daevlyn. L’adolescent se mit à rougir et se gifla mentalement de son ignorance et son manque de jugeote. Comment avait-il pu être aussi naïf ?

Mettant fin à son conflit intérieur, l’adolescent se laissa aller à savourer les caresses de l’adulte qui prenait un malin plaisir à attiser le feu du désir qui lui vrillait de nouveau les reins.

Soudain, Daevlyn attrapa les hanches de l’adolescent et le retourna brusquement, arrachant un cri de surprise et de peur au jeune garçon qui ne comprenait pas un tel accès de vivacité de la part de son amant. Daevlyn sembla s’en rendre compte, car aussitôt, il rapprocha son corps toujours un peu plus près du sien sans pour autant le toucher. Ses lèvres se posèrent délicatement sur sa nuque, l’inondant d’une multitude de baisers tous plus passionnés les uns que les autres, tandis que ses mains encore pleines de savon parcouraient éhonteusement son corps, caressant chaque recoin, du plus commun au plus intime.

Après un temps qui paru interminable aux yeux de Raphaël, Daevlyn consentit enfin à s’approcher de lui, à le toucher, après lui avoir consciencieusement lavé le dos. Raphaël sentait l’érection de Daevlyn pulser contre ses fesses, l’adulte faisant exprès de se frotter lascivement contre lui, en une invitation plus que suggérée. Cependant, il ne tenta rien de plus, se contentant de l’attiser au maximum, à l’aide de ses mains et de son corps.

N’y tenant plus, les mains de Daevlyn finirent par descendre un peu plus au sud, commençant par effleurer l’intimité de l’adolescent, continuant leur course jusque sur ses jambes avant de remonter lentement sur son entrejambe. Raphaël avait de plus en plus de mal à se retenir de gémir sous l’effet combiné de l’eau ruisselant sur son corps et des caresses que lui procurait l’adulte. Ses gémissements résonnaient dans la cabine de douche, attisant le désir de l’adulte à son paroxysme. Ses petits cris plaintifs excitaient Daevlyn qui commençait à avoir réellement du mal à se retenir de le prendre sur le champ. Il voulait l’entendre crier son nom et hurler son plaisir…

Les mains de Daevlyn se posèrent sur ses fesses et il se mit à les caresser sensuellement, tandis que parfois ses doigts déviaient de leur trajectoire première pour aller se perdre sur l’intimité de son amant, dans le but de le préparer à sa venue prochaine.

A présent, Raphaël ne retenait plus ses gémissements de plaisir. Le plaisir que lui procurait Daevlyn était si intense, si passionné qu’il voulait lui faire savoir à quel point il le désirait, à quel point il l’aimait. Et quel autre moyen avait-il de lui faire comprendre cela si ce n’est répondre au plaisir qu’il lui offrait ? Daevlyn lui procura une caresse plus poussée et Raphaël se cambra violemment sous l’afflux de plaisir toujours plus intense. Il sentait son sang bouillonner dans ses veines, et répandre en lui le feu du désir. Le désir de sentir Daevlyn contre lui, en lui, laissant en lui la trace invisible de son passage, sa marque, comme quoi il lui appartenait à lui et à lui seul.

Semblant s’apercevoir du désir de l’adolescent, Daevlyn jugea qu’il était temps de passer à autre chose, et mordillant légèrement le lobe de l’oreille de Raphaël, il lui murmura son amour, provoquant des frissons de bien être chez l’adolescent. Les “je t’aime” de Daevlyn avaient le pouvoir de lui ôter toute peur et d’annihiler toute appréhension.

Après une caresse beaucoup plus osée que les précédentes de la part de son moniteur, Raphaël rejeta sa tête en arrière sur l’épaule de Daevlyn, la bouche ouverte en un cri muet. Jamais encore il n’avait connu une telle intensité.

Les baisers papillons que Daevlyn déposait sans relâche sur la moindre parcelle de peau nue passant à proximité de ses lèvres ne faisaient qu’attiser l’envie de Raphaël de le sentir en lui. Ses mains ne cessaient d’imprimer un lent et langoureux mouvement sur l’érection douloureuse de l’adolescent, qui gémissait au moindre effleurement de l’adulte. Tout son corps semblait brûler de l’intérieur et sa peau était d’une sensibilité extrême. La main de Daevlyn parcourant librement son corps en était l’une des principales responsables.

Soudain,  Raphaël se retourna, faisant face à l’adulte, rompant un instant le contact de sa main sur son intimité et se colla à Daevlyn pour prendre possession de ses lèvres. Daevlyn ferma les yeux, et se laissa aller sous ce contact humide et doublement excitant sur ses lèvres. Sa main retrouva bien vite le lieu où elle s’était trouvée quelques secondes auparavant et reprit bien vite ce qu’elle avait entamé. Souhaitant remercier l’adulte du plaisir qu’il lui offrait, Raphaël posa timidement sa main sur l’intimité de son amant. Aussitôt, Raphaël plongea son regard dans celui de Daevlyn, non sans appréhender ce qu’il pourrait y lire. Cependant, lorsqu’il vit le sourire et la lueur de désir qui illuminait les émeraudes de son moniteur, toute l’appréhension de Raphaël s’envola en fumée. Cependant, la sensation lui était encore étrangère, et la peur de mal faire lui nouait les entrailles.

Leurs corps ondulaient au rythme de leurs caresses manuelles, jusqu’à ce que Daevlyn craque et commence à embrasser le torse de son amant, quittant ses lèvres. Semblant comprendre ce qui l’avait l’intention de faire, Raphaël cessa tout mouvement et se recula jusqu’à s’appuyer dos au mur afin de se maintenir au mieux sous le plaisir qu’allait lui procurer son amant. Daevlyn ne mit pas trop de temps à descendre et sa langue suivit de sa bouche vint remplacer sa main droite.

A ce contact, le corps de Raphaël se cambra brusquement, et il du se faire violence pour ne pas jouir immédiatement tellement le plaisir ressentit était immense. Automatiquement, il se mit à onduler du bassin, dans l’espoir d’inciter Daevlyn à continuer dans cette voie. Daevlyn semblait s’appliquer au mieux, faisant découvrir à Raphaël de toutes nouvelles sensations avec l’eau qui coulait sur leur corps dont le feu n’était pas près de s’éteindre.

Puis, sans signe précurseur, Daevlyn accéléra la cadence, procurant mille sensations à l’adolescent.

Soudain, une vague de jouissance déferla sur Raphaël et il se libéra dans un cri qu’il étouffa tant bien que mal, tandis que ses mains de perdaient dans la chevelure mouillée de son amant.

Daevlyn se redressa alors, afin de regagner ce que ses lèvres quémandaient inlassablement : la bouche de Raphaël. Leurs lèvres mouillées se mêlèrent et les mains de Raphaël vinrent se reposer sur l’intimité de son amant, reprenant là où il en était avant l’interruption de Daevlyn. La chaleur était intenable dans l’habitacle, et la buée avait envahi toute la petite pièce.

Ne résistant pas à la tentation que représentait le corps nu de Raphaël offert à lui, Daevlyn se mit en oeuvre pour le préparer, tentant de se maîtriser pour ne pas le prendre tout de suite, là maintenant. Il se fit violence pour réfréner ses pulsions hormonales alors qu’il glissait le premier doigt en Raphaël.

Ne s’attendant pas à cette intrusion subite, Raphaël émit un hoquet de surprise et s’agrippa violemment à l’épaule de Daevlyn, plantant ses ongles dans sa chair, cessant tout mouvement de sa main gauche.

Aussitôt, Daevlyn cessa tout mouvement, attendant patiemment que Raphaël s’habitue à sa présence en lui. Rassuré, Raphaël se détendit et reprit ses caresses manuelles, incitant inconsciemment l’adulte à poursuivre où il s’était arrêté.

Galvanisé par les caresses et les gémissements de l’adolescent, Daevlyn commença à se mouvoir en lui, entamant des vas et viens plus ou moins profonds à des rythmes variés. Raphaël ne tarda pas à se mettre à onduler du bassin, toujours légèrement éloigné sur mur pour laisser la place à la main de Daevlyn. Lorsqu’il inséra un deuxième doigt, ce n’est pas un cri de douleur ou de surprise qui sortit des lèvres entrouvertes de l’adolescent, mais un gémissement de plaisir.

Daevlyn continua à le préparer longuement, dans le but d’éviter le maximum de douleur à son amant, ne lui offrant ainsi que du plaisir charnel à l’état pur. Très vite, Raphaël s’empala de lui-même sur les doigts de Daevlyn qui usait de tout son self-control pour ne pas le prendre violemment contre le mur, le possédant avec passion, lui faisant hurler son plaisir à gorge déployée.

Jugeant l’avoir amplement préparé, Daevlyn retira ses doigts sous le gémissement de protestation de l’adolescent. Il l’embrassa alors comme jamais, lui faisant perdre la tête, allant même jusqu’à lui faire cesser tout mouvement. Il l’embrassait avec fougue et passion, comme si c’était la dernière fois.

Puis, sans brusquerie aucune, il quitta les lèvres de l’adolescent et le retourna, le mettant face au mur. Il se colla contre lui, embrassant sa nuque, sentant que l’adolescent commençait à se tendre légèrement sous la position qu’ils n’avaient pas encore expérimentée. Jusqu’à maintenant, chaque acte avait était réalisé les yeux dans les yeux. Si Raphaël appréhendait le fait que Daevlyn le prenne par derrière, la tendresse dont fit preuve l’adulte en le guidant mit bas à toutes ses craintes. Il se sentait complètement stupide d’angoisser sur la réaction de l’adulte alors qu’il savait très bien que celui-ci avait toujours été d’une douceur et d’une patience exemplaire.

Les mots doux et les “je t’aime” que Daevlyn ne cessait de lui murmurer à l’oreille depuis qu’il lui tournait le dos lui rappelaient combien il tenait à lui, combien il comptait pour lui.

D’un ample coup de rein et avant que Raphaël n’ai le temps de réaliser quoi que se soit, Daevlyn était en lui, le faisant sien.

Aucun son ne s’échappa de la gorge de Raphaël, mais ses mains se crispèrent sous l’intrusion et la présence imposante de Daevlyn en lui. Cependant, pour rien au monde il ne lui aurait demandé de se retirer, même s’il savait que Daevlyn préférait cela à le voir souffrir. Il voulait le sentir contre lui, il voulait le sentir se mouvoir en lui, imprimant sa marque dans son corps, affirmant sa possession et sa propriété. Il voulait être à Daevlyn, et rien ne pouvait lui apporter plus de joie que de se savoir à l’origine des cris de jouissance de son amant. Sentir Daevlyn se déverser en lui, alors qu’il criant son prénom était le plus beau cadeau qu’il pouvait lui faire.

Sentant Raphaël se tendre sous lui, Daevlyn cessa aussitôt tout mouvement, reportant son attention sur la douleur de l’adolescent, prenant sur lui pour ne pas céder à ses pulsions qui lui intimaient d’entamer ses vas et viens.

Après d’innombrables baisers déposés sur la nuque de Raphaël, et des mots d’amour susurrés à son oreille, Daevlyn entama une lente et ample ondulation du bassin, gémissant au plaisir qu’il ressentait à être en son ange.

Embrasé par les gémissements de Daevlyn et ses coups de reins, Raphaël ne tarda pas à joindre sa voix à la sienne, en une litanie de gémissements plus sensuels les uns que les autres, signe évident de leur plaisir mutuel.

Le plaisir ressentit était tellement intense qu’étouffer ses cris était insupportable. Raphaël aurait voulu crier au monde entier toute la foule d’émotion qu’il ressentait, il aurait voulu crier au monde entier le plaisir que lui faisait ressentir son amour. Enivré par les gémissements de plaisir de Raphaël, Daevlyn accéléra la cadence, en un rythme soutenu.

Pour la dernière fois avant une semaine ils ne faisaient plus qu’un. Profitant à fond de la présence de l’autre, Raphaël se donna comme jamais il s’était donné, voulant offrir les étoiles à l’adulte.

Jamais encore Daevlyn ne lui avait fait l’amour avec une telle intensité. Ce qu’ils vivaient à ce moment était plus fort et plus intense que jamais. Comme si par cette seule union de leur corps, leur âme se scellait de la même façon, faisant qu’une pour ne plus jamais se dissocier.

Après un ultime coup de rein qui les transportèrent tous deux très loin d’ici, ils jouirent simultanément dans un cri qu’ils eurent le plus grand mal du monde à contenir. Daevlyn posa sa tête sur l’épaule de Raphaël, sans se retirer immédiatement, voulant encore se sentir en lui et contre lui. Reprenant tous deux leur respiration après ce moment plus qu’intense, ils avaient l’impression d’entendre les battements effrénés du cœur de l’autre.

Ce n’est qu’après de longues minutes qu’ils s’écartèrent pour mieux se retrouver de face et reprendre possession de leurs lèvres dans un baiser langoureux.
Ils finirent de se laver, dans la joie et la bonne humeur. Daevlyn prêta une serviette à Raphaël pour qu’il puisse regagner sa chambre, se donnant rendez-vous après un baiser dans un petit quart d’heure pour se rendre au réfectoire.

C’est avec beaucoup de difficultés que Raphaël parvient à quitter Daevlyn pour regagner sa chambre. Il dut user de toute sa volonté pour s’arracher à l’étreinte de son moniteur.

Ce ne fut qu’une fois dans sa chambre qu’il réalisa entièrement la portée de son départ. Il avait quitté Daevlyn depuis quelques secondes à peine, et déjà il ressentait comme un vide dans son cœur et un froid persistant ne le quittait pas. Jamais il ne pourrait tenir une semaine complète loin de lui…C’était tout simplement au-dessus de ses forces…

Ne pensant même plus à sa quasi-nudité, l’adolescent se laissa choir sur son lit, toute force semblant l’avoir déserté. Sans qu’il ne prenne conscience de ce qu’il se passait, des larmes vinrent inonder ses joues, et son corps fut prit de soubresauts du à ses sanglots soudains.

Terrassé par la tristesse qu’amenait son départ proche, l’adolescent enfouis son visage dans ses mains, se laissant aller à la douleur qui l’accablait. Il avait l’impression que son cœur se compressait sous la force toujours plus puissante d’un étau invisible qui lui serrait la poitrine. Son cœur saignait et son âme pleurait sa douleur qu’il lui était impossible d’extérioriser autrement. Qui aurait pu comprendre ? Qui à part Daevlyn aurait pu comprendre ce qu’il ressentait à cet instant présent ? Qui mis à part, la seule autre personne à ressentir la même douleur, le même déchirement ?

La présence de son moniteur à ses côtés lui avait fait oublier toutes ces années de solitude, et son départ ne faisait que le ramener à une réalité bien plus éprouvante qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Depuis son arrivée dans ce centre, depuis qu’il y avait fait la connaissance de Daevlyn, jamais il ne s’était sentit aussi bien, aussi aimé et en sécurité. Malgré ses quelques différents avec certains individus avec lesquels il était forcé de cohabiter, il se sentait à l’abris et le monde extérieur était devenu une sorte de monde appart, comme tout droit sorti de son imagination. Depuis un peu plus d’un mois, il vivait dans un cocon, une bulle de bonheur qu’il s’était créé à l’aide de Daevlyn, qui avait su le guider et le comprendre, gagnant ainsi sa confiance et son amour.

Perdu dans ses tristes réflexions et ses souvenirs, il n’entendit pas la porte s’ouvrir sur l’adulte qui l’appela pour lui signaler sa présence. A l’entente de son nom, Raphaël sortit de sa torpeur et alla se jeter dans les bras de son amant, le serrant contre lui de toutes ses forces. Il ne pouvait pas… c’était trop dur… il n’aurait pas le courage de supporter cette séparation. Pourquoi lorsqu’il pensait avoir réussi à attraper entre ses mains un peu de bonheur, celui-ci s’échappait, le faisant replonger dans sa vie de solitude et de détresse… Il ne demandait pourtant pas grand-chose… Peut importe l’endroit où il se trouvait, tout ce qui lui importait, c’était de pouvoir aimer Daevlyn librement, sans crainte d’une éventuelle séparation n’y menace d’aucune sorte…

D’une voix entrecoupée de sanglots, Raphaël se décida enfin à parler, comme si cela pourrait libérer son cœur de la souffrance qu’il contenait :

- Dae… Daevlyn tu vas me manquer, je ne veux pas … Je veux rester avec toi… Je t’aime.

Bien sûr, Raphaël savait parfaitement que de son côté, même s’il ne le montrait pas forcément, l’adulte souffrait aussi de cette situation. Cependant, il le remercia intérieurement de l’assurance qu’il faisait preuve, semblant vouloir rassurer au mieux l’adolescent alors que lui-même doutait de la véracité de ses propos. Et Raphaël le remerciait pour cela, il le remerciait pour son courage et son soutient, pour sa présence et sa prévoyance à son égard. Il le remerciait pour cette force qui l’empêchait de craquer, le faisant se montrer fort face à l’adolescent.

La détresse et la peur de Raphaël lui amenaient des nœuds à l’estomac, lui laissant une sensation de nausée.

D’une voix qui se voulait tendre et rassurante, Daevlyn s’empressa de répondre à l’angoisse de l’adolescent :

- Je sais Raphaël… Courage, ce n’est qu’une petite semaine…  Nous nous retrouverons très vite. Je t’aime tellement…

Même si le moment n’était pas aux débordement de joie, l’adolescent ne pouvait s’empêcher de ressentir un élan bien être s’emparer de lui aux derniers mots prononcés par son moniteur.

« Je t’aime »… Si seulement Daevlyn se rendait compte à quel point ses trois mots avaient le pouvoir de lui remonter le moral et de lui redonner confiance en lui… Se rendait-il compte à quel point son amour était réciproque ? Percevait-il l’aura d’amour intense qui irradiait l’adolescent lorsqu’il était dans les bras de son amant, ou même seulement lorsqu’il pensait à lui ? Raphaël n’aurait pu le dire, mais peu lui importait. Tout ce qui lui importait, c’était l’amour qu’il vouait à Daevlyn et l’amour que l’adulte lui rendait. Leur amour était pour lui quelque chose de sacré, la plus belle chose qui lui était arrivée dans sa vie. Alors pour préserver cet amour, il se battrait… Il irait jusqu’au bout des épreuves que la vie mettrait en travers de son chemin…

Lorsque ses sanglots cessèrent, Raphaël s’écarta légèrement de son moniteur, s’arrachant à son étreinte réconfortante et planta ses améthystes brillantes de larmes refoulées dans les émeraudes de son amant. Aussitôt, Daevlyn l’attira contre lui, comme s’il ne pouvait se résoudre à le laisser partir. Cet effort qu’on lui demandait était au-dessus de ses forces, il ne se sentait pas le courage de le regarder partir, même pour une petite semaine.

Cependant, les larmes silencieuses qui coulaient des yeux de l’adulte n’échappèrent pas au regard de l’adolescent qui sentit son cœur faire un bon dans sa poitrine. Certes, Daevlyn était beaucoup moins convaincant avec des larmes perlant au coin de ses yeux, mais se signe de faiblesse qu’elles représentaient à l’instant le touchèrent énormément. Voir que Daevlyn était aussi affecté et bouleversé par son départ lui apportait un réconfort innommable.

Dans les bras l’un de l’autre, tous deux se laissaient bercés par leur respiration saccadée. Ils auraient pu rester des heures immobiles, restant simplement ainsi enlacés, comme soudés l’un à l’autre dans l’espoir que rien ne vienne les détacher.

Ce ne fut qu’à l’issue de longues minutes chargées d’un silence de mort, dans lequel chacun tentait de faire passer ses sentiments et son amour à l’autre, que Daevlyn mit bas à la barrière invisible qui séparait leurs lèvres.

A travers ce baiser, Raphaël tenta de transmettre à l’adulte tout l’amour qu’il lui portait, l’embrassant avec la fougue du désespoir, comme si c’était la dernière fois qu’il goûtait à la saveur de ses lèvres. Un baiser qui avait un arrière goût d’adieux… Raphaël baissa toutes ses barrières, abandonnant ses démons derrière lui pour se donner à fond dans se baiser d’adieux emplis de promesses non dites. Ses lèvres happaient avec avidité celles de son moniteur, dans un ultime élan de possessivité. Il préférait en profiter à fond le moment même, n’étant pas certain de se retrouver de nouveau seul avec Daevlyn avant le moment fatidique.

Raphaël dévorait les lèvres de son moniteur qui répondait à son baiser avec le même entrain, souhaitant garder sa marque, le signe de son appartenance, son goût sur lui, le plus longtemps possible.

C’est avec un pincement au cœur que Raphaël sentit Daevlyn s’arracher avec d’immenses difficultés à ce baiser passionné, préférant s’éloigner tant qu’il avait encore en lui la force de le faire. Raphaël en fit de même, sachant pertinemment que s’il ne s’éloignait pas de lui à cet instant, il ne le ferait jamais… Dans un dernier murmure soufflé à son oreille, Daevlyn lui rappela combien il l’aimait avant de s’écarter et d’ajouter d’une voix qu’il voulait parfaitement maîtriser :

- Je reviens te chercher dans un petit quart d’heure, le temps d’aller réveiller tout le monde et que tu t’habilles.

Raphaël aurait, lui aussi, aimé lui souffler son amour, mais les mots restaient en travers de sa gorge, refusant de sortir. Raphaël était dans l’incapacité totale d’émettre le moindre son. Sa voix refusait de lui obéir, restant prisonnière au fond de sa gorge. Ses yeux par contre, criaient à l’adulte ses mots qu’il avait déjà prononcés mais qui pourtant, à cet instant, refusaient de sortir.

Bien après que Daevlyn ait quitté la pièce, Raphaël continuait de regarder inlassablement la porte derrière laquelle l’adulte avait disparut. Il devait se faire violence pour refouler ses larmes et focaliser ses pensées sur autre chose que sur son départ imminent.

Comme promit, Daevlyn revient frapper à sa porter une quinzaine de minutes plus tard, trouvant l’adolescent qui l’attendait patiemment assit sur son lit, son sac de voyage à ses pieds. Aucun des deux hommes ne fit le moindre commentaire au sujet du sac de l’adolescent et, comme à leur habitude, ils se rendirent au réfectoire.

Lorsqu’ils entrèrent, ils eurent la satisfaction de découvrir qu’ils étaient les premiers. Cela leur permettait de passer encore quelques minutes plus qu’opportunes en tête-à-tête, profitant au maximum de la présence de l’autre à leurs côtés.

Cependant, la directrice ne tarda pas à arriver, venant se planter sous leur nez avant même qu’ils n’aient le temps de calculer sa présence :

- Bonjour. Jeune homme, finissez votre petit déjeuner en vitesse et venez dans mon bureau.

Lorsqu’il se rendit compte que la directrice s’adressait à lui, Raphaël se figea sur place, comme paralysé d’effroi et avala avec beaucoup de difficultés ce qu’il avait dans la bouche. Il avait déjà du mal à avaler quoi que ce soit, le faisant uniquement pour faire plaisir à son amant, et la vue de la directrice lui coupa définitivement l’appétit.

Heureusement, Daevlyn s’aperçut de son trouble, et répondit froidement qu’ils y seraient, insistant volontairement sur le pluriel utilisé pour les désigner tous deux. Raphaël lui adressa discrètement un regard de remerciement.

Sur ce, la directrice les gratifia d’un sourire mauvais avant de leur tourner le dos et d’aller prendre place à la table du personnel encadrant.

Le trajet jusqu’à son bureau se fit dans un silence monastique. Au fur et à mesure, Raphaël sentait l’angoisse lui nouer les tripes. La dernière fois qu’il était entré dans le bureau de la directrice, Asiel lui avait dévoilé son secret, sa plus grande honte qu’il gardait à l’abri de tout regard autre que celui de Daevlyn…

Cependant, prenant son courage à deux mains, il enterra sa peur au plus profond de lui, ne souhaitant pas alarmer Daevlyn.

Ils entrèrent, et allèrent prendre place en face de la directrice, qui commença à déblatérer son discours sur les manières à adopter avec la femme qui viendrait le chercher. Durant tout le monologue de la directrice, Raphaël laissa son esprit vagabonder au gré de ses pensées, se rappelant qu’il devait aller donner à manger à Amaranth, et lui dire au revoir, à lui et à Diamond Dust.

Au bout d’une heure, la directrice consentit enfin à le laisser sortir. Alors qu’ils allaient quitter le bureau, la directrice intima l’ordre à Daevlyn de rester un moment. Raphaël s’apprêtait à rester avec lui, lorsque l’adulte lui fit comprendre qu’il n’en avait pas pour longtemps et qu’il devait en profiter pour aller voir son poulain. L’adolescent hocha la tête en guise de consentement et après un dernier regard pour l’adulte, il lui tourna le dos et se rendit aux cuisines.

Raphaël était en train de faire un câlin à son poulain lorsqu’il sentit la présence de Daevlyn dans son dos. Aussitôt, il se retourna, sans pour autant mettre fin au câlin de l’animal, et à la vue du sourire triste que lui lança Daevlyn, il comprit immédiatement que la directrice avait encore du faire pression sur lui. A cette pensée, il sentit un élan de haine l’envahir et il du user de toute sa volonté pour garder son calme.

Cependant, ne souhaitant pas gâcher ces derniers instant avec Daevlyn et partir en gardant une certaine forme de rancœur sur le cœur, il ne posa aucune question, malgré la curiosité qui le gagnait. Ce n’était vraiment pas le moment pour s’attirer les foudres de l’adulte.

- Tu veux aller dire au revoir à Diamond Dust ?

Raphaël remercia l’adulte de faire momentanément abstraction de ses soucis pour se consacrer entièrement à lui. Il acquiesça d’un hochement de tête, et après avoir déposé un bisou sur le museau duveteux du poulain et après une multitude de caresses, il consentit à quitter le box d’Amaranth.

Puis, il emboîta le pas à l’adulte et le suivit jusqu’au pré où il resta longuement auprès de Diamond Dust, lui offrant, comme pour Amaranth, un flot de caresses et de bisous.

Après ces au revoir difficiles, Raphaël retourna à sa chambre, accompagné de l’adulte, voir s’il n’avait rien oublié. Au grand désespoir de l’adolescent, Daevlyn n’eut pas un geste de tendresse envers lui, même lorsqu’ils furent dans sa chambre, à l’abri des regards indiscrets. Etant loin d’être con, Raphaël se doutait parfaitement que le comportement distant de l’adulte envers lui avait un rapport avec ce qu’avait dû lui dire la directrice un peu plus tôt.

Faisant fit des états d’âme de son amant, Raphaël abattis les dernières barrières qui séparaient leurs lèvres et l’embrassa fougueusement. Pour Raphaël, un dernier baiser avant son départ avait son importance.

Cependant, Daevlyn ne répondit pas au baiser de l’adolescent, et celui-ci, blessé, ne comprenant pas un tel désintérêt, le libéra de son étreinte et s’éloigna sans un mot, attristé par l’absence de réaction de son amant. Pourquoi devait-il toujours tout gâcher ?

Sur cette interrogation, il attrapa son sac et quitta la pièce sans se retourner, laissant Daevlyn seul. A peine eut-il fait quelques pas, qu’un cri dans son dos le fit se retourner brusquement :

- Attends !

Il vit Daevlyn se précipiter à sa suite et lui attraper le bras, pour ensuite l’attirer tout contre lui, prenant possession de ses lèvres avec une passion débordante. Déboussolé par ce soudain revirement de situation, Raphaël ne répondit pas immédiatement au baiser, puis finit par se laisser entraîner. A travers ce baiser, il fit passer toute la passion, le désir et l’amour qu’il ressentait pour l’adulte. Guidé par ce que lui dictait son cœur, Raphaël s’agrippa désespérément à la chemise de son moniteur, dévorant ses lèvres avec avidité. Ce baiser était le dernier qu’ils échangeaient, synonyme d’une longue semaine de sevrage.

Aucun des deux ne sut combien de temps dura ce baiser, ni vraiment comment il prit fin. Ils avaient quitté un instant ce monde, s’éloignant de tout ce qu’il représentait, s’éloignant de tous les problèmes qui les attendaient. Aucun des deux ne se soucia de ceux qui auraient pu les surprendre, se moquant de tout ce qui ne les concernait par personnellement. Enfermés dans un univers qui n’appartenait qu’à eux seuls, ils avaient l’impression de planer au-dessus de tout, de n’être plus que dans le regard de l’autre, de n’être plus que par l’autre…

Raphaël profitait au maximum de ces dernières minutes d’intimité, respirant à plein nez l’odeur de son amant qu’il aimait tant, s’agrippant à lui comme si cela pouvait le retenir. Il imprimait dans sa mémoire, les moindres détails des instants passés avec son moniteur, les moindres sensations et émotions ressenties entre ses bras.

Cette fois ci, ce fut Raphaël qui mit volontairement fin au baiser, usant de toute sa volonté pour y parvenir. D’une lenteur qui montrait bien qu’il n’avait aucune envie de le faire, il s’éloigna à regret de l’étreinte de l’adulte, les yeux brillants de tristesse.

L’adolescent recula de quelques pas et attrapa la poignée de son sac avant de s’éloigner, Daevlyn à ses côtés, non sans garder un minimum de distance entre eux, sachant pertinemment que si par malheur ils se touchaient de nouveau, jamais il n’arriveraient à se séparer… C’était déjà bien assez dur comme cela…

Lorsqu’ils sortirent du dortoir, une grosse voiture était stationnée dans la cour et une femme d’environ trente-cinq ans, parlait avec la directrice. A la vue de la voiture, le cœur de Raphaël se serra, et à cet instant, il regrettait de ne pas pouvoir tenir la main de Daevlyn. Daevlyn qui, il le voyait bien, semblait aussi mal que lui.

Lorsque les deux femmes les aperçurent, elles se tournent en même temps, et les regarda arriver. Sous le regard intense de la directrice, Raphaël ne releva pas les yeux, se contentant de regarder le sol, comme un enfant prit en faute. Cependant, la curiosité prit le dessus, et avec appréhension, il releva la tête pour observer la jeune femme qu’il ne connaissait pas, ou n’avait pas le souvenir de connaître. Lorsque ses yeux se posèrent sur son visage, Raphaël cru que son coeur loupait un battement, et sursauta violemment, ce qui n’échappa pas à Daevlyn qui l’observait attentivement. Raphaël n’arrivait pas à détourner le regard de la femme qu’il avait sous les yeux, comme paralysé.

Ce visage… Comment cela pouvait-il être possible ? Cette femme était-elle réellement sa tante ?

Il devait sûrement y avoir une erreur… Cela ne pouvait être possible… Pouvait-on revenir du royaume de morts ? Cette femme… Elle était le portrait craché de sa défunte mère… Le même visage angélique, le même sourire doux étirant ses lèvres fines et délicates, parfaitement bien dessinées. De longues mèches caramels encadraient un visage fin et allongé… Le même visage que celui représenté sur la seule et unique vieille photo toute déchirée qu’il possédait de sa mère…

Apparemment, Suzanne n’était pas la seule à être hypnotisée. La jeune femme regardait l’adolescent comme s’il revenait du monde des morts, les yeux brillants de larmes, et un sourire radieux illuminant son visage. Lorsque sa voix s’éleva, douce et cristalline, l’adolescent se rendit vite compte qu’elle avait beaucoup de mal à contenir ses sanglots :

- Oh mon Dieu… Raphaël… C’est bien toi… tu as tellement grandi… tu m’as tellement manqué…

Raphaël ne comprenait pas les paroles de la femme qui lui faisait face… Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Pourquoi lui avait-il tant manqué ? Etait-elle bien celle qu’il pensait qu’elle était ? Lorsqu’elle s’approcha de lui, l’adolescent eut un sursaut de surprise. Cependant, il ne ressentait aucun sentiment de danger en présence de cette femme. Comme Daevlyn, elle semblait être une source de réconfort et de protection, si bien que lorsqu’elle le serra dans ses bras, il ne broncha pas.

Lorsqu’il sentit l’étreinte de la femme contre lui, Raphaël sentit que quelque chose se produisait, et, recevant la réponse à ses questions, il referma ses bras autour du cou de la jeune femme, sous le regard étonné de Daevlyn et de la directrice. Des larmes de joie s’échappaient des yeux des deux être enlacés, comme pour célébrer leurs retrouvailles après toutes ces années de séparation.

Cependant, Raphaël n’osa pas briser le silence et garda le silence, se promettant d’interroger Suzanne plus tard.

Semblant se rendre compte du trouble qui habitait l’adolescent, même si elle n’en comprenait pas la raison, Suzanne s’écarta de Raphaël et hocha simplement la tête, mettant ainsi fin aux questions intérieures de l’adolescent. Ainsi arriva le moment fatidique des au revoir. Suzanne serra la main de la directrice en la remerciant, puis serra ensuite celle de Daevlyn, lui adressant un sourire radieux et empli de reconnaissance. L’adulte répondit vaguement à son sourire, sans la regarder vraiment, le regard fixé sur l’adolescent, qui lui aussi, avait beaucoup de difficultés à détourner les yeux. Il avait aussi énormément de difficultés à résister à l’envie de se jeter dans ses bras et de prendre possession de ses lèvres si tentatrices, ses lèvres au goût de pêché auxquelles il était impossible de résister.

Après un temps qui leur paru une éternité mais qui en même temps sembla incroyablement court, Raphaël détourna les yeux à regrets, et après s’installa dans la voiture, côté passager, son sac à ses pieds. Suzanne prit place derrière le volant, et après un dernier regard à l’adolescent, elle démarra la voiture.

A cet instant, les lèvres de Raphaël s’entrouvrirent sur des paroles muettes, un “je t’aime” simplement suggéré, mais qui pourtant, ne passa pas inaperçu aux yeux de la jeune femme qui sourit intérieurement.

Aussi longtemps qu’il le put, Raphaël ne quitta pas son moniteur du regard, contemplant sa silhouette à travers ses yeux humides de larmes, et même lorsqu’il sortit de son champs de vision, son regard resta perdu dans le vague, regardant sans le voir le paysage qui défilait sous ses yeux.

Après quelques minutes de trajet silencieux, un mouvement à la lisière de la forêt, quelques dizaines de mètres plus loin, attira son attention. Il releva les yeux sur Daevlyn qui, monté à cru sur Waterfalls, le regardait partir, immobile. Les yeux embués de larmes, l’adolescent porta ses doigts à sa bouche, déposa un baiser sur ceux-ci, et souffla lentement dessus, en direction de l’adulte, sous le regard attendrit de Suzanne.

Raphaël n’aurait pu dire combien de temps il resta ainsi, le regard perdu dans le vague, fixant sans le voir de paysage qui défilait sous ses yeux. Lorsque enfin il sortit de sa torpeur, il tourna la tête et observa longuement la jeune femme qui conduisait. Sentant le regard persistant de l’adolescent sur elle, Suzanne finit par tourner la tête et lui adressa un sourire radieux, qui avait le don de lui amener le sourire et chasser ses sombres pensées.

Prenant son courage à deux mains, mais sans oser la regarder, il demanda timidement :

- Vous… Vous êtes ma mère n’est ce pas ?

- Je t’en prie, tutoie-moi… et pour répondre à ta question, oui, je suis bel et bien ta mère… Tu m’en veux ?

- Pourquoi ?

- Déjà d’être partie, et de m’être fait passée pour ta tante, répondit Suzanne, d’un air désolé.

- Non… non je ne vous… t’en veux pas, bien au contraire ! Comment pourrais-je t’en vouloir alors que je te croyais morte ?! S’exclama Raphaël.

A l’entente des mots de l’adolescent, le sourire de la jeune femme s’effaça soudainement, et sa bonne humeur fit place à un air sombre et inquiet. Croyant avoir dit une bêtise, Raphaël s’empressa d’ajouter :

- Je… je suis désolé… je voulais pas vous blesser… je…

- Raphaël !!! L’appela la jeune femme, sans se départir de sa voix douce, voyant bien que l’adolescent paniquait, mais ne comprenant pas la raison d’une telle réaction. Je ne t’en veux pas Raphaël, ne t’inquiète pas. C’est juste que ton affirmation m’a surprise… Qui t’as dit cela ?

- Je euh… c’est mon… c’est mon père…

Si Suzanne parue surprise par le qualificatif employé par Raphaël, elle n’en laissa rien paraître, se promettant pourtant de revenir un jour sur la question. Mais à présent, elle souhaitait plutôt se concentrer sur le problème à régler :

- J’aurais du m’en douter…

- Que veux-tu dire ? demanda l’adolescent, intrigué par le comportement de sa mère.

- Je voudrais que tu me racontes, que t’a t’on dit à mon sujet ?

- Je… je ne sais pas grand chose, juste ce qu’il à bien voulu m’en dire… que tu avais été tuée dans un accident de voiture lorsque j’avais cinq ans. Je ne sais rien d’autre…

Suzanne soupira bruyamment, avant de déclarer :

- Me permets-tu de rétablir l’histoire dans sa véritable version ?

- Oui, bien sûr… répondit Raphaël, sans réellement prendre conscience de ce qu’il disait.

Cela faisait beaucoup d’informations et de révélations en peu de temps, et il avait encore du mal à réaliser entièrement tout ce qui s’était passé depuis une heure.

- Tout d’abord, il faut que tu saches, que je n’ai jamais eu l’intention de t’abandonner. L’histoire de l’accident est vraie, lorsque nous avons eut cet accident, nous étions tous les deux, et je te ramenais chez ton père. Nous étions en procédure de divorce, et j’avais demandé au juge qu’il t’ai à sa charge le temps que je retrouve une situation stable. Je suis partie vivre aux Etats-Unis dans l’espoir de trouver facilement du travail. Ca n’a pas été facile, mais j’y suis finalement arrivée. Lorsque j’ai été sûre d’avoir un emploi fixe, j’ai voulu tenir la promesse que je m’étais faite envers toi, celle d’aller te chercher pour que nous puissions vivre ensemble. Cependant, lorsque j’ai voulu reprendre contact avec ton père qui avait coupé les ponts, je n’ai jamais réussi à vous retrouver. J’ai passé plus d’un an à tenter de te retrouver, sans résultats. J’ai fini pas abandonner mes recherches… je te prie de m’excuser Raphaël… jamais je n’aurai dû baisser les bras…

- Nan… ce n’est pas de ta faute… c’est de sa faute à lui ! s’exclama Raphaël au bord des sanglots. Tu ne pouvais pas savoir ! Tout ce que tu as fait, tu l’as fait dans mon intérêt, et je ne peux que te remercier pour cela… Le principal c’est que nous nous sommes retrouvés… Si tu savais comme tu m’as manqué… J’ai eu tellement mal quand il m’a dit que tu étais morte, sanglota l’adolescent qui n’avait plus le courage de retenir ses larmes.

- Tu as raison, laissons le passé de côté et concentrons-nous sur l’instant présent…  Allez, reposes toi à présent, nous avons encore beaucoup de route à faire, je vois bien que tu es épuisé. Dors, je te réveillerai le moment venu.

Raphaël ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête en guise d’approbation, et baissa le dossier du siège, de façon à s’installer plus confortablement pour se reposer.

Pourtant, même en y mettant la meilleure volonté du monde, jamais Raphaël ne parviendrait à s’endormir aussi facilement. Il venait de vivre trop de chose pour pouvoir trouver le sommeil. Dans sa tête, les informations et les souvenirs des derniers vingt-quatre heures tournaient en boucle, l’empêchant de réfléchir à tête reposée à tous les derniers évènements.

Il n’arrivait toujours pas à réaliser que sa mère, l’être qu’il aimait le plus au monde avec Daevlyn, se trouvait à sa gauche, à quelques centimètres à peine de lui… C’était tout simplement irréel… Peut-être avait-il enfin gagné le droit d’être heureux… après toutes ces années d’humiliation et de souffrance, il avait enfin le droit au bonheur, le droit d’être aimé de Daevlyn et choyé par sa mère, cette femme douce et aimante qu’il n’avait pas le temps de connaître. Jamais Raphaël n’aurait cru un jour être aussi heureux… Si par le passé quelqu’un lui aurait dit qu’il connaîtrait un tel bonheur, il lui aurait certainement rit au nez. Avec Daevlyn, Raphaël s’était sentit revivre, il se sentait renaître sous un nouveau jour, mais avec la présence de sa mère à ses côtés, il se sentait enfin complet. Il se sentait redevenir celui qu’il avait été, loin, loin dans le passé…

Le coeur léger, son esprit se focalisa sur la dernière image de Daevlyn qu’il gardait en tête, ses lèvres étirées en un sourire radieux qui ne l’en rendait que plus beau, ses yeux émeraudes pétillants de cette lueur particulière qu’est l’Amour avec un A majuscule. A cette pensée, un faible sourire naquit sur ses lèvres, tandis que ses yeux se voilaient de tristesse. Son coeur se serrait à l’idée que ce soir, il s’endormirait dans un lit vide, seul dans les ténèbres de la nuit. Il était parti depuis une heure à peine, que déjà la présence de Daevlyn lui manquait… jamais il ne pourrait tenir une semaine loin de lui… Une semaine… Sept jours sans sentir sa présence à ses côtés, sans respirer son odeur ni entendre le son mélodieux de sa voix grave…

Daevlyn qui, si cela se trouve, à cet instant, devait se poser pas mal de questions par rapport au comportement que Raphaël avait eut juste avant de partir, sans avoir le temps de lui en fournir une explication… Il espérait simplement que l’adulte ne se fasse pas de fausses idées, qu’il ne croit pas que maintenant que Raphaël avait retrouvé un membre de sa famille, il décide de rester avec. Car, même s’il était plus qu’heureux d’avoir retrouvé sa mère, rien ni personne ne l’empêcherait de retourner auprès de Daevlyn après ces sept jours d’éloignement obligatoire. Ne préférant pas penser à l’avenir immédiatement, Raphaël repoussa ses pensées et après de longues minutes, il finit par s’endormir, avec toujours devant les yeux, l’image de Daevlyn qui lui souriait tendrement.

Il ne se réveilla que plusieurs heures plus tard en entendant une voix douce l’appeler tendrement par son prénom. Il papillonna des yeux pour s’habituer à la lumière éblouissante du soleil et tourna la tête en direction de la voix.

Son regard se posa sur le visage angélique de Suzanne qui le regardait, un sourire mi-tendre mi-amusé étirant ses lèvres.

- Nous sommes arrivés à l’aéroport. Nous avons encore une heure devant nous avant de prendre notre avion. Viens, je t’offre à manger.

Raphaël ne répondit rien, se contentant de lui sourire, les yeux pétillants d’une joie non contenue. Il bailla longuement avant de se détacher, d’attraper son sac et de sortir de la voiture.

Comme promis, Suzanne l’invita au restaurant et après un long moment de silence, Raphaël finit par le briser d’une petite voix timide :

- Euh… je voudrais savoir… comment… comment avez-vous…. As-tu su que j’étais dans ce centre ?

Le sourire de Suzanne s’effaça pour faire place à un air sombre et sérieux que Raphaël n’aimait définitivement pas voir sur ce visage d’ordinaire si doux. C’est avec sérieux que la jeune femme prit la parole :

- Quand je suis partie pour les Etats-Unis, j’ai coupé tous les ponts avec la famille. Je ne supportais plus les reproches quotidiens dont m’accablaient mes beaux-parents alors petit à petit, j’ai fini par couper tous les ponts. J’étais et je suis toujours, très amie avec mon ex-belle sœur, c’est elle qui m’a apprit le décès de ton père.

A ses mots, Raphaël sursauta violemment, mais le regard plongé dans le vague, Suzanne ne sembla pas s’en apercevoir. A son grand soulagement, Suzanne ne s’attarda pas sur ce sujet, terrain plus que glissant pour l’adolescent.

- Dès que j’ai appris la nouvelle, j’ai commencé mes recherches, passant des journées entières au téléphone avec toutes les personnes ou organismes qui auraient pu être en contact avec toi ou qui t’avaient vu pour la dernière fois.

Quand j’ai appris par hasard que tu te trouvais dans ce centre pour adolescents j’ai prit des congés à mon travail et je suis partie. J’ai longtemps hésité avant de me présenter devant toi, et je m’excuse de m’être faite passée pour quelqu’un que je ne suis pas.  Cependant, il y a une question qui ne quitte pas mon esprit, et j’espérais que tu pourrais m’apporter la réponse.

Le cœur de Raphaël se mit à battre de plus en plus rapidement alors que Suzanne posait la question qu’il redoutait le plus au monde :

- Pourquoi et comment es-tu arrivé dans ce centre de rééducation, Raphaël ? Demanda Suzanne d’une voix à limite implorante, comme si elle le suppliait de lui apporter la réponse à cette question, comme le fait de savoir apporterait les réponses et expliquerait la raison du pourquoi.

Sentant les larmes lui monter aux yeux, Raphaël baissa la tête, fixant obstinément la table, sans oser regarder la femme en face de lui. Il ne pouvait pas lui dire… Elle ne devait pas savoir… Il ne fallait pas qu’elle sache…

Cependant, le silence de Raphaël confirma les doutes de Suzanne qui, ne souhaitant pas renfermer l’adolescent plus qu’il ne l’était déjà, elle n’insista pas.

- Je suis désolée Raphaël, je ne voulais pas te brusquer… Tu me le diras lorsque tu te sentiras près, d’accord ? Ajouta-t-elle d’une voix douce afin de rassurer l’adolescent

Raphaël renifla bruyamment et après avoir essuyé ses yeux du revers de sa main, il releva timidement la tête et acquiesça silencieusement, répondant timidement au sourire que lui adressait Suzanne.

Sur ces mots, ils se levèrent au son du haut-parleur qui annonçait le départ pour Los Angeles.

Assit dans son fauteuil, Raphaël regardait à travers le hublot avec le regard d’un enfant qui découvre le monde extérieur. Jamais il n’avait prit l’avion et la terre vue du ciel avait quelque chose de fascinant. Cependant, au bout d’une heure de vol, et en ayant encore pour une petite dizaine d’heures, Raphaël fini par se lasser et au bord de l’ennui profond, il sombra dans le sommeil.

Il fut réveillé bien des heures plus tard, par une douce pression sur son épaule tandis que Suzanne le secouait doucement en l’appelant dans un murmure :

- Raphaël… réveilles toi mon grand, nous allons bientôt atterrir…

L’adolescent papillonna des yeux et s’étira longuement, avant de se redresser, constatant tout gêné qu’il s’était endormit sur l’épaule de Suzanne. Cette dernière lui adressa un sourire bienveillant auquel l’adolescent répondit, avant de reporter son attention sur l’extérieur. Le paysage urbain défilait sous ses yeux, tandis qu’ils se rapprochaient inlassablement du sol à une vitesse vertigineuse.

De là où il se trouvait, il avait l’impression d’observer une fourmilière. Les lumières des phares des automobiles et les réverbères illuminaient la ville d’une lumière artificielle tellement intense qu’on aurait pu la voir de l’autre côté de l’océan.

Lorsqu’ils quittèrent l’aéroport, Suzanne héla un taxi qui les déposa, un petit quart d’heure plus tard, devant une grande maison qui, vue à la lumière du jour, devait être magnifique. Après avoir réglé le prix de la course, Suzanne entraîna Raphaël à sa suite et ils entrèrent dans l’immense demeure. Raphaël regardait autour de lui, émerveillé par la beauté des lieux. Depuis le hall d’entré, il pouvait apercevoir une immense cheminée qui surplombait la pièce de sa taille imposante.

Amusée, mais comprenant parfaitement la curiosité de son fils, Suzanne le couva du regard, souriant tendrement, avant de reprendre ses esprits et de déclarer de sa voix habituellement douce :

- Tu viens, je vais te faire visiter !

Raphaël récupéra son sac et emboîta le pas à la jeune femme qui le guida à travers la maison, lui faisant découvrir les différentes pièces dont elle était composée. La dernière pièce qu’ils visitèrent était une grande pièce aux murs blancs et avec pour tout meuble, un matelas posé sur le sol.

avant que Raphaël n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Suzanne déclarait :

- Voici ta chambre Raphaël. Comme je ne connais pas tes goûts, j’ai prit la liberté de la laisser telle quelle. Si tu le souhaites, nous irons demain t’acheter de quoi la meubler à ton goût pour que tu ai un petit coin à toi. Qu’en dis-tu ?

Raphaël se retourna vers la jeune femme, les yeux emplis d’une gratitude sans bornes, et les larmes perlant aux coins de ses yeux, il murmura :

- Je… merci… ça me touches beaucoup… je ne sais pas quoi dire… je… merci !

A ces mots, Raphaël se jeta dans les bras de la jeune femme et se laissa aller à son étreinte qui, même si elle ne remplaçait pas celle de Daevlyn, lui apportait autant d’amour et de sécurité que celles de son moniteur.

- J’aimerais tellement me racheter de mes erreurs passées… Je sais que ce n’est rien comparer à la douleur d’avoir perdu une mère, mais il y a quelque chose que tu veux, dis le moi ! D’accord ? Tout ce que je souhaite c’est rattraper tout ce temps perdu à tes côtés, je veux te rendre heureux… je t’aime, mon fils…

Si Raphaël avait été touché par les paroles de Suzanne, les derniers mots qu’elle prononça restèrent à résonner à ses oreilles de longues minutes. “Mon fils”… ces mots lui serraient le coeur et lui apportait une joie incommensurable, une joie qu’il n’aurait jamais cru possible ailleurs que dans les bras de son amant.

Ne cherchant plus à retenir ses larmes, Raphaël éclata en sanglots, serrant toujours plus fort Suzanne dans ses bras. La tête posée sur sa poitrine, il écoutait les battements de son coeur. Toute notion du temps semblait avoir disparue tandis que tous deux s’abandonnaient à cette étreinte bienfaitrice, cette étreinte entre une mère et son fils…

Raphaël n’aurait su dire combien de temps s’était écoulé entre les dernières paroles de Suzanne et les mots qu’il souffla entre deux sanglots :

- Merci… Merci… je t’aime… Maman…

Lorsqu’elle entendit ses mots, Suzanne ne pu retenir ses larmes et raffermit son étreinte sur le corps frêle de l’adolescent qu’elle tenait ferment enlacé entre ses bras, comme s’il n’était qu’un de ses mirages dont elle avait si souvent rêvé. après un moment qui leur parut une éternité, la jeune femme s’éloigna de l’adolescent, et essuyant ses yeux encore humides de larmes, elle demanda :

- Tu veux manger quelque chose ?

Raphaël hocha la tête en guise d’approbation. C’est bizarre comme il retrouvait cette timidité qui était sienne lorsqu’il se retrouvait loin de Daevlyn. Il avait beau être plus qu’heureux d’avoir retrouvé sa mère qu’il croyait décédée, il n’en était pas moins intimidé. Après tout, cela faisait plus de dix ans qu’ils ne s’étaient pas vu…

Suzanne lui sourit et ils se rendirent à la cuisine, où, après le consentement de Raphaël, elle leur prépara un petit repas. Ils passèrent à table, et Raphaël se décida enfin à rompre le silence. Timidement, il demanda d’une petite voix, après tout, il n’avait pas l’habitude de poser des questions d’ordre privé :

- Tu… Tu vis toute seule ? Tu n’as pas d’autres enfants ?

- Oui, je suis célibataire. J’ai vécu pendant trois ans avec un homme, mais cela n’a pas marché entre nous. Et non, je n’ai pas d’autres enfants.

- Pourquoi ? Demanda alors Raphaël, intrigué.

- Tu sais, quand on perd son premier enfant, il faut beaucoup de courage pour surmonter cette épreuve… un courage que je n’ai jamais eut. J’ai toujours voulu n’avoir qu’un seul enfant, et cet enfant, c’est toi… Malgré que je sois partie loin de toi, tu n’as pas quitté mon cœur durant toutes ces années.

- Moi aussi j’ai beaucoup pensé à toi… tu m’as tant manqué… je me suis sentit si seul… Mais maintenant tu es là…

- Oui je suis là, et sache que plus jamais je ne te laisserai… je t’en fait la promesse…

Les heures défilaient et ils discutaient toujours, tentant de rattraper le temps perdu, Raphaël buvant les paroles de Suzanne qui lui racontait sa vie aux Etats-Unis. Mais jamais ils n’abordèrent le passé de Raphaël. Suzanne semblait avoir comprit que c’était un point sensible de l’adolescent et qu’il n’aimait pas revenir la dessus, et respectant son choix, elle ne lui posait pas de questions. Et Raphaël lui en était grandement reconnaissant.

Bien que Raphaël tombait de fatigue, il refusait catégoriquement d’aller se coucher, voulant profiter au maximum de la présence de sa mère à ses côtés, comme s’il craignait que celle-ci ne s’évapore. Cependant, Suzanne n’était pas dupe, et au énième bâillement de son fils, elle déclara :

- Tu devrais aller te coucher… tu tombes de fatigue, en plus avec le décalage horaire, tu dois avoir du sommeil à rattraper.

Raphaël s’empourpra violemment et face à son mal aise, la jeune femme ajouta :

- Ne t’inquiètes pas, moi aussi je vais aller dormir.

sur ces paroles, ils se levèrent et Suzanne s’approcha de son fils, déposant un tendre bisou sur ses cheveux en déclarant dans un souffle :

- Bonne nuit mon chéri, fait de beaux rêves…

- Bonne nuit… Maman…

Ils se séparèrent à ses mots, et après un rapide détour par la salle de bain, Raphaël alla se coucher. A peine fut-il couché, que déjà l’image de Daevlyn revint le hanter. Sa présence lui manquait, sa voix, son odeur… tout son être lui manquait atrocement. Cependant, terrassé par la fatigue, Raphaël finit par s’endormir, avec toujours devant les yeux, cette image de Daevlyn qui ne le quittait pas.

Le lendemain, lorsqu’il ouvrit les yeux, la pièce était inondée d’une lumière blanche qui l’aveugla vivement, lui faisant refermer les yeux aussi vite qu’il les avait ouvert. Après quelques minutes d’adaptation à la lumière environnante, Raphaël se leva silencieusement, prenant soin de ne pas oublier de s’habiller avant de descendre, ayant perdu l’habitude de le faire auprès de Daevlyn. A cette pensée, ses joues prirent une belle teinte colorée, et il se gifla mentalement. Lorsqu’il arriva dans le salon, il fut accueilli par Suzanne qui s’exclama d’une voix enjouée :

- Enfin te voila !! j’ai bien cru que tu allais dormir toute la journée à ce rythme là ! Et dire que tu refusais d’aller te coucher !! Tu as bien dormis ? demanda-t-elle en déposant un bisou sur les cheveux de l’adolescent.

- Oui, j’ai bien dormis, merci. Quelle heure est-il ?

- Il est bientôt deux heures et demi. Tu souhaites manger quelque chose ?

A sa grande surprise, l’adolescent baissa subitement la tête et joignit les mains derrière son dos, comme le ferait un enfant prit en faute qui attend sa punition. Intriguée, Suzanne demanda, quelque peu inquiète :

- Raphaël ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

Le jeune garçon secoua négativement la tête et déclara d’une petite voix :

- Je… Je suis désolé de m’être levé aussi tard… Je ne le referais plus… je

- Hey hey Raphaël ! s’exclama doucement la jeune femme. Ne te mets pas dans un état pareil pour si peu ! Ce n’était pas une critique tu sais ! Tu as bien le droit de dormir autant que tu le souhaites, je ne vais pas te blâmer pour cela.

- Je… merci…, murmura l’adolescent, sans pour autant oser regarder sa mère.

L’étonnement de Suzanne grandissait à chaque réaction de ce genre de la part de son fils, faisant place à une inquiétude et un mauvais pressentiment qu’elle se refusait pourtant d’imaginer. Le comportement soumis et craintif de l’adolescent lui laissait envisager les pires raisons d’une telle attitude. Tout dans ça façon d’être lui criait que l’adolescent avait dû vivre des situations plus que douteuses. Raphaël aurait-il été… battu ? Non, cela était de toute évidence impossible, jamais Éric, son ex-mari, n’aurait pu faire une chose pareille…

Se giflant mentalement, Suzanne s’efforça de chasser ses sombres pensées et reporta son attention sur le jeune garçon qui n’avait toujours pas bougé et qui la fixait, étonné. Suzanne lui adressa un sourire rassurant, et retrouvant son éternel sourire, elle s’exclama d’une voix qui se voulait enjouée :

- Viens, suis-moi, je vais te montrer où se trouvent tout ce dont tu as besoin.

Après leur rapide repas, Raphaël alla se préparer, et comme promis, Suzanne l’emmena dans la zone commerciale où elle le laissa choisir son mobilier pour sa chambre. D’abord atrocement gêné de faire dépenser à sa mère une telle somme d’argent rien que pour lui, Raphaël commença par refuser de prendre autre chose qu’un lit et une armoire les plus communs possible. Cependant, lorsque Suzanne le menaça de s’énerver pour de bon s’il ne choisissait pas quelque chose à son goût, l’adolescent baissa les yeux. Suzanne comprit immédiatement, aux tressaillement de ses épaules que l’adolescent pleurait, et prit son fils dans ses bras, lui demandant la raison de se soudain débordement de larmes. Raphaël lui répondit vaguement que c’était la première fois qu’on lui offrait quelque chose, ce qui eut pour effet, au plus grand malheur de la jeune femme, de confirmer les doutes qu’elle avait déjà.

Cependant, faisant fit de la gêne de son fils, elle s’était contenté de lui répondre que justement, autant profiter du moment pour réparer cette erreur, et en plus d’un lit et d’une magnifique armoire, elle l’aida à choisir un bureau et des étagères. Après quoi, elle le traîna dans des magasins de vêtements et l’incita à refaire sa garde robe, le guidant dans ses choix.

Lorsqu’ils rentrèrent, il était déjà tard. Raphaël était épuisé. Après avoir passé une grande partie de l’après-midi à faire les boutiques, Suzanne lui avait fait découvert la ville, l’emmenant dans les musées, et lorsque la nuit fut tombée, elle l’emmena manger dans un petit restaurant chinois, où là, Suzanne était tombée sur l’une de ses collègue de travail qui s’extasia devant “la beauté et le charme fou” de son fils.
Épuisé par sa journée plus que remplie, Raphaël s’effondra sur le canapé ou Suzanne ne tarda pas à le rejoindre. Assis côtes à côtes, ils se sourirent et Raphaël posa sa tête sur l’épaule de la jeune femme, la remerciant pour cette fabuleuse journée. Ils restèrent un long moment ainsi, appréciant la présence tant désirée d’une mère pour Raphaël et d’un fils pour Suzanne. Raphaël avait réellement apprécié cette journée passé avec sa mère, une journée ou pour la première fois de sa vie, il avait eut l’impression d’être un adolescent tout ce qui a de plus banal, un adolescent comme les autres.

Cependant, il manquait un petit quelque chose. Ce qui lui avait manqué pour rendre cette journée parfaite à ses yeux, c’était la présence de Daevlyn à ses côtés. Daevlyn qui à cet instant, se trouvait à des milliers de kilomètres de lui. Que faisait-il ? Raphaël se doutait parfaitement que l’adulte devait se rendre souvent au box du poulain pour lui apporter à manger et il eut un sourire amusé en l’imaginant longer les murs de l’écurie afin d’échapper à la surveillance constante de la directrice. Daevlyn s’ennuyait-il sans lui ? Pensait-il souvent à lui ?

Soudain, Raphaël sentit les larmes lui embuer les yeux et les chassa du revers de la main, se concentrant sur les aspects positifs de cette séparation forcée. Dans moins d’une semaine, il aurait de nouveau tout le loisir de le prendre dans ses bras et de redécouvrir le goût de ses lèvres, ce goût si particulier qui lui manquait tant. Des larmes silencieuses roulèrent lentement le long de ses joues pour aller se perdre dans son cou tandis que la main libre de Suzanne passait et repassait inlassablement dans ses cheveux, comme pour l’apaiser de ce chagrin dont elle ne connaissait pas la cause. Suzanne avait parfaitement sentit la soudaine tristesse qui émanait de l’adolescent, et sans poser de question, c’est tout naturellement qu’elle se mit à le consoler comme si elle avait fait ça toute sa vie. Étonnement, les gestes lui revenaient avec une facilité déconcertante, et Raphaël apprécia l’initiative de la jeune femme et la remercia mentalement de ne pas lui poser de questions auxquelles ils n’aurait pas su répondre.

Aucun des deux n’aurait pu dire combien de temps ils restèrent ainsi tendrement enlacés. Lorsqu’elle sentit la tête de l’adolescent s’affaisser, Suzanne eut un sourire amusé, et lui susurra à l’oreille :

- Tu ne crois pas que tu devrais aller dormir mon chéri ? Tu tombes de fatigue…

- Mmh… Oui… bonne nuit Maman, murmura l’adolescent en étouffement un  bâillement.

- Bonne nuit à toi aussi mon chéri, fait de beaux rêves.

Raphaël l’embrassa sur la joue et, d’une démarche hésitante, il gagna l’étage et après s’être rapidement mit en pyjama, il sombra dans un profond sommeil.

Le lendemain, Raphaël fut réveillé de la même façon que la veille, éblouit par un rayon de soleil qui filtrait à travers les rideaux entre ouverts. Il s’étira longuement, et alla prendre sa douche, avant de descendre rejoindre Suzanne qui s’était levée entre temps. Malgré le sourire qui ne quittait pas les lèvres de la jeune femme, Raphaël sentait qu’il y avait quelque chose, et, prenant son courage à deux mains, il demanda :

- Quelque chose ne va pas ?

Suzanne soupira et déclara :

- Il faut que nous ayons une conversation sérieuse toi et moi…

A ces mots, le coeur de Raphaël se serra brusquement, soudain terrifié par ce qu’allait lui révéler Suzanne. D’une voix contenant mal un mal aise profond, il demanda :

- Tu… tu ne veux plus de moi ?

Suzanne eut un sursaut de surprise à l’entente de ses mots, et s’apercevant du mal aise de l’adolescent, elle s’empressa d’ajouter :

- Mais bien sûr que si je veux de toi mon chéri… non, ce dont je veux te parler concerne ton avenir. Voilà, je ne vais pas y aller par quatre chemins… Je ne sais pas si tu imagines le stresse que j’ai pu ressentir quand je suis venue te chercher il y a deux jours. Je n’arrêtais pas de me poser des questions, allais-tu m’accepter ? Allions-nous nous accepter ? Serions-nous à arriver à construire quelque chose tout les deux ?… Bref, j’en suis arrivé à la conclusion suivante. Raphaël, je t’aime de tout mon coeur, tu es et tu restera à jamais mon petit garçon, mais je pense que tu es assez grand pour décider toi-même de ton avenir… Voilà, j’avais pris la décision au cas ou nous ne nous serions pas entendu, de te faire émanciper, et je voulais savoir si tu tiens toujours à l’être ou non ? Sache que quelque soit ta réponse, je serais toujours là pour toi. Ce n’est pas parce que je te donne la possibilité d’obtenir la majorité que cela signifie que je ne veux plus de toi tu comprends ?

Raphaël ne répondit rien, se contentant d’acquiescer silencieusement et Suzanne poursuivit :

- Tu n’es pas obligé de me répondre tout de suite, tu peux prendre le temps de réfléchir si tu le souhaites…

- Je… Je comprends ce que tu veux dire, et je t’en suis reconnaissant… je… j’accepte la proposition, mais…  ce n’est pas contre toi, je te le jure… c’est juste que…

- C’est juste que tu as d’autres projets en tête ? Termina Suzanne avec un petit sourire en coin.

Raphaël sentit ses joues s’empourprer et adressant un petit sourire timide à sa mère, il hocha la tête en guise d’approbation. En effet, Raphaël avait d’autres projets en tête, cependant, il se garda bien d’en faire-part à Suzanne, par peur de sa réaction. Il verrait bien avec le temps…

- Bien, cette affaire est réglée et ce n’est pas plus mal ! Je dois t’avouer que je ne savais pas trop comment te l’annoncer, je craignais que tu le prennes mal ou comme un rejet. Soit certain qu’il n’en est rien. Tu es ici chez toi.

- Merci… merci Maman, déclara l’adolescent

- Ne me remercie pas mon chéri, tout ce que je fais, je le fais dans le but de te rendre heureux. Je n’ai pas eu l’occasion de le faire durant ses dernières années, et je tiens à me rattraper. Je t’aime mon fils, déclara la jeune femme en déposant un tendre bisou sur le front de l’adolescent.

- Je t’aime aussi Maman, merci… pour tout ce que tu fais pour moi, merci d’être là pour moi… répondit Raphaël en se réfugiant dans les bras de sa mère.

Il restèrent un long moment enlacé, puis Suzanne s’exclama :

- Allez, je vais appeler le notaire avant qu’il ne soit trop tard.

A ces mots, elle l’embrassa une dernière fois et partit téléphoner. Elle réapparue quelques minutes plus tard, déclarant qu’ils avaient rendez-vous chez le notaire le lendemain en début d’après midi.

La journée se passa dans la tranquillité, et dans l’après midi, Raphaël reçu son mobilier pour sa chambre, et tous deux passèrent le reste de la journée à monter les meubles et à aménager la chambre au goût de l’adolescent.

Lorsqu’ils terminèrent, la nuit était déjà tombée et la soirée était déjà bien entamée. N’ayant pas vu les heures défilées, Suzanne leur prépara un petit repas rapide, qu’ils mangèrent rapidement, puis ils s’installèrent devant un film.

Puis, sur un commun accord, ils montèrent se coucher après s’être souhaités une bonne nuit. Raphaël s’allongea dans son nouveau grand lit, et comme un peu plus tôt dans la journée, son esprit se mit à vagabonder, loin, loin par delà l’océan, dans une contrée lointaine, perdue au milieu de la montagne, lieu sacrée où se trouvait son âme sœur à cet instant même. Toujours son esprit se posait les mêmes questions, inlassablement, comme qui quelques heures d’intervalle pouvaient faire changer les réponses à leur gré.

A travers les rideaux entre ouverts, Raphaël observait la lune se déplacer lentement à travers le ciel étoilé. Plongé dans ses souvenirs de Daevlyn, il se surprit à penser que toutes les étoiles dans le ciel n’étaient encore pas assez nombreuses pour exprimer l’amour qu’il ressentait pour l’adulte. Soudain, sans signe précurseur d’aucune sorte qu’il soit, les larmes de Raphaël jaillirent de ses yeux. Jamais il n’aurait cru un jour possible de souffrir autant du manque de quelqu’un. La douleur était telle qu’elle lui nouait les entrailles et lui laissait comme un arrière goût de solitude. Depuis des heures, le sommeil semblait le fuir, l’abandonnant à son chagrin et à sa solitude que même l’amour d’une mère ne parvenait pas à combler. Lassé, Raphaël finit par se lever, et attrapa son carnet de dessin, avant de s’asseoir sur le sol, le dos calé contre le mur sous la fenêtre.

Trop concentré à sa tache, Raphaël n’entendit pas Suzanne entrer dans sa chambre et ne sursauta même pas lorsqu’elle demanda d’une voix mi-endormie, mi-étonnée :

- Raphaël ? Qu’est ce que tu fais encore debout ?

-  Je n’arrive pas a dormir ! Répondit l’adolescent sans lever les yeux de son carnet de dessin, souhaitant cacher à Suzanne les larmes qui lui inondaient les joues.

Suzanne vient alors prendre place à ses côtés, et observa longuement Raphaël qui s’appliquait à parfaire le portrait de Daevlyn qu’il avait entreprit un peu plus tôt. Un sourire étira ses lèvres lorsqu’elle reconnu l’homme dont il était question. Une larme vient s’écraser sur le dessin, et soudain tout s’éclaira dans l’esprit de Suzanne, qui n’avait jusqu’à présent, que de légers soupçons. D’une voix emplie de tendresse, elle demanda :

- Tu l’aimes ?

Raphaël sursauta violemment, surprit par la question de sa mère, et sans oser relever les yeux vers elle, il répondit, la voix brisée par les sanglots contenus :

- Oui… oui je l’aime… co… comment tu as su ? Tu vas me frapper ?

Si Suzanne parue choquée par la dernière question de son fils, elle n’en laissa rien paraître et, le prenant dans ses bras, l’incitant à laisser libre court à son chagrin, elle lui caressa tendrement les cheveux et murmura :

- Il y a des signes qui ne trompent pas, tu sais… La façon dont il te suit constamment du regard, ces yeux d’un vert intenses qui s’illuminent d’amour et de tendresse à chaque fois qu’ils se posent sur toi, et puis le baiser que tu lui as envoyé dans la voiture avant de partir…

- Tu as vu ? demanda Raphaël qui se mit à rougir.

Suzanne rit doucement, et après avoir déposé un bisou sur les cheveux de l’adolescent, elle déclara :

- Comment ne pas s’en apercevoir ? Alors, quel nom n’ais-je pas le droit de te donner ?

Raphaël la regarda, ne comprenant pas ou elle voulait en venir, et Suzanne reformula sa question :

- Il doit bien y avoir un petit mot qui t’est réservé non ?

De nouveau, Raphaël s’empourpra et Suzanne comprit qu’elle avait visé juste. Attendrie par l’attitude de son fils, elle raffermit sa prise autour de ses épaules et se lovant un peu plus contre cette source de chaleur réconfortante, Raphaël murmura non sans rougir d’avantage :

- Voui… il… il me dit que je suis son ange… Il… il me manque tellement Maman, ajouta-t-il après quelques secondes de silence, j’ai si mal…

- Je sais mon chéri… je sais…

Suzanne resta de longues minutes à consoler son fils, puis, elle s’arracha à l’étreinte de Raphaël et se leva :

- Ne bouges, pas, je reviens…

Puis sans une explication de plus, elle quitta la chambre.

Lorsqu’elle revient quelques minutes plus tard, elle tendit le combiné de téléphone à l’adolescent qui la regarda sans comprendre, et elle déclara :

- Tiens, c’est pour toi…

Un sourire que Raphaël n’arriva pas à déchiffrer étira ses lèvres, et se demandant qui pouvait bien avoir envie de lui parler à une heure pareille, il répondit timidement :

- A… Allô ?

- Raphaël ? appela sans trop y croire, une voix qu’il ne connaissait que trop bien.

Cette voix… Cela ne pouvait être vrai… A la vue de l’adolescent dont les yeux s’agrandirent de surprise et de joie,  Suzanne eut un sourire victorieux.

- Dae… Daevlyn…

La voix entrecoupée de sanglots heureux, Raphaël ne pu rien dire de plus, tant l’émotion lui nouait la gorge. Après un immense effort pour refouler ses sanglots, il poursuivit :

- Daevlyn c’est bien toi… tu me manques… tu me manques tellement… c’est trop long sans toi…

- Oui c’est moi mon ange, toi aussi tu me manques… tout ce passe bien pour toi ? Je m’inquiète tellement pour toi mon coeur…

- Oui… oui je vais bien… merci de t’inquiéter pour moi… et toi ? Ca va ?… Et Amaranth il va bien ? Et Diamond Dust aussi ? Tu me manques tu sais…

Troublé par sa conversation avec son amant, Raphaël n’avait même pas calculé qu’il passait du coq à l’âne.

- Oui, Amaranth et Diamond Dust vont bien. Tu leur manque à eut aussi, j’ai l’impression qu’Amaranth boude parce que c’est moi qui lui donne à manger. Je crois qu’il languit ton retour… et moi aussi je me languis de toi mon ange…

- Tu me manques aussi…  j’ai hâte d’être de retour… je t’aime Daevlyn…

- Moi aussi je t’aime mon ange…

Ils restèrent un long moment au téléphone, s’échangeant régulièrement des mots d’amour, appréciant d’entendre la voix de cet être si cher à leur coeur comme si cela leur permettait de ressentir la présence de l’autre à leurs côtés. A cet instant, il n’était plus question de nuit et de jour, d’océan à traverser, seul comptait la voix tant chérie.

Raphaël commençait à donner des signes de fatigue, à plus de quatre heures du matin, le sommeil semblait enfin vouloir de lui. Semblant s’en apercevoir, Daevlyn demanda à l’autre bout du fil :

- Quelle heure est-il chez toi ? tu bâilles depuis un moment déjà, ne devrais-tu pas penser à te coucher ?

- Oui, je… j’arrivais pas à dormir, tu me manquais trop… il est quatre heures ici…

D’une voix faussement sévère, Daevlyn déclara alors :

- Tu profites d’être loin de moi pour faire des folies… Attends voir que tu sois de retour… Aller mon ange, vas te coucher… d’ici j’entends que tu tombes de fatigue…

- Je veux pas aller me coucher… Je veux rester avec toi Daevlyn…

Suzanne sourit face à l’attitude enfantine que pouvait parfois revêtir son fils, mais ne fit aucun commentaire, se doutant parfaitement, que si Daevlyn semblait aussi mère poule qu’il paraissait, il arriverait à le convaincre d’aller se coucher, ce qui arriva quelques secondes plus tard :

- D’accord, je vais me coucher… mais tu me promets de m’appeler bientôt hein… même si c’est la nuit c’est pas grave…

- Je te promets, bonne nuit mon ange, dors bien… je t’aime…

- Merci Daevlyn… bonne nuit à toi aussi… je t’aime…

A ses mots, il éloigna le combiné de son oreille, et raccrocha tandis qu’une larme s’échappait de ses yeux. Il releva alors les yeux vers Suzanne en rougissant légèrement, et se leva, afin de se lover dans ses bras.

- Merci, murmura-t-il.

- Je t’en prie, répondit Suzanne. Je crois avoir compris la raison pour laquelle tu as accepté ma proposition d’émancipation. Dis-moi si je me trompe, mais je parie que ce jeune homme a grandement influencé ton choix, n’est-ce pas ?

- Je… Je suis désolé, s’excusa l’adolescent.

- Ne le soit pas, si tu es heureux, alors cela me suffit amplement. Et je crois que Daevlyn, c’est bien ça ? Il a raison mon chéri, tu ferais bien de te coucher à présent.

- Oui… merci Maman… bonne nuit…

- Bonne nuit mon chéri, répondit la jeune femme avant de déposer un bisou sur ses cheveux et de quitter la pièce.

A peine deux minutes, plus tard, Raphaël était de nouveau couché dans son lit. Allongé en position fœtale, il ne tarda pas à sombrer dans un profond sommeil, des images de Daevlyn plein la tête.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 19:26 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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