17
oct

Mourir pour revivre - Chapitre 47

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 47 écrit par Shinigami

Lorsque Raphaël se réveilla en début d’après-midi, il avait les yeux rouges et gonflés d’avoir trop pleuré. Puis, sa conversation de cette nuit avec Daevlyn lui revint en mémoire, et un immense sourire étira ses lèvres, illuminant son visage. Il sortit précipitamment de son lit et prit d’assaut la salle de bain et dix minutes plus tard, il en sortait lavé et habillé de propre. Ainsi paré, il se rendit à la cuisine d’où s’échappait une forte odeur de café, et embrassa tendrement Suzanne qui, à sa tête, ne devait pas être réveillée depuis bien longtemps. Celle-ci lui adressa un sourire de bienvenue et Raphaël s’installa à ses côtés, devant un bol de chocolat fumant.

Tous deux déjeunèrent en silence, appréciant le calme de ce début d’après-midi. Finalement, ce fut Suzanne qui brisa le silence :

- Tu n’as pas oublié que nous devons nous rendre chez le notaire cette après-midi ? Demanda-t-elle à son fils.

- Non, je n’ai pas oublié, répondit l’adolescent. Maman.. Ajouta-t-il quelques secondes plus tard.

- Oui mon fils ?

- J’ai… enfin je… je souhaiterais offrir un cadeau à Daevlyn… est-ce qu’on pourra aller se promener en ville ? demanda timidement Raphaël, un peu gêné et mal à l’aise de demander à sa mère de l’emmener.

- Bien sur mon chéri, avec plaisir, s’empressa de répondre Suzanne, trop heureuse que son fils souhaite faire les boutiques avec elle. Que veux-tu lui prendre ?

- Je ne sais pas, murmura l’adolescent. Je… je viens d’avoir l’idée, je… je n’ai pas vraiment réfléchi…

- Ne t’inquiètes pas, nous trouverons, le rassura Suzanne.

- Merci Maman.

- Je t’en prie mon garçon, répondit Suzanne. Et puis si tu veux, nous pourrons en profiter pour traîner un peu en ville.

- Oui, ce serait une bonne idée… merci Maman, répondit l’adolescent.

Après leur petit déjeuner, tous deux montèrent se préparer chacun de leur côté, et quelques minutes plus tard, Suzanne attendait son fils dans l’entrée, prête pour partir à leur rendez-vous chez le notaire. Raphaël arriva quelques minutes après elle, et après avoir attrapé son manteau, il sortit de la maison et alla s’installer dans la voiture pendant que Suzanne fermait la maison.

Après une petite demi-heure de route, ils se garèrent en centre ville, tout près du cabinet du notaire. Même s’il n’osait l’avouer, Raphaël était en cet instant même littéralement mort de peur. Après tout, il ne connaissait pas cet homme… Qui lui disait qu’il allait accepter la requête de Suzanne ? Le cœur de Raphaël s’emballa subitement à l’idée que l’homme puisse refuser de l’émanciper… Qu’allait-il devenir si cela ne se faisait pas ? Comment pourrait-il vivre avec Daevlyn ? A cette pensée, son cœur se contracta douloureusement, et les larmes se mirent à briller au fond de ses yeux.

Semblant sentir le trouble de son fils, et comprenant parfaitement que celui-ci puisse avoir peur, Suzanne posa sa main sur la sienne et la serra fortement en guise de réconfort. Raphaël releva la tête et lui adressa un sourire encourageant et lui disant tout bas, sur un ton de confidence :

- Tout va bien ce passer…

- Je… j’espère… j’ai peur Maman… et s’il ne voulait pas ?

- Chuuut… ne dit rien. Je suis certaine que tout va bien ce passer. Tu me fais confiance ?

- Oui… bien sûr je te fais confiance…

- Bien ! s’exclama la jeune femme, allons-y !

Tentant de contrôler le tremblement de ses mains, Raphaël sortit de la voiture et regarda autour de lui. Il n’était encore jamais venu dans cette partie de la ville et la beauté de l’endroit l’émerveilla. Les bâtiments anciens surplombaient la rue de leur imposante stature donnait à l’adolescent l’impression d’être totalement insignifiant.

Perdu dans sa contemplation, le jeune garçon ne vit pas Suzanne s’approcher de lui et sursauta lorsqu’il sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna vivement mais le regard de sa mère le rassura.

- Viens, c’est en face, déclara Suzanne.

Raphaël ne répondit rien mais lui emboîta le pas, serrant les mains pour les empêcher de trembler davantage. Ils pénétrèrent dans l’un des grands bâtiments que Raphaël observait quelques minutes auparavant, et Suzanne qui semblait connaître l’endroit, se dirigea directement vers l’ascenseur.

Quelques minutes plus tard, ils arrivaient au septième étage et Suzanne s’annonça à la secrétaire qui les invita à aller attendre dans la salle prévue à cet effet. Depuis qu’il était entré dans le bâtiment, Raphaël regardait partout autour de lui. Jamais encore il n’avait vu autant de luxe, et la hauteur des plafonds l’étonnait au plus haut point.

Il prit place dans l’une des luxueux fauteuils qui meublaient la petite pièce et détailla avec attention les doreries ornant la tapisserie qui recouvrait les murs. Suzanne quant à elle le regardait faire avec une lueur d’amusement et de tendresse dans les yeux.

Ils n’eurent pas à attendre bien longtemps, car à peine quelques minutes plus tard, un homme d’une quarantaine d’années, entra dans la petite salle :

- Madame Sullivan !

A l’entente de son nom, Suzanne se leva et se dirigea vers l’homme qui venait d’arriver, suivit par Raphaël qui, intimidé, ne quittait pas sa mère.

- Bonjour Monsieur Duval, répondit Suzanne en attrapant la main que lui tendait le notaire.

- Vous allez bien Suzanne ?

- Oui, je vous remercie, et vous-même ?

- Comme toujours ! répondit le quadragénaire avec un sourire charmeur. Qui est ce garçon ?

- Raphaël, mon fils, répondit Suzanne, c’est pour lui que nous sommes ici aujourd’hui.

- Je vois, allons dans mon bureau vous voulez bien ?

- Nous vous suivons, répondit la jeune femme en emboîtant le pas au notaire.

Raphaël en profita pour détailler plus attentivement l’homme avec qui ils allaient passer les prochains instants. L’homme en question était plutôt bel homme et abordait un visage à l’expression douce qui donnait l’impression d’être en sécurité. Il avait un nez droit qui surplombait une petite moustache finement taillée. Ses yeux marrons se mariaient parfaitement à son teint légèrement halé, typique des gens de la côte. Ses cheveux grisonnant sur les tempes renforçaient son charme naturel. Le dénommé Duval portait un costume très classe que l’adolescent jugea être au niveau de sa fonction.

Ils arrivèrent dans le bureau du notaire, et celui-ci les invita à prendre place dans les deux sièges situés face à son bureau, tous aussi luxueux qu’eux de la salle d’attente.

- Bien, expliquez-moi tout, déclara le quadragénaire.

- Voilà, nous avons vécu une situation familiale quelque peu particulière ces dernières années. J’ai retrouvé Raphaël seulement depuis quelques jours, mais beaucoup de choses ont changé et bien qu’il restera toujours mon fils, nous avons chacun refait notre vie de notre côté, avec les souffrances que cela impliquait. Nous en avons longuement parlé ensemble, et nous avons prit la décision de faire émanciper Raphaël. Je ne pourrais pas être auprès de lui tout le temps, mais Raphaël est grand, il sait parfaitement se débrouiller seul.

- Je vois… Et quelle est la raison réelle de cette demande ?

- Écoutez, je vis ici, à Los Angeles, et Raphaël vit en France, son père est décédé et je ne l’ai retrouvé que depuis quelques jours. Il me faudra je ne sais combien de temps pour faire les papiers de Raphaël et le centre dans lequel il se trouve pour le moment ne m’a laissé qu’une semaine avec lui. Cela nous faciliterait énormément les choses si Raphaël pouvait être émancipé.

Monsieur Duval, Pierre de son prénom, se tourna alors vers Raphaël qui restait silencieux mais attentif à tout ce qui se passait autour de lui, et lui demanda :

- Quel âge as-tu Raphaël ?

- J’ai dix-sept ans dans quatre mois Monsieur, répondit l’adolescent, tout de même un peu intimidé par cet homme qui possédait une partie de son destin entre ses mains.

- D’accord… puis-je te poser quelques questions personnelles ? Tu as le droit de refuser…

- Je… euh… d’accord… bégaya l’adolescent, redoutant les questions à venir.

- As-tu quelqu’un dans ta vie ?

A cette question, le cœur de Raphaël fit un bon dans sa poitrine avant de repartir à toute vitesse. Il s’était piégé lui-même, pourquoi avait-il accepté de répondre aux questions ? Qu’allait-il lui répondre ? Cet homme allait-il le juger de sa relation avec Daevlyn ? Après un dernier regard apeuré à Suzanne, Raphaël décida de jouer le tout pour le tout, de toute façon, il n’avait rien à perdre, autant jouer franc jeu.

- Ou… oui, je… je suis avec quelqu’un…

Pierre qui avait remarqué l’angoisse grandissante du jeune garçon se pencha vers lui par-dessus son bureau, et lui adressa un sourire rassurant avant de déclarer :

- Hey ! Ce n’est pas un jugement, ok ? Tu n’as rien à craindre, d’accord ? Je veux simplement essayer de mieux te connaître pour savoir qui tu es.

Raphaël se contenta de hocher la tête en guise d’acquiescement, et après un dernier sourire d’encouragement, le notaire poursuivit ses questions :

- Comment s’appelle-t-elle ?

- Daevlyn… Il s’appelle Daevlyn, Monsieur…

- Quel âge a-t-il ce jeune homme ?

- Vingt-quatre ans, Monsieur, répondit Raphaël qui n’osait pas regarder l’homme en face de lui, de peur d’y lire un quelconque jugement dans ses yeux comme cela avait déjà si souvent été le cas auparavant. Je vous jure qu’il ne sait pas Monsieur, il n’a rien à voir avec cette histoire, s’exclama-t-il par peur que le notaire interprète mal la situation.
Contre toute attente, le quadragénaire éclata de rire et posa un regard bienveillant sur l’adolescent aux cheveux noirs qui se trouvait devant lui, le trouvant de plus en plus attachant.

- Je n’en doute pas une seule seconde Raphaël, le rassura-t-il. Bien, je voudrais parler en tête-à-tête avec ta mère, peux-tu attendre un instant dans le couloir s’il te plait ?

Raphaël ne répondit rien, mais fit ce que lui demandait le notaire, et après un dernier regard à sa mère, il quitta la pièce. Le stress qu’il ressentait en ce moment était à son paroxysme. Jamais il n’avait été aussi angoissé, et la peur lui nouait douloureusement l’estomac.

N’ayant rien d’autre à faire qu’attendre, il se laissa glisser le long du mur en face de la porte du bureau dans lequel s’entretenait sa mère, et remonta ses genoux sur son torse avant de les entourer de ses bras.

Pendant ce temps dans la pièce, Suzanne tentait désespérément de plaider la cause de son fils :

- Écoutez, je sais que cela peut s’apparenter à un détournement de mineur, mais croyez-moi, ça n’est nullement le cas.

- Saviez vous qu’il aimait un homme ?

- Je m’en suis douté lorsque je suis allé le chercher il y a quelques jours, mais j’ai eu la confirmation cette nuit.

- Cette nuit ? Répéta Pierre en regardant Suzanne d’un air sceptique.

- Je l’ai surpris en train de dessiner son portrait. Je sais, vous allez me dire que tout ceci n’a pas de sens, mais croyez-moi, cela n’a absolument rien d’insensé. De plus, comme vous avez pu le constater, Raphaël est un garçon timide et introverti, cependant, il a décidé de jouer franc jeu avec vous dès le début et de mettre cartes sur table… Ce qui se passe entre eux est très fort, il n’y a aucune manipulation de la part de Daevlyn je peux vous l’assurer. Comme vous l’a dit Raphaël, il n’est même pas au courant de la situation.

- Hum… j’ai remarqué que Raphaël était très introverti, savez-vous pourquoi ?

Suzanne resta silencieuse une petite minute avant de déclarer :

- Je… Je soupçonne Raphaël d’avoir été battu par son père…

Cet aveu engendra un vide l’espace d’un instant, puis le quadragénaire finit par rompre le silence, demandant d’une voix grave :

- Vous en avez des preuves ?

- Aucune, mais son comportement laisse supposer qu’il n’a pas été traité comme il aurait du l’être.

- Je ne suis pas avocat et encore moins juge reprit le notaire après un court silence, je ne peux rien faire hormis vous conseiller d’aller voir un juge ou faire appel à l’assistance sociale.

- C’est hors de question ! s’exclama Suzanne, je ne veux pas que mon fils ait quoi que ce soit à voir avec ces emmerdeurs !

Pierre lui lança un regard dans lequel Suzanne décela une lueur de reproche et d’interrogation, et elle s’empressa d’ajouter :

- Excusez -moi, je me suis emportée. De toute façon, son père est décédé depuis quelques mois déjà, je crains que même s’il est vrai que Raphaël ait été battu, je ne puisse plus rien faire.

- Je ne suis pas apte à vous répondre, vous devriez vraiment vous renseigner, même s’il est trop tard pour que votre ex-mari soit jugé pour ses actes, si vos doutes s’avèrent être exacts, vous pouvez toujours recevoir des dédommagements.

Suzanne lui adressa un regard empli de tristesse et lui demanda d’une voix brisée :

- Croyez-vous réellement qu’a présent Raphaël ait besoin d’un quelconque dédommagement matériel ? La meilleure chose qu’il ait pu recevoir, c’est que son père soit en enfer et que Daevlyn partage désormais sa vie.

- Vous avez raison, pardonnez-moi, déclara le notaire un peu gêné de sa précédente remarque.

- Ce n’est rien, répondit la jeune femme en s’emparant de son sac. Je vous remercie pour cet entretien, Monsieur Duval, ajouta-t-elle en se dirigeant vers la porte.

- Je vous en prie, à bientôt Suzanne, répondit le notaire en ouvrant la porte à la mère de Raphaël. Je vous tiens au courant pour la réponse.

- Je vous remercie, au revoir.

Raphaël qui avait entendu la porte s’ouvrir, se leva précipitamment et rejoignit sa mère. Après avoir salué le notaire, tous deux prirent la direction de la sortie. Face à l’air grave qu’abordait à présent Suzanne, Raphaël ne préféra poser aucune question, le visage fermé de Suzanne parlait pour elle : son émancipation n’était pas encore accordée, et il doutait qu’après ses révélations, elle le soit un jour.

Il poussa un soupire qui cachait mal sa déception et son envie de pleurer. Se giflant mentalement, il refoula ses larmes et prit la main de Suzanne dans la sienne en signe de réconfort pour lui comme pour Suzanne qui semblait en avoir autant besoin que lui.

Comme convenu plus tôt, Suzanne emmena Raphaël faire les magasins pour trouver un cadeau pour Daevlyn et cela permis de leur changer les idées. Au bout de quelques minutes, ils ne pensaient déjà plus à leur précédent entretien qu’ils avaient eut avec le notaire.

Au bout du troisième magasin, Raphaël trouva le cadeau qu’il souhaitait offrir à son amant. Il lui prit une magnifique chemise en soie noire qui ferait gracieusement ressortir la couleur émeraude de ses prunelles. Fier de sa trouvaille et avec les compliments de sa mère, ils quittèrent la boutique et Suzanne les conduit dans un petit bar tranquille où ils burent un chocolat chaud et dégustèrent une crêpe au Nutella.

En fin d’après-midi, ils restèrent chez eux, et après avoir demandé à Suzanne où se trouvait le papier cadeau, Raphaël se précipita dans sa chambre et entreprit de faire le cadeau pour Daevlyn. Il y mit tout son cœur et s’appliqua à faire un joli paquet. Mais n’ayant jamais eut l’occasion d’en faire auparavant, il eut un peu de mal, et déçu, des larmes brillant au fond de ses yeux, il alla retrouver Suzanne qui lisait dans le salon.

- Je… je n’arrive pas à faire le paquet… est-ce que tu peux m’aider s’il te plait ?

Suzanne fut surprise par la requête de son fils, mais lorsqu’elle croisa son regard larmoyant, elle lui adressa un tendre sourire et posant son livre, elle l’invita à venir prendre place à côté d’elle, sur le sol. A son tour elle s’agenouilla sur le tapis, et patiemment, elle expliqua à Raphaël comment réaliser son paquet.

La soirée se déroula dans la tranquillité. Suzanne qui avait la flemme de préparer le repas du soir, commanda une pizza pour la plus grande joie de son fils qui, pendant ce temps, choisit le film qu’ils regarderaient en mangeant.

Vers onze heure, lorsque le film fut terminé, Raphaël souhaita une bonne nuit à sa mère et alla monta à l’étage. Il prit une douche rapide et pensant que son mal de ventre était du à la pizza qu’il n’arrivait pas à digérer, il avala deux cachets avant d’aller se coucher.

Cependant, le lendemain, il fut réveillé aux aurores par une violente douleur à l’abdomen. Pensant que cela allait passer et n’ayant pas envie de réveiller sa mère pour si peu, il se recoucha et tenta de se rendormir. Il y parvint bien des heures plus tard et lorsqu’il se réveilla de nouveau, le soleil était déjà haut dans le ciel. C’est dans un état comateux qu’il descendit dire bonjour à Suzanne avant de remonter se coucher l’estomac vide. Raphaël ne pouvait rien avaler. Rien que penser à la nourriture lui donnait des hauts le cœur. Tout ce qu’il voulait, c’était dormir.

Suzanne fut surprise de l’état de Raphaël, lui qui allait bien la veille. Elle monta le voir et frappa doucement trois petits coups à la porte avant de demander :

- Raphaël, je peux entrer ?

- Hn…

Suzanne entra dans la chambre de son fils et s’approcha de lui. Elle s’assit à son chevet et posa sa main sur son front, histoire de voir s’il avait de la température. L’adolescent avait le front un peu chaud, mais rien d’inquiétant.

- Cela fait longtemps que tu te sens mal ? Interrogea la jeune femme.

- Hn… Depuis hier soir, souffla l’adolescent.

- Bien, reposes toi, murmura Suzanne. J’appellerais le médecin si cela ne va pas mieux tout à l’heure.

Sur ces mots, elle quitta la pièce et sentant que le sommeil n’était pas loin, Raphaël laissa son esprit vagabonder. Il pensait à Daevlyn et au fait que dans moins de trois jours, il pourrait de nouveau être dans ses bras, caresser sa peau, se nourrir de ses baisers et respirer son odeur qui lui manquait tant. Oui, dans moins de soixante-douze heures, il serait dans les bras de son amant, et qui sait ce que celui-ci avait prévu pour son retour. A cette pensée les joues de Raphaël prirent une belle teinte colorée, puis il finit par s’endormir, terrassé par la fatigue et la douleur qui ne diminuait pas.

L’adolescent se réveilla plus de quatre heures plus tard et son mal de ventre semblait avoir disparut. Par contre, son estomac criait famine. Raphaël se leva et descendit à la cuisine, prendre quelque chose à manger. Il trouva Suzanne qui faisait la vaisselle. Elle se retourna quand elle entendit du bruit derrière elle, et voyant Raphaël sur pieds, elle demanda :

- Tu vas mieux ?

- Oui, c’est passé, répondit l’adolescent en ouvrant son yaourt.

Suzanne lui sourit tendrement, et tandis qu’elle finissait la vaisselle, Raphaël alla s’installer dans le canapé et alluma la télévision. Il tomba sur une série qui semblait pas trop mal et finalement, il ne décolla pas de la soirée, hormis pour aller chercher de quoi grignoter dans le placard.

Comme la veille, il alla se coucher à une heure raisonnable et cette fois-ci, il n’eut aucun problème à s’endormir.

Ce fut sur les coups des trois heures du matin que la douleur revient en force, arrachant même un gémissement de douleur à l’adolescent. Raphaël avait l’impression qu’on lui transperçait le ventre à coups de couteau et la douleur le fit se plier en deux. Les larmes qu’il avaient réussit à retenir jusqu’à maintenant s’échappèrent de ses yeux, inondant ses joues et son oreiller. Un nouveau gémissement, plus fort que le précédent s’échappa de ses lèvres entrouvertes, et quelques secondes plus tard, la lumière s’allumait dans le couloir, et la porte de sa chambre s’ouvrit sur Suzanne. La jeune femme s’approcha du lit et alluma la petite lampe de chevet et retient avec difficulté un cri d’horreur en apercevant Raphaël, plié en deux sous la douleur ressentit, les larmes coulant sur ses joues et ruisselant de transpiration.

- Raphaël, appela-t-elle paniquée, Raphaël réponds-moi, qu’est-ce que tu as ?

- Mal… ventre…articula difficilement l’adolescent.

- Je vais prendre ta température, déclara-t-elle avant de courir vers la salle de bain.

Elle en revint quelques secondes plus tard et posa la bande thermique sur le front de l’adolescent. Un instant plus tard, celui-ci affichait quarante et un degrés.

- Je t’emmène à l’hôpital, tu ne peux pas rester avec cette température, s’exclama Suzanne, tentant de se calmer.

- Nan… pas… pas l’hôpital, supplia l’adolescent en un nouveau gémissement.

- Il n’y à pas de “non” qui tienne Raphaël. Je ne te laisse pas ici dans cet état, sévit Suzanne pour la première fois.

Jamais encore elle n’avait haussé le ton sur Raphaël et elle s’en voulu aussitôt, cependant, la vie de son fils était peu être en danger et elle se refusait à le laisser la sur un simple caprice. Elle couru dans sa chambre où elle s’habilla en quatrième vitesse avant d’aller ouvrir la porte et faire chauffer la voiture. Elle revient ensuite chercher Raphaël et bien que l’adolescent ne pesait pas bien lourd, elle n’avait pas la force de le porter. Elle passa son bras derrière son dos et l’aida à marcher du mieux qu’elle pu puis l’installa dans la voiture. Elle revient en vitesse fermer la porte et remonta précipitamment en voiture.

Ils arrivèrent une dizaine de minutes plus tard à l’hôpital, et aussitôt, Suzanne entraîna l’adolescent aux urgences. L’infirmier voulu d’abord les faire patienter, mais lorsqu’un cri de douleur à l’état pure s’échappa les lèvres de l’adolescent et qu’il faillit tomber au sol après un nouvel excès de douleur, l’infirmier l’emmena et lui fit passer une radiographie d’urgence.

Un quart d’heure plus tard, Raphaël était allongé sur la table d’opération et Suzanne faisait les cent pas dans le couloir. Une infirmière vient la voir et lui proposa de se reposer un peu, lui assurant que son fils était entre de bonnes mains et tout à fait hors de danger, mais l’inquiétude et la peur qu’elle avait ressentit et ressentait toujours l’empêchait de dormir.

Près d’une heure plus tard, le chirurgien quitta la salle d’opération et vient trouver Suzanne qui, lorsqu’elle l’aperçut la jeune femme bondit sur ses pieds et se précipita à la rencontre du médecin.

- Comment va-t-il ?

- Le pire a été évité de justesse. Il était à deux doigts de faire une péritonite, nous l’avons opéré juste à temps. S’est-il plein de douleur au ventre cette semaine ?

- Non, cela a commencé hier. Je pensais qu’il s’agissait juste d’une gastro-entérite mais cette nuit je l’ai entendu gémir de douleur. J’ai prit sa température, il avait quarante et un de fièvre, je l’ai aussitôt amené à l’hôpital.

- Vous avez bien fait.

- Puis-je aller le voir ?

- Pas pour le moment, il est en salle de réveil. Il va se réveiller d’ici une petite demi-heure, répondit le chirurgien. En attendant, ajouta-t-il, j’aimerai vous parler en privé, allons dans mon bureau.

- Il y a quelque chose qui ne va pas ? S’inquiéta Suzanne.

- Venez, répéta le médecin en prenant la jeune femme par le bras et en l’entraînant à sa suite.

Une fois dans le bureau du docteur, Celui-ci la fit s’asseoir avant de prendre place en face d’elle derrière son bureau.

- Voilà, je ne vais pas y aller par quatre chemins, déclara le médecin. Votre fils, articula-t-il avec difficultés, nous avons trouvé de lourdes séquelles et des cicatrices zébraient la quasi-totalité de son corps…

A ces mots, Suzanne ouvrit la bouche en un cri d’horreur muet tandis que le chirurgien poursuivait :

- Nous avons aussi remarqué des traces d’automutilation sur ses poignets et ses avants bras… mais ce n’est pas tout… face à un tel carnage, j’ai préféré faire des tests supplémentaires, et… il semblerait que votre fils ait été violé…

A cette révélation, aucun son ne sortit des lèvres entrouvertes de la jeune femme. Seules des larmes s’échappaient de ses yeux grands ouverts, seuls signes révélateurs de la nature des précédents aveux.

- Savez-vous qui est susceptible de lui avoir fait subir cela ?

- Je… C’est une histoire compliquée vous savez mais je viens de retrouver mon fils après plusieurs années de séparation… il vivait avec son père… cela ne peut être que lui…

- Où est-il à présent ?

- Il est décédé… il y a près de trois mois…

- Vous en êtes certaines ?

- Oui… pourquoi ? Que se passe-t-il ? s’exclama Suzanne qui commençait à paniquer.

- Son dernier rapport sexuel remonte à seulement quelques jours…

Suzanne resta bouche bée face à un tel aveu… Qui pouvait avoir touché à son fils hormis son père ? Soudain, elle tilta : Daevlyn… Cela ne pouvait être que Daevlyn… Raphaël avait couché avec son moniteur… A présent, restait à savoir si celui-ci l’avait contraint ou non… Puis elle sembla se souvenir… Les regards que les deux amants s’échangeaient, l’attitude de Daevlyn envers Raphaël et celle de son fils envers son moniteur… non, c’était tout à fait impensable que Daevlyn ait violé Raphaël… Si le médecin disait vrai, Raphaël avait couché avec Daevlyn peu de temps avant qu’elle ne vienne le chercher…

Suzanne avait l’impression d’être en plein cauchemar. Alors comme ça Raphaël, son petit bébé été devenu un homme… Quand elle avait apprit que Raphaël sortait avec Daevlyn, jamais elle n’aurait imaginé qu’ils aient déjà fait l’amour… Comment cela était-ce possible ? Raphaël avait tout juste seize ans, il sortait à peine de l’enfance et déjà il avait l’expérience d’un adulte.

Et si seulement cela s’arrêtait là, mais non, le pire était à venir… Raphaël avait été violé… Il avait été battu et abusé par son propre père… Comment en était-il arrivé à subir tout cela ? Pourquoi avait-il subit ces sévices ? Et surtout, quel âge avait-il lorsque son père l’a touché pour la première fois ? Suzanne préféra ne pas penser à cette question. Elle était déjà suffisamment sous le choc avec les révélations qu’elle venait d’entendre et elle ne souhaitait pas en savoir d’avantage. Tout ce qu’elle souhaitait en cet instant, c’était oublié tout ce qu’elle venait d’apprendre, oublié que son bébé n’était plus celui qu’il semblait être… A présent, elle devait le considérer comme l’homme qu’il était devenu. Mais comment ne pas voir encore comme son petit bébé, cet adolescent fragile et craintif ?

A présent, Suzanne avait les réponses à ses questions. Si elle s’était doutée que Raphaël avait été battu, jamais elle n’aurait soupçonné que celui-ci ait également été violé… non, cela ne pouvait pas être vrai… c’était un cauchemar… elle allait ouvrir les yeux et tout rentrerait dans l’ordre. Elle se réveillerait dans son lit, Raphaël paisiblement endormis dans le sien dans la chambre d’à côté et tout ceci ne serait plus qu’un horrible souvenir.

Raphaël fut réveillé par un « bip » régulier qui résonnait à ses oreilles. Dans un état comateux, il ouvrit lentement les yeux. Lorsqu’il regarda autour de lui, il ne reconnu pas l’environnement familier de sa chambre. C’est alors que les derniers évènements lui revinrent en mémoire. Il était à l’hôpital, mais le plus horrible de tout cela, c’est que son secret avait été découvert… Suzanne savait maintenant ce qu’il s’était efforcé de cacher…

Des larmes silencieuses se mirent à couler sur ses joues pâles. Le monde autour de lui semblait s’être écroulé.

Raphaël fut tiré de ses pensées par la voix douce de Suzanne qui murmurait son prénom. Perdu dans ses réflexions, il ne l’avait pas entendu frapper et ne sursauta même pas lorsqu’elle l’appela une nouvelle fois. L’adolescent semblait complètement déconnecté de la réalité.

Cependant, lorsque Suzanne l’appela de nouveau en lui demandant de la regarder, il retira sa main de la sienne et tourna la tête vers la fenêtre, fixant le paysage sans même le voir, les larmes de tristesse, de honte et de dégoût de lui-même lui brouillaient la vue.

- Raphaël, appela Suzanne, regarde moi… dit quelque chose…

Mais l’adolescent gardait obstinément la tête tournée du côté opposé. Il ne voulait voir personne, pas même sa mère. Tout ce qu’il souhaitait à cet instant, c’était qu’on le laisse seul dans son monde de ténèbres et de cauchemars, avec pour seules compagnies, sa honte et son dégoût.

Il avait l’impression de vivre un cauchemar éveillé, qu’il allait se réveiller et que tout ceci ne serait plus qu’un horrible souvenir. Il tentait désespérément de faire surface, mais rien, il restait inexorablement prisonnier de cette réalité, enfermé dans ce monde de déshonneur. La voix douce mais tremblante de la jeune femme retentit une nouvelle fois à ses oreilles en une supplication à peine murmurée :

- Regarde-moi Raphaël… Dit moi que c’est faut…

- Je ne peux pas, gémit l’adolescent en une plainte d’animal blessé, je ne peux pas… parce que c’est vrai… Tout est vrai…

- Pourquoi ? Sanglota Suzanne. Pourquoi toi ? Pourquoi ça ?

Cette fois-ci, Raphaël ne répondit rien, et un silence pesant empli de nouveau la pièce. Face au mutisme délibéré de son fils, Suzanne ajouta quelques secondes plus tard :

- Et Daevlyn ?

A ces mots, Raphaël tressailli violemment sans pour autant regarder sa mère, trop honteux du dégoût qu’il pourrait lire dans ses yeux. Après de longues minutes de silence, il murmura d’une voix brisée :

- J’aime Daevlyn… Et lui aussi m’aime… Jamais il n’aurait tenté quoi que ce soit contre mon accord…

- Tu as… couché avec Daevlyn ? demanda la jeune femme d’une voix tremblotante et mal assurée.

Raphaël décida de jouer franc jeu, de toute façon, il n’avait plus rien à cacher. Le peut qui lui restait de dignité avait été balayée lorsque Suzanne avait apprit ce qu’il lui était arrivé par le passé. Elle savait à présent tout de lui, elle connaissait ses hontes et ses secrets. Alors que pouvait bien lui apporter le fait de savoir si, oui ou non, il avait couché avec Daevlyn. Il n’était plus à une révélation près et puis, tôt ou tard, elle aurait fini par l’apprendre…

- Ou… Oui, souffla l’adolescent après quelques secondes d’hésitation. Je te dégoûte ?

Dès qu’elle entendit le premier mot de l’adolescent, le cœur de Suzanne fit un bon dans sa poitrine et c’est à peine si elle entendit la question que lui posait son fils. Raphaël avait bel et bien couché avec Daevlyn… son fils, son petit garçon qu’elle revoyait encore tout bébé n’était plus aussi innocent qu’il semblait l’être. Suzanne avait beaucoup de mal à avaler la pilule, elle n’arrivait pas et ne voulait pas imaginer son fils entre les bras de Daevlyn. Elle ne pouvait pas, c’était encore trop tôt. Elle avait reçu son quota d’aveux et de révélations pour les prochains jours à venir. Reprenant alors ses esprits, elle se souvient de la question de son fils, et ne souhaitant pas accentuer son sentiment de stress et d’angoisse, elle s’empressa de répondre, toutefois un peu distraitement :

- Non, non, tu ne me dégoûtes pas… laisse-moi juste le temps…

Sur ses mots, elle se leva, et comme par automatisme, guidée par une force surnaturelle, elle quitta la chambre de son fils. Raphaël de son côté, avait tourné la tête pour voir sa mère quitter la pièce, les joues inondées de larmes qui coulaient librement sur ses joues, l’adolescent ne faisant pas le moindre effort pour les retenir.

Il resta longtemps ainsi, pleurant toutes les larmes de son corps, libérant cette souffrance intérieure qui lui nouait l’estomac et lui serrait douloureusement le cœur. Il n’eut même aucune réaction lorsque l’infirmière vint le voir, et lui apporta son petit déjeuner. Il restait là, immobile, les yeux rivés sur le plafond qu’il ne voyait même pas, perdu dans un monde loin d’ici.

Qu’allait-il devenir s’il perdait même sa mère quelques jours seulement après l’avoir retrouvée ? Il avait à peine eut le temps de se faire à l’idée qu’il n’était pas aussi seul et abandonné qu’il le croyait depuis sa plus tendre enfance, que déjà il se voyait arraché de nouveau à cette femme qu’il aimait tant.

Pourquoi la vie était-elle aussi cruelle ? Pourquoi, par un coup du sort, il devait perdre de nouveau ce que la vie avait remit en travers de son chemin ? Pourquoi la vie nous donnait-elle des choses si c’est pour les reprendre ? Tant que de questions qui tournaient dans la tête de l’adolescent, que celle-ci semblait sur le point d’exploser. Après un effort surhumain pour tenter de se changer les idées, il se mit à penser à Daevlyn, au fait que plus que tout en ce moment, il souhaitait être dans ses bras et se réveiller de cet affreux cauchemar.

Il voulait sentir la chaleur de l’adulte, entendre les mots d’amour qu’il lui susurrait à l’oreille. Il voulait tout simplement se sentir aimé. Aimé comme jamais auparavant il ne l’avait été et comme jamais il n’avait aimé. Seul Daevlyn avait le pouvoir de calmer ses angoisses et de chasser ses mauvais rêves. Il était le gardien de ses jours et de ses nuits, l’ange que le ciel lui avait envoyé pour veiller sur lui. Sans qu’il ne s’en rende compte, les larmes qui s’étaient taries un peu plus tôt, recommencèrent à couler maculant ses joues, d’une pâleur extrême, d’une multitude de perles salées.

Finalement, il finit par s’endormir, après bien des sanglots étouffés, terrassé par la fatigue, le remord et l’angoisse permanente qu’il ressentait depuis quelques heures.

Ce qu’il ne savait pas, c’était que depuis un moment, Suzanne l’observait par la petite vitre de la porte de sa chambre. Elle avait été témoin des torrents de larmes qui s’étaient échappés des améthystes de son fils sans pour autant entrer. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui manquait, le voir ainsi la faisait souffrir. Elle était consciente du mal qu’elle faisait à son fils et en souffrait que d’avantage, mais elle ne pouvait se résoudre à accepter la nature des révélations de cette nuit. Elle n’avait pas le courage nécessaire pour affronter son fils et la lueur de tristesse et de déception qui ternissait son regard.

Lorsqu’elle fut sûre que l’adolescent était profondément endormi, elle ouvrit la porte de la chambre avant de la refermer tout aussi délicatement et alla prendre place sur la chaise au chevet de Raphaël. Elle ne sut combien de temps elle resta là, à observer son visage serein paisiblement endormis. Cependant, elle savait que tout ceci n’était qu’une façade, que derrière ses paupières closes se cachaient des yeux rougis par les larmes et que son visage calme n’était que le masque d’une profonde souffrance intérieure.

Suzanne se doutait parfaitement du trouble qu’elle avait du semer en son fils. Elle qui avait si bien accepté sa liaison avec Daevlyn, la voilà qui revenait sur ses paroles et agissait comme la pire des mères pourrait le faire avec son enfant. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, elle avait trahit la confiance qu’il avait fait l’effort de placer en elle. Certes elle aimait toujours Raphaël et le considérait encore comme son fils, ce n’est pas le fait qu’il aime un homme qui la rebutait, mais elle n’arrivait pas à s’ôter de la tête qu’il avait déjà franchit le cap avec lui tout en se faisant violence pour oublier le fait qu’elle savait qu’il avait été violé par le passé. Elle aimait Raphaël, là n’était pas la question, elle l’aimerait toujours quoi qu’il arrive, elle avait seulement besoin de temps pour réfléchir à tout ça, au passé, au futur, à tout ce que cela impliquait.

Raphaël dormit toute l’après-midi et ne se réveilla qu’en début de soirée. Lorsqu’il ouvrit les yeux, une infirmière prenait sa tension. Elle lui sourit aimablement et lui demanda doucement :

- Ca va mon garçon ?

L’adolescent ne répondit rien, se contentant d’hocher positivement la tête, sans quitter la femme des yeux. Cette dernière était une femme d’un certain âge, les cheveux grisonnant, elle abordait un sourire jovial et une lueur de malice pétillait au fond de ses yeux. Son sourire sembla contaminé Raphaël, car il finit par lui rendre son sourire, certes moins prononcé, mais un petit sourire tout de même.

- Où… où est… demanda difficilement l’adolescent.

- Chuut, l’interrompit l’infirmière, reposes-toi… C’est moi qui ait ordonné à ta mère de rentrer chez elle pour se reposer. Elle t’a veillé toute l’après-midi et elle repassera demain.

- Merci, souffla l’adolescent avant de fermer de nouveau ses yeux rougis par les larmes et la fatigue.

L’infirmière sortie un moment plus tard, après avoir déposé auprès de l’adolescent, le plateau qui contenait son repas.

Comme promis, Suzanne revient voir son fils en fin de matinée et lui assura qu’il pourrait sortir le lendemain matin de l’hôpital. Le jeune garçon émit un soupire de soulagement et après un petit « merci » timide à Suzanne, il garda le silence.

Lorsqu’elle rentra chez elle ce soir là, Suzanne se fit violence pour décrocher le téléphone. Raphaël devait repartir demain pour le centre, mais dans son état, c’était encore trop tôt. Elle était donc dans l’obligation d’appeler Daevlyn pour le mettre au courant de la situation.

Rassemblant son courage, elle saisit le téléphone et composa le numéro du centre. Elle se trouva débile d’angoisser ainsi, et après une profonde inspiration, elle décrocha. De l’autre côté, une personne décrocha au bout de quelques sonneries :

- Oui allô ?

- Bonjour, c’est la tante du jeune Raphaël, pourrais-je parler à Daevlyn s’il vous plait ?

- C’est moi-même. Il est arrivé quelque chose à Raphaël ? demanda Daevlyn subitement inquiet.

- Rien de grave, rassurez-vous, il a fait une crise d’appendicite avant-hier et a été opéré. C’était juste pour vous prévenir que je suis dans l’obligation de retarder son retard de quelques jours.

Un silence suivit cette déclaration et Suzanne demanda :

- Est-ce que ça va ?

- Hn… oui pardon, excusez-moi. Co… comment va-t-il ?

- Il se remet lentement, répondit prudemment la jeune femme, omettant volontairement de parler de sa sinistre découverte.

Suzanne avait parfaitement ressentit le trouble et l’inquiétude que reflétait la voix du jeune moniteur de son fils, mais ne fit aucun commentaire. Comment avait-elle pu douter de lui ? Lui, que sa voix qui se voulait assurer trahissait tout de même une violente détresse.

- Je… puis-je lui parler ? demanda timidement Daevlyn.

- Il est encore à l’hôpital, il rentre demain matin. Rappelez en début d’après-midi, cela lui permettra de se reposer un peu après son retour.

- Très bien, je vous remercie Madame.

- Je vous en prie. Je vous tiens au courant du jour de notre retour.

- Oui, merci. Au revoir, répondit Daevlyn.

- Au revoir, répondit à son tour Suzanne avant de raccrocher.

Raphaël quitta l’hôpital en milieu de matinée, après que Suzanne ait rempli les formalités de sortie. Le trajet se déroula dans le silence le plus total et lorsqu’ils arrivèrent, Raphaël monta immédiatement dans sa chambre. Suzanne vint le rejoindre quelques minutes plus tard et frappa doucement à la porte :

- Je peux entrer ?

- Oui, répondit l’adolescent d’une voix neutre.

- Merci, répondit Suzanne avant de prendre place sur le rebord du lit. J’ai appelé Daevlyn hier, je lui ais dit que tu allais rester encore quelques jours ici, le temps de retrouver tes forces. Il t’appellera en début d’après-midi Tu peux dormir, je viendrais te réveiller, déclara Suzanne en se levant et en se dirigeant vers la porte.

- Merci, répondit l’adolescent, touché par le geste de sa mère.

Suzanne lui adressa un faible sourire et referma la porte sur elle, plongeant la pièce dans la pénombre. Malgré sa fatigue, Raphaël ne parvient pas à trouver le sommeil. Les minutes et les heures défilaient à une allure incroyablement lente. Raphaël sursautait à chaque fois que le téléphone sonnait et son cœur s’emballait. Mais à chaque fois, sa déception était plus grande lorsqu’il se rendait compte que ce n’était pas Daevlyn.

Finalement vers quatorze heures trente, le téléphone sonna de nouveau, et lorsque Raphaël entendit Suzanne monter dans les escaliers, son cœur se mit à battre la chamade. Celui-ci s’arrêta momentanément quand Suzanne ouvrit la porte en déclarant :

- Je vous le passe…

A ces mots, elle tendit le combiné à l’adolescent et quitta la pièce avant de refermer la porte derrière elle. Raphaël s’empara du téléphone et d’une voix tremblante il demanda :

- Dae… Daevlyn ?

- C’est moi. Tu vas bien mon ange ? J’ai eu tellement peur lorsque j’ai reçu l’appel de ta mère hier…

- Je… je veux te voir Daevlyn, s’exclama l’adolescent qui ne réussit pas à contenir ses sanglots plus longtemps. Tu me manques trop Daevlyn, je… je n’en peux plus…

Daevlyn se rendit immédiatement compte que l’adolescent n’était pas dans son état normal. Sa voix tremblante et ses sanglots lui déchiraient le cœur. Il se doutait que l’adolescent voulait rentrer, mais de là à se trouver dans un tel état d’anxiété et de détresse ne le rassurait guère. Il s’était sûrement passé quelque chose… Tout en tentant de calmer les sanglots déchirants de son amant, Daevlyn demanda :

- Que se passe-t-il Raphaël ? Je t’en prie, calmes toi et expliques moi… Cesse de pleurer mon ange, je n’aime pas te savoir dans cet état…

- Je… veux te voir, répéta l’adolescent.

- Je sais mon ange, moi aussi je veux te voir, je veux te prendre dans mes bras moi aussi… sois patient… allez, calme toi et explique moi calmement, d’accord ?

- Ou… oui, répondit l’adolescent en reniflant, refoulant ses sanglots. Je… elle sait… elle sait tout… je… je sais plus quoi faire Daevlyn… je… j’ai l’impression qu’elle ne m’aime plus… elle… elle ne me parle plus… je… elle sait pour nous aussi… je te promet… je te promet que j’ai rien dit… c’est à… à l’hôpital… ils lui ont dit… je voulais pas y aller Daevlyn…

- Chuuut, calme-toi mon ange, je suis sûr qu’elle t’aime encore… tu lui as parlé ?

- Non…

- Et bien fait le, vas la voir et tu lui fait part de ce que tu ressens, ne reste pas avec ce poids sur le cœur Raphaël, répondit Daevlyn avec tout le sérieux dont il était capable.

Ils restèrent un long moment au téléphone. Daevlyn tentait désespérément de remonter le moral à son jeune amant, essayant de le rassurer, lui assurant qu’ils seraient bientôt de nouveau ensemble.

Au bout de plusieurs heures, à contrecœur, Daevlyn mit fin à la conversation, ayant encore des choses à faire. Après un dernier « je t’aime » murmuré, ils raccrochèrent de concert. Ces trois mots de son moniteur avait suffit à lui remonter le moral et lui redonner courage et patience pour attendre ce jour proche où ils seraient réunis.

Raphaël garda longtemps le téléphone posé sur son cœur, comme si cela pouvait le rapprocher de Daevlyn. Puis, à force de larmes, il finit par s’endormir.

Le jour qui suivit fut l’un des pires pour Raphaël. Depuis son retour de l’hôpital, il n’avait quasiment pas vu sa mère, excepté lorsqu’elle lui apportait ses repas. Cependant, aucune parole n’avait été échangée depuis plus de deux jours, et Raphaël ne supportait plus ce silence.

Abolissant les interdictions de Suzanne, il repoussa les couvertures et avec beaucoup de difficultés, il parvient à se lever. Lentement, il quitta sa chambre et descendit au ré de chaussez, où il espérait trouver sa mère. Il la trouva assise dans le canapé, en train de lire un livre. Lorsqu’elle l’aperçut, elle ferma son livre et demanda :

- Raphaël ? Ne devrais-tu pas être couché ?

Mais Raphaël ne répondit rien, et subitement, toute la tristesse, la colère et la rancune contenue depuis trois jours explosèrent :

- Tu disais que je ne te dégoûtais pas, mais tu m’as mentit, hurla l’adolescent Je te fait honte, je le voix bien… Tu ne me parles plus, tu ne me prends même plus dans tes bras… Tu m’ignores comme si je n’existais pas !! Je veux rentrer, je veux voir Daevlyn, sanglota l’adolescent.

Jamais Suzanne n’avait vu son fils dans cet état, si bien qu’elle resta un moment silencieuse après que l’adolescent se soit tu. Puis, réagissant au quart de tour, elle s’exclama :

- Tu es mon fils Raphaël, et je t’aime en tant que tel. Je t’ai fais souffrir, j’en ai conscience et je m’en excuses sincèrement. Tu ne me dégoûtes pas, loin de là, pardonnes moi de t’avoir laisser penser le contraire, j’avais… j’avais besoin de temps pour accepter tout ça, pour accepter le fait que malgré que l’on se soit retrouvé, je ne te connais pas. J’aimerais tellement effacer le passer et rattraper le temps perdu… Soit certain que je t’aime Raphaël, c’est indéniable… Ne l’oublie jamais, ajouta-t-elle en s’avançant vers lui les bras tendus dans sa direction.

Les sanglots de l’adolescent redoublèrent d’intensité, et le cœur libéré d’un poids considérable, il se précipita vers sa mère et se jeta dans ses bras, pleurant toutes les larmes que son corps pouvait encore contenir. Suzanne l’entraîna dans le salon et le fit s’asseoir sur le canapé et prit place à ses côtés. Immédiatement, l’adolescent vient se coller contre elle, réclamant sa chaleur, sa présence et son amour qui lui avaient tant fait défaut ces derniers jours.

Durant un long moment, Raphaël laissa libre court à ce flot d’émotions contenues depuis trop longtemps, puis lorsqu’il fut à peu près calmé, Raphaël déclara une voix entrecoupée de sanglots :

- Je… je veux voir Daevlyn Maman… j’en peux… j’en peux plus d’être loin de lui…

Suzanne caressait tendrement les cheveux de son fils, l’embrassant de temps en temps sur les cheveux, le front ou les tempes. Elle tenait à rattraper le temps perdu et prouver à son fils qu’elle l’aimait, s’excusant ainsi de lui avoir laissé supposer le contraire sans même s’en rendre compte.

- Je sais mon chéri, je sais, murmura la jeune femme. Patiente encore demain, je vais voir ce que je peux faire. Mais d’ici là, je veux que tu manges un peu et que tu te reposes, d’accord ?

- Oui, répondit l’adolescent, d’accord… je… je peux rester là ? J’en ai assez d’être allongé…

- D’accord, mais tu ne bouges pas d’ici. Tu peux allumer la télévision si tu veux, je vais te préparer à manger. Tu veux quoi ?

- Je peux avoir un chocolat chaud ?

- Je te l’apporte, déclara Suzanne en lui souriant tendrement.

- Je t’aime Maman, souffla l’adolescent.

- Moi aussi mon fils, répondit la jeune femme sur le même ton.

Le reste de la journée et le lendemain passèrent tout aussi lentement aux yeux de Raphaël qui passait la plupart de son temps à dormir. Le lundi matin, alors que Raphaël dormait toujours, Suzanne reçut un appel du notaire qui lui donnait son accord pour l’émancipation de Raphaël. Avec tous les évènements survenus depuis, Suzanne avait complètement oublié leur rendez-vous chez le notaire. Lorsqu’elle apprit la nouvelle, elle dû user de tout son self-control pour ne pas laisser libre court à sa joie. Elle écrivit rapidement un mot à l’intention de Raphaël et le posa sur la table de la cuisine, avant d’attraper ses clefs de voiture et de partir en centre ville.

Lorsqu’elle arriva au bureau du notaire, celui-ci l’attendait sur le pas de la porte de son bureau. Suzanne saisit la main qu’il lui tendait et entra à sa suite dans son bureau.

- Vous avez l’air bien fatiguée, remarqua alors Pierre en s’asseyant en face d’elle.

- Oui, Raphaël a du être hospitalisé.

- Rien de grave j’espère ! s’exclama le quadragénaire.

- Une violente crise d’appendicite. Il se remet doucement.

- C’est rassurant. Bien, comme je vous l’ai dit au téléphone, votre demande est acceptée. Il ne vous reste plus qu’à signer quelques documents.

- Je vous remercie du fond du coeur Monsieur Duval, déclara Suzanne, l’air soulagée et un sourire radieux étirant ses lèvres fines.

- Je n’ai fait que mon travail, répondit le notaire. Et appelez-moi Pierre.

Suzanne lui adressa un sourire radieux et s’empara des documents qu’il lui tendait.

Quelques minutes plus tard, tout était dans l’ordre et Suzanne se leva pour prendre congé. Elle rangea ses papiers dans son sac et Pierre la reconduisit jusqu’à la porte d’entrée où, avant qu’elle ne sorte, il demanda :

- Puis-je vous inviter à dîner demain soir ?

Suzanne lui adressa un petit sourire contrit et déclara d’une voix désolée :

- Je ne peux pas demain soir, je ramène mon fils en France. Mais à mon retour pourquoi pas, ajouta-t-elle.

- Très bien alors à bientôt Suzanne, répondit-il tout sourire.

- Bientôt, répondit la jeune femme avant de s’éclipser.

Quand elle entra dans la maison, Raphaël dormait toujours. Elle se rendit à la cuisine et jeta le petit mot qu’elle avait écrit, avant de prendre le téléphone. Elle appela la compagnie aérienne et réserva un vol pour le lendemain matin dès la première heure. Raphaël devrait se lever tôt, mais il pourrait finir de dormir dans l’avion qui le ramènerait auprès de son cher et tendre.

L’adolescent se réveilla à peine quelques minutes plus tard, et après une douche rapide, il rejoignit sa mère qu’il trouva à la cuisine. Celle-ci lui adressa un sourire radieux comme il n’en avait encore jamais vu et intrigué il demanda :

- Que se passe-t-il ?

- Pardon ? demanda Suzanne qui semblait être ailleurs.

- Qu’est ce qui t’arrives ? On dirait que tu… rayonnes ! fit remarquer l’adolescent.

- Peux être est-ce le cas, souffla Suzanne.

- T’es amoureuse ? demanda l’adolescent de plus en plus intrigué par le comportement de sa mère.

Contre toute attente, Suzanne éclata de rire, et se demandant ce qu’il avait bien pu dire de si drôle, Raphaël demanda :

- Ben quoi ?

- Non je ne suis pas amoureuse, répondit Suzanne. Je suis heureuse. J’ai reçu un appel du notaire, je reviens de son cabinet…

- Et ? demanda Raphaël soudain anxieux.

- Et tiens, fit Suzanne en tendant une feuille de papier à son fils.

Raphaël s’en empara, les mains tremblantes et le coeur battant la chamade, et avec appréhension, ses yeux se posèrent sur le bout de papier. Au fur et à mesure que ses yeux parcouraient la feuille, le coeur de l’adolescent gagnait en rapidité pour finalement exploser de joie.

Il se jeta dans les bras de sa mère en criant sa joie et laissa libre court à des larmes de satisfaction et de bonheur intense. Ils restèrent ainsi quelques minutes, puis Suzanne ajouta :

- Tes valises sont prêtes ? Nous prenons l’avion demain matin…

Un nouveau cri de joie résonna dans la pièce et Raphaël se précipita de nouveau dans les bras de sa mère. Demain… Demain il serait de nouveau aux côtés de Daevlyn.

Après cette nouvelle étreinte, Raphaël se précipita dans sa chambre aussi vite que le lui permettait son ventre douloureux et entreprit de faire ses valises, laissant sortit uniquement les affaires dont il aurait besoin jusqu’au lendemain.

Depuis la révélation de Suzanne, le temps qui paraissait déjà long à l’adolescent lui parut interminable. Chaque minute qui passait lui donnait l’impression d’être des heures. Son regard améthyste se posait inlassablement sur la pendule accrochée au mur du salon, si bien que Suzanne en vint à se demander si elle n’avait pas fait une erreur de lui annoncer la bonne nouvelle aussi tôt. Peut être aurait-elle dû attendre.

Après un énième soupire de lassitude, Raphaël alluma la télévision devant laquelle il finit par s’endormir au bout d’un petit moment. Soulagée de le voir enfin paisible, Suzanne se posa à ses côtés et reprit le livre qu’elle avait abandonné un peu plus tôt.

Du coup, Raphaël ne se réveilla que tard dans la soirée, Suzanne ayant jugé préférable de le laisser dormir, Raphaël se réveilla aux aurores ce matin-là. Dans sa poitrine, son coeur battait à tout rompre, et il bouillait d’une excitation mal contenue. A la hâte, il sauta de son lit et changea les draps avant de filer sous la douche, si bien qu’à cinq heures trente, il était prêt. Réveillée par les pas de l’adolescent dans le couloir, Suzanne se leva à son tour pour trouver le jeune garçon laver, habillé, coiffé, ses valises à chaque et prêt à partir debout en haut des escaliers. Celui-ci semblait avoir un problème pour descendre ses valises. A la vue de Raphaël, Suzanne ne put retenir un éclat de rire qui surprit l’adolescent. Il se retourna et observa attentivement la jeune femme, la fixant d’un regard qui semblait signifier “ben t’es pas encore prête ?”.

Comprenant l’impatience de l’adolescent, Suzanne fila à son tour sous la douche et un quart d’heure plus tard, ils étaient tous deux réunit à table devant leur petit déjeuné. A sept heures moins quart, Raphaël sautait dans la voiture, et moins d’une minute après, ils partaient en direction de l’aéroport. Les yeux rivés sur la vitre, Raphaël regardait sans le voir, le paysage défiler devant lui.

A sept heures trente, leur avion décollait comme prévus, en direction de la France. Comme lors de l’allé, l’adolescent regarda distraitement le paysage, pensant plutôt à ses retrouvailles avec son amant. Tout ce qu’il espérait, c’était que la directrice ne serait pas là pour gâcher leur joie de se retrouver après une semaine et demi de séparation. Après tout ce temps, il comptait bien faire savoir à Daevlyn qu’ il lui avait atrocement manqué. Se rendant compte des sous-entendus que pouvait provoquer cette insinuation, Raphaël s’empourpra légèrement, puis encore fragile de sa précédente opération, il finit par s’endormir, avec devant les yeux, une image de Daevlyn.

Bien des heures plus tard, il se réveilla en sursaut lorsqu’il entendit la voix du pilote retentir dans les haut-parleurs, donnant l’ordre aux passagers d’attacher leur ceinture pour l’atterrissage.

- Tu veux manger quelque chose ? demanda Suzanne alors qu’ils sortaient de l’avion.

- Non, je n’ai pas faim… répondit distraitement l’adolescent.

- Tu n’as pas faim ou tu es pressé de partir ? fit justement remarquer la jeune femme. Il est encore très tôt Raphaël, avec le décalage horaire. Bien que nous ayons encore plusieurs heures de route, si nous partons maintenant, nous arriverons là bas bien trop tôt. Et puis, je ne suis pas certaine de réussir à conduire aussi longtemps après un vol aussi long. Allons prendre une chambre d’hôtel.

- Oui… je n’avais pas pensé à cela, répondit l’adolescent d’une petite voix désolée.

- C’est ce que j’ai remarqué ! Allez viens, déclara Suzanne en prenant la main de son fils.

Après quelques heures de repos qui, tout compte fait, ne firent pas de mal à Raphaël, ils louèrent une voiture et reprirent la route. Après trois heures de route interminables, un détail attira l’attention de Raphaël, et aussitôt, il se redressa dans son siège tandis que son coeur s’emballait. Ils arrivaient à l’endroit où il avait vu Daevlyn disparaître au loin à la lisière de la forêt. Ils étaient tout proche du centre… Un sourire immense étira ses lèvres, et il se tourna vers Suzanne qui lui rendit son sourire. Quelques minutes plus tard, la jeune femme garait la voiture dans la cours principale de l’établissement.  D’abord attristé de ne voir personne dehors, Raphaël s’apprêtait à ouvrir la porte de la voiture lorsqu’un mouvement à l’extérieur attira son attention. Aussitôt, il releva la tête et son regard se posa sur Daevlyn. Une larme puis deux s’échappèrent des yeux de l’adolescent qui, sans attendre, bondit hors de la voiture et se précipita dans les bras de Daevlyn en criant son prénom. Pour son plus grand bonheur, l’adulte ouvrit les bras et le réceptionna avant de le faire tournoyer dans les airs à la façons des amoureux au cinéma. Des larmes inondaient son visage et mettant bas à la dernière distance qui séparait leur deux corps, Raphaël entoura de ses bras la nuque de son amant en enfouissant son visage dans son cou, respirant son odeur à plein nez.

- Daevlyn… tu m’as tellement manqué, sanglota l’adolescent. Je t’aime tellement… plus jamais je ne veux être séparé de toi…

- A moi aussi tu m’as manqué Raphaël… je t’aime tellement… j’ai tellement rêvé de ce moment ou je pourrais de nouveau de serrer dans mes bras…

A cet instant, plus rien n’existait autour des deux hommes, le temps semblait s’être comme arrêté. Daevlyn reposa l’adolescent au sol, et alors qu’il s’apprêtait à l’embrasser, il aperçut Suzanne qui observait la scène à quelques pas de là, tout de même intimidée et gênée.

Par respect pour elle, Daevlyn s’éloigna doucement et à contrecœur de son jeune amant qui l’observa sans comprendre. Daevlyn releva la tête et Raphaël suivit son regard. Lorsque celui-ci se posa sur Suzanne, il en rougit de honte. Il l’avait complètement oubliée dès qu’il avait aperçut Daevlyn. D’un petit hochement de tête, Suzanne leur donna son accord, et Raphaël lui adressa un sourire empli de reconnaissance. Il se rapprocha de nouveau de son amant qui, comprenant son intention, le devança. D’un geste empli de douceur, il lui releva le menton avant de déposer avec délicatesse, ses lèvres sur celles entrouvertes de l’adolescent qui en soupira de satisfaction. Très vite, il raffermis sa prise autour du cou de son moniteur tandis que leur baiser se faisait de plus en plus gourmand et enflammé. Bientôt, la langue de Daevlyn vint réclamer l’entrée de la bouche de son jeune amant qui ne se fit pas prier et accéda à sa requête avec le même entrain. Lorsque leur langue se rencontrèrent, un violent frisson de désir et de satisfaction comblée s’empara de leur corps et leurs gémissements de bien être disparurent dans la bouche de l’autre. Leur langue se mêlaient en un ballet connu de tous deux, enflammant leur sens. Daevlyn laissa ses mains parcoururent le dos de l’adolescent, caressant ses cheveux dénoués, passant sur la chute de ses reins pour finir leur course sur ses fesses dans le but de l’attirer toujours un peu plus contre lui.

Un raclement de gorge atrocement gêné se fit entre derrière eux et semblant se souvenir de la présence de Suzanne, ils se séparaient à contrecoeur, dans un dernier regard brûlant de désir difficilement contenu, qui leur laissait imaginer à tous deux la nuit qu’ils allaient passer dans les bras l’un de l’autre. Raphaël s’empourpra violemment sous le regard intense et chargé de désir de son amant combiné à celui gêné de sa mère. Même si pour rien au monde il ne souhaitait quitter le giron protecteur et aimant de son moniteur, par respect pour sa mère, il se détacha de lui et recula de quelques pas.

Suzanne s’approcha alors d’eux, et déclara :

- Y a-t-il un endroit où nous pourrions discuter tranquillement ?

- Bien sûr, répondit Daevlyn.

Le jeune adulte les guida jusqu’à l’écurie et tous trois prirent place à la petite table qui trônait au centre de la sellerie. Suzanne regarda autour d’elle, tentant de se faire une image du lieu où avait vécu Raphaël durant ces derniers mois et après un court moment de silence, elle déclara, choisissant au mieux ses mots :

- Voilà, durant le séjour de Raphaël aux Etats-Unis, nous avons beaucoup parlé. Il m’a parlé de vous et des sentiments que vous aviez l’un pour l’autre, et après un accord commun, nous en sommes arrivés à la conclusion que nous avions chacun refait notre vie de notre côté. Même si Raphaël vit ici et moi aux Etats-unis, ils sait que dans mon coeur il reste mon fils et qu’il aura toujours une place chez moi pour lui…

- Attendez… Raphaël est votre fils ? s’exclama Daevlyn choqué par la révélation qu’il venait d’entendre. Mais je croyais que…

- Que j’était morte ? termina Suzanne un sourire triste étirant faiblement ses lèvres. Oui, Raphaël aussi. C’est ce que son père à cru bon de lui faire croire…

- Veuillez m’excuser, déclara alors Daevlyn.

- Il n’y a pas de mal. Je disais donc que nous avons longuement parlé et la conclusion qui s’en est découlée est qu’il est préférable pour Raphaël de rester ici encore quelques temps, histoire de fixer les choses et de voir comment elles vont évoluer. J’ai reçu ce matin la réponse favorable du notaire pour son émancipation.

Sur ses mots elle se tut, laissant à Daevlyn le temps de digérer les ce nouvel afflux d’information. Après quelques minutes de silence, elle reprit :

- Je voudrais donc voir avec la directrice, s’il était possible qu’il reste dans cet établissement et ce malgré qu’il soit à présent en mesure de le quitter.

Un silence suivit ses paroles puis Daevlyn déclara gravement :

- La directrice n’est pour le moment pas joignable, et normalement le règlement interdit à tout pensionnaire majeur de rester dans l’enceinte de l’établissement…

A ces mots, le coeur de Raphaël se serra douloureusement, et il baissa les yeux, ne voulant pas que Daevlyn il lise la tristesse qui ternissait leur éclat. La voir de Daevlyn retentit de nouveau, et espérant un miracle, Raphaël tendit l’oreille aux aroles de son moniteur :

- … Cependant, et en tant que directeur, je voulais justement engager un palefrenier qui pourrait m’aider à m’occuper des chevaux… Bien entendu, tous les frais seraient prit en charge par l’établissement…

Un nouveau silence suivit cette déclaration, suivit d’un hurlement de joie. Tous les regards présents convergèrent vers l’auteur de ce cri venu du fond du coeur et Daevlyn lui offrit un sourire à damner un dieu. Raphaël se leva subitement, faisant tomber sa chaise à la renverse et sans prendre le temps de la relever, il alla se jeter dans les bras de son amant :

- Dit moi que tout ceci n’est pas un rêve Daevlyn… Dit moi que l’on restera ensemble pour toujours et que personne ne nous séparera jamais… dis-moi que je suis bel et bien vivant… murmura l’adolescent d’une voix brisée par l’émotion.

- Je te promet tout cela Raphaël, murmura Daevlyn. Je te promet que le cauchemar est enfin fini. Nous somme libre… libre d’être ensemble et de nous aimer…

- Alors je peux rester ? Demanda l’adolescent sans oser y croire.

- Alors tu as intérêt à rester, rectifia tendrement Daevlyn en déposant un baiser sur son front.

- Je t’aime Daevlyn, souffla l’adolescent qui ferma les yeux de bonheur.

- Moi aussi je t’aime mon ange, répondit l’adulte sur le même ton en raffermissant sa prise autour du corps frêle de l’adolescent.

Ils restèrent un moment enlacés, jusqu’à ce qu’un hennissement retentisse du fond de l’écurie, sortant les deux hommes de leur bulle et leurs doux rêves d’avenir. Raphaël s’arracha à l’étreinte de son amant et lui lança un regard empli d’une supplication muette, et après un hochement de tête de la part de l’adulte, Raphaël s’empara de la main de sa mère et l’entraîna au fond de l’écurie. D’abord surprise, Suzanne se laissa faire et suivit docilement son fils. Ils arrivèrent au box d’Amaranth et Raphaël lâcha la main de sa mère pour entrer dans le box. Aussitôt qu’il le vit, Amaranth se précipita vers lui et lui donna un coup de tête comme pour lui montrer son mécontentement face à cet abandon momentané.

- Tu m’as manqué aussi Amaranth, déclara l’adolescent en s’agenouillant auprès du poulain.

Il plongea son visage dans sa crinière duveteuse et passa ses bras autour de son encolure, lui offrant ce câlin que le poulain attendait depuis déjà plus d’une semaine. Derrière la porte du box, Suzanne observait son fils, un sourire attendrit étirant ses lèvres illuminait son visage. Perdue dans sa contemplation, elle n’entendit pas Daevlyn arriver derrière elle et sursauta lorsque sa voix retentit à ses côtés :

- Amaranth est le poulain de Raphaël. Sa mère est morte le lendemain de sa naissance, et depuis c’est Raphaël qui s’occupe de lui.

- Ils ont l’air de beaucoup s’apprécier, remarqua la jeune femme.

- Oui, une grande complicité est née entre eux. Dans quelques années, quand Amaranth sera assez âgé pour être monté, ils seront l’exemple même du centaure, lorsque l’homme et le cheval ne font plus qu’un.

Suzanne reporta son attention sur Daevlyn et l’observa attentivement. Il avait prononcé ces paroles avec tellement de fierté et d’amour qu’elle-même l’avait ressentit. Le regard qu’il posait sur l’adolescent réchauffa le coeur de la jeune femme. Oui, elle pouvait avoir confiance en lui. Autant d’amour, de respect et de tendresse n’était pas donné à tout le monde, et Raphaël avait trouvé la perle rare en la personne de Daevlyn. Ils avaient trouvé la moitié qu’il leur manquait, et ne formaient à présent qu’un seul et même être.

Finalement, elle reporta son attention sur Raphaël. Depuis qu’ils étaient arrivés, l’adolescent semblait rayonner de l’intérieur, comme si une aura mystique s’était soudainement emparée de lui. Ses yeux brillaient d’une lueur jusque là inconnue, il semblait tout simplement vivant.

Le reste de l’après-midi, Raphaël le passa en compagnie de son amant et de sa mère. Il lui présenta Diamond Dust et l’emmena faire un tour dans la forêt qui bordait le centre. Daevlyn invita Suzanne à partager leur repas de midi, et la jeune femme accepta, souhaitant profiter au maximum des dernières heures qui lui restaient à passer avec son fils.

Les deux adultes passèrent le reste de la journée à parler. Suzanne voulait en apprendre plus sur la liaison que Daevlyn entretenait avec son fils, et Daevlyn, semblant comprendre les motivations de la jeune femme, répondait à ses questions non sans une certaine appréhension. Cependant, au fond de lui, il était heureux que Raphaël ait la chance d’avoir une mère compréhensive et ouverte d’esprit, même si l’intimité de leur relation la mettait encore un peu mal à l’aise. En même temps, Daevlyn comprenait sa réaction. Quelle mère, même aussi ouverte d’esprit que Suzanne ne serait pas un minimum gênée en voyant son fils embrasser un autre garçon qui, de plus, était plus âgé que lui.

Assis à la lisière de la forêt, les deux adultes parlaient de Raphaël, le principal concerné, dormant paisiblement, la tête posée sur la cuisse de Daevlyn qui jouait distraitement avec une de ses mèches. Raphaël se réveilla vers la fin de l’après-midi et prit par à la discussion, sans pour autant changer de position. Ils discutèrent tant et si bien qu’ils ne s’aperçurent que trop tard que le soleil était déjà couché depuis longtemps et que la pénombre gagnait les sous bois.

Avisant l’heure tardive, ils rentrèrent au ranch et après le dîner, Daevlyn proposa à Suzanne de rester dormir ici pour cette nuit. Après de multiples supplications de la part de son fils, la jeune femme finit par céder, et vers dix heures, ils allèrent déposer les affaires de Raphaël dans sa chambre de dortoir.

Fatiguée par leur long voyage et le décalage horaire, Suzanne entra dans la chambre de l’adolescent après avoir récupéré les couvertures que lui tendait Daevlyn. Raphaël lui adressa un petit sourire timide signifiant qu’il arrivait tout de suite, et respectant le désir d’intimité des deux amants, Suzanne ferma la porte derrière elle, laissant Daevlyn et Raphaël seuls dans le couloir.

Lorsque la porte fut refermée, Daevlyn attira délicatement l’adolescent à lui, malgré son envie pressante de goûter à nouveau au goût de ses lèvres. Avec une lenteur calculée, il mit bas à la distance qui séparait leurs lèvres et s’en empara avec tendresse. Leur langue se rencontrèrent avec délice et dans un gémissement de contentement, Raphaël attira brusquement Daevlyn à lui, glissant une de ses mains sur sa nuque de façon à approfondir leur échange. La tendresse fit lentement place à la passion et à la tentation. N’y tenant plus, Daevlyn plaqua presque violemment Raphaël contre le mur de sa chambre et prit possession de ses lèvres avec avidité. Sa langue redécouvrait la bouche de l’adolescent et caressait sa jumelle en un ballet érotique. Plus le baiser dirait, plus il gagnait en intensité, et plus la tension entre eux était palpable. Le désir du corps de l’autre se faisait de plus en plus vivement ressentir, si bien que Daevlyn préféra mettre un terme au baiser avant de ne plus pouvoir se retenir et de prendre Raphaël là, contre le mur.

De son côté, Raphaël sentait le désir qu’il ressentait pour Daevlyn se faire de plus en plus présent, la passion et l’amour gonflaient son coeur et faisait naître des milliers de délicieuses sensations au creux de ses reins. Son sang bouillonnait dans ses veines comme de la lave en fusion si bien qu’il dû user de toute sa volonté pour s’arracher à l’étreinte de Daevlyn et lui rendre sa liberté.

Dans un dernier regard, ils se séparèrent en une promesse à peine formulée, tellement elle était présente dans le regard des deux amants. Chacun pouvait lire dans les yeux de l’autre, la même question et la même réponse. Ils n’avaient pas besoin de mots pour exprimer ce qu’ils ressentaient. Rapide comme l’éclaire, Raphaël s’approcha de Daevlyn et lui vola un dernier baiser, comme pour imprimer dans sa mémoire le goût de ses lèvres, avant de rentrer dans sa chambre et de refermer la porte derrière lui après un dernier regard à son amant.

Suzanne qui avait relevé les yeux de son livre lorsqu’elle avait entendu la porte s’ouvrir, observa son fils à la dérobée. Cependant, ses joues et ses lèvres rosies par le plaisir n’échappa pas à son attention. A cet instant, Raphaël était une réelle tentation à la luxure. Suzanne s’était déjà rendu compte de la beauté de son fils, mais jamais elle n’avait vu à quel point le plaisir de la chair pouvait le rendre désirable. La lueur de désir qui brillait au fond de ses prunelles améthystes avait quelque chose à la fois sensuelle, à la limite de l’érotisme, et d’enfantin, comme s’il prenait un malin plaisir à goût à quelque chose d’interdit. Comme Ève lorsqu’elle croqua dans la pomme.

Sentant le regard de Suzanne posé sur lui, Raphaël releva la tête et lui adressa un petit sourire gêné qui eut pour effet d’augmenter prodigieusement la couleur de ses joues déjà bien rouges. Puis, il se dirigea vers ses valises et les ouvrit à la recherche de son pyjama. Lorsqu’il l’eut Trouvé, l’adolescent s’en empara et saisit également sa trousse de toilette avant de se rendre dans la salle de bain commune, reprenant ses vieilles habitudes.

Une quinzaine de minutes plus tard, il se couchait sur les couvertures posées au sol, après avoir souhaité une bonne nuit à sa mère.

Si d’apparence Raphaël semblait calme, intérieurement, il bouillonnait d’impatience et d’excitation. Il devait se faire violence pour rester tranquillement allongé alors qu’il pensait à Daevlyn. Inconsciemment, il poussa un soupire de résignation et ferma les yeux, espérant qu’ainsi le temps passerait plus rapidement.

Après un moment qui lui parut une éternité, Suzanne posa son livre et éteignit la lumière posée sur la table de chevet. Dans la pièce plongée dans la pénombre, Raphaël regardait par la fenêtre ouverte, les rayons de la lune passer derrière un petit nuage. Des étoiles plein les yeux, il cherchait dans le ciel les constellations qu’il connaissait et celles qu’il se souvenait avoir vu dans son vieux livre d’astronomie.

Au bout d’une demi-heure, la respiration de Suzanne se fit régulière et laissant encore passer une autre demi-heure pour être certain qu’elle dormait, Raphaël se leva sans bruit et se dirigea vers la fenêtre qu’il enjamba lestement.

Son coeur battait à une allure qu’il n’avait encore jamais atteinte, menaçant de s’arrêter à tout moment. Dans son état d’excitation,  il ne vit pas Suzanne s’asseoir dans son lit et le regarder se faufiler discrètement le long du mur.

La jeune femme n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin, elle avait parfaitement comprit que son fils partait rejoindre son amant, et ses doutes se confirmèrent lorsqu’elle le vit frapper à une porte et que celle-ci s’ouvrit quasiment instantanément sur Daevlyn. L’adulte attira alors l’adolescent à lui et l’embrassa avec passion en refermant la porte sur eux.

De son côté, totalement inconscient du regard de Suzanne, Raphaël redécouvrait le goût des lèvres de son amant avec un plaisir non dissimulé. Lorsque, dans un désir de mettre à bas la dernière distance qui les séparait encore, Daevlyn attira vivement Raphaël à lui, l’adolescent eut un sourire amusé en constatant la fougue dont faisait preuve son amant.

- Je t’ai manqué ? murmura-t-il tout contre ses lèvres sans chercher à cacher son amusement.

- Si seulement tu savais à quel point, rétorqua l’adulte sur le même ton fiévreux avant de reprendre possession de ses lèvres.

Raphaël répondit avec la même intensité au baiser de Daevlyn souhaitant lui faire à son tour savoir à quel point il lui avait manqué. Sa langue gourmande vient rencontrer celle de son vis-à-vis et très vite elles entamèrent un ballet vieux comme le monde. A travers ce baiser, Raphaël pouvait sentir toute la tension que Daevlyn se faisait violence pour maîtriser. Plus leur échange gagnait en intensité, plus Raphaël sentait Daevlyn se durcir contre lui et cela eut pour effet d’attiser son propre désir. La respiration haletante, l’adolescent s’écarta de son moniteur le temps de reprendre son souffle avant de s’emparer de nouveau des lèvres de l’adulte. Avide de sentir Daevlyn toujours plus près, Raphaël glissa ses doigts entre les pans ouverts de la chemise de Daevlyn qui laissaient entrevoir un torse puissant et parfaitement dessiné.

Les abdominaux de Daevlyn se contractèrent sous les effleurements faussement timides de l’adolescent et un gémissement de plaisir s’échappa de ses lèvres pour aller mourir dans la bouche de son jeune amant. Avec une lenteur toute calculée, Raphaël fit glisser la chemise de Daevlyn le long de ses bras, tout en déposant de légers baisers papillons sur son torse. L’effet fut quasiment immédiat. Daevlyn émit un gémissement plus prononcé, tandis que ses mains allaient se perdre dans ses cheveux, en une supplication muette. Une fois la chemise au sol, Raphaël reposa ses mains sur le torse de son amant, faisant glisser ses doigts sur sa peau, à présent plus que sensible. Après avoir longuement parcourut son torse, ses doigts partirent à la découverte de son dos, glissant sensuellement le long de sa colonne vertébrale, provoquant des frissons de plaisir à l’adulte qui laissa s’échapper un son rauque qui ressemblait vaguement au prénom de son jeune tortionnaire.

Satisfait de l’effet qu’il produisait à son moniteur, Raphaël le poussa lentement mais sûrement jusqu’au lit, au pied duquel Daevlyn buta et se sentant tomber à la renverse, il se retient à Raphaël, l’entraînant dans sa chute. Les deux amants atterrirent sur le lit dans un éclat de rire de la part des deux hommes, puis Raphaël plongea son regard dans les émeraudes de son amant, dans lesquelles il put y lire tout le désir qu’il contenait. D’humeur taquine, il déposa furtivement ses lèvres sur celles de son amant, avant de lui embrasser délicatement les yeux, le nez, le front, n’épargnant aucune parcelle de son visage avant de consentir à mettre un terme au délicieux supplice qu’il faisait vivre à Daevlyn. La flamme dans son regard lui indiquait que Daevlyn était déjà bien échauffé, et mettant fin au jeu, il happa avec avidité la lèvre supérieure de l’adulte, qu’il suçota avec une avidité évidente, retenant à grand peine un gémissement de désir.

Trop heureux de l’initiative et l’assurance que prenait l’adolescent, Daevlyn ne fit aucun commentaire, se laissant aller au plaisir que faisait naître en lui les gestes encore un peu hésitants de Raphaël. Puis, n’y tenant plus, il posa ses mains sur les hanches de son amant, et le fit rouler sous lui, prenant pour la première fois depuis l’arrivée du jeune homme, le rôle du dominant. A son tour, il s’empara avec brutalité des lèvres de Raphaël, ne supportant plus de rester inactif. Ses mains glissèrent sous le t-shirt de l’adolescent, le faisant frissonner de plaisir. Les doigts de Daevlyn remontèrent lentement sous son t-shirt, caressant sa peau délicate à pleine main. Il voulait le toucher, il voulait palper sa peau si douce, se convaincre que tout ceci n’était pas encore un nouveau tour de son esprit. Daevlyn remonta le t-shirt de son amant de façon à mettre à nu son torse imberbe finement sculpté et ses tétons déjà durcis par le plaisir que lui procurait l’adulte.

Raphaël sentait son propre désir monter en flèche. Son sang bouillonnait dans ses veines et son corps avait gagné en température. Raphaël n’en pouvait plus de plaisir, et sentir les mains de Daevlyn sur lui le rendait fou de désir. Ses reins s’embrasaient sous l’afflux de sensations toutes plus intenses les unes que les autres. Les mains de Daevlyn furent bientôt remplacées par sa langue et Raphaël ne put retenir un petit cri de surprise et de plaisir mêlé au contact humide sur son ventre. Ses doigts se joignirent de nouveau à la langue de l’adulte veillant à ne laisser aucune parcelle de peau vierge de son passage.

Du genou, Daevlyn écarta les cuisses de l’adolescent et vint prendre place entre, non sans frotter son intimité gorgée de désir contre son bassin, en un déhanchement érotique. Après un dernier baiser, Daevlyn s’agenouilla entre les cuisses de son amant, et entremêlant leurs doigts, il l’observa longuement. Puis, il l’attira à lui, le forçant à se relever et lâchant ses doigts, il les fit glisser jusqu’à son t-shirt et commença à le lui enlever. Une fois la bouche du jeune garçon fut libre d’accès, Daevlyn en prit possession, marquant sa propriété d’une légère morsure, vestige de son instinct animal. Les yeux cachés par son propre t-shirt, Raphaël ne pouvait voir Daevlyn, mais pouvait sentir dans ses gestes et sa façon de l’embrasser toute la tension et le violent désir de l’adulte. Puis finalement lassé de ce petit jeu, souhaitant lui aussi pouvoir contempler le corps gracieux de son moniteur, Raphaël finit par enlever totalement son t-shirt et l’abandonna au pied du lit. La passion et le désir de l’adolescent pour son moniteur le poussait à agir comme jamais il ne l’aurait fait auparavant, et à ce qu’il pouvait en constater, cela n’était pas pour déplaire à l’adulte qui se laissait faire avec un plaisir évident. Avec une lenteur déconcertante et sensualité à la limite de l’érotisme, il posa ses mains sur le torse dénudé de son amant, et les fit délicatement glisser sur sa peau, l’effleurant à peine, dans le but d’attiser au maximum le plaisir de son partenaire. Ses doigts de déplacèrent avec légèreté sur le torse imberbe de son moniteur, explorant chaque parcelle de peau. Puis, ses mains se posèrent sur la poitrine de Daevlyn et d’une légère pression, il le fit basculer à la renverse, le faisant s’allonger sur le matelas. L’adolescent vint prendre place sur lui, s’asseyant à califourchon sur son bassin déjà bien stimulé. Raphaël se pencha au-dessus de son amant, le fixant d’un air coquin, une lueur de lubricité éclairant ses magnifiques prunelles améthystes, devenues presque violettes sous l’afflux du plaisir. Il déposa délicatement ses lèvres sur celles de son amant, et avant que Daevlyn n’ait le temps d’approfondir le baiser, Raphaël se relevait, un sourire victorieux peint sur le visage. Ses mains reprirent l’exploration du torse et des abdominaux de son amant, descendant jusqu’à ses reins, tandis que son bassin entamait une légère ondulation qui arracha un cri de pur plaisir à Daevlyn qui ferma les yeux tant la sensation était forte.

La réaction de Daevlyn fit naître un sourire satisfait sur les lèvres de l’adolescent qui, heureux du plaisir qu’il offrait à son amant, réitéra le même mouvement langoureux. Au fur et à mesure, il sentait Daevlyn devenir dur sous ses fesses et cela ne fit qu’attiser le désir de l’adolescent qui se déhancha encore et encore jusqu’à ce que, n’en pouvant plus, Daevlyn inverse de nouveau leur position en murmurant d’une voix rauque un “petit démon” qui fit s’élargir le sourire de Raphaël.

Très vite, un rapport de force s’installa entre eux, aucun des deux ne voulant laisser gagner l’autre. Malgré le désir qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, il prenait leur temps, souhaitant conclure leurs retrouvailles de la meilleure façon qu’il soit. Les sourires et les mots d’amour n’étaient pas en reste, chacun murmurant à l’oreille de l’autre quelques mots tendres, comme ils en rêvaient depuis plus d’une semaine.

De nouveau, Raphaël se retrouva assit sur l’aine de son amant, qui le fixait d’un air appréciateur, le matant sans pudeur aucune. Raphaël rougit sous l’intensité du regard de Daevlyn qui l’observait avec gourmandise, une lueur au fond des yeux lui signifiant qu’il aimerait le goûter en entier.

Mi-gêné, mi-amusé, Raphaël se pencha vers son moniteur et lui vola un baiser dans l’espoir de le distraire et d’effacer ce sourire de ses lèvres. Cela marcha même mieux que Raphaël ne l’aurait imaginé, car à peines sa bouche effleura celle de Daevlyn que l’adulte les happait avec avidité. Les hanches de l’adolescent se remirent en mouvement, ondulant légèrement, juste assez pour attiser le désir de l’adulte sans le faire venir trop tôt, et les mains de Daevlyn vinrent se poser sur les fesses du jeune garçon, l’accompagnant ainsi dans son initiative. Les petits cris que poussaient Daevlyn indiquaient à l’adolescent, qu’il était proche de la libération, et aussitôt, il cessa tout mouvement, et s’éloigna de Daevlyn qui rouvrit immédiatement les yeux en grognant de mécontentement. Se relevant sur ses coudes, il observa l’adolescent, lascivement allongé sur le matelas, dans une position plus qu’érotique qui faillit faire venir Daevlyn. L’adulte contemplait l’adolescent avec un désir évident, et lorsque l’une des mains de Raphaël vint se glisser sous son jean en une invitation plus qu’explicite et un regard qui signifiait clairement “déshabille-moi”, Daevlyn déglutit avec difficulté, ne sachant pas ce qui le retenait encore de sauter sur l’adolescent et de le faire sien dans un cri de jouissance.

Perdant soudain tout son assurance, Daevlyn s’approcha lentement de Raphaël, hésitant sur la manière de l’aborder. Ce fut l’adolescent qui, semblant lire son interrogation dans ses yeux, l’attrapa par la ceinture de son jean et l’attira violemment à lui. Le retenant prisonnier entre ses cuisses, Raphaël se déhancha lentement, et la sensation que ressentit Daevlyn à cet instant le fit sortir de sa torpeur. Il embrassa l’adolescent avec passion, mêlant sa langue à la sienne, les faisant danser l’une avec l’autre et passant ses mains entre leur corps, il entreprit de déboutonner le jean de Raphaël, comme le lui avait silencieusement intimé son jeune amant. Faisant d’une pierre deux coups, il fit glisser à la fois le jean et le boxer de l’adolescent avant de les jeter négligemment quelque part dans la pièce. Il s’arrêta l’espace de quelques secondes, prenant le temps de contempler à nouveau ce corps qui lui avait tant manqué. Puis, il revient prendre place entre les jambes de son amant, se couchant pratiquement sur lui, dans le désir de sentir sa peau contre la sienne, de se fondre en lui pour enfin ne faire plus qu’un.

Complètement nu contre Daevlyn, Raphaël était confiant. Malgré le désir parfois un peu brutal de Daevlyn, il n’avait pas peur, ses anciennes craintes et ses souvenirs semblaient avoir totalement disparut. Ne restait que le désir qu’il éprouvait pour Daevlyn, et l’envie de le sentir se mouvoir en lui, scellant ainsi l’union de leur corps et de leur âme.

Raphaël ne retenait plus ses gémissements provoqués par les mains et les lèvres de Daevlyn parcourant son corps. Il se laissait envahir par cette multitude de sensations qui s’emparaient de lui, n’ayant plus conscience de rien hormis des mains de Daevlyn et du plaisir qu’il éprouvait. Une caresse plus osée et intime que les précédents arracha un cri à l’adolescent qui frissonna violemment au contact de la main de Daevlyn sur son intimité. Celle-ci fut suivie d’autres toutes plus osées les unes que les autres. Avec une lenteur exagérée, Daevlyn lécha sensuellement le torse de l’adolescent, descendant sur ses abdominaux qui se contractèrent à ce contact, puis descendant toujours plus bas, vers le point culminant du plaisir de Raphaël. Puis, faisant taire les supplications de son jeune amant, Daevlyn le prit en bouche, arrachant un cri de plaisir muet à l’adolescent.

Raphaël savourait au plus haut point cette sensation qui lui avait tant fait défaut durant cette dernière semaine. Daevlyn faisait des merveilles avec sa langue, lui arrachant des petits feulements de plaisir, alors que l’adolescent se tordait dans tous les sens dans l’espoir d’attiser au maximum le désir qui lui brûlait les reins. Perdu dans les limbes du plaisir charnel, c’est à peine s’il prit conscience que ses mains allèrent se glisser dans la tignasse de Daevlyn, décollant au passage ses mèches de cheveux collées à son front luisant de transpiration.

Sentant la jouissance venir à grands pas, il tenta de le faire comprendre à Daevlyn, d’une légère pression sur son cuir chevelu, se trouvant dans l’incapacité de parler. Seul des gémissements de plaisir s’échappaient de ses lèvres entrouvertes. Cependant, faisant fit des avertissements de l’adolescent et galvanisé par ses petits cris érotiques, Daevlyn accéléra la cadence et Raphaël finit par se libérer dans un cri de jouissance pure.

Daevlyn se redressa pour regarder son amant, passant sa langue sur ses lèvres en une mimique limite indécente tandis qu’un sourire satisfait étirait ses lèvres. Les joues et les lèvres rosies par le plaisir, les cheveux éparpillés autour de lui, la respiration haletante et le corps ruisselant de transpiration, Raphaël était une incitation à la luxure. Cette simple vue faillit venir à bout de Daevlyn qui se fit violence pour se retenir de jouir à la vu du corps alanguis de son amant.

Retenant son souffle, il vient s’allonger sur le corps de l’adolescent, déposant une multitude de baisers papillons un peu partout sur son corps, léchant son cou jusqu’au lobe de son oreille qu’il mordilla sensuellement, arrachant un nouveau gémissement à son jeune amant qui retrouvait lentement une respiration régulière.

Raphaël posa ses mains sur la chute de reins de son moniteur, effleurant sa peau du bout des doigts, dans un mouvement régulier de haut en bas, puis ne tenant plus, il happa les lèvres rougies de l’adulte. Il suçota longuement sa lèvre inférieure, la caressant du bout de la langue après l’avoir mordillée avec gourmandise.

La tête de Daevlyn posée sur son coeur, Raphaël sentait son souffle chaud dans son cou qui faisait lentement renaître son désir. Puis, d’un habile cou de hanche, il renversa leurs positions, se retrouvant ainsi chevauchant Daevlyn. Il plongea son regard dans les émeraudes de son partenaire, le fixant intensément, puis, après un rapide baiser volé et quelques ondulations du bassin, il entreprit d’attiser au maximum le désir déjà conséquent de l’adulte.

Avec délice et volupté, il caressa chaque parcelle de peau de Daevlyn, et très vite ses lèvres prirent la relève tandis que ses mains descendaient toujours plus au sud. Fébrilement, il déboutonna le jean de son amant, qui dans sa volonté de lui faciliter la tâche, souleva son bassin. Raphaël fit glisser à la fois son jean et son boxer, libérant l’érection de Daevlyn de sa prison de tissus.

L’adolescent se déplaça de façon à pouvoir agir convenablement, et d’une main hésitante, il entama un lent va et vient sur l’intimité de l’adulte qui ferma les yeux de plaisir à ce contact dont la timidité et l’hésitation ne faisait qu’augmenter les bienfaits.

Daevlyn rouvrit subitement les yeux lorsque après un coup de langue sur son intimité, Raphaël le prit entièrement en bouche, arrachant un cri de plaisir non feint à l’adulte. D’abord lents et hésitants, les vas et vient de l’adolescent sur l’intimité de son moniteur gagnèrent en vigueur et en intensité, le menant aux portes de la jouissance, en moins de temps qu’il ne faille pour le dire. Sentant que Daevlyn était sur le point de jouir, Raphaël ralentit la cadence et du bout de la langue, il lécha le bout de l’intimité de Daevlyn qui se cambra violemment sous l’effet du plaisir. Ses doigts s’enroulèrent dans la chevelure de l’adolescent qui, voyant là, un signe précurseur de la libération de Daevlyn s’éloigna et le reprit en main. Quelques secondes plus tard, Daevlyn se libérait dans un cri de jouissance en criant le nom de son amant, et se laissa retomber sur le matelas, la respiration saccadée et le corps ruisselant de sueur.

Comme son moniteur l’avait fait précédemment, Raphaël vient s’allonger sur Daevlyn, la tête posée sur sa poitrine, il écoutait les battements endiablés de son coeur. Puis, après quelques secondes de silence dans lequel leur souffle se mêlaient, Raphaël murmura, non sans cesser de faire glisser ses doigts sur le sein droit de son amant :

- Pardon… J’ai pas pu aller jusqu’au bout, je…

- Chuuuut, l’interrompit Daevlyn, tu m’as déjà offert un magnifique cadeau ce soir. Je ne m’y attendais pas du tout, ajouta-t-il en l’embrassant tendrement sur le front.

- Je t’aime Daevlyn, murmura l’adolescent tout contre ses lèvres, je t’aime plus que tout…

- Je t’aime aussi mon ange, répondit Daevlyn avant d’accéder à la requête muette de son jeune amant et de prendre possession de ses lèvres en une douce et tendre caresse.

Raphaël bougea légèrement afin de pouvoir approfondir leur baiser, et sa récente cicatrice rencontra la hanche de son amant, lui arrachant un sursaut de surprise et un petit gémissement de douleur bien vite étouffé dans la bouche de son moniteur. Cela n’échappa pas à Daevlyn qui, mettant fin au baiser, murmura d’une voix désolée :

- Avec tout cela, j’ai complètement oublié ta récente opération…

- Non, ce n’est rien… juste une cicatrice de plus, répondit l’adolescent la gorge nouée. De toute façon, une de plus ou de moins, où est la différence ?

A ces mots, Daevlyn posa délicatement son doigt sur les lèvres de son amant, et déclara d’une voix ferme mais non dépourvue de douceur :

- Tais-toi ! Oublie tout ce qui s’est passé Raphaël… A présent, nous sommes ensemble, et rien ne nous séparera jamais…

Raphaël ne répondit rien, obéissant à son amant qui dans un geste d’une immense tendresse, déposa délicatement ses lèvres sur le visage de son amant, déposant une multitude de baisers papillons sur son front, ses yeux, ses joues et sa bouche, en un signe de réconfort et d’amour.

Sans se départir de sa tendresse, Daevlyn inversa leur position, prenant garde à ne pas blesser son jeune amant. Une fois Raphaël allongé sous lui, Daevlyn l’embrassa une dernière foi, alors que ses mains parcouraient de nouveau le corps de l’adolescent, faisant renaître le désir dans ses reins.

Les doigts de l’adulte vinent effleurer avec délicatesse la nouvelle cicatrice de l’adolescent et d’un geste empli de douceur, il déposa ses lèvres dessus, arrachant un soupir de bien être à Raphaël. L’adulte continua ce petit jeu encore quelques secondes, jusqu’à ce qu’un gémissement de Raphaël résonne à ses oreilles :

-  Daevlyn… s’il te plait…

- Qu’y a-t-il mon ange ? demanda Daevlyn, un sourire en coin étirant ses lèvres. Que veux-tu Raphaël ?

Après une énième caresse, Raphaël se cambra violemment, et dans un gémissement de plaisir, il haleta :

- Toi… s’il te plait… j’ai envie de toi…

Cette déclaration enflamma les sens de Daevlyn qui dû se faire violence pour ne pas réagir au quart de tour et accéder à la requête de son jeune amant. Il remonta vers le visage de l’adolescent et l’embrassa avec passion, lui faisant ainsi comprendre que son désir était partagé. Après quoi, il caressa les lèvres de Raphaël du bout des doigts que le jeune garçon se mit à sucer avidement. Cette vision provoqua un court circuit dans le cerveau de l’adulte qui laissa s’échapper un gémissement de satisfaction et bien être, totalement envoûté par l’érotisme dont faisait preuve Raphaël à cet instant.

Lorsqu’il les jugea suffisamment humides, Daevlyn retira ses doigts et les fit glisser sur le torse de Raphaël qui frissonna de plaisir à ce contact aérien. Daevlyn poursuivit sa course jusqu’au nombril de l’adolescent, et avant d’aller plus loin, il vient prendre place entre ses cuisses. L’adolescent s’offrait à lui sans appréhension aucune, plaçant son corps et son coeur entre ses mains en toute confiance.

Avec une douceur extrême, Daevlyn commença à préparer son amant, insérant délicatement un premier doigt en lui. Raphaël se tendit légèrement, mais la douceur et la tendresse de Daevlyn finirent de le décontracter, et l’adolescent se laissa porter par la vague de plaisir et de soulagement qu’il s’emparait de lui.

Très vite, Daevlyn inséra un nouveau doigt dans l’intimité de Raphaël, et lorsque l’adolescent se fut habitué à cette présence, l’adulte entama un léger mouvement de va et vient, arrachant un gémissement à son amant. Après un certain temps d’adaptation et de préparation, Daevlyn insinua un troisième et dernier doigt en lui, et cette fois-ci, Raphaël ne pu retenir un hoquet de douleur qui très vite, se transforma en cri de plaisir lorsque l’adulte toucha quelque chose en lui qui lui fit voir les étoiles. Lorsque Raphaël commença ç s’empaler de lui-même sur ses doigts, l’adulte les retira, s’attirant une plainte de mécontentement, puis il vint se placer à l’entrée de son intimité.

D’un ample coup de bassin, il le pénétra, et malgré toute la douceur dont il faisait preuve, Raphaël se contracta sous l’intrusion en retenant un gémissement de douleur. Daevlyn stoppa aussitôt tout mouvement, malgré la sensation et le plaisir intense qu’il ressentait à être de nouveau en Raphaël.

Après quelques secondes, Daevlyn entama un lent et ample mouvement de bassin et Raphaël emprisonna ses hanches entre ses jambes, dans la volonté de le sentir toujours plus près, toujours plus profondément en lui. Les yeux fermés, la bouche entrouverte et le souffle erratique, Raphaël sentait avec un plaisir non feint, le bonheur de sentir l’homme qu’il aimait par-dessus tout, se mouvoir en lui, le faisant sien. Depuis le temps qu’il attendait ce moment, leur corps ne faisaient à nous plus qu’un.

Les coups de bassin de Daevlyn se faisaient toujours plus amples, toujours plus profonds, augmentant considérablement le désir et le plaisir de chacun. Les deux hommes avait oublié tout ce qui n’était pas eux, plus rien autour d’eux n’existait tandis que leur corps s’unissaient en une union parfaite. Leurs cris de plaisir retentissaient dans la chambre, faisant écho sur les murs, résonnant à leurs oreilles comme la plus douce des mélodies. Leur corps ondulaient au rythme d’une mélodie qu’eux seuls entendaient, leurs déhanchements guidés par leur souffle erratique.

Les yeux de Raphaël s’ouvrirent brusquement sous l’effet du plaisir, et sentant que la jouissance était proche, il raffermis sa prise autour des hanches de son amant qui, galvanisé par le plaisir accéléra la cadence, pénétrant toujours plus profondément l’adolescent, lui faisant hurler son plaisir sous ses coups de reins experts. Dans un ultime coup de hanche, plus ample et profonds que les précédents, Daevlyn et Raphaël se libérèrent en un seul et même cri, chacun hurlant le prénom de l’autre.

Haletant, le corps luisant de transpiration, Daevlyn se laissa retomber entre les bras de son amant, tout en faisant attention de ne pas l’écraser sous son poids. Fébrilement, il s’empara des lèvres de l’adolescent et après un dernier ‘je t’aime”, ils s’endormirent tous deux d’un sommeil réparateur et bien mérité.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 19:29 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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