17
oct

Mourir pour revivre - Chapitre 42

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 42 écrit par Lybertys

Après cette journée plus qu’épuisante pour les deux hommes, Daevlyn finit par s’endormir, rassuré par les paroles de l’adolescent. Rares étaient les fois où il pouvait dormir aussi bien. Tout contre Asiel, il avait l’impression de se sentir protégé. Il pouvait se reposer un instant sur l’épaule de son amant, reposer son âme, son esprit et son cœur… Asiel venait de faire beaucoup pour lui et se jura avant de sombrer définitivement dans les méandres du sommeil qu’il le remercierait sincèrement.

Ce fut l’impression d’être observé qui le tira de son endormissement au petit matin. Ses yeux se mirent à papillonner comme pour s’acclimater à la lumière éblouissantes des premiers rayons de soleil. Lorsque leurs regards se croisèrent, Asiel lui adressa un sourire resplendissant auquel Daevlyn répondit avec le même entrain. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi reposé.

Après les tendresses matinales échangées, les deux amants se levèrent et chacun de leur coté, ils vaquèrent à leurs occupations personnelles. Ils ne se retrouvèrent de nouveau ensemble seulement quelques secondes avant d’entrer dans la salle de cantine et de se séparer une fois de plus. A peine fut-il entré dans le réfectoire, qu’il sentit le regard étouffant de la directrice posé sur lui. Ils allaient devoir parler et Daevlyn allait devoir user de toute sa ruse et sa diplomatie pour avoir l’autorisation d’emmener Asiel avec lui.

Il alla s’asseoir en face d’elle, et celle-ci lui adressa un grand sourire qui sonnait faux comme elle savait si bien les faire.

- Bonjour, comment allez-vous ? demanda Daevlyn.

S’il voulais obtenir quoi que ce soit d’elle, autant qu’il la caresse dans le sens du poil.

- Très bien merci. Et vous ? Vous vous sentez mieux ? Ce genre de crise vous arrive souvent ? Nous avons tous était terriblement inquiet… Etes-vous remis ?

Pourquoi s’inquiétait-elle aussi soudainement de son état ? Pourquoi ne lui reprochait-elle pas le spectacle qu’il avait fait lui et Raphaël avec tout le monde les regardant ? Était-ce dû au fait qu’ils n’étaient pas seuls à seuls mais entourés des autres moniteurs qui ne cessait de les observer et d’écouter à la dérobée.

- Je vais bien merci. se contenta-t-il de répondre.

- Tant mieux. J’ai vu avec votre père avant qu’il ne vienne vous en parler, je vous donne votre journée pour aller à l’enterrement.

- Justement à ce sujet, je ne peux pas laisser Raphaël seul au centre. Comme vous avez pu le constater et au vu de sa fragilité, il ne peut rester ici seul et encore moins avec un autre moniteur. J’ai déjà eu l’autorisation de le sortir du centre et je n’ai rencontré aucun problème.

- Vous vous croyez vraiment tout permis ? demanda-elle sèchement.

- J’en prends l’entière responsabilité. Je vous promets qu’il ne se passera rien.

- C’est uniquement parce que vous êtes le seul à pouvoir le gérer. Ce n’est pas parce que je ne dit rien pour cette fois que les autres fois passeront.

- Je dois comprendre que vous me donnez votre accord ?

- Ne me le faites pas répéter !

- Merci.

Jamais Daevlyn n’aurait cru qu’un jour, il remercierait cette femme odieuse.

Soulagé, ils continuèrent à parler de choses et d’autres, ainsi que des modalités et des conditions de cette journée. Lorsque cette discussion et son petit déjeuner furent terminés, il s’aperçut qu’Asiel était déjà partit et décida d’aller préparer ses affaires avant d’aller le chercher à l’unique endroit où il devait se trouver.

Une fois prêt, il passa rapidement voir comment allait sa monture, avant de se rendre à l’écurie pour aller chercher son amant.

A peine Asiel l’eut il aperçut que Daevlyn vit se dépeindre sur ses lèvres un magnifique sourire. Après un caresse au poulain, il sortit du box pour rejoindre son amant. Une fois face à lui, il déposa un rapide baiser papillon sur ses lèvres. Il s’écarta alors de Daevlyn et plongea son regard pénétrant dans les émeraudes pétillantes de joie de l’adulte.

Avant qu’il n’ait le temps de lui demander la raison qui le rendait si joyeux, Daevlyn posa son index sur ses lèvres et murmura :

- Viens…

Semblant être perplexe, Asiel ne réagit pas immédiatement, et Daevlyn en profita pour glisser ses doigts dans les siens avant de l’entraîner doucement à sa suite. En temps normal, Daevlyn aurait pû être heureux de sortir de cet endroit un instant avec Asiel, endroit qui pourtant était le seul lieu où il se sentait chez lui. Quitter l’oppression de la directrice, quitter le regard des autres, et pouvoir être seul avec son amant, tout cela aurait dû le rendre heureux, mais ce n’était pas le cas. Le lieu où ils se rendaient, ce qu’il allait devoir affronter faisait naître au plus profond de lui un malaise inégalable. Sans la présence d’Asiel il n’aurait même pas eut la force d’aller jusqu’à sa voiture.

Asiel resta silencieux quelques secondes, mais lorsqu’ils arrivèrent près de la voiture de Daevlyn, sa curiosité sembla prendre le dessus :

- Qu’est ce que cela signifie Daevlyn ?

- J’ai l’autorisation de la directrice pour t’emmener avec moi… A moins que tu n’ai changé d’avis entre temps… demanda le moniteur d’une voix qui cachait mal sa crainte et son angoisse.

- Oh… murmura l’adolescent.

Daevlyn ne pû cacher la crainte d’un rejet. En effet il était tout à fait probable que l’adolescent ai changé d’avis, ne voulant pas s’encombrer des problèmes de l’adulte. Après tout, il ne lui devait rien.

L’adolescent sembla s’en apercevoir, car il ajouta d’une voix rassurante :

- Non, je n’ai pas changé d’avis Daevlyn… Je tiens toujours mes paroles. C’est juste que j’ai été surpris que la directrice nous donne son accord…

Daevlyn lui adressa un petit sourire empli de soulagement, et Asiel y répondit comme pour le rassurer et lui montrer qu’il était là. Le cœur de Daevlyn s’en sentit apaisé et se remis à trouver un rythme plus normal. Ils prirent place dans la voiture et c’est avec joie et soulagement qu’il quittèrent momentanément cet endroit lourd en émotions et chargés de souvenirs tous plus angoissants les uns que les autres.

Seulement, le lieu où ils se rendaient, était pour Daevlyn encore pire et il avait beaucoup de mal à cacher les tremblements qui le parcouraient de l’intérieur. Devoir affronter de nouveau son père, cet homme qui savait et dire adieu à une femme qu’il n’avait que trop peu connu. Revoir le lieu où son défunt frère était et surtout, avoir à faire à toute sa famille le terrifiait. Étaient-ils au courant ? Qu’allaient-ils dire à son sujet, et surtout aurait-il la force de ne pas s’effondrer à la moindre remarque ?

Ils roulèrent pendant quelques heures dans un silence religieux. Daevlyn concentré sur la route et Asiel contemplant le paysage qui défilait sous ses yeux. Aucun des deux ne ressentait l’envie ou le besoin de rompre le silence. Ils étaient enfin seuls tous les deux, sans personne sur leur dos pour les surveiller ou leur faire une quelconque réflexion. La main d’Asiel posée sur sa cuisse, rassurait un peu plus Daevlyn, profitant de ce contact interdit, loin des regards désapprobateurs et impudiques des gens.

Sans l’angoisse de ce qu’il allait devoir vivre, Daevlyn se serait senti serein et paisible, profitant de la présence bienveillante d’Asiel à ses côtés. Celui-ci finit d’ailleurs par s’endormir, la tête calée contre la vitre. Un sourire attendrit vint illuminer le visage de Daevlyn à la vue de ce spectacle.

Deux heures plus tard, Daevlyn se garait devant le mur d’enceinte du cimetière. Il coupa le contact et souffla un grand coup. Puis il se pencha vers Asiel, l’embrassa furtivement et tenta de le réveiller :

- Asiel, on est arrivé…

L’adolescent papillonna des yeux afin de s’acclimater à la lumière vive des rayons du soleil de cette chaude matinée de début d’août avant de se relever lentement. Il bailla longuement et se tourna vers Daevlyn qui lui souriait tendrement. Asiel lui rendit son sourire et prit possession de ses lèvres en un baise doux et tendre : un baiser plus que bénéfique pour le moral de l’adulte.

Après leur baiser, Daevlyn déclara :

- Nous y allons ?

Asiel ne répondit rien, se contentant d’hocher la tête en guise d’approbation. Daevlyn s’était surprit à espérer que celui-ci lui dise non. En réalité, plus les secondes défilaient, plus Daevlyn avait envie de se défiler lui même. Rien que le fait de sortir de la voiture fit augmenter en flèche le mal-être de l’adulte, et Asiel semblant s’en apercevoir, s’approcha de lui et lui prit la main. Il entrelaça ses doigts aux siens et après avoir déposé un furtif baiser sur ses lèvres, il murmura un faible “courage” au creux de son oreille.

C’est ainsi, que main dans la main, il entrèrent dans le cimetière.

Chaque inspiration était prise avec une grande difficulté. Ses entrailles se nouaient et se tordaient, jamais il ne s’était senti aussi angoissé et oppressé. on mal-être augmenta considérablement, lorsqu’il aperçut un des premiers membres de sa famille. Il ne les avait pas vu depuis tant d’années, que la vieillesse de certains les rendait presque méconnaissables. La dernière fois où ils s’étaient tous réunis remontait à l’enterrement de Asiel, son défunt frère. Il se souvenait du regard de reproche qu’on lui lançait, lui seul rappelant toujours à leurs yeux son double disparut.

Tous se trouvaient bien où Daevlyn l’avait imaginé : un attroupement de personne se tenait au milieu de l’allée.

Daevlyn eut soudain envie de vomir. Ce n’est qu’à ce moment là précisément, qu’il réalisa : sa mère n’était plus. Tous les regards convergèrent dans leur direction, certains semblant faire un blocage sur leurs mains liées. Les murmures, les critiques allaient bon train, mais Daevlyn n’en avait même plus conscience. Enfermé dans la douleur d’avoir perdu la personne qui l’avait mise au monde… Il n’avait même pas pu lui dire au revoir… Il n’avait même pas pu lui parler. Il n’avait même pas pu…

Daevlyn hésita à continuer d’avancer. Méritait-il sa place ici, au sein de sa “famille” ? Etait-ce encore sa famille ? Faisait il partit de ce groupe auquel il ne ressentait aucune attache ? Asiel dû sentir que l’adulte avait du mal à continuer, car il raffermit sa prise autour de sa main. Daevlyn comprit. Même s’il se sentait seul au milieu de gens devenus maintenant de parfaits inconnus, il ne l’était pas. Asiel était là pour lui, il était là pour le protéger.

Ils s’arrêtèrent à quelques pas du groupe et attendirent patiemment et en silence le début de la cérémonie. Daevlyn n’écouta même pas et ne chercha même pas à comprendre les mots prononcés. Sa mère les avait quitter pour de vrai. Avant… Avant il savait qu’elle était en vie, et même si celle-ci refusait de le voir, elle était vivante. Maintenant, jamais il n’aurait l’occasion de lui parler. Jamais elle ne pourrait lui pardonner. Elle était morte en ayant voulu lui parler et cette possibilité lui avait était arrachée. Était-il maudit pour avoir une telle vie ?

A la fin de la cérémonie, Asiel lâcha la main de Daevlyn et recula de quelques pas sous le regard étonné de l’adulte. Asiel fixa un point devant lui et intrigué Daevlyn en fit de même. Il comprit le souhait de l’adolescent en lui lançant un regard emplie de reconnaissance. Asiel était vraiment là, et il l’empêchait de tomber. Il se dirigea alors vers la tombe de sa mère.

C’est à ce moment là qu’un seul souvenir lui remonta à la mémoire, effaçant tous les autres, s’imposant à lui. Les quelques mots qu’avait prononcés sa mère et qu’il avait toujours cherché à oublier à jamais. Ces quelques mots qui l’avaient brisé. Sous le poids de ceux-ci qu’il avait toujours préféré oublier il s’effondra à genoux. « J’aurais préféré que tu sois à sa place ! Je voudrais tant le prendre dans mes bras ! Je te hais pour ne pas l’avoir sauvé »

C’était le dernier échange qu’ils avaient eux. Daevlyn se prit le visage dans les mains, voulant masquer sa peine et la douleur qui déchiraient ses traits. Pourquoi ? Pourquoi c’était ce souvenir de leur dernier échange et pas la vie d’avant la mort de son frère qui revenait à la surface ? Pourquoi cette rancœur ?

Elle était finalement partit, le serrer dans ses bras éternellement. S’était-elle repentit juste avant de mourir pour l’avoir demandé ? Où voulait elle contempler le visage que son frère aurait pu avoir ?

Daevlyn préféra lui dire adieu et s’éloigna de cette tombe, où les pensées devenaient de plus en plus néfastes et où il se sentait sombrer de nouveau.

Il revint vers le seul homme capable de le soutenir et de l’aider, il revint vers son présent, s’arrachant au passé dans lequel il retombait. Une larme roulait silencieusement sur sa joue. L’adolescent s’approcha de lui, et du pouce, il l’effaça tendrement avant de l’embrasser de façon à lui transmettre tout son soutien, son courage et son amour auquel Daevlyn ne resta pas indifférent.

Durant ces quelques seconde, tout comme Asiel, Daevlyn oublia tout. Le cimetière, l’enterrement, le regard des autres, tout… Tout avait disparut…. Lorsque leurs lèvres se quittèrent et qu’il revinrent à la réalité, les commentaires blessants fusèrent à leurs oreilles.

Au moins pensa Daevlyn, cette fois-ci, ce n’était pas pour lui reprocher d’avoir tué son frère. Et c’est ce qui lui permit de se pas être touché trop profondément. Asiel raffermi sa prise sur la main de Daevlyn et celui-ci s’en sentit grandement apaisé.

Mais alors même qu’ils s’éloignaient de quelques pas, la voix de l’homme qui l’avait renié s’éleva dans son dos, une voix glaciale, emplie de dégoût :

- C’est le gamin qu’il baisait quand je suis allé lui annoncer la mort de sa mère ! Comment ose-t-il se montrer avec lui en ce lieu ? N’a-t-il donc aucun respect ? Ma pauvre femme doit se retourner dans sa tombe à le voir s’exhiber en public de cette manière…

Cette fois-ci, Daevlyn sentit que ça en fut trop pour Asiel qui s’arrêta subitement. Son regard flamboyant dans lequel dansait une lueur de rage et de haine à l’état pure, disparut le temps d’un battement de paupière et d’une lenteur toute calculée, il se retourna, ignorant les supplications de Daevlyn qui craignait beaucoup pour la suite.

Asiel s’arracha à l’étreinte de Daevlyn qui tenait désespérément de le retenir et d’un pas rageur, il se dirigea vers le père de son amant.

- Ça suffit  hurla Asiel. Je vous interdit de dire ce genre de chose est-ce clair ? D’où prenez-vous le droit de juger Daevlyn sur des faits dont vous ne savez strictement rien ? Vous ne savez pas qui je suis ni les liens qui m’unissent à Daevlyn.  Vous vous lamentez sur le sort de votre femme mais ne savez absolument pas ce qu’elle en pense ! Si Daevlyn est là aujourd’hui c’est parce que c’était la dernière volonté de votre épouse  N’oubliez jamais ceci ! Vous pouvez garder vos remarques et vos critiques pour vous car, si elles ont un jour touché et blessé Daevlyn, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Alors si tout ce que vous avez à lui dire n’est qu’insultes, je vous prie de vous abstenir. Il n’a pas besoin de cela et se porte beaucoup mieux quand vous êtes loin de lui !

Asiel venait d’accomplir totalement son rôle. Il avait dit qu’il protégerait Daevlyn et c’est ce qu’il venait de faire. Si Asiel n’avait rien dit, s’il n’avait pas argumenté contre son père, Daevlyn aurait était profondément blessé par ceux-ci, sans jamais se l’avouer vraiment. En prenant sa défense, Daevlyn se sentait soudain plus fort. Asiel laissa le père de Daevlyn comme un con, seul au milieu de l’allée et s’empressa de rejoindre son amant, un sourire heureux illuminant son regard. Il attrapa la main de Daevlyn, l’embrassa furtivement et ensemble, ils quittèrent le cimetière. Ils n’avaient plus aucune raison de rester là. Le plongé dans son passé ne s’était pas trop mal passé et Daevlyn s’en sentait soulagé. Asiel venait de faire pour lui, plus qu’il n’aurait pu l’espérer. Il lui devait tellement. Daevlyn avait l’impression de ne faire que recevoir de la part de Asiel et de ne jamais rien lui apporter.

Une fois à l’abris des regards indiscrets, ne souhaitant pas non plus provoquer plus que nécessaire, Daevlyn se pencha vers son jeune amant et ravi un nouvelle fois ses lèvres en un doux baiser synonyme de remerciements qu’il n’arrivait pas à formuler d’une autre manière.

Le trajet du retour se fit dans le calme et la bonne humeur, Daevlyn voulant oublier au plus vite l’épreuve qu’il avait traversé. Lorsqu’ils arrivèrent au ranch, il était déjà très tard. Ils firent un saut aux cuisines pour aller chercher le biberon d’Amaranth et tandis qu’Asiel le préparait, Daevlyn leur préparait un sandwich à chacun. Ensemble, ils allèrent nourrir le poulain, puis, avisant l’heure tardive, ils se rendirent aux dortoirs.

A regrets, ils se séparèrent sur le pas de leur porte respective et après un ultime baiser pour se souhaiter une bonne nuit, ils entrèrent chacun dans leur chambre.

A peine Daevlyn fut-il rentré dans sa chambre, qu’il sentit qu’ils ne pouvaient pas se quitter ainsi. Il avait ce sentiment étrange de n’avoir pas agit comme il l’aurait dû, d’avoir agit de manière incomplète. Il voulait qu’Asiel sache l’importance de ce qu’il avait fait pour lui, il voulait lui dire de vive voix. C’est pourquoi, à peine fut-il entré dans sa chambre qu’il était déjà dans le couloir en train de frapper à la porte de son amant. N’entendant aucune réponse, il ouvrit lentement la porte, et vit Asiel le MP3 sur les oreilles sursauter en s’apercevant de sa présence. Cependant, lorsqu’il aperçut l’adulte, sa peur semblant s’envoler et il lui adressa un sourire radieux tout en éteignant sa musique.

Mais l’adulte ne répondit pas à son sourire. Soudain, il ne savait plus vraiment comment le lui dire, et surtout comme Asiel allait le prendre. Quels mots allait-il devoir choisir ? Trouverait-il les mots justes ? Perdu dans ses pensées, il abordait maintenant un air grave. Asiel sembla s’en inquiéter, mais Daevlyn ne lui laissa pas le temps de le faire plus et il commença :

- Tu sais Asiel put tout à l’heure…

Mais avant qu’il n’ait le temps de dire un mot de plus, Asiel lui coupa la parole et s’exclama d’un air désolé :

- Je suis désolé Daevlyn, c’est vrai je n’aurais pas dû parler à ton père de cette façon, je…

- Je ne suis pas là pour te faire une quelconque réflexion sur tes agissements Asiel. En fait je… C’est moi qui tiens à te remercier pour ce que tu as fait. Je… Tu m’as aidé à relever la tête et à vivre de nouveau. Je voulais que tu le saches, je t’aime Asiel…

Tout était dit. Daevlyn avait fait au mieux. Il lui avait dit la chose qui semblait comptait énormément pour Asiel. Il voulait qu’il sache. Un long silence suivit cette déclaration à laquelle Asiel ne semblait pas s’attendre. Il prenait le temps de digérer l’information reçue et Daevlyn appréhendait malgré tout sa réaction.

Cette réaction était pire que tout. Asiel avait baissé la tête et il semblait prit d’un profond malaise. Ce silence était intenable et surtout ce manque de réaction non habituel de la part de son amant le rendait doublement mal à l’aise.

Soudain, un cri déchirant retentit aux oreilles de Daevlyn qui sursauta violemment, ne comprenant pas les raison de celui-ci.

Puis, alors qu’il s’approchait pour prendre l’adolescent dans ses bras, deux améthystes brillantes de larmes lui firent face. A cette vue, Daevlyn stoppa immédiatement tout mouvement, comme hypnotisé par le regard douloureux que Raphaël posait sur lui. Jamais il n’avait vu autant de peine et de douleur s’y refléter. Il avait volontairement omit le sujet de Raphaël avec Asiel, mais n’aurait jamais imaginer que celui-ci souffre autant. Il se sentait coupable, coupable de l’avoir abandonné, coupable de n’avoir était là.

Avant que Daevlyn n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Raphaël prit la parole, d’un ton accusateur mais qui reflétait malgré tout un profond désespoir et une rancœur sans limites :

- Salaud  Tu n’es qu’un salaud ! Je te déteste, et lui aussi ! Tu t’es bien foutu de ma gueule ! Et dire que moi, en parfait petit con que j’ai été je t’ai cru ! J’ai cru à tes paroles tendres et à tes mots d’amour, j’arrive pas à croire que j’ai été aussi naïf ! J’aurais pourtant dû me douter que tu étais comme “lui” ! Tu cherchais la même chose que “lui” en réalité ! Tu ne vaut pas mieux ! Et moi qui croyais réellement que tu m’aimais ! Je ne comprend pas la raison que tu as eut de jouer avec moi ainsi ! Tu aurait très bien pu prendre ce que tu voulais, comme “lui” le faisait, sans me faire miroiter le paradis entre tes bras ! Tu m’as fait revivre et à présent tu m’achèves de la pire des manières qu’il soit ! Je te hais, et je le hais lui aussi pour profiter de mon corps comme il le fait ! Je te hais ! Je te hais !

Daevlyn était littéralement choqué par les paroles de l’adolescent. Comment pouvait-il penser une chose pareille ? A bien y réfléchir, c’est vrai que Daevlyn s’était comporter de façon plus que douteuse. Avouer son amour pour Asiel dans le dos de Raphaël était la pire connerie qu’il puisse faire. Mais une telle réaction le sidérait.

Alors que l’adolescent commençait à devenir hystérique, ses cris retentissant dans la pièce, Daevlyn tenta de calmer Raphaël par des paroles apaisantes, mais face à la non réaction du jeune garçon qui ne l’entendait pas, l’inquiétude montant et ne connaissant qu’une seule manière pour le calmer, il le gifla violemment, regrettant d’avoir dû en arriver à cette extrémité.

Aussitôt, le silence se fit dans la chambre, alors que Raphaël regardait Daevlyn d’un air profondément choqué et blessé. Tout comme Daevlyn, jamais il n’aurait cru qu’un jour, Daevlyn puisse lever la main sur lui.

- Tu es calmé ? demanda alors l’adulte d’une voix calme.

Raphaël ne répondit rien, se contentant de le fusiller du regard, malgré les larmes qui perlaient aux coin de ses yeux, lui donnant un air beaucoup moins crédible. Daevlyn avait mal d’avoir fait cela à Raphaël, mais il n’avait pu faire autrement. Continuant à mitrailler son moniteur du regard, Raphaël déclara :

- Je te déteste !

- Je sais, tu me l’as déjà dit, mais avant j’aimerais que tu m’écoutes !

Même si c’était sur le coup de colère, entendre Raphaël lui dire cela, le blessait profondément, mais il n’en laissait rien paraître.

- Je ne veux rien savoir, et encore moins venant de ta part ! répondit l’adolescent, sourd aux tentatives d’approches de Daevlyn.

Ignorant les paroles de l’adolescent, Daevlyn poursuivit :

- Te souviens tu ce que tu m’as dit le jour où tu m’as dévoilé comment était apparu Asiel ?

Raphaël restait sourd aux questions que lui posait son moniteur, et se foutait complètement de ce qu’il racontait, ce qui commença à agacé l’adulte.

- Réponds-moi ! s’exclama alors Daevlyn en haussant le ton, énervé par l’attitude puérile de Raphaël.

Alors que l’adolescent ne répondait toujours pas, Daevlyn ajouta d’une voix plus calme mais néanmoins toujours aussi autoritaire :

- Ne m’oblige pas à me mettre en colère Raphaël !

- Oui ! cria Raphaël, lui aussi énervé par les questions que lui posait Daevlyn ! Je m’en souviens parfaitement, je suis pas complètement sénile non plus !

- Qu’est ce que tu m’as répondu ?

- C’est toi le vieux sénile apparemment ! râla Raphaël. Si tu t’en souviens pas je vais te le redire et cette fois-ci imprime le bien parce que je ne me répéterais pas une troisième fois ! Je t’ai dis qu’Asiel était apparut parce que je l’avais appelé !

Daevlyn s’agenouilla face à l’adolescent qui s’était assit sur le lit. Tout était clair pour lui, mais ça ne l’était pas pour Raphaël. Il allait lui expliquer le plus clairement possible  et déclara d’une voix calme, presque tendre :

- Raphaël, tu le sais mieux que moi-même, mais lorsque ton père te faisait subir tout ça, ton âme s’est scindée en deux partie. L’une c’est toi, avec tes peur et tes faiblesses, et l’autre c’est Asiel, avec ton courage, ton insolence et parfois même ta méchanceté. Vous n’êtes qu’une seule et même personne Raphaël. Je t’aime pour ce que tu es toi, et déclarer mon amour à Asiel c’est ma façon de t’accepter tel que tu es, avec tes qualités et tes défauts. Accepter mon amour pour Asiel, c’est t’accepter en entier, tel que tu étais et tel que tu seras lorsque vous ne ferez de nouveau plus qu’une seule et même âme.

Au fur et à mesure que Daevlyn parlait, Raphaël pleurait de plus en plus. Il se sentait tellement impuissant fasse à la détresse de l’adolescent. Daevlyn tenta d’approcher la main de son Raphaël dans le but de l’attirer vers lui afin de le consoler. Depuis son retour, il réfrénait une envie de le prendre dans les bras, de le couvrir de mille baisers pour tenter d’être pardonner. C’est un élan de tendresse et d’amour qui guida son geste, mais il ne fut apparemment pas comprit pas Raphaël qui semblait malgré ses paroles ne pas lui avoir pardonné. Un simple baiser ne clôturerait pas cette dispute et le cœur de Raphaël était encore profondément blessé. C’est un violent rejet de la part de Raphaël qui suivit le geste de Daevlyn, suivit de paroles empruntes de colère et de peine :

- Après tout, c’est normal que tu sois amoureux de Asiel, puisqu’il porte le même nom que ton frère et qu’il lui ressemble ! Ton père avait finalement raison !

Daevlyn inspira profondément. Lorsque Raphaël le voulait il pouvait se montrer cruel. Il avait prit soin de choisir un sujet douloureux. Une colère froide l’envahi, masquant sa peine. Il se redressa, toisant Raphaël de toute sa hauteur. Il lui lança un regard accusateur, empli de mépris. D’une voix qui trahie pourtant sa peine, il déclara :

- Je n’ai plus rien à te dire.

Daevlyn lui tourna le dos et sortit de la chambre, profondément blessé par celui qu’il aimait plus que sa propre vie. A peine fut-il rentré dans sa chambre qu’il avait l’impression de suffoquer. Pourquoi Raphaël ne comprenait-il pas ? Tout cela en était tellement douloureux qu’après quelques minutes d’apitoiement sur lui même, il décida de sortir voir le seul être qui jamais ne l’avait blessé.

Doucement, il sortit de sa chambre et à pas de loup, il sortit à l’extérieur. Après une profonde inspiration, il se rendit dans les écuries et après une petite caresse à Amaranth, il attrapa un licol et se rendit dans le près des chevaux. Il siffla deux fois, se dirigeant  à l’endroit où le troupeau avait l’habitude de se rendre et entendit bientôt le hennissement si particulier de sa monture lui répondre. Mutuellement, ils allèrent l’un à la rencontre de l’autre.

Lorsque tout deux arrivèrent à un distance minime l’un de l’autre, Daevlyn avança un peu sa main et attendit que Waterfalls fasse les derniers pas restant. Lorsque le contact se fit, Daevlyn ne tarda pas enfouir un peu son visage dans l’encolure puissante de son cheval, se faisant une fois de plus consoler par lui. Il resta ainsi pendant de longues minutes. Pas un seul instant Waterfalls ne chercha à s’enlever de l’étreinte de Daevlyn. Lorsque Daevlyn s’en sentit capable, il s’écarta et lentement, il lui enfila le licol.

Au moment où il allait monter sur Waterfalls, il vit que celui-ci fixait un point précis depuis un moment. Intrigué il regarda dans la même direction et sursauta en voyant que Raphaël se tenait à quelques mettre d’eux. N’ayant aucune envie de parler, il lui tourna le dos et sauta lestement sur son cheval. Puis, il s’approcha de lui. Raphaël recula un peu. Daevlyn s’arrêta et lui tendit la main, l’invitant tout simplement à prendre place à ses côtés. Un petit sourire étira le coin des lèvres de l’adolescent qui hésita finit par s’approcher, lui tendant aussi la main. Daevlyn la saisit et l’attira puissamment vers lui, lui faisant prendre place devant lui. Il l’entoura de ses bras rassurant et profita du contact qu’il avait ainsi avec Raphaël. D’une simple pression de jambe, Waterfalls se mit en route dans la nuit, seulement éclairée  par la pleine lune…

Le pas de Waterfalls les forçait à se coller un peu plus l’un à l’autre. Daevlyn ne donnait aucune indication de direction à sa monture, sachant parfaitement où celle-ci allait se rendre. En silence, durant de longues minutes, ils marchèrent au pas jusqu’à ce fameux champ. A quelques dizaines de mètres de celui-ci, Daevlyn sentit Waterfalls s’agiter un peu, sachant parfaitement ce qu’il allait pourvoir faire. Il resserra un peu sa prise sur Raphaël et ils se placèrent face au champ. Raphaël eut à peine le temps de se cramponner au crins que Waterfalls s’était déjà élancé dans un galop ample et rapide. Le vent soufflait sur leur visage et heureux ils approchaient ce sentiment si particulier, cette liberté que leur faisait partager Waterfalls.

Cette folle sensation d’avoir l’impression de voler et de quitter le lourd poids de l’apesanteur, laissant un instant de côté leurs problèmes. Tous les trois avait l’impression de quitter ce monde empli de soucis, de ressentiments et de souffrance. Seulement, ce sentiment d’extase avait une fin, et celle-ci fut à la lisière de la forêt. En silence une fois encore, ils firent demi-tour en prenant un sentier par les bois. Collé l’un contre l’autre, ils écoutaient les bruits de la nuit et celui du souffle de Waterfalls et de ses sabots se posant un à un sur le sol.

Trop rapidement au goût de Daevlyn ils furent de retour au ranch. Raphaël et Daevlyn descendirent de Waterfalls, et après plusieurs caresses, ils le détachèrent le regardant s’éloigner et rejoindre les autres.

Toujours en silence, ils retournèrent devant leur chambre, parcourant le dortoir côte à côte. Arrivés devant leur chambre, Daevlyn fit face à Raphaël. Instinctivement, il se pencha au dessus de lui, perdu dans son regard améthyste. Leurs yeux se fermèrent tout naturellement et leurs lèvres se touchèrent en un doux et tendre baiser.

Au fur et à mesure, Daevlyn sentit les mains de Raphaël se poser sur lui et devenir de plus en plus baladeuses. Ne voulant en aucun cas aller plus loin, ayant encore beaucoup de choses à se pardonner mutuellement, Daevlyn s’écarta alors un peu de Raphaël, s’arrachant à son éteinte à contre cœur. Raphaël parut ne pas comprendre un tel comportement de la part de son moniteur, et lui lança alors un regard blessé.

C’est à ce moment là que Daevlyn rompis le silence harmonieux qui jusqu’alors avait perduré entre eux et déclara :

- Trop de choses restent encore impardonnées. Je suis désolé Raphaël.

Il déposa furtivement ses lèvres sur les siennes et le laissa seul dans le couloir, regagnant sa chambre.

En effet, même si ce moment silencieux avait était intense entre eux, Daevlyn ne pouvait s’empêcher d’en vouloir encore à Raphaël pour sa dernière phrase. Et ce qu’il supportait encore moins, c’était la rancœur qu’il pouvait encore lire dans les yeux de l’adolescent. Cet air de suspicion vis à vis des sentiments de l’adulte, lui serrait le cœur.

Il espéra que Raphaël comprendrait et qu’il ne lui en voudrait pas plus encore. Après une douche très rapide, Daevlyn alla se mettre au lit. Mais il ne parvint pas à trouver le sommeil immédiatement. En effet, trop de pensées venaient embrouiller son esprit, l’empêchant de faire table rase pour s’assoupir. Cette nuit-là, allait être comme beaucoup  d’autres, une nuit éveillée.

Alors qu’il était perdu dans ses pensées, il entendit soudain la porte s’entrouvrir. Se doutant de l’identité de l’intrus, et ne sachant pas vraiment comment réagir, il ferma les yeux, feignant un sommeil profond. Il entendit l’adolescent s’approcher de lui, et sa respiration entrecoupée prouvait qu’il était en train de pleurer. Il sentit le lit s’affaiser légèrement, et comprit que Raphaël venait de s’y asseoir. Il ne sut vraiment pourquoi, mais il continua à faire semblant de dormir. Bien qu’il souffre de sentir l’état lamentable de Raphaël, il ne parvenait pas à faire le premier pas. Il sentit alors un petit corps chaud se glisser sous les draps et entendit Raphaël dire au milieu de ses pleurs qui étaient maintenant devenus plus bruyants :

- Pardonnes-moi Daevlyn… Je… J’ai besoin de toi, pardonnes-moi… Je suis désolé…

Daevlyn ne tint pas une minute de plus, ses yeux s’ouvrirent et dans un élan de tendresse, il enlaça Raphaël de ses bras protecteurs et déposa un baiser sur son front, murmurant des paroles de réconfort :

- Je suis là Raphaël, je serais toujours là, calme toi… là…

Ses derniers mots furent : « Je t’aime ».

Il n’ajouta volontairement pas de nom derrière. L’homme qu’il aimait ne portait aucun nom pour le définir entièrement. Il aimait à la fois Raphaël et à la fois Asiel, et ne pouvait dès lors plus se contenter de dire l’un ou l’autre.

Après un long moment, Raphaël parvint à se calmer. Une petite voix naïve s’éleva alors dans le silence de la pièce :

- Je peux… je peux rester ici pour cette nuit ? Avec toi…

Pour toute réponse, Daevlyn resserra son étreinte autour de Raphaël et déposa un dernier baiser sur son front, avant de chuchoter :

- Tu n’as pas à me demander ce genre de chose… Bonne nuit mon ange.

- Bonne nuit Daevlyn.

Et c’est ainsi que, collé l’un contre l’autre, ils s’endormirent pansant leur blessures mutuelles par la simple présence de l’autre.

A l’aube tous deux se réveillèrent en même temps, plongeant chacun dans le regard de l’autre. Après de brèves tendresses matinales échangées, Raphaël alla rejoindre sa chambre et Daevlyn accomplit son rituel quotidien avant de se rendre au réfectoire avec Raphaël. Ils se séparèrent au tout dernier moment, avant de se rendre chacun à leur table.

Malheureusement, seule la directrice se trouvait à la table de Daevlyn et l’adulte soupira intérieurement. Il allait devoir engager et maintenir la conversation seul avec elle.

Après les première politesse échangées, elle lui demanda comment c’était passé la veille.

- Ca s’est passé, répondit tout simplement Daevlyn.

La directrice n’aborda plus ce sujet, et plongeant sa tartine dans son bol de café, elle laissa un silence s’installer. Daevlyn porta alors son attention sur son propre petit déjeuner et sentit après quelques minutes un regard posé sur lui.

Il redressa la tête et vit la directrice le fixait avec un sourire en coin.

- Je trouve que vous vous êtes très vite réconcilié avec Raphaël. Vous rentrez avec lui dans le réfectoire comme si de rien n’était.

- Oui, nous avons réglé le problème.

- Ah oui, je serais curieuse de savoir comment. Même si je m’en doute…

- Que sous-entendez vous ? demanda alors Daevlyn agacé de la tournure que prenait la conversation.

- La réconciliation s’est-elle faite entre les draps ?

Daevlyn choqué par de tels propos ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de digérer l’information. Puis il rétorqua, tentant de ne pas se laisser déstabilisé entièrement :

- Excusez moi, mais je n’aime pas du tout la tournure de vos propos qui deviennent plus qu’hasardeux… Sur ce, je vous souhaite une bonne journée, vous m’avez coupé l’appétit.

Daevlyn se leva, sous le regard offusqué de la directrice et inquiet de Raphaël, et se dirigea jusqu’aux écuries d’un pas vif.

Il n’était vraiment pas d’humeur à la supporter, et avait assez de problèmes comme cela pour venir ajouter les doutes de la directrices à leur sujet. Il s’arrêta devant le box d’Amaranth et s’assit à même le sol dos au mur, attendant Raphaël. Celui-ci mit un bon quart d’heure avant d’arriver un biberon à la main. Il sursauta lorsqu’il vit Daevlyn, ne s’attendant pas à le voir ici. Daevlyn se redressa, ayant subitement besoin d’avoir l’adolescent tout contre lui. Très vite, ils s’enlacèrent, profitant de la chaleur et du corps de l’autre. Après un doux baiser échangé, Raphaël demanda alors :

- Que s’est il passé avec la directrice tout à l’heure.

- Rien de bien intéressant.

Devant le regard interrogateur et limite boudeur de Raphaël, Daevlyn craqua et lui narra leur discussion. A la fin de celle-ci Raphaël sembla tout aussi agacé que son amant, et c’est dans un long et langoureux baiser qu’ils parvinrent à atteindre un minimum de calme.

Heureusement Daevlyn entendit des pas approcher, et quitta l’étreinte possessive qu’il exerçait sur son amant. Quoi de plus normal que ce soit la directrice, accompagnée de Steven qui vienne les interrompre et les agacer. Elle n’avait apparemment pas digéré le coup que lui avait fait Daevlyn ce matin à table et surtout mal apprécié le fait de se faire remballer.

- Je crois que vous avez oublié que vous aviez deux adolescents à charge. Mais vu les circonstances et votre état, je vous retire la garde de Steven. Je ne fais pas cela comme une faveur sachez le bien, je fais cela pour la qualité de notre établissement.

Daevlyn ne répondit pas à cette agressivité et aux attaques de la directrice. Il tira seulement ce qui était positif dans son monologue : il allait de nouveau pouvoir être seul avec Raphaël. Mais apparemment, la directrice n’en avait pas finit avec eux, car elle porta dès lors toute son attention sur l’adolescent et lui demanda de la suivre dans son bureau. Lorsque Daevlyn tenta de s’interposer, elle dit que cela ne le concernait pas. N’ayant aucun pouvoir d’autorité sur elle, il ne put qu’attendre patiemment le retour de Raphaël qui lui lança en partant à la suite de la directrice un regard légèrement apeuré et inquiet.

Resté seul dans l’écurie, Daevlyn préféra en sortir et commença à aller chercher les chevaux. Il en profita même pour apporter un dernier soin à la patte de Diamond Dust qui avait presque parfaitement guérit depuis sa prise de longue.

Lorsqu’il vit Raphaël revenir de loin, il sentit que quelque chose n’allait pas et rien que sa mine affreuse lorsqu’il fit à ses côtés le lui confirma.

- Qu’est ce que… commença par demander Daevlyn.

Mais à peine eut-il prononcé ces quelques mots que Raphaël changea de conversation passant sa manche sur ses yeux où des larmes avaient récemment coulées :

- Que fait-on aujourd’hui ?

Daevlyn y répondit par une question, ne le laissant pas changer de sujet aussi facilement :

- Qu’est ce qu’elle t’a fait ?

- Elle ne m’a rien fait, et je n’ai pas envie d’en parler maintenant Daevlyn. Répondit assez sèchement Raphaël.

- Très bien, déclara Daevlyn légèrement vexé, mais toujours terriblement inquiet.

La journée se passa très difficilement. Plusieurs fois Daevlyn tenta d’aborder le sujet de l’entrevue que Raphaël avait eu avec la directrice, mais à chaque fois Raphaël refusa d’en parler. Plus le temps avançait, plus Raphaël se repliait sur lui même. L’ambiance entre les deux amants devenait étouffante.

Ils répétèrent les mêmes choses, tel un rituel, ne changeant rien à leur quotidien. Peut être que cette fois-ci, tout était bien plus silencieux.

Avant de se séparer sur le pas de leur chambre respective, Daevlyn lui demanda une dernière fois :

- Tu es sûr que tu ne veux rien me dire ?

Raphaël commençait à avoir les larmes aux yeux, mais pourtant, il fit non de la tête. Daevlyn commençait à être exaspéré de ce comportement et fut soudain très froid :

- Dans ce cas, bonne nuit.

Sa voix cachait mal le fait qu’il était blessé. Il tourna le dos à Raphaël et entra dans sa chambre, fermant sa porte derrière lui. Que diable avait-elle pu bien lui dire ?

Alors qu’il se dirigeait vers sa salle de bain, il entendit la porte de la chambre s’ouvrir et se refermer brusquement. Il eut à peine le temps de se retourner qu’il fut percuté par Raphaël de plein fouet se jetant dans ses bras en sanglots.

Dans l’incompréhension la plus totale, Daevlyn passa sa mains dans les doux cheveux longs de son amant. Tentant vainement de le calmer, il lui chuchotait des paroles rassurantes et déposait de petits baisers dans ses cheveux. Il attendit que celui-ci se calme pour qu’il lui révèle l’origine de son mal-être : ce que la directrice lui avait dit ce matin.

Il détestait le fait d’être impuissant par rapport à la détresse de Raphaël, et haïssait encore plus le fait de l’avoir en train de pleurer dans ses bras sans connaître la raison de son malheur.

Soudain, la tête toujours enfouie dans la chemise de son amant, Raphaël se mit enfin à parler d’une voix plaintive :

- J’ai… Je m’en vais dans deux jours chez ma tante pour une semaine. Je ne veux pas. Je ne veux pas être loin de toi. J’ai trop besoin de toi Daevlyn.

Daevlyn l’écoutait interdit. Que venait de lui dire Raphaël ? Être séparé de lui ? Même une semaine cela semblait impensable ! Comment allait-il faire ? Comment allait-il vivre ? La seule chose à laquelle Daevlyn pensa était qu’il ne devait pas trop montrer son malaise à Raphaël, et tenter au mieux de se montrer fort pour deux, afin de le rassurer…

Cela pouvait paraître idiot d’un point de vu extérieur de ne pas supporter d’être séparé même une petite semaine de l’homme qu’on aimait, mais pour Daevlyn et Raphaël, totalement dépendant l’un de l’autre, c’était impensable, invivable, tout simplement impossible.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 19:22 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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