Beyond the invisible - chapitre 03
Mardi 24 mai 2011Chapitre 3 par Lybertys
Je ne sus pas vraiment combien de temps il me fallut pour m’en remettre, combien de temps je restais là, adossé au mur la tête entre les mains. J’avais l’impression de revenir de très loin. La souffrance de cet homme était si vive que j’avais cru frôler la mort. Trop contenu au plus profond de lui, il avait suffit que je frôle les barrières pour être inondé de cette douleur pure. La migraine s’était maintenant installée et je savais qu’elle ne me quitterait pas de la journée. Si je restais, si je rencontrais de nouveau cet homme, je me condamnais à ressentir la même chose. Or, personne ne voudrait vivre cela, personne ne peut d’ailleurs supporter cela. Il ne me restait alors qu’une solution : fuir. Je devais quitter ce lieu à jamais. Si je m’éloignais de cet homme dont je ne connaissais même pas le nom, j’étais condamné. Je savait très bien à quoi m’avait mené mon investissement total dans ce don et dans la souffrance d’une personne. Mon cœur se serra lorsque je me souvint de lui… J’avais pourtant décidé de l’oublier.
A peine arrivé que je devais quitter ce lieu. Mais était-ce vraiment la solution ? Je voulais fuir certes, mais n’allais-je pas fuir l’effet et non la cause. Je savais que je ne pourrais trouver la tranquillité ailleurs ; et que si ça n’était pas lui ce serait quelqu’un d’autre. Cependant, je n’étais peut être pas prêt à affronter tout cela de nouveau. Mais qu’est ce qui me disait que ce ne serait pas pareil demain, dans le nouveau lieu ou j’aurais décidé d’aller, avec une autre personne ou même plusieurs. C’était repousser pour mieux sauter. J’étais donc prisonnier et je n’avais aucun moyen de vraiment fuir. Sortit de prison mon corps était libre mais je ne l’avais jamais vraiment été de moi-même…
Je pris une grande inspiration dans l’optique de me redresser et de ne pas me laisser abattre à ce point. J’avais eu dix ans pour y réfléchir, et aucune solution ne se profilait à l’horizon. Sans répit, à peine libre, je devais de nouveau subir cela. Que ce soit en prison ou ailleurs jamais je n’avais été en paix.
Alors que je relevais la tête, décidé malgré tout à aller de l’avant, je vis un homme se tenant devant moi. Je ne sut pas vraiment depuis combien de temps il me regardait. Ses mèches dorées au milieux de ses cheveux châtains coiffés négligemment apparaissaient comme de petites touches de blond. Ses yeux bleu-gris lui donnaient un air léger mais surtout charmant.
Ses épaules assez musclées par le travail qu’il devait faire sans être trop carrées, me donnaient l’impression qu’il était quelqu’un sur qui l’on pouvait se reposer. Alors qu’il était à une distance respectable, je pouvais sentir qu’il ne me voulait aucun mal, et que ses intentions n’étaient pas mauvaises. Cette capacité avait été fortement accrue pendant ses dix années de prison. Quelque chose de bienveillant émanait de lui. Lorsqu’il me tendit la main cependant, je dû refuser son aide. J’étais maintenant dans un tel état de fragilité que j’aurais pu me synchroniser avec n’importe quel être vivant. Une fois que je m’ouvrais aux autres, il était très dur de refermer la porte. Il semblait tout de même inquiet, je n’avais pas besoin d’utiliser mes capacités pour le savoir, et le ton de sa voix le trahissait.
- Est ce que ça va ?
- Euh oui… Je n’ai pas dû manger assez ce matin, tentais-je de répondre.
- Effectivement, pour ce genre de boulot, il vaut mieux avoir quelque chose dans le ventre. Tu es le nouveau c’est ça ? Philippe m’a dit de te former, et de t’aider un peu les premiers jours. Je me présente d’abord peut être ! Dorian, palefrenier ici depuis un bon bout de temps. Tu remplaces un type assez louche qui est partit du jour au lendemain. On avait vraiment besoin de l’aide de deux nouvelles main. Juha, c’est bien comme ça que tu t’appelles ?
Inondé sous ses paroles, je m’étais tout de même remis sur mes deux jambes pour me mettre à sa hauteur. Je n’étais vraiment pas ou plus habitué à ce genre de personne. Son attitude enjouée avait quelque chose de serein. J’acquiesçais, ne tendant cependant pas la main vers celle qui me tendait. C’était bien trop dangereux pour moi. Attendre quelques heures serait bien plus sage. Même si mon geste était extrêmement impoli, il ne m’en tint pas rigueur et me proposa toujours avec le même sourire d’aller manger quelque chose.
Nous nous dirigeâmes directement jusque dans la cuisine et nous nous servîmes des choses qui restaient dans les placards. Il me laissa un instant et revint cinq minutes plus tard avec des cachets pour les maux de tête. Il me les tendit sans un mot. Cela se voyait-il à ce point sur mon visage ?
Assis à la petite table de la cuisine, je repris peu à peu des forces et être plus apte à entamer une conversation avec lui.
- Tu as croisé d’autre personnes que moi ce matin ? commença-t-il par me demander.
- Euh oui… quand je faisais le box d’un cheval tout à l’heure, un homme est venu me dire que je ne devais pas approcher son cheval, avec…
- Ah, me coupa-t-il, tu as commencé fort. C’est Gabriel. Le patron l’a à la botte. Très compétant, il est moniteur ici. Tu as pu avoir un aperçu de son caractère…
Il rit légèrement sur sa dernière phrase avant de reprendre :
- Il n’est pas méchant, mais mieux vaut le laisser seul. Enfin pour paraître clair, il ne s’entend pas avec grand monde. Ses chevaux sont ce qu’il y a de plus important pour lui. Sa copine le supporte, mais je ne sait pas comment elle fait. Ils ne se voient pas très régulièrement de toute façon. Enfin, ne t’occupe pas trop de lui. Et qu’est-ce qui t’a amené à venir te perdre par ici ? Tu t’y connais un peu en équitation ?
Le mieux pour moi était de répondre de façon elliptique. Moins j’en dirais et mieux cela passerait.
- Non je n’y connais rien… J’avais besoin de changer d’air, et de partir sur de nouvelles bases.
Étonnamment, il respecta mon choix de pas lui en dire plus et n’insista pas sur mon passé, il déclara simplement :
- J’espère que tu trouveras ce que tu cherches ici…
Ce que je cherchais ? Je ne le savais pas moi-même. Je n’avais aucun but particulier à donner à ma vie. Je me laissais pour le moment porter par celle-ci. Je n’attendais rien de particulier, j’avais étouffé ma propre existence passée par celle des autres. Un silence s’installa dans la conversation. Dorian semblait être partit loin dans ses réflexions, qui n’appartenaient qu’à lui. Quant à moi, je profitais de son silence pour récupérer des forces.
Un point positif, je venais de trouver un homme à côté de qui je pouvais me reposer. Je passais un temps à admirer ses mains. Certes elles étaient le reflet du travail manuel qu’il accomplissait tout les jours, mais elle étaient particulièrement belles. C’était le genre de main qui donnait envie d’être touché par elle. Je ne parlais pas forcément du côté sexuel de la chose, mais sentir cette simple main posée sur soi devait provoquer une impression de protection et de profond bien être.
Son apparence accueillante m’avait séduite, mais je savais ce que n’était pas le genre d’homme pour qui je pouvais éprouver réellement quelque chose. C’était bête à dire, mais étonnement je trouvais qu’il manquait de profondeur. Cependant, j’étais loin de refuser sa présente et le lien qui était en train de s’établir entre nous. Quand je dis sans profondeur, je veux dire que rien de différent que ce qu’il montrait à l’extérieur n’était à l’intérieur. Je trouvais qu’il n’y avait aucune part de mystère à dévoiler. Cependant, cela pouvait avoir un côté agréable et reposant d’être en sa présence, ce dont j’avais plus que tout besoin pour le moment.
Soudain, la voix de Dorian me sortit de mes songes, me rappelant qu’il était en face de moi. Il semblait gêné de mon silence qui commençait à devenir trop long car il me demanda :
- Et tu loges où ?
- Pour le moment, je loue une chambre au patron, mais je vais chercher un endroit plus tranquille. D’ailleurs, il n’y a rien à louer dans le coin ?
- Justement, c’est marrant que tu demandes. J’ai un ami qui loue un petit appartement dans le village à côté. C’est à une vingtaine de minutes à pied et c’est vers chez moi. Tu as une voiture ?
Il parlait comme si j’avais déjà emménagé là bas. Je répondis légèrement mal à l’aise :
- Je n’ai pas mon permis…
S’il fut surprit de ma réponse, il n’en montra rien.
- Très bien, si tu vas là-bas, comme je te l’ai dit, c’est vers chez moi, je pourrais te déposer en voiture.
J’acquiesçais en lui souriant, ne trouvant rien à répondre face à autant de gentilles et d’enthousiasme. Je n’étais plus vraiment habitué à ce genre de chose.
- Très bien, je l’appelle à midi, et je vois quand est-ce que tu peux aller le visiter. Allez viens, c’est pas qu’on a du boulot qui nous attend mais presque !
En un rien de temps, il s’était redressé et m’avait invité à le suivre. Je finirais ma dernière tartine en chemin. Savourant tout de même le goût d’une nourriture à laquelle je n’avait plus eu le droit depuis dix ans.
Nous passâmes devant un grand terrain de sable que Dorian appelait « carrière », où Gabriel, trop occupé pour nous voir était en train de travailler son cheval avec une application que je n’avais jamais vu. Il semblait tellement fier et orgueilleux avec son cheval que de loin j’avais l’impression de m’être trompé sur son compte et que tout n’avait été que le fruit de mon imagination. Pourtant, cette migraine était bien présente, me rappelant que tout cela avait bien eut lieu…
Je n’eut pas le temps de m’appesantir sur lui, car déjà Dorian m’appelait en me demandant de ne pas traîner vu le retard qu’on avait prit. Le travail avec lui cette matinée là fut très agréable. Il prenait du temps pour m’apprendre à faire correctement mon travail, me laissant, je devais l’admettre, les taches les moins coriaces. Je commençais à trouver que tout cette gentillesse était quand même étrange pour quelqu’un dont je venais juste de faire connaissance et que ses intentions n’étaient peut être finalement pas dénuées de tout intérêt…
Nous travaillâmes cependant sans compter les heures. Je faisais toujours attention à ce qu’aucun contact direct n’ait lieu entre nous, toujours fragilisé. Je n’arrivais pas encore à me remettre vraiment de cette souffrance qui m’avait envahi. C’était peut être la deuxième fois dans ma vie que j’avais à faire à quelque chose d’aussi violent.
Cela m’amena directement à penser à l’autre fois… Dorian dut sentir mon abattement soudain, car il m’appela en me demanda de lui donner un coup de main, en me demanda si ça allait. Je n’avais vraiment pas l’habitude qu’on soit aussi prévenant avec moi, j’avais l’impression de découvrir une toute nouvelle sensation. Cela pouvait sembler étrange de ressentir cela, mais après tout pendant ces dix années j’avais appris à compter uniquement sur moi-même. Je ne pouvais nier que ce genre d’attentions étaient en train de me séduire légèrement.
Ce fut l’heure du repas bien passé qu’on entendit des hennissements prononcés. Je jetais un regard intrigué à Dorian, qui me sourit et m’invita à le suivre. Sans un mot j’arrêtais toute activité et partais à sa suite, plus curieux qu’autre chose. En arrivant vers un parc où des chevaux bougeaient dans tous les sens, il s’arrêta et je me mis à sa hauteur. Il me déclara alors :
- Gabriel vient de mettre sa nouvelle jument avec ses congénères. Admire ce spectacle, des comme ça, tu n’en verras pas tous les jours.
Je fis donc ce qu’il me dit de faire, maintenant totalement hypnotisé par le mouvement des chevaux qui avait quelque chose d’irréel. Jamais je n’aurais pensé que de tels animaux pouvaient avoir tant de majesté. En réalité jamais je n’avais pris le temps de les regarder vraiment.
Captivé par le spectacle, j’écoutais tout de même les explications de Dorian, m’expliquant quel était le nouveau venu, pourquoi ils avaient de telles réactions. J’avoue ne pas tout comprendre, étant encore totalement extérieur à ce monde. Bien vite, une bonne partie du personnel se réunissait pour assister à ce qui s’offrait à nos yeux. Gabriel à quelques pas de là était tout aussi captivé que les autres, à la différence qu’il semblait être celui qui s’y connaissait le plus. Une lueur brillait dans ses yeux, mais je n’arrivais toujours pas à voir un signe extérieur de sa souffrance. Là, à côté de ses chevaux, il semblait le plus heureux des hommes. Pourtant, un lien s’était maintenant tissé entre nous depuis ce contact, et je sentais au fur et à mesure n’étant qu’à quelques mètres un sentiment de douleur s’insinuer en moi.
Ceci venait finalement gâcher le spectacle, me rappelant que je ne pouvais nier tout cela et m’éloigner de lui. Même si d’apparence il ne semblait pas en avoir besoin et encore moins en avoir conscience, quelqu’un devait venir à son aide ou sinon tout exploserait un beau jour. C’était sa vie qui était en jeu, et je semblais être le seul à m’en rendre compte, j’étais donc malgré moi obligé de l’aider.
Il jeta uniquement un bref regard vers nous, avant de reporter son attention vers les chevaux. Rares étaient les fois ou j’avais rencontré quelqu’un d’aussi solitaire avant la prison.
Au bout de quelques minutes ou je n’avais pu décroché mon regard de ces animaux, j’entendis Dorian me murmurer à l’oreille :
- Continus de regarder, je vais finir notre boulot et je reviens te chercher pour aller manger un peu.
Je le regardais reconnaissant, avant de porter mon attention sur Gabriel cette fois-ci, son appel au secours étant vraiment trop fort. C’était comme si, à chaque fois que je parvenais à me concentrer sur autre chose, il ressurgissait dans mon esprit au moment ou je m’y attendais le moins.
Cette situation n’était pas viable pour lui et encore moins pour moi. Je mis un long moment avant de me décider à aller plus près. Tout d’abord parce que je ne voyais pas comment l’aborder, mais surtout parce qu’il fallait que je me barricade pour ne pas me laisser envahir par ses sentiments. Je choisis finalement de l’approcher, le voyant sursauter lorsque je m’arrêtais près de lui. Je tentais de garder le contrôle au mieux. J’avais plusieurs choses à surmonter et je rassemblais toutes mes forces pour le faire.
Je fixais les chevaux, croisant mes deux bras sur la barrière, essayant au mieux de me calmer. Il tourna enfin la tête vers moi, je n’eus pas besoin de regarder pour deviner quel genre de regard il avait. Je tentais de l’aborder d’une voix bien trop faible pour qu’il m’entende, mais je devais l’avouer j’étais tout à coup intimidé. Sa tristesse ne cessait de taper aux portes que j’avais fermées et j’avais du mal à trouver de quoi rassembler mon courage. Je finis tout de même par me lancer, plus fort cette fois-ci :
- Je crois que nous sommes partis sur de mauvaises bases toi et moi…
Évidemment, il ne me répondit pas, montrant qu’il n’avait aucune envie de faire « ami-ami » avec moi. Ne voulant pas arrêter mon initiative ici, je poursuivis, me tournant cette fois-ci vers lui, sachant que c’était la dernière solution qui me restait.
- Je m’appelle Juha…
Malheureusement le regarder et lui parler était plus dur que je le croyais. Je me sentais peu à peu comme hypnotisé. Peu à peu je me sentais presque comme attiré vers lui, envahi par cette peine qui le faisait s’éteindre petit à petit de l’extérieur. Je ne pouvais retirer mon regard de lui, sentant bien que cela l’agaçait. Je sentais que mes barrières mentales étaient à deux doigts de céder. Heureusement, il me répondit, sans pourtant autant bien sûr, prendre la peine de me regarder :
- Gabriel…
De nouveau le silence se fit entre nous. Comprenant que je ne tirerais rien de plus pour le moment, je préférais me détourner de lui et regarder les chevaux, afin de me distraire de l’abysse où il était en train de m’entraîner.
Je me laissais aller à observer le spectacle époustouflant qui s’offrait à moi. J’avais le sentiment de comprendre pourquoi Gabriel aimait tant les admirer. C’est ce côté sauvage et cette liberté qui semblait lui permettre de tenir. Le monde du cheval, voilà ce qui le maintenait à la surface. Je m’abandonnais donc à regarder la même chose que lui, au départ plus pour le comprendre mieux que pour mon propre plaisir. Puis je me laissais envahir par l’émerveillement et finit par déclarer sans trop m’en rendre compte :
- Je n’aurais jamais cru qu’un spectacle aussi beau puisse exister…
Il ne répondit rien, me laissant seul avec ma contemplation. Ce n’est qu’après de longues minutes qu’il finit par partir, semblant juger que les chevaux n’avaient plus besoin de sa surveillance.
Je restais donc là seul, me remettant de ce face à face. Sournoise, sa souffrance était venue se glisser en moi de nouveau. Certes cela était moins intense que la première fois, mais la migraine me reprenait comme au début. La faim commençait aussi à se faire sentir et c’est heureusement un petit moment plus tard que Dorian vint me chercher.
- Juha, j’ai une bonne nouvelle, commença-t-il aussitôt, mon pote nous attend pour visiter l’appartement en fin d’après-midi. Je t’emmène après le boulot ça te dis ?
Surpris une nouvelle fois d’autant de spontanéité et d’investissement pour ma personne, je ne fis que sourire et j’acquiesçais avant de le remercier.
Ayant totalement baissé ma garde depuis le départ de Gabriel, je ne fis pas du tout attention à Dorian qui vient m’entourer de son bras pour m’inviter à le suivre afin de manger. Il ne fallut pas plus d’une seconde pour que je me synchronise avec lui. Une envie, un désir, une réponse à mes questions.
Tout s’éclairait maintenant : c’était bien par intérêt qu’il était aussi gentil avec moi. Il avait tout simplement envie de moi. Je m’étonnais de ne pas m’en être rendu compte plus tôt, et c’est presque amusé que maintenant écarté de lui, je le regardais. Ne comprenant pas la raison du sourire soudain dépeint sur mes lèvres, il me lança
un regard interrogateur et je lui répondis simplement :
- On va m l y avait de quoi avoir un doute.
- Juha ?
Un silence se fit. Je n’osais toujours pas lever les yeux et ma main avait cessé tout mouvement. Soudain sa voix retenti de nouveau me faisant presque sursauter.
- Est ce que je suis ton premier mec ? Je veux dire, tu n’as pas fait cela dans le but de provoquer Gabriel ?
Aussitôt je lever les yeux, les plantant dans les siens voulant réparer cette incompréhension.
- Non pas du tout ! déclarais-je.
Puis voulant cesser de tourner autour du pot et voulant être le plus franc possible, je décidais de dévoiler une part de vérité :
- C’est juste que… J’ai pas eu l’occasion de coucher avec quelqu’un pendant des années et… Voilà j’ai peur de ne pas savoir comment m’y prendre…
Mon regard était de nouveau plongé dans la contemplation du sol. Rares était les fois ou j’avais eu aussi honte. J’aurais voulu disparaître à l’instant précis où j’entendis en plus un léger rire de sa part. Je sentis une main passer sous mon menton et l’attirer à lui. Il s’était abaisser un peu et avant que je n’ai le temps de faire ou dire quoi que ce soit, il prit possession de mes lèvres. J’avais tout de même du mal à oublier la honte que j’étais en train de vivre. Je sentis ses lèvres glisser finalement dans mon cou et il me murmura d’un ton qui se voulait rassurant :
- Comment peux-tu savoir que tu t’y prendras mal si tu n’essayes même pas. Laisse-toi aller et ne fait rien que tu n’ai envie de faire…
Rassemblant mon courage à deux mains, je me replaçais à ma place initiale, tandis que Dorian se remettait à l’aise. Si je voulais retrouver un minimum d’amour propre, je devais me lancer maintenant. Je repris son sexe de la main gauche cette fois-ci, comme pour prendre un nouveau départ et effleurais de ma langue son sexe. Je pensais en même temps à ce qui aurait pu me faire plaisir et tentais de le faire sur lui. Si j’étais légèrement hésitant au début, je gagnais peu à peu confiance en moi et mettais plus de cœur à la tache.
Au premier gémissement qu’il poussa je sentis mon ardeur décupler. Fier de ne pas m’en sortir trop mal, je continuais ma fellation, voulant plus que tout lui arracher encore des gémissements. Bientôt je sentit sa main se perdre dans mes cheveux, m’aidant sur le rythme à prendre une fois que je pris son sexe en bouche. Le sentir gonfler et se durcir ainsi avait quelque chose particulièrement excitant et je redécouvrais un nouveau plaisir.
Je mis aussi à mon tour à bander, et mon envie revenir en flèche. J’avais de nouveau envie de le sentir en moi. C’était le genre d’envies auxquelles il était très difficile de dire non.
Je continuais encore un peu, voulant l’exciter d’avantage. Puis je finis par craquer. Je remontais tout le long de son corps profitant pour me coller tout contre lui, attisant toujours le brasier qui brûler à l’intérieur de nous. Je retrouvais ses lèvres avec joie, l’embrassant comme jamais je ne l’avais fait. Il en ressentit directement mon envie, et y répondit avec la même intensité. Je frottais lascivement mes fesses contre son intimité, réclamant encore un fois qu’il m’offre au plus vite ce que je voulais.
Ne tenant plus, à l’aide de ma main, je m’empalais sur son sexe en érection soupirant cette fois-ci de bien être. Dorian lui gémit de contentement. Je m’écartais un instant de ses lèvres, plongeant mon regard dans ses yeux. Je passais mes deux bras autour de son cou, afin de trouver la meilleure position possible pour me mouvoir. Puis d’un simple regard nous comprimes qu’il était temps d’ y aller. Je rejoignis ses lèvres avant de commencer à me déhancher avec une langueur exagérée. De nouveau j’entendis les gémissement rauques sortir de sa bouche, me faisant frissonner de plaisir. J’accélérais progressivement la cadence, et lui suivait mon rythme à la perfection.
Plus on progressait plus je me sentais libre. C’était ainsi que je parvenais à le libérer vraiment de tout les résidus de sentiments qui ne m’appartenaient pas. J’étais pleinement moi même. Nos gémissements se faisaient échos comme si non étions à l’unisson. Je m’écartais une nouvelle fois de ses lèvres voulant voir l’expression dessinée sur ses lèvres. Il était en plein extase. S’il avait pensé faire tout cela avec moi la première fois ou il m’avait adressé la parole… C’était la même chose pour moi. Ce genre d’aventure ne m’était jamais arrivé. Ma frustration commençait enfin à me quitter progressivement et la fatigue de la journée à nous gagner. Ce n’est pas pour autant que je ralentissais la cadence, bien au contraire. Nous allions toujours plus vite, toujours plus loin, toujours plus profond.
Ce fut les yeux dans les yeux que nous jouissions ne pouvant retenir le plaisir bien trop puissant en nous. A la fin de ma libération, je laissais aller ma tête contre son épaule. J’étais littéralement vidé de toutes mes forces, et me sentais incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Tout avait été si intense…
Je respirais son odeur masculine à plein nez, emplie d’un profond sentiment de bien être, comme rarement j’en ressentais. Je n’avais pas envie de me retirer tout de suite. De toute façon je n’en aurais pas eu la force. Je sentais son souffle dans mon cou, telle une caresse, se calmer peu à peu. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j’avais l’impression qu’il n’allait jamais se calmer. Je fermais les yeux, me laissant aller à cet instant de béatitude comme j’avais rarement eut l’occasion d’en vivre…
Pour la première fois depuis plus de dix ans, j’avais l’impression de voir se dessiner un avenir pas aussi sombre que je me l’étais imaginé. Dans mon état actuel, je ne pouvais de toute façon rien voir de manière pessimiste. Je soupirais une dernière fois de bien-être, enlacé dans les bras de mon amant d’une nuit…