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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 40

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 40 écrit par Lybertys

Le noir le plus total… Le silence. Tel un spectateur sourd de sa propre vie, telle une âme prisonnière de son propre corps qui ne lui répondait plus, Daevlyn s’éteignait. Tout ce qui se passait autour de lui, lui était totalement étranger. Il avait cette impression étrange de ne plus vraiment appartenir à ce monde. Il se sentait flottait, jusqu’à ne plus se

sentir du tout. Tout devenait néant à ses yeux. Il entendait sans entendre réellement la voix entrecoupée de sanglots de Raphaël l’appeler en vain :

- Ne m’abandonne pas Daevlyn… Je t’en prie… Bats toi Daevlyn… Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas… Je t’aime, je t’aime.. Daevlyn… Daevlyyyyyn…

Mais Daevlyn ne parvint même plus à réagir à cela. Ce qui venait de se passer l’avait totalement anéantit, détruit, dévasté, annihilé le peu d’homme qui existait en lui. Il ne voyait plus rien, n’entendait plus rien, n’était plus rien.

Même s’il avait voulut lever ne serait ce qu’un doigt de sa main, il en aurait été incapable. L’espoir qui l’avait fait tenir jusqu’ici, sa croyance en un quelque chose, sa combativité, tout cela avait été soufflé par les mots de son père.

A quoi bon s’acharner, s’efforcer de vivre malgré les difficultés, à quoi bon tenter de se battre si c’était pour en arriver là.

Ce qu’il avait caché depuis l’acte irréparable qu’il avait commis avec son frère, ce qu’il n’avait dévoilé qu’aux deux personnes en qui il avait confiance, ce qui le rendait sale avait été dévoilé au seul être au monde qui ne devait pas savoir. La manière écœurée dont son père avait fait preuve en le regardant, ce rejet total, ce dégoût irrémédiable marqué de manière indélébile dans les yeux de son père à jamais l’avait achevé.  Son père le haïssait, et sa mère n’était plus de ce monde. Perdu, il ne savait plus quoi faire.

Face à la non réaction de son moniteur, Raphaël avait hurlé son nom, espérant le faire réagir. Mais l’adulte ne bougeait pas, son corps inerte semblait sans vie. Oui, la vie l’avait quittée, ne le laissant pas mort pour autant, non il était simplement dans un entre deux : un état de non mort mais aussi de non vie. Il ne pouvait répondre à la détresse de l’adolescent, il ne pouvait l’aider et le rassurer, comme il le faisait à chaque fois. Cette fois-ci, il ne pouvait être l’homme fort et protecteur. Il n’avait même pas conscience du mal qu’il lui faisait et n’était de toute façon pas en état de faire quoi que ce soit d’autre. Il n’était plus vraiment Daevlyn.

Il sentit vaguement Raphaël se lever et s’écarter de lui, mais il n’eut pas vraiment conscience de ce que celui-ci allait faire. Daevlyn était trop perdu en lui-même pour réellement avoir conscience du monde extérieur. Sourd à la détresse de son amant, il était totalement imprégné et possédé par la sienne. Jamais il n’avait craqué de cette manière, jamais

il ne s’était sentit aussi abattu. Dans une pure contemplation de son malheur, tout ce qui n’était pas lui n’existait plus vraiment. Il n’entendit pas le monologue déchirant de son amant déversant toute sa haine et ses ressentiments sur son père mais n’en retira qu’une impression de faute qu’il commettait en abandonnant le seul être qui comptait à ses yeux.

Et c’est ce ressentit, cette impression d’avoir oublié quelque chose, de l’avoir laissé dans ce monde où tout le poussait à le fuir, en réalité son amour pour Raphaël qui le maintenait dans un état de semi conscience. C’est cet amour qui lui permettait de rester connecté à ce monde. Malgré son désespoir, il se sentait encore un peu attaché dans ce monde et sans cela, il aurait sombré dans la folie. Raphaël était finalement son seul lien avec sa raison et le monde extérieur, sa seule force, sa seule raison de ne pas tout lâcher et de continuer à se battre avec la vie.

Cependant, cette force commençait à s’essoufflée et comme au bord du précipice, Daevlyn oscillait entre la terre et le vide. Il suffisait d’un simple effleurement, d’une chose minime pour le faire chuter à jamais.

Ce fut le cri d’appel à l’aide, le cri de désespoir, le cri déchirant de son amant qui le fit intuitivement se lever et le rejoindre. Chaque geste était réalisé au prix d’un effort intense. Pourtant tout son être le poussait à venir au secours de Raphaël. C’est à la vison du corps frêle de l’adolescent martelant le sol avec ses poings indifférent à la douleur que

cela lui faisait. L’adolescent hurlait à s’en briser la voix. Comment avait-il pu le laisser dans cet état ? Comment avait-il pu ignorer sa détresse et être aveugle à ce point ? Daevlyn revint peu à peu à lui. Il avança près de lui, sans un seul instant lever les yeux sur son père, ayant bien trop peur de replonger avant même d’avoir pu porter secours à Raphaël. Comme avec l’aide des dernières forces que procurait la mort avant de prendre un être à jamais, il posa une main sur son épaule et tenta de prononcer des paroles de réconfort auxquelles il n’avait lui même plus foi :

- Raphaël… Relèves toi… Je suis là mon Ange… Relèves toi… Merci… J’ai entendu tes paroles, ce sont elles qui m’ont fait revenir. J’ai senti ta détresse… je n’avais pas le droit de te laisser mourir pour moi… Sèches tes larmes Raphaël, je ne te quitterais plus jamais… je t’en donne ma parole. Je t’aime Raphaël, si tu savais à quel point je t’aime…

Daevlyn débitait ses paroles sans vraiment prendre conscience de ce qu’il disait. Son cœur le poussait à agir ainsi, et il récitait tout cela telle une litanie incessante et déchirante.

D’un geste brusque, Raphaël se jeta dans les bras de l’adulte, les sanglots de douleur se transformant en sanglots de soulagement. Savait-il seulement que Daevlyn n’avait

même pas cru à ses propres paroles. Ne plus jamais le quitter, c’est ce qu’il souhaitait par dessus tout. Répéter tout cela, lui dire inlassablement que jamais il ne l’abandonnerait c’était comme tenter de continuer à vivre dans cet idéal imaginaire qui jamais ne leur serait permit. C’était le coup de trop pour Daevlyn, il venait d’être atteint bien trop

profondément pour avoir la force de se battre. Toute sa force de volonté venait d’être balayée par son propre père. Il avait eut trop peu de temps de répit pour s’en remettre et déjà affaiblit, il n’avait pu y refaire face.

Il s’était tout simplement laisser soufflé. Quelque chose venait d’être brisé en lui. Seul son regard reflétait l’homme qu’il n’était plus.

Daevlyn n’avait même plus conscience de l’ampleur de sa propre souffrance, alors comment pouvait il saisir celle de son amant en train de le voir disparaître en mourant à petit feu.

D’ailleurs , celui-ci s’arracha brusquement à l’étreinte de l’adulte, et se tournant vers le père de Daevlyn qui assistait impuissant à la scène qui se déroulait sous ses yeux, il se mit à hurler, en se précipitant sur lui :

- Tout ça c’est de votre faute ! Vous avez détruit son âme… Vous l’avez tué ! Vous êtes un assassin ! vous êtes un monstre ! Vous ne méritez pas de vivre, votre place est en Enfer, Monstre !

A ces mots, l’adolescent se jeta sur l’adulte et l’attrapa au cou, dans une étreinte puissante et mortelle. La haine décuplait les maigres forces de l’adolescent, et sa prise se resserrait inexorablement autour du cou du vieil homme qui tentait tant bien que mal à se soustraire de cette étreinte mortelle. Daevlyn tenta de l’arrêter, pensant subitement à

ce que cela impliquerait pour l’adolescent. Oui, soudainement, il se mettait à penser à lui. Si Raphaël tuait, il n’y survivrait pas. Seule l’idée de perdre Raphaël à jamais lui permis de lui dire :

- Raphaël ! Arrêtes ! Ne fais pas ça je t’en supplie…

Il entoura sa taille et le tira en arrière, lui faisant ainsi lâcher prise :

- Ne fais pas ça Raphaël… penses au futur… penses à nous…

Il savait que s’il avait dit à Raphaël “penses à toi”, il n’aurait pas réagit. Il s’était donc inclut dedans, mais sans mettre beaucoup de conviction dans cette pensée. A vrai dire, le futur pour lui, il n’en voyait aucun. Mais s’il y a bien une seule chose qu’il ne supporterait pas, c’était voir Raphaël ruiner sa vie devant lui.

Les larmes coulaient à flot de ses yeux, sans qu’il ne connaisse vraiment là cause réelle. Était-ce parce qu’impuissant, il avait l’impression d’abandonner Raphaël sans en être vraiment responsable. Lorsque l’adolescent plongea son regard dans le sien, Daevlyn tenta de lui faire comprendre la situation, telle une supplication muette d’un condamné. Raphaël avait-il seulement conscience du malaise de son amant ? Ne le sentait-il par partir et disparaître à jamais ? Daevlyn était-il seulement encore ?

Ses yeux et son être lui criaient tout ce qu’il ressentait à cet instant. Ses prunelles vertes intenses reflétaient une litanie de supplication que tous les mots du monde n’arriveraient pas à retranscrire. Raphaël n’arrivait plus à contrôler ses sanglots et son corps était parcourut de spasmes tous plus violents les uns que les autres.

De son côté, le père de Daevlyn ne réagissait pas, trop choqué par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il assistait impuissant à la souffrance des deux hommes agenouillés au sol. Les hurlements de détresse de Raphaël finirent par attirer l’attention des moniteurs et des pensionnaires qui, déjà, s’agglutinaient autour des deux amants maudits.

Tous regardaient la scène d’un air ahuri. Jamais ils n’avaient vu Raphaël dans un tel état et aucun d’eux ne comprenait la raison de son comportement. A son tour, la directrice finit par sortir. Lorsqu’elle découvrit l’adolescent sanglotant dans les bras de Daevlyn, la directrice eut d’abord un sursaut de surprise, mais se reprit très vite. Avec colère, elle se

dirigea vers les deux hommes avec la ferme intention de les séparer.

Cependant, lorsqu’elle arriva à quelques pas du couple, les cris de l’adolescent redoublèrent d’intensité alors qu’il s’agrippait toujours plus fermement à son moniteur. Agacée, la directrice appela l’un des moniteurs et lui demanda de les séparer, honteuse du fait que les deux hommes se donnent en spectacle devant la cours, et souhaitant garder secret le problème de leur relation quelque peu particulière. Quand le moniteur s’approcha à une distance que Raphaël jugea trop impersonnelle, il se passa la même chose que précédemment, le jeune garçon refusait fermement d’abandonner Daevlyn à son sort.

Daevlyn quant à lui n’était plus là. Voir tout ses gens autour de lui, le regard de la directrice, de son père et du reste des spectateurs avaient suffit à souffler le peu de lui qui était encore là. Il laissait Raphaël se battre pour deux. Peu à peu, il quittait le monde. Tous ces cris, toute cette agitation, tous ces regards impudiques, toutes ses personnes, il ne les supportait plus. S’en était de trop. Sa mère venait de mourir, son père savait tout et les avaient vu lui et Raphaël, alors… à quoi bon ? Tout ce qu’il avait construit au fil des années, et cette résistance qu’il s’était forgée volaient en éclats.

Il en était arrivé à un point tel qu’il n’avait même plus la force de se battre pour leur amour.

Raphaël releva son visage inondé de larmes vers son moniteur et ce qu’il y vit le pétrifia d’effroi… Daevlyn était là, immobile, le regard perdu dans le vide, il ne faisait rien pour garder l’adolescent à ses côtés. il semblait totalement indifférent à la souffrance de Raphaël. Oui, les faits étaient là. Mais ce n’était pas par indifférence qu’il faisait cela. C’était par impossibilité et incapacité de faire autrement. Seulement comment Raphaël pouvait-il le comprendre ?

Celui-ci se redressa lentement, avant de plonger son regard améthyste dans les émeraudes voilées de son amant, lui lançant un regard empli de dégoût. Daevlyn fit semblant de ne pas percevoir ce regard. Ce qu’il avait le plus craint se produisait : Raphaël le haïssait par sa propre faute. L’adulte se replia un peu plus en lui-même tentant vainement de ne pas être atteint par la douleur bien trop intense qui n’attendait que de le faucher. Si Daevlyn revenait vraiment à lui, il savait qu’il n’y survivrait pas. Ainsi, il garda son regard perdu dans le lointain, inatteignable, faisant au mieux, totale abstraction de ce qui se passait autour de lui.

C’était la première fois, qu’il faisait passer son propre bien être avant celui de Raphaël. Mais il était cette fois-ci question de sa survie personnelle. De plus, s’il mourait véritablement, que deviendrait Raphaël ?

Soudain, un hurlement déchirant s’échappa des lèvres entrouvertes de Raphaël et ses poings s’abattirent violemment sur la poitrine de son moniteur qui resta immobile. La souffrance de l’adolescent résonnait dans l’après-midi comme le chant du cygne au couché du soleil, lorsque celui-ci sent la mort arriver… Daevlyn ne ressentait aucune douleur physique, comme si son corps ne lui avait jamais appartenu. Les poings de Raphaël martelèrent avec rage le torse musclé de son amant jusqu’à ce que soudain, il s’écroule inanimé sur le sol, sous les cris des spectateurs apeurés. Daevlyn sentit son cœur s’arrêter un instant. Qu’avait-il fait ? Que lui avait-il fait ? A trop vouloir se protéger, il l’avait finalement perdu. Aucun des spectateurs clandestins n’osait faire un pas en direction de l’adolescent, aussi bien du côté des pensionnaires que des moniteurs. Tous étaient comme pétrifiés, et personne ne savait que faire. Puis, comme mu par une force mystique, l’adolescent se releva lentement.

Sans avoir besoin de regarder ses yeux, Daevlyn savait que Raphaël n’était plus et qu’un autre que lui avait prit sa place dans le corps de l’adolescent. Il tressailli rien qu’à l’idée de la rage de celui-ci qui allait s’abattre sur lui. Asiel était de retour et ses yeux d’un noir intense, dans lesquels un brasier ardent avait prit vie, se posèrent sur l’adulte qui n’avait toujours pas bougé, puis après quelques secondes durant lesquelles il ne se passa rien, la main d’Asiel s’abattit avec une violence phénoménale sur la joue de l’adulte.

Des cris de stupeur et d’indignation s’élevèrent de l’assistance. Daevlyn ne broncha pas, attendant que la foudre s’abatte inévitablement sur lui. Ce qu’Asiel allait lui dire, plus que tout, il le méritait.

Un air dédaigneux étirant les traits fins de son visage qui avait retrouvé toute sa froideur d’origine, Asiel déclara  :

- Tu n’es qu’une ordure ! Comment peux-tu rester aussi insensible à la douleur de Raphaël ? Toi qui prétendait l’aimer, tu ne mérites pas l’amour qu’il te porte et la confiance qu’il a placé en toi ! Et je ne parle pas de moi… Puisses-tu souffrir autant si ce n’est plus que lui, Daevlyn… Une dernière chose… N’espère pas le revoir, car se serait un espoir vain… Même si pour cela je dois renoncer à mon rêve d’être un jour aimé par toi, je t’empêcherais par tous les moyens de lui faire du mal à nouveau. La première fois, j’ai faillis à ma tâche en tombant amoureux de toi, mais sois sûr que cette fois-ci, je compte bien remplir ma mission ! Tu l’as détruit Daevlyn… Prends en conscience… Tu as détruit le faible espoir qui commençait à naître en lui… Plus jamais tu ne reverra ton prétendu amour… Dit lui “adieu” Daevlyn avant qu’il ne soit trop tard…

N’était-il pas déjà trop tard ? De quel droit se permettait-il de lui dire ces choses aussi dures ? A chaque mot, Daevlyn s’enfonçait un peu plus dans sa souffrance. Le pire n’était pas les mots en eux-mêmes, mais la réalité qu’ils reflétaient. Daevlyn ne cilla pas, de peur de recevoir une deuxième vague d’attaque de la part de celui qu’il aimait.

Et après tout que dire ? Que faire ? Comment réagir ? Y avait-il vraiment quelque chose à faire ?

Asiel accepterait-il la moindre tentative d’excuse ou d’explication de sa part ? Bien évidemment sa non réaction augmenta la haine de l’adolescent et une nouvelle fois sa main s’abatie sur la joue de l’adulte, avant qu’Asiel ne se lève et s’enfuit en courant, sans un regard en arrière sous les murmures indignés des spectateurs clandestins.

Peut être que s’il se serait retourné, il aurait pu voir les larmes silencieuses qui inondaient à présent les joues de l’adulte… Peut être que s’il se serait retourné, il aurait pu voir dans les yeux de Daevlyn le déchirement qu’il avait ressentit dans son cœur, et peu être que le futur s’en serait retrouvé changé… Mais Asiel ne se retourna pas, abandonnant à son tour Daevlyn.

La directrice s’approcha immédiatement de l’adulte, ne lui laissa pas le temps de se remettre. Tout en lui criait sa souffrance : la seule chose qu’Asiel était finalement parvenu à faire revivre pleinement chez l’adulte.

Ce fut son père lui s’interposa entre eux deux, entravant le chemin de la directrice jusqu’à sa proie. Celle-ci lui lança un regard rageur, avant de se retourner et de demander sèchement à tout le monde d’aller faire ce qu’ils avaient à faire, et précisant à un éducateur de prendre la charge de Steven.

Une fois que tout ce petit monde fut éloigné, elle lança un regard interrogateur au père de Daevlyn lui demandant une explication.

Après une grande inspiration, celui-ci se lança :

- Tout ce qui viens de ce passer est ma faute. Je m’excuse des ennuis que j’ai causé. Vous ne me reverrez plus, oublions cette affaire.

Alors que le père allait tourner les talons et s’en aller, la directrice le retint par le bras. Celui-ci regarda sa main avant de lui faire face, une expression de dédain dépeinte sur le visage. Gênée, celle-ci déclara :

- Vous n’avez rien à me dire de particulier ?

- Je pense que tout est dit. Je vous souhaite une bonne journée madame et vous devriez accorder une journée de repos à ce jeune homme.

Au dernier mot que son père venait d’employer, Daevlyn comprit. Il comprit pourquoi son père n’avait pas tout dévoilé. Ce n’était en aucun cas pour le protéger. En réalité c’était pour garder la paix. Il avait toujours rechigné à se mêler des affaires des autres, et comme il l’avait déclaré auparavant, Daevlyn n’était plus son fils, il faisait donc partit des “autres”.

Il avait définitivement tout perdu. Lentement, il se laissa aller, ne supportant plus cette vie qui ne le supportait plus.

L’air commença subitement à manquer dans les poumons de Daevlyn. Il tenta plusieurs fois vainement d’inspirer, mais il en fut totalement incapable. Ses poumons commençaient à le brûler et sa gorge était en feu. Son rythme cardiaque se ralenti, jusqu’à ce qu’il sombre dans un trou noir, perdant conscience, se coupant cette fois-ci physiquement du monde qui l’entourait, devenu bien trop hostile pour lui.

Lorsqu’il se réveilla, ses yeux papillonnèrent plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il les ouvrent pleinement. Il mit quelque temps avant de réaliser qu’il était dans sa chambre. Comment il était arrivé là, il n’en avait pas la moindre idée. La seule chose qu’il savait, était qu’il avait mal, aussi bien intérieurement que physiquement. Il se redressa, prenant sa

tête entre ses mains. Des coups violents lui martelaient le crâne, et il avait l’impression que celui-ci allait exploser. Tel un zombie, il se dirigea jusqu’à la salle de bain, ôta ses vêtements et entra dans la douche. Il tourna machinalement les robinets d’eau, profitant de la chaleur bienfaitrice de celle-ci. il profita de ce temps pour remettre de l’ordre dans ses idées. Ou il en était ? Que lui arrivait-il ? Qu’allait-il faire ? Qu’allait-il devenir ? Il ne se sentait vivre que grâce à la douleur qui lui serrait le cœur.

Quelque chose lui manquait et tout son être semblait le réclamait. Lorsqu’il sortit de l’eau, il se sécha à la hâte avant d’enfiler des vêtements propres, ne s’avisant même pas de la nuit qui était déjà tombée.

Tel un automate, il alla directement vers sa moitié, comme attiré par un aimant. La seule chose qu’il savait, c’était que plus que tout en cet instant il avait besoin de lui. Il fallait qu’il comble ce vide qui désormais faisait parti de lui.

Il frappa à la porte de l’adolescent, sans jamais se lasser, jusqu’à ce que celui qu’il cherchait vient lui ouvrir brusquement. A la vue du visage dévasté de son amant, les mots restèrent coincé au fond de la gorge d’Asiel :

- Daevlyn… gémit-il lamentablement.

Au moment où les yeux d’Asiel croisèrent les siens, il ne parvint même pas à soutenir ce regard. Il baissa la tête cachant ses yeux qui déjà s’emplissaient de larmes. Il ne réussissait même pas à s’approcher de lui, à le prendre dans ses bras. Non, cette fois-ci, c’était lui qui avait besoin d’être consolé. Il avait peur, terriblement peur. Et cette peur le faisait se tapir au plus profond de lui même, craignant la prochaine souffrance qui pourrait lui être fatale. Il avait besoin d’un appuis, d’un soutient et cela, il savait qu’Asiel était le seul être capable de lui offrir cela. Seulement, le voudrait-il ?

Soudain, il sentit une main lui empoigner le bras fermement et l’attirer dans la chambre. Asiel referma la porte derrière eux, et fit de nouveau face à Daevlyn. Seulement quelque chose avait changé dans son regard. S’il avait pu paraître faible et  souffrant, il y a quelques instants, ce n’était plus le cas maintenant.

D’un simple mouvement du bras, Asiel poussa Daevlyn contre le mur qui le toucha dans un bruit sourd. Surpris par ce geste et par la violence donc l’adolescent avait fait preuve, l’adulte laissa échapper un petit cri. Jamais il n’avait vu une telle colère émaner de l’adolescent, et il en vaint presque à craindre pour sa propre vie à cet instant. Daevlyn qui avait jusqu’alors garder la tête baissée, se risqua à la relever. A l’instant même où il croisa le regard de l’adolescent il fut comme figé dans le temps. Il avait l’impression que celui-ci voyait au plus profond de lui, et il le regardait avec tellement de répulsion qu’il commençait à se dégoûter lui même. Cela faisait le même effet qu’un miroir. Daevlyn se voyait sans artifice dans les yeux d’Asiel et avait cette désagréable impression de ne rien pouvoir lui cacher. Plus que tout en cet instant, il voulait détacher son regard du sien et fuir. A la place du réconfort qu’il était venu chercher, il ne se trouvait que deux fois plus mal. Mais au moins, cette douleur le maintenait en vie…

Daevlyn n’arrivait même pas à dire un seul mot pour faire cesser ce calvaire.

La seule chose qu’il parvint à faire, et qu’il ne fit même pas de son propre chef, fut de faire couler des larmes de ses yeux. L’une après l’autre, elles perlèrent de ses émeraudes, jusqu’à les inondés complètement, brouillant sa vue et le protégeant ainsi du regard de flamme d’Asiel. S’il ne pouvait plus le voir de manière nette, il pouvait cependant l’entendre, car soudain sa voix glaciale retentie dans la pièce :

- Qu’est ce que tu viens faire ici ? Je pensais pourtant avoir été assez clair. Ce n’est pas avec des larmes qui tu vas m’attendrir et encore moins effacer l’aversion que j’éprouve à ton égard. Tu n’imagines même pas ce que tu as fait. Nous te faisions confiance. Je te faisais confiance. Tu pouvais d’ailleurs te vanter jusqu’à cet après-midi d’avoir été

le seul être au monde à qui j’accordais ma confiance. Nous avions foi en toi. Nous avons cru à tes paroles. En réalité, tu n’es qu’un vil menteur. Tu n’as fait que séduire Raphaël en lui faisant miroité le paradis. Tout cela pour qu’il te laisse le droit de toucher son corps et de le baiser. Tu l’as souillé au plus profond de lui. A cause de toi, Raphaël n’aura plus jamais confiance en personne. A la première occasion tu as failli à ta promesse. Tu es pire que ceux qui ne font rien. Non, tu es le pire des hommes que nous avons pu rencontrer.

Un grand silence se fit soudain dans la pièce. A chaque mot prononcés, Daevlyn se sentait mourir un peu plus. Il était dans un état tel de faiblesse qu’il finissait par croire toutes les choses qu’Asiel venait de dire de lui, même au sujet de leurs unions. Était-ce cela ? Avait-il vraiment profité de lui ? Pouvait-on dire que dans cet état il aurait pu faire autre chose ce matin ? Daevlyn n’arrivait même plus à suivre le fil de ses propres pensées.

Asiel repris soudain la parole, d’une voix beaucoup moins glaciale :

- Pourquoi Daevlyn ? Qu’est ce qui t’arrive ?

Daevlyn mit plusieurs secondes avant de comprendre qu’Asiel était en train de lui donner une chance, et une chance de taille : celle de s’expliquer. Seulement, comment décrire ce qu’il ressentait, comment le dire à Asiel et pourrait-il le comprendre ? La seule chose qu’il parvint à dire, sortant tel une plainte de ses lèvres fut :

- Aide moi, Asiel je sens que c’est la fin je…Je suis comme mort. Je…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Asiel se jetait dans ses bras et le serrait fort, terriblement fort.

En réalité, ce n’était pas Asiel qui s’était jetait son plein gré dans ses bras, mais Daevlyn qui sans vraiment se sentir défaillir avait faillit s’effondrer sur le sol, et l’adolescent était venu le soutenir, l’empêchant de chuter à jamais.

Était-il faible à ce point ? Les mots plus que blessant d’Asiel l’avaient littéralement soufflé. Est-ce grâce à sa chute et à sa supplication que toute la haine et l’arrogance de l’adolescent s’envolèrent subitement. Daevlyn sentait ses paupières s’alourdirent. Ses dernières forces, il les avait utilisées pour venir jusqu’à lui. Son corps fut prit de tremblements. Asiel semblant inquiet à cet instant, car Daevlyn entendit une petite voix emprunte d’angoisse lui demander :

- Daevlyn ? Ne pars pas, reste avec nous. J’ai besoin de toi Daevlyn.

Daevlyn resserra légèrement ses bras autour de l’adolescent, tentant vainement cette fois-ci de lui montrer qu’il ne voulait pas partir, qu’il ne voulait pas l’abandonner. C’était tout ce qu’il était capable de faire dans son état. Pourtant, ce geste si petit soit-il sembla toucher énormément Asiel.

- Je vais t’aider.

Et dans un murmure à peine perceptible destiné à une seule personne, il ajouta :

- Je t’aime Daevlyn.

Le cœur dévasté de Daevlyn se sentit aussitôt envahi d’une toute nouvelle sensation. Il avait l’impression que ses battements, qui avaient jusqu’alors cessés de fonctionner, se remettaient tout doucement en marche. Ces simples mots avait eut un impact sur Daevlyn. En effet, il se sentait aller un peu mieux. Certes, tout ceci était vraiment minime, mais c’était au moins un début. C’était incroyable comme Asiel savait manier les mots. A l’aide de simples paroles, il pouvait détruire ou sauver son amant. Il avait ce pouvoir particulier sur Daevlyn.

Asiel l’aida à s’allonger sur son lit, le soutenant par l’épaule et se méfiant de chaque perte d’équilibre. Chaque contact physique avec Asiel lui faisait maintenant un bien fou, même si ce n’était que le contact de son bras qui le soutenait, étrangement cela le réconfortait.

Une fois étendu sur le lit, Daevlyn ferma les yeux, se laissant totalement aller. Tous ses remparts jusqu’alors piller et dévasté n’étaient, cette fois-ci, réellement plus. Cependant, il ne s’attendait pas du tout à ce qui allait arriver par la suite. Sentant le sommeil l’emporter, il lutta pour rouvrir les paupières et admirer une dernière fois le visage bienveillant d’Asiel posé sur lui. Mais ce qu’il vit lui maintint les yeux ouverts. Une toute nouvelle lueur éclairait les yeux de son amant : un désir ardant, une pulsion non maîtrisable, l’envie du corps de l’autre, un pur désir sauvage et sexuel. Deux yeux, tels ceux d’un prédateur le fixaient et le figeaient sur place.

Il n’eut pas le temps de faire ou dire quoi que ce soit que déjà Asiel s’était mis à cheval sur lui et avait pris possession de ses lèvres, forçant sans aucune douceur leur barrage.

Si Daevlyn pu répondre à ce baiser, en aucun cas il n’eut la possibilité de prendre le dessus. Même s’il avait était en possession de toutes ses capacités, jamais il n’aurait pu dominer Asiel. L’emprise qu’il lui avait démontrer par les mots était maintenant reflétée par l’emprise qu’il avait sur son corps. Celle-ci était justement sans bornes. A chaque contact violent avec la langue d’Asiel, Daevlyn sentait son cœur s’emballer un peu plus vite, symbole de la vie qui palpitait de nouveau en lui.

Très vite, les mains d’Asiel vinrent se joindre à l’acte. D’un coup sec, il tira sur chaque pan de sa chemise, arrachant d’un seul coup tous ses boutons, dévoilant efficacement le torse de son amant. Sans aucune pudeur ses mains passaient sur la peau de son amant, laissant un brasier ardant partout où elles passaient. Asiel le touchait d’une tout

autre manière que la première et le seule fois qu’il y avait eut entre eux. On aurait dit qu’il connaissait parfaitement son corps et ses moindres faiblesses, s’attardant à chaque fois à l’endroit précis où il ferait monter au ciel son amant. Il faisait cela à la perfection. Lorsque Daevlyn voulut tendre la main pour lui aussi toucher la peau de son amant,

Asiel saisit violemment son poignet le coinçant avec l’autre d’une seule main au dessus de la tête de l’adulte.

Daevlyn ne chercha pas à se débattre, et il savait que de toute façon il n’aurait pas été possible de faire quoi que ce soit : Asiel semblait plus déterminé que jamais et la folie était elle seule capable de le suivre. Contre cela, l’unique possibilité qui s’offrait à Daevlyn était de se laisser faire. Étrangement, il n’avait pas peur. Même si Asiel pouvait

être terrifiant, il avait en réalité profondément confiance en lui, et se laissant ainsi faire, il mettait sa vie entre ses mains. Il aurait suffit d’un seul geste pour que l’adolescent mette un terme à sa vie, renfermant son étreinte autour de son coup, arrêtant à jamais son souffle de vie. Et jamais Daevlyn ne chercherait à lui faire mal, il ne pourrait atteindre ce corps et le marquer. Il était totalement à la merci de l’adolescent, s’abandonnant à lui et à lui seul.

De sa main libre, Asiel déboutonna les boutons du jean de son amant. Mettant fin au baiser un instant, et lui lançant un regard plus qu’explicite. Une légère angoisse commença à se faire sentir dans la gorge de Daevlyn. Au regard qu’avait Asiel, il comprit que les préliminaires prenaient fin en cet instant, avant même d’avoir réellement commencés. Allait-il le prendre sans même préparer sa venue ?

Sans vraiment comprendre ce qu’il lui arrivait, Daevlyn était totalement nu, offert à Asiel presque contre son grès, ou du moins sans avoir spécialement son mot à dire.

Asiel porta sa main à son propre jean, gardant les yeux fixés sur Daevlyn. L’inquiétude pouvait maintenant se lire sur son visage, et lorsque Asiel eut finalement ôté son boxer en même temps que son jean, Daevlyn comprit que tout n’était qu’une question de seconde. Lâchant ses mains, Asiel se plaça entre les cuisse de Daevlyn, lui relevant un peu le bassin. Daevlyn voulut dire quelque chose, exprimer un mécontentement, mais il en fut empêché par les lèvres d’Asiel prenant possession des siennes à nouveau.

Tout son corps commençait à se crisper, appréhendant fortement ce qui allait arriver dans un instant. D’un simple coup de rein assez brusque, Asiel se retrouva en lui. La douleur fut tellement vive et forte qu’aucun son ne sortit de sa bouche lorsqu’il s’échappa de l’emprise de la bouche d’Asiel. Il tourna la tête sur le côté, voulant au moins cacher ses larmes de douleur. Tout son corps était contracté, Daevlyn n’était maintenant focalisé que sur la douleur qu’il ressentait provoquée par la pénétration plus que violente d’Asiel. Deux main saisirent sa tête, le forçant à regarder son amant dans les yeux.

Tout dans les expressions de Daevlyn trahissait la douleur qu’il ressentait. Cependant cette douleur avait quelque chose de particulier et de fondamentalement important. Grâce à elle, il ne pensait plus à rien d’autre. Totalement focalisé sur elle, il en oubliait celle qui avait jusqu’alors prit possession de lui, le faisant mourir à petit feu.

Plantant ses onyx dans les émeraudes de son amant, il se mit à se mouvoir en lui. La douleur ne fit que s’amplifier et à aucun instant Daevlyn ne prenait du plaisir. Asiel entama de longs et langoureux coup de bassin, allant toujours un peu plus profondément en Daevlyn, puissant au plus  profond de lui à la recherche de sa source de vie afin de l’attiser un peu plus. Les larmes continuaient à perler le long des joues de Daevlyn, des larmes de douleur physique et non de douleur mentale comme auparavant. Etait-ce cela, sa manière de lui venir en aide. Certes, celle-ci était brutale mais efficace.

Soudain, il cessa tout mouvement en lui, comme surprit que Daevlyn ait toujours un rictus de douleur dépeint sur le visage. En le regardant intensément, droit dans les yeux comme pour lui montrer qu’il savait ce qu’il faisait et qu’il n’avait pas honte de lui faire ressentir cela, il déclara :

- Te sens-tu toujours mourir Daevlyn ?

Daevlyn se contenta de le regarder droit des les yeux, ne répondant rien. Que répondre à cela ? Il lui avait demandé de l’aide et c’est ce qu’il avait eut. Il lui avait dit qu’il se sentait comme mort, et le seul et uniquement moyen qu’avait Asiel en sa possession était celui-ci. Mais celui-ci ne s’arrêta pas là. Après avoir recommencé ses vas et viens devant la non réponse de son amant, il lui passa sa main sur son torse dénudé. Tout en reprenant possession de ses lèvres, il continua à faire glisser sa main en direction d’un but précis. A peine eut-il effleuré le sexe de son amant, que celui-ci retrouva enfin la voix. Il poussa un gémissement où douleur et satisfaction se mêlaient.

C’était un ressenti assez ambigu. En effet, ce plaisir n’amoindrissait en rien la douleur qui était encore plus que présente, mais à celle-ci venait s’entrelacer un plaisir intense sous les caresses expertes de Asiel sur son intimité. Au deuxième gémissement poussé par Daevlyn, Asiel fit une pause s’interrompant de nouveau. Il s’éloigna de ses lèvres et il lui demanda une nouvelle fois :

- Es-tu toujours presque comme mort ?

Au dernier mot qu’il prononça, il entama une caresse bien plus poussé sur l’intimité de son amant qui se mordit les lèvres pour ne pas gémir une fois de plus. Cela ne plus apparemment pas à Asiel, qui reprenant son déhanchement, glissa dans son cou, afin de lui donner plus de plaisir. Rien que le souffle chaud de Asiel dans son cou, fit monter la température de son corps en flèche. Il en venait presque à ne plus se focaliser sur la douleur qu’il ressentait. Après avoir détourné la douleur mentale de Daevlyn par une douleur physique, Asiel détournait celle-ci par un plaisir physique. Cette stratégie marchait plutôt bien.

La langue d’Asiel touchait la peau de son cou avec pour unique but : éveiller l’excitation de son amant, et il s’y prenait à la perfection. Lorsqu’il reprit ses vas et vient, la douleur que Daevlyn avait pu ressentir en fut amoindri. Trop concentré sur les caresses intimes de Asiel, ses gémissements de souffrance s’étaient métamorphosés en gémissements de plaisir. Daevlyn plaqua une de ses mains contre sa bouche, se remémorant le lieu dans lequel ils se trouvaient. Si quelqu’un les surprenait, cela aurait était la fin de tout. Son autre main rechignant maintenant à être inactive, passa dans le dos de Asiel, accompagnant ses coup de rein devenu bien plus intense et rapide. Daevlyn commençait même à prendre du plaisir à le sentir se mouvoir en lui. Toutes les autres attentions d’Asiel lui faisaient perdre la tête. Un brasier qui doucement avait prit naissance en lui, commençait à l’enflammer et à la consumer la totalité de son être. Dès lors, le désir lui vrillait les reins, et il commença à se laisser aller à son tour à onduler du bassin. Une toute nouvelle envie était née en lui, le désir de se faire posséder entièrement. Il avait laissé tout son corps à Asiel, lui avait donné la totalité de son âme, la dévoilant entièrement à nue.

Asiel se laissa à son tour aller à pousser un gémissement, le plaisir qu’il prenait lui-même devenant bien trop intense. Asiel éloigna son visage du cou de Daevlyn et le regarda une nouvelle fois fixement, continuant ses coups de reins. Exerçant tous deux une danse vielle comme le monde, ils ne cessaient de se regardait. D’une voix entrecoupée par le plaisir qu’Asiel ressentait il lui demanda une dernière fois :

- Te sens tu revivre Daevlyn ?

D’un ultime coup de rein et dans un cri étouffé du mieux qu’il le pouvait, il se déversa en lui, métaphore de la vie qu’il lui redonnait, lui offrant la possibilité de vivre de nouveau, ravivant la flamme d’espoir qui avait toujours brûle dans le cœur de Daevlyn et qui s’était presque éteinte avant cela. Comme une sorte de rite, de la douleur au plaisir, il l’avait tiré des griffe de la mort, lui insufflant un souffle nouveau. Mourir pour revivre, c’était ce qui était arrivé à Daevlyn. Certes cela était douloureux et ne c’était pas fait sans heurt, mais grâce à Asiel, Daevlyn était de nouveau.

S’apercevant que Daevlyn n’avait toujours pas jouit, Asiel lui fit un sourire plus qu’explicite. Approchant son visage du sien d’une manière à la fois naturelle et sensuelle, il repris possession des lèvres de son amant, lui montrant que tout n’était pas terminé. Daevlyn s’attendait à un baiser mêlant passion et possessivité, mais il fut au contraire totalement différent. A sa mémoire, jamais Asiel ne l’avait embrassé ainsi. En effet, le sentiment qu’il faisait passer à travers leur échange était jusqu’alors inconnu de la part de Asiel. Rêvait-il ou celui-ci avait peur ? Cette manière d’embrasser avec appréhension, il l’aurait reconnu entre mille et n’aurait pas était étonné s’il avait s’agit de Raphaël. En effet pendant l’acte, Raphaël quémandait toujours une certaine forme de réconfort à travers ses baisers, reflétant la peur de se faire prendre et le peur de l’acte en lui-même. Mais pourquoi Asiel avait-il peur ?

Un doute plana, et voulant avoir le cœur net au sujet de l’identité de celui qu’il embrassait, il ouvrit les yeux, cessant un instant de répondre à son baiser. Cela ne passa pas inaperçu car l’adolescent ouvrit à son tour les yeux. Pensant vraiment avoir maintenant à faire à Raphaël, il fut surprit de plonger dans le regard si pénétrant de Asiel. Rêvait-il ou à l’instant, venait-il de voir de la peur s’y refléter ? Soudain inquiet Daevlyn prit la parole pour la première fois depuis un moment :

- Quelque chose ne va pas Asiel ?

Ce fut au tour d’Asiel de rester silencieux. Semblant subitement plus déterminé que jamais. Il se redressa un peu, se plaçant juste au dessus de l’intimité toujours dressée de son amant, et à l’aide de sa main, en fermant les yeux, il s’empala littéralement sur celui-ci provoquant un léger cri de douleur chez l’un et un de satisfaction et de surprise chez l’autre.

Soucieux de ce que pouvait ressentir Asiel et inquiet de la douleur qu’il devait ressentir, Daevlyn se redressa un peu, l’enlaçant de ses bras. Asiel posa automatiquement sa tête sur l’épaule de Daevlyn, tentant de se faire à la présence de Daevlyn en lui. Aucun des deux ne tenta de faire un mouvement de plus. Pourtant une question brûlait les lèvres de l’adulte et il se risqua à la murmurer à son oreille :

- Pourquoi ?

Un long silence précéda la réponse de Asiel où seul le bruit de leur respiration saccadée par le plaisir régnait.

- Je suis à toi moi aussi maintenant. Je t’aime Daevlyn.

A la fin de sa phrase, Daevlyn s’éloigna de l’épaule de son amant et le regarda droit dans les yeux pour appuyer ses dire. C’est à ce moment-là que Asiel entama un va et vient, accomplissant les paroles qu’il avait prononcées. A aucun moment leur yeux ne se quittèrent. Leur front se collèrent l’un à l’autre pour ne plus jamais se quitter, se mouvant au rythme de leur déhanché. Seul leur souffle mutuel caressaient leur visage et leurs lèvres.

Il savait que ce qu’Asiel venait de lui offrir était destiné à lui seul et que jamais il ne le permettrait à une autre personne que lui. Privilégié grâce à l’amour qu’ils se portaient, Asiel lui avait tout offert : sa confiance, son âme et son corps. Bien qu’il reste au dessus, il s’était volontairement laissé prendre.

Mais alors que Daevlyn voulait répondre aux sentiments de Asiel, n’ayant aucun doute au sujet de ce qu’il ressentait pour lui, il fut interrompu. Il eut à peine le temps d’articuler : « Moi aussi je t’ai… », que Asiel s’était jeté sur ses lèvres le forçant à garder le silence. Leur baiser ne fit que les exciter davantage, si bien que la cadence d’accéléra jusqu’à une jouissance commune. Épuisé, Daevlyn entraîna Asiel dans sa chute, s’étendant sur le dos dans le lit.

Ils restèrent un long moment ainsi, Daevlyn toujours en Asiel, et celui-ci continuant à se délecter des lèvres de son amant. Ensembles, ils ne formaient plus qu’un.

Ce ne fut qu’après de longs échanges de tendresse que Daevlyn se retira d’Asiel et que celui-ci vient s’allonger à ses côtés. Collés l’un contre l’autre, la douce chaleur qui les

enveloppait continuait son rôle d’apaisement de leur cœur en convalescence. Alors que Daevlyn commençait à fermer les yeux et à s’assoupir, il entendit Asiel lui demander :

- Daevlyn ?

- Oui ? répondit-il d’un voix endormie.

- Tu vas te rendre à l’enterrement de ta mère ?

Les yeux de Daevlyn s’ouvrirent immédiatement. Pourquoi après un tel moment ? Pourquoi venait-il briser cet instant avec ce qui l’avait mis en l’air.

- Je…

Daevlyn ne réussit à prononcer un seul mot, la douleur qui s’était endormie se réveillait plus que violemment, le noyant de nouveau dans un océan de tristesse et de souffrance. Mais Asiel ne le laissa pas repartir. Il redressa son visage qui s’était aussitôt replié en lui même, le forçant à rester dans ce monde.

- C’était la dernière volonté de ta mère Daevlyn… Ne laisse pas ton père gagner. Prouves-lui qu’il n’a pas réussi à te détruire !

Les larmes perlèrent de nouveau dans les yeux de Daevlyn. S’il n’avait pas réussi à le détruire, il s’en était fallut de peu. Sans l’aide de Raphaël et d’Asiel, il aurait déjà mis fin à ses jours une fois pour toute. Mais seul, il ne pourrait s’y rendre. Il ne pourrait affronter toute sa famille et ne pas tomber devant le regard de son père qui savait tout.

- Je n’y arrivera pas. Je… Je ne pourrais pas lui faire face… seul…

- Veux-tu que Raphaël t’accompagne ?

Rien qu’entendre son nom lui fit un choc. L’angoisse l’envahie. Raphaël… Il l’avait totalement abandonné, sans rien faire pour le soutenir, alors qu’il venait de se battre pour lui. Sous le coup de l’inquiétude sans vraiment réaliser le mal qu’il faisait à Asiel sur le moment, il demanda avec empressement :

- Comment va-t-il ? Est ce qu’il m’en veux. Raphaël… je…

- Je n’en sait rien et je ne chercherait pas à le savoir tout de suite. Déclara alors froidement Asiel.

Daevlyn comprit qu’il était allé trop loin, et tenta de s’excuser.

- Je suis désolé Asiel je… J’ai manqué de tact… Je…bredouilla-t-il.

Semblant vouloir changer de sujet, et semblant surtout éviter d’étaler son mal être et de craquer Asiel dit :

- Si tu veux que je t’accompagne, tu n’as qu’une chose à faire Daevlyn. Il suffit de me le demander et je te soutiendrais.

Daevlyn planta ses yeux dans ceux de Asiel. Jamais il n’aurait pensé que Asiel lui propose une deuxième fois son aide, et la refuser aurait était plus fatal pour lui. Asiel avait du énormément prendre sur lui pour lui dire cela.

Ne voulant pas laisser le silence se prolonger une minute de plus, il dit à Asiel :

- Si tu m’accompagne, je suis prêt à m’y rendre. S’il te plait.

Un léger sourire se dessina sur le visage de l’adolescent qui, après un murmure où il lui dit qu’il serait toujours là pour lui, pris possession de ses lèvres pour accompagner cet instant : un baiser tendre comme rarement Asiel en donnait…

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 19:19 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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