Archive pour février 2011

Silent Scream - Chapitre 11

Samedi 19 février 2011

Chapitre 11 par Shinigami

Boston, 31 Août 1800

Ainsi, Alakhiel avait été kidnappé… Depuis que j’avais reçu son appel inconscient hier, je n’avais cessé de le chercher sans relache. Si au départ j’avais ressentis une colère sourde contre ma misérable créature empotée, à présent, une peur viscérale s’était emparée de moi et ne me quittait plus alors que je commençais réellement à craindre pour sa vie. Au fond de moi, je savais qu’il était toujours en vie, mais dans quel état… Si comme je le craignais il était bien entre les mains du conseil, j’avais du soucis à me faire… Cependant, une question me hantait sans cesse depuis la veille, pourquoi Alakhiel ne m’appelait-il pas ? Sans contact avec lui, il m’était impossible de le localiser et donc d’aller le chercher.

Alors que je marchais dans l’avenue principale à la recherche d’une victime à me mettre sous les crocs afin d’apaiser ma colère et ma frustration, je décelais une présence hostile tout près de moi et qui ne cessait de se rapprocher. Avisant une ruelle sombre, je me dissimulais dans la pénombre qu’elle offrait, me rendant invisible et attendais patiemment. Quelques secondes plus tard, une silhouette passait devant moi sans même relever ma présence. Aux vêtements qu’il portait, je reconnu dans aucun mal un assassin du conseil. Alors qu’il s’éloignait, insouscient, un grondement sourd de loup enragé naquit dans ma gorge tandis que, montrant des crocs, je ne le quittais pas des yeux. Passé maître dans l’art de la fillature, je m’engageais sur les traces de ma nouvelle victime, tel un loup traquant sa proie, sans que celui-ci ne se doute un seul instant de ma présence.

Je le suivais ainsi jusqu’à ce qu’il finisse par bifurquer dans une petite ruelle éloignée de l’agitation de la ville en ce début de soirée. Puis, s’arrêtant brusquement, comme s’il s’était rendu compte qu’une ombre le suivait, il déclara sèchement, visiblement agacé par mon petit jeu.

- Qui que vous soyez, cessez immédiatement ce petit jeu et montrez-vous…

Je restais un moment silencieux, le faisant douter de son propre instint puis, apparaissant dans son dos, dans une demi pénombre, je le toisais avec arrogance et déclarais d’un ton ouvertement railleur :

- Tu es plus vif que je ne le pensais… Je t’ai bien sous-estimé…

A ces mots, je vis mon interlocuteur se figer brusquement en proie à un sentiment que je ne connaissais que trop bien, avant de se retourner lentement, comme pour retarder le moment fatidique. Une fois entièrement face à moi, il posa les yeux sur mon visage à moitié éclairé par la lueur de la demi lune. Ceux-ci s’équarquillèrent d’horreur et un éclair de peur traversa son regard. Je ne connaissais que trop bien cette expression qui animait le visage de mon vis à vis, l’ayant vu mainte et mainte fois sur le visage de mes pairs et de mes victimes. D’une petite voix, il gémit lamentablement, perdant instantanément toute crédibilité quant à sa nature vanpirique :

- Ezekiel…

- En personne ! Rétorquais-je tandis qu’un sourire ironique venait étirer mes lèvres. A ce que je vois, ajoutais-je, ma réputation semble me précéder… J’en suis flatté…

Retrouvant un peu de son éloquence, un éclair fugace de haine illumina son regard et avec insolence, il s’exclama :

- Ton arrogance est à la hauteur de ta réputation ! Assassin ! Cracha-t-il.

Le sourire qui étirait déjà mes lèvres se mua en rictus mauvais et les yeux pétillants d’une lueur dangereuse reflétant l’envie de sang qui me torturait depuis quelques instants, je déclarais d’une voix profonde et caverneuse :

- A ta place, j’éviterais de me provoquer… Quoique, cela ne changera rien au sort que je te réserve… A présent, écoute-moi bien, car je ne me répèterais pas une seconde fois. Où est Alakhiel ? Demandais-je froidement après un court silence lui permettant d’enregistrer tout ce que je venais de dire.

Prenant un air dédaigneux et méprisant, le vampire qui me faisait face déclara :

- Crois-tu réellement que je vais céder sous la menace ? Crois-tu vraiment me faire peur ?

Un éclair amusé traversa mon regard et mon sourire se fit carnassier, alors que les yeux de mon vis à vis se voilaient d’un éclat d’appréhension, balayant toute sa fierté.

- Où est-il ? Répétais-je d’une voix étrangement calme qui ne laissait présager rien de bon.

- Même si je le savais, je ne te le dirais pas… Se renfrogna mon interlocuteur. Qu’a-t-il de si spécial pour que tout le monde le recherche ainsi ? S’exclama-t-il avec dédain.

Je ne répondis rien, me contentant de le fixer gravement. Un éclair de lucidité traversa furitvement le regard apeuré de l’assassin qui, un rictus mauvais déformant ses traits, déclara avec une verve insolante :

- Le grand et impitoyable Ezekiel amoureux… Voilà qui va en foutre un sacré coup à ta réputation de tueur…

Pour toute réponse, un grondement gutural et bestial s’échappa de mes lèvres entrouvertes, laissant appercevoir mes canines qui luisaient dangereusement sous les pâles rayons de l’astre lunaire.

- Où est Alakhiel ? Répétais-je sur un ton qui n’accpetait aucun refus. Ma patience à des limites, ajoutais-je avec fureur, et là, j’arrive à bout !

Face au sourire arrogant qui déforma le visage du vampire, je sentis ma patience s’élimer et avec une vélocité impressionnante, je l’attrapais à la gorge et l’immobilisais avant qu’il n’ait le temps de réagir. Puis, d’un coup violent porté à l’arrière du crâne, je l’assomais.

- Désolant, soupirais-je en regardant le corps inanimé de l’assassin effondré sur le sol.

L’instant suivant, je disparaissais dans la nuit, emportant avec moi ma victime inconsciente. Passant directement aux choses sérieuses, bien que si le temps ne pressait pas autant, je me serais bien amusé un peu, je ligotais le vampire et le pendais par les pieds au plafond de la salle dans laquelle nous nous trouvions.  Une fois fait, je le gifflais violemment pour le réveiller. Cela eut l’effet escompté car gémissant de douleur, il ouvrit instantanément les yeux. Puis, semblant se souvenir de notre rencontre, il commença à se débattre, essayant vainement de se libérer.

- C’est inutile, déclarais-je posément, savourant le spectacle.

Mon vis à vis empestait la peur à plein nez et satisfait, je jouissais de cet état de supériorité qui était le mien. Sa peur réveillait en moi mon instinct de prédateur.

- Que comptes-tu faire Ezekiel ! S’exclama-t-il vivement. Me torturer ? Avoir tué l’un des notres ne te suffit pas ? Cracha-t-il avec mépris.

- Mon pauvre ami, rétorquais-je sarcastique. Tu peux t’épargner cela si tu le souhaites… Il te suffit simplement de me dire où est retenu Alakhiel…

- Jamais, souffla mon prisonnier en ricanant.

- Soit, déclarais-je, en me levant de mon siège de fortune. Que ce soit de gré ou de force, murmurais-je à son oreille, tu parlera…

Sur ses mots, je lui léchais sensuellement le lobe de l’oreille, le faisant frémir, alors que d’une voix qui se voulait assurée, il s’exclama :

- Je ne parlerais pas sous la menace, Ezekiel !

Stoppant ma course, je tournais à moitié la tête vers lui, le regardant du coin de l’oeil et lui adressais un sourire malveillant, tandis que mon regard luisait d’une lueur dangereuse, je déclarais d’une voix profonde et caverneuse :

- C’est ce que nous verrons…

Le matin n’était pas encore levé, si bien qu’il me restait un peu plus de douze heures pour lui soutirer les informations que je voulais. A l’abris dans les catacombes de la ville, je ne risquais pas de voir débarquer les acolytes de mon prisonnier, bien que si c’était le cas, je les attendais de pied ferme. M’emparant de la dague posée sur le sol humide à côté d’une petite fiole récupérée dans les affaires personnelles de mon invité, je m’approchais de mon détenu et plantant mon regard embrasé dans le sien, je déclarais avec une cruauté non feinte :

- Voyons jusqu’à quel point tu résistes à la douleur…

Je m’approchais de lui jusqu’à une distance plus qu’intime et avec sensualité, je fis glisser la lame éfillée de mon arme le long de sa joue, en une caresse qui aurait pu paraître érotique en d’autres circonstances, sans pour autant entailler sa peau. Lentement, je la laissais dériver vers son cou sur lequel je m’attardais quelques secondes avant de poursuivre mon avancée sur ses clavicules. Là d’un coup sec, je déchirais sa chemise qui me dévoilait un torse puissant. Je laissais ma lame courir voluptueusement sur la peau diaphane de mon vis à vis qui à ma plus grande satisfaction, se laissait totalement envoûter par ma petite mise en scène improvisée, oubliant momentanément la raison pour laquelle il se trouvait là. Lorsqu’un gémissement de plaisir s’échappa de ses lèvres entrouvertes, je fis remonter la lame qui caressa son bras. Prenant sa main dans ma mienne, je mêlais un instant mes doigts aux siens avant de les porter à mes lèvres dans un geste érotique et sans geste précurseur, je fis glisser la pointe aiguisée de ma lame entre sa peau et son ongle, le décollant avec une extrême lenteur.

Concentré sur mon action, c’est avec un plaisir sadique que je vis le vampire tressaillir violemment sous l’effet de la douleur. Galvanisé par le hoquet qu’il laissa s’échapper, d’un geste vif, je lui arrachais l’ongle aiguisé, m’attirant son premier cri de douleur. Satisfait, je réitérais mon geste sur un autre doigt et le hurlement qu’il laissa s’échapper me fit frissonner d’exaltation. Reportant mon attention sur mon invité, je léchais langoureusement la lame qui laquelle perlaient quelques gouttes de sang et murmurais à son oreille :

- Où est Alakhiel ?

Un sourire sardonique étira ses traits tirés par la douleur, me narguant avec une insolence effrontée. Ayant atteint les limites de ma patience peu développée, je plantais mon regard dans le sien et pénétrais son esprit. Décontenancé, ne s’attendant sans doute pas à ce qu’un vampire de mon rang ne puisse sonder les pensées d’un aîné, il ne chercha pas à me repousser et avec une habileté qui démontrait mon expérience en ce domaine, je  recherchais rapidement un indice, à défaut des indications précises. Je sursautais lorsque je vis qu’il faisait parti du groupe qui avait kidnappé Alakhiel. Retrouvant ses esprits, mon prisonnier m’explusa sans ménagement de mon esprit, m’empêchant de voir le lieux où ils le séquestraient.

Furieux contre mon prisonnier et contre moi-même, ma rage redoubla d’intensité et d’un geste furibond, je lui lascérais le torse d’une profonde et vilaine entaille, qui n’apaisa pas pour autant mon courroux. Un gémissement de douleur s’échappa de ses lèvres qu’il mordit sous l’effet de la douleur. N’ayant cure de cela, je m’emparais de nouveau de sa main et finissais ce que j’avais commencé un peu plus tôt, lui arrachant les ongles sous ses hurlements de douleur qui résonnaient sur les parois des catacombes, faisant écho à mes oreilles. Ce son provoquait en moi d’étranges sensations d’apaisement, comme si le voir souffrir atténuait peu à peu ma colère. Ivre de fureur, je déclarais d’une voix dangereusement basse et emplie de haine mal contenue :

- Pour la dernière fois, où l’avez vous emmené ?

Un rire nerveux s’échappa de ses lèvres déformées par un rictus de douleur, et s’obstinant à me tenir tête, il demanda avec ironie :

- Et bien que ce passe-t-il ? Tu ne lis plus mes pensées, Ezekiel ? Ajouta-t-il en appuyant volontairement sur mon prénom.

Furieux, je ne répondis rien et demandais :

- Crois-tu réellement que Shaolan te remerciera de ta loyauté et tes dévoués services ? N’en crois rien ! Il te tuera pour t’être fait attraper comme un novice et avoir dévoilé l’endroit où lui et ses apôtres se terrent… Car crois-moi… Tu aura parlé avant le couché du soleil…

Sur ces mots, j’approchais mon arme blanche de son visage, puis, suspendant mon geste, je murmurais pensif, plus pour moi-même que pour lui :

- Peu être devrais-je essayer une autre méthode… Soufflais-je en laissant glisser voluptueusement mon doigt le long de son torse où la plaie sanguignolante avait déjà commencé sa cicatrisation.

Avec un sourire volontairement provocateur, je lui léchais la tempe, remontant jusque sur son menton, alors que ma main migrait avec sensualité jusqu’à son entrejambe que je malaxais avec ardeur, le sentant avec une satisfaction non feinte, se durcir sous mes caresses. Etouffant un hoquet, mon vis à vis se tendit brusquement et s’exclama :

- A croire qu’en engendrant des créatures, Darius leur à non seulement transmis sa folie mais en plus sa maladie répugnante ! Cracha-t-il avec méprit et dégoût.

- Répugnante ? Répétais-je, un sourire ironique étirant le coin de mes lèvres. A première vue, je serais plus d’avis à croire que tu me mens sans vergogne. Ton corps à l’air d’apprécier le traitement… Sussurais-je avec sensualité avant de lui mordiller lascivement le lobe de l’oreille.

L’assassin ne répondit rien, se contentant de serrer les dents, ses canines venant percer sa lèvre inférieure, comme s’il cherchait à retenir un gémissement de plaisir.

Cependant, après quelques caresses plus osées et des sous entendus sans équivoques, je m’éloignais de lui alors qu’il commençait à s’abandonner à mes caresses. Le corps brûlant de désir, les yeux fermés sous l’afflux de sensations nouvelles que je lui faisais découvrir, il semblait attendre la suite des évênements. Cependant, je décidais de changer de technique, cherchant à le destabiliser et perturber ses sens. Je m’emparais de nouveau du poignard et la tenais au dessus de l’une des torches qui éclairaient la pièce, afin de faire chauffer la lame à blanc.

Lorsqu’elle fut prête à l’usage, je retournais auprès de mon convive et laissais la pointe de la dague jouer avec ses tétons durcis par le plaisir qui coulait encore dans ses veines. Un cri de douleur retenti à mes oreilles, résonnant sur les parois humides de la salle dans laquelle nous nous trouvions. Un sourire carnassier étira mes lèvres lorsqu’une alléchante odeur de chair grillée se répendit dans la pièce. Cette odeur réveilla en moi un appétit féroce et je dus me faire violence pour ne pas sauter à la gorge de mon précieux otage.

La lame au préalablement chauffée empéchait le saignement, cautérisant la plaie à l’instant même où la lame entrait en contact avec la peau. J’avais d’autres projets bien plus intéressant pour mon pensionnaire et pour cela, j’avais besoin de son sang… Le regard pétillant d’une lueur sadique, je l’ancrais dans le sien, alors que je m’attaquais à son deuxième bouton de chair, lui faisant subir le même traitement. Puis, passant dans le dos de ma victime, je laissais glisser la lame sur toute la longueur de celui-ci, lui arrachant un frisson entre douleur et plaisir. Redescendant jusqu’à ses omoplates, j’accentuais la pression de la lame sur sa peau, allant jusqu’à l’entailler et tracais une ligne sur toute la longueur de son dos, et réitérais mon geste pour en tracer une parallèle à quelques centimètres de distance de la première. Une fois fait, j’allais chercher la torche la plus proche avant d’arracher brutalement la peau du vampire qui hurla de douleur, alors que son corps se cambrait violemment. Puis, sans lui laisser de répis, je posais la torche sur la plaie, la cautérisant instantanément. Ce geste eut pour effet de lui arracher un nouvelle hurlement qui cette fois-ci, mourut dans sa gorge.

Voir le corps de l’assassin se cambrer de douleur avait quelque chose de jouissif et, galvanisé par le plaisir sadique que je ressentais à le voir dans cette situation d’infériorité, je réitérais mon geste, enfonçant la lame plus profondément dans sa chair. Ivre de douleur, mon vis à vis s’exclama :

- Pourquoi t’acharnes-tu à vouloir le retrouver ? A l’heure qu’il est… Il doit être déjà mort…

- Il vaudrait mieux pour toi que ce ne soit pas le cas ! Rétorquais-je alors que mon coeur faisait un bon dans ma poitrine à l’entente de cette dernière phrase. Je suis étonné de te voir aussi résistant, franchement, tu me surprends, repris-je en versant le contenu de la fiole sur la lame, mais résistera-tu encore longtemps ?

Et sans lui laisser le temps de répondre, je plantais la lame enduite d’eau bénite dans son thorax, évitant soigneusement d’atteindre le coeur.  Un hurlement inhumain franchit la barrière de ses lèvres obstinément closes et haletant sous l’effet de la douleur cuisante, il déclara :

- Il… Il est retenu prisonnier… A… A l’extérieur de la ville… Par le conseil… Un lieu secret… Sous terre…

- Comment y accéder ? Demandais-je d’une voix autoritaire qui induisait une réponse claire et précise.

- La forêt… Au nord de la ville… Une tour… Des ruines…

- Tu vois quand tu veux… Avec un peu de bonne volonté, on arrive à tout ! Déclarais-je, ouvertement railleur.

Et sur ses mots, je lui tranchais profondément la gorge et enduisais la plaie d’eau bénite afin d’anihiler la cicatrisation, le laissant se vider lentement de son sang.

- Ca c’est pour m’avoir fait perdre mon temps, déclarais-je d’un ton froid. Tu aura tout le tien pour mourir…

Et sans plus de cérémonies, je quittais la pièce, l’abandonnant sans la moindre once de pitié à son sort. Condamné à rester dans cet endroit humide et infesté par les rats jusqu’au couché du soleil, je partais à la recherche d’un endroit à peu près potable. Explorant les dédalles du souterrain, j’arrivais bientôt dans une grande salle qui, apparament, avait dû servir de repère à un groupe de vampires ou d’hors la loi, au vu du meublement quoique précaire de la salle. Cependant, cela ferait l’affaire pour l’instant. Le jour étant levé depuis quelques heures déjà, il ne me restait que quelques heures pour me reposer afin d’être en forme pour ce soir. Mettant mon dégoût de côté, je tentais de faire fi de la poussière et des toiles d’araignées qui meublaient la pièce et m’installais sur le matelas posé à même le sol. Ereinté, je ne tardais pas à sombrer dans un profond sommeil, la tête pleine d’images de carnage.

Je me réveillais à la nuit tombée en proie à une faim dévorante. Quittant les souterrains, je me mis en chasse et une fois repus, je partais à la recherche d’Alakhiel. Prenant la direction du nord, je cherchais la tour indiquée par l’assassin envoyé par le conseil. Je ne tardais pas à la trouver, profondément enfouie dans les bois, impossible à trouvée si l’on n’en connaissait pas l’existence. Dénichant l’entrée dissimulée derrière un épais buisson de lianes et de branchages, je poussais la lourde porte en bois et en fer forgé et déboulais dans un souterrain dont je n’aurais jamais soupçonné une telle superficie. Guidé par mon instinct, je partis en direction du sud, attentif au moindre son qui parvenait à mon ouïe surdéveloppée. Malgré l’obscurité totale qui m’envoloppait, je me déplaçais avec une aisance déconcertante, voyant parfaitement mon chemin. Après quelques minutes de marche durant lesquelles j’explorais mon environnement, j’arrivais à un carrefour.

J’hésitais l’espace d’un instant sur la direction à emprunter, jusqu’à ce que des éclats de voix dans mon dos. Prestement, je me dissimt, ne sachant comment me comporter vis à vis de lui, je le pris entre mon bras valide, afin de lui faire sentir ma présence.

Cela sembla avoir l’effet escompté car bien vite, je le sentis se détendre tout contre moi et enfouir son visage humide dans mon cou. Avec hésitation, je laissais ma main libre parcourir son dos, pour remonter jusqu’à sa nuque et finalement achever sa course dans l’épaisse crinière de ses cheveux sombres, les caressant en un geste qui se voulait apaisant. Sans que je ne puisse me l’expliquer, à le sentir ainsi tout contre moi, je fus pris d’une subite douleur au coeur et avant que je ne puisse les retenir, des larmes silencieuses s’échappèrent de mes yeux et roulèrent sur mes joues, allant se perdre dans la chevelure de mon amant.

En réalité, je n’aurais su dire qui consolait l’autre. La douleur d’Alakhiel était différente mais pourtant si semblable à la mienne. Je ne savais ce qui le terrorisait ainsi, mais je savais que ma pire crainte était de le voir partir de nouveau. A cette pensée, je raffermis ma prise sur le corps tremblant d’Alakhiel, craignant à tout instant de le voir m’échapper.

Car je savais que malgré tout, si Alakhiel souhaitait vraiment la mort, il finirait par la trouver, et ce, malgré mes menaces. Je savais que je n’avais aucun pouvoir sur Alakhiel contrairement à ce que je tentais de lui faire croire, qu’il pouvait partir quand il le voulait. Mais je me refusais à penser à cela, mon coeur se serrant douloureusement dans ma poitrine à cette simple idée. Plus le temps passait, et plus je désespérais de me faire un jour aimer de lui. Comment un être aussi pur que lui pourrait-il un jour aimer la bête que j’étais ?

Serrant à l’étouffer ma créature contre moi, je murmurais dans un souffle au creux de son oreille :

- Je t’aime…

A ce moment, Alakhiel bougea entre mes bras et l’espace d’un instant, je craignais de l’avoir réveillé et qu’il ait assisté à cet instant de faiblesse de ma part. Retenant ma respiration, je cessais de bouger et c’est avec un soulagement non feint que je vis ma créature se rendormir aussi rapidement. L’épaule endolorie par ma mauvaise position et le poids d’Alakhiel, je déposais délicatement mon amant sur le sol avant de m’allonger à mon tour tout près de lui, une main sur son torse, se soulevant au rythme de sa respiration lente et régulière et le visage enfoui dans son cou. Calquant ma respiration à la sienne, je finis par m’endormir, épuisé et encore trop affaibli par ma blessure et mes récents combats.

Lorsque je me réveillais de nouveau, c’est un regard posé sur moi avec insistance qui m’incita à ouvrir les yeux. Je tombais nez à nez avec Alakhiel qui, penché au dessus de moi, me fixait avec un regard étrangement bienveillant. J’avais rarement vu une telle expression de douceur et de bien être émaner de lui et je n’en comprenais pas la raison soudaine de ce changement d’humeur. Cependant, en dépis de mon interrogation, je me gardais bien de lui poser la question.

- La nuit va bientôt tomber, déclara posément ma créature sans me quitter du regard. Nous ferions mieux de ne pas traîner ici… Tu te sens de te lever ?

Je ne répondis rien, mais lentement, je me redressais sur mes coudes afin de lui faire face.

- Allons-y, déclarais-je d’une voix rendue rauque par ma gorge asséchée.

Rassemblant le peu de forces que j’avais pu récupérer en dormant, je me levais non sans difficultés, les jambes tremblantes me maintenant à grand peine. Je sentais qu’Alakhiel hésitait face au comportement à adopter, ne sachant pas s’il devait m’aider ou non. Répondant silencieusement à son interrogation, je pris appui sur lui. D’un geste maladroit qui me fit sourire intérieurement, Alakhiel posa sa main sur ma hanche afin de me soutenir et m’aida à marcher. Lentement et sans un regard en arrière, nous reprimes notre route, nous éloignant lentement du lieu où siègeait le conseil. Je savais pertinement que si nous étions encore en vie, c’est parce que Shaolan l’avait décidé ainsi, cependant, je ne comprenais pas l’acharnement qui le poussait à nous poursuivre. Son attitude m’effrayait de plus en plus et je savais qu’à présent, je ne pourrais compter que sur moi. Intérieurement, je sentais que Shaolan me cachait quelque chose et je ne comprenais pas son obsession pour moi et l’ardeur qu’il employait à vouloir se débarrasser de ma créature. J’avais découvert une autre face de Shaolan que je ne connaissais pas et j’étais bien décidé à découvrir ce qu’il attendait vraiment de moi.

Alakhiel sembla sentir mon trouble et mes interogations car d’une voix grave, il déclara :

- Si je n’avais déjà pas confiance en ce Shaolan, à présent mes doutes se sont confirmés. C’est toi qu’il veut, Ezekiel, ajouta-t-il gravement.

- Je sais, répondis-je. Du moins, ajoutais-je face au regard interogateur qu’il m’adressa, c’est ce que j’ai cru comprendre. Ce qui m’échappe cependant, c’est la raison pour laquelle il s’acharne ainsi…

- Tu sais, osa timidement Alakhiel, je… Je crois que Shaolan n’est plus celui qu’il était où qu’il à pu être… J’ai l’impression qu’il joue un double jeu…

Je ne répondis rien à cela, n’ayant rien à dire et semblant prendre mon silence pour une incitation à continuer, il poursuivit :

- Je me trompe peut être, mais j’ai l’impression que Shaolan à des projets bien plus ambicieux qu’il n’y paraît… Et s’il n’était pas celui qu’il semble être…

- Tu sais quelque chose ? Demandais-je peut être un peu trop brusquement.

- Je… C’est toi qu’il veut, déclara Alakhiel après une seconde d’hésitation. Je veux dire… Il te veut pour lui seul…

- Je n’appartiens à personne, gromelais-je pour moi-même.

J’entendis plus que je ne vis Alakhiel esquisser un léger sourire à cette réflexion. Cependant, je ne relevais pas et c’est en silence, plongé dans mes réflexions que je poursuivais ma route, toujours soutenu par Alakhiel.

- Qu’allons-nous devenir ? Demanda Alakhiel au bout d’un moment, reposant la question à laquelle je n’avais pas répondu la première fois.

- Ce que j’ai toujours été, répondis-je d’une voix sans timbre. Des fugitifs…

A ces mots, Alakhiel s’arrêta subitement et m’adressant un regard furieux, il s’exclama :

- Alors c’est tout ? C’est tout ce que tu sais faire ? Quand vas-tu cesser de fuir, Ezekiel ? S’exclama-t-il d’une voix tremblante qui reflétait toute sa rage.

- Que veux-tu que je fasse de plus ? M’exclamais-je alors à mon tour, sentant la colère monter en moi. Quoi que je fasse, qu’importe le nombre de soldat du conseil que je tuerais, ils nous poursuivront sans relâche… Ne parle pas de ce que tu ne connais pas, Alakhiel, ajoutais-je avec un rire sans joie.

Ma créature ne répondit pas tout de suite, puis, un étrange sourire vint étirer ses lèvres alors qu’il déclara avec une voix cruelle que je ne lui connaissais pas :

- Alors tu n’as qu’à tuer celui qui est à leur tête…

- T’es complètement cingulé, crachais-je d’un ton méprisant, reprenant ma marche sans un regard pour lui.

- Je ne te savais pas si lâche ! S’exclama alors Alakhiel d’un ton méprisant.

A peine sa phrase achevée et avant qu’il n’ait le temps de réaliser ce qui se passait, j’attrapais mon amant par la gorge et le plaquais violemment contre l’arbre derrière lui, ignorant totalement la douleur qui me lançait l’épaule et le sang qui s’échappait à nouveau de ma plaie qui venait de se réouvrir, étant encore loin d’être totalement soignée.

- Dis-moi, soufflais-je d’une voix dangereusement basse tout contre son visage, qui de nous deux est le lâche ? Qui de nous deux suppliait Shaolan de l’achever, il y a encore quelques heures de cela à peine ? Qui de nous deux ressent toujours cette culpabilité à prendre une vie ? Entre toi et moi, ajoutais-je après un court silence, le lâche, ce n’est certainement pas celui qu’on pense !

Sur ces mots, je le relachais aussi vivement que je l’avais saisi et déséquilibré, Alakhiel s’effondra sur le sol alors que je me détournais de lui sans un regard de plus.

Poursuivant mon chemin, j’entendis clairement Alakhiel s’exclamer :

- Je me demande vraiment pourquoi je m’obstine à te suivre et à vouloir rester avec toi…

- Ta lâcheté et ta peur du conseil, répondis-je sans trop réfléchir à ce que je disais, ruminant ma colère contre ma stupide créature.

Sèchement, comme vexé par mes paroles, Alakhiel répliqua, s’engageant à ma suite :

- Je crois au contraire qu’il me faut du courage et beaucoup de patience pour rester avec quelqu’un d’aussi lunatique que toi… Et la mort ne me fait pas peur… Je ne l’ai que trop souvent frôlée…

Esquissant un rire sans joie, je me retournais vivement vers ma créature, manquant de le faire sursauter, et dissimulant mal ma frustration, je demandais d’une voix traînante, ne réfléchissant même plus à mes paroles, aveuglé par la colère qu’il faisait naître en moi :

- La mort t’effraie si peu que ça ? Dans ce cas, qu’attends-tu pour mettre fin au plus vite à ta misérable existance ? Crachais-je avec dédain.

Au fond de moi, je cherchais à le pousser jusqu’au bout de ses limites. Je voulais le voir craquer. Je voulais qu’il m’avoue une fois pour toute la raison qui le poussait à vouloir rester avec moi. Je savais que je risquais de le perdre à nouveau à le malmener de la sorte, mais c’était plus fort que moi, je voulais savoir à quoi m’en tenir avec lui. C’est pourquoi je continuais :

- Si tu veux, dans mon infinie clémence, je peux même t’y aider… Je t’assures que tu ne sentira rien… Ajoutais-je avec un sourire malsain qui fit frissonner mon vis à vis.

- Je ne veux pas de ta pitié, siffla-t-il en m’écartant de son chemin.

- Il ne s’agit pas de pitié Alakhiel, rétorquais-je en lui bloquant la route, ne confond pas tout. Contrairement à toi, je ne ressens pas l’envie de mourir et si je te propose cela c’est uniquement pour sauver ma peau ! J’en ai plus qu’assez d’avoir à supporter et à traîner un suicidaire. Alors dis-moi une fois pour toute que tu veux mourir et on en finit à l’instant même !

Il n’y avait plus de trace de colère dans ma voix, seulement une profonde lassitude. Je ne pouvais plus supporter de le voir ainsi se morfondre sur lui même. Au fond de moi, j’espèrais le voir changer, le voir reprendre le contrôle de sa vie, qu’il en devienne acteur et non pas qu’il la subisse, qu’il la suive en tant que simple spectateur comme il le faisait depuis si longtemps.

L’espace d’un instant, je crus déceller un éclair de douleur à travers le regard d’Alakhiel, mais je chassais bien vite cette idée. Dans un souffle, baissant la tête comme s’il ne supportait plus le regard inquisiteur que je posais sur lui, il murmura :

- Je… Je ne veux pas mourir…

- Il serait grand temps que tu saches réellement ce que tu veux, Alakhiel, rétorquais-je d’un ton cinglant, lassé par son incertitude et son hésitation.

- Je… Je veux que tu m’apprennes à me défendre, reprit-il en retrouvant toute son assurance, me défiant du regard.

- Tien donc, ironisais-je. Et en quel honneur ?

Bien que je ne le montrais pas, j’était totalement perdu face au comportement de ma créature. Elle qui désirait la mort si ardemment il y a encore si peu de temps, pourquoi me demandait-elle à présent une telle requête ? Qu’avais-je à espérer et à attendre de lui ? Faisait-il cela pour mieux me trahir par la suite ?

- Je veux être capable de me défendre par moi-même… Je ne veux plus être un poids pour toi… Je ne veux plus que tu risques ta vie une fois de plus pour me sauver… Avoua-t-il dans un souffle, sans pour autant oser lever les yeux vers moi.

A cet aveu, je restais silencieux, ne sachant que répondre à cela. Devais-je comprendre quelque chose dans cette révélation ? Après un long silence seulement brisé par les bruits de la nuit qui nous entourait, je reportais mon attention sur lui et dans un souffle, je déclarais à mon tour :

- Soit ! Mais ne me déçois pas…

Et sans attendre de réponse de sa part, je repris ma route, ignorant le sourire qui illuminait son visage. Nous marchâmes ainsi toute la nuit. Ma blessure qui s’était réouverte lors de mon élan d’agressivité envers Alakhiel me faisait souffrir et je ressentais un cruel manque de sang. La faim me nouait l’estomac et je puisais en moi pour poursuivre ma route. Je marchais à travers les bois, Alakhiel suivant quelques pas en arrière. Je sentais mes forces s’amenuiser à chaque pas que je faisais, et qui me semblait être un effort insurmontable. Soudain, ma vision se troubla, et j’eu à peine le temps de prendre conscience de ma chute que je perdais connaissance.

Je ne comprenais pas ce qui se passait. J’avais chaud, horriblement chaud. Mon sang semblait être de la lave en fusion dans mes veines, embrasant chaque parcelle de mon corps qui semblait prêt à exploser à tout instant. Dans la folie qui m’entourait, il me sembla discerner une voix. Mais tout était flou autour de moi, si bien que je ne faisais plus la différence entre le rêve et la réalité.

Ce fut une sensation de fraîcheur me caressant délicatement le visage qui me fit ouvrir les yeux. J’avais toujours aussi chaud, mais l’impression de me consumer de l’intérieur était passée. Regardant autour de moi, le regard voilé par la fièvre qui me consumait, je tombais nez à nez avec Alakhiel qui m’observait avec ce qui me parut être une lueur d’inquiétude étincelant dans son regard. Alors que j’esquissais un geste pour me redresser, il posa délicatement sa main sur mon torse pour m’inciter à rester allongé, tout en murmurant d’une voix étonnement douce :

- Reste couché… Tu as perdu beaucoup de sang… Tu dois reprendre des forces…

- Ou… Sommes… Nous… Articulais-je avec difficultés.

- En lieu sûr, me rassura Alakhiel, en passant sa main sur mon front.

A ce contact, je ne pus retenir un soupir de bien être et rassuré, je me laissais aller à cette sensation de fraîcheur et de bien être qui s’emparait de moi. Rassuré par la présence de ma créature à mes côtés, je me rendormis quasiment instantanément, savourant la douceur d’Alakhiel à mon égard.

Lorsque je me réveillais de nouveau, la fièvre avait disparut et une faim dévorante me tiraillait l’estomac. Fébrilement, encore faible, je me redressais sur mes coudes et regardais autour de moi. Le lieu m’était inconnu et j’étais allongé dans un lit de fortune de ce qui semblait être une maison de paysan. Repoussant les couvertures, je me levais et me dirigeais vers la porte, à moitié vêtu. Alors que je m’apprêtais à sortir, la porte s’ouvrit sur Alakhiel qui, un sourire soulagé étirant ses lèvres, déclara plus qu’il ne demanda :

- Tu es réveillé… Je suppose que tu dois avoir faim… Va te recoucher, je t’apporte de quoi te nourir…

Trop faible pour chercher à protester, j’obéis docilement à ma créature et retournais m’asseoir sur le lit. Là, j’observais avec plus d’attention la petite chambre. Elle n’était pas bien grande, mais décorée avec goût. Un portrait sur le mur attira mon attention et je me levais pour aller voir le dessin qui semblait avoir été réalisé avec un soin tout particulier. Alors que j’admirais la grâce avec laquelle l’artiste avait reproduit le modèle, sentant la présence d’Alakhiel dans mon dos, je demandais d’une voix rauque, la gorge sèche :

- Qui est-ce ?

- Ma mère, répondit-il simplement avant d’ajouter, nous sommes dans la maison dans laquelle j’ai grandis… Tu ne devrais pas rester debout Ezekiel, ajouta-t-il, changeant délibérément de sujet, tu as perdu beaucoup de sang. Tien, je t’ai apporté de quoi te nourir un peu, ajouta-t-il en me tendant un verre.

Je l’attrapais et le bu d’une traite avant d’en demander un second qu’Alakhiel me donna en souriant avec ce qui me semblait être une once de tendresse. Brisant le silence gené qui s’était installé entre nous, Alakhiel déclara :

- Nous pourrons rester ici le temps que tu retrouves tes forces. J’ai condamné les fenêtres donc il n’y a pas de risque de ce côté là…

J’acquiessais en silence. L’effet du sang dans mon organisme commencant à se faire ressentir et malgré tout, je me sentais encore grandement fatigué, mon corps n’ayant pas encore évacué tout le poison. Epuisé malgré moi, je retroune m’allonger dans le lit, sentant toujours posé sur moi le regard inquisiteur de mon amant. Cependant, je ne prêtais pas attention à lui et sans plus de cérémonies, je sombrais dans un profond sommeil sans rêves. Lorsque je me réveillais, il faisait encore nuit et mon corps était brûlant alors qu’une faim dévorante me compressait l’estomac. Jamais encore je n’avais ressentis une telle impression de famine. Le regard flou, je ne parvenais pas à faire la différence entre le rêve et la réalité. Les formes autour de moi bougaient lentement, comme muent par une volonté qui leur était propre.

Semblant sentir mon malaise, Alakhiel se réveilla à son tour et se tournant vers moi, il demanda, sa voix ne cachant rien de son inquiétude :

- Ezekiel… Qu’est-ce qui se passe ?

Lentement, par automatisme, je tournais la tête vers lui, sans pour autant répondre à sa question. Et lorsque mon regard se posa malencontreusement sur la gorge dénudée de mon vis à vis, la faim qui me tenaillait ne m’ayant pas quitté, je perdis le contrôle de moi-même et avec une vélocité étonnante pour mon état, je fondis sur ma créature, lui sautant à la gorge. Allongé sur lui de tout mon poids, les jambes passées de chaque côté de lui pour l’empêcher de fuir, je plantais voracement mes canines dans la peau diaphane de son cou si attrayant. Aspirant avec une volupté et une satisfaction sans nom le sang de ma créature, je me délectais du sang de ma créature. Pris d’un plaisir jusqu’à maintenant inconnu, je ne pu retenir un gémissement de plaisir, alors que chaque gorgée de sang aspirée me ramenait à la vie. Bientôt, une douce chaleur envahi mon corps alors que je retrouvais mes forces et galvanisé par le plaisir qui naissait en moi, j’ondulais lentement et sensuellement contre le corps de ma créature, frottant mon bas ventre contre le sien, lui arrachant par la même occasion un gémissement de bien être.

A chaque gorgée de sang aspirée, je sentais mes forces revenir lentement et je n’avais qu’une envie, me délecter jusqu’à la dernière goutte de ce liquide carmin euphorisant. Electrisé par cette sensation de pouvoir qui grandissait en moi et le plaisir que le ressentais au contact du corps chaud d’Alakhiel ondulant légèrement sous moi, je me laissais aller à passer une main entre nos deux corps, sous sa chemise de soie blanche. Alakhiel faisait naître le désir en moi et la proximité de son corps n’était pas pour éteindre ce feu qui grandissait dans mes reins. Cependant, Alakhiel ne semblait pas du même avis que moi, car très vite, il me repoussa violement, s’exclamant d’une voix effrayée :

- Arrête ! Ezekiel ! Mais enfin… Qu’est-ce qui te prend ?

Il porta une main à son cou et essuya le sang qui perlait de sa plaie encore fraîche, avant de regarder sa main sanguignolante avec une horreur non feinte. Je ne répondis rien à son accusation alors qu’un sourire satisfait étirait mes lèvres. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas sentis aussi bien. Reportant mon attention sur ma créature, je le vis me tourner le dos alors qu’il remettait sa changeait de chemise, la précédente étant tachée de sang.

- Tu n’as guère besoin de te précipiter ainsi, déclarais-je, un sourire à la limite de l’arrogance étirant mes lèvres. La vue plongeante sur ton corps est de toute beauté…

Sans quitter ma créature des yeux, je retirais le bandage qui compressait ma poitrine, dévoilant mon torse complètement cicatrisé, alors que de son côté, Alakhiel finissait de boutonner sa chemise.

- Je sors, déclara Alakhiel d’une voix hésitante, comme s’il craignait quelque chose. J’ai faim…

Je ne répondis rien, mais ne quittais pas Alakhiel du regard le temps qu’il mit à quitter la chambre, cherchant à sonder son âme à la recherche d’une raison à son comportement des plus inhabituels. Je savais ma créature pudique, mais jamais encore il ne m’avait tourné le dos pour se dévêtir. Déstabilisé par sa réaction, je me levais pour aller à sa rencontre, mais étourdit par l’afflux soudain de sang, je vacillais dangereusement avant de retrouver un équilibre précaire. Alors que j’esquissais de nouveau un mouvement pour aller à sa rencontre, je vis la porte s’ouvrir, Alakhiel se tenant dans l’embrasure.

- Tu ne devrais pas te lever maintenant, tu es encore faible, déclara-t-il en m’attrapant par le bras.

Puis, d’une force que je ne lui connaissait pas, il me força à me rallonger.

Docile, encore faible en dépis du fait que ma blessure était à présent totalement cicatrisée, j’obéis à son ordre. Mon regard se posa alors sur les deux traces de crocs fraichement cicatrisées de son cou et je me sentis subitement coupable. Détournant le regard, incapable de supporter le poids de son jugement, je murmurais :

- Désolé…

Dans mon dos, je sentis plus que je ne vis, Alakhiel sursauter à l’entente de ma pathétique tentative d’excuses. D’une voix surprise emprunte d’une touche de douceur que je ne lui connaissait pas, il demanda :

- Désolé ? Désolé de quoi ?

- De t’avoir sauté dessus, répondis-je en lui tournant obstinément le dos, soudainement trop honteux de mon comportement pour oser affronter son regard.

- Ce n’est rien, répondit Alakhiel toujours de sa voix douce.

Je ne répondis rien à celà, mais avant que je ne réalise ce que je faisais, je me retournais. Alakhiel s’était allongé derrière moi entre temps et mon regard croisa le sien. Dans ses yeux, brillait une lueur que je n’arrivais pas à déchiffrer, une lueur que je n’avais jamais vue auparavant. Nos regards s’accrochèrent alors pour ne plus se lâcher. A travers les pupilles pétillantes de mon vis à vis, je pouvais déceller en lui quelque chose que je ne savais comment interprêter. Je ne l’avais pas remarqué auparavant, mais quelque chose semblait avoir changé en lui. Cependant, je n’arrivais pas à cerner ce que c’était. Son regard semblait plus sombre et je ressentis un étrange frisson me parcourir l’échine alors qu’il n’esquissait aucun mouvement pour détourner les yeux. Chose qu’il aurait fait depuis longtemps en temps normal.

Quelque chose en lui m’attirait inexorablement, comme si une force invisible et fascinante me poussait vers lui. Comme hypnotisé par l’intensité de son regard, totalement sous son emprise, je m’approchais davantage de lui, collant mon corps contre le sien, sans en avoir conscience. Je n’aurai sû dire qui d’entre nous mis bat à la distance qui séparait encore nos lèvres. Tout ce qui m’importait, c’était la chaleur et la douceur des lèvres de mon amant contre les miennes. Complêtement déconnecté de la réalité, je me laissais aller entre les bras d’Alakhiel. Et lorsque sa langue vint demander l’accès à ma bouche, je la lui accordais sans la moindre hésitation. Et lorsque nos langue se rencontrèrent enfin, ce fut avec une tendresse jusqu’alors jamais espérée entre nous. Toute force semblait m’avoir désertée et c’est avec une passion teintée de désespoir que je lui rendis son baiser.

Galvanisé par la douceur de sa langue qui dansait avec la mienne, l’entrainant dans un ballet tendre et langoureux, je me pressais davantage contre lui, souhaitant sentir son corps tout contre le mien, alors que je réagissais à cet échange avec plus d’ardeur que je ne l’aurais escompté. Bientôt, la douceur et la tendresse firent place à quelque chose de plus empressé au fur et à mesure que le désir s’insinuait dans mes reins. Fébrilement, je lachais les cheveux d’Alakhiel que je n’avais pas eu conscience d’aggriper et mes mains allèrent se poser sur la chemise de mon amant. Alors que j’esquissais un mouvement pour la lui retirer, il mit brusquement fin à notre baiser et s’éloignant de moi, il se releva et s’éloigna de quelques pas, me laissant complêtement interloqué face à ce brusque changement de comportement.

Encore sous l’effet de la surprise, je l’appelais d’une voix hésitante, ne comprenant pas sa réaction :

- Al… Alakhiel ?

Au fond de moi, je craignais que ce qu’il avait pu entrapercevoir de mon passé ne le dégoûte de moi et qu’il refuse désormais de m’approcher. Et honnêtement, je ne pouvais le blâmer pour celà. J’étais un monstre. J’étais sali jusqu’au plus profond de mon être et de mon âme. Alors que je m’apprêtais à détourner le regard, il prit la parole :

- Tu es encore faible… Il faut que tu te reposes…

- Que je me repose ? Répétais-je, abasourdi parce que je venais d’entendre. Je ne suis pas faible ! Rétorquais-je, plus vivement que je ne l’aurais voulu.

- Tu as perdu beaucoup de sang Ezekiel, insista mon amant. C’est pas prudent de… Enfin, tu vois… Eluda-t-il en s’empourprant violemment.

A ces mots, je ne pus réprimer un ricanement cinglant.

- Pourquoi n’appelles-tu donc pas un chat un chat, Alakhiel ? Et à ce que j’ai pu sentir contre ma jambe, tu semblais plutôt en forme toi aussi…

Après une courte pause, je repris :

- Maintenant, regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu n’as pas envie de moi !

- Repose-toi ! Répéta alors Alakhiel avant de me tourner le dos et de quitter la pièce, me laissant seul avec ma stupéfaction.

Vexé, je ne cherchais pas à aller le rejoindre. Au contraire, je me rallongeais et tournais le dos à la porte, ruminant ma frustration. Pourquoi avait-il prit l’initiative de ce baiser si c’était pour me repousser par la suite ? Car il me désirait, c’était certain. J’avais sentis un début d’érection contre ma cuisse et ses mains se poser sur mes fesses, alors que nos langues se mêlaient avec une avidité qu’aucun de nous n’avait pu feindre.

Je n’aurais su dire combien de temps je restais cloitré dans ma pièce, me refusant à me rabaisser à aller parler à Alakhiel. Pendant un temps qui me parut interminable, je repensais à la sensation qui s’était emparée de moi lorsque mon regard avait croisé celui de ma créature. Je sentais que quelque chose avait changé en lui, je le percevais intimement, mais je n’arrivais pas à définir ce que c’était. Une nuance subtile d’émotions et de sensations toutes plus electrisantes les unes que les autres. Inconsciement, il faisait resurgir mon instinct de prédateur, éveillant en moi un appétit animal.

Il dégageait une aura qui attisait mon désir pour lui. Un infime changement de comportement qui ne le rendait que plus désirable. C’est comme si toute sa personne irradiait d’un feu jusqu’à maintenant éteint, quelque chose que je n’avais jamais réussit à réveiller chez lui. Quelque chose qui le rendait plus attirant qu’il ne l’était déjà.

Pour mon plus grand malheur, je me rendis compte que je ne l’aimais que davantage. Je n’arrivais pas à comprendre comment j’avais pu en arriver à ressentir de tels sentiments pour lui. Il m’exaspérait au plus au point, et plus d’une fois j’avais failli succomber à la tentation de le tuer, et malgré tout, je ne pouvais m’empêcher de l’aimer. Au comble de l’horreur, je sentis une étrange sensation au niveau de ce qui, un jour, avait été un coeur. Une douleur lascinante alors qu’au fond de moi, je savais parfaitement qu’il aimait et aimerait toujours cette femme. Cette maudite femelle qui m’éloignait de lui, qui avait fait de moi un monstre à ces yeux.

Duant les jours qui suivirent, je pris un malin plaisir à titiller Alakhiel sur la tension sexuelle plus que palpable qui régnait entre nous. Si au début je m’en amusait, au bout de trois jour, je commençais à saturer. Chaque nuit, nous nous éloignons de l’endroit où était caché Shaolan, et pendant ce temps, nous chassions chacun de notre côté, nous donnant rendez-vous à un endroit convenu deux heures avant l’aube. Cette nuit, nous embarquerions à bord d’un navire qui nous conduirait en Inde. Pour le moment, je souhaitais mettre le plus de distance entre nous, et si Alakhiel me voyait comme un lâche, je pensais en premier lieu à notre sécurité. Je ne pourrais pas à la fois entraîner Alakhiel et surveiller nos arrières. Il nou fallait un plan de retraite.

En attendant, j’étais coincé dans la calle miteuse d’un navire avec Alakhiel qui ne cessait de m’éviter, ce qui, élimait ma patience aussi sûrement que le temps érrodait la pierre.

Par chance, le navire était encore désert, l’équipage profitant de leur dernière nuit au port pour aller écumer les bordels de la ville à la recherche d’une compagnie gallante pour la nuit. Si l’orage devait éclater, au moins, il n’y aurait pas de témoins… Cela aurait été ennuyeux si, dès le premier soir, j’aurais été obliger de gaspiller notre réserve de nourriture pour la route.

Poussant un énième soupire de lassitude, je m’efforçais à rester calme et d’une voix voix qui reflétait mon état d’esprit, je finis par rompre le silence pesant qui s’était installé entre nous depuis plusieurs jours :

- Bon alors, si tu me disais ce qui ne va pas !

Ne s’attendant visiblement pas à une telle demande de ma part, Alakhiel me regarda un instant hébété, avant de me répondre en béguayant :

- Je… Mais rien du tout… Qu’est-ce qui te fait croire ça…

- Ne me prend pas pour un imbécile, Alakhiel ! Répliquais-je, cinglant, toute once de patience ayant subitement disparue. Je te trouve bizarre depuis quelques jours, et ne me dit pas le contraire ! Tu m’embrasses, puis te me repousses et finalement, tu m’ignores complêtement depuis ce jour. Alors je te le redemande, qu’as-tu à me dire ?

- Rien… Rien du tout, souffla Alakhiel, visiblement mal à l’aise.

- Menteur ! Répondis-je sur le même ton. Tu me caches quelque chose… Et je veux savoir ce que c’est ! Ajoutais-je sur un ton qui n’acceptais aucun refus.

A ce moment là, Alakhiel se précipita vers la porte, tentant de fuir. Cependant, ayant prévu cette éventualité, je l’en empêchais. L’attrapant pas le bras, je le repoussais violemment de l’autre côté de la pièce. Et en l’espace d’un clignement de paupière, je me retrouvais face à lui, l’emprisonnant entre mon corps et le bois du mur, mes deux mains posées chacune d’un côté de son visage. Ignorant la grimace de douleur qui déformait les traits de mon amant, j’attrapais son menton entre mes doigts et le forçant à me regarder dans les yeux, je demandais une nouvelle fois, d’une voix menaçante :

- Pour la dernière fois, dis-moi ce que tu me caches !

Les yeux de mon vis à vis se mirent à briller alors qu’il cherchait désespérément un moyen de se soustraire à ma poigne de fer qui lui enserrait toujours le menton.

- Je n’ai rien à te dire ! Cracha-t-il en tentant de me repousser. Lâche-moi ! Tu me fais mal !

Cependant, au lieu d’accéder à sa demande, je me rapprochais de lui, glissant une jambe entre les siennes de façon à rapprocher davantage nos deux corps. Un frisson d’excitation remonta ma colonne vertébrale lorsque je sentis le bassin de ma créature entrer en contact avec mon haine. Retenant tant bien que mal un gémissement de plaisir, je m’emparais des lèvres de mon amant avec une avidité non feinte. Non sans douceur, je lui mordis la lèvre inférieur, l’obligeant ainsi à ouvrir la bouche. Lorque je sentis ses lèvres s’entrouvrir, je laissais ma langue partir à la conquête de sa jumelle. Lorsque nos deux langues se rencontrèrent, je sentis Alakhiel frissonner violemment sous moi, et je ne pus retenir un gémissement de plaisir, alors qu’un désir violent embrasait mes reins.

Mettant fin au baiser, je murmurais tout contre ses lèvres :

- Ne me dis pas que tu ne me désires pas, Alakhiel… Je peux le sentir… Tu suintes la concupiscence par tous les pores de ta peau…

Sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, je m’emparais une nouvelle fois de ses lèvres pour un baiser des plus passionné. Bientôt, je sentis Alakhiel se détendre sous moi, allant même jusqu’à répondre à mon baiser avec ardeur. Galvanisé par sa réaction, je pressais davantage nos bassins et entrepris de débotonner sa chemise.

Alors que j’enlevais le premier bouton, Alakhiel me repoussa avec une force insoupçonnée, me faisant reculer de plusieurs pas. Je restais un instant immobile, encore surprise par ce soudain retournement de situation, puis, mon regard se posa sur la chemise qu’Alakhiel reboutonnait avec soin. A cette vision, je poussais un cri de rage et me précipitais de nouveau vers lui. D’un geste rageur, j’arrachais la maudite chemise, la déchirant en lambeaux avant de reporter mon attention sur ma créature. A le voir essayer de masquer son torse et son ventre de ma vue, se dissimulant derrière ses bras, je m’énervais d’avantage et lui attrapant les poignets, je le forçais à écarter les bras, de façon à ce qu’il expose son corps à mon regard, fatigué de tout cette comédie.

C’est à ce moment que je compris ce qu’Alakhiel me cachait depuis tout ce temps, ce qui l’avait poussé à refuser mes avances.

- Regarde bien, Ezekiel, cracha Alakhiel avec hargne. Car c’est la dernière fois que tu verra ce spectacle ! Alors profite bien de ta victoire !

- Il n’y a aucune victoire, répondis-je doucement, ma colère s’étant subitement évanoui à la vue du torse couvert de cicatrices toutes plus ou moins cicatrisées de mon amant. Pas plus qu’il n’y a de honte à avoir, ajoutais-je en esquissant un geste pour enlever ma propre chemise.

L’instant plus tard, je me trouvais torse-nu, exposant mon corps à son regard, le laissant voir les traces de cicatrices qui zébraient ma peau.

- Nous sommes pareil, repris-je, après un court silence. Et tes cicatrices ne m’empêcheront pas de te désirer, Alakhiel, déclarais-je, comprenant que derrière toute cette mise en scène, il craignait seulement de ne plus arriver à me faire le désirer. Tu es beau, Alakhiel, poursuivis-je en embrassant délicatement son visage, évitant soigneusement ses lèvres. J’ai envie de toi, et ce ne sont pas ces cicatrices qui vont me repousser, murmurais-je au creux de son oreille, avant de lui mordiller délicatement le lobe, lui arrachant un gémissement de plaisir.

Satisfait de sa réaction, je m’emparais de nouveau de ses lèvres pour un baiser langoureux. Nos langues se mêlaient avec passion, nous arrachant à tous deux des gémissements de désirs impatients, alors que nos bassins se frottaient avec plus en plus d’énergie. La frustration sexuelle qui électrisait nos deux corps était à son comble et à présent, seul compait le besoin d’assouvir ce désir qui nous vrillait les reins. Peu importait l’endroit et la manière, à présent, seul le désir contrôlait nos gestes, les rendant précipités et maladroits tandis que je déboutonnais le pantalon de mon amant et le faisait tomber au sol, entraînant son sous-vêtement en même temps.

Un gémissement de plaisir s’échappa des lèvres entrouvertes d’Alakhiel alors que je me frottais davantage contre son érection grandissante, tandis que mes lèvres quittaient sa bouche pour partir à l’aventure dans son cou, mordillant délicatement sa peau diaphane afin de l’exciter.

Bientôt ses gémissements se muèrent en petits cris de plaisir. Les sens électrisés par ce son des plus érotique, j’abandonnais son cou pour descendre toujours plus bas, redessinant du bout de la langue les dénivelés de son corps et le relief de ses muscles bien dessinés. Délicatement, je pinçais un de ses boutons de chair durcis par le plaisir, entre mes dents, le mordillant délicatement avant de le lécher avec avidité, faisant gémir Alakhiel. Ses mains se posèrent sur mes fesses et il m’attira contre lui, réduisant au maximum la distance qui séparait nos corps. Lorsque nos érections se frôlèrent à travers mon pantalon, je ne pus réprimer un gémissement de désir. Puis, au bord de la frustration, je me laissais finalement tomber à genoux devant mon amant.

Semblant avoir deviné mes intentions, Alakhiel glissa ses mains dans mes cheveux et me guida vers son sexe qui se dressait fièrement devant mon visage. Un éclair de malice illuminant mon regard, je le pris entre mes doigts et lentement, j’entamais un doux va et vient, le mastrubant avec délectation. Un cri s’échappa de ses lèvres et d’un mouvement de bassin, il tenta de me faire comprendre qu’il voulait plus. Cependant, loin d’accéder à sa demande, je gardais ce même rythme langoureux un temps encore. Puis, lorsque mon propre désir se fit trop incontrolable, je pris son sexe entre mes lèvres. Le soudain afflux de plaisir lui arracha un cri de plaisir alors qu’il se cambrait violemment, s’enfonçant plus profondément dans ma bouche.

J’accédais finalement à sa requête muette et entamais un mouvement de succion cadencé, tentant de d’ignorer mon érection douloureusement comprimée dans mon pantalon. Pendant un temps indéterminé, je m’affairais à lui prccurer un maximum de plaisir, ma langue caressant son sexe avec savoir faire.

Finalement, les petits cris érotiques que poussait Alakhiel eurent raison de ma patience, si bien, qu’au comble de l’excitation, je déboutonnais mon pantalon, glissais ma main dans mon sous-vêtement et pris mon sexe entre mes doigts, imprimant un va et vient régulier qui m’arracha un gémissement de pur plaisir.

Lorsque je sentis qu’Alakhiel était proche de la libération, je libérais mon éréction douloureusement tendue et abandonnais celle de mon amant, pour me relever. En manque du goût de ses lèvres, je m’en emparais avec avidité, ma langue allant à la rencontre de sa jumelle, l’entrainant dans un ballet farouche et endiablé. Sans mettre fin à notre échange, j’inversais nos positions, me retrouvant ainsi le dos au mur. Surpris, Alakhiel mit fin au baiser et planta son regard empli d’incompréhension dans le mien. Cependant, l’esprit trop embué par le plaisir pour ne serait-ce qu’émettre le moindre mot, je posais mes mains sur ses épaules et le fit s’agenouiller devant moi. Comprenant où je voulais en venir, Alakhiel esquissa un petit sourire mutin que je ne lui connaissais pas, et délicatement, il prit mon sexe entre ses doigts, imprimant un va et vient attrocement lent.

Au comble de la frustration, je poussais un gémissement plaintif peu viril, le suppliant de mettre fin à cette torture, alors qu’un incendie dévastait mon corps. Alakhiel semblait prendre un malin plaisir à me regarder me languir et me tordre de désir sous ses caresse, car il n’esquissa pas le moindre mouvement, caressant mon érection avec ce même rythme nonchalant.

Plongé dans les limbes du plaisir intense qui me vrillait les reins, je n’avais plus conscience de rien, si ce n’est des va et viens d’Alakhiel sur mon intimité. Si bien que je ne pu réprimer un feulement de volupté lorsque, du bout de la langue, il lécha mon sexe sur toute sa longueur avant de l’engloutir avidement entre ses lèvres, m’arrachant un cri alors que mon corps tout entier était parcouru de violents frissons.

Sa langue qui s’enroulait autour de mon intimité me faisait voir des étoiles. Après un certain temps de ce traitement, Alakhiel cessa tout mouvement et libéra mon intimité de sa prison humide pour la lécher sur toute sa longueur avant de s’attarder longuement sur son extrémité. Je me cambrais violemment sous l’effet du plaisir ressentis et semblant me sentir proche de la jouissance tant attendue, il me repris entièrement en bouche. Il imprima alors un rapide mouvement de succion qui eut raison de mes dernières résistances et les doigts crispés sur ses cheveux, je me libérais en criant son prénom sous l’afflux de plaisir.

Satisfait de lui, Alakhiel se releva et me fit face, une lueur de défi dans le regard. Puis, profitant de mon état, encore comateux sous la violence de l’orgasme que je venais de ressentir, il prit mon menton entre ses doigts et m’embrassa avec une certaine violence teintée d’une note de douceur, preuve de son impatience. Ses crocs mordillant ma lèvre inférieur suffirent à réveiller de nouveau mon désir et répondant à son baiser, j’inversais de nouveau nos positions, le plaquant sans douceur contre la parois du navire.

A la hâte, je portais deux doigts à mes lèvres et les léchais succinctement avant de les glisser entre nos deux corps, jusqu’à l’intimité. Là, prenant sur moi malgré le désir qui brûlait à nouveau dans mes veines, j’insinuais délicatement un doigt dans l’intimité d’Alakhiel qui poussa un gémissement de pur plaisir et se cambra davantage contre moi, ses lèvres mordillant mon cou avec sensualité, élimant définitivement toute once de patience. Sans plus attendre, au bord de l’explosion, j’inserrai un deuxième doigts en lui. Si le premier ne fut pas douloureux, ce ne fut pas le cas du second. Je le sentis se tendre contre moi, alors que ses crocs se plantaient dans mon cou sous l’effet de la douleur. Prenant mon mal en patience, je le préparais plus où moins méticuleusement. Après un court moment, il finit par se détendre et dans un murmure des plus indécent, il murmura au creux de mon oreille :

- Allez vient… Ne te fait pas prier davantage, Ezekiel…

La manière dont il prononça mon prénom me fit perdre tout contrôle. Habillement, comme s’il ne pesait rien, je le soulevais par les hanches. Comprenant le message, Alakhiel enroula ses jambes autour de mes hanches, rapprochant nos deux corps plus qu’ils ne l’étaient déjà. Fébrilement, je pris mon sexe entre mes doigts et me présentais à son entrée. Puis, d’une poussée, je pénétrais entre ses chairs, un grognement gutural s’échappant de ma gorge alors que je le prenais entièrement.

Sans attendre, Alakhiel entama un lent déhanchement qui acheva mes dernières résistances. A mon tour, oubliant toute considération pour lui, j’entamais un va et vient cadencé, le pénétrant au rythme de ses cris de plaisir.

Le visage enfoui dans son cou, je m’enivrais de son odeur en même temps que de son corps. Comment avais-je fais pour vivre sans lui durant toutes ces années ? Comment avais-je pu me passer de son odeur, de son corps ? Ce corps qui me faisait oublier toute considération, ne me laissant que mes bas instincts.
La façon dont je le prenais, le pénétrant avec une fougue que je ne me connaissais pas en était la preuve. Tout ce qui comptait pour moi à présent, c’était de le faire mien, de le marquer, qu’il m’appartienne et qu’au yeux de tous, il soit vu comme ma propriété, mon amant, mon amour….

Soudain, épuisé par l’effort que je fournissais, mon corps n’étant pas encore tout à fait remit de ses blessures, je tombais à genou, emportant Alakhiel dans ma chute. A bout de souffle, je restais immobile le temps de retrouver une respiration régulière.

C’est alors qu’Alakhiel esquissa un geste qui me laissa totalement déboussolé. D’un geste d’une infinie tendresse, il glissa ma main sur la joue et m’embrassa avec une réelle tendresse. Puis, plongeant son regard dans le mien, il esquissa un sourire mi amusé mi attendri et déclara dans un souffle, la respiration haletante :

- Ne gaspille pas tes forces… Laisse-moi faire…

Avant que je ne réalise entièrement la portée de ses paroles, d’un habile coup de rein, il me fit m’allonger sur le sol, me chevauchant. Me toisant de toute sa hauteur, il m’adressa un regard triomphant et partit dans un déhanchement vigoureux qui m’arracha un gémissement de plaisir. Ivre de plaisir, je le laissais au commande de notre plaisir, les mains posées sur ses hanches, je me contentais de l’aider à garder le rythme cadencé de ses va et vient.

Puis, l’orgasme déferla sur nous avec la violence d’un tsunami. Dans un ultime déhanchement de mon amant, je me libérais en lui alors qu’inconsciement, mes ongles se plantaient dans la chair de ses hanches, tandis qu’Alakhiel se libérait sur mon ventre. A bout de souffle, il se laissa retomber sur moi, le visage enfoui dans mon cou. Sans que je ne prenne réellement conscience de mon geste, mes bras se refermèrent autour de la taille de mon amant, l’ensserant en une étreinte possessive, craignant de le voir s’éloigner de moi.

A ma plus grande surprise, Alakhiel n’esquissa pas le moindre geste pour se soustraire à mon étreinte. Sa tête reposant sur mon torse, il caressait ma poitrine d’un geste distrait. Si extérieurement je ne laissais rien paraître de mes émotions, intérieurement, je me sentais envahi d’un sentiment tout nouveau pour moi. Là, entre les bras de ma créature, je me sentais enfin à ma place…