17
oct

Mourir pour revivre - Chapitre 46

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 46 écrit par Lybertys

Lorsque Raphaël mit fin au baiser, Daevlyn du faire appel à toute sa volonté pour ne pas le retenir et l’embrasser avec encore plus de passion. Tous deux savaient que ce baiser était le dernier avant une semaine, et c’est avec une infinie lenteur qui montrait qu’il n’avait aucune envie de le faire, que Raphaël s’éloigna de l’étreinte de l’adulte, les yeux brillant de tristesse.

L’adolescent recula de quelques pas et attrapa la poignée de son sac avant de s’éloigner, Daevlyn à ses côtés, non sans garder un minimum de distance entre eux, sachant pertinemment que si par malheur ils se touchaient de nouveau, jamais ils n’arriveraient à se séparer… C’était déjà bien assez dur comme cela…

Daevlyn avait l’impression qu’il allait perdre une partie de lui. C’était comme si on allait lui arracher une partie de son cœur nécessaire à sa survie.

Lorsqu’ils sortirent du dortoir, une grosse voiture était stationnée dans la cours et une femme d’environ trente-cinq ans, parlait avec la directrice. A la pensée que celle-ci n’allait pas lui laisser cinq minutes de répit pendant cette semaine, Daevlyn baissa la bras intérieurement. Avant il avait Raphaël pour l’oublier, cette semaine il allait devoir l’affronter seul d’une certaine manière.

N’étant maintenant plus seul à seul, aucun contact ne leur était permis. Daevlyn aurait tellement aimer prendre ne serait-ce que la main de Raphaël pour l’encourager à avancer vers cette inconnue. Mais cela leur était malheureusement impossible. La détresse de l’adolescent était tout aussi palpable que la sienne. Ce n’était plus qu’une question de minutes avant le départ de son jeune amant et déjà il se sentait mal.

Lorsque les deux femmes les aperçurent, elles se tournent en même temps, et les regarda arriver. L’attention de Daevlyn se porta immédiatement sur la femme qui lui enlevait son amant pendant toute une semaine. Il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une sorte de rancœur contre elle, lui en voulant pour lui arracher Raphaël. Que lui voulait-elle ? Pourquoi maintenant ?

Lorsque Raphaël releva la tête qu’il avait baissée pendant tout le trajet afin de voir cette fameuse tante, Daevlyn le vit sursauter violemment. Aussitôt il commença à s’inquiéter. Pourquoi Raphaël réagissait-il ainsi ? Reconnaissait-il finalement cette femme ? Lui avait-elle fait du mal par le passé ? Une chose était sûre, si jamais il devait arriver quelque chose à Raphaël avec cette femme, jamais il ne le laisserait partir et ferait tout pour empêcher son départ. Daevlyn l’observait attentivement, scrutant le moindre signe précurseur d’un malaise. Raphaël ne détournait pas le regard de cette femme, et semblait comme paralysé. Daevlyn aurait donné cher pour savoir ce qu’il se passait dans sa tête. De cette femme émanait une telle douceur que s’il n’y avait pas fait attention, Daevlyn en aurait était séduit.

La femme semblait être dans le même état que Raphaël, attisant encore plus la curiosité de Daevlyn. Elle regardait l’adolescent comme s’il revenait du monde des mort, les yeux brillants de larmes, et un sourire radieux illuminant son visage.

Lorsque sa voix s’éleva, douce et cristalline, Daevlyn sombra dans l’incompréhension la plus totale :

- Oh mon Dieu… Raphaël… C’est bien toi… tu as tellement grandi… tu m’as tellement manqué…

Ce ne fut pas cette phrase qui le choqua vraiment, mais la suite qui le mit dans un trouble total.

Lorsque la femme s’approcha de Raphaël, celui-ci eut tout naturellement un sursaut de surprise, cependant à aucun moment il ne la repoussa et se laissa faire. Raphaël semblait accepté l’étreinte de cette femme, pire encore, il passa ses bras autour du cou de la jeune femme. Daevlyn ne pu s’empêcher de ressentir de la jalousie. Qui était cette femme et pourquoi lui faisait-elle ce qui lui était uniquement réservé.

Raphaël l’avait complètement oublié et Daevlyn avait la cruelle impression d’être à l’instant le seul à encore souffrir de leur séparation. Vivre seul ce qu’ils avaient jusqu’à maintenant vécu à deux était bien plus pénible. Cette complicité naissant entre ces deux être face à lui commençait déjà à le ronger, sentant le vil sentiment nommé jalousie prendre possession de lui.  Les voir ainsi enlacé lui faisait de plus en plus mal et Daevlyn détourna pour la première fois son regard de Raphaël pour s’apercevoir que la directrice semblait étonnée de les voir ainsi.

Lorsque Raphaël et cette femme se séparèrent enfin, Daevlyn crut pouvoir respirer de nouveau. Mais ce sentiment de léger soulagement fut très rapidement remplacé par la douleur du départ imminent de son amant.

La femme lui serra la main après celle de la directrice, lui adressant un sourire radieux et empli de reconnaissance. Daevlyn n’arriva cependant pas à éprouver de la sympathie pour elle. Sa jalousie prenait le dessus. Il ne répondit que vaguement à son sourire, par pure politesse. Il ne la regarda pas vraiment, son regard étant de nouveau fixé sur son

jeune amant. Il imprimait en lui ces dernières images, seule chose qui allait lui rester après son départ. L’adolescent aussi semblait avoir du mal à quitter son regard. Tous deux avaient beaucoup de difficultés à regarder ailleurs que dans leurs yeux. La possibilité de se prendre une dernière fois l’un dans les bras de l’autre et de s’embrasser avec passion leur était interdit, et il était évident qu’ils en souffraient terriblement.

Après un temps qui leur parut une éternité mais qui en même temps sembla incroyablement court, Raphaël détourna les yeux à regrets. Daevlyn en aurait été incapable. Lorsqu’il prit place à côté de cette femme dans la voiture, Daevlyn eut l’impression que son cœur se déchirait en deux.

Cependant, il fixait toujours son jeune amant, et il lui sembla voir ses lèvres s’entrouvrir avant de lui murmurer des paroles muettes lui était seulement destinées : « Je t’aime ».

Aussi longtemps qu’il le put, Daevlyn fixa Raphaël, jusqu’à ce que la voiture ne s’éloigne trop. Daevlyn avait l’impression qu’on venait d’arracher une partie de lui, il se sentait totalement abandonné, seul comme jamais. La voix stridente de la directrice résonna, l’empêchant de se laisser aller à pleurer :

- Bien vous avez une semaine pour rédiger cette lettre et partir d’ici.

Il se retourna, la toisant de toute sa hauteur et la regardant avec dédain. Il avait d’autre chose à penser que se préoccuper de cette vielle sorcière. Plus que tout, il voulait revoir Raphaël ne serait-ce qu’un court instant, juste pour avoir encore une dernière image de lui dans son cœur. Une idée lui vint à l’esprit, et sans y réfléchir, il partit en courant en direction des écuries, laissant la directrice outrée qu’il la laisse ainsi en plan.

En un instant, il avait un licol en main et se trouvait à courir dans le parc de Waterfalls à perdre haleine. Il avait largement le temps d’arriver à l’endroit ou il souhaitait avant Raphaël, mais il ne voulait surtout pas le rater. Il ralentit le rythme lorsqu’il arriva près de sa monture et une fois les signes précurseurs qu’il l’acceptait dans son espace, Daevlyn l’enfourcha et le lança dans un galop effréné sans attendre un seul instant.

Waterfalls se plia à la volonté de cet homme sans rechigner, lui offrant toujours ce qu’il souhaitait et prenant tout autant de plaisir que Daevlyn à s’élancer ainsi dans la prairie. Après quelques minutes, il était déjà arrivé à à la destination voulue et ralentit son cheval d’une simple pression légère sur la longe. Du galop, il passa au trop, avant de passer au pas et de s’arrêter définitivement à la lisière de la forêt à une dizaine de mètre de la voiture qu’il pouvait déjà apercevoir au loin.

Lorsque la voiture passa devant lui, il fixa la silhouette du jeune homme qu’il n’allait pas revoir avant une semaine. Son cœur se serrait fort, cette fois ci Raphaël partait pour de bon…

Daevlyn n’en fut pas sur, mais il sembla voir Raphaël lui souffler un baiser. Il resta là, à fixer la voiture qui commençait à disparaître à l’horizon, et quand celle-ci eux disparue, il ne détourna pas le regard de ce point invisible. C’était comme si à chaque instant, il espérait voir Raphaël revenir, que cette semaine se déroule sous ses yeux en un seul battement de cil.

Il ne sut combien de temps il resta ainsi, à regarder dans le vide, dans vraiment savoir pourquoi il s’obstinait à rester ici. Ce fut sa monture s’impatientant qui le rappela à l’ordre. Seulement, il n’avait pas envie de rentrer. Il n’avait aucune envie de retrouver ce lieu où chaque chose, chaque endroit lui rappellerait Raphaël et il avait encore moins envie de voir cette directrice. En plus du problème de la séparation, Daevlyn devait faire face à un autre problème et un problème de taille : sa démission forcée.

N’ayant vraiment pas la force de faire tout cela maintenant et d’affronter tout simplement la réalité, il dirigea sa monture dans le sens opposé au centre et la laissa aller à son propre rythme. Il ne voyait presque plus rien, sans s’en rendre compte, ses yeux s’étaient inondés de larmes : trop plein de tristesse. A aucun instant son cheval ne fit un  écart, ni un faux pas. D’un pas calme et assuré, il s’enfonça dans la forêt, comme s’il s’enfonçait dans l’obscurité mélancolique du cœur de son maître. Raphaël était partit depuis moins d’une heure, et il lui manquait cruellement. Il avait l’impression d’étouffer et avait de plus en plus de mal à respirer. Tout le reste de la matinée se passa ainsi.

Waterfalls allant là où il se souhaitait et Daevlyn n’étant plus vraiment là, se laissant totalement guider. Son cheval le portait, et il aurait été incapable de faire quoi que ce soir sans lui. Encore une fois, il se reposait entièrement sur sa monture, lui imposant des problèmes qui n’étaient pas les siens.

Vers midi, Waterfalls s’arrêta près d’une source et après s’être abreuvé, il commença a brouter les jeunes pousse d’herbe tendre la bordant. Jugeant que cet abattement était suffisant, Daevlyn tenta de se ressaisir et mit pied à terre, se laissant glisser lestement sur le sol. Faisant une confiance totale en sa monture, il la laissa en liberté et après d’être rafraîchit avec l’eau du ruisseau, il alla s’adosser à un arbre un peu plus loin profitant de son ombre pour s’y reposer.

La fatigue et la lassitude s’immiscèrent discrètement en lui, ne lui laissant même pas le temps de s’apercevoir qu’il était en train de fermer les yeux. Il s’endormit en un rien de temps, bercé par le ruissellement de l’eau et la proximité de sa monture. C’était une chose qu’il faisait fréquemment avant l’arrivée de Raphaël. Ces petits moments qu’il ne réservait qu’à lui, ces instants de solitude qui l’emplissaient d’un sentiment de repos et de paix.

Mais cette fois-ci une toute autre forme de solitude venait s’y mêler et empiéter sur sa paix. Cette sieste fut finalement tout sauf reposante. Il se réveilla en sueur d’un cauchemar au sujet de Raphaël qui souhaitait ne plus revenir dans cette endroit et vivre avec cette femme, traduisant ainsi sa plus grande angoisse.

Il avait tout de suite pressentit que Raphaël allait beaucoup s’attacher à cette femme, et après tout n’aurait il pas raison de quitter cet endroit et trouver le bonheur qu’il n’avait jamais eu. Daevlyn ouvrit difficilement les yeux. Son cheval s’était rapproché de lui, et le soleil avait bien avançé dans le ciel, passant presque derrière les montagnes. Il avait dont passé tant de temps à dormir ?

Il se releva en s’étirant, il était plus que temps de rentrer. Approchant avec délicatesse de Waterfalls, il l’enfourcha avec souplesse et se rendit au pas jusqu’à l’établissement, s’offrant tout de même un galop dans une clairière.  A contrecœur, il se sépara de lui, se rendant d’un pas ferme jusqu’à sa chambre. Après une rapide douche, il se rendit au réfectoire. Tout le monde avait dîner depuis longtemps et il se rendit directement dans les cuisines où il se servit seulement un morceau de pain et du fromage, se nourrissant plus par nécessité que par plaisir.

Il croisa malheureusement la directrice sur le trajet du retour jusqu’à sa chambre. Elle le toisa de haut, n’ayant apparemment toujours digéré ce qu’il lui avait fait ce matin :

- Je croyais que vous étiez partit pour de bon… Ce n’est pas le cas… Hum… A demain.

- Bonne nuit madame, ironisa Daevlyn, sur un ton de moquerie.

Une fois dans sa chambre, il s’étendit sur son lit en soupirant, ne prenant pas la peine de se déshabiller.

Il n’avait pas spécialement sommeil, mais n’avait rien d’autre à faire. Il fixa son plafond pendant des heures, pensant uniquement à l’être qu’il aimait, ne parvenant pas à avoir d’autres images que lui en tête. C’était sa première nuit de séparation et il aurait préféré dormir au lieu de se morfondre éveillé sur son lit. Toute la nuit, il ne réussit pas à trouver le sommeil, et ne se redressa qu’à l’heure du réveil des autres enfants. Lorsqu’il passa devant la chambre de Raphaël, son cœur se serra. Ne résistant pas, il y entra, et s’y aventura. Il vit un de ses t-shirts posé négligemment sur son lit. Il le porta à son visage et s’enivra de l’odeur de l’adolescent qui imprégnait ce morceau de tissu. Dieu comme il avait besoin de simplement le serrer dans ses bras, de le sentir tout contre lui, d’entendre sa respiration dans son cou et d’avoir l’impression que les battements de son cœur faisaient écho au sien.

Il regarda le lit de Raphaël : c’était là qu’ils avaient passé leur dernière nuit ensemble, et quelle nuit ! Au lieu de se laisser aller dans ces souvenirs, Daevlyn se sentit encore plus mal. Il ne remarquait vraiment que maintenant à quel point il était dépendant de lui.

Il finit par sortir de la chambre de Raphaël, déposant à contrecœur son t-shirt sur le lit. Il alla réveiller les adolescents, seule tache à accomplir cette journée. N’avoir rien à faire était finalement pire que tout, ne trouvant aucun moyen de s’occuper l’esprit. Il se sentait comme en état de manque, sa drogue n’étant autre que Raphaël.

Il n’avait pas sa dose quotidienne et son cœur le lui faisait ressentir plus que de raison. Il n’alla pas manger avec les autres, n’ayant aucune envie de voir d’autres personnes que Raphaël. Il n’alla d’ailleurs pas manger du tout.

Il s’en voulu d’avoir autant fait la guerre à Raphaël à ce sujet et de n’être même pas capable de se forcer comme il l’avait forcé. Mais il savait que le moindre aliment ne passerait pas.  En revanche, un autre petit être avait, lui, besoin de nourriture. Il prépara un biberon et l’amena au poulain. Celui-ci se jeta dessus goulûment. Jugeant qu’il n’avait rien d’autre à faire, il prit le poulain en longe et l’emmena dans un petit enclos séparé du parc, mais le longeant. Ainsi, il pourrait faire connaissance des autres chevaux et bientôt les rejoindre.

Heureux de la liberté qui lui était accordé, le poulain se laissa aller à galoper et à faire quelques cabrioles, sous le regard amusé de Daevlyn. Il aurait aimé que son cœur soit aussi léger et joyeux que ce poulain.

Il resta un moment à le regarder, et le laissa seul, ayant quelques petites réparations à faire dans l’écurie, qu’il avait toujours repoussées. L’heure du repas de midi arriva bien trop vite à son goût et il se rendit au réfectoire, jugeant qu’il n’était pas bon non plus de s’exiler totalement. Il marcha d’un pas lourd se trouvant pathétique de réagir de cette manière. Arrivé au réfectoire, il redressa la tête, s’attendant à voir la directrice le fixer et l’inciter à prendre place près d’eux. Mais il eut la surprise de voir un intrus à sa droite et Sébastien lui sourire. Il y répondit, tout en se demandant ce qu’il pouvait bien faire ici. D’un pas rapide cette fois-ci, il se dirigea jusqu’à la table, où il restait une

place près de Sébastien. Après un rapide bonjour échangé, il prit place et se servit du plat qu’on lui tendit.

- Voici Daevlyn, commença la directrice en s’adressa à l’homme qui se tenait près d’elle, il s’occupe de l’enfant qui est absent pendant une semaine. Du coup, il en profite pour ne rien faire.

- Et ? Il ne peut pas aller aider d’autres éducateurs ? demanda alors l’homme étrange.

- Non, non, je lui ai dit de se reposer.

Daevlyn faillit s’étouffer, choqué par l’hypocrisie de cette bonne femme.

- Daevlyn, voici l’inspecteur de l’hygiène et du mode de vie de nos pensionnaires. Il va rester ici un jour ou deux.

- Enchanté monsieur ?

- Marc, appelez-moi simplement Marc. Enchanté Daevlyn.

Le reste du repas se passa très simplement, s’échangeant simplement des politesses et des discours sans réel profondeur.

Lorsqu’ils eurent finit de manger, Sébastien prit congé avec Marc, laissant Daevlyn un peu étonné de ne pas pouvoir dialoguer avec son ami seul à seul. Il n’en tient pas compte et après être, lui aussi, sortit de table, il se rendit aux écuries, attrapa un licol et une grande longe, afin de travailler le poulain dans le rond de longe. Son programme de la journée était ensuite de s’offrir une balade avec Waterfalls, ayant du temps pour lui, autant se faire plaisir et ne pas rester là à ce morfondre. Il travailla Amaranth une bonne partie de l’après-midi. Celui-ci apprenait vite, mais restait malicieux, toujours près à faire une bêtise.

Le groupe des autres chevaux se tenait tout près et avait du rendre visite au poulain pendant que Daevlyn mangeait. Waterfalls les regardait depuis le début, se tenant un peu à l’écart.

Vers seize heure, il libéra le poulain, le laissant se défouler le reste de l’après midi. Il le rentrerait ce soir.

Alors qu’il retournait dans les écuries pour prendre le licol de Waterfalls et ranger celui d’Amaranth, il tomba nez à nez avec la directrice.

- Tiens, c’est justement vous que je cherchais.

- …

Daevlyn ne répondit rien, n’ayant rien à lui dire, et n’ayant surtout pas envie d’engager une conversation avec elle.

- Je voulais juste m’assurer que vos bagages étaient en préparation.

- Et si…

- Et si quoi Daevlyn, répliqua aussitôt la directrice.

- Et si je refusais de démissionner.

- Alors sachez que Raphaël le paiera d’une manière ou d’une autre. Sachez que j’en connais assez pour le faire plonger et pour ruiner toute sa vie future. Je ne…

La directrice s’arrêta subitement, fixant une chose qui se tenait apparemment dans son dos. Une voix provenant de derrière lui, le fit sursauter.

- Un problème avec Daevlyn, Ambre ? demanda Marc.

- Non, non, aucun, répondit-elle sèchement..

- Bien, ce n’est pas ce qui m’avait semblait comprendre.

Marc passa devant eux avec Sébastien qui sourit étrangement à Daevlyn semblant vouloir lui dire quelques chose, que malheureusement Daevlyn ne saisit pas. Ne voulant pas traîner avec cette femme, il attrapa le licol de son cheval et s’éclipsa, ne lui laissant pas le temps de l’arrêter.

Très vite, il retrouva Waterfalls et partit en ballade avec lui. Ce sentiment de liberté qui l’envahissait à chaque instant, était comme une sorte de nécessité pour lui qu’il ne comptait jamais abandonner un jour. Il rentra à l’heure du soupé, ayant fait une promenade plus qu’agréable, il rentra à pied à ses côtés pour le dernier kilomètre. Après l’avoir libéré et avoir nourrit et rentré Amaranth, il retourna voir le monde quittant sa solitude pourtant tant recherchée. Il eut le droit à un regard et une répliqua cinglante de la directrice sur son arrivée légèrement tardive à table, mais il n’en tint pas vraiment compte. L’appétit n’était pas là, et cela ne passa pas inaperçu aux yeux de Sébastien.

Arrivé dernier, il quitta la table le premier, n’arrivant pas à suivre une seule conversation. A son manque de Raphaël, s’était ajouté des questions à son sujet. Allait-il bien ? Est ce que tout se passait bien pour lui ? N’avait-il pas de problèmes et est ce que cette femme prenait soin de lui ?  Il était en réalité terriblement inquiet pour lui.

Il se rendit directement dans sa chambre, et après une rapide douche, il enfila un pyjama avant de se glisser sus les draps frais dans un soupire. Il ne supportait pas de se retrouver seul dans ce lit maintenant qu’il avait connu le plaisir de le partager avec Raphaël.

Le regard de la directrice constamment posé sur lui, cette pression qu’elle exerçait sur lui dès qu’elle en avait l’occasion était bien plus dure à supporter sans la présence de son amant.

Il était tout de même soulagé de ne pas avoir parler de sa démission forcée à Raphaël avant son départ, même s’il savait que celui-ci n’appréciait pas ce genre de chose. Mais il avait assez de problème à faire face seule et il restait cinq jours à Daevlyn pour trouver une solution.

N’ayant pas dormi depuis de trop nombreuses heures, c’est au milieu de pensées assez désagréables qu’il s’endormi.

Daevlyn se réveilla assez tardivement ce matin-là, et se laissa aller à traîner au lit, n’ayant aucune envie de devoir affronter cette nouvelle journée sans Raphaël. Il n’avait toujours pas fait la moitié de la durée de leur séparation, et il se demandait déjà sérieusement comme il allait faire pour tenir.

L’envie de prendre sa valise et de rejoindre Raphaël était une tentation de chaque instant. Comment y résistait-il ? Il ne le savait même pas.

Ce n’est que vers 10 heures qu’il se décida à sortir de son lit. Il prit sa douche, finit de se préparer et heurta de plein fouet la directrice en sortant de sa chambre dans le couloir. S’il y avait bien une personne à qui il ne voulait faire face en ce début de journée plus que mélancolique, c’était bien cette bonne femme. Il inspira avant de lui dire difficilement :

- Excusez-moi, je ne vous avez pas vu… Bonjour..

- Je croyais que votre tache était de réveiller les ados, vous n’avait que cela à faire.

- A qui la faute, le coupa-t-elle, n’ayant aucune envie de subir ses sarcasmes.

- Vous n’êtes pas en vacances, sachez que je peux ruiner votre vie en un claquement de doigt et vous envoyer croupir en prison de longues années.

- Vous ruinerez alors la réputation de cet établissement qui vous tiens tant à cœur, et la votre par la même occasion, dit Daevlyn de manière plus qu’insolente.

- Attention Daevlyn, si les menaces ne marchent pas sur vous, sachez que votre petit Raphaël peut le payer cher. Je peux l’envoyer dans un asile, de toute façon c’est tout ce qu’il mérité, je…

Daevlyn perdit tout son sang froid en un instant. Au moment ou Sébastien et Marc passèrent dans ce couloir, Daevlyn se jeta sur cette femme, et lui envoya une gifle monumentale en hurlant :

- Vous ne toucherez jamais à un cheveux de ce garçon ! Vous …

Alors que sa main s’élevait dans les airs une deuxième fois, son bras fut soudain fermement retenu par une personne dans son dos qui n’était autre que Sébastien accompagné de Marc.

La directrice se remit très rapidement du choc vociférant la main sur la joue :

- Vous êtes viré !

Marc prit alors la parole :

- Oh non madame. Daevlyn n’est pas viré. Je me présente, inspecteur des éducateurs. Si je ne me suis pas présenté à vous, c’est suite à une plainte de cet ex-directeur, Sébastien, sur votre manière de travailler et surtout sur votre harcèlement sur Daevlyn. J’ai tout observé et j’en ai largement assez vu. Vous ne pouvez plus, dès lors, exercer ce métier.

- Mais, il baise Raphaël, n’est ce pas à lui plutôt de… Enfin, il viole les adolescents ! Ce type est un pervers, un violeur !

- Vous voyez Marc, elle est totalement folle. Elle a déjà plongé, et tente même d’emmener de manière plus que puérile Daevlyn dans sa chute.

- Mais enfin, je ne délire pas, je les ai vu ! Dans la chambre de l’adolescent, la nuit… Il le baisait comme une bête !

- Vous aggravez votre cas Ambre, vous feriez mieux de vous taire… déclara Sébastien.

Daevlyn assistait à la scène, dans trop vraiment comprendre ce qui était en train de se produire. Etait-il en train de rêver ? Vivait-il vraiment la réalité ? Totalement perdu, Daevlyn se taisait et observait la scène se dérouler sous ses yeux, tel un spectateur ou du moins, un acteur passif. Une chose était sûre : il ne comprenait plus rien.

- Veuillez me suivre ! déclara soudain Marc.

Marc attrapa Ambre par le bras et l’entraîna à sa suite. Sébastien quand à lui resta à côté de Daevlyn qui était encore figé sur place.

- Je crois que je te dois quelques explications non ? Suis moi, on va au réfectoire, je crois que tu n’as pas encore déjeuné.

Daevlyn acquiesça et suivit quelque peu éberlué Sébastien qui marchait devant lui. Ils entrèrent tous les deux dans les cuisines lorsque Daevlyn pensa au poulain qui devait mourir de faim. Il s’excusa un instant auprès de Sébastien, disant qu’il revenait très vite, et fila avec le biberon qu’il venait de préparer. Après l’avoir rapidement nourrit, il rejoins Sébastien qui l’attendait à une des nom nombreuses tables du réfectoire avec un petit déjeuné copieux préparé pour deux.

Il s’assit en face de Sébastien, et attendit qu’il prenne la parole. Mais étonnement celui-ci était totalement muet. Il se contentait de le regarder, semblant perdu dans ses pensés. Ne supportant pas ce silence, Daevlyn préféra le briser :

- Je… je sais que je te dois beaucoup pour ce qu’il s’est passé. Je sais que sans toi, je ne m’en saurais pas sorti… Je… Merci.

- En effet, tu avais l’air d’être dans un sacré pétrin.

- Comment tu as su ? Je veux dire que… Comment ça se fait que tu sois revenu ?

- Je savais qu’elle ne te laisserai pas tranquille, alors j’ai demandé à Marc, un ami inspecteur, de te débarrasser d’elle.  Je n’ai pas eu beaucoup à interférer dans son jugement d’ailleurs. Te voilà débarrassé de cette bonne femme, et mieux encore, promu directeur à ma place.

- Comment ?

-  Je vais rester quelques semaines pour t’aider à te faire à ton nouveau poste. Mais avant, il y a une chose qui me tracasse.

Daevlyn resta muet, ne sachant pas vraiment quoi dire et encore moins quoi penser. Trop de choses venaient de se produire pour qu’il puisse vraiment réaliser.

- Je savais que tu étais dans le pétrin à la base, mais comment tu as fais pour t’enfoncer autant ? La directrice disait-elle vrai ?

Daevlyn ne répondit rien, et Sébastien eu sa réponse. Mal à l’aise, il détourna le sujet.

- Je ne vais pas te juger, surtout au vu de ce que j’ai faillit te faire.

Un autre silence vint se joindre à cet instant, silence les replongeant tous deux dans cet instant qu’ils préféraient oublier.

- Tu… Tu ressens vraiment quelque chose pour ce gamin ? Tu… Tu l’aimes ?

- Oui. répondit simplement Daevlyn.

Il n’avait rien d’autre à y ajouter.

- J’espère qu’il t’apportera le bonheur que je n’ai su t’apporter. Je…

Daevlyn redressa la tête. Son ouïe ne l’avait pas trahie, il avait bien entendu la voix de Sébastien se briser dans ses derniers mots. Des larmes emplissaient ses yeux. Daevlyn sentit son cœur se serrer. Il savait que les sentiments que Sébastien éprouvait pour lui étaient toujours là. Savoir que ce n’était qu’un amour vain à sens unique devait lui faire terriblement mal. Ne pouvant pas lui offrir son âme et son amour, Daevlyn se leva et fit le tour de la table pour s’asseoir sur la chaise voisine à Sébastien.

Il l’enlaça tout simplement, ne sachant pas vraiment si cela enfoncerait plus Sébastien qu’il ne l’était déjà. Mais la chose dont il était sûr, c’était que Sébastien avait besoin plus que tout en cet instant d’être pris dans ses bras, et de laisser aller sa peine. Cela lui faisait bizarre. Alors que ça avait toujours était lui qui était à la place du consolé, voilà maintenant qu’il était en train de lui passer la main dans les cheveux, tendrement, lui disant combien son amitié était importante pour lui et le remerciant pour tout ce qu’il avait fait pour lui. Les derniers mots qu’il lui murmura à l’oreille résonnèrent longtemps dans l’esprit de Sébastien, des mots que pour la première fois Daevlyn pouvaient prononcer avec sincérité :

- Je te pardonne…

Ils restèrent un long moment, simplement enlacé ainsi, sans aucun autre geste. Lorsque Daevlyn finit par s’écarter de Sébastien, il lui sourit tristement. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire. Ce fut Sébastien qui une fois de plus prit l’initiative de la parole. Ce qui venait de se passer ne fut pas abordé, comme s’il ne s’était rien passé.

- Je te laisse préparer tes affaires tranquillement cet après midi, tu déménageras demain.

- Comment ça ? déclara Daevlyn, ne comprenant pas où il voulait en venir.

- Tu vas habiter dans la dépendance pour le directeur que tu es maintenant devenu. Là où j’habitais, et là où Ambre est en train de rassembler ses faire et de faire ses valises. Tu verras ce n’est pas un palace, mais tu y sera bien mieux que dans ta petite chambre de fonction.

Daevlyn avait encore du mal à réaliser. Il était devenu le directeur de cet établissement. Il n’aurait plus à répondre de personne. La seule chose qu’il devrait faire, c’est veiller au bien être des adolescents. Enfin, il pourrait façonner cet endroit selon sa vision des choses, dans le prolongement de celle de Sébastien.

Soudain, un problème de taille le heurta. S’il était directeur, il ne pouvait plus s’occuper d’adolescent personnellement.

- Sébastien ! Qui va s’occuper de Raphaël ?

- Un de tes employés, je ne vois pas où est le problème…

Tout cela était donc trop beau pour être vrai. Il fallait qu’il y ait une ombre au tableau. Il préféra taire ce problème à Sébastien. Il avait fait déjà beaucoup pour lui et ce n’était pas à lui de s’occuper de ce genre de chose.

Ils allèrent tous deux dans l’écurie et sortir Amaranth avant de s’offrir un ballade à cheval. Sébastien monta Diamond Dust et Daevlyn prit bien évidemment son cheval.

Il ne rentrèrent qu’à une heure avancée de l’après midi, profitant des grandes plaines qui s’offraient à eux pour de longs galops endiablés, retrouvant l’intimité qu’ils avaient eut par le passé. Après avoir rentré Amaranth, Daevlyn et Sébastien se séparèrent pour chacun vaquer à ses occupations personnelles.

Daevlyn passa un temps fou à rassembler toutes ses affaires et à les mettre dans les cartons que Sébastien était allé lui dégoter. Il avait entassé dans ses placards beaucoup de souvenirs dont beaucoup lui revenaient maintenant en mémoire.

C’est en sortant de sa chambre qu’il réalisa subitement. Jamais plus Raphaël ne pourrait venir se glisser discrètement dans sa chambre… Daevlyn n’étant plus surveillant de nuit, Raphaël ne pourra de toute façon plus se permettre de sortir la nuit. Un sentiment d’intense mélancolie prit possession de lui, et sans trop s’en rendre compte, il se retrouva dans la chambre de Raphaël. Il attrapa son pull qui était toujours posé sur son lit. Il le saisit contre lui, et s’enivra tout comme la dernière fois de cette odeur. Il ne parvint pas à le laisser dans la chambre et l’emmena avec lui, le mettant soigneusement dans son sac. Malgré tous les évènements, Raphaël lui manquait toujours autant, c’était même pire, maintenant qu’il savait que la presque tranquillité de leur rapport quotidien était grandement menacée.  Se rendant compte qu’il était déjà l’heure de manger, Daevlyn marcha d’un pas lourd jusqu’au réfectoire, où il eut le plaisir de ne pas voir la directrice. Cela lui ouvrit l’appétit. Il s’assit à côté de Sébastien, et après un sourire échangé, il parlèrent de choses et d’autres, se retrouvant, et renouant l’amitié qu’ils avaient failli perdre.

A la fin du repas, Sébastien lui demanda :

- Tu as quelque chose à faire ce soir ?

- Euh… non, répondit Daevlyn ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre.

- Je vais commencer à te montrer ton bureau.

Daevlyn le suivit et assez rapidement, Sébastien lui expliqua des tas de choses qu’il connaissait presque totalement. Soudain le téléphone sonna et c’est par réflexe que Sébastien décrocha.

Après un dialogue échangé qui dura une petite minute, Sébastien se tourna vers lui avec un sourire coquin et lui dit :

- Tiens, c’est pour toi…

Ne sachant pas trop à quoi s’en tenir, Daevlyn prit le combiné et entendit alors :

- A… Allô ?

Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Cette voix, il avait tant espéré l’entendre depuis leur séparation. C’était comme s’il vivait un de ses rêves.

Sans trop y croire, il appela la personne se trouvant à l’autre bout du combiné :

- Raphaël ?

- Dae… Daevlyn…

Daevlyn sut à cet instant qu’il vivait bien quelque chose de réel et que cette voix n’avait pas était le fruit de son imagination. C’était bien Raphaël qu’il y a avait à l’autre bout du fil. Même s’il ne l’avait pas en chair et en os en face de lui afin de l’étreindre, il pouvait au moins entendre le son de sa voix…

- Daevlyn c’est bien toi… tu me manques… tu me manques tellement… c’est trop long sans toi…

- Oui c’est moi mon ange, toi aussi tu me manques… tout ce passe bien pour toi ? Je m’inquiète tellement pour toi mon coeur…

- Oui… oui je vais bien… merci de t’inquiéter pour moi… et toi ? Ca va ?… Et Amaranth il va bien ? Et Diamond Dust aussi ? Tu me manques tu sais…

Raphaël semblait profondément troublé par la conversation, car il passait vraiment du coq à l’âne. Cependant, Daevlyn pouvait parfaitement comprendre son état, étant dans le même que lui.

- Oui, Amaranth et Diamond Dust vont bien. Tu leur manque à eut aussi, j’ai l’impression qu’Amaranth boude parce que c’est moi qui lui donne à manger. Je crois qu’il languit ton retour… et moi aussi je me languis de toi mon ange…

- Tu me manques aussi…  j’ai hâte d’être de retour… je t’aime Daevlyn…

- Moi aussi je t’aime mon ange…

Ils restèrent un long moment au téléphone, s’échangeant régulièrement des mots d’amour, appréciant d’entendre la voix de cet être si cher à leur cœur comme si cela leur permettait de ressentir la présence de l’autre à leurs côtés. A cet instant, il n’était plus question de nuit et de jour, d’océan à traverser, seul comptait la voix tant chérie. Daevlyn ne lui parla pas de sa nouvelle promotion, voulant que Raphaël profite de son séjour qui se passait apparemment très bien outre son manque de lui.

C’est au moment où Raphaël commença à donner des signes de fatigue que Daevlyn demanda, se maudissant de ne pas y avoir pensé :

- Quelle heure est-il chez toi ? Tu bâilles depuis un moment déjà, ne devrais-tu pas penser à te coucher ?

- , je… j’arrivais pas à dormir, tu me manquais trop… il est quatre heures ici…

D’une voix faussement sévère, Daevlyn déclara alors :

- Tu profites d’être loin de moi pour faire des folies… Attends voir que tu sois de retour… Aller mon ange, vas te coucher… d’ici j’entends que tu tombes de fatigue…

- Je veux pas aller me coucher… Je veux rester avec toi Daevlyn…

Daevlyn fut touché par ses paroles, et il du user de sa raison et non de sa passion pour ne pas lui céder.

- Moi aussi Raphaël. Mais soit raisonnable, profite de Suzanne un maximum, moi je te verrais à ton retour pour ne plus se quitter. J’ai tellement hâte que tu sois de retour… - D’accord, je vais me coucher… mais tu me promets de m’appeler bientôt hein… même si c’est la nuit c’est pas grave…

- Je te promets, bonne nuit mon ange, dors bien… je t’aime…

- Merci Daevlyn… bonne nuit à toi aussi… je t’aime…

Daevlyn posa le combiné sur le bureau, ayant du mal à retrouver sa place initiale. Sébastien était à ses côtés et avait assisté à toute la conversation. Il regardait Daevlyn, ému, comprenant qu’il avait agit comme il se devait. C’était réellement de l’amour entre ces deux personnes, et il ferait tout pour protéger leur bonheur, mettant en avant de son ami le plus cher.

Ils terminèrent ce qu’ils avaient à faire puis se séparèrent pour aller chacun se coucher.

A peine arrivé dans la chambre, Daevlyn s’étendit sur son lit. Il s’était passé tellement de choses dans cette chambre et c’était certainement la dernière nuit qu’il y passait.

Il finit par fermer les yeux, s’enfermant lui même dans sa coquille de souvenir de Raphaël, profitant de chaque image lui revenant en tête, un sourire mélancolique lui étirant les lèvres.

Daevlyn fut réveillé par la lumière vive du soleil déjà assez haut dans le ciel. Il tourna la tête vers son réveil et vit qu’il était déjà 11h du matin. Il ne se pressa pas, il avait le temps, cet après midi, il allait s’installer tranquillement dans son nouveau chez lui. Il s’étira, profitant pour la dernière fois de ce lit dans lequel il ne dormirait plus jamais.

Il finit par se lever et filer sous la douche, profitant de l’eau bienfaitrice coulant sur sa peau.

C’est au moment où il sortait de la douche en serviette dans sa chambre que sa porte s’ouvrit à la volée sur Sébastien. Son regard s’arrêta un instant sur son torse nu encore humide, mais il se reprit assez vite et déclara avec un sourire :

- Raphaël est de retour, il est en bas avec Suzanne.

- Mais… dit Daevlyn qui ne comprenait pas, il était censé partir pendant une semaine, et quand je l’ai eu au téléphone il ne m’en a pas parlé…

- Toujours est-il qu’il est en bas… Au fait, j’ai nourris Amaranth ce matin, comme tu ne déniais pas te lever…

En moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, Daevlyn était habillé et coiffé et suivit Sébastien qui était allé l’attendre dans le couloir.

Daevlyn avait vraiment beaucoup de mal à y croire. Raphaël était là, il était finalement de retour. Il allait pouvoir le prendre dans ses bras, le serrer fort, l’embrasser fougueusement, s’enivrer de son odeur si particulière et…

Ses joues prirent quelques couleurs lorsque d’autres idées lui vinrent à l’esprit.

Sébastien le laissa et bifurqua dans un couloir, lui disant qu’il le laissait profiter de ses retrouvailles et qu’il avait des choses à faire. Daevlyn se dirigea d’un pas pressé jusqu’à l’entrée, et c’est là qu’il le vit. Se tenant juste devant la porte, il regardait la voiture de Suzanne partir. Arrivé à une distance moindre, il s’approcha bien plus lentement de lui, se glissant le plus doucement possible.

Arrivé à sa hauteur, il regarda s’il n’y avait personne et l’enlaça par derrière, déposant un baiser dans sa nuque libérée par ses cheveux attachés. Raphaël sursauta et se retourna aussitôt. L’expression de peur qu’il aurait pu ressentir s’envolant aussitôt pour laisser place à un sourire splendide.

Daevlyn était heureux comme jamais. Raphaël était là, dans ses bras, et il répondait à son étreinte. Tous deux se serraient fort, comme pour se prouver qu’ils étaient réellement l’un contre l’autre, pour de vrai. Tout semblait si irréel.

- Tu m’as tellement manqué ! dit Raphaël les larmes aux yeux.

- A moi aussi Raphaël, si tu savais…

- Je n’en pouvais plus, j’ai supplié Suzanne de rentrer après ton coup de téléphone, je…

Daevlyn l’étreignit un peu plus fort, ne voulant surtout pas qu’il se mette à pleurer.

Il avait soudain une envie folle de l’embrasser, de prendre possession de ses lèvres. Rapidement, il s’écarta de lui, le saisit par le bras et prit sa valise de l’autre main. Il le guida rapidement jusqu’à sa chambre. Le couloir était vide et personne ne les surprit.

Légèrement essoufflé par la course folle qu’ils venaient de faire jusqu’à la chambre, Raphaël eut à peine le temps de refermer la porte derrière lui, qu’à peine retourné Daevlyn avait prit possession de ses lèvres.

Cette timidité appartenant seule à Raphaël, cette bouche, cette langue, ces lèvres et leur goût légèrement sucré, tout cela lui faisait perdre la tête. Enivré d’amour pour son amant, Daevlyn mettait toute sa passion dans ce baiser de retrouvailles trop longtemps attendus.

Etonnamment, ce furent les mains de Raphaël qui commencèrent à être baladeuses les premières, mais furent très vite suivies de celle de Daevlyn. Alors que celles de Raphaël parcouraient son dos en se glissant sous son t-shirt, celles de Daevlyn passaient sur le torse de son amant, sensible au moindre attouchement. Daevlyn avait l’impression que cela faisait des millénaires qu’il n’avait pas sentit la peau de l’adolescent se réchauffer sous ses mains. Celui-ci était déjà chancelant, enivré des caresses de son amant, ses jambes n’allaient bientôt plus le maintenir. Daevlyn glissa sensuellement ses mains sur les tétons de son amant, frémissant en les sentant se durcir sous ses mains habiles. Il commençait à connaître de mieux en mieux ses points faibles, car Raphaël ne pu se retenir et laissa échapper un gémissement empli de chaleur qui fut radical pour Daevlyn. Aussitôt il se colla plus près de lui, prenant bien soin de plaquer son intimité durci contre le bassin de son amant qui s’empourpra aussitôt. Le baiser en fut immédiatement plus enflammé. Ils n’avaient pas besoin de se dire combien ils s’étaient manqués, leur corps parlaient pour eux. Le corps de Raphaël commençait légèrement à onduler, et la main de Daevlyn dérapa dans son dos. Inversant les rôles, Raphaël vint glisser sa main sur le torse musclé de ton amant. Daevlyn glissa ses mains jusqu’au bas de ses reins, avec une lenteur calculée, attendant le moment propice à franchir le cap, tout en butinant son cou de légers baisers, allant même jusqu’à mordiller le lobe de son oreille. La tension devenait palpable, en plus du manque de la présence de leur amant, ils ressentaient réellement à cet instant un manque purement charnel. Depuis quand en était-il devenu dépendant à ce point ?
Jamais Daevlyn n’aurait pensé prendre autant de plaisir à se délecter de la peau fine légèrement sucrée du cou de son amant. Le sentir frémir, entendre les gémissements qu’il ne pouvait contenir à cause de ce qu’il lui faisait, le transportait vers un ailleurs. La sensualité que dégageait son amant avait le don de lui faire perdre la tête. Il n’était plus question de mots, mais uniquement de gestes savamment orchestrés par le désir de l’autre et l’amour. Ses pulsions étaient déjà présentes et contenues à plus grande peine. S’il ne faisait pas attention, un jour, il craquerait bien trop tôt. Mais cela faisait partit du charme de ce « jeu » de séduction et d’envie jusqu’au moment ultime. Ce n’était pas un pur assouvissement bestial, mais l’expression de cet amour qui les consumait. Cependant, ce sentiment amoureux était proche de celui qu’on appelle folie. Un simple regard de l’un embrasait l’autre à l’instant même.

Les mains de Daevlyn ne résistèrent plus bien longtemps et finirent par passer sur le fessier de son jeune amant avant de se glisser dans son jean laissant juste passer une seule main. L’autre, plus baladeuse et coquine effleura l’intimité de Raphaël qui s’enflamma à ce simple contact, s’arquant sous la frustration et le plaisir mêlé ressentit.

L’adulte ne mit pas bien longtemps à ouvrir le jean de son amant, laissant plus de liberté de mouvement à sa jumelle. Sentant que Raphaël ne tiendrait plus très longtemps sur ses deux jambes, il le poussa jusqu’au mur parcourant un petit mètre. C’est un peu brutalement qu’il y fut plaqué. Mais Daevlyn ne tarda pas à s’excuser en l’embrassant avec une fougue et une passion que lui même ne se connaissait pas.

Cette volonté d’emprise totale sur son amant et de possession de tout son corps et de toute son âme lui faisait peur, et il tentait grandement de la réprimer. Le prendre à l’instant aurait été tout à fait possible.

Mais pour l’instant, il se concentrait sur plaisir que ressentait Raphaël, rien que par ce baiser, les mains crispées sur sa nuque, l’attirant encore et toujours plus près par un baiser diablement plus profond.

Leur langue se mêlaient sans aucune pudeur, et c’est simplement le manque d’air qui les séparaient d’infimes secondes. C’est une passion dévastatrice qui les habitait dans un lieu presque onirique.

C’est à grand peine qu’il quitta sa bouche pour ôter le t-shirt de l’adolescent qui semblait être dans le même état que Daevlyn. Ses mains quittèrent les fesses fermes de Raphaël pour rejoindre son torse dénudé à la peau blanche hâlée. D’une main, il lui releva le menton légèrement, afin de laisse le chemin libre pour ses lèvres. De la bouche de Raphaël, il descendit, parsemant son chemin de baisers de ses lèvres jusqu’à sa pomme d’Adam pour faire une halte sur son torse, titillant de sa langue les zones qu’il savait érogènes par expérience. Galvanisé par les gémissement mal contenus de son amant qui portait une main à sa bouche, il ne tint pas plus longtemps et continua sa course bien plus au sud…

Ses mains précédèrent son arrivée et baissèrent le jean de Raphaël en même temps que son pantalon, cessant sa course au niveau de ses genoux. Une main effleura le sexe dressé de son amant qui ne pu retenir un gémissement de plus. Quant à l’autre main, elle se saisit de celui-ci accompagnant sa langue qui avait touché à son but. Tout le corps de Raphaël se contracta sous l’afflux de sensations que Daevlyn lui offrait.

L’adulte mit tout son savoir faire en œuvre, voulant que son amant prenne un maximum de plaisir. Chaque coup de langue, chaque mouvement étaient calculés dans le seul but d’amener Raphaël à l’extase. Celui-ci la main droite plaquée contre sa bouche n’avait de cesse que de réprimer des gémissements plaisirs, voir de petits cris, tandis que sa main gauche était perdu dans la chevelure de son amant, l’accompagnant dans ses mouvements de sucions. Daevlyn leva les yeux vers le visage de Raphaël et pu admirer l’expression de celui-ci. Leurs regards se croisèrent un instant, jusqu’à ce que Raphaël ferme les yeux, gêner mais surtout en train de tenter de rester sur terre. La façon si particulière qu’il avait de se mordre la lèvre inférieure, et ses joues rosies par le plaisir donnèrent une toute autre vigueur à Daevlyn qui mit encore plus de cœur à l’ouvrage. Au bout d’un moment, Raphaël se déversa dans un cri qu’il ne pu, cette fois-ci, contenir. Daevlyn avala la semence de son amant, s’en délectant avant d’embrasser le bas de son ventre. Les jambes de Raphaël semblait maintenir son corps léger à grand peine.

Lorsque leur langue se rencontrèrent de nouveau, c’était pour s’embrasser avec mille fois plus de passion. L’érotisme et la tension que tous deux dégageaient suite à ce qu’ils venait de faire était presque irrespirable pour une personne extérieure à leur monde. Soudain le regard de Raphaël se modifia un peu. On aurait dit que ce mêlait à sa timidité habituelle un regard de prédateur.

Il repoussa doucement Daevlyn, qui se laissa faire curieux de ce que l’adolescent avait en tête. Il marcha à reculons jusqu’à son lit, et d’un simple mouvement de la main Raphaël le fit tomber en arrière.

D’une manière féline comme Raphaël savait si bien le faire, il se plaça au dessus de son amant, et se mit à ouvrir un à un les boutons de sa chemise, prenant soin de laisser glisser ses doigts sur son torse.

Le cœur battant, Daevlyn se demanda ce qu’allait vraiment lui faire Raphaël lorsqu’il s’attaqua de la même façon à l’ouverture de son jean. Daevlyn n’en pouvait plus de chaleur et il n’aurait pu dire où il se trouvait. Jamais Raphaël n’avait était comme ça, et cette fois ci, il était si… Sensuel.

Une chose était sure, cela était loin de lui déplaire.

Son entre-jambe était d’ailleurs là pour le démontrer. Raphaël regarda Daevlyn d’une manière emplie de chaleur avant de reporter son attention sur sa tache. Il prit soin de lui laisser son boxer, et passa plusieurs fois sa main dessus allant du simple effleurement à la caresse plus poussée avec un savoir faire que Daevlyn ne lui connaissait pas.

Puis, prenant soin de coller sa peau nue contre celle de Daevlyn, il revint prendre possession des lèvres de son amant et l’embrassa comme jamais. Une passion brûlante et un désir charnel les guidait tous deux.

Daevlyn n’osait même pas poser ses mains sur l’adolescent, ne voulant pas interrompre cet instant qui avait quelque chose de surnaturel. Les mains de Raphaël quand à elles, ne se gênaient pas pour parcourir dans aucune pudeur le corps de Daevlyn. Ses gestes n’avaient plus rien d’hésitant. Où avait-il prit une telle assurance ? Bien vite, sa main retrouva le lieu qu’elle venait de quitter, dans le but de libérer une partie de l’anatomie de Daevlyn maintenant bien trop serrée par un morceau de tissu.

Lorsque Raphaël s’écarta des lèvres de Daevlyn, celui-ci ne résista pas et voulu lui demander s’il se sentait vraiment prêt à ce qu’il se préparer à faire :

- Raphaël je…

Celui-ci lui coupa la parole et déposant un doigt sur sa bouche et en murmurant un « chuuuut… ».

Comment résister à une telle demande. Raphaël lui sourit simplement, et entreprit de descendre jusqu’à l’entrejambe de Daevlyn qui n’attendait plus que lui. Il prit cependant tout son temps pour faire ce trajet, s’attardant avec habilité sur des points sensibles, laissant ses mains préparer le terrain. Elles l’avait déjà débarrassé de son pantalon et de son boxer, lorsque les lèvres et la langue de Raphaël arrivèrent à destination.

Une explosion de ressentis, de plaisir, de sensations toutes plus enivrantes les unes que les autres prirent possession de lui. Raphaël accomplissait sa première fellation avec un savoir inné.

Daevlyn ondula du bassin, en extase la plus totale. Il avait l’impression de vivre un rêve éveillé. Tout cela semblait presque irréel, mais tellement bon…

Sous l’afflux de plaisir ressentit et galvanisé par ce genre de caresse, Daevlyn ne savait plus trop ce qu’il se passait, ni ce qu’il devait faire. C’est à ce moment là, alors qu’il était au bord de la jouissance, Raphaël choisit de faire une pose. Il attrapa une des mains de Daevlyn, et sélectionna deux doigts qu’illécha de la même manière qu’il venait de faire à un tout autre endroit.

Daevlyn du faire appelle à toute sa raison pour ne pas se déverser sur le champ face à cette vision. Lorsque Raphaël jugea les avoir assez humidifié, il se plaça de dos à Daevlyn toujours au dessus de lui, et se pencha, montrant à Daevlyn de manière plus qu’explicite ce qu’il attendait de lui. Cette fois-ci, ce fut Daevlyn qui fut gêné, mais il ne se laissa pas démonter pour autant, et tentant de garder ses esprits malgré ce qu’avait recommencé à lui faire Raphaël, il caressa avec tendresse en envie les fesses de Raphaël avant de commencer la préparation exigée par celui-ci avec ces doigt pré-humidifiés. Tout le corps de Raphaël se tendit lorsqu’il inséra un premier doigt en lui, et celui-ci mit encore plus de vigueur à la tache. Ils continuèrent tous deux, se procurant une sorte de plaisir totalement différent mais tout aussi intense.

Après un temps, Daevlyn ne tint plus et finit par jouir, ne parvenant même pas à prévenir Raphaël avant que cela n’arrive. Raphaël se remit alors à l’endroit, mettant par la même fin à la préparation de Daevlyn. Il retrouva ses lèvres comme s’il ne les avait pas embrassées depuis des années.

Daevlyn ne tint plus et l’excitation étant déjà de nouveau présente, il se redressa un peu et renversa les rôles, se trouvant au dessus de Raphaël qui se laissa faire, semblant totalement en confiance dans ses bras.

Après un acquiescement de la part de Raphaël, Daevlyn se mit en position et d’un coup de rein habile et infiniment doux, il le pénétra, fermant les yeux sous la multitude de sensations que lui offrait cet instant à chaque fois. Raphaël ne put s’empêcher de grimacer légèrement sous la présence imposante de son amant. Comme à leur habitude, ils attendirent que Raphaël s’habitue à sa présence en lui, en profitant pour s’inonder de baisers divers et variés.

Lorsque Daevlyn commença à se mouvoir en Raphaël, leur gémissements se firent écho. Très vite, Raphaël sembla oublier sa douleur et prendre réellement du plaisir. Raphaël accompagnait les mouvements de Daevlyn toujours plus profond et puissant. Tous deux s’envolaient vers l’extase, n’ayant comme horizon que le visage de l’autre et ses yeux pour se perdre dans leurs regards.

Ils finirent par jouir simultanément, dans un râle de plaisir. Ce qu’ils venaient de vivre ensemble était inoubliable. Daevlyn s’était donné à fond et en avait les jambes presques tremblantes.

Tout avait été presque au summum…

Daevlyn finit par se retirer et il s’allongea dans le lit une place de Raphaël tout contre lui. Il se laissa aller à inhaler cette odeur si particulière qui lui avait tant manquée.

Alors qu’il se laissait aller à ce simple instant, et était presque près à fermer les yeux, profitant de la simple présence de son amant collé tout contre lui, la tête posée sur son bras, il sentit celui-ci se redresser et placer son visage juste à côté du sien, juste avant de lui murmurer à l’oreille :

- Encore…

Daevlyn ouvrit les yeux et tourna la tête. Il avait l’impression de s’être assoupi. Il tourna la tête vers l’endroit où devait se trouver Raphaël, mais il n’était pas la. Il ne se trouvait pas dans la chambre de Raphaël, mais dans la sienne…

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 19:27 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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