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Mourir pour revivre - Chapitre 18

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 18 écrit par Lybertys

Ne voulant pas en faire trop d’un coup pour l’adolescent et craignant ses propres désirs s’ils continuaient plus longtemps à s’embrasser ainsi, Daevlyn mit fin au baiser. Il se recula légèrement et regarda Raphaël. Jamais il n’aurait cru ressentir autant de bonheur après un baiser. Il se sentait soudain léger et avait l’impression que rien ne pouvait l’atteindre.

Raphaël avait encore les yeux fermés et son visage angélique lui donnait presque envie de recommencer. Mais c’est à ce moment là que Raphaël ouvrit les yeux et rougit violemment. Lorsqu’il vit celui-ci baissa la tête, semblant honteux, Daevlyn fut immédiatement attendrit. Délicatement il exerça à l’aide de sa main une légère pression sur son menton afin de l’inciter à le regarder. Voyant que cela réussissait à le rassurer, il l’attira dans ses bras et le serra contre lui si fort que Raphaël cru étouffer. Mais Daevlyn avait plus que tout besoin de le serrer ainsi dans ses bras. Sentent le visage de Raphaël s’enfouir dans son cou, il fut envahi d’une agréable sensation de bien-être.

Tous les muscles de Raphaël se décontractèrent peu à peu, témoins de sa chute progressive dans un doux sommeil. Lorsque Daevlynl senti que l’adolescent était enfin endormi, il le déposa dans son lit avec une infime délicatesse et le borda. Ne résistant pas à la tentation, il l’embrassa furtivement, puis quitta la pièce après un dernier regard à l’adolescent endormis.

Une fois allongé dans son lit, Daevlyn dormit paisiblement et pour une fois aucun cauchemar ne vint troubler sa nuit. Il ne se réveilla que le lendemain matin, trouvant pour une fois que cette nuit l’avait reposé. Il se lava, s’habilla à la hâte et après un rapide réveil de tous les adolescents, il se rendit le cœur léger au réfectoire.

Il alla ensuite rejoindre Raphaël dans le hall, lui adressant un sourire resplendissant auquel Raphaël répondit timidement. Ce fut seulement lorsqu’ils furent hors du champ de vision de tous que Daevlyn lui déposa un tendre bisou sur la joue. Il n’avait pas résisté à l’envie de lui faire cela. Etant soulagé de la réaction de l’adolescent, Daevlyn marcha à ses côtés.

Pendant que Raphaël allait chercher sa monture, Daevlyn alla saluer la sienne et observa un de ses sabots ayant l’impression qu’il boitait. Alors qu’il allait se diriger vers l’entrée du parc pour y attendre Raphaël, il vit que celui-ci n’était pas à côté de sa monture. Il tourna alors la tête le cherchant des yeux et le vit alors assit à observer une jument et un poulain qui venait de naître. Il avait tellement été absorbé par Raphaël qu’il n’avait même pas vu que cette jument avait mis bas.

Il s’approcha alors de lui et vint s’asseoir à ses côtés. Le voir aussi captivé le rendait heureux. Avec lui, il pouvait pleinement partager sa passion.

- Éclipse à dû mettre bas cette nuit ! Son poulain est magnifique !

Raphaël ne répondit rien, trop occupé à contempler le poulain pie noir qui tentait maladroitement de se mettre sur ses jambes. Devant la maladresse et l’hésitation de ce petit ce petit être, Raphaël eut un éclat de rire franc et sincère. Daevlyn qui ne l’avait encore jamais entendu rire se tourna vers lui et l’observa longuement.

Après être resté une longue heure à observer le nouveau-né, ils attrapèrent Diamond Dust et sortirent du parc.

Le reste de la journée se passa paisiblement. Daevlyn obtint même de la part de Sébastien la permission d’avoir quartier libre avec Raphaël et de ne plus l’emmener au randonnés le dimanche.

Il put encore une fois apprendre énormément de chose à Raphaël. Transmettre son savoir semblait lui faire tout autant plaisir qu’à Raphaël.

Leur leçon de l’après midi se termina plus tard que les soirs précédents, trop concentrés dans ce qu’ils faisaient. Ce fut Sébastien qui vient les ramener à l’ordre. Il attira même Daevlyn à l’écart et lui dit sans plus de cérémonie :

- Toutes mes félicitations Daevlyn, je ne pensais pas que tu arrivais à ces résultats là. Honnêtement je ne peux que te dire de continuer ainsi.

Sébastien s’en alla sur ses paroles laissant Daevlyn et Raphaël finirent de s’occuper de leur monture.

Plusieurs fois alors qu’ils brossaient l’animal, les doigts de Raphaël et Daevlyn s’effleurèrent par inadvertance, ce qui valut un certain échauffement au niveau des joues de l’adolescent, agrémentés de petits sourires timides furtifs lancés à Daevlyn.

Une fois les chevaux brossés, ils ramenèrent les chevaux au pré. Quand Diamond Dust fut libre, Daevlyn vit Raphaël parcourir le parc des yeux et se diriger en courant vers le jeune poulain. Il l’attendit un moment avant de partir à sa suite inquiet du temps qu’il mettait. Ce qu’il vit en arrivant enfin prêt d’eux le peina. La jument était couchée sur le sol, et Raphaël était agenouillé auprès d’elle, tentant de rassurer la jument. Ne perdant pas un seul instant il saisit son portable et appela le vétérinaire, le pressant de venir au plus vite. Lorsqu’il raccrocha, il vit les yeux de Raphaël rougit par les larmes se plonger dans les siens. Tout deux mourraient d’inquiétude, mais Daevlyn savait qu’il ne pouvait rien faire. Il se contenta de déclarer :

- Le vétérinaire arrive…

Après un temps qui leur parut une éternité, la jument fut transportée dans un box de l’écurie avec son poulain. Le vétérinaire n’arrivait pas à déterminer la cause de l’état de la jument. Il conseilla à Daevlyn de la laisser se reposer au calme pendant deux ou trois jours.

Raphaël était toujours auprès de la jument, et la caressait longuement, voulant lui faire sentir qu’elle n’était pas seule. Ne supportant pas de le voir s’inquiéter autant Daevlyn posa un main sur son épaule tentant de le rassurer alors qu’il n’avait lui même plus aucun espoir quant à un quelconque rétablissement. Il tenta vainement de le rassurer.

Ils quittèrent tout deux la jument à contre cœur, la laissant se reposer comme avait préconisé le vétérinaire. Ils mangèrent tout deux en silence dans le réfectoire vide due à l’heure tardive. Daevlyn était peiné de voir l’adolescent souffrir ainsi, mais il ne pouvait rien faire. Il ne trouvait même pas les mots qui auraient pu le réconforter. Il ne chercha pas à le forcer à manger plus que le peu qu’il avala. Une fois le repas finit, ils se séparèrent laissant Daevlyn plus inquiet quant à l’état de Raphaël qu’à celui de la jument. Il alla pourtant dans sa chambre et l’y attendit. Il ne pouvait pas le laisser passer une nuit dans un tel état de détresse. Il passa ainsi un bonne partie de la soirée à essayer de le rassurer. Il eut beaucoup de mal à trouver les mots justes, et savait que l’attention de Raphaël était ailleurs et qu’il ne l’écoutait que d’une oreille discrète. Il dut à un moment le laisser seul, afin qu’il dorme un peu ou du moins se reposeun minimum.

Il alla se coucher et s’endormi sachant que c’était la seule chose à faire et ne se réveilla que très tôt le lendemain matin.

Après avoir prit une douche rapide et s’être habillé, il se dirigea directement dans la chambre face à la sienne s’inquiétant encore de l’état de Raphaël. Il frappa plusieurs coups et devant sa non réponse, il baissa lentement la poignée, et ouvrit la porte. Seulement le lit était vide et la chambre aussi. Il sortit alors de celle-ci alla réveiller tous les adolescents :

et fit un tour dans les douches communes pensant le trouver là. Cependant, celles-ci aussi étaient désertes. Sentant la panique l’envahir, et les regrets de l’avoir laisser seul la nuit dernière, il parcourut tous les couloirs du bâtiment de long en large à sa recherche. Ne le trouvant toujours pas, et s’enquit d’aller prévenir Sébastien. Où avait-il pu aller ? Que lui était-il arrivé ? Daevlyn se sentait de plus en plus mal.

Alors que tout le personnel de l’orphelinat était à sa recherche depuis déjà plus d’une heure, Daevlyn eut l’idée d’un dernière endroit où pouvait être l’enfant. Il se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt et se rua vers l’écurie.

Il fut immédiatement soulagé de le voir allongé dans le box où il avait mis la mère et le nouveau né la veille.

Mais quelque chose attira alors son attention. Le flanc de la jument ne se soulevait plus au rythme de sa respiration et il comprit immédiatement que ce qu’il avait le plus craint venait d’arriver… Comment l’annoncer à Raphaël. Il n’avait aucune envie de le réveiller, comment réagirait-il ? Il ne fit qu’imaginer sa réaction, et cela lui souleva le cœur. Pour une fois, il était plus peiné par ce qu’allait ressentir Raphaël que par la mort de cette jument.

Lentement, il s’approcha de Raphaël, voyant s’écarter de son passage le petit poulain en détresse et affamé. Mais il s’occuperait de lui plus tard, pour l’instant il devait ramener Raphaël à la dure réalité, et craignait de plus en plus sa réaction. Il passa lentement une main dans les longs cheveux de l’adolescent défaits par la nuit, puis déposa un doux baiser sur sa joue. Celui-ci ouvrit les yeux en sursaut, et se redressa immédiatement. Il lui fallut quelque temps avant de se rappeler de l’endroit où il se trouvait.

Comme il le craignait, Raphaël ne mit pas longtemps avant de découvrir que la vie avait quitté l’être qui se tenait près de lui. Après quelque caresses sur ce corps froid, Raphaël retira sa main et baissa la tête. Les soubresauts qui parcoururent alors les épaules de celui-ci, indiquèrent directement à Daevlyn qu’il pleurait. Ne voulant pas le laisser évacuer sa tristesse seul, il posa une main sur son épaule. Raphaël réagit immédiatement et se jeta aussitôt dans les bras de Daevlyn laissant éclater son chagrin.

Des larmes virent couler sur les joues de Daevlyn, il ne supportait pas de le voir pleurer et ne pouvait que l’accompagner.

Alors qu’il s’apprêtait à faire plus pour le consoler, il tourna la tête en entendant quelqu’un approcher.

- Dieu soit loué, il était ici…

Constatant l’état de Daevlyn et de Raphaël, il se contenta de leur dire :

- Ramène le dans sa chambre le temps qu’il se calme.

Daevlyn souleva le petit corps léger de Raphaël dans ses bras, sentant qu’il serait incapable de marcher. Arrivé dans sa chambre, il posa Raphaël assit sur son lit et manqua de perdre l’équilibre. Il prit une chaise et vient s’asseoir en face de lui. C’est à ce moment là seulement que Raphaël brisa le silence.

- Pourquoi Daevlyn… J’aurais tant aimé que ce petit poulain ne soit pas orphelin à son tour, que sa mère…

Daevlyn passa un main sur la joue de Raphaël, tentant vainement d’essuyer ses larmes. Puis fini par lui saisir la main et la serra très fort, tentant de lui apporter un minimum de réconfort. Il comprenait parfaitement la détresse que pouvait ressentir l’adolescent.

Il décida de joindre la parole au geste et se lança :

- Tu sais Raphaël, tu le sais tout autant que moi. La vie ne fait de cadeau à personne et pas non plus à ce petit poulain. Mais il a quand même de la chance.

Raphaël leva alors les yeux, jetant vers lui un regard empli d’incompréhension que Daevlyn s’enquit de faire disparaître.

- Il nous a tous les deux. Il va falloir que l’on prenne soin de lui. Il t’a toi et moi, comme je t’ai toi et tu m’as moi. Nous ne pouvons crier au désespoir tant que nous avons toujours quelqu’un à nos côtés. Ce n’est que dans l’isolement total que tu pourras alors peut être commencer à baisser les bras.

- Je…

Comprenant que l’adolescent ne pourrait prononcer un mot, Daevlyn se leva et vient s’asseoir à côté de lui sur le lit. Là, il entrouvrit les bras, l’invita à le réconforter. Raphaël ne se fit pas prier et se jeta presque dans ses bras, pleurant tout saoule.

Lorsque Daevlyn sentit que celui-ci se calmait un peu, il fit ce qu’il aurait voulu faire si Sébastien ne l’en avait pas empêché plus tôt par sa présence. Lentement, il essuya les dernières larmes coulant sur les joues de Raphaël d’une caresse du pouce, et plus lentement encore il approcha ses lèvres de celles du jeune garçon pour une toute autre forme de caresse. Dans ce baiser, que Raphaël ne refusa pas, il lui transmit toute la tendresse, le réconfort, et l’amour qu’il n’était pas parvenu à exprimer autrement.

Jamais il ne parviendrait à oublier la douceur de ces lèvres et la timidité attirante de cette langue. Jamais il n’avait ressentit autant de chose dans un simple baiser. Mais encore une fois, il préféra y mettre fin plus tôt craignant les envies qu’il pourrait avoir par la suite et ne voulant surtout pas brusquer Raphaël. Mais alors qu’il s’éloignait, il sentit la main de l’adolescent passer dans son cou et l’attirer vers lui, l’incitant à prolonger cet instant. Surprit, il accéda à sa demande et poursuivit son baiser, se laissant aller à glisser une main tout le long de son dos jusqu’à ses hanches. Celui-ci se contracta un peu sous se geste mais se détendit rapidement.

Soudain, ils entendirent frapper à la porte. Daevlyn et Raphaël s’écartèrent rapidement, se rendant subitement compte de ce qu’ils étaient en train de faire, en plein jour.

- Dans mon bureau tous les deux ! dit sèchement Sébastien.

Daevlyn et Raphaël le suivirent sans discuter, ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre. L’adulte craignait fortement que Raphaël soit punit et lui réprimandé de ne pas l’avoir surveillé. Mais il n’en fut rien. Sebastien se contenta de dire à Raphaël combien il les avait inquiété, lui expliquant implicitement de ne plus recommencer. Quant à Daevlyn, il lui demanda d’aller rejoindre le vétérinaire et d’aller l’aider avec Raphaël.

Ils ne se firent pas prier et quelques minutes après, ils étaient déjà tous deux près du poulain. En chemin cependant, Raphaël releva la tête vers Daevlyn et le remercia avec un léger sourire que l’adulte lui rendit. La journée avait commencée difficilement, mais elle était loin d’être finie…

Mourir pour revivre - Chapitre 17

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 17 écrit par Shinigami

Malgré lui, Raphaël appréhendait les révélations à venir de Daevlyn. Au fond de lui, il avait beaucoup de mal à réaliser que l’adulte puisse avoir un lourd passé. Il le croyait invincible et fort à toute épreuve.

Cependant, il refoula bien vites ces pensées dérangeantes et reporta toute son attention sur Daevlyn. Sans qu’il ne sache pourquoi, apprendre que Daevlyn eut été amoureux de son frère lui serra le coeur. Mais à présent, l’adulte semblait aller vraiment mal. Devant tant de détresse de la part de son moniteur, Raphaël se senti mal à l’aise et impuissant. Tout ceci le dépassait totalement et il ne savait pas comment agir; que dire…

Pourtant, il voulait de profonds et sincères sentiments envers Daevlyn et ce qu’il avait vécu appartenait au passé.

Ému et profondément troublé, Raphaël  senti Daevlyn se détacher de lui. Souhaitant rassurer son moniteur, il déclara :

- Tu… tu ne me dégoûtes pas Daevlyn…

Et comme pour approuver ces paroles, il tendit timidement la main vers le visage de l’adulte inondé de larmes. Voyant Daevlyn saisir sa main et la serrer fortement, il eut un petit sourire triste et ajouta doucement :

- Après tout, l’amour ne se commande pas… que l’on soit de parfait inconnus ou frères ou soeurs, qu’est ce que cela change ? Qui a décrété que l’on avait pas le droit de s’aimer entre frères ? Ce n’est qu’une question d’éthique…

Ces paroles semblèrent atteindre leur but car Daevlyn le fixa en lui souriant tristement.

Comme hypnotisé, Raphaël ne pouvait détacher son regard des yeux verts de l’adulte. Les yeux dans les yeux, ils se regardaient comme s’ils se redécouvraient sous un nouvel angle. Aucun des deux ne semblaient vouloir briser le contact visuel qu’ils avaient établi.

Soudain, Daevlyn s’avança lentement vers Raphaël. L’adolescent compris immédiatement les intentions de l’adultes et les battements de son cœur s’affolèrent. Daevlyn sembla s’en rendre compte et, ne souhaitant pas commettre trois fois la même erreur, il suspendit son geste, et s’arrêta à contre cœur à quelques centimètres de la bouche de l’adolescent. Raphaël apprécia le geste, mais cette fois ci c’était différent. Il n’était pas prit par surprise et surtout, il en avait envie…

Timidement, et non sans rougir, Raphaël parcourut lentement la distance minime qui séparaient leurs lèvres.

Quand celles-ci s’effleurèrent, Raphaël sentit comme une décharge électrique parcourir entièrement son corps. Instinctivement, la main de Daevlyn vint se placer sur la nuque du jeune garçon qui frémit de bien être à ce contact.

Les lèvres de Daevlyn étaient chaudes et accueillantes. Soudain, Raphaël sentit quelque chose de chaud et humide glisser sur ses lèvres, la langue de Daevlyn…

D’abord surpris, Raphaël finit par entrouvrir les lèvres en frissonnant de plaisir. Quand leur langues se touchèrent pour la première fois, Raphaël sursauta violemment sous le coup de la surprise. Jamais il ne s’était attendu à cela… La langue de Daevlyn caressant la sienne dans un ballet limite érotique fit naître tout un flot de sensations différentes en Raphaël. Une vive chaleur lui envahit les reins et sa peau frémit au moindre contact tandis que son sang bouillonnait dans ses veines.

Son premier baiser… il vivait son premier vrai baiser dans les bras d’un homme qu’il affectionnait par dessus tout. Jamais il n’aurait voulu partager cet instant magique avec qui que ce soit d’autre.

Daevlyn mit fin au baiser bien trop tôt au goût de l’adolescent. Raphaël aurait aimé rester ainsi, les lèvres de Daevlyn contre les siennes, sa langue caressant tendrement la sienne alors que ses doigts caressaient sa nuque, et ne plus jamais se séparer de lui.

Daevlyn se recula légèrement et regarda Raphaël, un sourire heureux illuminant son visage. Raphaël ré ouvrit les yeux qu’il n’avait pas eut conscience de fermer et s’empourpra violemment sous le regard de l’adulte.

Ne  savant pas comment réagir, et un peu honteux, il baissa la tête. Délicatement, d’une légère pression sous le menton, Daevlyn l’incita à le regarder. Le regard qu’il lui adressa alors suffit à rassurer l’adolescent. Daevlyn l’attira à lui et le serra si fort dans ses bras que Raphaël cru étouffer. Cependant, trop heureux, il ne fit aucun commentaire et enfouis son visage dans le cou de l’adulte, respirant à plein nez cette odeur qu’il aimait tant.

Il restèrent de longues minutes ainsi, puis Raphaël finit par s’endormir. Avec délicatesse, Daevlyn l’allongea, puis il le borda tel un enfant.

Ne résistant pas à la tentation, il l’embrassa furtivement, puis quitta la pièce après un dernier regard à l’adolescent endormis.

Raphaël se réveilla avec la certitude que tout ceci n’était qu’un rêve. Triste et déçu, il se leva et alla prendre sa douche. Il resta longuement sous la douche, appréciant la chaleur bienfaitrice de l’eau qui ruisselait sur son corps. Immobile, Raphaël pensait. Il pensait à tout ceci. La scène qu’il avait vu lui avait semblée tellement vraie. Il lui semblait sentir la douce caresse de Daevlyn sur sa nuque. Et lorsque leur langues s’étaient unies… il ressentait la chaleur et le bien être qui s’était alors emparé de lui à cet instant. Comment tout ceci ne pouvait-il être qu’un simple rêve ? Jamais encore il n’avait eut ce genre de pensées… Alors pourquoi maintenant ? Pourquoi aussi subitement ?

Agacé, il finit par sortir de la douche, puis se rendit au réfectoire où, comme à son habitude, il mangea très peu.

Il partit ensuite attendre Daevlyn dans le hall. Lorsqu’il arriva, l’adulte lui adressa un sourire resplendissant auquel Raphaël répondit timidement. Ce fut seulement lorsqu’ils furent hors du champ de vision de tous que Daevlyn lui déposa un tendre bisou sur la joue. A cet instant, Raphaël comprit que la scène qui le hantait depuis ce matin avait bel et bien eut lieu.

A cette constatation, sa mauvaise humeur s’envola d’un coup. Raphaël repensa au baiser qu’il avaient échangé et se mit à rougir face à son audace. Il avait embrassé Daevlyn… c’est lui qui avait parcourut les derniers centimètres qui séparaient leurs lèvres… A ce souvenir, il sentit une douce chaleur lui envahir les reins, et il repoussa au loin cette pensée en rougissant face aux sensations inconnues que cela faisait naître en lui.

Il allèrent chercher les chevaux et Raphaël partit à la recherche de Diamond Dust, qui broutait paisiblement au fond du pré.

Alors qu’il s’approchait de sa monture, un mouvement attira son attention. Intrigué, il se dirigea vers le fond du pré. Le spectacle qui l’attendait le laissa figé de stupeur. A quelques mètres de là, un poulain d’à peine quelques heures dormait aux pieds de sa mère. Fasciné, Raphaël en oublia Daevlyn et s’assit dans l’herbe. Il était tellement absorbé par ce qu’il voyait, qu’il n’entendit pas Daevlyn s’asseoir à ses côtés.

- Éclipse à dû mettre bas cette nuit ! Son poulain est magnifique !

Raphaël ne répondit rien, trop occupé à contempler le poulain pie noir qui tentait maladroitement de se mettre sur ses jambes.

Devant la maladresse et l’hésitation de ce petit être, Raphaël eut un éclat de rire franc et sincère. Daevlyn qui ne l’avait encore jamais entendu rire se tourna vers lui et l’observa longuement.

Après être resté une longue heure à observer le nouveau-né, ils attrapèrent Diamond Dust et sortirent du parc. Les deux hommes pansèrent leur monture et commencèrent la leçon.

A présent, Raphaël était plus qu’à l’aise au trot et Daevlyn lui enseigna le galop.

A pa pause de midi, Daevlyn alla voir Sébastien qu’il trouva dans son bureau. Il entra et après les politesses habituelles, il demanda sans plus de cérémonie e:

- Je voudrais que tu me laisses quartier libre avec Raphaël.

- Qu’entends tu par “quartier libre” ? demanda Sébastien septique.

- J’entend ne plus l’emmener aux randos du dimanche s’il ne souhaite pas y participer et me laisser gérer comme bon me semble ma manière de m’occuper de lui. Je n’arriverai pas à grand chose sans cela, déclara Daevlyn, omettant volontairement d’informer son supérieur sur les nets progrès de son jeune protéger.

Sébastien resta un long moment silencieux, semblant peser le pour et le contre de cette requête, puis finit par abdiquer.

- Très bien ! J’ai remarqué que cet enfant a beaucoup de mal à s’intégrer. Tu as mon accord, mais pas de connerie !

- Je te remercie Seb’ ! fit Daevlyn en quittant le bureau.

Après le repas du midi, Daevlyn rejoignit Raphaël qui l’attendait, assit tranquillement dans le hall.

Ensemble, ils retournèrent auprès des chevaux et reprirent la leçon là ou ils l’avaient laissée.

Cependant, au bout de quelque temps, Raphaël commença à avoir quelques difficultés à se faire respecter par Diamond Dust. Daevlyn le remarqua et déclara :

- Tu manques de fermeté dans tes demandes. Si tu veux arriver à quelque chose avec Diamond Dust, il faut que tu lui montres que c’est toi le leader. Tu te souviens quand tu n’arrivais pas à lui prendre le pied ?

- Oui, tu m’as fait recommencer jusqu’à ce que j’y arrive, répondit l’adolescent en se remémorant mentalement la scène.

- Exact ! Et bien là tu dois faire pareil. A chaque fois qu’il refuse de répondre à ta demande, quelle qu’elle soit, tu réitère ton action jusqu’à ce qu’il cède. Si tu abandonnes avant, le cheval voit en toi quelqu’un qui n’a pas la force suffisante pour être le leader et petit à petit, il prendra une position de leader sur toi. Tu comprends ? demanda Daevlyn.

- Oui, je comprend.

- Très bien, demande lui une dernière fois un départ au galop.

Raphaël s’exécuta, et lança sa monture au galop. Lorsque celui-ci commença à ralentir, Daevlyn s’exclama :

- Talonne le !! ne le laisse pas s’arrêter si tu ne l’as pas décidé.

Raphaël fit ce que lui disait son moniteur, et après deux tours, il le fit repasser au trot et se dirigea vers le centre du rond, ou il s’arrêta devant Daevlyn.

- Et bien c’est parfait tout ça !

Daevlyn et Raphaël se sourirent, puis Daevlyn reprit la parole :

- Tu descends s’il te plait ! j’aimerai que tu essayes un autre exercice à pied.

L’adolescent sauta de sa monture, et attendit les consignes de son moniteur.

Daevlyn enleva le filet de Diamond Dust qu’il remplaça par le licol et, montra à son élève ce qu’il attendait de lui, tout en lui expliquant la théorie.

Il lui fit faire un certain nombre d’exercices simples dits d’éthologie, et Raphaël s’aperçut avec surprise que le cheval répondait favorablement à ses demandes.

La leçon se termina plus tard que les soirs précédents. Concentrés dans ce qu’ils faisaient, il en oublièrent l’heure et ne virent pas Sébastien venir vers eux. Ce dernier s’arrêta un instant et contempla la scène qui se déroulait sous ses yeux. Raphaël au milieu du rond de longe, reproduisait avec minutie les instructions de son moniteur. Il les observa pendant un instant avant de s’avancer et de leur faire savoir sa présence.

Lorsqu’il le vit arriver, Daevlyn se dirigea vers lui et revint vers l’adolescent quelques secondes plus tard.

Raphaël termina l’exercice qu’il était en train de faire et sortit du rond de longe, précédé par Daevlyn. Ensemble, afin de gagner du temps, ils pansèrent Diamond Dust après lui avoir enlevé son harnachement.

Plusieurs fois alors qu’ils brossaient l’animal, les doigts de Raphaël et Daevlyn s’effleurèrent par inadvertance, ce qui valut un certain échauffement au niveau des joues de l’adolescent, agrémentés de petits sourires timides furtifs lancés à Daevlyn.

Une fois les chevaux brossés, ils ramenèrent les chevaux au pré. Quand Diamond Dust fut libre, Raphaël parcourut le parc des yeux et se dirigea en courant vers le jeune poulain. Il le trouva debout, reniflant le corps de sa mère, couchée sur le sol. A cette vision, son sourire s’effaça et les battements de son coeur s’accélérèrent. Lentement, il s’approcha et s’aperçut que la jument respirait avec difficultés. Fou d’inquiétude, il s’agenouilla auprès d’Éclipse et prit sa tête sur ses genoux, lui parlant et la caressant tendrement. Ne voulant pas quitter la jument, il priait pour que Daevlyn, ne le voyant pas revenir, s’inquiète et vienne à sa rencontre.

Il ne sait combien de temps il attendit. Agenouillé dans l’herbe, il tentait de rassurer la jument, ignorant les larmes qui coulaient sur ses joues. La voix de Daevlyn le fit sursauter.  Il était au téléphone. Depuis combien de temps était-il là ? Inquiet, Raphaël plongea ses yeux rougis par les larmes dans ceux inquiets de l’adulte et l’interrogea du regard.

- Le vétérinaire arrive, déclara Daevlyn.

Après un temps qui leur parut une éternité, la jument fut transportée dans un box de l’écurie avec son poulain. Le vétérinaire n’arrivait pas à déterminer la cause de l’état de la jument. Il conseilla à Daevlyn de la laisser se reposer au calme pendant deux ou trois jours.

Raphaël était toujours auprès de la jument, et la caressait longuement, voulant lui faire sentir qu’elle n’était pas seule. quand le vétérinaire parti, une main se posa sur son épaule tandis que Daevlyn tentait de le rassurer.

A contre coeur, Raphaël quitta le box, suivit par son moniteur.

En silence, ils prirent la direction du réfectoire, qui à cette heure tardive, était à présent vide. Il mangèrent en silence. Raphaël était bouleversé par les évènements. Un noeud à l’estomac l’empêchait d’avaler quoi que ce soit. Cependant, il se força à manger un minimum afin de ne pas inquiéter Daevlyn, retenant à grand peine une envie de vomir.

C’est dans un état second et complètement épuisé qu’il alla prendre sa douche.

Daevlyn passa une partie de sa soirée à essayer de le rassurer. Puis quand ce fut l’heure, il lui souhaita une bonne nuit et le laissa seul.

Malgré tous ses efforts, Raphaël n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il tournait et se retournait dans son lit, tandis que le sommeil le fuyait. Lassé de tout ce cirque, il se leva et en silence, il s’habilla en vitesse. Alors qu’il allait ouvrir la porte, il  craignit de réveiller Daevlyn. Il se ravisa et ouvrit les volets avant de sauter par la fenêtre. Agilement, il se rattrapa sur ses pieds et après avoir vérifié que personne ne traînait dans les environs, il se mit à courir en direction des écuries. A tâtons, il chercha le box d’Éclipse et de son poulain et leur parla doucement afin de les prévenir de sa présence. Il finit par y arriver, et doucement, il entra dans le box dont il referma le verrou supérieur derrière lui.

Une fois fait, il s’accroupi, et à quatre pattes, il s’avança vers la jument couchée en vache sur l’épaisse couche de paille.

Il lui parla un long moment, sans cesser de la caresser, tentant de repousser le sommeil qui s’emparait de lui. Cependant, il finit par l’emporter. Raphaël s’allongea et s’installa confortablement, réchauffé par la chaleur de l’animal. Après une dernière caresse à Éclipse et au poulain, il sombra dans un profond sommeil, duquel il n’émergea que le lendemain matin.

Mourir pour revivre - Chapitre 16

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 16 écrit par Lybertys

Daevlyn avait finalement finit par trouver le sommeil, trop épuisé par tout les évènements et ses ressentis. Le matin lorsqu’il ouvrit les yeux, il entendit la voix d’un éducateur réveiller les enfants à sa place. Tant mieux, il n’aurait jamais eut le courage de se lever. Il ne fit que tirer fébrilement la couverture sur sa tête pour se cacher de la lumière provenant de la fenêtre dont les volets n’avaient pas été fermés la veille.

Il voulait surtout se couper du monde. Il avait fait trop d’efforts pour le supporter, et  y évoluer au mieux, maintenant, s’en était assez. Ses uniques pensées étaient tournées vers Raphaël et la journée qu’il allait passer.

Tout irait certainement mieux pour lui. Il n’aurait plus à subir sa faiblesse. L’autre éducateur s’en sortirait certainement mieux que lui et ne lui ferait pas tout le mal qu’il lui avait fait. Daevlyn alla presque à être jaloux de la relation que Raphaël et son nouvel éducateur établirait. Il se demanda si un jour, il aurait le courage de se lever et de sortir de sa chambre, pour affronter de nouveau Raphaël.

Il ne se leva même pas pour aller voir sa monture comme chaque jour. Cela ne s’était jamais produit. Quelque soit le jour et quelque soit les circonstances, il allait toujours le voir ne serait-ce qu’un court instant. Il ne quitta pas sa chambre de la journée. La seule fois où il se leva de son lit fut pour aller voir à la fenêtre.  Il s’y accouda et vit Raphaël et Damien l’un des moniteurs ramener les chevaux au parc. Il ne resta pas une seconde de plus et reparti se blottir dans son lit. Il n’avait fait que l’abandonner.

Jamais il ne s’était sentit aussi seul Etant pourtant quelqu’un de très solitaire depuis la mort de son frère, il souffrait pour une fois, terriblement de celle-ci. Il trouvait son attitude enfantine et puérile. Se cacher, rester enfermer, ne pas sortir et affronter le monde dans lequel il vivait…

Toute la journée, des centaines de questions se bousculèrent dans sa tête : Que devait ressentir Raphaël ? Mangeait-il toujours aussi peu ? Les autres adolescents profitaient-ils de la non présence de Daevlyn ? Sa journée à cheval s’était-elle bien passée ? Parlait-il à Damien comme il lui avait parler ? Lui parlait-il plus ? Lui avait-il accorder sa confiance ?

Daevlyn jura se disant qu’il ferait mieux de s’endormir pour clore cette journée qui n’en était plus une et où il finissait par tomber dans la paranoïa…

Il ne sut pas vraiment à quelle heure tardive de la nuit il finit par sombrer de nouveau dans un sommeil agité  empli de son  passé. La journée du lendemain fut semblable à la première. Si ce n’est que vers la fin de l’après midi, il se leva et alla prendre une douche tentant de se changer les idées un minimum. Il ne sut pas vraiment où il trouva la force ; mais il avait le pressentiment qu’il fallait qu’il se relève. Il n’était pas d’un naturel à se laisser abattre trop longtemps, même si cette fois si, il aurait cru ne jamais redresser la tête un jour. Certes, aller prendre sa douche et s’accouder à la fenêtre à observer la nature qui s’offrait à lui d’un autre œil, n’était pas une chose énorme, mais c’était déjà beaucoup pour lui.

Alors que des larmes commençaient à perler de nouveaux dans ses yeux, brouillant sa vue et rendant floue le panorama qui s’offrait à lui. Il entendit frapper à sa porte.

D’un geste rapide, il essuya ses larmes et dit d’une voix cassée :

- Oui ?

Un des moniteur à travers la porte lui répondit :

- Sébastien t’appelle dans son bureau.

- Je n’ai pas très envie de le voir aujourd’hui.

- Il n’avait pas l’air de te laisser le choix, c’est urgent.

- …

Daevlyn n’avait aucune envie de revoir l’homme qui les avait séparé. Il ne savait pas vraiment quelle attitude il adopterait face à lui, et n’avait aucune envie qu’il voit dans quel état lamentable il était.

Avant de rejoindre Sébastien dans son bureau, il se passa de l’eau fraîche sur le visage.

Qu’avait-il de si important à lui dire pour le convoquer aussi rapidement. A contre cœur il frappa à la porte de son bureau avant de rentre et de déclarer :

- J’espère que t’as une bonne raison…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un cri retentit dans la pièce :

- Daevlyn !! s’exclama Raphaël en se jetant dans ses bras de l’adulte.

Tout ce passa tellement vite que Daevlyn n’eut pas le temps de faire quoi que se soit. Il se contenta de serrer dans ses bras, le corps secoué de sanglots de Raphaël. Il ne put exprimer par des mots très clair ce qu’il ressenti à ce moment là. Certes, il était inquiet de l’état de Raphaël et se demandait pourquoi il pleurait, mais il était aussi transcendait d’une joie immense de serrer de nouveau dans ses bras ce petit corps chaud qui lui avait tant manqué.

Il comprit alors à cet instant précis que la principale raison de son mal être durant ces deux jours était l’idée même de ne plus pouvoir serrer Raphaël tout contre lui.

Il restèrent un long moment ainsi, Daevlyn tentant de calmer les sanglots de l’adolescent, en lui caressant les cheveux d’un geste rassurant, évitant tout signe de tendresse qui pourrait dévoiler la nature de ses sentiments à son supérieur. Ce dernier, face à la scène qui se déroulait sous ses yeux ne savait que trop penser. Damien ne venait-il pas de lui dire que le gamin était intouchable et muet ? Daevlyn avait-il finalement réussit à gagner sa confiance ?

Les sanglots de Raphaël ne semblaient pas vouloir s’arrêter. Daevlyn aurait bien voulut pleurer lui aussi, mais la situation ne lui permettait pas. Sébastien n’aurait certainement pas comprit la raison de ses larmes et se serait posé des questions bien trop gênantes pour Daevlyn. Et puis, il n’avait pas à pleurer, il devait s’occuper de Raphaël et être fort pour lui. Quelque part, il se sentait soulagé d’être encore capable de faire quelque chose pour cet adolescent.

Plus Raphaël pleurait plus il s’en voulait de l’avoir abandonné ainsi la dernière fois. Que s’était-il passé pour qu’il pleure ainsi  ?

Après quelques minutes, Raphaël renifla un grand coup et releva la tête. Daevlyn lui demanda tendrement en souriant, tentant de masquer le trouble qui l’habitait :

- Ça va mieux ?

- Ou… oui, murmura l’adolescent sans pour autant le lâcher.

A la demande de Sébastien, ils allèrent s’asseoir face à lui. Puis Sébastien prit la parole :

- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé la dernière fois et je ne veux pas le savoir. A ce que j’ai pu voir, tu es l’unique personne en qui Raphaël à décidé de faire confiance. Juste pour cela…

Il s’arrêta un instant, soupira longuement, comme pour montrer que cela lui coûtait énormément de dire ce qu’il avait à dire, puis il termina :

- Je t’autorise à reprendre ta place auprès de Raphaël. Mais je te préviens ! Une seule bavure, et je te vire définitivement.

Daevlyn acquiesça en hochant simplement la tête puis quitta le bureau en compagnie de Raphaël. Jamais il n’avait était autant soulagé et heureux. Cependant, dès qu’ils furent seuls, une légère gêne s’installa entre eux. Daevlyn ne comprenait pas la réaction de l’adolescent et ne cessait de se demander ce qu’il avait bien put se produire pour qu’il soit dans cet état.

Voyant Raphaël gêné, fuir son regard et semblant réfléchir il se lança :

- Tu as encore un moment avant le dîner. Tu peux aller prendre ta douche si tu veux !

Raphaël l’interrogea du regard et Daevlyn ajouta :

- Je vais aller m’occuper de Diamond Dust. tu veux venir ? ajouta-t-il en souriant devant le regard que lui lançait le jeune garçon.

Raphaël hocha vivement la tête et emboîta le pas à Daevlyn. Celui-ci était touché que raphaël choisisse de l’accompagner, bien qu’il se doutait du choix qu’il allait prendre.  L’adulte le laissa aller chercher son cheval dans le pré pendant qu’il l’attendait à l’entrée du parc. Ensemble, ils le brossèrent rapidement puis Daevlyn l’emmena dans le rond de longe.

Durant une longue heure, il s’occupa de recadrer le cheval qui semblait vouloir en faire qu’à sa tête. Il comprit alors que les leçons avec Damien n’avait pas dues être une merveille. Cela se ressentait clairement sur l’état du cheval. Raphaël, assit dans l’herbe à quelques pas de là, observait et tentait d’analyser les mouvements de Diamond Dust en réponse à ceux de Daevlyn. Quand l’adulte décréta que c’était tout pour aujourd’hui, ils retournèrent à la barre d’attache ou ils firent un pansage soigné à l’animal. Alors qu’ils allaient le ramener au pré, Daevlyn demanda à Raphaël en désignant le cheval :

- Tu veux monter ?

Raphaël hocha vivement la tête, les yeux pétillants de joie. Daevlyn sourit, trop heureux de lui faire plaisir et de le voir ainsi.

Une fois Diamon Dust rentré, ils se rendirent directement au réfectoire, gardant toujours entre eux ce silence gêné.

Raphaël partit encore avant la fin du repas, au grand désespoir de Daevlyn. Après le dîner, celui-ci du assister à un réunion entre les moniteurs. Il avait toujours détester ce genre de « blabla » inutiles desquels rien ne ressortait à part une confirmation de leur programme de la semaine et de leur méthodes de travail. Daevlyn s’était contenté de se taire et d’acquiescer quand on lui demandé son avis. A vrai dire, ce soir là ; il n’avait rien écouté, trop occuper à penser à Raphaël…  Il en arriva à la conclusion que pour continuer à être ensemble dans de bon rapport, ils devaient se parler une bonne fois pour toute. Une fois la réunion terminée, il se rendit dans sa chambre et une fois sa douche prise et ses vêtements mis, il se rendit dans la chambre d’en face.

Il frappa plusieurs coups à la porte de Raphaël et devant sa non-réponse il poussa doucement la porte. Raphaël sursauta lorsqu’il vit Daevlyn apparaître dans l’encadrement de la porte.

- Je te dérange  demanda Daevlyn.

Raphaël hocha négativement la tête en souriant timidement et s’assit dans son lit, invitant Daevlyn à entrer. L’adulte prit place au pied du lit, à une distance raisonnable de Raphaël, plus effrayé par ces propres réactions que par celles de l’adolescent.

Un court silence suivit, mais il fut très vite briser l’adulte qui, après avoir prit une grande inspiration se lança à l’eau :

- Écoute Raphaël… je crois qu’il faut que nous repartions sur des bases solides. Nous n’arriverons à rien sans cela.

Raphaël murmura un faible “oui” et Daevlyn poursuivit :

- Je propose que nous jouions carte sur table. Plus de mensonges et de non-dits. Qu’en penses-tu

Raphaël hésita longuement, avant de finir par se lancer enfin.

- Je… je suis d’accord, répondit Raphaël.

Puis, il calla son dos contre le mur derrière lui et ramena ses genoux contre son torse et les entoura de ses bras. Ce ne  fut qu’alors qu’il commença à parler. Il parla d’une voix faible, faisant quelque pause dans les moment difficiles. Pourtant, il lui dévoila tout, semblant ne rien omettre ni laisser de côté.

Plus il progressait dans son récit, et plus son cœur se serrait un peu plus. Il avait tellement mal d’entendre tout ce que Raphaël avait vécu. C’était pire que ce qu’il s’était imaginait. A l’évocation des viols à répétions qu’il avait subit, Raphaël éclata en sanglot et continua son récit jusqu’à la fin la voix brisée. Jamais il ne leva les yeux, semblant craindre un regard accusateur et méprisant de Daevlyn. Une haine pure, une haine froide, une haine terriblement dangereuses montant du fond de ses tripes contre l’homme qui avait fait tout cela à Raphaël envahi Daevlyn. Il trembla de colère et de tristesse. Il aurait tant voulu faire quelque chose pour lui. Mais tout était trop tard, et il ne pouvait en rien changer son passé. La seul chose qu’il pouvait faire était de l’épauler et de l’aider à supporter sa peine et sa souffrance.

A la fin du récit, il comprit enfin la raison de sa venu ici… Il avait tué son père.

Quoi de plus horrible pour clore cette vie insoutenable. Comment un petit être si fragile comme Raphaël avait-il pu supporter tout cela ? Comment avait il fait pour ne pas se tailler les veines une bonne fois pour toute ? Comment avait-il tenu ? Qui le retenait sur cette terre qui à jamais l’avait maudit ? Quelle était cette force qui l’avait aidé tenir ?

Son récit terminé, on n’entendait plus que les sanglots de Raphaël qui résonnaient dans la pièce. Des sanglots déchirants, chargés de honte et de souffrance. Devant la détresse de l’adolescent, Daevlyn s’approcha de lui et le prit dans ses bras. Le jeune garçon se laissa aller à cette étreinte rassurante et enfouis son visage inondé de larmes dans la chemise de Daevlyn. Ce dernier lui caressait le dos en signe de réconfort  Il était profondément touché par tant de sincérité. Raphaël s’était confessé à lui et ne semblait avoir omis aucun détail. Il espéra que cela l’avait soulagé de dévoiler enfin son vécu à quelqu’un. Ne voulant pas le laisser dans la crainte d’un rejet et voulant le rassurer du mieux qu’il pouvait, il déposa un baiser dans ses cheveux avant de dire :

- Je suis touché de la sincérité dont tu as fait preuve envers moi, et je t’en remercie du fond du coeur. Ne crois surtout pas que tu me répugnes ou quoi que ce soit d’autre. A mes yeux, tu es la personne la plus pure et la plus innocente que j’ai jamais rencontrer. Le seul qui me dégoûte dans cette histoire, est la personne qui a oser te faire subir tout ceci. Saches que jamais je ne changerais le regard que je pose sur toi.

A ces mots, Raphaël raffermis sa prise sur la chemise de l’adulte. Ils restèrent un long moment ainsi. Raphaël blotti dans les bras rassurants et protecteurs de Daevlyn tandis que l’adulte lui murmurait des paroles de réconfort. Lorsque les sanglots de l’adolescent cessèrent, Daevlyn prit la parole :

- A présent, c’est a moi de te raconter mon vécu.

Oui, c’était à son tour. Il se devait de lui raconter la vérité, même si celle-là le dégoûterait de la même façon qu’il se répugnait lui-même.

Peut-être perdrait-il toute confiance, mais il ne pouvait se permettre de continuer à taire cela. Des bases solides pour une relation stable, passaient obligatoirement par l’honnête.

Le regard de Daevlyn changea. Il était à présent clair qu’il se plongeait lui aussi à sont tour dans le passé.

Après une légère appréhension, il inspira un coup et prit la parole :

- Comment commencer… Je t’ai déjà décrit  le caractère de mon frère, mais je te le résume en quelques mots : il était faible, fragile, toujours caché derrière moi. Jamais je n’ai vu quelqu’un d’aussi renfermer sur lui même que lui. Comme je te l’ai déjà dit, j’aimais mon frère plus que je ne l’aurais du, tout comme lui m’aimait. C’était un amour fusionnel, un amour destructeur…

Daevlyn fit un pause. Jamais il n’avait dévoilé ce qu’il s’apprêtait à dire à personne. Après tout ce temps, lui  non plus ne s’était confié à personne.

- Nous nous aimions comme deux personnes qui n’avaient aucun lien familiale. Nous nous aimions et nous avons été attiré un jour par le corps de l’autre. Cette attirance fut mutuelle et nous avons couché ensemble.  Jamais je n’ai ressenti cela avec personne d’autre. Nous avons fini par nous endormir innocemment l’un dans les bras de l’autre. Seulement le matin a été tout autre. Dès notre réveil, alors que je… alors que je m’approchais pour l’embrasser, il ma repousser. Il regrettait ce que nous avions fait. J’ai… Je l’ai très mal vécu. Chaque jour, il s’en voulait un peu plus et chaque jour je m’énervais un peu plus contre lui. J’avais l’impression qu’il bafouait les sentiments que j’éprouvais pour lui. Il les rendait chaque jour un peu plus sales et dégradants. Une après midi, alors que nos parents étaient partit, nous … Nous nous sommes disputé violemment. Je lui ai dit beaucoup de chose que je ne pensais pas sous le coup de la colère et que je regrette tellement aujourd’hui. Je suis sortit dans le jardin et me suis endormi comme je te l’avais raconter. Mon frère s’est suicidé en mettant le feu à la maison, écoutant mon dernier conseil qui était de disparaître de ce monde. Si j’avais résisté cette nuit là, si je n’avais pas céder bêtement au désir charnel, il serai encore en vie et je n’en serais pas là. Mes parents m’ont aussitôt voulut sans qu’il sache vraiment pourquoi, il savait que j’étais le responsable. Je… Je comprendrais que tu ne veuilles plus m’approcher…

Sur ses dernier mots, Daevlyn s’écarta de Raphaël desserrant son étreinte qu’il jugeait de ne plus méritait, dévoilant ses yeux emplis de larmes.

Lorsque Raphaël prit la parole, Daevlyn tressaillit. Il avait tellement peur de ce qu’allait dire Raphaël. C’était évident, il allait lui dire qu’il le répugnait et que plus jamais il n’aurait envie d’avoir à faire à lui de nouveau, et comme il le comprendrait…

- Tu… tu ne me dégoûtes pas Daevlyn…

Raphaël tendit alors fébrilement sa mains vers le visage de Daevlyn à quelque centimètres de lui et essuya fébrilement les larmes présentes sur ses joues. Daevlyn saisit sa main et la serra très fort. Raphaël lui lança un sourire empli de mélancolie avant de continuer :

- Après tout, l’amour ne se commande pas… que l’on soit de parfait inconnus ou frères ou sœurs, qu’est ce que cela change ? Qui a décrété que l’on avait pas le droit de s’aimer entre frères ? Ce n’est qu’une question d’éthique…

Daevlyn fut sincèrement touché par les mots si bien choisit de Raphaël. Il l’acceptait, et se sentait enlever d’un immense poids sur le cœur. Soulagé, heureux, il sentait comme transportait dans un autre monde. Il se perdit dans les yeux améthyste qui depuis quelques instants ne tentaient plus de se détourner des siens.

Arrivée à quelques centimètres, Daevlyn sentit la respiration de Raphaël s’accélérer. Ne voulant pas répéter les deux erreurs passées, il stoppa sa course à contre cœur. Mais, à sa plus grande surprise, ce fut Raphaël, qui, timidement, parcourut cette dernière distance minime qui séparait leurs lèvres.

Un frison parcourut son dos lorsqu’il entra en contact avec ces lèvres tant désirées. Leur douceur et leur chaleur ne donnait à Daevlyn qu’une envie plus pressante de partir à leur découverte. Il passa lentement sa main derrière le cou de Raphaël, en profitant pour caresser cette peau si délicate. Sa langue commença timidement à caresser ses lèvres, lui demandant l’autorisation d’aller à la rencontre de sa jumelle.  Etonnamment, le barrage des lèvres de Raphaël céda très facilement.

La rencontre de leurs langues fut à la fois timide et passionnée. Daevlyn était le plus tendre possible, ne voulant surtout pas effrayer l’adolescent qui semblait déjà faire un effort énorme. Ce baiser si particulier était réparateur pour tout deux. Une douce chaleur paisible les envahissait, leur faisant oublier tout ce dont ils ne souhaitait plus se souvenir. Ils n’étaient dès lors que concentrer sur les réactions de l’autre : isolés par leur propre baiser dans un lieu que dès lors eux seuls connaissaient.

Mourir pour revivre - Chapitre 15

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 15 écrit par Shinigami
Pourquoi Daevlyn était-il dans sa chambre ? Que lui voulait-il ? Terrorisé par tout ce que cela pouvait laisser supposer, l’adolescent tentait de s’éloigner le plus possible de l’adulte. Désemparer, Daevlyn déclara :
- Raphaël, je… Calme toi… Je m’éloigne… Regarde moi…Je te veux aucun mal, tu ne risques rien. Je te promets, je ne te ferait rien…
La dernière phrase laissa Raphaël bouche bée. comment pouvait-il seulement oser lui dire cela ? La peur faisant place à la colère, il le regarda droit dans les yeux et siffla méchamment :
- Arrête de promettre. Cesse de me mentir.
Soudain, il sembla réaliser ce qu’il venait de dire, car il baissa les yeux aussi soudainement qu’il les avaient relevés.
cependant, Daevlyn semblait ne pas en avoir terminé car il ajouta :
- Raphaël, je… Sache que ce qui est arrivé deux fois n’était pas pour me moquer de toi ou encore pour profiter de toi. Je… Ce que j’éprouve pour toi, c’est plus que de la simple affection… Je…
Plus que de la simple affection ?? Qu’entendait-il par là ? Raphaël n’était pas certain d’avoir compris les derniers mots de l’adulte, cependant, il ne posa aucune questions. Troublé par les révélations que Daevlyn semblaient vouloir lui faire. Et puis d’abord, pourquoi lui annonçait-il cela maintenant ? Une question obnubilait Raphaël : “A quoi Daevlyn jouait-il ?”
Cependant, il n’eut pas le temps de se pencher sur la question car Daevlyn poursuivit :
- Tu n’as plus à t’inquiéter Raphaël, on m’a retiré ta charge. Tu n’auras plus à me supporter. Je vais te laisser maintenant. Juste quelques derniers mots avant de partir : tu es une personne fabuleuse. Ne craint pas les autres, ne craint pas la vie et saisit celle qui s’offre à toi. Profites-en, nous n’en avons qu’une seule. J’ai été très heureux de m’être occupé de toi pendant ces quelques jours. Tu n’as plus à avoir peur de la personne qui t’a fait subir ce que tu as subit. Vit et ouvre toi au monde.
“Retirer…charge… laisser… qu’est ce que cela signifie ?”
Daevlyn sortit soudain de la chambre de Raphaël, le laissant sous le choc de la nouvelle. Celui-ci mit un certain temps à encaisser le coup. Ainsi, Daevlyn ne s’occuperait plus de lui… Mais alors qui allait le remplacer ?
Encore une fois il lui avait mentit. Ne lui avait-il pas promis qu’il ne l’abandonnerais jamais, qu’il resterait toujours auprès de lui ?
En son fort intérieur, Raphaël commençait à regretter d’avoir placer si vite une trop grande confiance en Daevlyn. Il aurait dû se douter que tout ceci se terminerait ainsi…
Tous les efforts qu’il aura fournis jusqu’à maintenant auront été vains… et dire qu’il avait fait tout ça pour que Daevlyn soit fier de lui… Comment leur relation avait-elle pût en arriver là ? Que s’était-il passé dans la tête de Daevlyn pour qu’il agisse de cette manière ?
“Ce que j’éprouve pour toi, c’est plus que de la simple affection…” Qu’est ce que cela pouvait-il bien vouloir signifier ? Est-ce que malgré les apparences Daevlyn s’était-il attaché à lui ? “Plus que de la simple affection…”Une pensée traversa alors l’esprit de Raphaël… Cependant, il la repoussa aussitôt…  non ! c’était tout bonnement impossible… Comment Daevlyn pouvait-il être… amoureux de lui ?
Des images lui revinrent alors en mémoire… Les lèvres de Daevlyn se posant délicatement et avec une tendresse infinie sur les siennes… Ces baisers qu’il lui avait donner à deux reprises… était-ce des baisers d’amour ?
A cette supposition, Raphaël sentit son coeur s’alléger d’un lourd fardeau et un faible sourire étira le coin de ses lèvres.
Cependant, lui même ne savait quels étaient ses sentiments envers l’adulte. Certes il l’appréciait énormément, mais son comportement étrange de ses derniers jours le mettait mal à l’aise, le terrifiait même parfois.
Malgré tout, il ne souhaitait pas être séparer de lui. Les derniers mots qu’il lui avait dit, il les regrettaient amèrement.
Finalement, Raphaël fini par s’endormir. Il se réveilla très tôt le lendemain matin et en profita pour aller prendre sa douche.

Dans le hall d’entré, Raphaël attendait patiemment la venue de son nouveau moniteur. Celui ci ne tarda pas à arriver et à cet instant précis, Raphaël sût que rien ne serait plus comme avant. Le moniteur qui avait pour nom Damien ne prit même pas la peine de se présenter et lui dit d’une voix sèche :
- Viens !
A contre coeur, Raphaël obéit. Il suivit Damien jusqu’aux écuries et alla prendre son licol, laissant son nouveau moniteur aller chercher le sien, ce qui lui valu une remarque :
- Quand tu prends ton licol, tu peux aussi prendre l’autre !
Raphaël n’eut aucune réaction.
Durant toute la matinée, Raphaël enchaîna étourderies sur étourderies, allant même jusqu’à ce prendre les pieds dans les rênes du filet, le cassant net, alors qu’il était aller chercher le matériel de Diamond Dust.
Au repas de midi, Raphaël ne mangea rien, l’estomac noué par le stress et l’appréhension.
L’après midi ne valut guère mieux. Raphaël n’avait pas la tête à ce qu’il faisait, et Diamond Dust qui l’avait bien comprit, en profitait pour mener la danse.
A la fin de la séance, Damien s’approcha de Raphaël et lui dit :
- Écoutes, je n’ai jamais vu quelqu’un aussi peu doué que toi ! Alors soit tu te décides à te bouger soit tu te démmerdes seul ! Est-ce clair ?
Raphaël se contenta d’hocher silencieusement la tête, les yeux rivés sur le sol. Sur ce, Damien l’abandonna sur place et partit en direction du réfectoire ou Raphaël ne prit même pas la peine de mettre les pieds. Il avait envie de pleurer. Toute la journée, il avait retenu ses larmes, et là, il avait la gorge nouée. Ne souhaitant pas être vu dans cet état, Il entra dans le parc des chevaux et alla s’asseoir auprès de Diamond Dust et Waterfalls. Seulement là, il laissa libre court à sa douleur et à sa détresse.
Jamais il n’aurait cru que Daevlyn lui manquerait autant. Il ne l’avait pas vu depuis moins de vingt quatre heures et pourtant il avait l’impression que cela faisait des semaines. Sa voix, ses sourires, sa présence  lui manquaient… IL lui manquait…
Quand ses larmes se tarirent, il consentit enfin à regagner les dortoirs. Il passa en coup de vent dans sa chambre puis alla prendre sa douche. Il resta longtemps sous la chaleur bienfaitrice de l’eau.
Son regard se posa alors sur les cicatrices qui ornaient son avant bras. Il revoyait la douceur et la patience avec laquelle Daevlyn avait désinfecté ses plaies. Ses doigts saisirent l’objet qui avait le pouvoir de calmer sa souffrance. Lentement, il fit glisser la lame sur son poignet, fermant les yeux de bien être sous la vague de plaisir qu’il ressenti à cet instant.
C’est alors que les paroles de Daevlyn lui revinrent en mémoire… “Promet moi de ne jamais recommencer…”
Il avait recommencé… après tout, ce n’était que des paroles… les paroles sont faites pour être trahies… Daevlyn savait bien cela… Raphaël éclata en sanglots  et sous le coup de la colère, il s’entailla profondément l’avant bas. Le sang coulait à une allure incroyable. Hypnotisé par le liquide chaud et visqueux qui s’échappait de ses chairs mutilées, Raphaël restait là, immobile.
Il sentait la souffrance et la rancune quitter peu à peu son corps pour laisser place à une sensation de plénitude.
Une quinzaine de minutes plus tard, il était allongé sur son lit. Les yeux grands ouverts, fixant le plafond, il n’arrivait pas à trouver le sommeil. L’esprit encombré par les images de ces dernières quarante-huit heures. Il repensait à Daevlyn… Pourquoi pensait-il toujours à lui ? Pourquoi ne parvenait-il pas à l’oublier ? Pourquoi est-ce que son coeur s’emballe lorsqu’il pense à lui ?  Et surtout, quelle est cette étrange chaleur qui s’empare de lui lorsqu’il pense à son ancien moniteur ?
Raphaël ne connaissait pas l’amour… il n’avait jamais aimé… Cependant, il n’avait jamais ressentit de sentiments aussi fort vis-à-vis de quelqu’un. Il connaissait la haine, il connaissait la colère, mais il était dans l’incapacité de mettre un nom sur ce qu’il ressentait à présent. Était-ce cela le sentiment que l’on appelle amour ?

La journée du lendemain fut tout aussi pénible pour Raphaël, sinon plus. Damien ne faisait pas attention à lui et à ce qu’il pouvait ressentir comme Daevlyn le faisait, si bien que plusieurs fois, Raphaël se surprit à crier lorsque son moniteur le touchait pour une raison ou pour une autre.
Le soir venu, Damien, accompagné de Raphaël se rendit dans le bureau de Sébastien. Celui-ci surprit demanda :
- Tu souhaites me faire part d’un problème ?
- Je voudrais te parler de ce gamin, répondit Damien en désignant Raphaël du doigt. Je ne peux pas continuer avec lui. Il ne parle pas et se met à crier au moindre effleurement. Je refuse de m’occuper de lui plus longtemps.
Sébastien ne répondit rien, il se contenta de soupirer longuement. Après un long silence, il décrocha le téléphone, appuya sur une touche et dit :
- Dites Monsieur Wendall à  de venir immédiatement dans mon bureau.
Puis il raccrocha. La pièce retomba dans un silence de mort durant de longues minutes. Raphaël s’interrogeait. Qui était donc ce Wendall ?
Quelques minutes plus tard, la porte du bureau s’ouvrit et une voix demanda :
- J’espère que t’as une bonne raison…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un cri retentit dans la pièce :
- Daevlyn !! s’exclama Raphaël en se jetant dans ses bras de l’adulte. Tout ce passa tellement vite que Daevlyn n’eut pas le temps de faire quoi que se soit. Il se contenta de serrer dans ses bras, le corps secoué de sanglots de Raphaël.
Il restèrent un long moment ainsi, Daevlyn tentant de calmer les sanglots de l’adolescent, en lui caressant les cheveux d’un geste rassurant, évitant tout signe de tendresse qui pourrait dévoiler la nature de ses sentiments à son supérieur. Ce dernier, face à la scène qui se déroulait sous ses yeux ne savait que trop penser. Damien ne venait-il pas de lui dire que le gamin était intouchable et muet ? Daevlyn avait-il finalement réussit à gagner sa confiance ?
Les sanglots de Raphaël ne semblaient pas vouloir s’arrêter. D’un coup, le stress et la tension ressentis ces dernières  soixante-douze heures s’étaient relâchés, libérant l’adolescent d’un poids de sur le coeur. Après quelques minutes, Raphaël renifla un grand coup et releva la tête. Daevlyn lui demanda tendrement en souriant, tentant de masquer le trouble qui l’habitait :
- Ça va mieux ?
- Ou… oui, murmura l’adolescent sans pour autant le lâcher.
A la demande de Sébastien, ils allèrent s’asseoir face à lui. Puis Sébastien prit la parole :
- Je ne sais pas ce qu’il s’est passé la dernière fois et je ne veux pas le savoir. A ce que j’ai pu voir, tu es l’unique personne en qui Raphaël à décidé de faire confiance. Juste pour cela…
Il s’arrêta un instant, soupira longuement, comme pour montrer que cela lui coûtait énormément de dire ce qu’il avait à dire, puis il termina :
- Je t’autorise à reprendre ta place auprès de Raphaël. Mais je te préviens ! Une seule bavure, et je te vire définitivement.
Daevlyn acquiesça en hochant simplement la tête puis quitta le bureau en compagnie de Raphaël. Cependant, dès qu’ils furent seuls, une légère gêne s’installa entre eux. Daevlyn ne comprenait pas la réaction de l’adolescent et Raphaël lui ne savait comment se comporter à présent. Devait-il oublier ce qu’il s’était passé les jours précédents et faire comme si de rien n’était ? Il hésitait… pourtant, plus jamais il ne voulait souffrir comme il avait souffert. Et qu’en était-il de Daevlyn ? Comment allait-il réagir de son côté ?
Raphaël n’était pas encore sûr de ses sentiments pour l’adulte, et appréhendait un nouveau dérapage de la part de son moniteur.
La voix de Daevlyn le fit revenir à la réalité :
- Tu as encore un moment avant le dîner. Tu peux aller prendre ta douche si tu veux !
Raphaël l’interrogea du regard et Daevlyn ajouta :
- Je vais aller m’occuper de Diamond Dust. tu veux venir ? ajouta-t-il en souriant devant le regard que lui lançait le jeune garçon.
Raphaël hocha vivement la tête et emboîta le pas à Daevlyn. L’adulte le laissa aller chercher son cheval dans le pré pendant qu’il l’attendait à l’entrée du parc. Ensemble, ils le brossèrent rapidement puis Daevlyn l’emmena dans le rond de longe.
Durant une longue heure, il s’occupa de recadrer le cheval qui semblait vouloir en faire qu’à sa tête. Raphaël, assit dans l’herbe à quelques pas de là, observait et tentait d’analyser les mouvements de Diamond Dust en réponse à ceux de Daevlyn. Quand l’adulte décréta que c’était tout pour aujourd’hui, ils retournèrent à la barre d’attache ou ils firent un pansage soigné à l’animal. Alors qu’ils allaient le ramener au pré, Daevlyn demanda à Raphaël en désignant le cheval :
- Tu veux monter ?
Raphaël hocha vivement la tête, les yeux pétillants de joie. Comme Daevlyn le lui avait apprit, il sauta agilement sur le dos de Diamond Dust et, marchant côtes à côtes, il prirent la direction du parc. Une fois arrivé, Raphaël sauta à terre et donna une dernière caresse à sa monture avant de partir.
Ils se rendirent directement au réfectoire et Raphaël fit l’effort d’avaler un minimum de nourriture avant de quitter la pièce. Il se rendit dans les dortoirs ou il alla chercher ses affaires de douche et son pyjama puis alla se laver.
De retour dans sa chambre, il s’assit sous la fenêtre avec son carnet de croquis et dessina. Il passa une bonne partie de la soirée à dessiner, sans vraiment faire attention à ce qu’il représentait. Ce ne fut qu’une fois qu’il eut terminé son dessin, qu’il prit pleinement conscience de ses actes. Il rougit alors violement en apercevant qu’il avait fait le portrait de Daevlyn. Il le cacha vivement sous son lit et se coucha, essayant de comprendre pourquoi il avait inconsciemment dessiner le visage souriant de son moniteur.
Plongé dans ses réflexions, il n’entendit pas Daevlyn frapper à la porte et sursauta lorsque l’adulte apparut dans l’encadrement de la porte.
- Je te dérange ? demanda Daevlyn.
Raphaël hocha négativement la tête en souriant timidement et s’assit dans son lit, invitant Daevlyn à entrer. L’adulte prit place au pied du lit, à une distance raisonnable de Raphaël, plus effrayé par ces propres réactions que par celles de l’adolescent.
Un court silence suivit, mais il fut très vite briser l’adulte qui, après avoir prit une grande inspiration se lança à l’eau :
- Écoute Raphaël… je crois qu’il faut que nous repartions sur des bases solides. Nous n’arriverons à rien sans cela.
Raphaël murmura un faible “oui” et Daevlyn poursuivit :
- Je propose que nous jouions carte sur table. Plus de mensonges et de non-dits. Qu’en penses-tu ?
Raphaël hésita longuement. Il serait dans l’obligation de tout avouer à Daevlyn…. absolument TOUT ! sans omettre un seul détail… et cette perspective l’effrayait énormément. Comment allait réagir Daevlyn en apprenant qu’il avait était torturé et violé pendant plusieurs années ? L’aimerait-il toujours après ces aveux ?
La mort dans l’âme, il décida de tenter le tout pour le tout. Il ne pouvait plus garder tout pour lui… C’était trop dur… il n’y arrivait plus… Il voulait se soulager de ce poids, quitte à perdre l’amour et le respect que Daevlyn lui portait.
- Je… je suis d’accord, répondit Raphaël.
Puis, il calla son dos contre le mur derrière lui et ramena ses genoux contre son torse et les entoura de ses bras. Ce ne fut qu’alors qu’il commença à parler :
- Quand ma mère est morte, j’avais 5 ans. Nous étions tous les deux en voiture, et un chauffeur ivre nous a percuté. Maman à fait en sorte que je m’en sorte au péril de sa propre vie. Mon père à très mal supporté le fait que je sois en vie et pas elle. Depuis ce jour, il passait ses journées à boire. Il me reprochait sans cesse d’être responsable de la mort de ma mère. Dès qu’il était saoul, il me frappait ses raisons apparentes. Cela à duré jusqu’à mes onze ans. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus un moment de lucidité. Je vivais dans la crainte de recevoir des coups. Le pire que crois c’était le fouet… Il me battait pour le plaisir… je me souviens de son rire quand il me battait… son rire qui masquait mal mes cris de douleur alors qu’il me brûlait avec ses cigarettes ou lorsqu’il me lacerait la peau avec son couteau de chasse… Le véritable enfer à commencé l’année de mes onze ans. Il était particulièrement ivre… il est entré dans ma chambre et… il… il…
A l’évocation de se souvenir, Raphaël éclata en sanglots, puis, la voix brisée, il continua avec difficultés, les yeux baissés :
- Il m’a violé… je sens encore son haleine nauséabonde contre mon visage et la douleur que j’ai ressenti à ce moment … je le suppliait d’arrêter… il bougeait en moi comme un forcené…  je voulais mourir… Ça à continué pendant des années… il me violait souvent… beaucoup trop souvent… et je… je pouvais rien faire… Il… il m’a humilié de toutes les façons possibles et inimaginables… il a fait de moi son jouet… et moi je pleurais… je voulais que cela cesse… je voulais mourir… un jour ou il était particulièrement sadique… je… alors qu’il me… prenait il… s’amusait en parsemant mon ventre de coupures… je… je ne pouvais plus supporter la douleur et la honte… je… j’ai… je l’ai tuer… j’ai tuer mon propre père…
Les sanglots de Raphaël résonnaient dans la pièce. Des sanglots déchirants, chargés de honte et de souffrance. Devant la détresse de l’adolescent, Daevlyn s’approcha de lui et le prit dans ses bras. Le jeune garçon se laissa aller à cette étreinte rassurante et enfouis son visage inondé de larmes dans la chemise de Daevlyn. Ce dernier lui caressait le dos en signe de réconfort et déposa un baiser dans ses cheveux avant de dire :
- Je suis touché de la sincérité dont tu as fait preuve envers moi, et je t’en remercie du fond du coeur. Ne crois surtout pas que tu me répugnes ou quoi que ce soit d’autre. A mes yeux, tu es la personne la plus pure et la plus innocente que j’ai jamais rencontrer. Le seul qui me dégoûte dans cette histoire, est la personne qui a oser te faire subir tout ceci. Saches que jamais je ne changerais le regard que je pose sur toi.
A ces mots, Raphaël raffermis sa prise sur la chemise de l’adulte. Ils restèrent un long moment ainsi. Raphaël blotti dans les bras rassurants et protecteurs de Daevlyn tandis que l’adulte lui murmurait des paroles de réconfort. Lorsque les sanglots de l’adolescent cessèrent, Daevlyn prit la parole :
- A présent, c’est a moi de te raconter mon vécu.

Mourir pour revivre - Chapitre 14

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 14 écrit par Lybertys

Alors qu’il plongeait de plus en plus profondément dans le remord, il sentit Raphaël s’arracher à son étreinte. Son regard avait changé, il était mêlé de peine, d’incompréhension et de compassion. C’était comme s’il tentait de le comprendre après ce qu’il venait de lui révéler.  C’était sûr maintenant, il ne lui accorderait plus aucune confiance et il deviendrait méfiant par rapport à lui. Plus jamais rien ne serait pareil.

Pourtant ce que dit alors Raphaël était contraire à toute attente de Daevlyn. Il ne se lassait pas d’entendre cette petite voix si douce et si belle.

- Ne cherchez vous pas plutôt à vous convaincre que vous êtes responsable de sa mort par crainte de faire votre deuil ? Vous êtes persuadé que vous avez tué votre frère pour vous obliger à vous souvenir de lui… vous avez peur de l’oublier… n’est ce pas ?

Ces simples paroles bouleversèrent Daevlyn. Il savait pertinemment que celui-ci avait raison, mais il ne voulait pas l’admettre.  C’était sa faute, et aucune parole ne pourrait le changer. Les paroles blessantes de ses “parents” lui revenaient en mémoire : « tu ne mérites pas de vivre, comment as-tu pu le laisser mourir ? Que lui as-tu fais ? Que lui as-tu dis bon sang !? J’aurais préféré qu’il vive et que tu… Dégages de là ! Sors de cette pièce, je ne veux plus te voir, je ne veux plus voir ta tête qui me rappelle chaque jour ton défunt frère »

Il se contenta alors de répondre après un moment de silence :

- Si tout était aussi simple…

Et rajouta un simple :

- Merci Raphaël.

De longues heures plus  tard, avisant l’heure tardive, Daevlyn déclara :

- Allez, il est temps de dormir.

Sur ce, il se leva et lentement, il s’approcha de Raphaël. Même mutilée, sa peau restait attirante. Ces cicatrices,., Daevlyn ne les voyaient même plus. Elle faisait partie de Raphaël et il les acceptaient. Il aurait aimer passer sa main lentement sur chacune d’elle comme pour les effacer peu à peu et soulager la souffrance de l’adolescent. Il aurait voulu couvrir de baisers tout ce corps voulant rallumer le cœur si terne et renfermé du jeune garçon. Il aurait voulu l’inonder de toute son affection pour lui faire oublier à son tour ces meurtrissures corporelles et psychiques. Sans vraiment s’en rendre compte, Daevlyn était maintenant à quelques centimètres de Raphaël, sentant le souffle chaud de sa respiration s’accélérer contre son torse.

Sans parvenir à se contrôler, sans réaliser ce qu’il faisait, perdu dans la contemplation de ce visage si délicat, il lui caressa tendrement la joue, passant sensuellement un doigt sur ces lèvres si douces et si pures. En peu de temps, cédant à la tentation, il recouvrit les lèvres de Raphaël à l’aide des siennes, les effleurant à peine, s’enivrant de son parfum si délicat.

Mais une chose pourtant vint gâcher cet instant. Sentant tout le corps de Raphaël se tendre brusquement, il s’écarta un peu et fut horrifié par ce qu’il vit. Les yeux écarquillés d’effrois, Raphaël fixait l’adulte sans pouvoir faire le moindre geste.

C’est alors qu’il comprit ce qu’il venait de lui faire. Sentant la panique qui envahissait l’adolescent, Daevlyn se recula précipitamment en bégayant des paroles d’excuses :

- Excuses moi Raphaël… je suis désolé… je ne sais pas ce qui m’a prit…

Puis, il s’enfuit en courant, laissant derrière lui un jeune garçon encore sous le choc et complètement apeuré qui pleurait en silence.

Il partit se réfugier dans sa chambre, voulant s’enfermer et s’empêcher de recommencer ce qu’il venait de faire. Pourquoi avait-il céder aussi facilement. En faisant cela, il comprenait maintenant pleinement ce qu’il éprouvait pour Raphaël. Cela dépassait la simple compassion et la volonté d’aider une personne, il était en train de tomber amoureux de lui, et il éprouvait une attirance folle pour ce jeune homme. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Il n’en avait aucune idée, mais c’était ainsi.

Il n’avait jamais éprouvé de tels sentiments depuis une éternité, et il était totalement chamboulé par ceux-ci.

De sa chambre, il parvenait à entendre les sanglots étouffés de l’adolescent. Il aurait souhaité le rejoindre et le consoler, le prendre dans ses bras, le serrer fort et le protéger de tout. Mais maintenant, après ce qu’il avait fait, plus rien ne serait pareil. Il ne pourait oublier ce qu’il venait de lui faire, et ne cessait de se répéter que ces pleurs étaient de sa faute. Comment consoler quelqu’un alors que nous sommes l’auteur de son mal.

Pas une seule fois, il ne réussit à fermer un œil de la nuit. Ce ne fut que très tôt le matin qu’il finit par se lever afin d’aller prendre une douche. Une crainte sourde hantait son esprit : comment se passerait leur prochaine rencontre ? Qu’allait-il lui dire, et comment réagirait Raphaël ? Aurait-il seulement envie de le revoir…

Inquiet, il sortit de sa douche et enfila à la hâte des vêtements propres. Il sortit, passa près de la chambre de Raphaël, et fut soulagé de n’entendre aucun bruit. Il avait du réussir à s’endormir. Il rentra de nouveau dans sa chambre, se décidant à attendre qu’il se lève et aille prendre sa douche, ne voulant surtout pas le croiser seul à seul dans le couloir. Lorsqu’il entendit enfin celui-ci sortir et le bruits de ses petit pas frôler discrètement le sol, il se décida de nouveau à sortir et commença le réveil quotidien.

Il aperçut aussitôt Raphaël lorsqu’il tenta de regagner sa chambre discrètement. A la fois inquiet et curieux de sa réaction, il l’observa fixement. Daevlyn n’osa pas l’approcher, de peur de sa réaction. Il ne savait pas si celui-ci lui en voulait ou non. A vrai dire, il ne savait rien et avait trop peur de le savoir.

Il le vit disparaître dans sa chambre et partit rejoindre la sienne. Il n’irait pas déjeuner ce matin. Il n’en avait aucune envie, et ne voulait pas affronter tout ce monde. Il s’étendit sur son lit pour patienter et fut surprit de la fatigue soudaine qu’il ressentit. Il régla alors son réveil à l’heure du rendez vous, s’allongea plus confortablement et s’endormit aussitôt.

Une petite heure plus tard, son réveil sonna, le sortant d’un sommeil agité et non réparateur. Il se leva en s’étirant, remis ses affaires en place et sortit rejoindre Raphaël en silence dans le hall.

En silence, il se rendirent jusqu’au prés des chevaux. Aucun des deux n’osait briser le silence et faire le premier pas. Ce silence devenait de plus en plus lourd et finalement, ce fut Daevlyn qui parla en premier :

- Écoutes Raphaël… pour ce qu’il s’est passé hier soir… c’était une erreur… je ne sais pas ce qu’il m’a prit, je…

Face au malaise de Daevlyn Raphaël prit timidement la parole :

- Je… je ne vous en veux pas… lâcha t’il dans un souffle.

Même si ces quelques mots sonnaient faux, Daevlyn tenta de ne pas s’en formaliser, et fut soulagé, bien que le remord était toujours présent.

Daevlyn lui lança un regard interrogateur auquel l’adolescent répondit par un sourire qui sonnait lui aussi tout aussi faux mais qu’il souhaitait rassurant.

La matinée se passa dans le plus grand silence. Une certaine retenue qu’ils n’arrivaient pas à dépasser s’était installée entre eux. La gêne avait remplacé les sourires complices et leur regards se baissaient dès qu’ils se croisaient malencontreusement. La tension était à couper au couteau.

Une voix venue de derrière eux les firent tous deux sursauter :

- Daevlyn ! je voudrais te voir à la pause de midi

- Très bien !

Puis Sébastien repartit comme il était venu, laissant Daevlyn avec de nombreuses question quand à cette réunion.

-         Je t’écoute, commença Daevlyn.

-         Que tu éprouves de la colère envers un enfant qui a fait une connerie, c’est tout à fait normal… Que tu le punisses pour ce qu’il a fait est tout à fait normal… Que tu lui passes un savon aussi. Mais par contre, ce qui n’est pas normal, c’est que tu le jettes d’une falaise ou il aurait pu perdre la vie.

-         Tout comme Raphaël ! Il l’avait poussé je n’ai fait que…

-         Tu n’as fait que lui rendre la monnaie de sa pièce oui je sais… Mais cela n’a jamais était une solution !!! Depuis quand répondons-nous à des adolescents par leurs propres traitements. Je t’avais pourtant prévenu Daevlyn… Une seule bavure et tu sera viré.

-         Mais, je… Vous… S’il te plait…

-         C’est mon dernier avertissement ! Encore un truc de ce genre et tu prends la porte.

-         Bien…

-         Tu peux le rejoindre. Bonne après midi Daevlyn.

Sébastien et Daevlyn se séparèrent sur ses derniers mots.

Cette après midi là, Daevlyn emmena pour la première fois Raphaël en ballade à l’extérieur. Daevlyn était satisfait, Raphaël s’en sortait plus que bien. Cependant, au bout d’une demi heure, un chien surgit de nul part et effraya Diamond Dust qui fit un violent écart sur le côté. Ne s’attendant pas à un geste aussi brusque de la part de sa monture, Raphaël perdit l’équilibre et chuta.

Alerté par le vacarme, Daevlyn se retourna et eut juste le temps d’apercevoir l’adolescent tenter de se rattraper avant qu’il n’atterrisse allongé sur le dos, sa tête cognant violemment le sol.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Daevlyn attacha Waterfalls et se précipita vers le jeune garçon. Raphaël retrouvait difficilement sa respiration coupée sous la dureté du choc en s’asseyant avec difficultés.

- Ça va ? Tu ne t’es pas fait mal ? demanda Daevlyn qui essayait tant bien que mal de masquer son inquiétude.

Raphaël hocha négativement la tête et allait pour se relever quand il sentit les lèvres de Daevlyn se poser sur les siennes. Il tressaillit à ce contact et chercha désespérément à y mettre fin le plus rapidement possible.

Daevlyn découvrit avec la même surprise que Raphaël ce qu’il venait de faire. Il avait eut si peur de  le perdre, qu’il avait de nouveau oublié leur situation. Il n’avait vu plus

qu’une seule chose : ses lèvres si tentatrices et sa volonté de les toucher, de les effleurer et de les faire siennes.

Raphaël s’écarta sans ménagement et se leva précipitamment en lançant à l’adulte un regard effrayé avant de s’enfuir en courant.

Une nouvelle fois, il avait fait du mal à Raphaël. Cette fois-ci, il ne chercha pas  à le rattraper. Il ne ferait qu’empirer la situation. Lentement, les larmes aux yeux, il marcha en direction de Diamon Dust qui déjà broutait paisiblement sur le bord du chemin comme si rien ne s’était passé. Il attrapa ses rênes, monta sur son cheval et parti rejoindre les écuries au petit trot. Raphaël était partit dans la bonne direction et dans peu de temps, ils se retrouveraient au ranch avant la nuit. Il ne pouvait rien faire d’autre. Sans le vouloir, il venait de trahir tout ce qu’il lui avait promis jusque là. Des simples belles paroles prononcées en l’air. Il lui avait promis de le protéger mais parviendrait-il à le protéger de l’attirance qu’il éprouvait pour lui ?

Il lui avait aussi promit de le laisser aller à son rythme…

Le trahir, lui mentir, le blesser, empirer encore plus son état, c’était tout ce qu’il avait réussit à faire. Pourtant il ne pouvait pas aller contre ses sentiments, et il ne pouvait se mentir : il était attiré par ce jeune homme, et chaque fois qu’il le voyait il sentait cette attirance s’épanouir de plus en plus. Sans vraiment s’en rentre compte, ceci avait commencé dès la première fois où il l’avait rencontré.

Arrivé à l’écurie, il dessella les chevaux et les ramena au parc. La il s’assit près de l’arbre et attendit le retour de Raphaël. Malheureusement , Sébastien choisit ce moment là pour venir à sa rencontre. Directement, il commença à l’agresser :

- Je t’ai vu rentrer seul à cheval, ou est Raphaël ?

- Il est … Il …

- Ou est-il, réponds moi franchement, je ne tolèrerais aucun mensonge.

- Il s’est enfui, répondit Daevlyn en baissant les yeux.

- Il s’est quoi !!?? hurla Sébastien.

Putain mais tu te rends compte de la connerie que tu viens de faire. Et il est où maintenant ?

- Sur le chemin…je… Je l’attendais.

- Comment peux-tu être sur qu’il soit dans la bonne direction. Ca suffit Daevlyn, j’aurais du le faire depuis longtemps, je te retire son cas.

Ces derniers mots furent l’effet d’un coup de massue sur la tête de Daevlyn. Il avait pu s’attendre au pire, mais surtout pas à cela. D’une part, il ne voulait pas que quelqu’un d’autre s’occupe de lui, et d’autre part il ne voulait surtout pas ne plus s’en occuper. C’était…c’est la pire chose qu’on pouvait lui faire.

Il faillit défaillir mais il réussit à répliquer :

- Non, je t’en prie Séb, tout mais pas ça. Ca ne se reproduira plus, je te le promet. C’était une erreur je…

Sans pouvoir les retenir quelques larmes coulèrent sur ses joues.

- Je ne savais pas que tu t’étais autant attaché à lui, cela ne fait que me réconforter dans ma décision. Il est trop dangereux pour vous deux de vous laisser ensemble. Tu vas prendre quelques jours et je te confierai deux autres jeunes. Je ne veux plus te voir approcher Raphaël. Je te laisserais juste le prévenir, mais ensuite, plus aucun moment seul à seul avec lui, tout ça est terminé. Et soit heureux que je ne te vire pas.

Sur ces derniers mots, Sébastien parti, laissant Daevlyn seul au milieu du parc, totalement anéanti par ce qu’il venait de lui dire.

Adossé contre un arbre il glissa doucement, jusqu’à se retrouver assis sur le sol. Là, il posa sa tête sur ses genoux l’entourant de ses bras et se laissa aller à évacuer toute sa détresse. Au fond, il n’avait que ce qu’il méritait et tout était de sa faute…

Ce ne fut qu’une fois la nuit tombée, une fois qu’il vit Raphaël la tête baissée rentrant dans les bâtiments sans le voir après une petite caresse à Diamon Dust, qu’il se décida à se lever et à regagner sa chambre. Il était soulagé que celui-ci soit enfin rentré. Il regagna sa chambre sans croiser personne. Epuisé, sans prendre la peine de se déshabiller qu’il s’étendit sur son lit et sombra dans un profond sommeil sans rêve.

Pourtant, ce fut des hurlements qui le sortir de celui-ci. Sachant directement de qui il s’agissait, et malgré l’interdiction de Sébastien, il se précipita jusqu’à sa chambre.

L’entendre sangloter et hurler lui déchirait le cœur :

- NOOOOON… ARRETE….  T’EN PRIE….. AAAAAAAH…. NOOOOOOOOOON…, sanglota l’adolescent.

Qui suppliait-il ? Etait-ce l’auteur de ses cicatrice?  Que lui avait-il fait d’autre ? Qu’est ce qu’il lui arrachait ses cris ? Daevlyn sentait son cœur se briser. Il souffrait et il ne pouvait rien faire pour lui. De plus il n’avait plus le droit de s’occuper de lui, et plus jamais il ne pourrait l’aider.

Mais cette fois-ci et pour la dernière fois, il l’aiderait encore.

- Raphaël… Raphaël… réveilles toi… ce n’est qu’un cauchemar… Raphaël….

Raphaël ouvrit subitement les yeux inondés de larmes et posa regarda celui qui l’avait réveillé. Quand ses yeux se posèrent sur Daevlyn, Raphaël se terra dans son lit en hurlant de terreur.

Daevlyn était peiner et eut mal de voir que la confiance que Raphaël avait en lui avait totalement disparue pour laisser place à la méfiance. Maintenant il le regardait comme tous les autres. C’était même encore pire. Il avait peur de lui…

Daevlyn avait réellement perdu.

Dévasté, il se recula et continua à lui dire d’un voix calme se voulant rassurante malgré tout.

- Raphaël, je… Calme toi… Je m’éloigne… Regarde moi…Je te veux aucun mal, tu ne risques rien. Je te promets, je ne te ferait rien…

Celui-ci se redressa aussitôt et le regarda droit dans les yeux.

- Arrête de promettre. Cesse de me mentir.

Les yeux embués de larmes, tremblant Raphaël faisait pour la première fois face à Daevlyn. Mais cela ne dura qu’un court instant, car il baissa de nouveau fuyant.

- Raphaël, je… Sache que ce qui est arrivé deux fois n’était pas pour me moquer de toi ou encore pour profiter de toi. Je… Ce que j’éprouve pour toi, c’est plus que de la simple affection… Je…

Il prit une grande inspiration, il devait lui dire. Finalement, ce n’était pas plus mal s’il ne s’occupait plus de lui. Peut-être que Raphaël serait finalement soulagé. Après tout, c’était finalement la seule solution. Il avait échoué et n’avait pas le droit à une seconde chance. On ne joue pas avec les sentiments.

- Tu n’as plus à t’inquiéter Raphaël, on m’a retiré ta charge. Tu n’auras plus à me supporter. Je vais te laisser maintenant. Juste quelques derniers mots avant de partir : tu es une personne fabuleuse. Ne craint pas les autres, ne craint pas la vie et saisit celle qui s’offre à toi. Profites-en, nous n’en avons qu’une seule. J’ai été très heureux de m’être occupé de toi pendant ces quelques jours. Tu n’as plus à avoir peur de la personne qui t’a fait subir ce que tu as subit. Vit et ouvre toi au monde.

Les larmes aux yeux,  Daevlyn tourna le dos à Raphaël et sortit de sa chambre. Ca y est… Il lui avait dit au revoir et tout était terminé pour de bon. Qu’allait-il devenir ?

Dévasté, anéanti, si seul, il entra dans sa chambre et s’effondra sur son lit. Il enfoui sa tête dans son oreiller, voulant étouffer les bruits des ses pleurs et de ses cris de frustration et de désespoir.

Mourir pour revivre - Chapitre 13

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 13 écrit par Shinigami

Lorsque Raphaël entendit Daevlyn prononcer cette phrase fatidique, il eut l’impression que son coeur loupait un battement. Puis celui ci se mit à battre à une allure affolante tandis qu’il baissait les yeux, ne souhaitant en aucun cas croiser le regard de l’adulte. Un silence sourd et pesant s’installa entre eux pendant plusieurs minutes durant lesquelles Raphaël ne fit pas un geste. Finalement, ce fut Daevlyn qui parla le premier :

- Si tu ne veux pas me parler, il suffit de me le dire. Saches que je ne te forcerais jamais. Mais surtout, saches que jamais je ne te jugerais sur ce que tu me dévoileras un jour. Si c’est ce dont tu as peur, alors cette peur est inutile. Par contre, s’il te plait, et là je ne te laisse pas le choix, donne-moi ton bras, il faut te soigner, cela pourrait s’infecter.

A la dernière demande de l’adulte, Raphaël releva immédiatement la tête, et lança un regard de bête apeurée à Daevlyn en posant inconsciemment sa main sur son poignet mutilé caché par son T-shirt noir. La crainte de Raphaël devait être palpable à des kilomètres car Daevlyn ajouta d’une voix plus douce :

- S’il te plait Raphaël…

Très lentement, afin de faire comprendre à Daevlyn qu’il le faisait à contre coeur, Raphaël s’avança vers l’adulte en lui tendant son bras blessé. Cependant, il s’arrêta à une certaine distance du lit, incapable de franchir les derniers quelques dizaines de centimètres qui le séparaient encore de son moniteur. Il ne pouvait pas… c’était plus fort que lui… même avec la meilleure volonté, il restait cloué sur place, pétrifié.

Daevlyn sembla sentir son blocage, car avec une extrême douceur, sans le brusquer, il lui saisit le bras. Cependant, il referma sa main en plein sur les cicatrices encore fragiles et Raphaël ne put réprimer une grimace de douleur.

Lentement, il l’attira à lui et posa son bras sur ses genoux et avec toute la délicatesse dont il était capable, il remonta la manche du t-shirt. Ce qu’il vit alors aurait pu faire défaillir même les moins insensibles. L’avant bras de l’adolescent était couvert de cicatrices toutes plus horribles les unes que les autres. Certaines ne représentaient à présent que des traits fin et blancs, signe de leur ancienneté, alors que d’autres étaient encore bien rouges et enflées pour certaines. De par leur grosseur et leur formes, on pouvait aisément en déduire que l’adolescent avait sûrement dû utiliser plusieurs objets différents lorsqu’il s’infligeaient ses traitements.

Raphaël tressaillit lorsqu’il sentit les doigts de Daevlyn retracer la forme d’une vieille cicatrice. Le contact de ses doigts sur sa peau lui emmena le rouge aux joues. il se sentait à la fois troublé et mal à l’aise. L’adulte prit alors une compresse imbibée de désinfectant et l’approcha se l’avant bras du garçon. avant de l’appliquer, il le prévint :

- Attention, ça va piquer un peu.

Pendant que Daevlyn soignait Raphaël, aucun des deux n’osa regarder l’autre. Daevlyn semblant être concentrer dans sa tâche, et Raphaël simplement trop honteux d’être ainsi exposé au regard de Daevlyn qu’il s’imaginait dépréciateur et empli de dégoût et de mépris.

Seulement, ne supportant plus la non réaction de l’adulte, Raphaël reporta son attention sur celui-ci. Il l’observa longuement à la recherche d’une quelconque réaction, à l’affût de la moindre émotion.

Soudain, les yeux de Daevlyn s’agrandirent de surprise. Ne comprenant pas la raison d’une telle réaction, Raphaël baissa les yeux sur son avant bras et soudain il comprit. Un cri muet s’échappa de sa bouche entrouverte tandis que les yeux de l’adulte étaient rivés sur l’un des multiples hématomes qui recouvraient son bras.

Raphaël n’eut pas le temps d’esquisser le moindre geste que déjà Daevlyn lui ordonnait d’un ton sec :

- Enlève immédiatement ce t-shirt.

Apeuré par le ton utilisé autant que par l’ordre qui lui était donné, Raphaël retira son bras mais n’esquissa pas le moindre mouvement pour obéir.

Terrifié à l’idée que Daevlyn puisse découvrir ce qu’il s’efforçait à cacher aux yeux de tous, Raphaël se mit à pleurer silencieusement. Il ne voulait pas… il refusait de dévoiler sa plus grande honte à Daevlyn… Raphaël se trouvait face à un mur. Il ne pouvait pas faire marche arrière et Daevlyn se trouvait devant lui… il était bloquer. Cette pensée le fit paniquer. Il cherchait désespérément une échappatoire, mais la voix de Daevlyn le fit sursauter. Le ton employé était le même que celui qu’il entendait dans ses cauchemars.

- Raphaël, enlève le, tout de suite !

“Il” lui avait donné un ordre… l’adolescent savait ou cela menait de refuser d’obéir à un ordre qu’”il” lui avait donné…

Voila ce qu’”il” avait réussit à faire de lui… un adolescent apeuré au moindre haussement de ton, obéissant aveuglement à n’importe quel ordre donné, jusqu’à le conduire à la plus humiliante des situations.

Raphaël reporta son attention sur Daevlyn. Il lui en voulait énormément… n’était il pas celui qui lui avait dit d’aller à son rythme ? ne lui avait il pas dit qu’il ne voulait en aucun cas le brusquer ? Alors pourquoi agissait il de cette façon ?

Le jeune garçon lança à l’adulte un regard rempli d’incompréhension, de détresse et de rancoeur. Il lui en voulait de lui avoir mentit…

Sans prendre la peine de retenir ses larmes et tremblant de tout son être, Raphaël tourna le dos à Daevlyn. Fébrilement, il retira son t-shirt, dévoilant un dos dans un état lamentable. Au même titre que ses bras, son dos était couvert de cicatrices de formes et de tailles multiples. Aucune parcelle de peau n’avait été épargnée. Bien qu’il ne puisse pas voir la réaction de Daevlyn, Raphaël ferma les yeux. un film se déroulait dans sa tête, dans lequel il imaginait toutes les réactions de dégoûts que pourrait avoir Daevlyn à la vue de son corps torturé.

Raphaël ne pourrait dire combien de temps il s’est écoulé depuis qu’il à été forcé de dévoiler à son moniteur ce qu’il s’était toujours efforcé à cacher. cinq minutes ? une heures ? plus ? il ne savait pas… il temps s’était comme arrêté… seuls les larmes et ses sanglots retenus brisaient le silence étouffant. l’adolescent eut un violent sursaut lorsque soudain, il sentit les doigts de Daevlyn effleurer son dos meurtri. l’instant de surprise passé, il frissonna, prenant conscience du geste de l’adulte.

Les épaules de Raphaël s’affaissèrent, comme pour se replier un peu plus sur lui même, tentant de disparaître et de se cacher de cet homme qui le mettait à nu. Raphaël tressaillit pour la seconde fois lorsqu’il sentit le corps chaud de Daevlyn se coller à lui et ses bras l’entourer. Par ce geste, Raphaël comprit que plus jamais il ne serait seul… Cela lui ôta un poids considérable du coeur. Un long moment, il resta ainsi. Il se sentait tellement bien, dans les bras de Daevlyn…

Soudain, Raphaël éclata en sanglot et se retourna, afin de faire face à Daevlyn. Celui ci ouvrit les bras pour l’accueillir. L’adolescent ne se fit pas prier et se jeta dans ses bras, enfouissant son visage dans sa chemise qui fut vite trempée par ses larmes. Daevlyn raffermi sa prise autour de ce corps fragile et secoué de sanglots et le serra un peu plus fort contre lui.

Ce ne fut qu’après un long moment d’intimité, blotti l’un contre l’autre que Daevlyn se décida à parler enfin. Passant sa main dans ses cheveux, serrant tout contre lui un corps si fragile et tremblant, secoué de spasmes dû aux pleurs, il commença :

- Je suis désolé Raphaël, je… je n’avais pas réalisé l’ampleur de ta souffrance, je viens de te faire du mal sans le vouloir. Pour réparer ce que je viens de faire, je vais te dire plusieurs choses. Tout d’abord saches que plus jamais tant que tu resteras près de moi, plus jamais tu n’auras à subir ce que tu as subit. Je te protégerai de toute cette cruauté que tu as subit, je…

Toujours dans les bras rassurants et protecteurs de Daevlyn, Raphaël écoutait attentivement ce que celui ci lui avait tant de mal à avouer.

- Non Raphaël, je te dois la vérité. Je suis responsable de la mort de mon frère. Il était déjà au bord du gouffre et je n’ai fait que l’y pousser un peu plus. Je… Je ne suis pas fort, depuis ce jour je suis si faible. Je ne peux te promettre d’être toujours là pour t’épauler, mais je te jure de faire de mon mieux. Tu lui ressembles tant…

Bien qu’il n’en laissait rien paraître, Raphaël était plus que troublé par les révélations de Daevlyn. Comment un être aussi gentil et sensible que lui pouvait il être responsable de la mort de son frère ? Il ne comprenait pas…

Il s’arracha à l’étreinte de l’adulte et plongea ses prunelles améthystes dans le regard voilé de Daevlyn. Il le fixa un moment et quand il fut certain d’avoir son attention, il demanda :

- Ne cherchez vous pas plutôt à vous convaincre que vous êtes responsable de sa mort par crainte de faire votre deuil ? Vous êtes persuadé que vous avez tué votre frère pour vous obliger à vous souvenir de lui… vous avez peur de l’oublier… n’est ce pas ?

Daevlyn dévisagea longuement Raphaël avec une expression que l’adolescent n’arriva pas à déchiffrer. Puis, après un moment de silence, l’adulte lui répondit.

De longues heures plus  tard, avisant l’heure tardive, Daevlyn déclara :

- Allez, il est temps de dormir.

Sur ce, il se leva et lentement, il s’approcha de Raphaël. Ce dernier lui l’interrogea du regard, de plus en plus mal à l’aise tandis que Daevlyn approchait toujours.

Lorsque Daevlyn fut à quelques centimètres de lui, Raphaël le regard sans comprendre. Avant qu’il ne réalise pleinement ce qu’il se passait, Daevlyn lui caressa tendrement la joue et de ses lèvres, il effleura sa bouche entrouverte.

A ce contact, tout le corps de Raphaël se tendit brusquement. Les yeux écarquillés d’effrois, il fixait l’adulte sans pouvoir faire le moindre geste.

Ayant sentit la panique qui envahissait l’adolescent, Daevlyn se recula précipitamment en bégayant des paroles d’excuses :

- Excuses moi Raphaël… je suis désolé… je ne sais pas ce qui m’a prit…

Puis, il s’enfuit en courant, laissant derrière lui un jeune garçon encore sous le choc et complètement apeuré qui pleurait en silence.

Allongé dans son lit, Raphaël pleurait. Il n’arrivait pas à trouver le sommeil, car sans cesse la dernière scène vécue avec Daevlyn revenait le hanter dès qu’il fermait les yeux. Pourquoi l’avait-il embrassé ? Ce geste avait-il une signification pour lui ou était-ce simplement la réaction à une pulsion incontrôlée ? Et pourquoi s’était-il enfuit en courant ? Avait-il eut honte de son geste ? Ou bien honte de lui, de son corps mutilé ? Était-ce juste un jeu ? tant de questions qui revenaient inlassablement et auxquelles il n’avait aucune réponse…

Finalement, vaincu par la fatigue, Raphaël finit par s’endormir.

Lorsqu’il se réveilla le lendemain matin, sa première réaction fut de porter ses doigts à ses lèvres comme pour s’assuré qu’il n’avait pas rêvé. Cependant, quand il s’aperçut que tout ceci était bien réel, sa bonne humeur s’envola rapidement. Machinalement, il se dirigea silencieusement jusqu’aux douches. Appréciant la chaleur de l’eau sur sa peau, il réfléchissait au comportement à adopter lorsqu’il se retrouverait seul avec Daevlyn. Et comment Daevlyn allait-il réagir ?

Troublé, Raphaël regagna sa chambre sans s’apercevoir que l’homme qui hantait ses pensées l’observait depuis le pas de sa porte. Pourtant, Daevlyn n’alla pas le rejoindre comme à son habitude. Il resta là à l’observer jusqu’à ce qu’il disparaisse dans sa chambre. Raphaël, déçu mais pas étonné, se rendit seul au réfectoire ou il ne resta que le temps de boire un verre de lait. Puis, comme tous les matins, il alla attendre son moniteur dans le hall.

En silence, il se rendirent jusqu’au prés des chevaux. Aucun des deux n’osait briser le silence et faire le premier pas. Finalement, ce fut Daevlyn qui parla en premier :

- Écoutes Raphaël… pour ce qu’il s’est passé hier soir… c’était une erreur… je ne sais pas ce qu’il m’a prit, je…

Face au malaise de Daevlyn Raphaël prit timidement la parole :

- Je… je ne vous en veux pas… lâcha t’il dans un souffle.

Bien sur c’était un mensonge… Il lui en voulait pour avoir fait ressurgir de sa mémoire ce qu’il tentait désespérément d’oublier. Cependant, il n’aimait pas voir Daevlyn dans cet état et souhaitait le soulager de ses remords par cette simple phrase.

Daevlyn lui lança un regard interrogateur auquel l’adolescent répondit par un sourire qui sonnait faut mais qu’il souhaitait rassurant.

La matinée se passa dans le plus grand silence. Une certaine retenue qu’ils n’arrivaient pas à dépasser s’était installée entre eux. La gêne avait remplacé les sourires complices et leur regards se baissaient dès qu’ils se croisaient malencontreusement. La tension était à couper au couteau.

Une voix venue de derrière eux les firent tous deux sursauter :

- Daevlyn ! je voudrais te voir à la pause de midi

- Très bien !

Puis Sébastien repartit comme il était venu.

Cette après midi là, Daevlyn emmena pour la première fois Raphaël en ballade à l’extérieur. Daevlyn était satisfait, Raphaël s’en sortait plus que bien. Cependant, au bout d’une demi heure, un chien surgit de nul part et effraya Diamond Dust qui fit un violent écart sur le côté. Ne s’attendant pas à un geste aussi brusque de la part de sa monture, Raphaël perdit l’équilibre et chuta.

Alerté par le vacarme, Daevlyn se retourna et eut juste le temps d’apercevoir l’adolescent tenter de se rattraper avant qu’il n’atterrisse allonger sur le dos, sa tête cognant violement le sol.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Daevlyn attacha Waterfalls et se précipita vers le jeune garçon.

Raphaël retrouvait difficilement sa respiration coupée sous la dureté du choc en s’asseyant avec difficultés.

- Ça va ? Tu ne t’es pas fait mal ? demanda Daevlyn qui essayait tant bien que mal de masquer son inquiétude.

Raphaël hocha négativement la tête et allait pour se relever quand il sentit les lèvres de Daevlyn se poser sur les siennes. Il tressaillit à ce contact et chercha désespérément à y mettre fin le plus rapidement possible.

Mais qu’arrivait-il à Daevlyn pour qu’il agisse de la sorte ? Raphaël s’écarta sans ménagement et se leva précipitamment en lançant à l’adulte un regard effrayé avant de s’enfuir en courant.

Il fallait qu’il parte… qu’il mette le plus de distance entre cet homme et lui… Il ne pouvait en supporter d’avantage. il arrivait à un stade ou il en venait à appréhender la présence de l’adulte à ses côtés. La première fois, il avait cru à un accident… mais un accident ne se reproduit pas une seconde fois…

Raphaël courait… il courait depuis de longues minutes sans savoir ou il allait. tout ce qu’il souhaitait, s’était s’éloigner au plus vite de cet homme qui l’effrayait.

Il avait l’impression d’être en plein cauchemar. Et dire qu’en venant ici il avait effleuré l’espoir que tout finisse par s’arranger… qu’il puisse enfin vivre une  vie normal… Il se sentait trahit… trahit par l’homme en qui il avait fait l’effort de placer toute sa confiance.

Pourquoi alors que tout semble finalement s’arranger, un évènement inattendu vienne tout bouleverser ? Était-il condamner à vivre dans la terreur jusqu’à la fin de sa vie ? Il finissait par croire que oui…

Il erra au hasard pendant un long moment. Quand la nuit commença à tomber, le tresse l’envahit peu à peu. Il était seul, perdu en pleine nature et personne ne savait ou il était. Finalement, par un heureux hasard, il fini par arriver au ranch. Il traversa le pré des chevaux et s’arrêta un instant auprès de Diamond Dust, puis il rentra directement au dortoir. Le plus discrètement possible, il se faufila dans sa chambre puis vers les douches, ne souhaitant pour rien au monde croiser Daevlyn.

De retour dans sa chambre, il se coucha sous ses couvertures et s’endormit peu de temps après.

Raphaël fut réveillé par une violente douleur. Il avait limpression que son corps de déchirait en deux. Il crie… il à mal… mais quest-ce quil lui arrive ? Une nouvelle vague de douleur le submerge et un autre cri séchappe de ses lèvres… Soudain il comprend… quelque chose bouge en lui rapidement. Il veux que cela s’arrête… il crie… il crie de douleur, de tristesse, de désespoir tandis que des larmes d’impuissances coulent sur ses joues meurtries. Et l’autre qui le pénètre… toujours plus fort… toujours plus vite… labourant son corps, détruisant son âme… Dans un cri de jouissance, l’autre se déverse en lui… Et Raphaël se sent sale… humilié… Il souhaite mourir à cet instant…

son corps est parcourut de sanglots… De nouveau l’homme le pénètre, le faisant hurler de douleur… de nouveau il bouge en lui… toujours plus fort, toujours plus profondément… Et Raphaël hurle à s’en casser la voix tant il a mal….

- NOOOOON… ARRETE…. JE T’EN PRIE….. AAAAAAAH…. NOOOOOOOOOON…, sanglota l’adolescent.

- Raphaël… Raphaël… réveilles toi… ce n’est qu’un cauchemar… Raphaël….

Raphaël ouvrit subitement les yeux inondés de larmes et posa regarda celui qui l’avait réveillé. Quand ses yeux se posèrent sur Daevlyn, Raphaël se terra dans son lit en hurlant de terreur.

Mourir pour revivre - Chapitre 12

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 12 écrit par Lybertys

Raphaël n’avait aucune réaction face à la supplication de Daevlyn. Le voir ainsi, avoir vu son bras, l’avait irrémédiablement replongé pour de bon en plein milieu de son passé. Voir ainsi Raphaël paralysé par la terreur, lui fit perdre la raison. Ce n’était plus vraiment Raphaël qui l’avait en face de lui, mais un fantôme du passé. Daevlyn inconscient approchait peu à peu de lui, ne savant plus vraiment où il était ni ce qu’il faisait. Plus il approchait et plus le jeune était terrifié, mais il ne semblait plus en avoir vraiment conscience. Il était comme entré dans un état second et ne savait plus vraiment ce qu’il faisait. Il ne voyait plus qu’un être souffrant devant lui, tout comme souffrait son frère, et il n’avait plus qu’une idée en tête le prendre et le serrer dans ses bras.

Alors qu’il était à deux doigts de le toucher, la réaction violente de Raphaël le sortit de son état de stupeur. Calmer cette peine et cette souffrance  à l’état pure qui s’exprimait sous ses yeux. Raphaël avait fermé les yeux et s’était mis à crier tout en se débattant et en donnant des coups de pieds comme pour se protéger, mais de qui ? C’est à ce moment là que Daevlyn comprit. Tout cela était de sa faute… Revenant à la réalité, il aperçut enfin la faible distance qui dès lors les séparait. Sa panique n’était due qu’à cela. Précipitamment, il recula de quelques mètres et se laissa tomber à genoux.

A quatre pattes sur le sol, ne pouvant retenir ses larmes, il réalisa ce qu’il avait failli lui faire et dans quel état il se trouvait face à lui. Le voir le regarder ainsi lui donnait envie de disparaître et de s’éradiquer de ce monde.

Impuissant, il ne pu que lui dire faiblement :

- Pardonne moi Raphaël… je ne voulais pas t’effrayer… pardonne moi… Je voudrais te connaître… je voudrais te comprendre… Pourquoi es tu devenu ainsi  Qu’as tu vécu pour craindre à se point le monde extérieur … Mon seul but est de t’aider Raphaël… Saisis cette chance que je te donne  Raphaël… C’est peut être la seule que tu auras…

Cette dernière phrase qu’il prononça, il la regretta amèrement. Quelque part, il n’avait fait qu’extérioriser sa  rancœur contre le suicide de son frère, et il s’en voulait terriblement de faire subir cela à Raphaël. Mais en même temps il ne supportait plus ce silence et cette souffrance solitaire et intériorisée.

Face au mutisme de l’adolescent, Daevlyn quitta la pièce. Il espérait simplement que ses paroles arriveraient à briser la carapace du jeune garçon.

Daevlyn détruit et dévasté, entra dans sa chambre. Il s’allongea simplement dans son lit éteignit la lumière et fixa le plafond les yeux grands ouverts dans la pénombre de la soirée.

Réalisant peu à peu ce qu’il venait de se passer, ce qu’il avait vu et fait, il angoissait des répercutions que cela aurait dans le futur. Perdu dans ses pensées qui devenaient de plus en plus sombres, il n’eut plus aucune conscience du temps qui passa et des heures qui défilèrent devant ses yeux. Ce fut pourtant plusieurs petits coups frappés à sa porte qui le ramenèrent sur terre.  En allumant la lumière, il vit la silhouette de Raphaël pénétrer peu à peu dans sa chambre.

- Raphaël  Fit-il d’une voix endormie et plus que surpris de voir l’adolescent dans sa chambre. Quelle que chose ne va pas ?

Raphaël fit quelques pas puis s’arrêta. Là, à son plus grand étonnement, Daevlyn le vit bouger les lèvres.

- Daevlyn… aidez moi… ne m’abandonnez pas… déclara l’adolescent d’une voix suppliante, tandis que des larmes coulaient le long de ses joues pâles.

Daevlyn réagit au quart de tour. Il s’assit sur le bord de son lit et tendit la main à Raphaël.

Enfin, il réagissait. Enfin, il s’ouvrait. Il venait de faire ce que son frère n’avait jamais réussi à faire. L’adolescent  regarda longuement sa main tendue, hésitant face au comportement à adopter, puis il la saisit non sans une certaine appréhension. Il se tendit légèrement à ce contact, mais ne retira pas sa main.

Tentant le tout pour le tout, Daevlyn l’attira lentement vers lui. Raphaël hésita un instant puis franchit les derniers pas qui le séparait de l’adulte. Là, il se jeta dans ses bras et éclata en sanglot.

- Je ne t’abandonnerai jamais Raphaël…

Non, jamais il ne l’abandonnerait. Il ne ferait jamais deux fois la même erreur. A la seconde même ou il l’avait vu, il avait su. Jamais il ne quitterait ce jeune garçon et il l’aiderait toute sa vie s’il le fallait à s’ouvrir de nouveau au monde. Raphaël pleura un long moment, toujours dans les bras de Daevlyn qui, patiemment, lui caressait tendrement les cheveux. Jamais il n’avait touché une peau aussi douce et des cheveux si fin et délicats. Il aurait pu caresser ses cheveux indéfiniment, sans s’arrêter une seule seconde.

Quand Daevlyn sentit un poids mort dans ses bras, il comprit que Raphaël s’était endormit. Sans le réveiller, il se leva et le porta dans sa chambre. Il le coucha sous les couvertures et avec une infinie tendresse, il déposa un baiser sur son front.

La leçon d’équitation se passa comme Daevlyn l’espérait. Il était loin d’être insensible à tous les efforts que faisait Raphaël. A aucun moment il n’évoqua la journée de la veille, préférant ne pas gâcher celle-ci.

Mais sa décision de la soirée fut tout autre…

Peu de temps après le dîner, et pendant que Raphaël prenait sa douche, Daevlyn entra dans sa chambre et l’y attendit. Il était plus que temps qu’ils se parlent franchement et qu’il sache tout. Il lui était devenu insupportable de faire une multitude de supposition sur le pourquoi de l’état de Raphaël. Il se devait de lui parler, comme jamais il ne l’avais à personne.

“Pour que l’un se confie à l’autre, pensa-il, il fallait obligatoirement que l’autre se confie à l’un.”

Une confiance mutuelle s’en dégagerait, et seulement ainsi ayant connaissance du passé de l’autre, se délivrant et en se confessant, alors à cet uniquement moment ils pourraient progresser.

Il était d’abord passé à l’infirmerie et profitant de l’absence de l’infirmière, il avait subtiliser la trousse de secours dans le but de soigner ce qu’il avait vu sur le bras de Raphaël.

Assis sur le lit, il attendait son retour.

Lorsque celui-ci rentra enfin dans sa chambre, Daevlyn remarqua tout de suite le trouble de l’adolescent en remarquant sa présence. Il posa ses vêtement sur la chaise et vient s’asseoir au pied du lit faisant ainsi face à l’adulte.

Daevlyn lui expliqua tout de suite la raison de sa venue.

-         Je voudrais que l’on parle Raphaël.

Il vit automatiquement la tête de Raphaël se baisser et son regard fuir le sien. Pourquoi se fermait-il ainsi, dès que l’on tentait de l’aider.  Voulant  cesser immédiatement le malaise dans lequel tous deux se trouvaient, Daevlyn demanda alors à Raphaël, tout en attrapant la trousse à pharmacie posée sur le sol :

- Si tu ne veux pas me parler, il suffit de me le dire. Saches que je ne te forcerais jamais. Mais surtout, saches que jamais je ne te jugerais sur ce que tu me dévoileras un jour. Si c’est ce dont tu as peur, alors cette peur est inutile. Par contre, s’il te plait, et là je ne te laisse pas le choix, donne-moi ton bras, il faut te soigner, cela pourrait s’infecter.

A cette dernière demande, l’adolescent redressa aussitôt la tête, paniqué par ce qu’il venait de lui demander. Inconsciemment, il passa sa main sur ses plaies masquées par le t-shirt noir.  Daevlyn savait pertinemment que ce qu’il lui demandait était énorme, mais il y été obligé. Lui non-plus n’avait aucune envie de revoir ces plaies, tout cela était trop chargé en ressentiments et en souvenirs pour lui.

-         S’il te plait Raphaël…

Très lentement et à contre cœur Raphaël tendit son bras dans la direction de Daevlyn. Celui-ci le vit s’arreter en chemin, sentant qu’il ne pourrait pas aller plus loin et que rien que cela lui avait demander beaucoup. Il s’approcha alors de lui, et d’une extrême délicatesse, il attrapa son bras. Il dut certainement le saisir au mauvais endroit, car il vit Raphaël réprimer une grimace de douleur.

Il posa son bras sur ses genoux et lentement, il retroussa sa manche. Il failli défaillir en voyant la multitude de cicatrise qui ornait son avant-bras mutilé. Comment pouvait-on ce faire tant de mal ? Daevlyn avait beau savoir ce qui pouvait pousser un personne à faire cela, il avait toujours eut du mal à l’accepter.

Il passa lentement un doigt sur une ancienne cicatrice, comme pour tenter de l’effacer. Il sentit le corps de Raphaël frémir sous ce contact.

Il attrapa alors de quoi le désinfecter et le soigner. Avant d’appliquer la conpresse de désinfectant, il prévint Raphaël :

-          Attention, ça va piquer un peu.

Alors qu’il appliquait la compresse il n’osait plus tourner la tête et regarder Raphaël, pourtant il sentait que celui-ci l’observait depuis un moment

Consciencieusement, il soigna Raphaël, faisant preuve d’une extrême méticulosité et d’une douceur très particulière.

Lorsqu’il eut fini et afin de vérifier qu’il n’avait rien oublier, il tira un peu plus sur la manche de Raphaël, et fut de nouveau horrifié par ce qu’il venait de voir. Ce n’était pas les multiples cicatrices qui continuer à parcourir celui-ci qui le choquèrent mais une partie d’un hématome encore violet, preuve qu’il n’était pas vieux. Il écarta tout de suite l’idée que celui-ci soit due à la chute qu’il avait faite, la trouvant trop facile. Il releva alors la tête vers Raphaël et lui demanda peut être d’un ton un peu sec dû au futur énervement de ce qu’il allait certainement découvrir.

Il releva alors la tête vers Raphaël et lui demanda peut être d’un ton un peu sec dû au futur énervement de ce qu’il allait certainement découvrir.

- Enlève immédiatement ce t-shirt.

Le regard paniqué que Raphaël lui envoya alors, ne lui fit pas une seule seconde changer d’avis. Et le ton qu’avait employé Daevlyn indiquait clairement à Raphaël qu’il n’avait pas le choix. C’était un ordre.

Pourtant Raphaël ne bougea pas d’un pouce. Figé et terrifié par la demande de Daevlyn, il ne savait plus vraiment ce qui devait et pouvait faire.

Daevlyn furieux contre celui qui avait fait ce qu’il pensait à Raphaël, haussa le ton, ne laissant aucune échappatoire à Raphaël qui commençait à pleurer :

- Raphaël, enlève le, tout de suite !

Raphaël lui lança un dernier regard plein d’incompréhension et de rancœur. Daevlyn le savait : Raphaël lui en voulait. Mais il ne pouvait pas faire autrement. Il fallait qu’il en ait le cœur net. Raphaël se leva et se mis dos à Daevlyn, ne voulant surtout pas croiser son regard lorsqu’il verrait, ne voulant pas voir le dégoût et la répulsion qu’il pourrait y lire.

C’est tout tremblant et à deux doigts de s’évanouir qu’il ôta son t-shirt, dévoilant ce qu’il avait toujours voulut cacher et qu’il aurait souhaité ne jamais dévoiler.

Les larmes virent au yeux de Daevlyn lorsqu’il vit…

De longues marques rouges encore fraîches zébraient la peau du dos de l’adolescent, recouvrant d’autres plus anciennes. Une multitude d’hématomes et de bleus de tout âge venaient s’y mêler.

Lentement et non sans difficultés, Daelvyn se leva et s’approcha de Raphaël. Chaque marque sur le corps de Raphaël était comme un coup de couteau dans le cœur de Daevlyn.  Là, il passa sa main sur le dos meurtri de l’adolescent, étonné par la douceur que sa peau gardait malgré tout ce qu’elle avait subie. La sensualité de ce simple geste fit frissonner l’adolescent.

Les épaules de Raphaël s’affaissèrent, comme pour se replier un peu plus sur lui même, tentant de disparaître et de se cacher de cet homme qui le mettait à nu. Comprenant la détresse dans laquelle se trouvait l’adolescent, Daevlyn se colla tout contre lui, et l’entoura de ses bras, lui montrant ainsi que même avec ce qu’il venait de voir, il ne l’abandonnerait pas. Non, jamais il ne l’abandonnerait.

Une seule question torturait son esprit : « qui lui avait ça et pourquoi ? »

Raphaël se retourna alors faisant face à Daevlyn et se blotti directement au creux de ses bras. Il éclata en sanglots  qui déchirèrent le cœur de Daevlyn un peu plus profondément.

Ce ne fut qu’après un long moment d’intimité, blotti l’un contre l’autre que Daevlyn se décida à parler enfin. Passant sa main dans ses cheveux, serrant tout contre lui un corps si fragile et tremblant, secoué de spasmes dû aux pleurs, il commença :

-         Je suis désolé Raphaël, je… je n’avais pas réalisé l’ampleur de ta souffrance, je viens de te faire du mal sans le vouloir. Pour réparer ce que je viens de faire, je vais te dire plusieurs choses. Tout d’abord saches que plus jamais tant que tu resteras près de moi, plus jamais tu n’auras à subir ce que tu as subit. Je te protégerai de toute cette cruauté que tu as subit, je…

Daevlyn se sentait si faible face à l’immensité de la souffrance de l’adolescent. Il se sentait si petit et inutile face à cette adversité. Il avait soudain très peur de ne plus être assez fort pour l’épauler, de ne plus être assez fort pour l’aider. Vu son état de faiblesse au départ, il trouva qu’il n’était vraiment pas l’homme de la situation.

-         Non Raphaël, je te dois la vérité. Je suis responsable de la mort de mon frère. Il était déjà au bord du gouffre et je n’ai fait que l’y pousser un peu plus. Je… Je ne suis pas fort, depuis ce jour je suis si faible. Je ne peux te promettre d’être toujours là pour t’épauler, mais je te jure de faire de mon mieux. Tu lui ressembles tant…

Ses yeux s’embuèrent et sa vue se troubla de nouveau. Cette dernière dispute qu’il avait eut avec lui, ces dernier mots qu’il avait prononcé, il s’en souvenait parfaitement. « Tu n’as qu’à mettre fin à tes jours si la vie est aussi pourrie que cela, tu me fera moins chier et je pourrais vivre enfin ». Jamais il n’avait penser ses mots, les ayant prononcés sous le coup de la colère. La culpabilité le rongeait depuis si longtemps…

Mourir pour revivre - Chapitre 11

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 11 écrit par Shinigami

Terrassé par la fatigue, Raphaël n’entendit pas la porte de sa chambre s’ouvrir. Cependant, il sentit clairement son lit s’affaisser, comme si quelque un s’asseyait sur le bord. Encore trop endormis, l’adolescent ne réagit pas tout de suite. Mais lorsqu’il sentit que l’étranger relevait la manche de son pyjama, cela acheva de l’éveiller. Il ouvrit brusquement les yeux et reconnu la silhouette de Daevlyn. Pour le coup, Raphaël paniqua. Non seulement l’adulte était à une distance plus que rapprochée de lui, mais en plus, il venait de découvrir son poignet mutilé. Avec une agilité surprenante, il sauta hors du lit et alla se réfugier dans un angle de la pièce.

Accroupi dans le coin, la tête rentrée dans les épaules, Raphaël regardait Daevlyn, une lueur terrifiée illuminait ses yeux améthystes. Ses bras autour de son corps en une position de protection, il semblait tétanisé.

« Non… il ne peut pas être là… par pitié… »

« Le traitement que je te donne ne suffit pas à ce que je vois ! S’exclama une voix grave et caverneuse. Dans ce cas, je vais me faire un plaisir d’y remédier », ajouta l’homme en s’approchant dangereusement de l’adolescent recroquevillé dans l’angle le plus éloigné de la pièce.

Raphaël ne quittait pas des yeux l’homme qui s’avançait vers lui. La panique l’empêchait de faire le moindre geste et son dos douloureux réduisait considérablement son agilité. Bien que depuis le temps, il avait appris que s’enfuir ou éviter les coups ne faisait que renforcer la colère de l’homme.

Le premier coup s’abattit violement sur ses côtes. Le souffle coupé sous la violence du coup, Raphaël abandonna sa position de protection. Les coups se mirent alors à pleuvoir. Sa chemise était en lambeau et son dos le faisait atrocement souffrir. La sueur coulait sur son corps  et se mélangeait à un liquide chaud et visqueux qui semblait s’échapper de ses plaies ouvertes. Tant bien que mal, il essayait de protéger ses côtes qui le faisaient souffrir. Soudain, un coup s’abattit sur sa joue et sa tête cogna violement contre le sol. Les rires de l’homme se firent plus distant, sa vue se troubla et soudain… tout devint noir.

Un son ramena Raphaël à la réalité. Il ouvrit les yeux qu’il n’avait pas eut conscience de fermer et observa Daevlyn à la dérobé. Il n’osait pas le regarder en face… pas après ce qu’il venait de découvrir. Il ne voulait pas qu’il sache la décadence dans laquelle il était tombé…

La voix suppliante et entrecoupée de sanglots de l’adulte attira l’attention de l’adolescent.

- Je t’en prie, raconte moi Raphaël… dis moi tout ! confesses toi de ce mal qui te ronge tant… Je t’en supplie, saisit la main que je te tends…

Raphaël ne bougeait pas, la terreur le paralysait, il ne quittait pas du regard l‘adulte qui, inconsciemment, approchait lentement de lui, ne voyant pas dans quelle état de terreur il plongeait le jeune garçon.

Raphaël de son côté ne comprenait pas le comportement de Daevlyn.

« Pourquoi est-ce qu’il avance ? Il m’a promit qu’il ne me toucherait pas contre mon gré… Pourquoi ne me voit-il pas ? Pourquoi continue t-il d’avancer ?… non… je ne veux pas… il me fait peur… nooooooooon…. »

Voyant que l’adulte ne semblait pas prendre conscience de ses gestes et qu’il était à deux doigts de le toucher, Raphaël ferma les yeux et se mit à crier. Il cicla tout en se débattant, donnant des coups de pieds dans le vide, dans un instinct de protection

Au ciclement de l’adolescent, Daevlyn sembla revenir à la réalité et apercevant la faible distance qui le séparait de Raphaël, il comprit immédiatement la raison de sa panique. Précipitamment, il recula de quelques mètres et se laissa tomber à genoux.

Ne sentant pas le contact venir, Raphaël cesser de crier et ouvrit les yeux. Le spectacle qui s’offrait à lui le bouleversa profondément. Daevlyn, à quatre pattes sur le sol, pleurait sans retenue. Mais ce qui le toucha le plus, ce fut les paroles qu’il prononça :

- Pardonne moi Raphaël… je ne voulais pas t’effrayer… pardonne moi… Je voudrais te connaître… je voudrais te comprendre… Pourquoi es tu devenu ainsi ? Qu’as tu vécu pour craindre à se point le monde extérieur ?… Mon seul but est de t’aider Raphaël… Saisis cette chance que je te donne  Raphaël… C’est peut être la seule que tu auras…

La dernière phrase lui fit l’effet d’un coup de poing en pleine figure et il resta là, immobile.

Face au mutisme de l’adolescent, Daevlyn quitta la pièce. Il espérait simplement que ses paroles arriveraient à briser la carapace du jeune garçon.

Resté seul dans sa chambre, Raphaël laissa libre cours à sa détresse. Il s’allongea sur le sol et pleura toutes les larmes de son corps. Il se sentait tellement coupable… Il avait vu dans le regard de Daevlyn que son comportement avait fait ressurgir ses démons intérieurs. Une partie de son passé semblait lui avoir explosé au visage.

« C’est à cause de moi que Daevlyn souffre… je le vois quand il me regarde… C’est de ma faute… tout est de ma faute… Je n’aurai jamais du venir ici… Je ne suis qu’un incapable… Un imbécile qui fait revivre à la seule personne qui souhaite m’aider, les sombres moments de son passé… je me sens tellement coupable… Pourquoi ne puis-je rien faire correctement ? Pourquoi toutes les personnes qui croisent un jour mon chemin finissent elle par en souffrir ? Suis-je maudit ? Daevlyn semblait tellement sincère quand il m’a dit toutes ces choses… Est il réellement le seul à vouloir m’aider ? Je voudrais tellement le croire… mais j’ai peur… la dernière fois que j’ai fais confiance à quelqu’un il…  Et si ça recommençait ? Et si c’était la seule chose qu’il attend de moi ?… je ne sais pas… je suis perdu… Je voudrais quitter cette vie inutile… cette vie de tristesse et de souffrance… Daevlyn paraissait tellement sincère tout à l‘heure… je… je ne veux pas lui faire de mal… je ne veux pas  ‘qu‘il‘ réapparaisse… plus jamais… Daevlyn… je ne veux pas qu‘il…»

L’adolescent finit par s’endormir sur ces dernières pensées.

Lorsqu’il se réveilla, la nuit était tombée. Son corps le faisait souffrir. Il se redressa sur ses coudes, et remarqua qu’il était allongé sur le sol. Avec difficultés, il se releva et  regarda l’heure qu’affichait son réveil : 00:30.

A pas de loup, il sortit de sa chambre, il avait pris sa décision. Une fois dans le couloir, il hésita longuement, puis fini par frapper délicatement à la porte de Daevlyn. Sans attendre de réponse et par peur d’être vu, il entra dans la chambre, au moment ou Daevlyn allumait la lampe de sa table de chevet.

- Raphaël ? Fit-il d’une voix endormie et plus que surpris de voir l’adolescent dans sa chambre. Quelle que chose ne va pas ?

Raphaël fit quelques pas puis s’arrêta. Là, à son plus grand étonnement, Daevlyn le vit bouger les lèvres.

- Daevlyn… aidez moi… ne m’abandonnez pas… déclara l’adolescent d’une voix suppliante, tandis que des larmes coulaient le long de ses joues pâles.

Daevlyn réagit au quart de tour. Il s’assit sur le bord de son lit et tendit la main à Raphaël.

L’adolescent la regarda longuement, hésitant face au comportement à adopter, puis, son sans appréhension, il saisit la main tendue de Daevlyn. Il se tendit légèrement à ce contact, mais ne retira pas sa main.

Tentant le tout pour le tout, Daevlyn l’attira lentement vers lui. Raphaël hésita un instant puis franchit les derniers pas qui le séparait de l’adulte. Là, il se jeta dans ses bras et éclata en sanglot.

- Je ne t’abandonnerai jamais Raphaël…

Raphaël pleura un long moment, toujours dans les bras de Daevlyn qui, patiemment, lui caressait tendrement les cheveux.

Quand Daevlyn sentit un poids mort dans ses bras, il comprit que Raphaël s’était endormit. Sans le réveiller, il se leva et le porta dans sa chambre. Il le coucha sous les couvertures et avec une infinie tendresse, il déposa un baiser sur son front.

A contre cœur, il s’éloigna de l’adolescent endormis et quitta la pièce. Au moment de fermer la porte, il jeta un dernier coup d’œil à Raphaël et regagna sa chambre.

Raphaël fut réveillé par l’odeur si particulière du café. Péniblement, il ouvrit les yeux et vit un plateau contenant un copieux petit déjeuner posé au pied de son lit. Il s’assit  dans son lit et aperçut Daevlyn, assit sur une chaise à quelques pas de lui. celui-ci lui adressa un sourire joyeux et lui dit :

- Mange ! Une journée bien remplie nous attend aujourd’hui.

Raphaël s’empara du plateau et le posa sur ses genoux. Il prit une tartine et la tendit à Daevlyn qui déclara :

- Non merci Raphaël, j’ai déjà mangé.

L’adolescent la porta alors à sa bouche et la grignota distraitement. Puis il bu la moitié de son verre de jus d’orange et repoussa le plateau.

- Tu sais Raphaël, tu vas finir par tomber malade si tu ne manges pas plus que ça.

L’adolescent prit alors une seconde tartine qu’il mangea lentement, comme s’il n’arrivait plus à avaler.

Il lança un regard d’excuses à Daevlyn qui lui adressa un sourire rassurant, comme quoi il ne lui en tenait pas rigueur.

Après un court silence, Daevlyn déclara d’un ton grave :

- Pour ce qu’il s’est passé hier après midi… promet moi de ne jamais recommencer…

Raphaël détourna le regard et hocha la tête.

- Je veux te l’entendre dire Raphaël…

L’adolescent releva la tête, mais ne regarda pas Daevlyn, trop honteux, et après un instant d’hésitation, il déclara d’une petite voix :

- Je… je vous le promet…

Daevlyn lui adressa un sourire resplendissant auquel Raphaël répondit timidement. L’adulte se leva, prit le plateau et déclara :

- Allez, vas prendre ta douche . Je te rejoins dans le hall.

Il allait fermer la porte quand il s’arrêta, faisant sursauter Raphaël et il ajouta :

- Je suis content que tu te décides enfin à parler ! Tu as une très jolie voix, c’est dommage de ne pas la faire partager !

Puis, il quitta la pièce, laissant derrière lui un jeune garçon, sidéré. Puis, réalisant complément les paroles de l’adulte, Raphaël s’empourpra violement.

Il prit ses affaires et fila sous la douche. Il en ressortit quinze minutes plus tard et après s’être coiffé, il partit rejoindre Daevlyn dans le hall.

Lorsqu’il arriva, l’adulte n’était pas encore arrivé, mais il n’eut pas à l’attendre longtemps.

Côtes à côtes, ils se dirigèrent vers les écuries afin d’aller chercher les licols de leur monture. Raphaël devança l’adulte et lorsqu’il revient, il lui tendit le licol de Waterfalls.

Daevlyn l’attrapa et le remercia d’un sourire. Il remerciait intérieurement l’adolescent de faire autant d’efforts, mais il avait aussi remarqué que Raphaël était encore mal à l’aise et prenait sur lui pour contrôler le tremblement de ses mains.

En silence, ils se dirigèrent vers l’enclos des animaux.

Raphaël salua Diamond  Dust et lui mit le licol, puis rejoignit Daevlyn qui l‘attendait avec Waterfalls.

Ils pansèrent leur montures, puis quand Diamond Dust fut sellé, ils se rendirent dans le rond de longe afin de commencer la leçon.

A midi, ils se rendirent au réfectoire. Reprenant ses habitudes, Raphaël alla s’asseoir dans le fond, ignorant totalement les regards que lui lançaient certains pensionnaires. Il mangea en vitesse, bien qu’un peut plus qu’à l’accoutumé afin de faire plaisir à Daevlyn puis quitta la cantine.

En attendant la reprise du cours, Raphaël alla s’asseoir près des chevaux. Il aimait leur compagnie plus que celle des hommes. La seule exception qui échappait à la règle, était Daevlyn. Bien que parfois son comportement l’effrayait, il se sentait en sécurité à ses côtés. Raphaël avait l’impression que l’adulte avait une certaine emprise sur lui. Jamais encore il n’avait eut autant envie de faire plaisir à quelqu’un si ce n’est à Daevlyn. Il était le seul pour qui il avait envie de se battre.

Plongé dans ses réflexions, il ne vit pas la silhouette qui l’observait à quelques pas de là, et sursauta lorsqu’une voix s’éleva dans son dos :

- A quoi penses tu ?

Raphaël se leva précipitamment et gêné, il bredouilla :

- Je… euh… à rien…

Daevlyn lui sourit et ils reprirent la leçon là ou il l’avait arrêtée.

En fin d’après midi, alors que la leçon touchait à sa fin, Daevlyn dit à l’adolescent :

- Tu te débrouilles très bien Raphaël. Ça te tente d’essayer le trot ?

Le jeune garçon le regarda comme s’il venait de lui annoncer la fin du monde, ce qui fit rire Daevlyn et il timidement, il hocha la tête en signe d’acquiescement.

Daevlyn le fit descendre de cheval et commença ses explications :

- Le trot est une allure à deux temps. Pour évité d’être trop secoué et pour ne pas faire mal au cheval, il faut se lever un temps sur deux. Tu comprends ?

Devant l’air contrit de l’adolescent, Daevlyn enfourcha Diamond Dust et le lança au tout petit trot afin de lui faire une démonstration. Puis, il sauta à terre et laissa la place à Raphaël. Ce dernier eut beaucoup de mal à prendre le rythme durant les premières secondes, puis, il prit rapidement le rythme.

Raphaël était aux anges ! Un sourit ravi illuminait son visage, le rendant encore plus beau.

Ils terminèrent la séance sur cette réussite. Daevlyn aida Raphaël à s’occuper de son cheval et alors que l’adolescent le détachait pour le ramener au prés, il déclara :

- Non, ne le détache pas ! Je vais monter un Waterfalls dans le rond un moment, je les ramèneraient quand j’aurais terminé.

Raphaël ré attacha l’animal et suivit Daevlyn jusqu’au rond de longe. Là, il s’assit dans l’herbe à quelques pas de la clôture et reporta toute son attention sur Daevlyn et Waterfalls.

Durant plus d’une heure, il observa Daevlyn qui, de temps en temps, lui donnait des explications sur ses actes envers l’animal.

Quand il eut terminé, Daevlyn dessella son cheval avec l’aide de Raphaël, puis alors qu’il rentrait les chevaux au prés, il sauta sur le dos de sa monture à la manière des indiens. Raphaël le regarda ébahi. Devant le regard du jeune garçon, Daevlyn déclara :

- Tu peux monter aussi si tu veux. Tu te places au niveau de son épaule, tu te tiens à sa crinière et tu jettes ta jambe par-dessus son dos.

L’adolescent suivit les instructions de son moniteur et monta sur le dos de son cheval.

D’abord surprit par la sensation des muscles qui roulaient sous lui, il se prit à apprécier ce contact qui le faisait se sentir un seul avec sa monture.

Daevlyn lui enseignait comment sentir les mouvements du cheval sous lui t Raphaël buvait ses paroles.

Des larmes de bonheur jaillirent au coins de ses yeux. Il n’avait jamais été aussi heureux.

Ils quittèrent le parc sur un dernier câlin de Raphaël à Diamond Dust, puis l’heure du repas arrivant à grand pas, ils se dirigèrent vers le réfectoire.

Après le dîner Raphaël alla prendre sa douche. Lorsqu’il revient, il eut la surprise de trouver Daevlyn qui l‘attendait, assit sur son lit.

Masquant son trouble, Raphaël posa ses vêtements sur la chaise et mal à l’aise, il alla s’installer sur son lit en face de l’adulte qui lui dit :

- Je voudrais que l’on parle Raphaël.

Mourir pour revivre - Chapitre 10

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 10 écrit par Lybertys

Gêné par cette larme qui lui avait échappé, Daevlyn l’essuya d’un revers de la manche. Il fut alors énormément troublé par le regarde de Raphaël. Il avait une nouvelle fois fait une erreur. Il ne devait pas montrer ses faiblesses et il en avait entièrement conscience. Pourtant cela avait était au dessus de ses forces.

Ce qui toucha le plus Daevlyn dans ce regard, ce fut la détresse qu’il pouvait y lire. Il avait déjà vu ces autres sentiments dans ces prunelles améthystes, mais jamais encore il n’y avait lu autant de détresse.

Trop honteux et anxieux pour dire quoi que ce soit, Daevlyn se tut.

Brusquement, Raphaël tendit le bras et attrapa son carnet de note et son crayon posés sur sa table de chevet. Puis, il commença à écrire de son écriture fine et délicate.

« Encore vos démons intérieurs ? »

Il tendit le calepin à Daevlyn qui esquissa un faible sourire face à la question de l’adolescent. Il lui devait une explication, nous avons tous beaucoup moins peur des chose que nous ne connaissons pas, par rapport aux choses que nous connaisons. Continuer à se taire à ce sujet, ne ferait qu’éloigner Raphaël un peu plus de lui. Il inspira un grand coup avant de répondre. Il ne lui dévoilerait bien évidemment pas tout, mais une partie importante : la raison de cette larme en regardant Raphaël.

-       ll y a très longtemps, lorsque je n’étais encore qu’un enfant je…

Daevlyn fit un pause. Cette histoire il ne la racontée que très rarement et cela était toujours éprouvant. Mais devant l’attente de Raphaël, il prit son courage à deux mains et repris :

-      J’avais un frère jumeau que j’aimais énormément. Peut être même plus que nous aurions dû…  Mais là n’est pas la question. Je… Il te ressemblait beaucoup, pas physiquement, non mais psychologiquement. Depuis notre naissance, je le protégeais chaque jour. Nous ne nous séparions jamais. Il ne parlait presque jamais aux autres, il s’adressait uniquement à moi et de nombreuses fois j’ai joué l’intermédiaire. Un jour… je… je me suis disputé avec lui, je voulais qu’il s’ouvre au monde, je ne voulais que son bonheur. Devant le peu de réaction qu’il avait, je suis sorti dans le jardin prendre l’air. Je me suis étendu sur l’herbe et j’ai fini par m’assoupir. Quand j’ai réouvert les yeux, je…

Arrivé à cette partie du récit, Daevlyn ne pu retenir de nouveau ses larmes.

-         Excuse moi, je ne devrais pas te raconter tout cela.

Il allait se lever pour repartir, lorsqu’il vit Raphaël écrire de nouveau sur son bloc note et lui tendre :

« J’aimerai beaucoup connaître la suite… »

D’un revers de la manche, il essuya ses larmes qui seraient très vite remplacées par d’autres et reprit la partie la plus difficile de son récit :

-         Je me suis réveillé parce que j’avait soudain très chaud. Mon frère avait mis le feu à la maison Raphaël. Il s’est suicidé et je n’ai rien pu faire pour lui à part l’enfoncer en lui disant toute ses choses horribles. Je… Les derniers mots que je lui ai dit comme je les regrette.

Les yeux embués par les larmes, il ne pouvait plus parler. Redire à voix haute tout cela, se remémorer que trop clairement tout ces « démons intérieurs » lui faisait beaucoup trop de mal. Il avait l’impression que son cœur allait éclater tellement il avait mal.
Comme pour changer de sujet, sentant qu’ils s’aventuraient dans un terrain dangereux, Raphaël lui posa une question qui lui brûlait les lèvres :

« Comment es tu arrivé là ? »

-       La raison de mon arrivée ici, est très simple, nos parents m’en voulaient de l’avoir laisser tout seul, et me prenait toujours pour l’unique responsable. Je suis devenu tellement insupportable qu’on a fini par m’envoyer ici, et je n’en suis jamais ressorti.

Daevlyn fit un pose et essuya ses dernières larmes. Il était temps de sortir de cette chambre et d’aller réveiller tout le monde. C’est pourquoi il lui dit :

-       Bon, aller, assez parler. Bien entendu tout cela reste entre nous. Va prendre ta douche. On se retrouve tout à l’heure.

Daevlyn sortit de la chambre et réveilla tout le monde après avoir ramener leur plateau. Après le petit déjeuner, ils se rendit avec les autres moniteurs dans le hall d’entrée pour aller chercher les élèves pour la randonnée.

Ils se mirent en route après les dernières recommandation et Daevlyn prit la tête avec Sébastien. Plusieurs fois, il jeta un coup d’œil en arrière pour voir si Raphaël suivait toujours.  Evidemment, cela ne passa pas inaperçu aux yeux de Sébastien qui lui dit alors en riant :

-         Aller, file, va le rejoindre ! Tu fermeras la marche et comme cela tu pourras être sur de ne perdre personne…

Daevlyn sourit un peu gêné et s’exécuta. Il alla rejoindre Raphaël. En s’approchant de lui, il le vit s’arrêter et regarder dans le ciel. Il fit de même et sourit en voyant l’oiseau majestueux qui planait au dessus d’eux.

- C’est un aigle royal, déclara t-il.

Raphaël se retourna et sourit timidement à Daevlyn avant de reporter son attention sur le rapace.

Lorsque celui disparut de leur champ de vision, ils reprirent leur route. Daevlyn s’amusait de voir Raphaël s’extasier à la vue d’un écureuil, ou devant une fleur au couleurs vives qui attirait son attention.

Voir cet enfant aussi heureux le rendait lui-même heureux à son tour. Un rien l’émerveillait, et il était agréable de le voir découvrir la beauté de la nature qui s’offrait librement à eux.

Ils marchèrent à leur rythme durant de longues heures encore. Daevlyn apprenait à Raphaël le nom des fleurs qu’il connaissait, et lui expliquait comment reconnaître et différencier les empruntes des animaux qu’ils voyaient au sol.

Lorsqu’ils arrivèrent au lieu du pique nique, le groupe était déjà là. Les moniteurs surveillaient les ados et tous mangeaient à l’ombre des arbres. Raphaël alla s’asseoir à l’écart du groupe, et Daevlyn lui apporta un sac contenant son repas de midi, qu’il déposa à ses pieds avant de reculer de quelques pas.

Raphaël le remercia d’un signe de la tête et commença à manger distraitement, alors que Daevlyn retournait voir Sébastien qui l‘appelait.

Daevlyn se dirigea d’un pas nonchalant vers Sébastien.

-         Viens manger avec nous quand même. Tu as le droit de faire un pause, t’occuper de ce gosse 24h/24h doit être crevant.

-       Non, mais…

-        Chut, ce n’est pas un proposition, mais un ordre de ton supérieur.  Pour ta santé, reste avec nous.

Daevlyn ne rajouta, rien, car il ne voulait surtout pas aborder ce genre de sujet maintenant. Durant le repas, il vit Raphaël s’exiler de nouveau et suivit des yeux sa disparition entre les arbres longeant la rivière.

Mais c’est en voyant trois adolescents partir à sa suite quelques minutes plus tard qu’il s’inquiéta. Il se leva aussitôt sans laisser le temps à Sébastien de dire quoi que ce soit, et suivit ces jeunes garçons étant sûr qu’ils préparaient un mauvais coup. Arrivés à l’endroit où se tenait Raphaël debout au bord d’un falaise, ils les vit se chuchoter quelques mots qu’il ne parvint pas à entendre, se doutant que c’était au sujet du coup qu’il préparaient.

Tout à coup, l’un d’eux courut en direction de Raphaël et le poussa dans le dos, le jetant par dessus la falaise. Cela se passa si vite, que Daevlyn n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit, et vit disparaître le corps de Raphaël dans le vide.

Une rage destructrice emplit le cœur de Daevlyn, lui faisant perdre la raison. Il ne se contrôla pas et fonça droit sur eux, n’ayant qu’une envie : utiliser toute la violence dont il était capable contre eux.

En bas , il entendit la grande inspiration que Raphaël fit en remontant à la surface. Il entendit aussi les autres adolescents se moquant de lui. Rien qu’à imaginer l’état de détresse dans lequel le jeune devait se trouver, Daevlyn paniqua. Après un coup d’œil en bas de la falaise, quand il vit Raphaël prendre la fuite dans la forêt, il fit face aux trois adolescents. Avant qu’il ne réalise son geste, il poussa Steven dans le vide, comme celui-ci venait de faire avec Raphaël et partit en courant à la recherche de ce dernier. Ayant trop peur de le perdre, il courut aussi vite que sa condition physique lui permettait. Lorsqu’il apperçut enfin sa silhouette, il la vit s’effondrer sur le sol au pied d’un arbre. Les hurlements de détresse qu’il poussa soulevèrent le cœur de Daevlyn. Pourquoi l’avait-il laisser partir seul, pourquoi n’avait-il pas interrompu les jeunes plus tôt. Il s’approcha doucement de lui, et lui dit calmement tentant de le calmer :

-     Respire doucement… là… voilà, comme ça… plus lentement… fait entrer l’air dans tes poumons…

Des spasmes violents parcouraient son corps de violents frissons. Sa respiration était saccadée, l’air lui manquait… il étouffait… Il fallait à tout prix qu’il se calme. Ce fut seulement de longues minutes plus tard que la respiration de Raphaël se calma. Celui-ci se bouina contre l’arbre.

Daevlyn sentant la détresse et le mal être de l’adolescent tenta de le rassurer, d’un ton doux et calme, comme il avait tenter de le faire précédemment. Les larmes innondants les yeux du gamin lui donnaient une envie destructrice de le venger.

Malgré la chaleur ambiante, le corps de Raphaël était parcourut de frissons et ses vêtements mouillés n’arrangeaient vraiment pas les choses.

Daevlyn attendit patiemment que Raphaël se calme. Puis, ils retournèrent au bord de la rivière. D’abord réticent, l’adolescent fini par céder et suivit Daevlyn. Lorsqu’ils arrivèrent, tous les regards se tournèrent vers eux dans un silence de mort. Daevlyn fit signe à Raphaël de s’asseoir sur un des rochers au soleil, tandis qu’il allait chercher la trousse de secours, avant de revenir vers lui.

Sébastien ne lui posa aucune question, sentant que ce n’était vraiment pas le moment. Son regard n’était doux et rassurant que pour Raphaël. Les autres ne voyaient dans son regard que de la haine et un souhait de vengeance.

Daevlyn posa devant l’adolescent une compresse imbibée de désinfectant. Raphaël fit mine de la repousser mais Daevlyn intervint. Toujours d’une voix douce, il lui dit :

- Il faut soigner ta blessure à la tempe Raphaël… Aller, s’il te plait…

Le jeune garçon prit alors la compresse et  l’appliqua sur sa blessure. Il frémit au contact du produit, alors qu’une violente brûlure se faisait ressentir.

Autour d’eux, personne n’osait briser le silence d’une quelconque façon. Tous regardaient la scène irréaliste qui se déroulait sous leurs yeux.

Ce fut Daevlyn qui brisa le silence :

- Il faut te changer Raphaël. Tu ne peux pas rester avec tes habits trempés.

A ses mots, Raphaël frémit. Daevlyn savait qu’il lui demandait l’impossible, mais il ne pouvait pas rester ainsi, il avait finir par attraper la mort, surtout dans l’état de choc dans lequel il se trouvait.

Daevlyn enleva son T-shirt, et le tendit à l’adolescent, mais celui-ci n’esquissa pas un geste pour le prendre, son regard fixant toujours le sol.

Daevlyn eut beau insister, il n’obtint aucune réaction de la part du jeune garçon. Il s’était renfermé sur lui -même et ne semblait pas vouloir sortir de sa bulle. Sentant que rien n’y ferait, Daevlyn n’insista pas et lui dit :

- Très bien, je respect ta volonté, mais reste au soleil afin de faire sécher tes vêtements. Je reviens.

Sur ces paroles, il s’éloigna en direction des moniteurs, tuant Steven du regard.

Sébastien lui sauta directement dessus :

-     Que c’est-il passé ?

-    Je rentre avec lui.

-     Quoi ?

-   Il a besoin de repos, il est encore en état de choc et je ne pense pas que rester ainsi avec tout le monde ne soit bon pour lui. Il vient de faire une chute de plusieurs mètres Sébastien !!!

-     Bon, ok…

Sans un mot de plus, Daevlyn retourna auprès de Raphaël et lui dit toujours sur le même ton :

- Viens Raphaël, nous rentrons… Raphaël ?

L’interpellé leva vers lui un regard vide de toute expression, et lentement, il se leva du rocher sur lequel il était assit.

Le chemin qui les ramenait au centre ne leur aura jamais parut aussi long. Les heures se succédaient, interminables et éprouvantes, aussi bien pour l‘un que pour l’autre.

Au bout de trois heures de marche, Daevlyn vit Raphaël commencer à tituber. S’inquiétant pour lui, il ralentit le rythme, ne voulant surtout pas qu’il ne s’évanouisse.

Raphaël marchait à la manière d’un automate, ne regardant pas ou il mettait les pieds. Il trébuchait tout les deux pas, se rattrapant au dernier moment. Sur ses joues, les larmes n’avaient pas cessées de couler depuis l’incident.

Après un énième trébuchage, Raphaël  n’eut pas le courage ni même la volonté de se rattraper et s’affala de tout son long sur le chemin caillouteux.

Daevlyn se précipita vers lui et déclara d’une voix encourageante :

- Nous sommes bientôt arrivé Raphaël encore un petit effort.

Raphaël était à bout de force et Daevlyn ne le savait que trop. C’est pourquoi, il tenta de l’encourager au mieux, l’incitant à se relever et à poursuivre sa route :

- Aller Raphaël, tu peux le faire. Relève toi, il ne reste plus que quelques dizaines de mètre à faire.

Au prix d’un immense effort, Raphaël se releva avec difficulté. La terre maculait ses vêtements et son visage. La plaie sur sa tempe s’était ré ouverte et le sang  avait coaguler. Daevlyn aurait aimé le soutenir, le porter et l’aider à avancer. Mais cela impliquait un contact direct avec lui, et il n’en n’était bien sur pas question pour l’adolescent.

Après quelques minutes, ils arrivèrent enfin au ranch. L’adulte envoya directement l’adolescent prendre sa douche.

Daevlyn se rendit quand à lui dans sa chambre après un bref passage au parc des chevaux pour voir si tout allait bien.

Lorsqu’il entendit la porte de la chambre de Raphaël claquer, il se leva et s’y rendit, dans le but de lui parler un peu.

Il frappa plusieurs coups et devant la non-réponse de Raphaël, il tourna délicatement la poignée entra dans sa chambre. Il le vit allongé sur son lit et sourit de le voir si calme. Au lieu de repartir comme il était venu, il s’approcha un peu plus. Une sorte te de tache sur son lit attirait son attention. Etant encore au milieu de l’après-midi, il pouvait à peu près voir dans la pièce grâce à la lumière tamisée passant à travers les volets. Lorsqu’il vit la couleur de la tache et sa proximité avec le bras de Raphaël, il paniqua, s’attendant au pire. Il s’approcha un peu plus, trop anxieux de savoir ce qu’il allait découvrit. Voulant en avoir le cœur net, il se pencha au dessus de son bras, et tira délicatement la manche de son t-shirt. Ce qu’il vit à ce moment là, le figea sur place. Il avait déjà tant vu se genre de blessure sur les bras de son frère. Pour rien au monde, il n’aurait voulut être de nouveau confronté à cela. Ayant levé les yeux au plafond pour ne surtout pas supporter une seconde de plus la vision de cette scarification, il ne vit pas tout de suite le regard effrayé que Raphaël, éveillé par ce contact, lui lançait. Ce n’est que lorsque celui-ci  sortit de son lit et courut se réfugier dans le coin opposé de la pièce, qu’il eut connaissance de son réveil. Le regard  fuyant de Raphaël lui fit comprendre qu’il avait comprit ce qu’il venait de découvrir. Voulant cesser au plus vite ce moment étouffant, sentant les larmes couler sur ses joues, Daevlyn le supplia :

- Je t’en prie, raconte moi Raphaël… dis moi tout ! confesses toi de ce mal qui te ronge tant… Je t’en supplie, saisit la main que je te tends.

Mourir pour revivre - Chapitre 9

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 9 écrit par Shinigami

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Un bruit à la porte de la chambre de Raphaël, le tira de son sommeil. Il émergea tout doucement de son sommeil en s’étirant avec fainéantise et émit un grognement endormis afin de faire comprendre à l’opportun qu’il était réveillé. A sa grande surprise, la porte s’ouvrit sur Daevlyn, tout sourire, tentant un plateau garnis d’un copieux petit déjeuner.

Avant que Raphaël ne réalise réellement ce qu’il se passait, Daevlyn déclara :

- Bonjour Raphaël, je pensais que tu aurais peut être faim. Moi j’ai faim, et j’aimerai vraiment partager ce petit-déjeuner avec toi. Je ne me sens pas de le manger tout seul.

Sur ce, l’adolescent le vit prendre une chaise et poser le plateau sur le lit. Un éclair de crainte traversa aussitôt son regard améthyste mais celui-ci fut très vite remplacer par le soulagement lorsqu’il vit Daevlyn s’asseoir à une distance raisonnable. Il lui adressa un sourire timide et gêné alors que ses joues prenaient une belle teinte rosée.

Ils entamèrent leur petit déjeuner. Tandis que Daevlyn faisait la conversation, Raphaël se contentait de hocher la tête par moment. Il aimait entendre la voix rassurante et mélodieuse de l’adulte. Cette voix un peu grave et posée l’apaisait. Elle avait le pouvoir de le faire se sentir en sécurité.

Plongé dans ses pensées, il ne se rendit pas compte que Daevlyn s’était tu. Se sentant observé, il releva la tête pour voir son moniteur le fixer, semblant lui aussi en pleine réflexion. Soudain, quelque chose de brillant attira son regard… A la fois étonné et inquiet, il plongea son regard dans les yeux vert de son vis-à-vis, espérant que celui-ci comprenne le message.

Daevlyn lui lança un regard interrogateur. Alors que Raphaël allait lui faire signe, l’adulte sembla comprendre. Du revers de sa manche, il essuya la petite goutte d’eau salée qui coulait le long de sa joue.

Raphaël se sentait perdu face au comportement étrange de l’adulte qui était responsable de lui. A son tour, il lui lança un regard dans lequel on pouvait lire un grand nombre de sentiments confondus. La surprise, l’incompréhension, l’impuissance, la crainte, mais aussi la détresse.

Ce qui toucha le plus Daevlyn dans ce regard, ce fut la détresse qu’il pouvait y lire. Il avait déjà vu ces autres sentiments dans ces prunelles améthystes, mais jamais encore il n’y avait lu autant de détresse. Pendant ce temps, les pensées de Raphaël fusaient :

« Pourquoi est-ce qu’il pleure ? Est-ce ma faute ? Ais-je fais quelque chose de mal ? Je me sens tellement responsable de ses larmes… que signifient-elles ? J‘aimerai tellement l‘aider… mais que puis-je faire ?… »

Brusquement, Raphaël tendit le bras et attrapa son carnet de note et son crayon posés sur sa table de chevet. Puis, il commença à écrire de son écriture fine et délicate.

« Encore vos démons intérieurs ? »

Il tendit le calepin à Daevlyn qui esquissa un faible sourire face à la question de l’adolescent. Il inspira un grand coup avant de répondre.

Il lui parla longuement, répondant patiemment aux questions que Raphaël lui « posait ».

Raphaël quant à lui était aux anges, jamais encore il n’avait autant parlé avec qui que ce soit. Mais ce qui le touchait le plus, c’est que Daevlyn ne semblait pas méfiant vis-à-vis de lui, il lui parlait comme à une personne normale, comme s’il n’y avait aucune différence entre eux.

Après un long moment, lorsqu’ils eurent terminé leur petit déjeuner, même si Raphaël avait à peine manger plus que d’habitude, Daevlyn envoya l’adolescent prendre sa douche. Puis, il alla réveiller les autres.

Raphaël ne se rendit pas au réfectoire Le petit déjeuner qu’il avait prit dans sa chambre avec Daevlyn lui suffisait amplement. Il fit comme à son habitude, et alla attendre son moniteur dans le hall. C’est alors que ses paroles de la veille lui revinrent en mémoire.

«  C’est vrai qu’il y a la randonnée aujourd’hui… »

L’adolescent fut vite rejoint par le reste du groupe. Tous étaient simplement vêtus d’un short et d’un T-shirt, ainsi que d’un sac qui contenait  leur affaire de baignade.

Seul Raphaël ne dérobait pas à ses habitudes. Sans prêter attention aux regards moqueurs posés sur lui, il restait là à attendre, les yeux rivés sur le sol.

L’heure du départ arriva. Raphaël les laissa prendre un peu d’avance puis les suivit, quelques dizaines de mètres derrière. Il marchait à son rythme, observant la nature autour de lui. Jamais il ne s’était sentit aussi libre, sans personne pour le surveiller, ou lui taper dessus à longueur de journée.

Un hurlement strident provenant d’au dessus de lui, lui fit lever la tête. Les yeux perdu dans l’immensité azure, il observait la silhouette d’un oiseau qui virevoltait dans le ciel.

- C’est un aigle royal, déclara une voix qu’il ne connaissait que trop bien.

Raphaël se retourna et sourit timidement à Daevlyn avant de reporter son attention sur le rapace. Lorsque celui disparut de leur champ de vision, ils reprirent leur route. Daevlyn s’amusait de voir Raphaël s’extasier à la vue d’un écureuil, ou devant une fleur au couleurs vives qui attirait son attention.

Raphaël, lui, était au comble du bonheur. Jamais encore il n’avait eut l’occasion de se promener en pleine nature. Un rien l’émerveillait. Il faisait l’effet d’un enfant qui découvre le monde extérieur.

Ils marchèrent à leur rythme durant de longues heures encore. Daevlyn apprenait à Raphaël le nom des fleurs qu’il connaissait, et lui expliquait comment reconnaître et différencier les empruntes des animaux qu’ils voyaient au sol.

Lorsqu’ils arrivèrent au lieu du pique nique, le groupe était déjà là. Les moniteurs surveillaient les ados et tous mangeaient à l’ombre des arbres. Raphaël alla s’asseoir à l’écart du groupe, et Daevlyn lui apporta un sac contenant son repas de midi, qu’il déposa à ses pieds avant de reculer de quelques pas.

Raphaël le remercia d’un signe de la tête et commença à manger distraitement, alors que Daevlyn retournait voir Sébastien qui l‘appelait. L’adolescent mangea rapidement un bout de son sandwich en regardant les autres qui se baignaient dans la rivière.

Lassé des cris de ses aînés, Raphaël se leva et s’éloigna en longeant le cours de la rivière. Il marcha de longues minutes jusqu’à ce qu’il arrive devant une sorte de crique. A ses pieds, le chemin s’arrêtait brusquement, laissant place à une falaise abrupte au pied de laquelle,  une dizaine de mètres plus bas, l’eau avait creusé  une sorte de « baignoire ».

De l’autre côté, en face de lui, la forêt reprenait ses droits et d’immenses arbres surplombaient le vide. Les rires des adolescents retentissaient sur les parois de la falaise. Raphaël baissa les yeux et les vit, ils jouaient à s’éclabousser. Ce qu’il ne savait pas, c’est que trois d’entre eux se trouvaient derrière lui et lui préparaient une mauvaise blague. Malheureusement pour eux, Daevlyn les avaient suivit, et les observaient discrètement.

Soudain, un coup dans son dos lui fit perdre l‘équilibre. Emporté par son élan, Raphaël se sentit basculer dans le vide. Avant que Daevlyn ne comprenne les intentions des trois garçons, un long hurlement strident retentit. Le souffle de Raphaël se coupa sous la violence du choc. Étourdi par le choc, il resta de longues secondes sans bouger, une vive douleur lui vrillant les tempes. Le manque d’air se fit alors ressentir et Raphaël commença à paniquer, ce qui vida ses poumons du peu d‘air qui lui restait. Sa frayeur augmenta d’un cran  lorsqu’il s’aperçut que malgré ses efforts pour regagner la surface, celle-ci semblait s’éloigner de plus en plus.

Ses oreilles sifflaient, sa vision se brouillait et il avait l’impression d’avoir les poumons en feu.

Au prit d’un ultime effort, il réussit à atteindre la surface. A la façon des sirènes, il émergea et prit une grande inspiration, remplissant ses poumons de cet air si précieux.

Malgré l’épuisement qui envahissait son corps, il regagna la rive à la nage. Cependant, il aurait préféré mourir à cet instant précis. Quand il sortit de l’eau, tous les adolescents le regardaient et se riaient de lui en le montrant du doigt.

Jamais Raphaël n’avait été autant humilié en public. Ses yeux le brûlait, et sans qu’il ne s’en rende compte, des larmes silencieuses s’échappèrent, roulant librement sur ses joues. Ne pouvant en supporter d’avantage,  il s’enfuit en courant, sans regarder ou il allait.

Daevlyn faisait face aux trois adolescents. Avant qu’il ne réalise son geste, il poussa Steven dans le vide, comme celui-ci venait de faire avec Raphaël et partit en courant à la recherche de ce dernier.

Raphaël courait. Il ne faisait pas attention aux branches qui lui griffaient le visage, ni au sang qui s’échappait de sa blessure à la tempe. La vue brouillée par les larmes, il trébuchait sur les racines des arbres, mais n’y faisait pas attention. Il voulait fuir… fuir ce monde ou la cruauté régnait.

Lorsque le souffle vient à lui manquer, il se vit obligé de s’arrêter. A contre cœur, il se laissa tomber au pied d’un arbre et il hurla. Il hurla sa tristesse, son désespoir, sa douleur et sa rancune. Un flot de sentiments plus assourdissant les uns que les autres l’envahissait. Un hurlement de bête blessée, non pas seulement dans son corps, mais aussi dans son âme. Il voulait exorciser sa douleur, le déchirement qu’il venait de ressentir dans son âme.

Des spasmes violents parcouraient son corps de violents frissons. Sa respiration était saccadée, l’air lui manquait… il étouffait…

- Respire doucement… là… voilà, comme ça… plus lentement… fait entrer l’air dans tes poumons…

Cette voix… Daevlyn… comment l’a-t-il retrouvé ? Tant de questions qui se bousculent dans l’esprit du jeune garçon.

De longues minutes plus tard, la respiration de Raphaël se calma. Conscient de ce qu’il venait de se passer, Raphaël se bouina contre l’arbre, souhait à cet instant précis, disparaître sous terre, loin du regard de Daevlyn.

Celui-ci sembla sentir la détresse et le mal être de l’adolescent car il le rassura, d’un ton doux et calme.

Le sang et les larmes brouillaient la vue du jeune garçon. Il distinguait à peine la silhouette de l’adulte assit en face de lui à quelques mètres de lui, mais suffisamment proche pour qu’il puisse entendre sa voix. Malgré la chaleur ambiante, le corps de Raphaël était parcourut de frissons et ses vêtements mouillés n’arrangeaient vraiment pas les choses.

Daevlyn attendit patiemment que Raphaël se calme. Puis, ils retournèrent au bord de la rivière. D’abord réticent, l’adolescent fini par céder et suivit Daevlyn. Lorsqu’ils arrivèrent, tous les regards se tournèrent vers eux dans un silence de mort. Daevlyn fit signe à Raphaël de s’asseoir sur un des rochers au soleil, tandis qu’il allait chercher la trousse de secours, avant de revenir vers lui.

Daevlyn posa devant l’adolescent une compresse imbibée de désinfectant. Raphaël fit mine de la repousser mais Daevlyn intervint. Toujours d’une voix douce, il lui dit :

- Il faut soigner ta blessure à la tempe Raphaël… Aller, s’il te plait…

Le jeune garçon prit alors la compresse et  l’appliqua sur sa blessure. Il frémit au contact du produit, alors qu’une violente brûlure se faisait ressentir.

Autour d’eux, personne n’osait briser le silence d’une quelconque façon. Tous regardaient la scène irréaliste qui se déroulait sous leurs yeux.

Ce fut Daevlyn qui brisa le silence :

- Il faut te changer Raphaël. Tu ne peux pas rester avec tes habits trempés.

A ses mots, Raphaël frémit. Pour rien au monde il ne se changerait, et encore moins alors que tous les regards étaient focalisés sur lui.

Daevlyn enleva son T-shirt, dévoilant ainsi un torse puissant et bien proportionné. Une peau bronzée sous laquelle se dessinait une musculature parfaite, juste ce qu’il fallait pour rendre harmonieux ce torse imberbe. Il le tendit à l’adolescent, mais celui-ci n’esquissa pas un geste pour le prendre, son regard fixant toujours le sol.

Daevlyn eut beau insister, il n’obtint aucune réaction de la part du jeune garçon. Il s’était renfermé sur lui -même et ne semblait pas vouloir sortir de sa bulle.

- Très bien, je respect ta volonté, mais reste au soleil afin de faire sécher tes vêtements. Je reviens.

Sur ces paroles, il s’éloigna en direction des moniteur, tuant Steven du regard.

Quelques minutes plus tard, il retourna auprès de Raphaël et lui dit toujours sur le même ton :

- Viens Raphaël, nous rentrons… Raphaël ?

L’interpellé leva vers lui un regard vide de toute expression, et lentement, il se leva du rocher sur lequel il était assit.

Le chemin qui les ramenait au centre ne leur aura jamais parut aussi long. Les heures se succédaient, interminables et éprouvantes, aussi bien pour l‘un que pour l’autre.

Au bout de trois heures de marche, Raphaël commença à tituber. Il marchait à la manière d’un automate, ne regardant pas ou il mettait les pieds. Il trébuchait tout les deux pas, se rattrapant au dernier moment. Sur ses joues, les larmes n’avaient pas cessées de couler depuis l’incident.

Après un énième trébuchage, Raphaël  n’eut pas le courage ni même la volonté de se rattraper et s’affala de tout son long sur le chemin caillouteux.

Daevlyn se précipita vers lui et déclara d’une voix encourageante :

- Nous sommes bientôt arrivé Raphaël encore un petit effort.

Raphaël était à bout de force. Cependant, la voix de Daevlyn lui donna le courage de se relever. Au prix d’un immense effort, il se releva avec difficulté. La terre maculait ses vêtements et son visage. La plaie sur sa tempe s’était ré ouverte et le sang  avait coaguler. En un mot, il était lamentable. Il se sentait lamentable…

Cependant, Daevlyn ne lui avait pas mentit. Après quelques minutes, il arrivèrent au ranch. L’adulte envoya directement l’adolescent prendre sa douche.

Raphaël passa prendre son matériel de douche sans s’attarder dans sa chambre et se rendit dans les douches. Il s’enferma dans la première cabine venue et tourna le robinet d’eau chaude, réglant la température au degré le plus haut, sans prendre le temps de se déshabiller.

Une fois calmé, il retira non sans difficulté ses vêtements trempés et les jeta hors de la cabine.

Machinalement, il lava ses cheveux, enlevant la terre séchée et fit de même avec son corps. Alors qu’il reposait son savon dans sa trousse de toilette, un objet attira son attention. Il avança la main vers lui et s’en empara.

Lentement, il le fit glisser sur son poignet, dont la veine offerte semblait l’appeler. Un mince filet rouge s’échappa de la coupure. Fermant les yeux, Raphaël rejeta la tête en arrière, la bouche entrouverte en un cri d’extase muet. Il réitéra plusieurs fois le même geste, enfonçant de plus en plus profondément la lame dans sa chair. Il ressentait la douleur et l’aimait… Cette douleur qui le faisait se sentir vivant… Cette douleur qui était signe que son sang s’échappait de son corps, emmenant avec lui, toute la souffrance qu’il contenait.

Lorsque la souffrance de Raphaël se fit moins forte, il reposa la lame dans sa trousse de toilette et nettoya de le bac de douche, qui s’était coloré de rouge.

Une fois fait, il enfila son pyjama, ramassa ses affaires trempées et regagna sa chambre. Il étendit négligemment ses vêtements et se laissa tomber sur son lit, épuisé physiquement et moralement. Il se glissa sous les couverture puis s’endormit, très vite happé dans un sommeil réparateur, si bien qu’il n’entendit pas Daevlyn entrer dans sa chambre et s’asseoir sur le rebord de son lit.

Il dormit d’un sommeil lourd et sans rêves.