17
oct

Mourir pour revivre - Chapitre 10

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 10 écrit par Lybertys

Gêné par cette larme qui lui avait échappé, Daevlyn l’essuya d’un revers de la manche. Il fut alors énormément troublé par le regarde de Raphaël. Il avait une nouvelle fois fait une erreur. Il ne devait pas montrer ses faiblesses et il en avait entièrement conscience. Pourtant cela avait était au dessus de ses forces.

Ce qui toucha le plus Daevlyn dans ce regard, ce fut la détresse qu’il pouvait y lire. Il avait déjà vu ces autres sentiments dans ces prunelles améthystes, mais jamais encore il n’y avait lu autant de détresse.

Trop honteux et anxieux pour dire quoi que ce soit, Daevlyn se tut.

Brusquement, Raphaël tendit le bras et attrapa son carnet de note et son crayon posés sur sa table de chevet. Puis, il commença à écrire de son écriture fine et délicate.

« Encore vos démons intérieurs ? »

Il tendit le calepin à Daevlyn qui esquissa un faible sourire face à la question de l’adolescent. Il lui devait une explication, nous avons tous beaucoup moins peur des chose que nous ne connaissons pas, par rapport aux choses que nous connaisons. Continuer à se taire à ce sujet, ne ferait qu’éloigner Raphaël un peu plus de lui. Il inspira un grand coup avant de répondre. Il ne lui dévoilerait bien évidemment pas tout, mais une partie importante : la raison de cette larme en regardant Raphaël.

-       ll y a très longtemps, lorsque je n’étais encore qu’un enfant je…

Daevlyn fit un pause. Cette histoire il ne la racontée que très rarement et cela était toujours éprouvant. Mais devant l’attente de Raphaël, il prit son courage à deux mains et repris :

-      J’avais un frère jumeau que j’aimais énormément. Peut être même plus que nous aurions dû…  Mais là n’est pas la question. Je… Il te ressemblait beaucoup, pas physiquement, non mais psychologiquement. Depuis notre naissance, je le protégeais chaque jour. Nous ne nous séparions jamais. Il ne parlait presque jamais aux autres, il s’adressait uniquement à moi et de nombreuses fois j’ai joué l’intermédiaire. Un jour… je… je me suis disputé avec lui, je voulais qu’il s’ouvre au monde, je ne voulais que son bonheur. Devant le peu de réaction qu’il avait, je suis sorti dans le jardin prendre l’air. Je me suis étendu sur l’herbe et j’ai fini par m’assoupir. Quand j’ai réouvert les yeux, je…

Arrivé à cette partie du récit, Daevlyn ne pu retenir de nouveau ses larmes.

-         Excuse moi, je ne devrais pas te raconter tout cela.

Il allait se lever pour repartir, lorsqu’il vit Raphaël écrire de nouveau sur son bloc note et lui tendre :

« J’aimerai beaucoup connaître la suite… »

D’un revers de la manche, il essuya ses larmes qui seraient très vite remplacées par d’autres et reprit la partie la plus difficile de son récit :

-         Je me suis réveillé parce que j’avait soudain très chaud. Mon frère avait mis le feu à la maison Raphaël. Il s’est suicidé et je n’ai rien pu faire pour lui à part l’enfoncer en lui disant toute ses choses horribles. Je… Les derniers mots que je lui ai dit comme je les regrette.

Les yeux embués par les larmes, il ne pouvait plus parler. Redire à voix haute tout cela, se remémorer que trop clairement tout ces « démons intérieurs » lui faisait beaucoup trop de mal. Il avait l’impression que son cœur allait éclater tellement il avait mal.
Comme pour changer de sujet, sentant qu’ils s’aventuraient dans un terrain dangereux, Raphaël lui posa une question qui lui brûlait les lèvres :

« Comment es tu arrivé là ? »

-       La raison de mon arrivée ici, est très simple, nos parents m’en voulaient de l’avoir laisser tout seul, et me prenait toujours pour l’unique responsable. Je suis devenu tellement insupportable qu’on a fini par m’envoyer ici, et je n’en suis jamais ressorti.

Daevlyn fit un pose et essuya ses dernières larmes. Il était temps de sortir de cette chambre et d’aller réveiller tout le monde. C’est pourquoi il lui dit :

-       Bon, aller, assez parler. Bien entendu tout cela reste entre nous. Va prendre ta douche. On se retrouve tout à l’heure.

Daevlyn sortit de la chambre et réveilla tout le monde après avoir ramener leur plateau. Après le petit déjeuner, ils se rendit avec les autres moniteurs dans le hall d’entrée pour aller chercher les élèves pour la randonnée.

Ils se mirent en route après les dernières recommandation et Daevlyn prit la tête avec Sébastien. Plusieurs fois, il jeta un coup d’œil en arrière pour voir si Raphaël suivait toujours.  Evidemment, cela ne passa pas inaperçu aux yeux de Sébastien qui lui dit alors en riant :

-         Aller, file, va le rejoindre ! Tu fermeras la marche et comme cela tu pourras être sur de ne perdre personne…

Daevlyn sourit un peu gêné et s’exécuta. Il alla rejoindre Raphaël. En s’approchant de lui, il le vit s’arrêter et regarder dans le ciel. Il fit de même et sourit en voyant l’oiseau majestueux qui planait au dessus d’eux.

- C’est un aigle royal, déclara t-il.

Raphaël se retourna et sourit timidement à Daevlyn avant de reporter son attention sur le rapace.

Lorsque celui disparut de leur champ de vision, ils reprirent leur route. Daevlyn s’amusait de voir Raphaël s’extasier à la vue d’un écureuil, ou devant une fleur au couleurs vives qui attirait son attention.

Voir cet enfant aussi heureux le rendait lui-même heureux à son tour. Un rien l’émerveillait, et il était agréable de le voir découvrir la beauté de la nature qui s’offrait librement à eux.

Ils marchèrent à leur rythme durant de longues heures encore. Daevlyn apprenait à Raphaël le nom des fleurs qu’il connaissait, et lui expliquait comment reconnaître et différencier les empruntes des animaux qu’ils voyaient au sol.

Lorsqu’ils arrivèrent au lieu du pique nique, le groupe était déjà là. Les moniteurs surveillaient les ados et tous mangeaient à l’ombre des arbres. Raphaël alla s’asseoir à l’écart du groupe, et Daevlyn lui apporta un sac contenant son repas de midi, qu’il déposa à ses pieds avant de reculer de quelques pas.

Raphaël le remercia d’un signe de la tête et commença à manger distraitement, alors que Daevlyn retournait voir Sébastien qui l‘appelait.

Daevlyn se dirigea d’un pas nonchalant vers Sébastien.

-         Viens manger avec nous quand même. Tu as le droit de faire un pause, t’occuper de ce gosse 24h/24h doit être crevant.

-       Non, mais…

-        Chut, ce n’est pas un proposition, mais un ordre de ton supérieur.  Pour ta santé, reste avec nous.

Daevlyn ne rajouta, rien, car il ne voulait surtout pas aborder ce genre de sujet maintenant. Durant le repas, il vit Raphaël s’exiler de nouveau et suivit des yeux sa disparition entre les arbres longeant la rivière.

Mais c’est en voyant trois adolescents partir à sa suite quelques minutes plus tard qu’il s’inquiéta. Il se leva aussitôt sans laisser le temps à Sébastien de dire quoi que ce soit, et suivit ces jeunes garçons étant sûr qu’ils préparaient un mauvais coup. Arrivés à l’endroit où se tenait Raphaël debout au bord d’un falaise, ils les vit se chuchoter quelques mots qu’il ne parvint pas à entendre, se doutant que c’était au sujet du coup qu’il préparaient.

Tout à coup, l’un d’eux courut en direction de Raphaël et le poussa dans le dos, le jetant par dessus la falaise. Cela se passa si vite, que Daevlyn n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit, et vit disparaître le corps de Raphaël dans le vide.

Une rage destructrice emplit le cœur de Daevlyn, lui faisant perdre la raison. Il ne se contrôla pas et fonça droit sur eux, n’ayant qu’une envie : utiliser toute la violence dont il était capable contre eux.

En bas , il entendit la grande inspiration que Raphaël fit en remontant à la surface. Il entendit aussi les autres adolescents se moquant de lui. Rien qu’à imaginer l’état de détresse dans lequel le jeune devait se trouver, Daevlyn paniqua. Après un coup d’œil en bas de la falaise, quand il vit Raphaël prendre la fuite dans la forêt, il fit face aux trois adolescents. Avant qu’il ne réalise son geste, il poussa Steven dans le vide, comme celui-ci venait de faire avec Raphaël et partit en courant à la recherche de ce dernier. Ayant trop peur de le perdre, il courut aussi vite que sa condition physique lui permettait. Lorsqu’il apperçut enfin sa silhouette, il la vit s’effondrer sur le sol au pied d’un arbre. Les hurlements de détresse qu’il poussa soulevèrent le cœur de Daevlyn. Pourquoi l’avait-il laisser partir seul, pourquoi n’avait-il pas interrompu les jeunes plus tôt. Il s’approcha doucement de lui, et lui dit calmement tentant de le calmer :

-     Respire doucement… là… voilà, comme ça… plus lentement… fait entrer l’air dans tes poumons…

Des spasmes violents parcouraient son corps de violents frissons. Sa respiration était saccadée, l’air lui manquait… il étouffait… Il fallait à tout prix qu’il se calme. Ce fut seulement de longues minutes plus tard que la respiration de Raphaël se calma. Celui-ci se bouina contre l’arbre.

Daevlyn sentant la détresse et le mal être de l’adolescent tenta de le rassurer, d’un ton doux et calme, comme il avait tenter de le faire précédemment. Les larmes innondants les yeux du gamin lui donnaient une envie destructrice de le venger.

Malgré la chaleur ambiante, le corps de Raphaël était parcourut de frissons et ses vêtements mouillés n’arrangeaient vraiment pas les choses.

Daevlyn attendit patiemment que Raphaël se calme. Puis, ils retournèrent au bord de la rivière. D’abord réticent, l’adolescent fini par céder et suivit Daevlyn. Lorsqu’ils arrivèrent, tous les regards se tournèrent vers eux dans un silence de mort. Daevlyn fit signe à Raphaël de s’asseoir sur un des rochers au soleil, tandis qu’il allait chercher la trousse de secours, avant de revenir vers lui.

Sébastien ne lui posa aucune question, sentant que ce n’était vraiment pas le moment. Son regard n’était doux et rassurant que pour Raphaël. Les autres ne voyaient dans son regard que de la haine et un souhait de vengeance.

Daevlyn posa devant l’adolescent une compresse imbibée de désinfectant. Raphaël fit mine de la repousser mais Daevlyn intervint. Toujours d’une voix douce, il lui dit :

- Il faut soigner ta blessure à la tempe Raphaël… Aller, s’il te plait…

Le jeune garçon prit alors la compresse et  l’appliqua sur sa blessure. Il frémit au contact du produit, alors qu’une violente brûlure se faisait ressentir.

Autour d’eux, personne n’osait briser le silence d’une quelconque façon. Tous regardaient la scène irréaliste qui se déroulait sous leurs yeux.

Ce fut Daevlyn qui brisa le silence :

- Il faut te changer Raphaël. Tu ne peux pas rester avec tes habits trempés.

A ses mots, Raphaël frémit. Daevlyn savait qu’il lui demandait l’impossible, mais il ne pouvait pas rester ainsi, il avait finir par attraper la mort, surtout dans l’état de choc dans lequel il se trouvait.

Daevlyn enleva son T-shirt, et le tendit à l’adolescent, mais celui-ci n’esquissa pas un geste pour le prendre, son regard fixant toujours le sol.

Daevlyn eut beau insister, il n’obtint aucune réaction de la part du jeune garçon. Il s’était renfermé sur lui -même et ne semblait pas vouloir sortir de sa bulle. Sentant que rien n’y ferait, Daevlyn n’insista pas et lui dit :

- Très bien, je respect ta volonté, mais reste au soleil afin de faire sécher tes vêtements. Je reviens.

Sur ces paroles, il s’éloigna en direction des moniteurs, tuant Steven du regard.

Sébastien lui sauta directement dessus :

-     Que c’est-il passé ?

-    Je rentre avec lui.

-     Quoi ?

-   Il a besoin de repos, il est encore en état de choc et je ne pense pas que rester ainsi avec tout le monde ne soit bon pour lui. Il vient de faire une chute de plusieurs mètres Sébastien !!!

-     Bon, ok…

Sans un mot de plus, Daevlyn retourna auprès de Raphaël et lui dit toujours sur le même ton :

- Viens Raphaël, nous rentrons… Raphaël ?

L’interpellé leva vers lui un regard vide de toute expression, et lentement, il se leva du rocher sur lequel il était assit.

Le chemin qui les ramenait au centre ne leur aura jamais parut aussi long. Les heures se succédaient, interminables et éprouvantes, aussi bien pour l‘un que pour l’autre.

Au bout de trois heures de marche, Daevlyn vit Raphaël commencer à tituber. S’inquiétant pour lui, il ralentit le rythme, ne voulant surtout pas qu’il ne s’évanouisse.

Raphaël marchait à la manière d’un automate, ne regardant pas ou il mettait les pieds. Il trébuchait tout les deux pas, se rattrapant au dernier moment. Sur ses joues, les larmes n’avaient pas cessées de couler depuis l’incident.

Après un énième trébuchage, Raphaël  n’eut pas le courage ni même la volonté de se rattraper et s’affala de tout son long sur le chemin caillouteux.

Daevlyn se précipita vers lui et déclara d’une voix encourageante :

- Nous sommes bientôt arrivé Raphaël encore un petit effort.

Raphaël était à bout de force et Daevlyn ne le savait que trop. C’est pourquoi, il tenta de l’encourager au mieux, l’incitant à se relever et à poursuivre sa route :

- Aller Raphaël, tu peux le faire. Relève toi, il ne reste plus que quelques dizaines de mètre à faire.

Au prix d’un immense effort, Raphaël se releva avec difficulté. La terre maculait ses vêtements et son visage. La plaie sur sa tempe s’était ré ouverte et le sang  avait coaguler. Daevlyn aurait aimé le soutenir, le porter et l’aider à avancer. Mais cela impliquait un contact direct avec lui, et il n’en n’était bien sur pas question pour l’adolescent.

Après quelques minutes, ils arrivèrent enfin au ranch. L’adulte envoya directement l’adolescent prendre sa douche.

Daevlyn se rendit quand à lui dans sa chambre après un bref passage au parc des chevaux pour voir si tout allait bien.

Lorsqu’il entendit la porte de la chambre de Raphaël claquer, il se leva et s’y rendit, dans le but de lui parler un peu.

Il frappa plusieurs coups et devant la non-réponse de Raphaël, il tourna délicatement la poignée entra dans sa chambre. Il le vit allongé sur son lit et sourit de le voir si calme. Au lieu de repartir comme il était venu, il s’approcha un peu plus. Une sorte te de tache sur son lit attirait son attention. Etant encore au milieu de l’après-midi, il pouvait à peu près voir dans la pièce grâce à la lumière tamisée passant à travers les volets. Lorsqu’il vit la couleur de la tache et sa proximité avec le bras de Raphaël, il paniqua, s’attendant au pire. Il s’approcha un peu plus, trop anxieux de savoir ce qu’il allait découvrit. Voulant en avoir le cœur net, il se pencha au dessus de son bras, et tira délicatement la manche de son t-shirt. Ce qu’il vit à ce moment là, le figea sur place. Il avait déjà tant vu se genre de blessure sur les bras de son frère. Pour rien au monde, il n’aurait voulut être de nouveau confronté à cela. Ayant levé les yeux au plafond pour ne surtout pas supporter une seconde de plus la vision de cette scarification, il ne vit pas tout de suite le regard effrayé que Raphaël, éveillé par ce contact, lui lançait. Ce n’est que lorsque celui-ci  sortit de son lit et courut se réfugier dans le coin opposé de la pièce, qu’il eut connaissance de son réveil. Le regard  fuyant de Raphaël lui fit comprendre qu’il avait comprit ce qu’il venait de découvrir. Voulant cesser au plus vite ce moment étouffant, sentant les larmes couler sur ses joues, Daevlyn le supplia :

- Je t’en prie, raconte moi Raphaël… dis moi tout ! confesses toi de ce mal qui te ronge tant… Je t’en supplie, saisit la main que je te tends.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:30 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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