Mourir pour revivre - Chapitre 18
Chapitre 18 écrit par Lybertys
Ne voulant pas en faire trop d’un coup pour l’adolescent et craignant ses propres désirs s’ils continuaient plus longtemps à s’embrasser ainsi, Daevlyn mit fin au baiser. Il se recula légèrement et regarda Raphaël. Jamais il n’aurait cru ressentir autant de bonheur après un baiser. Il se sentait soudain léger et avait l’impression que rien ne pouvait l’atteindre.
Raphaël avait encore les yeux fermés et son visage angélique lui donnait presque envie de recommencer. Mais c’est à ce moment là que Raphaël ouvrit les yeux et rougit violemment. Lorsqu’il vit celui-ci baissa la tête, semblant honteux, Daevlyn fut immédiatement attendrit. Délicatement il exerça à l’aide de sa main une légère pression sur son menton afin de l’inciter à le regarder. Voyant que cela réussissait à le rassurer, il l’attira dans ses bras et le serra contre lui si fort que Raphaël cru étouffer. Mais Daevlyn avait plus que tout besoin de le serrer ainsi dans ses bras. Sentent le visage de Raphaël s’enfouir dans son cou, il fut envahi d’une agréable sensation de bien-être.
Tous les muscles de Raphaël se décontractèrent peu à peu, témoins de sa chute progressive dans un doux sommeil. Lorsque Daevlynl senti que l’adolescent était enfin endormi, il le déposa dans son lit avec une infime délicatesse et le borda. Ne résistant pas à la tentation, il l’embrassa furtivement, puis quitta la pièce après un dernier regard à l’adolescent endormis.
Une fois allongé dans son lit, Daevlyn dormit paisiblement et pour une fois aucun cauchemar ne vint troubler sa nuit. Il ne se réveilla que le lendemain matin, trouvant pour une fois que cette nuit l’avait reposé. Il se lava, s’habilla à la hâte et après un rapide réveil de tous les adolescents, il se rendit le cœur léger au réfectoire.
Il alla ensuite rejoindre Raphaël dans le hall, lui adressant un sourire resplendissant auquel Raphaël répondit timidement. Ce fut seulement lorsqu’ils furent hors du champ de vision de tous que Daevlyn lui déposa un tendre bisou sur la joue. Il n’avait pas résisté à l’envie de lui faire cela. Etant soulagé de la réaction de l’adolescent, Daevlyn marcha à ses côtés.
Pendant que Raphaël allait chercher sa monture, Daevlyn alla saluer la sienne et observa un de ses sabots ayant l’impression qu’il boitait. Alors qu’il allait se diriger vers l’entrée du parc pour y attendre Raphaël, il vit que celui-ci n’était pas à côté de sa monture. Il tourna alors la tête le cherchant des yeux et le vit alors assit à observer une jument et un poulain qui venait de naître. Il avait tellement été absorbé par Raphaël qu’il n’avait même pas vu que cette jument avait mis bas.
Il s’approcha alors de lui et vint s’asseoir à ses côtés. Le voir aussi captivé le rendait heureux. Avec lui, il pouvait pleinement partager sa passion.
- Éclipse à dû mettre bas cette nuit ! Son poulain est magnifique !
Raphaël ne répondit rien, trop occupé à contempler le poulain pie noir qui tentait maladroitement de se mettre sur ses jambes. Devant la maladresse et l’hésitation de ce petit ce petit être, Raphaël eut un éclat de rire franc et sincère. Daevlyn qui ne l’avait encore jamais entendu rire se tourna vers lui et l’observa longuement.
Après être resté une longue heure à observer le nouveau-né, ils attrapèrent Diamond Dust et sortirent du parc.
Le reste de la journée se passa paisiblement. Daevlyn obtint même de la part de Sébastien la permission d’avoir quartier libre avec Raphaël et de ne plus l’emmener au randonnés le dimanche.
Il put encore une fois apprendre énormément de chose à Raphaël. Transmettre son savoir semblait lui faire tout autant plaisir qu’à Raphaël.
Leur leçon de l’après midi se termina plus tard que les soirs précédents, trop concentrés dans ce qu’ils faisaient. Ce fut Sébastien qui vient les ramener à l’ordre. Il attira même Daevlyn à l’écart et lui dit sans plus de cérémonie :
- Toutes mes félicitations Daevlyn, je ne pensais pas que tu arrivais à ces résultats là. Honnêtement je ne peux que te dire de continuer ainsi.
Sébastien s’en alla sur ses paroles laissant Daevlyn et Raphaël finirent de s’occuper de leur monture.
Plusieurs fois alors qu’ils brossaient l’animal, les doigts de Raphaël et Daevlyn s’effleurèrent par inadvertance, ce qui valut un certain échauffement au niveau des joues de l’adolescent, agrémentés de petits sourires timides furtifs lancés à Daevlyn.
Une fois les chevaux brossés, ils ramenèrent les chevaux au pré. Quand Diamond Dust fut libre, Daevlyn vit Raphaël parcourir le parc des yeux et se diriger en courant vers le jeune poulain. Il l’attendit un moment avant de partir à sa suite inquiet du temps qu’il mettait. Ce qu’il vit en arrivant enfin prêt d’eux le peina. La jument était couchée sur le sol, et Raphaël était agenouillé auprès d’elle, tentant de rassurer la jument. Ne perdant pas un seul instant il saisit son portable et appela le vétérinaire, le pressant de venir au plus vite. Lorsqu’il raccrocha, il vit les yeux de Raphaël rougit par les larmes se plonger dans les siens. Tout deux mourraient d’inquiétude, mais Daevlyn savait qu’il ne pouvait rien faire. Il se contenta de déclarer :
- Le vétérinaire arrive…
Après un temps qui leur parut une éternité, la jument fut transportée dans un box de l’écurie avec son poulain. Le vétérinaire n’arrivait pas à déterminer la cause de l’état de la jument. Il conseilla à Daevlyn de la laisser se reposer au calme pendant deux ou trois jours.
Raphaël était toujours auprès de la jument, et la caressait longuement, voulant lui faire sentir qu’elle n’était pas seule. Ne supportant pas de le voir s’inquiéter autant Daevlyn posa un main sur son épaule tentant de le rassurer alors qu’il n’avait lui même plus aucun espoir quant à un quelconque rétablissement. Il tenta vainement de le rassurer.
Ils quittèrent tout deux la jument à contre cœur, la laissant se reposer comme avait préconisé le vétérinaire. Ils mangèrent tout deux en silence dans le réfectoire vide due à l’heure tardive. Daevlyn était peiné de voir l’adolescent souffrir ainsi, mais il ne pouvait rien faire. Il ne trouvait même pas les mots qui auraient pu le réconforter. Il ne chercha pas à le forcer à manger plus que le peu qu’il avala. Une fois le repas finit, ils se séparèrent laissant Daevlyn plus inquiet quant à l’état de Raphaël qu’à celui de la jument. Il alla pourtant dans sa chambre et l’y attendit. Il ne pouvait pas le laisser passer une nuit dans un tel état de détresse. Il passa ainsi un bonne partie de la soirée à essayer de le rassurer. Il eut beaucoup de mal à trouver les mots justes, et savait que l’attention de Raphaël était ailleurs et qu’il ne l’écoutait que d’une oreille discrète. Il dut à un moment le laisser seul, afin qu’il dorme un peu ou du moins se reposeun minimum.
Il alla se coucher et s’endormi sachant que c’était la seule chose à faire et ne se réveilla que très tôt le lendemain matin.
Après avoir prit une douche rapide et s’être habillé, il se dirigea directement dans la chambre face à la sienne s’inquiétant encore de l’état de Raphaël. Il frappa plusieurs coups et devant sa non réponse, il baissa lentement la poignée, et ouvrit la porte. Seulement le lit était vide et la chambre aussi. Il sortit alors de celle-ci alla réveiller tous les adolescents :
et fit un tour dans les douches communes pensant le trouver là. Cependant, celles-ci aussi étaient désertes. Sentant la panique l’envahir, et les regrets de l’avoir laisser seul la nuit dernière, il parcourut tous les couloirs du bâtiment de long en large à sa recherche. Ne le trouvant toujours pas, et s’enquit d’aller prévenir Sébastien. Où avait-il pu aller ? Que lui était-il arrivé ? Daevlyn se sentait de plus en plus mal.
Alors que tout le personnel de l’orphelinat était à sa recherche depuis déjà plus d’une heure, Daevlyn eut l’idée d’un dernière endroit où pouvait être l’enfant. Il se maudit de ne pas y avoir pensé plus tôt et se rua vers l’écurie.
Il fut immédiatement soulagé de le voir allongé dans le box où il avait mis la mère et le nouveau né la veille.
Mais quelque chose attira alors son attention. Le flanc de la jument ne se soulevait plus au rythme de sa respiration et il comprit immédiatement que ce qu’il avait le plus craint venait d’arriver… Comment l’annoncer à Raphaël. Il n’avait aucune envie de le réveiller, comment réagirait-il ? Il ne fit qu’imaginer sa réaction, et cela lui souleva le cœur. Pour une fois, il était plus peiné par ce qu’allait ressentir Raphaël que par la mort de cette jument.
Lentement, il s’approcha de Raphaël, voyant s’écarter de son passage le petit poulain en détresse et affamé. Mais il s’occuperait de lui plus tard, pour l’instant il devait ramener Raphaël à la dure réalité, et craignait de plus en plus sa réaction. Il passa lentement une main dans les longs cheveux de l’adolescent défaits par la nuit, puis déposa un doux baiser sur sa joue. Celui-ci ouvrit les yeux en sursaut, et se redressa immédiatement. Il lui fallut quelque temps avant de se rappeler de l’endroit où il se trouvait.
Comme il le craignait, Raphaël ne mit pas longtemps avant de découvrir que la vie avait quitté l’être qui se tenait près de lui. Après quelque caresses sur ce corps froid, Raphaël retira sa main et baissa la tête. Les soubresauts qui parcoururent alors les épaules de celui-ci, indiquèrent directement à Daevlyn qu’il pleurait. Ne voulant pas le laisser évacuer sa tristesse seul, il posa une main sur son épaule. Raphaël réagit immédiatement et se jeta aussitôt dans les bras de Daevlyn laissant éclater son chagrin.
Des larmes virent couler sur les joues de Daevlyn, il ne supportait pas de le voir pleurer et ne pouvait que l’accompagner.
Alors qu’il s’apprêtait à faire plus pour le consoler, il tourna la tête en entendant quelqu’un approcher.
- Dieu soit loué, il était ici…
Constatant l’état de Daevlyn et de Raphaël, il se contenta de leur dire :
- Ramène le dans sa chambre le temps qu’il se calme.
Daevlyn souleva le petit corps léger de Raphaël dans ses bras, sentant qu’il serait incapable de marcher. Arrivé dans sa chambre, il posa Raphaël assit sur son lit et manqua de perdre l’équilibre. Il prit une chaise et vient s’asseoir en face de lui. C’est à ce moment là seulement que Raphaël brisa le silence.
- Pourquoi Daevlyn… J’aurais tant aimé que ce petit poulain ne soit pas orphelin à son tour, que sa mère…
Daevlyn passa un main sur la joue de Raphaël, tentant vainement d’essuyer ses larmes. Puis fini par lui saisir la main et la serra très fort, tentant de lui apporter un minimum de réconfort. Il comprenait parfaitement la détresse que pouvait ressentir l’adolescent.
Il décida de joindre la parole au geste et se lança :
- Tu sais Raphaël, tu le sais tout autant que moi. La vie ne fait de cadeau à personne et pas non plus à ce petit poulain. Mais il a quand même de la chance.
Raphaël leva alors les yeux, jetant vers lui un regard empli d’incompréhension que Daevlyn s’enquit de faire disparaître.
- Il nous a tous les deux. Il va falloir que l’on prenne soin de lui. Il t’a toi et moi, comme je t’ai toi et tu m’as moi. Nous ne pouvons crier au désespoir tant que nous avons toujours quelqu’un à nos côtés. Ce n’est que dans l’isolement total que tu pourras alors peut être commencer à baisser les bras.
- Je…
Comprenant que l’adolescent ne pourrait prononcer un mot, Daevlyn se leva et vient s’asseoir à côté de lui sur le lit. Là, il entrouvrit les bras, l’invita à le réconforter. Raphaël ne se fit pas prier et se jeta presque dans ses bras, pleurant tout saoule.
Lorsque Daevlyn sentit que celui-ci se calmait un peu, il fit ce qu’il aurait voulu faire si Sébastien ne l’en avait pas empêché plus tôt par sa présence. Lentement, il essuya les dernières larmes coulant sur les joues de Raphaël d’une caresse du pouce, et plus lentement encore il approcha ses lèvres de celles du jeune garçon pour une toute autre forme de caresse. Dans ce baiser, que Raphaël ne refusa pas, il lui transmit toute la tendresse, le réconfort, et l’amour qu’il n’était pas parvenu à exprimer autrement.
Jamais il ne parviendrait à oublier la douceur de ces lèvres et la timidité attirante de cette langue. Jamais il n’avait ressentit autant de chose dans un simple baiser. Mais encore une fois, il préféra y mettre fin plus tôt craignant les envies qu’il pourrait avoir par la suite et ne voulant surtout pas brusquer Raphaël. Mais alors qu’il s’éloignait, il sentit la main de l’adolescent passer dans son cou et l’attirer vers lui, l’incitant à prolonger cet instant. Surprit, il accéda à sa demande et poursuivit son baiser, se laissant aller à glisser une main tout le long de son dos jusqu’à ses hanches. Celui-ci se contracta un peu sous se geste mais se détendit rapidement.
Soudain, ils entendirent frapper à la porte. Daevlyn et Raphaël s’écartèrent rapidement, se rendant subitement compte de ce qu’ils étaient en train de faire, en plein jour.
- Dans mon bureau tous les deux ! dit sèchement Sébastien.
Daevlyn et Raphaël le suivirent sans discuter, ne sachant pas vraiment à quoi s’attendre. L’adulte craignait fortement que Raphaël soit punit et lui réprimandé de ne pas l’avoir surveillé. Mais il n’en fut rien. Sebastien se contenta de dire à Raphaël combien il les avait inquiété, lui expliquant implicitement de ne plus recommencer. Quant à Daevlyn, il lui demanda d’aller rejoindre le vétérinaire et d’aller l’aider avec Raphaël.
Ils ne se firent pas prier et quelques minutes après, ils étaient déjà tous deux près du poulain. En chemin cependant, Raphaël releva la tête vers Daevlyn et le remercia avec un léger sourire que l’adulte lui rendit. La journée avait commencée difficilement, mais elle était loin d’être finie…