Chapitre 11 écrit par Shinigami
Terrassé par la fatigue, Raphaël n’entendit pas la porte de sa chambre s’ouvrir. Cependant, il sentit clairement son lit s’affaisser, comme si quelque un s’asseyait sur le bord. Encore trop endormis, l’adolescent ne réagit pas tout de suite. Mais lorsqu’il sentit que l’étranger relevait la manche de son pyjama, cela acheva de l’éveiller. Il ouvrit brusquement les yeux et reconnu la silhouette de Daevlyn. Pour le coup, Raphaël paniqua. Non seulement l’adulte était à une distance plus que rapprochée de lui, mais en plus, il venait de découvrir son poignet mutilé. Avec une agilité surprenante, il sauta hors du lit et alla se réfugier dans un angle de la pièce.
Accroupi dans le coin, la tête rentrée dans les épaules, Raphaël regardait Daevlyn, une lueur terrifiée illuminait ses yeux améthystes. Ses bras autour de son corps en une position de protection, il semblait tétanisé.
« Non… il ne peut pas être là… par pitié… »
« Le traitement que je te donne ne suffit pas à ce que je vois ! S’exclama une voix grave et caverneuse. Dans ce cas, je vais me faire un plaisir d’y remédier », ajouta l’homme en s’approchant dangereusement de l’adolescent recroquevillé dans l’angle le plus éloigné de la pièce.
Raphaël ne quittait pas des yeux l’homme qui s’avançait vers lui. La panique l’empêchait de faire le moindre geste et son dos douloureux réduisait considérablement son agilité. Bien que depuis le temps, il avait appris que s’enfuir ou éviter les coups ne faisait que renforcer la colère de l’homme.
Le premier coup s’abattit violement sur ses côtes. Le souffle coupé sous la violence du coup, Raphaël abandonna sa position de protection. Les coups se mirent alors à pleuvoir. Sa chemise était en lambeau et son dos le faisait atrocement souffrir. La sueur coulait sur son corps et se mélangeait à un liquide chaud et visqueux qui semblait s’échapper de ses plaies ouvertes. Tant bien que mal, il essayait de protéger ses côtes qui le faisaient souffrir. Soudain, un coup s’abattit sur sa joue et sa tête cogna violement contre le sol. Les rires de l’homme se firent plus distant, sa vue se troubla et soudain… tout devint noir.
Un son ramena Raphaël à la réalité. Il ouvrit les yeux qu’il n’avait pas eut conscience de fermer et observa Daevlyn à la dérobé. Il n’osait pas le regarder en face… pas après ce qu’il venait de découvrir. Il ne voulait pas qu’il sache la décadence dans laquelle il était tombé…
La voix suppliante et entrecoupée de sanglots de l’adulte attira l’attention de l’adolescent.
- Je t’en prie, raconte moi Raphaël… dis moi tout ! confesses toi de ce mal qui te ronge tant… Je t’en supplie, saisit la main que je te tends…
Raphaël ne bougeait pas, la terreur le paralysait, il ne quittait pas du regard l‘adulte qui, inconsciemment, approchait lentement de lui, ne voyant pas dans quelle état de terreur il plongeait le jeune garçon.
Raphaël de son côté ne comprenait pas le comportement de Daevlyn.
« Pourquoi est-ce qu’il avance ? Il m’a promit qu’il ne me toucherait pas contre mon gré… Pourquoi ne me voit-il pas ? Pourquoi continue t-il d’avancer ?… non… je ne veux pas… il me fait peur… nooooooooon…. »
Voyant que l’adulte ne semblait pas prendre conscience de ses gestes et qu’il était à deux doigts de le toucher, Raphaël ferma les yeux et se mit à crier. Il cicla tout en se débattant, donnant des coups de pieds dans le vide, dans un instinct de protection
Au ciclement de l’adolescent, Daevlyn sembla revenir à la réalité et apercevant la faible distance qui le séparait de Raphaël, il comprit immédiatement la raison de sa panique. Précipitamment, il recula de quelques mètres et se laissa tomber à genoux.
Ne sentant pas le contact venir, Raphaël cesser de crier et ouvrit les yeux. Le spectacle qui s’offrait à lui le bouleversa profondément. Daevlyn, à quatre pattes sur le sol, pleurait sans retenue. Mais ce qui le toucha le plus, ce fut les paroles qu’il prononça :
- Pardonne moi Raphaël… je ne voulais pas t’effrayer… pardonne moi… Je voudrais te connaître… je voudrais te comprendre… Pourquoi es tu devenu ainsi ? Qu’as tu vécu pour craindre à se point le monde extérieur ?… Mon seul but est de t’aider Raphaël… Saisis cette chance que je te donne Raphaël… C’est peut être la seule que tu auras…
La dernière phrase lui fit l’effet d’un coup de poing en pleine figure et il resta là, immobile.
Face au mutisme de l’adolescent, Daevlyn quitta la pièce. Il espérait simplement que ses paroles arriveraient à briser la carapace du jeune garçon.
Resté seul dans sa chambre, Raphaël laissa libre cours à sa détresse. Il s’allongea sur le sol et pleura toutes les larmes de son corps. Il se sentait tellement coupable… Il avait vu dans le regard de Daevlyn que son comportement avait fait ressurgir ses démons intérieurs. Une partie de son passé semblait lui avoir explosé au visage.
« C’est à cause de moi que Daevlyn souffre… je le vois quand il me regarde… C’est de ma faute… tout est de ma faute… Je n’aurai jamais du venir ici… Je ne suis qu’un incapable… Un imbécile qui fait revivre à la seule personne qui souhaite m’aider, les sombres moments de son passé… je me sens tellement coupable… Pourquoi ne puis-je rien faire correctement ? Pourquoi toutes les personnes qui croisent un jour mon chemin finissent elle par en souffrir ? Suis-je maudit ? Daevlyn semblait tellement sincère quand il m’a dit toutes ces choses… Est il réellement le seul à vouloir m’aider ? Je voudrais tellement le croire… mais j’ai peur… la dernière fois que j’ai fais confiance à quelqu’un il… Et si ça recommençait ? Et si c’était la seule chose qu’il attend de moi ?… je ne sais pas… je suis perdu… Je voudrais quitter cette vie inutile… cette vie de tristesse et de souffrance… Daevlyn paraissait tellement sincère tout à l‘heure… je… je ne veux pas lui faire de mal… je ne veux pas ‘qu‘il‘ réapparaisse… plus jamais… Daevlyn… je ne veux pas qu‘il…»
L’adolescent finit par s’endormir sur ces dernières pensées.
Lorsqu’il se réveilla, la nuit était tombée. Son corps le faisait souffrir. Il se redressa sur ses coudes, et remarqua qu’il était allongé sur le sol. Avec difficultés, il se releva et regarda l’heure qu’affichait son réveil : 00:30.
A pas de loup, il sortit de sa chambre, il avait pris sa décision. Une fois dans le couloir, il hésita longuement, puis fini par frapper délicatement à la porte de Daevlyn. Sans attendre de réponse et par peur d’être vu, il entra dans la chambre, au moment ou Daevlyn allumait la lampe de sa table de chevet.
- Raphaël ? Fit-il d’une voix endormie et plus que surpris de voir l’adolescent dans sa chambre. Quelle que chose ne va pas ?
Raphaël fit quelques pas puis s’arrêta. Là, à son plus grand étonnement, Daevlyn le vit bouger les lèvres.
- Daevlyn… aidez moi… ne m’abandonnez pas… déclara l’adolescent d’une voix suppliante, tandis que des larmes coulaient le long de ses joues pâles.
Daevlyn réagit au quart de tour. Il s’assit sur le bord de son lit et tendit la main à Raphaël.
L’adolescent la regarda longuement, hésitant face au comportement à adopter, puis, son sans appréhension, il saisit la main tendue de Daevlyn. Il se tendit légèrement à ce contact, mais ne retira pas sa main.
Tentant le tout pour le tout, Daevlyn l’attira lentement vers lui. Raphaël hésita un instant puis franchit les derniers pas qui le séparait de l’adulte. Là, il se jeta dans ses bras et éclata en sanglot.
- Je ne t’abandonnerai jamais Raphaël…
Raphaël pleura un long moment, toujours dans les bras de Daevlyn qui, patiemment, lui caressait tendrement les cheveux.
Quand Daevlyn sentit un poids mort dans ses bras, il comprit que Raphaël s’était endormit. Sans le réveiller, il se leva et le porta dans sa chambre. Il le coucha sous les couvertures et avec une infinie tendresse, il déposa un baiser sur son front.
A contre cœur, il s’éloigna de l’adolescent endormis et quitta la pièce. Au moment de fermer la porte, il jeta un dernier coup d’œil à Raphaël et regagna sa chambre.
Raphaël fut réveillé par l’odeur si particulière du café. Péniblement, il ouvrit les yeux et vit un plateau contenant un copieux petit déjeuner posé au pied de son lit. Il s’assit dans son lit et aperçut Daevlyn, assit sur une chaise à quelques pas de lui. celui-ci lui adressa un sourire joyeux et lui dit :
- Mange ! Une journée bien remplie nous attend aujourd’hui.
Raphaël s’empara du plateau et le posa sur ses genoux. Il prit une tartine et la tendit à Daevlyn qui déclara :
- Non merci Raphaël, j’ai déjà mangé.
L’adolescent la porta alors à sa bouche et la grignota distraitement. Puis il bu la moitié de son verre de jus d’orange et repoussa le plateau.
- Tu sais Raphaël, tu vas finir par tomber malade si tu ne manges pas plus que ça.
L’adolescent prit alors une seconde tartine qu’il mangea lentement, comme s’il n’arrivait plus à avaler.
Il lança un regard d’excuses à Daevlyn qui lui adressa un sourire rassurant, comme quoi il ne lui en tenait pas rigueur.
Après un court silence, Daevlyn déclara d’un ton grave :
- Pour ce qu’il s’est passé hier après midi… promet moi de ne jamais recommencer…
Raphaël détourna le regard et hocha la tête.
- Je veux te l’entendre dire Raphaël…
L’adolescent releva la tête, mais ne regarda pas Daevlyn, trop honteux, et après un instant d’hésitation, il déclara d’une petite voix :
- Je… je vous le promet…
Daevlyn lui adressa un sourire resplendissant auquel Raphaël répondit timidement. L’adulte se leva, prit le plateau et déclara :
- Allez, vas prendre ta douche . Je te rejoins dans le hall.
Il allait fermer la porte quand il s’arrêta, faisant sursauter Raphaël et il ajouta :
- Je suis content que tu te décides enfin à parler ! Tu as une très jolie voix, c’est dommage de ne pas la faire partager !
Puis, il quitta la pièce, laissant derrière lui un jeune garçon, sidéré. Puis, réalisant complément les paroles de l’adulte, Raphaël s’empourpra violement.
Il prit ses affaires et fila sous la douche. Il en ressortit quinze minutes plus tard et après s’être coiffé, il partit rejoindre Daevlyn dans le hall.
Lorsqu’il arriva, l’adulte n’était pas encore arrivé, mais il n’eut pas à l’attendre longtemps.
Côtes à côtes, ils se dirigèrent vers les écuries afin d’aller chercher les licols de leur monture. Raphaël devança l’adulte et lorsqu’il revient, il lui tendit le licol de Waterfalls.
Daevlyn l’attrapa et le remercia d’un sourire. Il remerciait intérieurement l’adolescent de faire autant d’efforts, mais il avait aussi remarqué que Raphaël était encore mal à l’aise et prenait sur lui pour contrôler le tremblement de ses mains.
En silence, ils se dirigèrent vers l’enclos des animaux.
Raphaël salua Diamond Dust et lui mit le licol, puis rejoignit Daevlyn qui l‘attendait avec Waterfalls.
Ils pansèrent leur montures, puis quand Diamond Dust fut sellé, ils se rendirent dans le rond de longe afin de commencer la leçon.
A midi, ils se rendirent au réfectoire. Reprenant ses habitudes, Raphaël alla s’asseoir dans le fond, ignorant totalement les regards que lui lançaient certains pensionnaires. Il mangea en vitesse, bien qu’un peut plus qu’à l’accoutumé afin de faire plaisir à Daevlyn puis quitta la cantine.
En attendant la reprise du cours, Raphaël alla s’asseoir près des chevaux. Il aimait leur compagnie plus que celle des hommes. La seule exception qui échappait à la règle, était Daevlyn. Bien que parfois son comportement l’effrayait, il se sentait en sécurité à ses côtés. Raphaël avait l’impression que l’adulte avait une certaine emprise sur lui. Jamais encore il n’avait eut autant envie de faire plaisir à quelqu’un si ce n’est à Daevlyn. Il était le seul pour qui il avait envie de se battre.
Plongé dans ses réflexions, il ne vit pas la silhouette qui l’observait à quelques pas de là, et sursauta lorsqu’une voix s’éleva dans son dos :
- A quoi penses tu ?
Raphaël se leva précipitamment et gêné, il bredouilla :
- Je… euh… à rien…
Daevlyn lui sourit et ils reprirent la leçon là ou il l’avait arrêtée.
En fin d’après midi, alors que la leçon touchait à sa fin, Daevlyn dit à l’adolescent :
- Tu te débrouilles très bien Raphaël. Ça te tente d’essayer le trot ?
Le jeune garçon le regarda comme s’il venait de lui annoncer la fin du monde, ce qui fit rire Daevlyn et il timidement, il hocha la tête en signe d’acquiescement.
Daevlyn le fit descendre de cheval et commença ses explications :
- Le trot est une allure à deux temps. Pour évité d’être trop secoué et pour ne pas faire mal au cheval, il faut se lever un temps sur deux. Tu comprends ?
Devant l’air contrit de l’adolescent, Daevlyn enfourcha Diamond Dust et le lança au tout petit trot afin de lui faire une démonstration. Puis, il sauta à terre et laissa la place à Raphaël. Ce dernier eut beaucoup de mal à prendre le rythme durant les premières secondes, puis, il prit rapidement le rythme.
Raphaël était aux anges ! Un sourit ravi illuminait son visage, le rendant encore plus beau.
Ils terminèrent la séance sur cette réussite. Daevlyn aida Raphaël à s’occuper de son cheval et alors que l’adolescent le détachait pour le ramener au prés, il déclara :
- Non, ne le détache pas ! Je vais monter un Waterfalls dans le rond un moment, je les ramèneraient quand j’aurais terminé.
Raphaël ré attacha l’animal et suivit Daevlyn jusqu’au rond de longe. Là, il s’assit dans l’herbe à quelques pas de la clôture et reporta toute son attention sur Daevlyn et Waterfalls.
Durant plus d’une heure, il observa Daevlyn qui, de temps en temps, lui donnait des explications sur ses actes envers l’animal.
Quand il eut terminé, Daevlyn dessella son cheval avec l’aide de Raphaël, puis alors qu’il rentrait les chevaux au prés, il sauta sur le dos de sa monture à la manière des indiens. Raphaël le regarda ébahi. Devant le regard du jeune garçon, Daevlyn déclara :
- Tu peux monter aussi si tu veux. Tu te places au niveau de son épaule, tu te tiens à sa crinière et tu jettes ta jambe par-dessus son dos.
L’adolescent suivit les instructions de son moniteur et monta sur le dos de son cheval.
D’abord surprit par la sensation des muscles qui roulaient sous lui, il se prit à apprécier ce contact qui le faisait se sentir un seul avec sa monture.
Daevlyn lui enseignait comment sentir les mouvements du cheval sous lui t Raphaël buvait ses paroles.
Des larmes de bonheur jaillirent au coins de ses yeux. Il n’avait jamais été aussi heureux.
Ils quittèrent le parc sur un dernier câlin de Raphaël à Diamond Dust, puis l’heure du repas arrivant à grand pas, ils se dirigèrent vers le réfectoire.
Après le dîner Raphaël alla prendre sa douche. Lorsqu’il revient, il eut la surprise de trouver Daevlyn qui l‘attendait, assit sur son lit.
Masquant son trouble, Raphaël posa ses vêtements sur la chaise et mal à l’aise, il alla s’installer sur son lit en face de l’adulte qui lui dit :
- Je voudrais que l’on parle Raphaël.
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