Mourir pour revivre - Chapitre 12

Chapitre 12 écrit par Lybertys

Raphaël n’avait aucune réaction face à la supplication de Daevlyn. Le voir ainsi, avoir vu son bras, l’avait irrémédiablement replongé pour de bon en plein milieu de son passé. Voir ainsi Raphaël paralysé par la terreur, lui fit perdre la raison. Ce n’était plus vraiment Raphaël qui l’avait en face de lui, mais un fantôme du passé. Daevlyn inconscient approchait peu à peu de lui, ne savant plus vraiment où il était ni ce qu’il faisait. Plus il approchait et plus le jeune était terrifié, mais il ne semblait plus en avoir vraiment conscience. Il était comme entré dans un état second et ne savait plus vraiment ce qu’il faisait. Il ne voyait plus qu’un être souffrant devant lui, tout comme souffrait son frère, et il n’avait plus qu’une idée en tête le prendre et le serrer dans ses bras.

Alors qu’il était à deux doigts de le toucher, la réaction violente de Raphaël le sortit de son état de stupeur. Calmer cette peine et cette souffrance  à l’état pure qui s’exprimait sous ses yeux. Raphaël avait fermé les yeux et s’était mis à crier tout en se débattant et en donnant des coups de pieds comme pour se protéger, mais de qui ? C’est à ce moment là que Daevlyn comprit. Tout cela était de sa faute… Revenant à la réalité, il aperçut enfin la faible distance qui dès lors les séparait. Sa panique n’était due qu’à cela. Précipitamment, il recula de quelques mètres et se laissa tomber à genoux.

A quatre pattes sur le sol, ne pouvant retenir ses larmes, il réalisa ce qu’il avait failli lui faire et dans quel état il se trouvait face à lui. Le voir le regarder ainsi lui donnait envie de disparaître et de s’éradiquer de ce monde.

Impuissant, il ne pu que lui dire faiblement :

- Pardonne moi Raphaël… je ne voulais pas t’effrayer… pardonne moi… Je voudrais te connaître… je voudrais te comprendre… Pourquoi es tu devenu ainsi  Qu’as tu vécu pour craindre à se point le monde extérieur … Mon seul but est de t’aider Raphaël… Saisis cette chance que je te donne  Raphaël… C’est peut être la seule que tu auras…

Cette dernière phrase qu’il prononça, il la regretta amèrement. Quelque part, il n’avait fait qu’extérioriser sa  rancœur contre le suicide de son frère, et il s’en voulait terriblement de faire subir cela à Raphaël. Mais en même temps il ne supportait plus ce silence et cette souffrance solitaire et intériorisée.

Face au mutisme de l’adolescent, Daevlyn quitta la pièce. Il espérait simplement que ses paroles arriveraient à briser la carapace du jeune garçon.

Daevlyn détruit et dévasté, entra dans sa chambre. Il s’allongea simplement dans son lit éteignit la lumière et fixa le plafond les yeux grands ouverts dans la pénombre de la soirée.

Réalisant peu à peu ce qu’il venait de se passer, ce qu’il avait vu et fait, il angoissait des répercutions que cela aurait dans le futur. Perdu dans ses pensées qui devenaient de plus en plus sombres, il n’eut plus aucune conscience du temps qui passa et des heures qui défilèrent devant ses yeux. Ce fut pourtant plusieurs petits coups frappés à sa porte qui le ramenèrent sur terre.  En allumant la lumière, il vit la silhouette de Raphaël pénétrer peu à peu dans sa chambre.

- Raphaël  Fit-il d’une voix endormie et plus que surpris de voir l’adolescent dans sa chambre. Quelle que chose ne va pas ?

Raphaël fit quelques pas puis s’arrêta. Là, à son plus grand étonnement, Daevlyn le vit bouger les lèvres.

- Daevlyn… aidez moi… ne m’abandonnez pas… déclara l’adolescent d’une voix suppliante, tandis que des larmes coulaient le long de ses joues pâles.

Daevlyn réagit au quart de tour. Il s’assit sur le bord de son lit et tendit la main à Raphaël.

Enfin, il réagissait. Enfin, il s’ouvrait. Il venait de faire ce que son frère n’avait jamais réussi à faire. L’adolescent  regarda longuement sa main tendue, hésitant face au comportement à adopter, puis il la saisit non sans une certaine appréhension. Il se tendit légèrement à ce contact, mais ne retira pas sa main.

Tentant le tout pour le tout, Daevlyn l’attira lentement vers lui. Raphaël hésita un instant puis franchit les derniers pas qui le séparait de l’adulte. Là, il se jeta dans ses bras et éclata en sanglot.

- Je ne t’abandonnerai jamais Raphaël…

Non, jamais il ne l’abandonnerait. Il ne ferait jamais deux fois la même erreur. A la seconde même ou il l’avait vu, il avait su. Jamais il ne quitterait ce jeune garçon et il l’aiderait toute sa vie s’il le fallait à s’ouvrir de nouveau au monde. Raphaël pleura un long moment, toujours dans les bras de Daevlyn qui, patiemment, lui caressait tendrement les cheveux. Jamais il n’avait touché une peau aussi douce et des cheveux si fin et délicats. Il aurait pu caresser ses cheveux indéfiniment, sans s’arrêter une seule seconde.

Quand Daevlyn sentit un poids mort dans ses bras, il comprit que Raphaël s’était endormit. Sans le réveiller, il se leva et le porta dans sa chambre. Il le coucha sous les couvertures et avec une infinie tendresse, il déposa un baiser sur son front.

La leçon d’équitation se passa comme Daevlyn l’espérait. Il était loin d’être insensible à tous les efforts que faisait Raphaël. A aucun moment il n’évoqua la journée de la veille, préférant ne pas gâcher celle-ci.

Mais sa décision de la soirée fut tout autre…

Peu de temps après le dîner, et pendant que Raphaël prenait sa douche, Daevlyn entra dans sa chambre et l’y attendit. Il était plus que temps qu’ils se parlent franchement et qu’il sache tout. Il lui était devenu insupportable de faire une multitude de supposition sur le pourquoi de l’état de Raphaël. Il se devait de lui parler, comme jamais il ne l’avais à personne.

“Pour que l’un se confie à l’autre, pensa-il, il fallait obligatoirement que l’autre se confie à l’un.”

Une confiance mutuelle s’en dégagerait, et seulement ainsi ayant connaissance du passé de l’autre, se délivrant et en se confessant, alors à cet uniquement moment ils pourraient progresser.

Il était d’abord passé à l’infirmerie et profitant de l’absence de l’infirmière, il avait subtiliser la trousse de secours dans le but de soigner ce qu’il avait vu sur le bras de Raphaël.

Assis sur le lit, il attendait son retour.

Lorsque celui-ci rentra enfin dans sa chambre, Daevlyn remarqua tout de suite le trouble de l’adolescent en remarquant sa présence. Il posa ses vêtement sur la chaise et vient s’asseoir au pied du lit faisant ainsi face à l’adulte.

Daevlyn lui expliqua tout de suite la raison de sa venue.

-         Je voudrais que l’on parle Raphaël.

Il vit automatiquement la tête de Raphaël se baisser et son regard fuir le sien. Pourquoi se fermait-il ainsi, dès que l’on tentait de l’aider.  Voulant  cesser immédiatement le malaise dans lequel tous deux se trouvaient, Daevlyn demanda alors à Raphaël, tout en attrapant la trousse à pharmacie posée sur le sol :

- Si tu ne veux pas me parler, il suffit de me le dire. Saches que je ne te forcerais jamais. Mais surtout, saches que jamais je ne te jugerais sur ce que tu me dévoileras un jour. Si c’est ce dont tu as peur, alors cette peur est inutile. Par contre, s’il te plait, et là je ne te laisse pas le choix, donne-moi ton bras, il faut te soigner, cela pourrait s’infecter.

A cette dernière demande, l’adolescent redressa aussitôt la tête, paniqué par ce qu’il venait de lui demander. Inconsciemment, il passa sa main sur ses plaies masquées par le t-shirt noir.  Daevlyn savait pertinemment que ce qu’il lui demandait était énorme, mais il y été obligé. Lui non-plus n’avait aucune envie de revoir ces plaies, tout cela était trop chargé en ressentiments et en souvenirs pour lui.

-         S’il te plait Raphaël…

Très lentement et à contre cœur Raphaël tendit son bras dans la direction de Daevlyn. Celui-ci le vit s’arreter en chemin, sentant qu’il ne pourrait pas aller plus loin et que rien que cela lui avait demander beaucoup. Il s’approcha alors de lui, et d’une extrême délicatesse, il attrapa son bras. Il dut certainement le saisir au mauvais endroit, car il vit Raphaël réprimer une grimace de douleur.

Il posa son bras sur ses genoux et lentement, il retroussa sa manche. Il failli défaillir en voyant la multitude de cicatrise qui ornait son avant-bras mutilé. Comment pouvait-on ce faire tant de mal ? Daevlyn avait beau savoir ce qui pouvait pousser un personne à faire cela, il avait toujours eut du mal à l’accepter.

Il passa lentement un doigt sur une ancienne cicatrice, comme pour tenter de l’effacer. Il sentit le corps de Raphaël frémir sous ce contact.

Il attrapa alors de quoi le désinfecter et le soigner. Avant d’appliquer la conpresse de désinfectant, il prévint Raphaël :

-          Attention, ça va piquer un peu.

Alors qu’il appliquait la compresse il n’osait plus tourner la tête et regarder Raphaël, pourtant il sentait que celui-ci l’observait depuis un moment

Consciencieusement, il soigna Raphaël, faisant preuve d’une extrême méticulosité et d’une douceur très particulière.

Lorsqu’il eut fini et afin de vérifier qu’il n’avait rien oublier, il tira un peu plus sur la manche de Raphaël, et fut de nouveau horrifié par ce qu’il venait de voir. Ce n’était pas les multiples cicatrices qui continuer à parcourir celui-ci qui le choquèrent mais une partie d’un hématome encore violet, preuve qu’il n’était pas vieux. Il écarta tout de suite l’idée que celui-ci soit due à la chute qu’il avait faite, la trouvant trop facile. Il releva alors la tête vers Raphaël et lui demanda peut être d’un ton un peu sec dû au futur énervement de ce qu’il allait certainement découvrir.

Il releva alors la tête vers Raphaël et lui demanda peut être d’un ton un peu sec dû au futur énervement de ce qu’il allait certainement découvrir.

- Enlève immédiatement ce t-shirt.

Le regard paniqué que Raphaël lui envoya alors, ne lui fit pas une seule seconde changer d’avis. Et le ton qu’avait employé Daevlyn indiquait clairement à Raphaël qu’il n’avait pas le choix. C’était un ordre.

Pourtant Raphaël ne bougea pas d’un pouce. Figé et terrifié par la demande de Daevlyn, il ne savait plus vraiment ce qui devait et pouvait faire.

Daevlyn furieux contre celui qui avait fait ce qu’il pensait à Raphaël, haussa le ton, ne laissant aucune échappatoire à Raphaël qui commençait à pleurer :

- Raphaël, enlève le, tout de suite !

Raphaël lui lança un dernier regard plein d’incompréhension et de rancœur. Daevlyn le savait : Raphaël lui en voulait. Mais il ne pouvait pas faire autrement. Il fallait qu’il en ait le cœur net. Raphaël se leva et se mis dos à Daevlyn, ne voulant surtout pas croiser son regard lorsqu’il verrait, ne voulant pas voir le dégoût et la répulsion qu’il pourrait y lire.

C’est tout tremblant et à deux doigts de s’évanouir qu’il ôta son t-shirt, dévoilant ce qu’il avait toujours voulut cacher et qu’il aurait souhaité ne jamais dévoiler.

Les larmes virent au yeux de Daevlyn lorsqu’il vit…

De longues marques rouges encore fraîches zébraient la peau du dos de l’adolescent, recouvrant d’autres plus anciennes. Une multitude d’hématomes et de bleus de tout âge venaient s’y mêler.

Lentement et non sans difficultés, Daelvyn se leva et s’approcha de Raphaël. Chaque marque sur le corps de Raphaël était comme un coup de couteau dans le cœur de Daevlyn.  Là, il passa sa main sur le dos meurtri de l’adolescent, étonné par la douceur que sa peau gardait malgré tout ce qu’elle avait subie. La sensualité de ce simple geste fit frissonner l’adolescent.

Les épaules de Raphaël s’affaissèrent, comme pour se replier un peu plus sur lui même, tentant de disparaître et de se cacher de cet homme qui le mettait à nu. Comprenant la détresse dans laquelle se trouvait l’adolescent, Daevlyn se colla tout contre lui, et l’entoura de ses bras, lui montrant ainsi que même avec ce qu’il venait de voir, il ne l’abandonnerait pas. Non, jamais il ne l’abandonnerait.

Une seule question torturait son esprit : « qui lui avait ça et pourquoi ? »

Raphaël se retourna alors faisant face à Daevlyn et se blotti directement au creux de ses bras. Il éclata en sanglots  qui déchirèrent le cœur de Daevlyn un peu plus profondément.

Ce ne fut qu’après un long moment d’intimité, blotti l’un contre l’autre que Daevlyn se décida à parler enfin. Passant sa main dans ses cheveux, serrant tout contre lui un corps si fragile et tremblant, secoué de spasmes dû aux pleurs, il commença :

-         Je suis désolé Raphaël, je… je n’avais pas réalisé l’ampleur de ta souffrance, je viens de te faire du mal sans le vouloir. Pour réparer ce que je viens de faire, je vais te dire plusieurs choses. Tout d’abord saches que plus jamais tant que tu resteras près de moi, plus jamais tu n’auras à subir ce que tu as subit. Je te protégerai de toute cette cruauté que tu as subit, je…

Daevlyn se sentait si faible face à l’immensité de la souffrance de l’adolescent. Il se sentait si petit et inutile face à cette adversité. Il avait soudain très peur de ne plus être assez fort pour l’épauler, de ne plus être assez fort pour l’aider. Vu son état de faiblesse au départ, il trouva qu’il n’était vraiment pas l’homme de la situation.

-         Non Raphaël, je te dois la vérité. Je suis responsable de la mort de mon frère. Il était déjà au bord du gouffre et je n’ai fait que l’y pousser un peu plus. Je… Je ne suis pas fort, depuis ce jour je suis si faible. Je ne peux te promettre d’être toujours là pour t’épauler, mais je te jure de faire de mon mieux. Tu lui ressembles tant…

Ses yeux s’embuèrent et sa vue se troubla de nouveau. Cette dernière dispute qu’il avait eut avec lui, ces dernier mots qu’il avait prononcé, il s’en souvenait parfaitement. « Tu n’as qu’à mettre fin à tes jours si la vie est aussi pourrie que cela, tu me fera moins chier et je pourrais vivre enfin ». Jamais il n’avait penser ses mots, les ayant prononcés sous le coup de la colère. La culpabilité le rongeait depuis si longtemps…

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