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Mourir pour revivre - Chapitre 35

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 35 écrit par Shinigami

Lover contre Daevlyn, Raphaël se réveilla lorsqu’il le sentit bouger. Cependant, trop bien installé dans les bras de son amant, il n’esquissa pas un geste qui aurait pu trahir son état. Il se laissa bercer par la respiration calme et apaisante de son moniteur, attendant patiemment son baiser matinal. Quand il sentit les lèvres chaudes de Daevlyn se poser délicatement sur son front, il retient à grand peine un soupir de bien être et un ronronnement de satisfaction. Cependant, il refusa d’ouvrir les yeux, tant qu’il n’aurait pas eu un baiser digne de ce nom. Celui-ci ne tarda pas à venir, pour sa plus grande joie. Après un simple effleurement en guise de bonjour, Raphaël ouvrit les yeux et offrit l’un de ses plus beaux sourires à son amant, heureux de pouvoir encore partager ces instants de tendresse qu’il appréciait tant, avec lui.

Maintenant qu’il avait découvert la douceur de l’amour et la tendresse de Daevlyn lors de leurs moments intimes, il ne pouvait plus s’en passer. Il avait besoin de se savoir aimer, de sentir que l’on tenait à lui. Il en profitait pour rattraper l’amour perdu qu’il n’avait pas eu la chance de connaître durant son enfance et le début de son adolescence. Ça en était presque devenu vital. Il souffrait lorsque Daevlyn n’était pas à ses côtés et être obliger de réfréner ses gestes tendres qu’il avait envers lui, le perturbait énormément. Il avait besoin de contact physique, mais pas n’importe lequel. Il avait besoin de sentir la peau de Daevlyn frémir sous ses doigts. Le moindre instant passé loin de lui était une torture.

Sous l’emprise de cette envie vitale et  incontrôlable, il quémanda à nouveau un baiser qui, pour son plus grand plaisir, fut suivit de pleins d’autres et de quelques caresses sensuelles. Satisfait, Raphaël se résigna à quitter les bras si accueillant de son amant et s’extirpa du lit à contrecoeur.

Sous la chaleur bienfaisante de la douche, Raphaël souriait comme un bien heureux. Jamais encore il n’avait ressentit telle plénitude et sérénité dans son coeur et dans son âme. Pourtant, seule ombre au tableau, Ambre Martinez, qui depuis son arrivée la veille, semblait déjà se prendre pour le Tout-Puissant. Raphaël le savait très bien, Daevlyn et lui vivaient dans l’interdit, cependant, il ne comprenait pas pourquoi personne n’essayait de comprendre et d’accepter les sentiment qui les liaient l’un à l’autre. Pour la première fois de sa vie, Raphaël découvrait l’amour d’une personne, et pour rien au monde il y renoncerait. Il tenait à Daevlyn bien plus qu’à sa propre vie et serait capable de tout sacrifier pour lui.

Sentant une sourde colère contre cette femme horrible l’envahir, il sortit de la douche et retourna dans sa chambre. Assit sur son lit, il attendit que Daevlyn vienne le chercher pour qu’ils se rendent ensemble au réfectoire. Ils s’échangèrent quelques mots discrets qu’eux seuls eurent le privilège d’entendre, puis ils se quittèrent à regrets afin de prendre place à leur table respective. Tout le temps qu’il resta au réfectoire, Raphaël sentit posé sur lui, le regard inquisiteur de Daevlyn, comme s’il surveillait le moindre de ses faits et gestes, et là en l’occurrence, la quantité de nourriture qu’il avalait. Cependant, lui aussi observait Daevlyn à la dérobée, ayant trop peur d’attirer une attention non désirée sur eux. Il voyait l’expression de son visage changer à chaque parole que lui adressait la directrice. Intérieurement, Raphaël bouillonnait de rage à l’encontre de cette femme arrogante. De nature jalouse et possessive, il ne supportait pas l’idée que quelqu’un d’autre qui lui puisse poser ses yeux sur Daevlyn, et encore moins cette mégère.

Écœuré par le comportement de cette femme qui, à ce qu’il pouvait en voir de là où il se trouvait, prenait un malin plaisir à le retenir loin de lui, il quitta la salle. D’un pas vif et rapide, signe évident de son énervement, il se rendit au box d’Amaranth afin de lui apporter son biberon du matin. Arrivée à l’écurie, il s’efforça de faire le vide en lui, repoussant toutes ces pensées négatives qui pourraient influencer son comportement et notamment ses réactions avec Amaranth. Grâce à l’enseignement de Daevlyn, il avait appris que de part son attitude, Amaranth tout comme n’importe quel autre animal, pouvait sentir son humeur et ses ressentis. Cependant, il n’eut pas à se forcer bien longtemps. Aussitôt qu’il entra dans le box du poulain, sa mauvaise humeur n’était plus qu’un mauvais souvenir.

Raphaël tendit le biberon à l’animal qui le vida en seulement quelques secondes. Attendri par la voracité du poulain, Raphaël eut un sourire tendre et lui déposa un bisou sur le bout du nez, avant de lui faire un câlin. C’est dingue comme il pouvait s’être attaché à ce poulain. En moins de trois semaines, Raphaël s’était prit d’affection pour Amaranth et n’envisageait pas de continuer sans lui. En repensant à sa tentative de suicide, quand il avait failli lâchement abandonner le poulain il ressentait un élan de honte l’envahir. Comme s’il devinait les pensées honteuses qui s’emparaient de Raphaël, Amaranth lui donna un petit coup de tête qui fit sourire l’adolescent.

Puis, Amaranth s’empara du haut de pyjama que lui avait donné Raphaël et le secoua de haut en bas. En le regardant faire, l’adolescent se mit à rire. Un rire envoûtant à apprécier sur le coup, car bien trop rare aux yeux de Daevlyn. Trop occupé à s’amuser avec le poulain,  n’entendit pas Daevlyn entrer dans l’écurie et s’arrêter à l’entrée de box d’Amaranth. Ce ne fut que quelques secondes plus tard que Raphaël sentit le regard empli d’amour de son moniteur posé sur lui. Il lui fit face et lui offrit un sourire radieux, qui comme ses éclats de rire, n’étaient que trop précieux pour Daevlyn. Cependant, devant l’expression anxieuse qui barrait le visage de son amant, Raphaël perdit immédiatement son sourire et son coeur se serra d’appréhension. Que s’était-il passé ? Qu’avait bien pu lui dire cette odieuse directrice ? Maîtrisant l’inquiétude que pourrait laisser transparaître sa voix, il demanda :

- Qu’est ce qui se passe ?

- Nous sommes dimanche…, répondit l’adulte, ne terminant pas sa phrase, laissant Raphaël deviner la suite.

Cependant, l’adolescent ne comprit pas l’allusion, et encouragea Daevlyn à continuer :

- Et ?

- Nous devons aller à la randonnée avec les autres et la directrice…

Cette révélation fit l’effet d’un coup de poing à Raphaël. Comment avait-il pu oublier ce qu’il y avait le dimanche ? La date de ce jour maudit où tous leurs ennuis avaient réellement commencés… Aussitôt, toute la joie et le bonheur  qu’avait pu ressentir l’adolescent jusqu’à maintenant s’envola en fumée. Les battements de son coeur s’accélérèrent tandis que Daevlyn poursuivait :

- Je… Tu te sens d’affronter les autres… Je ne pourrais pas rester tout le temps à tes côtés, elle ne me le permettra pas. Tu vas devoir affronter les autres seul…

Daevlyn avait raison, et Raphaël le savait… Jamais la directrice ne lui permettrait de rester toute la journée avec lui… A cette évocation, Raphaël sentit la haine l’envahir. Une haine froide et sans bornes pour cette femme qui faisait tout pour les séparer. Raphaël sentit la colère et la rancoeur s’emparer de Daevlyn, et pour lui montrer qu’il ne lui en voulait pas, qu’il comprenait la situation délicate dans laquelle il se trouvait, il sortit du box et l’enlaça. Il tenta de faire passer toute sa tendresse et son amour dans cette étreinte de réconfort. Chacun essayait de transmettre sa force à l’autre, la force d’affronter cette journée qui, par expérience, s’annonçait très difficile. Touché par les gestes de Raphaël, Daevlyn l’embrassa longuement. A la passion se mêlait le désespoir. Après un dernier baiser, ils se séparèrent à contrecoeur, pour se préparer rapidement pour cette fameuse journée tant appréhendée.

Ils se retrouvèrent tous dans le hall d’entrée et tandis que la directrice donnait les directives et les instructions pour la promenade à venir, Raphaël n’écoutait pas. Son esprit s’envola loin de toute cette agitation et de ces futilités, vers un endroit que lui seul connaissait, cet endroit qu’il nommait secrètement “son petit coin de paradis”, dans les méandres de son esprit torturé, caché aux yeux du monde, son amour pour Daevlyn… Seul cet amour lui donnait la force d’affronter de nouveau cette journée qui, pour Raphaël, avait comme un arrière goût de tragédie. Seuls les pensées que bientôt il serait de nouveau seul, confortablement blottis dans les bras protecteurs et rassurants de Daevlyn, que bientôt, leurs lèvres pourraient se sceller en un baiser tendre et langoureux lui donnait le courage de surmonter des peurs et ses faiblesses. Tout ça, il ne le faisait pas pour lui, il le faisait pour Daevlyn… Il voulait que Daevlyn soit fier de lui, il voulait lui prouver que pour lui, il pouvait déplacer et affronter son passé et ses souvenirs.

Cependant, une phrase de la directrice retient son attention… ” Tous ceux qui aurait oublier leur maillot de bain seraient punis”… Une angoisse sourde noua les entrailles de l’adolescent… Comment allait-il se sortir de ce guêpier ?

Désespérément, il chercha Daevlyn du regard, et lorsque son moniteur le capta, il pu y lire de la peur et de l’angoisse. De la où il était, Raphaël vit Daevlyn lui adresser un petit sourire rassurante, lui disant qu’il l’aiderait, mais tout comme lui, il savait pertinemment qu’ils étaient pris au piège. Raphaël sentait les mailles du filet se resserrer autour de lui, sans qu’il ne puisse rien faire. A cet instant précis, Raphaël souhaitait ne jamais s’être réveillé ce matin, il aurait aimé s’endormir à jamais dans les bras de son amant, loin de toute cette méchanceté humaine. Raphaël ne comprenait pas… Pourquoi cette femme s’acharnait-elle sur eux de cette façon ? Qu’avaient-ils fait de mal ? Tant de questions qui se bousculaient dans l’esprit du jeune garçon.

Bien trop vite au goût de l’adolescent, ils se regroupèrent et se mirent en marche en direction du lac. Tout au long de la balade, Raphaël marcha devant Daevlyn. Même s’ils ne pouvaient échanger le moindre regard ou effleurement, il avait besoin de sentir sa présence, de sentir qu’il n’était pas seul. Le regard de son moniteur posé sur lui le rassurait. Perdu dans ses pensées, Raphaël ne vit pas le temps passer et fut surprit de se retrouver aussi vite au bord du lac.

Raphaël prit le sandwich que Daevlyn lui tendit et alla s’asseoir à l’écart des autres, sachant très bien que Daevlyn n’aurait pas la permission de venir le rejoindre. Malgré le noeud qui lui nouait l’estomac depuis ce matin, Raphaël s’efforça de manger un minimum, afin de faire plaisir à Daevlyn. A un moment, il releva la tête et son regard plongea dans les émeraudes de son amant, dans lesquelles il pouvait y lire comme une supplication muette.

Lorsque tout le monde eut terminé, la directrice se leva et ordonna à tous les adolescents de prendre une heure pour digérer avant d’aller se baigner. Tous devaient alors bien évidemment être en maillot de bain et se tenir prêt dans une heure.

A ces mots, Raphaël sentit le regard froid et menaçant de la directrice se poser sur lui. Pourquoi le regardait-elle ainsi ? Connaissait-elle son secret ? A cette pensée Raphaël se mit à paniquer. Une angoisse sourde s’emparait de lui et inconsciemment, il se replia sur lui même en une position d’autoprotection. Cela faisait bien longtemps que ce genre de comportement ne lui était pas arrivé. Alors qu’il pensait que Daevlyn allait enfin pouvoir le rejoindre, il vit la directrice retenir tous les moniteurs. Au regard que lui lança Daevlyn, Raphaël comprit immédiatement, que leur instant de tranquillité ne serait pas pour tout de suite. Il lui renvoya un regard déçu mais compréhensif, lui transmettant tout le courage qu’il possédait.

Pendant toute l’heure, Raphaël ne quitta pratiquement pas Daevlyn des yeux. De là où il se trouvait, il pouvait lire un ennui profond et un total désintéressement à ce que pouvait bien raconter la directrice. Malgré les circonstances, cela le fit sourire. Voir que Daevlyn n’en avait rien à foutre de ce qu’elle racontait et que loin de lui il s’ennuyait le toucha profondément. Au bout d’une heure et des poussières, tous les adolescents étaient en maillot de bain, prêt pour les activités préparées par la directrice. Tous sauf un… Et cela n’échappa pas à la directrice. D’un pas rageur, elle se dirigea vers Raphaël et arrivée en face de lui, elle s’exclama :

- Je peux savoir ce que vous fabriquez jeune homme ?

La voyant se diriger vers lui, Raphaël se lova un peu plus contre l’arbre sur lequel il était adossé. Comme à son habitude lorsqu’une personne autre que Daevlyn lui adressait la parole, il ne répondit rien et se contenta de baisser les yeux. Cependant, la directrice fit abstraction du comportement soumis de l’adolescent et ajouta :

- Dépêchez vous de vous mettre en maillot et d’allez rejoindre les autres. Vous avez déjà assez de privilèges comme cela.

Raphaël était au pied du mur. Il ne pouvait plus rien faire, entre la directrice devant lui et l’arbre dans son dos, toute tentative de fuite était vouée à l’échec. Il se contenta alors de se coller un peu plus contre l’arbre, suppliant mentalement Daevlyn de lui venir en aide. il voulait disparaître de la surface de la terre, se fondre dans cet arbre qui l’empêchait de fuir et ne plus avoir à supporter toute cette pression qui pesait sur ces épaules. Raphaël sentit les larmes lui monter aux yeux. Il ne savait pas quoi faire… Pour rien au monde il se serait dévêtu devant tous ces regards impudiques. Seul Daevlyn avait comprit et accepté la honte qui accablait l’adolescent.

- Je vous conseille de le faire immédiatement. Dit-elle froidement en haussant le ton, sinon…

- Sinon quoi ?

A l’entente de la voix de Daevlyn, Raphaël rouvrit les yeux qu’il n’avait pas eut conscience de fermer sous les menaces implicites de la directrice. Il vit Daevlyn toiser la directrice de toute sa hauteur, lui faisant face en signe de défit. L’arrogance de la directrice vacilla quelque peu face au regard rempli de haine non contenue que lui adressait Daevlyn et cela n’échappa pas au regard de l’adolescent qui jubila d’excitation. Savoir que Daevlyn avait ce pouvoir sur la directrice lui apporta une confiance nouvelle. Comme pour cacher sa faiblesse, elle reprit, comme si elle crachait du venin :

- Sinon, vous devrez reprendre un autre adolescent. Le privilège d’être seul avec un éducateur ne lui sera plus possible. A lui de choisir, soit il va rejoindre les autres, soit dès demain, vous pouvez compter un nouvel adolescent dans votre groupe.

A ces mots, Raphaël ne chercha plus à retenir ses larmes et encore moins à les cacher. Il ne pouvait plus en supporter davantage et plongea son regard larmoyant dans celui de l’adulte, en une supplication muette de le sortir de cet enfer. Le regard que lui renvoya Daevlyn lui fit chaud au coeur, un regard empli d’amour et de détermination, qui lui faisait savoir qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour arranger la situation. Raphaël vit Daevlyn inspirer longuement, comme s’il cherchait à refouler la haine qui l’envahissait avant de plonger son regard dans celui de cette horrible femme et déclara d’une voix qu’il voulait calme et posée. Ne surtout pas montrer que cela le touchait plus qu’il ne devrait. Ils étaient déjà suffisamment en situation délicate pour en rajouter une couche.

- Excusez moi, avec tout le respect que je vous dois, mais avez vous déjà auparavant eut des enfants dont vous deviez vous occuper ?

Comme c’était à prévoir, la directrice répondit :

- Non, mais j’ai déjà dirigé bon nombre d’éducateurs et d’établissements et je sais ce qui est bon pour ces adolescents. De la discipline !!

Raphaël assistait à la confrontation qui opposait son amant à cette femme. Son regard se posait sur l’un et sur l’autre au gré de la conversation qui avait plus l’air d’un affrontement verbal qu’une conversation civilisée entre un chef et son subordonné récalcitrant.

- Avez-vous seulement conscience de ce que vous demandez à cet enfant ? Questionna alors Daevlyn.

- Oui, d’aller s’amuser avec les autres, d’être un enfant normal. Bon jeune homme, ta décision, je te laisse la prendre, si je ne te vois pas dans les cinq minutes dans l’eau avec les autres, tu sais à quoi t’en tenir ! Je vous laisse tous les deux réfléchir à son comportement plus que ridicule.

Sur ses mots, la directrice leur tourna le dos et les snobant comme des moins que rien, elle repartie sur la plage, au milieu des moniteurs. Lorsqu’elle fut assez éloignée, Daevlyn s’agenouilla face à Raphaël qui plongea son regard empli de détresse dans le sien et gémit en retenant un sanglot :

- Je… pardon….

Il sentit avec bonheur Daevlyn s’approcher un peu plus de lui et le prendre tendrement dans ses bras. Trop heureux de pouvoir enfin sentir le corps de son moniteur près de lui, Raphaël n’émit aucune résistance et se laissa aller à évacuer tous les sentiments qu’il avait contenus en lui depuis le début de la journée. Il pleurait toutes les larmes de son corps, mettant à bas la douleur, la tristesse la haine et la colère qu’il ressentait envers la directrice mais surtout envers lui même. La colère de ne pas arriver à passer outre la phobie que lui inspire tout contact humain autre que celui de Daevlyn. Les mains du moniteur lui caressaient tendrement les cheveux en signe de réconfort, il lui murmurait des mots apaisants, tentant vainement de le calmer.

Ce ne fut qu’une vingtaine de minutes plus tard que Raphaël commença à se calmer. Lorsque ses pleurs se furent calmés, il prit la parole, sans pour autant regarder Daevlyn, préférant rester blottis dans ses bras, la tête confortablement callée contre son torse finement musclé.

- Je… Je suis désolé Daevlyn… Par ma faute nous… Je..

Oui, par sa faute, un nouvel adolescent allait arriver dans le groupe et briser le cocon de douceur qu’ils s’étaient créés. Il allait s’introduire dans leur vie intime comme le ferait un parasite qui s’agrippe à vous pour ne plus vous lâcher, se contentant de vous sucer le sang à longueur de journée. Voilà comment Raphaël voyait la chose, ce n’était certes pas très objectif, mais c’est ainsi qu’il raisonnait. Et d’un certain côté, il n’avait pas tout à fait tors. Dès le lendemain, ils pourraient dire adieux aux tendres baisers qu’ils échangeaient à longueur de journée, et devront s’efforcer à maîtriser les pulsions qui s’emparaient d’eux lorsqu’ils étaient seuls à l’abri de tous regards indiscrets. Ils ne pourraient plus échanger de caresses innocentes comme ils le faisaient si souvent lorsque le monde autour d’eux disparaissait momentanément. Oui, par sa faute, par sa lâcheté, ils seraient contraints à faire comme si rien n’existait de plus entre eux qu’un lien relationnel et hiérarchique moniteur/adolescent.

Cependant, avant que Raphaël n’ait le temps de mettre de l’ordre dans ses idées, Daevlyn lui coupa la parole et dit d’une voix ferme mais agrémentée de douceur et d’assurance :

- Rien n’est de ta faute. Ce qu’elle t’a demandé, jamais tu n’aurais dû le faire. Je préfère devoir supporter un autre adolescent toute la journée, que de  te voir vivre ce cauchemar. Je t’aime Raphaël…

Seuls les cris des adolescents qui jouaient dans l’eau et de la directrice répondirent à la déclaration de Daevlyn. Cependant, l’adulte su pertinemment que ces mots touchèrent l’adolescent car il le sentit se coller un peu plus contre lui.

L’un contre l’autre, Raphaël et Daevlyn se coupaient du monde un instant, profitant du corps de l’autre proche du sien, profitant de l’amour mutuel qu’ils se portaient, source de leurs peines mais aussi de leurs forces.

Ils restèrent un long moment ainsi enlacés, profitant de cet instant de proximité qui était sans aucun doute l’un de leur dernier. Cependant, celui-ci fut bien vite brisé.

Alors que Raphaël commençait à s’endormir dans les bras de son amant, la voix nasillarde de la directrice retentie, le faisant sursauter violemment.

- Daevlyn !!! Venez par là !

- Qu’est-ce qu’elle me veut encore !!! Grogna l’adulte.

Raphaël émit un rire d’amusement, jamais encore il n’avait entendu Daevlyn pester contre un ordre. A contrecoeur, Daevlyn s’arracha à l’étreinte de l’adolescent qui, à présent parfaitement réveillé, s’étira longuement avant de lui lancer un regard amoureux plein de reconnaissance.

Avant de s’éloigner, Daevlyn murmura à l’adolescent :

- Ne t’éloigne pas du groupe… je t’en supplie… reste là où je pourrait veiller sur toi…

Touché par les paroles de son moniteur, Raphaël acquiesça d’un hochement de tête et rassuré, Daevlyn lui offrit un dernier sourire tandis qu’au loin la directrice beuglait :

- Daevlyn ! C’est pour aujourd’hui ou pour demain ?

- Ta gueule grognasse ! Siffla Daevlyn entre ses dents, souriant hypocritement à la directrice qui semblait de plus en plus perdre patience face au comportement de Daevlyn.

Un sourire sadique digne d’Asiel étira faiblement les lèvres de l’adolescent tandis qu’il observait son amant se diriger avec une lenteur calculée auprès de la directrice qui, aux yeux de Raphaël ressemblait plus à un dictateur qu’à une femme. Raphaël se rassit contre l’arbre et observa les adolescents qui semblaient s’amuser dans l’eau. A cet instant, Raphaël se surprit à les envier. Non pas qu’il souhaitait être à leur place et partager leur rire, mais parce qu’il aurait aimé se baigner seul, sans personne pour jeter des coups d’oeil dégoûtés sur son corps sauvagement mutilé.

Sous l’emprise d’une pulsion, il se leva et lentement, il se dirigea vers la rive, prenant soin de ne pas quitter le champ de vision de son amant dont il sentait parfois le regard protecteur se poser sur lui. Toute cette attention lui réchauffa le coeur, se sentir aimé comme le faisait Daevlyn le comblait plus qu’il ne l’aurait jamais imaginé. Arrivé au bord du lac, il s’accroupi et relevant sa manches sur quelques centimètre, s’arrêtant à la lisière de la première cicatrice, il trempa sa main dans l’eau et la retira presque vivement. Malgré la chaleur extérieure, l’eau était d’une température plus que modérée. Avec plus de tact, il replongea ses doigts dans l’eau. Il avait toujours eut un peu peur des eaux stagnantes, telles que les lacs et les piscines, et le souvenir de sa chute du haut de la falaise suffisait à repousser toute tentative d’approche.

Cependant, il se surprenait à vouloir retenter l’expérience avec Daevlyn. Quand il était près de lui, il était prêt à tenter l’impossible. Sa seule présence lui donnait le courage qu’il n’avait jamais eut. Plongé dans ces pensées, il n’entendit pas les cailloux crisser derrière lui :

- Et bien, tu regrettes ta décision ?

Raphaël sursauta et se retourna vivement à l’entente de la voix froide de la directrice. Celle -ci se trouvait a à peine quelques pas de lui, et Raphaël sentait sa présence l’étouffait. Elle était trop près… bien trop près…

- Tu prends conscience que tu es ridicule en agissant de la sorte ? Ajouta-t-elle en approchant un peu plus près de Raphaël qui, ne supportant pas la présence imposante et dominatrice de cette femme, reculait, soumis. Il n’eut conscience de sa bêtise que trop tard, lorsqu’il sentit l’eau froide inonder ses chaussures.

- Tu sais que ton petit manège ne marchera pas avec moi ! Ajouta la directrice, avançant toujours. Tu n’arriveras pas à m’apitoyer ! Tu sais, j’ai déjà eut à faire à des gamins dans ton genre, ils ont finit par rentrer dans le lot comme tous le monde ! Il leur manquait juste un peu de discipline !

Plus Raphaël reculait, plus la directrice avançait. Et soudain Raphaël comprit, elle ne souhaitait pas aider les adolescents, non… elle les harcelait jusqu’à ce que, terrorisé, ils accèdent au moindre de ces caprices. Elle avait trouvé une proie idéale en Raphaël, un adolescent docile et soumis.

L’eau lui arrivait à présent au dessus des genoux, mais il n’y faisait plus attention. Tout ce qui l’importait à cet instant, c’était de fuir. Fuir cette femme qui ne lui rappelait que de trop ce passé qu’il voulait oublier. Hypnotisé par le regard de la directrice qui avait vite compris le pouvoir de soumission qu’elle pouvait espérer exercer sur l’adolescent, Raphaël ne voyait ni n’entendait les appels de Daevlyn et sursauta violemment en lâchant un cri de terreur lorsqu’il sentit la poigne ferme de celui-ci se refermer sur son bras.

Terrorisé, il se débattit, envoyant des coups à l’aveuglette, hurlant sa terreur, complètement plongé dans ses souvenirs. Le voyant ainsi, Daevlyn l’attira à lui et le serra dans ses bras. Ignorant les coups qui pleuvaient sur son torse, il raffermi son étreinte sur la taille de l’adolescent, lui caressant tendrement les cheveux, tout en lui parlant d’une voix douce :

- Raphaël !! C’est moi ! Calmes toi Raphaël ! C’est Daevlyn, je suis là, je te protège… chuuuut ne pleures plus… je suis là… calmes toi…

A l’entente du prénom de Daevlyn, Raphaël se calma subitement, comme par magie. Le prénom de son amant avait ce pouvoir sur lui. Tandis que la voix de Daevlyn le rassurait, il laissa libre court à ses sanglots, enfouissant son visage dans la chemise de son moniteur.

- Dae… Daevlyn… je pardon… excuses moi… Daevlyn…

- Chuuut… ne dis rien… répondit Daevlyn en lui caressant le dos en signe de réconfort.

Puis, l’adulte reporta son attention sur la directrice et déclara d’une voix froide et tranchante :

- Je peux savoir à quoi vous jouez ? N’avez vous pas remarqué qu’il était terrorisé ? Vous vous en foutez de savoir ce qu’il a pu ressentir à cet instant ? Mais vous êtes complètement dérangée ma parole !!! S’emporta Daevlyn. Vous êtes en train d’anéantir tout le travail que j’ai accompli avec Raphaël ! Je ne veux plus vous voir vous approcher de Raphaël ou je ne répondrais plus de mes actes ! J’espère avoir été suffisamment clair !

Et sans attendre de réponse, il souleva Raphaël et le porta jusque sur la rive. Instinctivement, lorsque les pieds de Raphaël quittèrent le sol, il enroula ses jambes autour du bassin de son moniteur et entoura ses bras autour de sa nuque. Il s’agrippait à lui comme à une bouée de sauvetage. Daevlyn était son point d’attache, la personne sur qui il savait qu’il pouvait compter. S’il se noyait, il savait que toujours Daevlyn viendrait le rattraper.

Trop occupé à tenter de calmer l’adolescent, Daevlyn ne vit pas le regard empli de haine et le sourire en coins qu’abordait à présent la directrice. Quant aux autres moniteurs et aux pensionnaires, ils étaient bien trop concentrés sur la scène qui se déroulait sous leur yeux pour faire attention à elle.

Perdu dans ses pensées, Raphaël ne faisait plus attention à rien. Serrant toujours Daevlyn contre lui, il se demandait quel était le but de cette femme ? Pourquoi était-elle aussi méchante ? Voulait-elle le voir perdre pied et l’enfoncer un peu plus dans l’enfer duquel Daevlyn à force d’amour et de patience, s’efforçait lentement à le faire ressurgir ?

Daevlyn s’approcha d’un arbre et déposa délicatement Raphaël sur le sol. Puis, faisant fit du regard des autres, il s’installa à ses côtés et le serra dans ses bras. Bercé par les caresses et la respiration de Daevlyn, Raphaël fini par s’endormir. Durant tout ce temps, Daevlyn veilla sur son sommeil, déposant de temps en temps des baisers papillons sur ses cheveux.

Rassuré par la présence de Daevlyn, Raphaël dormit d’un sommeil lourd et sans rêves. Lorsqu’il se réveilla, tous les récents événements lui revinrent en mémoire et d’une voix encore toute endormie, il déclara :

- Daevlyn… je voudrais rentrer…

- Oui mon Ange, on rentre… Viens, répondit Daevlyn en lui tendant la main après s’être levé.

Il prévient Mickael qu’il rentrait en compagnie de Raphaël et côtes à côtes, ils s’enfoncèrent dans les bois. Une fois qu’ils furent assez éloignés, Raphaël glissa timidement sa main dans celle de son moniteur. Ils marchèrent en silence, jusqu’à ce qu’un murmure de l’adolescent vienne s’ajouter au calme de la forêt :

- Merci… Je t’aime Daevlyn…

L’adulte ne répondit rien mais s’arrêta subitement, faisant face à Raphaël. Il lui releva le visage et avec une infinie douceur, il prit possession de ses lèvres. A ce contact, Raphaël sentit sol disparaître sous ses pieds et le vide ce faire dans son coeur et dans son âme. Il se sentait revivre par ce simple effleurement. Après ce baiser papillon, leur regard se croisèrent pour ne plus se lâcher. Chacun pouvait lire dans le regard de l’autre l’envie qu’avait procurée ce simple frôlement. Sans rompre le contact visuel, Daevlyn rapprocha leur deux corps et lui murmura tout contre sa bouche :

- J’ai envie de toi… tu me rends fou Raphaël… Sois mien encore une fois…

Raphaël se mit à rougir violemment en entendant la requête de son amant qui lui sourit tendrement. Son expression à ce moment là était telle qu’il n’avait aucunement envie de se refuser à lui. Avec une sensualité déconcertante, il colla son bassin à celui de son moniteur et s’empara de ses lèvres, offrant une réponse favorable à son invitation. Trop heureux, Daevlyn ne se fit pas prier. Il souleva son amant aussi facilement que s’il ne pesait rien et posa ses mains sous ses fesses avant de l’emmener un peu plus profondément dans les bois, près d’une clairière à quelques pas d’ici.

Arrivé à l’endroit voulu, Daevlyn retira ses mains de ses fesses et l’adolescent ce laissa glisser sur le sol, arrachant un gémissement de plaisir à l’adulte lorsque son corps de frotta contre son érection grandissante. Avec douceur, Daevlyn prit de nouveau possession des lèvres de son jeune amant, faisant durer le baiser le plus longtemps possible. Sa langue parcourait les lèvres offertes de l’adolescent, sans pour autant partir à la rencontre de la sienne et prendre possession de sa bouche. Ils avaient tout leur temps, et Daevlyn comptait bien en profiter et en faire profiter Raphaël un maximum. Raphaël sembla être du même avis que son moniteur car, jamais sa langue ne vient chercher sa comparse, lui laissant le privilège du commandement. Cependant lorsqu’il s’aperçut que Daevlyn se jouait de lui, semblant voulant voir combien de temps il tiendrait ainsi, Raphaël lui fit part de son mécontentement et mit fin au baiser. Boudeuse, sa langue partie à la découverte de la peau fine et sensible du cou de son moniteur. C’est avec une joie immense qu’il accueilli un nouveau gémissement qui franchit la barrière des lèvres de l’adulte lorsque sa langue s’attarda sur le lobe de son oreille. Galvanisé par les gémissements de Daevlyn, Raphaël continua sur sa lancée et sa deuxième main alla se poser sur sa nuque, qu’il caressa longuement du bout des doigts, jouant avec les petits cheveux qui parsemaient la nuque de son amant.

Rechignant à rester inactif, Daevlyn prit possession de la bouche de l’adolescent qu’il embrassa passionnément tandis que ses mains passaient sous son t-shirt, partant en exploration sur le torse de l’adolescent. Cette fois-ci, ce fut Raphaël qui laissa s’échapper un faible gémissement de plaisir lorsque les doigts experts de l’adulte s’attardèrent sur l’un de ses tétons déjà durcis par le plaisir. L’une des mains de Daevlyn, plus téméraire, alla finir sa course dans le jean de l’adolescent et se posa sur l’une de ses fesses qu’elle caressa longuement. Le corps de Raphaël se cambra sous le plaisir et son bassin vint se frotter langoureusement contre celui de son moniteur. Alors que la langue de Daevlyn refaisait connaissance avec le cou du jeune garçon, Raphaël rejeta la tête en arrière dans un cri muet tandis que ces doigts se perdaient dans la chevelure indomptable de son amant. La langue de Daevlyn laissait des torrents de lave en fusion partout où elle passait, embrasant toujours plus les reins de l’adolescent qui sentait son sang bouillonner à l’intérieur de ses veines.

Arrivant à bout de patience, Daevlyn mit fin à la douce torture qu’il infligeait à l’adolescent et entreprit de lui retirer son t-shirt. Raphaël frissonna au contact de ses doigts sur sa peau laiteuse et satinée et mit bas à la distance minime qui séparait encore leur corps. Raphaël sentait le feu ardent du désir lui vriller les reins. La langue de Daevlyn lui faisait voir des merveilles et souhaitant lui rendre la pareille, Raphaël retira ses mains des cheveux de son amant et les fit glisser le long de son dos, le caressant du bout des doigts en un léger effleurement qui fit frissonner l’adulte. Fier de cette réaction, Raphaël réitéra son geste avant de terminer sa course sur les fesses de son amant en lui adressant un sourire ravi. Daevlyn lui sourit à son et émit un son qui ressemblait à un petit éclat de rire et de satisfaction devant la prise de confiance de l’adolescent. Sous le regard mutin et appréciateur de l’adulte, Raphaël se sentit rougir, et honteux de son audace, il allait retirer ses mains mais Daevlyn le lui en empêcha. Avec douceur, il replaça les mains de l’adolescent à leur place initiale et alla poser les siennes sur le fessier du jeune garçon, en lui volant un baiser au passage.

Très vite, l’effleurement se fit contact et le désir de sentir l’autre plus ardent. Les gestes gagnèrent en précision et les caresses se firent très vite plus intimes et plus poussées. Galvanisé par les petits cris que poussait Raphaël lorsqu’il frôlait une zone sensible, Daevlyn entreprit de terminer ce qu’il avait commencé précédemment, c’est-à-dire, déshabiller son jeune amant. D’une main habile, il déboucla la ceinture qui retenait son jean et sa main s’engouffra rapidement à l’intérieur, caressant son intimité à travers son boxer. Raphaël se mordit violemment la lèvre afin de retenir un cri de plaisir. L’adolescent se cambra violemment, ondulant ses hanches contre la main de son moniteur afin d’accentuer le contact de sa main sur sa virilité. D’une pression de la jambe, Daevlyn écarta celles de son amant et ondula du bassin, collant ainsi son aine contre celle de Raphaël. Ils gémirent de concert tandis que leur corps suivaient le rythme d’une danse vieille comme le monde, mimant l’acte sexuel que le désir qu’ils ressentaient pour l’autre ne rendait que plus empressé. Au bord du gouffre, Daevlyn perdit l’équilibre et plongea, entraînant Raphaël dans sa chute. Très vite, leurs gestes gagnèrent en assurance et en avidité. Le désir de sentir l’autre nu sous leurs caresses se fit de plus en plus pressant, et bientôt, Daevlyn faisait glisser le jean de Raphaël, entraînant son boxer par la même occasion. Une fois les derniers remparts à sa nudité tombés, Raphaël les envoya au loin d’un coup de pied et batailla longuement avant d’arriver à quitter ses chaussettes mouillées, ce qui fit rire Daevlyn. Raphaël lui envoya un coup de coude dans les côtes lui montrant qu’il n’appréciait pas que Daevlyn se moque de lui, mais un sourire amusé détrompait sa précédente action.

Une fois Raphaël nu, Daevlyn le souleva aisément et s’empara avidement de ses lèvres, sa langue explorant sa bouche. Galvanisé par le feu qui brûlait dans ses reins, Raphaël se mit à onduler du bassin, tentant de mettre un terme à cette délicieuse torture qui devenait trop intense. Un cri plaintif passa la barrière de ses lèvres entrouvertes pour aller se perdre dans le cou de Daevlyn, lorsque celui-ci lui infligea une caresse intime bien plus prononcée que les précédentes.

Trop heureux de la réaction spontanée de Raphaël, Daevlyn s’activa à embraser le corps de son amant plus qu’il ne l’était déjà. Il voulait qu’il se consume de désir, qu’il se noie dans les limbes du plaisir charnel. Il déposa l’adolescent et avec douceur il l’allongea sur le sol. L’humidité de l’herbe fraîche fit tressaillir le jeune garçon qui se cambra un peu plus, comblant l’espace qui séparait encore leur deux corps. Après un langoureux baiser passionné, Daevlyn s’arracha de l’étreinte de Raphaël puis se mit à genoux. Là, il l’observa longuement, redessinant du regard les moindres contours de son corps. A son regard vint s’ajouter ses doigts qui partirent de son torse, glissèrent le long de ses côtes pour achever leur course sur son intimité. Enivré par les sensations que lui faisait découvrir Daevlyn, Raphaël ne se rendait plus compte du bruit qu’il faisait. Seul lui importait les mains de l’adulte qui faisaient des merveilles sur ses sens.

Raphaël frissonna de bien être lorsque la langue de son amant vient rencontrer la peau fine et sensible de son aine, laissant des traînées de lave en fusion partout où elles passaient. Ne pouvant plus contenir le désir qui lui vrillait douloureusement les reins, Daevlyn entreprit de passer aux choses sérieuses, jugeant avoir suffisamment attendu.

Raphaël n’en pouvait plus. Il son corps le brûlait de l’intérieur, comme consumé par un brasier ardent invisible. Sa peau luisante de sueur s’embrasait au moindre contact effleurement de Daevlyn. Son corps répondait positivement aux avances de son moniteur, et même s’il l’avait voulu, jamais il n’aurait pu s’y soustraire. Le corps de Daevlyn l’attirait tel un aimant. Sa force d’attraction avait le pouvoir d’annihiler toute la volonté du jeune garçon.

Très vite, les caresses manuelles de Daevlyn furent remplacées par la douceur de sa langue. Une vague de plaisir nouveau prit possession de l’adolescent qui s’arqua brusquement sous l’afflux de sensations plus intenses les unes que les autres. Les mains perdues dans la chevelure de Daevlyn comme pour tenter de se raccrocher à la réalité, Raphaël voguait loin de la réalité. Seul comptaient les sensations que lui faisait ressentir Daevlyn, hormis cela, il n’avait plus conscience de rien.

Sous les caresses expertes de son amant, Raphaël se libéra dans un gémissement rauque, se cambrant violemment sous l’effet du plaisir ressenti. Daevlyn lui adressa un sourire satisfait qui fit rougir l’adolescent jusqu’à la pointe de ses cheveux, ce qui renforça le sourire de l’adulte. Agacé par son comportement, Raphaël lui attrapa le col de sa chemise et l’attira à lui afin de lui voler un baiser. Ne s’attendant pas à une telle réaction de la part de son jeune amant, Daevlyn ne répondit pas immédiatement au baiser, mais lorsque la langue de Raphaël vint quémander l’accès à sa bouche, il revint sur terre et répondit à sa demande avec passion. Fougueusement, il reprit le contrôle du baiser qui les laissa tous deux pantelant. Fébrilement, Daevlyn retraça du bout des doigts, le contour du visage aux traits androgynes de l’adolescent.

S’il devait mourir, Raphaël souhaitait que cela arrive à cet instant précis, dans les bras de l’homme qu’il aimait. Pour rien au monde il souhaitait que ce moment ne s’arrête. Brusquement, comme prit d’une pulsion subite, il s’empara presque brutalement des lèvres de son amant. Prit d’une peur subite, il s’accrocha à lui de toutes ses forces, le serrant dans ses bras comme pour le retenir.

- Ne part pas…. m’abandonne pas Daevlyn… reste avec moi… je t’en supplie…

Surprit par les  soudains sanglots de l’adolescent, Daevlyn se releva sur ses coudes et le regarda dans les yeux. Du pouce, il essyua les larmes qui roulaient sur ses joues avant de répondre tendrement :

- Jamais je ne t’abandonnerais Raphaël, jamais je ne partirai…

- Embrasse moi Daevlyn… gémit l’adolescent en une supplication.

L’adulte ne se le fit pas dire deux fois. Face à l’inquiétude et à la peur qu’il pouvait lire dans le regard de son jeune amant, il l’embrassa avec tout l’amour et toute la tendresse dont il était capable. Quand Raphaël sentit Daevlyn s’éloigner de lui, il le retient par le bras, le suppliant du regard :

- S’il te plait…

Convaincu par le regard si troublant de l’adolescent, Daevlyn reprit sa place initiale et du bout des doigts, il lui caressa lentement le torse, cherchant à attiser de nouveau ce feu qui dormait en lui. Il ne fallu pas longtemps au jeune garçon avant qu’il ne sente ses riens s’embraser de nouveau de se désir que faisait naître Daevlyn. Ses mains expertes lui faisaient voir monts et merveilles. Très vite, il en fallu plus à Raphaël. Il ressentait un besoin vital de sentir la peau nue de Daevlyn contre la sienne, cette sensation de plénitude qui l’envahissait alors le faisait se sentir vivant. Fébrilement, il glissa ses doigts sous la chemise de son moniteur, entreprenant l’exploration de son torse finement musclé et bien dessiné. Posant les mains sur son torse, Raphaël repoussa Daevlyn, le forçant à s’allonger, et prit place au dessus de lui. Il voulait lui rendre caresse pour caresse, baiser pour baiser. Il releva le t-shirt de son amant et entreprit de faire connaissance avec son torse puissant. Cependant, ne se sentant pas encore près à aller plus loin, il se contenta de lui embrasser chaque parcelle de peau recouvrant son torse, poussant même le vice à descendre jusque sur le bas de son ventre, mais jamais plus bas.

Relevant la tête, il adressa un faible sourire d’excuses à Daevlyn, qui le rassura d’un sourire, semblant comprendre sa retenue.

Tout dans l’attitude de Raphaël avait une connotation enfantine, et l’innoncence dont il faisait preuve ne faisait qu’attiser le désir de Daevlyn. Tel un bouton de rose qui s’ouvre pour la première fois aux rayons du soleil, Raphaël goûtait pour la première fois aux plaisirs des jeux érotiques. Sous l’effet combiné de ses mains et de ses lèvres, Raphaël arracha un premier gémissement à son moniteur, et fier de lui, il redoubla d’effort, souhaitant le mener au paroxysme du plaisir. Les gémissements de l’adulte indiquèrent à Raphaël que Daevlyn était proche de la jouissance. Afin de le combler comme il l’avait fait, il se colla tout contre lui, et lentement, il fit onduler son bassin contre l’intimité de Daevlyn qu’il sentait se durcir sous lui. Mimant l’acte sexuel, Raphaël accélera le rythme, suivant les gémissements de son amant. Soudain, Raphaël sentit quelque chose de chaud contre ses fesses tandis que Daevlyn se libérait dans un râle de plaisir. La respiration haletante, Daevlyn lança un regard chargé de reproche à l’adolescent qui lui adressa un sourire mutin et empli de fausse innoncence, le toisant fièrement de sa position de dominant. Se soulevant légèrement, Raphaël déboutonna le jean de Daevlyn et entreprit de le lui enlever, ainsi que son boxer souillé.

Une fois totalement nu, Daevlyn inversa leur position d’un habile coup de rein, reprenant le dessus. Avec fougue, il happa les lèvres de son amant et partit à la rencontre de sa langue. Raphaël émit un gémissement de protestation lorsque Daevlyn mit fin au baiser, bien trop tôt à son goût. Cependant il refrena bien vite son mécontentement lorsqu’il le vit porter ses doigts à sa bouche et les sucer sensuellement, d’une façon si provoquante que Raphaël ne résista pas. S’accrochant au cou de Daevlyn, il se releva et lui fit face. Puis, sa langue entreprit de redessinner les contours de sa machoire avant de rejoidre la bouche et de s’emparer de ses doigts. Il les lêcha avec une telle application et une telle sensualité que Daevlyn ne put retenir un gémissement d’excitation.

Après un temps qui lui parut interminable et en même temps beaucoup trop court, Daevlyn retira ses doigts et après avoir fait s’allonger Raphaël, il fit glisser ses doigts le long du corps brûlant de l’adolescent, laissant une traînée de fraîcheur partout où se posaient ses doigts. Lorsque ses doigts se posèrent sur son intimité, Raphaël se cambra violemment en laissant s’échapper un gémissement de plaisir. Instinctivement, Raphaël se tendit légèrement tandis que les doigts de Daevlyn se frayaient un passage vers son intimité. Malgré la patience et la douceur dont faisait preuve Daevlyn, Raphaël ne pouvait s’empêcher d’appréhender ce moment délicat. Il adressa un petit sourire d’excuses à Daevlyn qui l’embrassa tendremment. Rassuré, Raphaël se détentit et écarta les cuisses, invitant l’adulte à venir y prendre place. Il s’empourpra violemment face à son audace et s’amusa de voir que Daevlyn ne se le faisait pas dire deux fois.

Raphaël fut à la fois surpris et heureux de la délicatesse dont fit preuve Daevlyn malgré son désir plus qu’évident, lorsqu’il inséra le premier doigt en lui afin de le préparer à sa venue. Lentement et avec beaucoup de retenue, il entreprit de le détendre, le préparant sans brusquerie aucune au plaisir ultime qu’allait leur apporter l’union de leur deux corps. Les mains agiles de l’adulte infligeaient mille délicieuses tortures à l’adolescent qui, envahit par le plaisir que lui procurait Daevlyn, ne savait plus où donner de la tête et gémissait en une longue litanie incessante. Lorsque Daevlyn toucha un point sensible de son anatomie, Raphaël ne put retenir un cri de plaisir et écarta un peu plus les jambes en une invitation on ne peut plus explicite. Daevlyn insinua alors un deuxième doigt en lui, tout en remontant prendre possession de ses lèvres si tentatrices, entrouvertes en un cri muet. Quand Daevlyn entama un lent va et vient dans l’intimité du jeune garçon, celui-ci ne put retenir un gémissement de douleur que l’adulte s’empressa de se faire pardonner en l’embrassant avec tant de tendresse que très vite Raphaël en oublia la douleur.

Après maintes lents va et vient, Daevlyn entreprit de passer aux choses sérieuses, accélerant la cadence après s’être assuré que Raphaël ne souffrait pas. Lorsqu’il le jugea suffisament prêt, Daevlyn retira ses doigts, arranchant par la même occasion un gémissement de protestation à l’adolescent. Raphaël sentit un manque s’emparer de lui. Son corps en feu le faisait souffrir et il ne souhaitait qu’une chose, que Daevlyn comble ce vide et prenne possession de son corps.

L’adulte lui vola un dernier baiser avant de se replacer entre ses cuisses. Puis, il le pénétra, et malgré la douceur dont il fit preuve, Rapaël ne put retenir un cri de douleur. Aussitôt, Daevlyn stoppa tout mouvement et embrassa tendrement l’adolescent, lui demandant pardon pour la douleur occasionnée. Après un certain temps d’immobilité, Raphaël ondula doucement des hanches, faisant comprendre à son amant qu’il était près à poursuivre. Leur bassin se mirent à se mouvoir en un ryhtme langoureux, comme mu au gré d’une mélodie entendue d’eux seuls. Emporté par leur danse, enivré par le désir qu’il avait de Daevlyn et le plaisir qu’il lui proccurait, Raphaël voguait à mille lieues de la réalité, si bien qu’il émit un petit cri de stupeur lorsque, d’un habile coup de rein, Daevlyn inversa leur position, se retrouvant ainsi allongé sous l’adolescent. Honteux d’être ainsi exposé au regard de l’adulte, Raphaël s’empourpra violemment, stoppant tout mouvement. D’un murmure, Daevlyn l’incita à continuer, ondulant son bassin au même rythme que celui du jeune garçon qui se retrouvait aux commandes de leur plaisir mutuel. Chevauchant Daevlyn, Raphaël posa ses mains sur son torse luisant de transpiration, comme point d’appui et repartit dans un rythme de nouveau lent et régulier. Après plusieurs va et vient langoureux qui arrachèrent un cri de plaisir à Daevlyn qui, à bout de patience entreprit d’accélerer la cadence. Daevlyn profita de la situation pour observer son amant. Ses longs cheveux soyeux lui tombant dans le dos et sur les épaules, la respiration courte et saccadée et l’expression extatique qu’abordait son visage, Raphaël renvoyait inconsciemment une image d’un érotisme et d’une sensualité à toute épreuve. A cette vue, Daevlyn sentit son désir monter en flèche et dû mettre toute sa volonté pour se retenir de jouir. La fatigue aidant, Raphaël avait de plus en plus de mal à soutenir la cadence régulière et accueilli avec joie les mains de Daevlyn qui lui attrapèrent les hanches et le soulevèrent, l’aidant ainsi à garder le rythme soutenu. Sentant venir la jouissance, Raphaël s’abandonna entièrement à Daevlyn, utilisant au mieux les dernières forces qui lui restaient.

Les yeux brillants d’émotions, Raphaël plongea son regard dans celui si envoûtant et sensuel de son amant pour ne plus le lâcher. Il aimait ces instants éphémères où leurs âmes communiaient, s’unissant pour le meilleur et pour le pire. Cet instant avait quelque chose de sacrer aux yeux de Raphaël, c’était comme si d’un coup d’oeil, ils se promettaient un amour sincère et éternel. Soudain Raphaël sentit l’adulte se contracter sous lui, et un cri de jouissance s’échappa de ses lèvres entrouvertes, tandis qui répendait sa semence chaude et visqueuse en lui. Cela suffit à Raphaël pour rejoindre, une fraction de seconde plus tard, Daevlyn dans sa jouissance. Embraser par le plaisir, il cria son nom et épuisé, il se laissa retomber dans les bras de son amant qu’il l’y accueillit avant de refermer ses bras sur lui en une étreinte à la fois amoureuse et possessive.

Epuisés par l’effort et les sentations, ils s’endormirent instantanément, sombrant dans un sommeil profond et réparateur.

Ce n’est que bien plus tard que Raphaël se réveilla sous l’effet de la fraîcheur de la fin de journée qui s’annonçait. Il observa un court instant le visage endormis et les traits si beaux de son amant avant de le réveiller d’un furtif baiser. après ces quelques minutes de tendresse, ils s’activèrent et partirent à la recherche de leurs vêtements. Ils s’habillèrent à la hate et Daevlyn enfouis dans la poche de son jean son boxer souillé non sans lancer à son jeune amant un regard faussement acusateur. Raphaël lui renvoya un sourire amusé et aguicheur avant d’enfiler rapidement son t-shirt. Une fois prêts, ils se hatèrent de rentrer au ranch avant les autres, afin d’éviter les doutes et les questions en tous genres, mais surtout de prendre une douche plus que méritée et changer de vêtements. A regrets, ils se séparèrent sur le pas de leur porte, comme les amants maudits qu’ils étaient, et chacun de leur côté, ils allèrent prendre leur douche après avoir prit des affaires propres pour la soirée.

Après s’être douché, Raphaël alla tenir compagnie à Amaranth qu’il avait à peine vu le matin même et lui donna son biberon. C’est avec appréhension qu’il attendait le retour du groupe, et avec eux, celui de la directrice. Comme un enfant en colère contre sa maitresse, il souhait de toutes ces forces qu’elle se soit noyée dans le lac ou qu’un accident l’ai arrachée prématurément à la vie. Cependant, ses espoirs furent bien vite réduits à néants lorsqu’il entendit sa voix nasillarde provenant de la forêt. Ne souhaitant en aucun cas se retrouver face à elle, il attendit patiement qu’elle ait disparut dans les murs du batiment administratif avant de s’éclipser du box du poulain et de retourner discrètement dans sa chambre. Allongé à plat ventre sur son lit, le regard dans le vide, il se remémorait son début d’après midi désastreux mais qui pourtant c’était merveilleusement bien terminée entre les bras de son amant. Raphaël se sentit rougir à cette évocation tandis qu’un sourire béat illuminait son visage. Ses yeux pétillants de fatigue lui donnait l’air de quelqu’un qui venait de passer le plus beau moment de sa vie, bien qu’au vie des circonstances, cela ne pouvait être on ne peu plus vrai.

Plongé dans ses pensées, il n’entendit pas Daevlyn frappé discrètement à sa porte et sursauta en entendant sa voix près de son oreille :

- A quoi penses-tu qui te préocupe tant si bien que tu ne m’entends même pas arriver ?

Raphaël tressailli et se tourna précipitement face à Daevlyn, les joues rosies sous l’allusion de son amant qui, percevant le trouble de l’adolescent, ajouta, un sourire mutin et provocateur étirant ses lèvres :

- Au vue de la couleur de tes joues, je serais prêt à parier que tes pensées n’avaient rien d’innoncentes, souffla-t-il.

Du bout de la langue, il lui lecha sensuellement le lobe de l’oreille avant d’ajouter :

- Des souvenirs plus que des pensées… nos deux corps enlacés… moi sous toi, toi sous moi… des respirrations qui se font courtes, saccadées… nos deux corps qui…

Daevlyn n’eut pas le temps de finir sa phrase, que le coude de Raphaël s’abattait sur ses côtes, dans le but de le faire taire. Devant la gêne plus que visible de l’adolescent, il éclata de rire et l’attira à lui, le serrant dans ses bras en une demande de pardon.

Après un chaste baiser, il se releva, entraînant l’adolescent par la même occasion et déclara plus sérieusement :

- Je suis venu te chercher pour aller manger, tu viens ?

Raphaël ne répondit rien, se contentant de lui sourire avant de lui emboiter le pas, réfrénant l’envie de lui tenir la main. On était jamais trop prudent, une rencontre malencontreuse était tro pvite arrivée, et dans leur cas, il était préférable de ne pas trop attirer l’attention sur eux.

Avant de pénétrer dans le refectoire, il s’éloignèrent de quelques pas, laissant une distance entre eux qui leur parut raisonnable et se sourire tendrement avant de se séparer et d’aller prendre place chacun à leur table. Déconectés du mondes, aucun des deux ne remarqua le regard sceptique que la directrice posait sur eux. Quelque chose l’intriguait chez Raphaël, mais elle ne parvenait pas à déterminer ce qui avait subitement changé en lui.

Sans s’être conserté au préalable, mais ressentant un besoin presque vital de sentir l’autre près d’eux, ils se hatèrent de manger, ne faisant même pas attention à ce qu’ils avalaient et quittèrent le réfectoire au plus vite, sous le regard couroucé de la directrice.

Raphaël arriva un peu avant Daevlyn et s’allongea sur son lit en l’attendant. L’adulte arriva quelques minutes après lui et sourit en le trouvant allonger dans ses draps. Avisant ses vêtements, il se dirigea vers son armoire et en sortit une chemise qu’il tendit à l’adolescent. Heureux, Raphaël s’en empara sans se faire prier, et tournant pudiquement le dos à son moniteur, il se déshabilla avant d’enfiler son pyjama de fortune. Puis, il prit place dans le lit aux côtés de Daevlyn. Ils parlèrent un moment de la journée qui les attendaient le lendemain, jusqu’à ce qu’ils soient interrompu par quelques coups discrets frappés à la porte.

A contrecoeur, Daevlyn se leva tandis que Raphaël se faisait tout petit. L’adulte entrebâilla la porte de façon à ce que l’on ne voie pas à l’intérieur de sa chambre et vit avec surprise la directrice qui, sans plus de formalité, déclara :

- Je voudrais vous parler en privé.

Mourir pour revivre - Chapitre 31

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 31 écrit par Shinigami

Asiel était étonné et il ne sut dire s’il s’en réjouissait ou non. Il s’attendait à voir Daevlyn éclater en sanglots et ramper à ses pieds en le suppliant de faire revenir Raphaël, comme il l’avait fait à l’hôpital. Au fond de lui, Asiel aurait aimé voir Daevlyn ramper à ses pieds, pas par supériorité, bien qu’il jouissait du pouvoir qu’il avait sur Daevlyn, mais parce que cela lui aurait donné une preuve qu’il regrettait ses actes et souhaitait être pardonné. L’attitude de Daevlyn le mit hors de lui. Il était dégoûté par le comportement de l’adulte. Comment pouvait-il être aussi égoïste ? Comment avait-il pu agir de cette façon ? Asiel sentait une haine sourde lui nouer l’estomac et il serra les poings, retenant à force de volonté, une furieuse envie de frapper Daevlyn. Se rendait-il seulement compte à quel point Raphaël souffrait ? Asiel pouvait sentir le désespoir et la souffrance qui habitait l’adolescent. Elle déchirait son âme, lui vrillant les tympans, le rendant fou… Fou de rage. Il n’arrivait plus à contenir sa haine, il fallait que ça sorte. Il fallait que Daevlyn souffre…

Il le regarda de haut, ses onyx semblaient le transpercer de part en part, une lueur meurtrière faisait briller ses yeux, mais ce n’était pas la seule raison. Des larmes perlaient aux coins de ses yeux… les larmes de Raphaël… Même s’il n’était plus là, sa souffrance était tellement puissante qu’elle arrivait à influencer les réactions d’Asiel.

Furieux contre Daevlyn qui ne faisait rien pour sa défense et contre lui-même de ne pas arriver à gérer les émotions de Raphaël, il décida de s’en prendre à Daevlyn. Il voulait le voir culpabiliser, il voulait le voir ramper à ses pieds et à ceux de Raphaël.

D’un air hautain et dédaigneux, Asiel déclara, avec agressivité comme s’il parlait à un esclave :

- Tu ne te défends même pas, tu es pathétique à ce point !!! Tout ce que tu voulais en fait, c’était juste une partie de jambe en l’air, sitôt obtenu, tu trouves une autre cible. Tu n’as pas perdu de temps, bravo. Tu sais quoi, tu ne vaux pas plus que son père, tu es même pire !

Asiel avait fait exprès de comparer Daevlyn au père de Raphaël. Il savait que l’adulte éprouvait une profonde aversion et un dégoût sans bornes pour cet homme qui avait souillé et détruit son fils. Il espérait ainsi que Daevlyn se rende compte quelle image Asiel avait de lui, le comparer à un tel homme ne pouvait que le faire réagir. Daevlyn n’accepterait pas d’être assimilé à ce genre de personne.

A peine eut-il terminé sa phrase que la main de Daevlyn atterrissait violemment sur sa joue. Asiel était sous le choc. Jamais il n’aurait cru que Daevlyn puisse un jour lever la main sur le corps de Raphaël… Lui-même s’était-il rendu compte de son geste ? Il en doutait grandement… Jamais Daevlyn n’aurait eu le courage de faire cela en temps normal. Il connaissait le passé de l’adolescent et n’aurait jamais osé lui faire subir un retour en arrière.

Asiel porta sa main à sa joue et la massa longuement. Daevlyn n’y était pas allé de main morte. Déjà sa joue prenait une couleur rouge vif. Sa réaction ne se fit pas attendre, tel un félin, il se jeta sur le moniteur et le frappa avec une telle violence qu’ils tombèrent à la renverse, leur chute stoppée par le lit. La lèvre inférieure de Daevlyn avait éclaté sous la violence de l’impact et un mince filet de sang coulait le long de son menton. Un sourire mi-satisfait mi-sadique illumina le visage d’Asiel lorsqu’il vit Daevlyn fermer les yeux, comme s’il appréhendait un nouveau coup.

Asiel décida d’attaquer Daevlyn sur un terrain qu’il savait dangereux. Il voulait voir jusqu’où irait la non-réactionn de l’adulte. Lentement, il s’approcha de lui, et du bout de la langue, il lécha le sang qui s’échappait de la lèvre coupée de Daevlyn, partant d’en bas et remontant lentement jusqu’à la commissure de ses lèvres. Il sentit le souffle chaud de Daevlyn contre son visage, celui-ci s’accélérait au fur et à mesure que sa langue approchait de sa bouche. A cet instant, Daevlyn était plus que désirable et Asiel dû se faire violence afin de ne pas succomber au désir charnel que le corps exposé de Daevlyn faisait naître en lui. Daevlyn ouvrit les yeux et plongea son regard dans les onyx tumultueux de l’adolescent, avant de les refermer immédiatement, avisant le désir contenu d’Asiel. Sans douceur particulière, Asiel emprisonna la lèvre inférieure de l’adulte entre les siennes, l’effleurant subtilement avec sa langue. Il mettait toute la sensualité dont il était capable dans ce baiser, souhaitant une réaction de l’adulte. Celle-ci ne se fit pas attendre, Daevlyn semblait prendre du plaisir grâces aux caresses d’Asiel et presque aussitôt il passa une main sur la nuque d’Asiel, lui donnant le feu vert pour continuer.

Quand il sentit la langue de Daevlyn chercher la sienne, Asiel s’éloigna de lui et se releva au prix d’un immense effort. Surpris Daevlyn ouvrit les yeux et tressailli en avisant le regard dédaigneux que lui adressait l’adolescent. Asiel brûlait de l’intérieur, il avait l’impression que son corps se consumait sous l’afflux de haine et de désir mêlés qu’il éprouvait envers Daevlyn. Jamais encore une personne ne l’avait autant troublé, autant sur le point émotionnel que sentimental. Jamais il n’avait eut à affronter et à réfréner son désir pour quelqu’un, et cela lui était particulièrement difficile. A cet instant, il n’avait qu’une envie, c’était de prendre Daevlyn, le voir alanguis et offert à ses caresses, gémissant et criant son nom, enivré par le plaisir qu’il lui offrirait.

Cependant, en même temps que le désir intense qu’il éprouvait pour le moniteur de Raphaël, Asiel n’avait qu’une envie, c’était le voir souffrir, le voir pleurer et supplier, rampant à ses pieds comme l’être faible et naïf qu’il était. Refoulant son désir et masquant le trouble qu’il ressentait, il fit face à Daevlyn et d’une voix froide et impersonnelle qui le caractérisait si bien, il déclara :

- Tu ne vaux vraiment rien. J’avais raison Raphaël, il n’a cherché qu’à avoir ton petit cul.

Sur ces derniers mots blessants, il quitta la pièce, laissant Daevlyn déboussolé.

Asiel avait besoin de prendre l’air. Les sentiments de Raphaël ajoutés aux siens l’envahissaient et il avait l’impression d’étouffer. Un début de migraine se faisait ressentir et il avait besoin de calme pour mettre ses idées au clair. Il avait conscience d’avoir été dur dans les propos qu’il avait tenus à Daevlyn, et regrettait un peu. Mais d’un autre coté, il voulait que Daevlyn souffre. Il voulait qu’il paye le prix pour avoir osé jouer avec les sentiments de Raphaël et des siens par la même occasion. Qu’il ne compte pas s’en sortir aussi aisément !

La peine de Raphaël était si intense et forte qu’elle en devenait presque palpable. C’était comme si une sorte d’aura émotionnelle s’était formée autour du jeune garçon. A la clarté de la lune, les larmes scintillaient sur les joues de l’adolescent comme des perles sous la lumière du soleil. D’un geste rageur, Asiel essuya les larmes de Raphaël…  Arrivé au milieu du pré des chevaux, il tomba à genoux, les mains sur ses oreilles, le visage reflétant une expression de douleur d’une intensité particulière… Les cris de Raphaël résonnaient dans son esprit, ses pleurs lui déchiraient le cœur… Sous l’afflux de sentiments plus confus et variés les uns que les autres, Asiel avait l’impression de sombrer dans l’abîme… L’abîme du cœur de Raphaël…

Se laissant envahir par les ressentis de Raphaël, Asiel se mit à hurler. Raphaël et Asiel criaient à l’unisson les souffrances de leur cœur et les blessures de leur âme… Un cri déchirant d’animal blessé… Ainsi, ils soulageaient leur cœur d’un poids trop lourd…

Mais crier ne suffisait pas, il fallait qu’il se défoule… De rage et de frustration, Asiel se mit à frapper des poings sur le sol, ignorant la douleur qui lui vrillait les poignets. Il ne sut combien de temps il resta ainsi, martelant le sol de ses poings avec violence comme si sa vie en dépendait.

Il sombrait dans les profondeurs abyssales des méandres de la folie. Autour de lui le silence se fit puis tout devient noir…

Un froid pénétrant lui glaçait les os. Difficilement, Asiel ouvrit un oeil puis l’autre avant de se s’asseoir. Entouré par l’obscurité mourante de la nuit, il avait l’impression d’être perdu au milieu des ténèbres de son âme, au fin fond des limbes les plus reculés de son esprit. Il regarda autour de lui, se demandant où il était, lorsque les événements de la veille lui revinrent en mémoire. Chassant ses pensées gênantes et douloureuses, il se leva et prit la direction de sa chambre. Alors qu’il arrivait à l’entrée du parc, il vit venir vers lui une silhouette qu’il ne connaissait que trop bien. Feignant de ne pas l’avoir vu, ne lui accordant pas plus d’importance qu’un vulgaire vêtement déchiré, il l’ignora et se dirigea vers sa chambre, afin de terminer sa nuit qu’il espérait plus calme et sereine que ne l’avait été le début.

Il entra dans sa chambre et d’un coup de pied, il referma la porte qui claqua violemment. Se foutant du bruit qu’il faisait, Asiel se laissa tomber sur son lit envoyant valser ses chaussures au loin et s’enroula dans ses couvertures, avant de s’endormir d’un sommeil profond.

Asiel fut réveillé par un rayon de soleil qui lui réchauffait le visage. Il papillonna des yeux afin de s’habituer à la lumière vive qui illuminait la pièce et s’étira longuement tel un félin avant de se lever pour aller prendre sa douche. Ses mains et ses vêtements étaient maculés de terre et il avait besoin de se rafraîchir.

Il ressortit bien plus tard de la douche et prit la direction des cuisines ou il alla préparer le biberon d’Amaranth. Ce n’est pas parce qu’il n’était pas Raphaël qu’il ne s’était pas prit d’affection pour le poulain. Si au départ il avait trouvé ça ridicule, il s’était vite laissé attendrir par la maladresse et la bouille adorable du jeune animal.

Lorsqu’il entra dans le box, et s’avança vers le poulain qui, ne reconnaissant pas l’adolescent, s’arrêta à quelques pas d’Asiel, hésitant quant au comportement à adopter. Il ne comprenait pas comment une personne puisse avoir la même odeur que Raphaël alors que ce n’était pas lui. Comprenant parfaitement la réaction de l’animal, Asiel s’assit en tailleur sur le sol et déclara d’une voix douce si inhabituelle venant de sa part :

- Tu as remarqué que je n’étais pas Raphaël hein ! Tu sais, je comprends parfaitement ton hésitation, mais sache que malgré mes airs froids et distants, je suis quelqu’un de très sensible. Je me suis vite attaché à toi tu sais, et je suis ravi de faire ta connaissance.

Rassuré par la voix tranquille et apaisante de l’adolescent, Amaranth s’approcha de lui, quémandant sa caresse matinale. Alors qu’Asiel caressait l’animal, un sourire tendre vient illuminer les traits froids et durs de son visage. Après quelques caresses, il donna le biberon au poulain qui le vida en quelques gorgées rapides.

Toute son attention étant tournée vers Amaranth, Asiel n’entendit pas les pas venant de dans son dos et sursauta lorsqu’une voix qu’il aurait pu reconnaître entre mille, s’éleva dans son dos :

- Raphaël ??

Surprit, Asiel se retourna brusquement et fit face au moniteur de Raphaël. Pourquoi l’avait-il appelé ainsi ? Ne se souvenait-il donc pas de ce qu’il s’était passé la veille ? Avait-il si peu de mémoire ? Enervé de s’être fait surprendre de la sorte, Asiel fusilla Daevlyn du regard et déclara d’une voix acerbe :

- Tu as donc aussi peu de mémoire ? As-tu oublié ce que je t’ai dis hier soir ?

Jamais Asiel n’aurait imaginé que tomber nez à nez avec Daevlyn puisse lui faire aussi mal… Au plus profond de lui, il sentait que Raphaël commençait à s’agiter, se noyant dans un flot d’émotions plus confuses les unes que les autres. Au fond, ils étaient deux à souffrir de cette situation.

Asiel vit Daevlyn tressaillir et baisser les yeux, honteux d’avoir espéré que Raphaël ait décidé de revenir. D’une petite voix il murmura :

- Non… je n’ai pas oublié…

Sur ces mots, il tourna les talons et quitta les écuries, laissant Asiel seul avec le poulain. Asiel ne savait plus comment réagir. Avoir revu Daevlyn lui faisait plus mal qu’il ne l’avait imaginé. Il souffrait à la fois de son comportement récent et de son éloignement. Ils souffraient tous deux de cette situation. Raphaël peut être même plus que lui. Daevlyn était devenu un peu comme une drogue pour Raphaël, il souffrait de ne plus avoir sa dose quotidienne de baisers et de tendresse. Cependant, il avait encore trop mal pour l’affronter de face, pour avoir à entendre tout ce qu’il avait à lui dire, bien qu’il se doutait qu’il ne pourrait pas l’éviter indéfiniment. Une pathétique histoire d’un trio amoureux… Asiel savait parfaitement que jamais il n’aurait sa place dans le cœur de Daevlyn, ou du moins pas comme il l’espérait… Lui qui, comme Raphaël, lui vouait un amour profond et sincère… Un amour impossible puisqu’il savait parfaitement que Daevlyn n’avait d’yeux que pour Raphaël. Il avait suffit à Asiel de l’entendre prononcer son nom tout à l’heure pour qu’il mette fin à ses rêves… Mais si Daevlyn aimait à  ce point Raphaël, pourquoi l’avait-il donc trahit et trompé de la sorte avec Sébastien ? Pourquoi avait-il agit aussi méchamment, en le repoussant de façon aussi impersonnelle ?

A l’expression de grande tristesse et de détresse que renvoyait l’adulte, Asiel lui-même commençait à douter des paroles qu’il avait crachées à Daevlyn… En avait-il seulement après le cul de Raphaël ? Etait-ce là son seul intérêt ? Asiel ne savait plus que penser, il n’arrivait pas à réfléchir objectivement, ses sentiments venant entraver ses réflexions… Alors que les minutes défilaient, Asiel sentait sa bonne humeur retomber… Sans cesse il pensait à Daevlyn, sens cesse son image revenait le hanter alors qu’il tentait désespérément de l’oublier, de s’éloigner de lui… Cet homme qui les faisaient souffrir… Des larmes de rage et de détresse se mirent à couler le long de ses joues, des larmes auxquelles se mêlaient celles de Raphaël… A chaque instant qui passait, Asiel sentait la douleur et la peine de l’adolescent lui vriller les tempes. Jamais Raphaël n’avait autant souffert… Jamais il n’avait dégagé un aussi haut sentiment de souffrance et de culpabilité… Asiel étouffait, la douleur de Raphaël l’oppressait… C’était comme… c’était comme si Raphaël avait décidé de se laisser mourir de chagrin… Plus aucun sentiment n’émanait de lui hormis la tristesse, plus aucun espoir… juste la faible lueur d’un amour sur le point de mourir comme la dernière flamme d’une bougie prête à s’éteindre…

Asiel paniqua… il ne pouvait pas laisser faire ça… d’un côté cela arrangerait tous leurs problèmes, mais si Raphaël mourrait… Asiel mourrait également… Il ne pouvait vivre si celui qui l’avait créé ne survivait pas… Il fallait qu’il agisse… Malgré ses engagements, il fallait qu’il voie Daevlyn… Il fallait qu’il lui parle des intentions de son amant… Quitte à perdre l’unique amour de sa vie, il se devait de sauver Raphaël… Il n’avait pas le droit d’ignorer sa peine, cela ne pouvait pas finir ainsi… Il avait toute la vie devant lui… Même s’il perdait Daevlyn, il trouverait toujours quelqu’un d’autre pour l’aimer comme l’aimait Daevlyn… Asiel savait pertinemment qu’il se mentait… Qui ? Qui aurait assez de courage pour supporter le fardeau du passé de Raphaël et sa double personnalité ? Qui à part Daevlyn ?

Mettant à bas son masque de joker, Asiel laissa éclater son chagrin et fondit en larmes. Il ne pouvait en supporter davantage… Il allait devenir fou…

Prit d’une pulsion subite, il se leva brusquement et sortit du box d’Amaranth qu’il referma précautionneusement derrière lui avant de s’enfuir en courant. Les larmes lui brouillaient la vue et lui brûlaient les yeux. Ce n’est que trop tard qu’il vit Steven et n’eut pas le temps de l’éviter. Il le bouscula brutalement et alors qu’il allait repartir, il sentit que l’adolescent lui attrapait le bras. N’étant pas d’humeur, Asiel se retourna et repoussa violemment l’opportun qui avait osé le déranger et il tomba lourdement à la renverse en lâchant un cri de stupéfaction.

Asiel ne vit rien du regard assassin et furieux que lui adressait Steven. Il était déjà loin… Ses cheveux volants dans son dos, il courait comme si le diable était à ses trousses. Ce qu’il ignorait, c’est que Daevlyn avait assisté de loin à la scène. Ce qui le surprit le plus, ce ne fut pas la violence dont Asiel avait fait preuve envers son camarade, mais les larmes qui coulaient le long de ses joues… A présent plus qu’intrigué, à la limite de l’inquiétude, il prit la direction qu’avait prit l’adolescent et partit à sa recherche.

De son côté, Asiel courait… comme si cela pouvait mettre bas à la douleur qui enserrait son cœur… Comme Raphaël, il voulait partir, il voulait dire adieu à cette vie inutile. Ce n’est que lorsque ses jambes ne le soutirent plus qu’il consentit à s’arrêter pour reprendre son souffle.

Il s’adossa à un arbre, remonta ses genoux conte son torse et les entoura de ses bras, cachant son visage aux yeux du monde. Les sanglots bruyants d’Asiel couvraient les bruits de la nature, si bien qu’il n’entendit pas Daevlyn approcher lentement de lui et sursauta à l’entente de son prénom :

- Asiel ?

Asiel tressailli. Daevlyn était bien la dernière personne qu’il avait envie de voir. Il releva la tête et le tua du regard avant de déclarer sur la défensive :

- Qu’est ce que tu fais là ? Ca ne te suffit pas de nous faire souffrir ? Tu vas encore te foutre de moi ?

- Non je… Je ne vais pas me foutre de toi comme tu dis. J’ai vu que tu allais mal alors je t’ai suivi…

- Pourquoi ? Tu as peur que j’abîme le corps de ton amant ! Hurla Asiel avec colère, au bord de l’hystérie.

Daevlyn prit le temps de s’asseoir près de l’adolescent avant de répondre avec un calme contrastant avec la colère d’Asiel :

- Non Asiel… Je m’inquiète pour toi, tu es un être humain comme tout le monde, malgré tes airs supérieurs et ta vanité parfois mal placée. Mais tous ceci n’est qu’un masque pas vrai ? Tu souffres toi aussi… Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qui te fais souffrir, mais j’aimerai t’aider… J’ai conscience que mes paroles peuvent paraître quelque peu déplacées, mais tu sais, je ne t’ai jamais réellement détesté…

Asiel qui avait détourné son regard de l’adulte, lui reporta subitement toute son attention. Il ne comprenait pas les paroles de Daevlyn… Que voulait-il dire ? Cela signifiait-il qu’il ne le voyait pas comme le substitut de Raphaël mais comme une personne à part entière ? Si Asiel n’avait pas le contrôle de ses émotions, il en aurait pleuré de joie. Cependant, il se garda bien transmettre une quelconque émotion.

Ne supportant plus le poids du silence, Asiel déclara d’une petite voix :

- Daevlyn… Je… il faut que je t’avoue quelque chose… c’est à propos de Raphaël. Il… Il se laisse mourir de chagrin… Je ne sais pas comment le résonner… il refuse constamment de m’écouter…

Asiel vit Daevlyn tressaillir à cette nouvelle et son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine. Blessé, il baissa les yeux, honteux de ses larmes et de ses sentiments.

Face au mutisme du moniteur, Asiel sentit la haine monter en lui. Il lui annonçait que Raphaël allait peut être mourir et il ne trouvait rien à dire… Comment pouvait-il être aussi dénué de sentiments ?

Alors qu’il s’apprêtait à le secouer comme il se devait, il vit une expression qu’il n’avait encore jamais vue sur le visage de Daevlyn… Une multitude de sentiments illuminèrent le visage de l’adulte… Peur, tristesse, souffrance, désespoir, détresse, mais aussi colère et détermination. Les larmes coulant à flots sur ses joues ne le rendaient que plus beau aux yeux d’Asiel. A ce moment, toute colère se dissipa instantanément. La révélation d’Asiel avait choqué et troublé Daevlyn à un tel point qu’il était dans l’incapacité totale de prononcer le moindre mot.

Seul un gémissement plaintif d’animal blessé lui répondit. Avant qu’il ne réalise pleinement son geste, Asiel avait attiré l’adulte contre lui, dans une étreinte qu’il voulait rassurante et protectrice. Aux yeux d’Asiel, Daevlyn avait à cet instant, l’air d’un enfant perdu et abandonné. Si l’adulte avait prit conscience de leur position, il n’en laissa rien paraître. Confortablement installé dans les bras de l’adolescent, la tête reposant contre son torse, Daevlyn pleurait toutes les larmes de son corps. L’adolescent lui aussi laissait libre court à sa peine, la joue contre les cheveux de l’adulte, il lui caressait inconsciemment la nuque, cherchant à lui apporter le peu de réconfort dont il était capable.

Aucun des deux hommes ne put dire exactement combien de temps ils restèrent ainsi enlacés. Toute notion du temps semblait avoir disparu, comme s’il s’était subitement arrêté. Seuls les sanglots de Daevlyn brisaient le silence pesant qui les entouraient.

De longues heures s’écoulèrent ainsi, jusqu’à ce que, petit à petit, les pleurs de Daevlyn se fassent moins violents puis finissent par s’assécher totalement. Comme un enfant, il renifla bruyamment et prit une grande inspiration avant de murmurer, la voix tremblante et saccadée :

- Laisse moi te raconter… J’en peux plus de ce malentendu…

Asiel ne répondit rien, et comme “qui ne dit rien consent”, Daevlyn commença son récit. Plus Daevlyn avançait dans sa narration, plus Asiel sentait des envies de meurtre s’emparer de lui. Il arrivait à regretter de ne pas avoir tué Sébastien lorsqu’il en avait eut l’occasion et cela le mettait hors de lui. Il aurait voulu le voir payer le prix fort pour ses actes impardonnables envers Daevlyn et par la même occasion, la souffrance occasionnée  à Raphaël. Par cupidité, cet homme avait brisé deux vies. Et tant qu’Asiel vivrait, il était hors de questions que deux être innocents continus à souffrir inutilement et à risquer la vie de Raphaël et la sienne. Sébastien se rendait-il seulement compte de la porté et des conséquences de ses actes ? Pouvait-il seulement imaginer les répercutions de ceux-ci sur le mental de Daevlyn et Raphaël ? Se rendait-il compte à quel point ils souffraient par sa faute ? Asiel en doutait grandement. Il le soupçonnait même de ne pas réaliser la gravité de ses actes et la délicatesse de la situation dans laquelle ils se trouvaient à présent par sa faute.

Tout au long du récit de Daevlyn Asiel avait sentit Raphaël se manifester en lui. Il sentait la culpabilité de l’adolescent le ronger au plus profond de lui. Asiel sourit intérieurement, si Raphaël se manifestait de la sorte, tout espoir n’était pas perdu…

Cependant, Asiel refusait de partir comme ça… Il refusait d’abandonner son rêve d’être aimé de Daevlyn ne serait-ce qu’une nuit. Raphaël sembla accepter le compromis car il cessa de se manifester, laissant à Asiel le droit de vivre son plus grand désir…

Avec une douceur extrême, il releva la tête de l’adulte et posa ses lèvres sur les siennes, attendant l’invitation de Daevlyn avant de prendre possession de sa bouche. Lorsque leurs langues se rencontrèrent, Asiel sentit des frissons glacés lui parcourir l’échine, tel une décharge électrique. Avidement, il partit à la découverte du palais de Daevlyn, retenant difficilement un gémissement de bien être. Très vite, Daevlyn se mit à répondre au baiser avec la même intensité, passant sa main sur la nuque d’Asiel afin d’approfondir leur échange. Le baiser se fit de plus en plus sensuel et passionné. Il n’avait rien d’un baiser amoureux, c’était un baiser destiné à clamer le désespoir qui les assaillait tous deux, sauvage et fougueux à la fois. Ils se découvraient… Asiel prenait d’assaut la bouche de l’adulte, il voulait l’aspirer de tout son être, ne faire qu’un avec lui afin de calmer le désir qui le rongeait de l’intérieur.

Asiel sentait la fièvre du désir s’emparer de lui et la température de son corps augmentait rapidement, aidée par les caresses que lui prodiguaient Daevlyn sur sa nuque. Fébrilement, il glissa sa main sous le t-shirt de Daevlyn, savourant avec délice la douceur de sa peau bronzée.

Avant qu’il ne soit trop tard pour Asiel de faire marche arrière, il murmura d’une voix fiévreuse et rauque de désir :

- Sois à moi juste pour cette nuit… après je partirais… je te rendrais Raphaël… Fait le pour moi… s’il te plait…

Daevlyn ne répondit rien, se contentant d’happer avidement les lèvres entrouvertes de l’adolescent. Etonné de l’ardeur et la fougue dont faisait preuve Daevlyn, Asiel resta sans réaction jusqu’à ce qu’il sente la langue de Daevlyn venir jouer avec la sienne, l’entraînant dans une danse vieille comme le monde.

Gagné par l’impatience, Asiel s’empressa de retirer le t-shirt de Daevlyn, brisant le contact de leurs lèvres un court instant. Une fois son vis-à-vis torse nu, Asiel le détailla longuement, puis cédant à la tentation, il avança lentement ses lèvres de cette peau si tentante. Avec une lenteur calculée, il partit à l’exploration du cou offert de l’adulte, lui arrachant un gémissement de plaisir. Galvanisé par les réactions de Daevlyn, Asiel laissa ses mains partir à l’aventure sur le torse nu de son futur amant. Partout où elles passaient, elles laissaient derrière elles des coulées de lave en fusion.

Asiel avait l’impression de vivre un rêve… Si un jour on lui aurait prédit qu’il coucherait avec Daevlyn, il aurait rit au nez de la personne, et à présent, il dévorait sans pudeur la peau de son fantasme. Il nageait en plein bonheur, priant mentalement pour que rien ne vienne troubler cet instant magique. Sous l’afflux d’émotions plus puissantes et profondes les unes que les autres, Asiel sentit son cœur s’emballer. Les mains de Daevlyn qui parcouraient librement son corps ne faisaient rien pour arranger l’état de frustration dans lequel il se trouvait. Il lui fallait plus… il voulait Daevlyn… maintenant… Le cœur d’Asiel se serrait dans sa poitrine. Voir Daevlyn s’offrir à lui sans pudeur aucune le rendait fou. Il avait l’impression de perdre le fil de ses pensées et le contrôle de son corps. Il n’arrivait plus à penser de manière cohérente, la seule chose qui lui importait à présent, c’était le corps enfiévré de Daevlyn alanguis sous ses caresses.

Ne résistant pas à la tentation de le voir nu, d’une main tremblante, Asiel déboutonna le bouton qui retenait son jean avant de le lui retirer le plus lentement possible, souhaitant se faire languir de Daevlyn. L’adulte émit un gémissement de protestation bien vite étouffé par un cri de plaisir lorsque Asiel lui retira son pantalon, après une caresse poussée sur son intimité gorgée de désir.

Ravis de l’effet qu’il faisait à Daevlyn, Asiel laissa sa langue parcourir le torse imberbe de l’adulte tandis que ces mains mettaient à bas le dernier rempart à la nudité de Daevlyn. Lorsqu’il fut entièrement dévêtu, les mains d’Asiel partirent à l’exploration de cette terre inconnue, la découvrant dans les moindres détails. Lorsque sa main effleura délicatement la peau fine de son aine, Daevlyn émit un gémissement sourd et se cambra violemment sous le plaisir ressentit. Fier de cette découverte, Asiel eut un petit sourire calculateur et laissa sa main glisser à nouveau au même endroit. Cette fois-ci, Daevlyn ne retient pas le cri de plaisir qui lui déchira la gorge lorsqu’à cette caresse vient s’ajouter une encore plus intime au niveau de son entrejambe.

Malgré le désir qui lui vrillait les reins, Asiel voulait apporter le plus de plaisir possible à Daevlyn, il voulait lui offrir une première fois inoubliable. Avec beaucoup de difficultés, il tenta de réfréner ses pulsions et son désir, souhaitant amener Daevlyn au paroxysme du plaisir. Daevlyn se mit à onduler son bassin en un rythme lent et régulier. Comprenant qu’il était tant de passer à autre chose, Asiel se plaça entre ses jambes et le prit en bouche. Lentement, sensuellement, il appliqua un lent et ample mouvement de va et vient, qui arracha un cri à Daevlyn.

Enivré par le plaisir qu’il ressentait, Daevlyn enfouis ses mains dans les cheveux d’Asiel, lui caressant la nuque au même rythme que ses vas et vient, le faisant le désirer toujours un peu plus. Peu après, Daevlyn jouit dans un cri de plaisir, et face à cette vision, Asiel failli lui aussi le rejoindre dans sa jouissance.

Daevlyn à peine remit de son orgasme, Asiel l’embrassa à pleine bouche, souhaitant lui faire partager l’intensité de son désir. Il voulait qu’il sache à quel point il le désirait.. Enhardi par ce baiser, Daevlyn déboutonna avec empressement la fermeture du jean d’Asiel et le lui retira, entraînant son boxer par la même occasion. Une fois nu, Asiel retourna Daevlyn et entreprit de le préparer à sa venue. Après les avoir longuement humidifiés, il inséra un doigt dans l’intimité de l’adulte, parsemant son cou et sa nuque de baisers plus érotiques les uns que les autres afin de détourner son attention de la douleur. Quand il le sentit près, il insinua un second doigt en lui, finissant ainsi de le préparer à force d’amples et lents mouvements.

Il retira ses doigts sous les gémissements de protestation de Daevlyn et lentement, avec une délicatesse et une douceur infinie qu’il ne se connaissait pas, il le pénétra, sans cesser de lui embrasser le cou, les mains lui caressant avec tendresse le creux des reins. Asiel commença à se mouvoir en lui, et ses mains firent de même, glissant sensuellement le long de son dos tandis que sa langue reproduisait les contours de son visage. Alors qu’il le faisait sien, Asiel se senti envahi par une vague de sentiments inconnus. Daevlyn criait sans retenu, le plaisir qu’Asiel faisait naître en lui lui brûlait les reins et faisait bouillonner son sang dans ses veines. Grisé par l’amour qu’il ressentait pour Daevlyn, l’adolescent redoubla d’efforts, le prenant avec fougue et passion, mais aussi désespérément et amoureusement… tous ses sentiments réunis en un seul…

Arrivé au plus haut sommet du plaisir, Daevlyn se libéra dans un cri de jouissance, suivit presque aussitôt par Asiel qui se libéra en criant le nom de son amant.

Epuisé et à bout de souffle, Asiel se laissa retomber sur son amant, en prenant garde de ne pas l’écraser. Après un ultime baiser papillon déposé dans son cou qui fit frémit Daevlyn, Asiel se retira et Daevlyn se retourna, l’attirant dans ses bras, en une douce et tendre étreinte. Ils restèrent silencieux le temps de retrouver une respiration calme et régulière, calquant leur rythme cardiaque sur celui de l’autre. Epuisé par l’effort qu’ils venaient de fournir, ils s’endormirent ainsi enlacés, Asiel confortablement installé dans les bras de Daevlyn.

Ce fut la fraîcheur de la nuit qui réveilla Asiel quelques heures plus tard. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il eut l’agréable surprise de se noyer dans les yeux verts de Daevlyn qui lui souriait tendrement. Surprit, Asiel se mit à rougir face à cette constatation et lui rendit son sourire. Un sourire tendre et doux que Daevlyn n’avait encore jamais vu sur le visage froid d’Asiel.

Se lovant un peu plus près contre la source de chaleur que représentait Daevlyn, Asiel déposa un baiser papillon à la base de son cou, ce qui eut pour effet de faire frémir l’adulte. Jamais Asiel ne s’était sentit aussi bien… Sachant parfaitement que ce bonheur n’était qu’éphémère, il profitait pleinement de cet instant de tendresse.

Cependant, une question le tiraillait… Il fallait qu’il sache, quitte à souffrir un peu plus, il ne pouvait pas se permettre de rester dans l’ignorance. Quitte à briser ses rêves…

Afin de ne pas briser le silence paisible et serein qui les entourait, Asiel demanda d’une petite voix :

- Daevlyn… répond moi franchement… avec qui viens-tu de faire l’amour ?

Daevlyn ne sembla pas comprendre le sens de la question que venait de lui poser l’adolescent, car une expression d’incompréhension s’afficha momentanément sur son visage. Face au trouble de l’adulte, Asiel ajouta :

- Avec Raphaël, ton frère ou… ou avec moi ?

Ne s’attendant pas à une telle question, Daevlyn sursauta et étouffa un hoquet de surprise.

Blessé par le mutisme de l’adulte, Asiel sentit les larmes lui  monter aux yeux. Prenant ce silence comme un moment d’hésitation de la part de Daevlyn, Asiel s’arracha brusquement à l’étreinte de l’adulte. Alors qu’il s’apprêtait à se lever, Daevlyn lui attrapa le bras et l’attira contre lui.

Alors qu’Asiel ouvrait la bouche pour lui dire ce qu’il pensait de lui, la voix de Daevlyn s’éleva douce et calme :

- Tu n’es finalement pas si différent de Raphaël…

-  Si tu es là pour me parler de Raphaël…

- Laisse moi finir… le coupa Daevlyn. Tu caches tes sentiments derrière ta colère et ta froideur… Je suis désolé si tu as mal interprété mon silence. Ne crois surtout pas que je n’ai pas d’affection pour toi. Tu fais parti de Raphaël, je t’apprécie beaucoup et je ne regrette pas ce qui vient de se passer…

Asiel fut profondément ému par les paroles de Daevlyn… Ainsi, il l’aimait à sa façon… Rien n’aurait put lui faire plus plaisir. Le cœur léger, Asiel murmura :

- Je t’aime Daevlyn…

Mourir pour revivre - Chapitre 30

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 30 écrit par Lybertys

C’est uniquement au petit matin que Daelvyn se réveilla. En sentant le petit corps chaud de Raphaël se coller encore un peu plus près de lui, grommelant en remontant la couverture par-dessus sa tête, il comprit que cette nuit n’avait pas été un rêve. En sentant la tête de Raphaël posée délicatement sur son torse, il fut envahi par un élan de tendresse et ne résista pas à l’envie de poser délicatement ses lèvres sur celles de l’adolescent et à parcourir de ses mains son dos si svelte. Il aimait tellement sentir ce corps près de lui, et respirer son odeur si particulière qui le rendait encore plus désirant. Sentir le corps de Raphaël se réchauffer sous ses simples caresses emplissait le cœur de Daevlyn d’un doux sentiment de bien être total dont il avait oublier la possibilité d’exister.
Sentant que Raphaël était maintenant presque réveillé, il lui murmura :
- Bonjour mon Ange… bien dormis ?
Semblant ne pas vouloir vraiment émerger complètement de son sommeil, Raphaël se contenta de hocher lentement la tête. Les yeux toujours clos, Raphaël leva alors son visage, quémandant son baiser du matin à son amant. Daevlyn ne pu s’empêcher de sourire devant ce spectacle plus qu’attendrissant qu’offrait l’adolescent à son réveil, et décida de le taquiner un peu. Ne répondant pas immédiatement à sa demande, il déposa furtivement ses lèvres sur celle de l’adolescent, lui offrant ainsi un fugace baiser.
Raphaël, semblant en attendre plus et ne sentant rien arriver, gémit de mécontentement avant d’ouvrir les yeux de voir Daevlyn retenir difficilement un éclat de rire. Raphaël le fusilla du regard, et dans un élan de grande maturité, il lui tira la langue avant de s’enfouir sous les couvertures, un air faussement vexé étirant ses traits.
Ne parvenant plus à se retenir, Daevlyn éclata de rire face à la réaction de son jeune amant, ne s’attendant pas vraiment à un tel comportement de sa part, et s’engouffra à son tour sous la couverture à la recherche des lèvres si tentatrices de Raphaël.
Mais alors que Daevlyn s’apprêtait à l’embrasser ayant localisé ses lèvres, Raphaël tourna la tête au dernier moment, avant de reporter son attention sur son moniteur, ses yeux couleur pierre précieuse pétillant d’une lueur malicieuse. Amusé et un peu vexé de ce rejet, Daevlyn n’en laissa pourtant rien paraître. Heureusement, lassé par ce jeu, tout aussi en manque du goût des lèvres de Daevlyn que celui-ci des siennes, Raphaël s’en empara tendrement, ses yeux ayant perdu toute trace d’amusement. Daevlyn répondit au baiser avec tout l’amour et la tendresse dont il était capable. C’est comme si chacun de leur côté, ils voulaient faire comprendre à l’autre ce qu’ils n’arrivaient pas à exprimer par des mots. Parfois les gestes valent mieux de des paroles inutiles… Grâce à ce baiser, Daevlyn se sentait enfin vivre pleinement. Toutes pensées négatives étaient aussitôt annihilées rien qu’au contact des lèvres de son nouvel amant.
Toute crainte, toute peur, tout regret, toute mélancolie, tout autre sentiment que l’amour et le bonheur n’avait plus leur place dans son cœur à cet instant présent. Après un long et sensuel baiser, Raphaël s’écarta de son moniteur et replongea sa tête dans son cou lui répondant enfin :
- Bonjour…
Daevlyn lui sourit et lui caressa tendrement les cheveux. Il aurait aimer que tous les matins à venir soit aussi doux et intenses que celui-ci. Se réveiller chaque matin aux côtés de celui qu’il aimait tant était son désir le plus cher.
Cet avenir semblait tout à fait possible, mais pourquoi avait-il si soudainement ce mauvais pressentiment que tout allait prendre fin subitement ? Etait-ce cela atteindre le bonheur : craindre de le perdre à chaque instant ?
Le changement de position de Raphaël le fit abandonner ses pensées devenant dérangeantes. L’adolescent prit appuis sur ses coudes et plongea son regard dans les émeraudes de son vis à vis et ajouta dans un murmure, ne souhaitant pas briser le calme et la sérénité de cet instant :
- Daevlyn je… merci… merci pour la patience dont tu as su faire preuve avec moi… merci pour tout ce que tu as fait… et euh… merci pour hier soir…
Daevlyn le fit taire d’un baiser. Dans ce genre de situation, les mots étaient obsolètes, car le corps parlait à leur place, et ne laissait aucune place au doute ou à l’hésitation.
- Chuuut… murmura Daevlyn, ce que tu n’arrives pas à dire, ton corps l’exprime d’une autre manière…
A ces mots, ils s’empara de nouveau des lèvres de Raphaël, réquisitionnant sa langue pour un baiser des plus sensuels à travers lequel il fit passer tous les sentiments et l’amour qu’il ressentait pour l’adolescent, mettant ainsi ses paroles en application. Daevlyn aurait souhaité ne jamais quitter ses lèvres un seul instant, trouvant leurs échanges devenir de plus en plus intenses et passionnels. Sentir le corps nu de Raphaël collé tout contre lui ne faisait qu’accentuer ce ressenti.
Ce fut plus par obligation que par envie que Daevlyn dû finalement mettre fin au baiser, quittant toujours ses lèvres avec la même tendresse, sans brusquerie aucune.
Ils restèrent encore quelques minutes enlacés dans les bras l’un de l’autre avant que Daevlyn ne s’arracha à contrecœur de l’étreinte de Raphaël en lui expliquant ses motivations :
- Ca va bientôt être l’heure de réveiller tout le monde. Il faut regagner nos chambres respectifs avant que quelqu’un ne nous surprenne.
Les yeux de Daevlyn ne purent s’empêcher de dévier alors sur le corps mis à nu de l’adolescent offert à son regard, le détaillant tout en s’attardant sur la moindre parcelle de peau visible. Il dut faire preuve d’une incroyable force de volonté pour résister à l’envie de recommencer ce qu’il avait déjà fait la veille. Sentir le regard de Raphaël poser sur son corps ne faisait tout simplement qu’accentuer ce désir, et il préféra se lever assez rapidement et s’habiller à la hâte. Une fois vêtu, Daevlyn attrapa les vêtements de Raphaël dispersés un peu partout autour d’eux et les lui amena, lui volant un rapide baiser au passage, et laissant ses mains parcoururent le corps de l’adolescent.
Cependant, sentant le désir monter en lui, il s’éloigna de Raphaël et lui murmura :
- On se rejoint au réfectoire, ne traîne pas trop.
Il l’embrassa tout de même furtivement une dernière fois en lui caressant tendrement la joue et s’éloigna de lui à contre cœur. Il décida d’aller d’abord prendre une douche avant de réveiller tout le monde, voulant encore profiter du calme et de la sérénité qui régnait dans tout son être.
Après s’être préparé et habillé, il sortit et frappa à chaque porte, réveillant des adolescents qui semblaient n’avoir aucune envie de se lever. Puis il alla rejoindre Raphaël comme convenu à l’entrée du réfectoire. Il dû une fois de plus faire appel à beaucoup de maîtrise de lui-même, pour ne pas sauter sur ses lèvres.
Cet interdit le mettait presque mal à l’aise. Après la nuit qu’ils venaient de passer, il lui était presque impossible de ne pas y repenser à chaque regard posé sur lui. Ils durent cependant se contenter de seulement quelques effleurement provoqués par leur doigts et quelques sourires. Daevlyn allait même jusqu’à en ressentir une immense frustration et eu peine à se concentrer sur autre chose que sur les lèvres de Raphaël se mouvant lui racontant il ne savait quoi.
Ce n’est que lorsqu’il sentit le regard de Sébastien posé sur lui, qu’il descendit presque immédiatement de son petit nuage, revenant à la dure réalité : un petit problème qui n’était pas de moindre était loin d’être résolu. Masquant son trouble à Raphaël, il lui demanda d’aller nourrir Amaranth et de sortir par la même occasion Diamon Dust, prétextant une chose importante à faire.
Raphaël acquiesça d’un hochement de tête et lui offrit un sourire radieux avant de s’éclipser. Daevlyn fut à la fois soulagé qu’il ne se doute de rien, mais terriblement angoissé à l’idée d’affronter Sébastien.
Lentement, il s’approcha de la table de Sébastien, la peur au ventre il lui dit simplement d’un air dédaigneux :
- Bonjour.
- Salut.
- Il faut qu’on parle Sébastien.
- Je sais, nous allons aller dans mon bureau.
Terrifié à l’idée de se retrouver seul à seul avec lui, il tenta d’éviter cela, en répondant.
- On ne peut pas simplement parler ici.
- Pour que tout le monde nous écoute, depuis quand fait-on des réunions dans un réfectoire.
Sébastien se leva et l’invita à le suivre, chose que Daelvyn fit à contrecœur. Il fit attention à garder le plus de distance possible entre eux, craignant dès lors un simple contact même banal entre eux.
Lorsque Sébastien ouvrit la porte de son bureau, il attendit à l’entrée que Daevlyn passe. Un espace qu’il n’aurait pas jugé de trop étroit le jour précédent, était maintenant un calvaire à traverser. Il alla directement s’assoire en face du bureau, tentant de se reprendre et de se remémorer du vrai but de leur conversation. Sébastien, vint s’assoir en face de lui, affichant un sourire presque aguicheur que Daelvyn ne lui connaissait pas. Il frémit rien qu’à ce regard qui lui donnait l’impression d’être mis à nu, car s’était bien cela, Sébastien le déshabillait du regard sans pudeur aucune.
Soudain, Sébastien prit la parole, ce qui eut pour effet de faire légèrement sursauter Daevlyn.
- Je t’écoute.
- Je… Euh… c’est à dire que…
Pris au dépourvu, Daevlyn ne parvenait plus à mettre de l’ordre dans ses idées. Que pouvait-il lui dire, par quoi commencer ?
- Si tu veux parler d’hier et revenir sur ce que tu m’as dit…
Daevlyn sembla reprendre ses esprit et le répliqua.
- Oui, justement à propos d’hier, je tiens à mettre immédiatement les choses au clair. Il n’y a rien entre nous et il n’y aura jamais rien alors n’insiste pas. Je suis venu te parler d’Amaranth car le problème n’a pas était résolut. Combien tu me le vends ?
Sébastien lui lança un sourire moqueur en se levant de son fauteuil et vint s’appuyer sur le devant de son bureau à une dizaine de centimètres de Daevlyn se plaçant devant lui.
- J’accepte de te le vendre et je laisse Raphaël tranquille mais…
Sentant que tout n’allait pas être aussi simple, et ne supportant pas la phrase laissée en suspend de Sébastien, Daelvyn demanda :
- Mais quoi ?
- Mais à une seule condition.
- Laquelle ? questionna immédiatement son cœur s’emballant et sachant parfaitement à quelle condition Sébastien pensait rien qu’en regardant l’air pervers que son visage affichait.
- Ne fait pas l’innocent Daevlyn, je te connais plus perspicace que cela. J’ajoute que si tu ne te soumets pas à ma petite condition, Amaranth part ce soir et tu n’auras plus à t’occuper de Raphaël, tu peux compter sur moi.
- Cela va au delà d’une simple condition !!! N’est ce pas plutôt du chantage ?!! s’énerva Daevlyn.
- C’est exactement cela.
Daevlyn était au pied du mur. L’étau se refermait sur lui. Il était coincé et ne voyait aucune issue possible. Pris au piège, il se leva et se tourna vers la porte. Il ne voulait pas regarder Sébastien dans les yeux pour lui donner sa réponse. D’ailleurs, plus jamais il ne voulait croiser son regard. Après un longue et profonde inspiration, il dit dans un souffle :
- J’accepte.
Mais alors qu’il allait se diriger vers la porte pour sortir au plus vite de ce lieu devenu invivable, il fut retenu par deux bras entourant sa taille. Rien que sentir le souffle chaud de Sébastien dans sa nuque lui donnait des hauts le cœur.
- Ai-je au moins le droit à un acompte ?
Tout son être lui disait de repousser cet homme le plus loin possible, mais sa raison lui dicta l’inverse. Lentement, il se tourna afin de faire face à Sébastien.
Il n’arrivait pas encore à avoir vraiment conscience de ce qu’il venait d’accepter, et ce n’est que lorsque les lèvres et la langue de Sébastien prirent possession de sa bouche de manière si impudique qu’il réalisa ce dans quoi il venait de s’engager. Il ne répondit que faiblement à se baiser, par simple obligation. Le simple contact de cette langue avec la sienne lui donnait des frissons de dégoûts. Il se sentit sale, mais ce qu’il lui faisait le plus de mal, c’est qu’à travers cela il était en train de trahir la confiance que Raphaël avait en lui, et par dessus tout salir l’amour qu’il lui portait.
Il faisait une énorme erreur mais ne voyait aucune autre solution se profiler à l’horizon. S’il se taisait, s’il n’en disait rien à Raphaël, s’il lui cachait alors Raphaël irait pour le mieux. S’il refusait les avances de celui qu’il avait considéré comme son ami, Raphaël perdrait tout. Il choisit de se sacrifier, mais savait que ce n’était pas la bonne solution. Il se dit seulement que celle-ci était la moins pire de toutes. Il choisit celle qui ferait le moins pâtir Raphaël.
Sébastien aurait ses lèvres, son corps, mais jamais son cœur, unique chose qui permettrait à Daevlyn de tenir le coup. Oui, car ainsi il protégeait son amour pour Raphaël. Mais pourrait-il protéger son esprit ?
Il crut que ce baiser n’allait jamais finir, et lorsqu’il senti les mains de Sébastien se poser sur lui, il eut l’impression que celles-ci lui brûlaient la peau. C’était loin d’être la douce chaleur qu’il l’envahissait et l’impression de se consumer de plaisir comme lorsque Raphaël le touchait.
Il avait l’impression au simple contact de cette main se glissant sous son t-shirt, passant lascivement sur sa peau, qu’on lui brûlait la peau au fer rouge. Envahi d’une pulsion lui donnant envie de s’arracher cette peau maintenant souillé par l’homme qu’il haïssait au plus profond de son être. Comment Sébastien pouvait-il lui imposer cela ? Il ne reconnaissait plus rien en son ami. Il avait envie de le repousser, de reculer, de partir en courant, de s’éloigner loin d’ici, loin de Sébastien, loin de cet homme devenu un vulgaire violeur. Trahis par son seul ami, il ne savait plus vraiment sur quoi se raccrocher, Raphaël étant à exclure.
Anéantit, il eut beaucoup de mal à retenir ses larmes, et ce n’est que quand Sébastien finit par le lâcher et sortir du bureau qu’il s’écroula sur le sol, ses jambes ne le maintenant plus, et laissa s’écouler de ses yeux des larmes muettes de détresse et de désespoir.
Il lui fallut quelques instants pour parvenir à se relever. Raphaël l’attendait, et il ne pouvait pas le laisser ainsi. Il avait un rôle à remplir et une personne comptant sur lui. Il tenta de prendre une fois de plus sur lui et se rendit jusqu’aux écuries après un court passage dans une salle d’eau pour effacer toutes traces de pleurs.
Raphaël ne devait rien savoir de ce qu’il venait de se passer. Et pour cela, il devait endosser de nouveau ce masque qu’il portait depuis si longtemps qui ne laissait transparaître aucune émotion.
Mais lorsqu’il vit le sourire de Raphaël arrivant joyeusement à sa rencontre, il ne put empêcher le sentiment de culpabilité et de remord envahir son cœur. Tentant de cacher au plus vite cela, il déclara :
- Tu peux continuer à t’occuper d’Amaranth… Sébastien à donner son autorisation.
Un sourire illumina le voyage de l’adolescent, et Daevlyn remercia le ciel que celui-ci n’ai trahit aucun tremblements dans sa voix. Raphaël eut alors la réaction tout à fait normal de se jeter dans ses bras et de s’apprêtait à prendre possession de ses lèvres. En l’éclair d’un seul instant, tout ce qui venait de passer et surtout le baiser qu’il avait était obligé d’échanger avec Sébastien l’obligea à tourner la tête, ne supportant pas l’idée de faire cela à Raphaël. Il tourna la tête esquivant le baiser, et chercha rapidement une excuse qui par chance lui tomba sur les yeux : le nœud d’attache de Diamond Dust mal serrer.
- Tu as mal attaché Diamond Dust, regard, son nœud se défait.
Il ne regarda surtout pas les yeux de l’adolescent sachant très bien l’expression qu’il aurait pu y lire. Mais l’affronter n’aurait fait que le faire craquer et lui avouer. Et c’était la dernière des choses qu’il voulait faire. Il savait que jamais Raphaël ne comprendrait ce qu’il venait d’accepter et il ne voulait pas perdre ce qui était le plus important pour lui :
l’amour de Raphaël. Mais il savait bien qu’en ayant ce genre de réaction, il en empruntait le chemin.
C’était pourtant trop difficile de faire différemment, il fallait qu’il réfléchisse. Tout s’était passé beaucoup trop vite, et son mauvais pressentiment du matin ne faisait que se confirmer. Leur bonheur n’avait pût durer. Il s’arracha à l’étreinte de l’adolescent sans un seul regard pour lui et alla refaire le nœud de la longe de l’animal. Il ne devait céder.
Toute la matinée se déroula dans cette même ambiance. Une certaine distance s’était installée entre eux, malgré les tentatives de Raphaël pour approcher son moniteur. C’était au dessus de ses forces, il ne pouvait le prendre dans ses bras, et échanger le moindre baiser avec lui, lui était insoutenable. S’il était dans un état tel après un baiser, alors qu’en serait-il lorsque Sébastien lui ferait plus… Les attaques de Raphaël se faisaient incessantes et heureusement, il céda enfin, et se concentra sur sa leçon d’équitation.
Durant tout le déjeuner, Daevlyn sentit le regard de Sébastien posé sur lui, et il crut que jamais cela n’allait prendre fin. Aucun aliment ne parvint pas passer dans sa bouche, tout appétit l’ayant quitté.
L’après midi se déroula de la même façon et lorsque la leçon prit fin, Daevlyn prit congé de Raphaël et s’éclipsa. Il ne pouvait supporter ce regard triste et cette mine déconfite, sachant que tout cela était encore une fois uniquement de sa faute.
Il aurait voulu rester à ses côtés, le rassurer mais cette fois-ci, il en était tout bonnement incapable.
Il se dirigea telle un âme en peine jusqu’à sa chambre, n’ayant plus la force de faire quoique ce soit d’autre. Mais alors qu’il poussa la porte de sa chambre, il sursauta violemment en voyant Sébastien assis sur son lit. Son cœur s’emballa immédiatement et des tremblements s’emparèrent de ses membres. Il tenta de serrer les poings pour les faire cesser, mais tout ceci fut vain. Il referma immédiatement la porte de sa chambre derrière lui, ne voulant surtout pas qu’une personne les surprenne. Des gouttes de sueur froide perlèrent sur ses tempes sachant précisément ce que Sébastien était venu chercher.
- Tu as passé une bonne journée ? Moi j’aimerai bien qu’elle finisse bien…
- Pas ce soir Sébastien, s’il te plait, je ne suis vraiment pas bien.
Daevlyn avait l’impression que sa tête allait exploser tellement elle lui tournait. Lui qui avait compté être seul cette nuit là pour réfléchir, voilà qu’il devait maintenant affronter l’origine de tout leurs problèmes. Et ce soir là lui était vraiment impossible. Il ne se sentait pas la force d’affronter cela cette nuit, et préféra repousser à plus tard. Sébastien
se leva subitement, ne semblant pas l’entendre de cette oreille, et fonça droit sur Daevlyn le plaquant contre le mur et prit possession de ses lèvres, ne lui laissant aucune échappatoire. Une fois de plus au contact de cette langue non désirée, il fut prit d’un haut le cœur. Les tremblements qui agitaient ses mains redoublaient et il ne savait plus vraiment ce qu’il pouvait faire. D’ailleurs, il n’y avait rien à faire. Tout était décidé et faire marche arrière était bien trop dangereux et surtout bien trop risqué pour Raphaël.
Lorsque Sébastien dérapa dans son cou, il tenta une dernière fois de refuser, mais sentait bien que l’ardeur de celui-ci était plus forte que ses plaintes. Bien trop rapidement, son t-shirt fut ôté et des mains parcoururent inlassablement sa peau dans aucune douceur. Juste l’espace d’un instant, il croisa le regard de son violeur, et n’y lu que du désir
charnel et de la folie. Qu’était devenu le Sébastien bon et juste qui venait si souvent le conseiller ? Avait-il fait tout cela uniquement dans ce but ? Il savait parfaitement à quoi s’en tenir s’il le repousser. Sébastien en connaissait bien trop sur lui pour ne pas trouver un autre chantage possible. Il lui avait pourtant fait confiance… Il se sentait dupé et trahit.
Daevlyn tressaillit en sentant une main passer sur son entrejambe. Ce n’était pas un tressaillement de plaisir, mais de dégoût. Ces gestes qui aurait pu paraître doux et attentionnés était vécu comme une torture. Rien de pire que de ressentir tout cela en étant impuissant. Il retient avec une extrême difficulté les larmes qui commençaient à poindre aux coins de ses yeux, ne voulant surtout pas montrer cette faiblesse à Sébastien qui maintenant, passait un main dans le bas de son dos, glissant sous le jean. C’était bien trop pour Daevlyn, plus qu’il ne pouvait en supporter. Il ne sut d’où il trouva la force de le repousser l’envoyant à quelques mètres de lui, écartant son bourreau. D’une voix plaintive, sans jamais croiser le regard de Sébastien, il dit d’une voix plaintive :
- Pas ce soir, je t’en supplie…
Sébastien sembla énervé car il se baissa pour ramasser le t-shirt de Daevlyn et le lui lança en pleine figure, avant de se diriger d’un pas énergique vers la porte. Avant se sortir, il lui lança d’une voix venimeuse :
- Pas ce soir, mais demain tu n’y échapperas pas, j’en ai marre d’attendre !!!
Il claqua la porte, laissant Daevlyn seul avec lui-même. Lentement il remit son t-shirt, voulant cacher aux yeux de tous cette peau mis à nue. Il aurait voulut se rendre la tête haute dans le réfectoire et rejoindre Raphaël afin de ne pas le laisser manger seul, mais il ne voulait pas lui imposer l’expression dévastée qui dès lors s’affichait sur son visage. Il ôta son jean, et se glissa sous les couvertures. Il s’écœurait lui même plus que Sébastien. Chaques minutes qui s’écoulaient lui paraissait être interminables, et il ne sut combien d’heures il resta ainsi, les yeux perdus dans le vide. Il ne parvenait à aligner aucunes pensées cohérentes, seul la peur du lendemain prédominait.
Ce ne fut que tard dans la nuit, qu’il entendit quelqu’un frapperr trois petits coup à la porte. Se doutant de leur provenance, il fut cependant terrifié rien qu’à l’idée que ce puisse être finalement Sébastien. Mais la porte s’ouvrit sur Raphaël. Il était à la fois soulagé que ce soit lui, et ressentait à la fois, une non-envie de le voir. Il voulait être seul. Il se surprit même à ressentir une certaine colère lorsqu’il le vit lui sourire. Savait-il seulement ce qu’il vivait par sa faute ? Avait-il seulement conscience de ce qu’il subissait, et du chantage auquel il était soumis ? Il se surprit soudain à lui en vouloir autant, ce n’était pourtant pas de sa faute. Il fallait qu’il parte ou ses paroles dépasseraient sa pensée. Il n’était pas en l’état de subir cet affrontement. C’est pourquoi d’une voix très froide, ne laissant trahir aucun sentiment, il lui dit :
- Qu’est ce que tu fais là ? Retournes dans ta chambre, tu n’as rien à faire ici !
Se mettre à en vouloir à Raphaël était impardonnable, il fallait que celui-ci parte. Seule la solitude lui permettrait de réfléchir calmement et ne pas se laisser emporter bêtement pas ses émotions. Il s’en voulait d’éprouver cette rancœur vis-à-vis de Raphaël. Il ne supportait plus son regard posé sur lui, et avait sans cesse la désagréable impression qu’il savait tout. Malheureusement, Raphaël ne sembla pas être atteint par ses paroles si froides et impersonnelles, et ne l’entendit pas de cette oreille. Lentement, d’une démarche féline et provocante, il s’approcha du lit de Daevlyn, et l’enjamba, afin de s’asseoir sur ses cuisses. Lascivement, il ondula du bassin, guettant une
quelconque réaction de la part de son moniteur. Si Daevlyn resta stoïque, sans rien laisser paraître, il ne vivait pas la chose de la façon dont Raphaël aurait pu le croire. Il avait l’impression de le salir un peu plus. Il trompait sa confiance. Sans cesse, il se répétait : s’il savait… s’il savait que ferait-il ? Comment réagirait-il ? Chercherait-il encore à l’embrasser comme il s’apprêtait à le faire ? La réponse était tellement évidente, que Daevlyn ne put que le repousser tout aussi violemment qu’il avait repousser Sébastien, et Raphaël faillit tomber du lit. Etait-il si faible pour ne pas supporter cela ? Une dernière fois il lui dit, avec plus d’agressivité, contre lui même et non contre Raphaël :
- Sors de là ! Je ne te le répèterais pas une troisième fois !
Daevlyn sut immédiatement qu’il venait de faire mal à l’adolescent en le rejetant ainsi. Mais il n’avait pu se résoudre à faire autrement, il avait choisit celle qui lui ferait le moins mal. Mais le regard écœuré emplie de larmes que lui lança alors Raphaël en le levant, lui déchira le cœur en lambeau. Il aurait tant aimer le prendre dans ses bras, et faire cesser ses larmes, mais il en était tout simplement incapable. Les larmes n’échappèrent pas à Daevlyn mais il ne fit aucun mouvement en sa direction. Daevlyn sera ses poings qui commençaient à tremblaient, ne voulant surtout pas que Raphaël constate son état, et du faire un effort surhumain pour ne pas éclater en sanglots devant lui.
Le jeune garçon se releva et alors qu’il s’apprêtait à quitter la chambre, sans se retourner, il murmura assez fort pour que Daevlyn comprenne :
- Je te déteste…
La porte se ferma sur ces mots. Daevlyn sentit un poids immense dans sa poitrine, et sa gorge lui serra si fort qu’il eut l’impression qu’il n’arriverait plus à prendre sa respiration. Il rapporta ses jambes tremblante contre sa poitrine et se mit en boule dans son lit, voulant disparaître de cette terre. Ses yeux lui brûlaient, sa peau ne supportait même plus le simple contact des draps. Lorsqu’il parvient enfin à reprendre une bouffée d’air, il cru que ses poumons allaient exploser dans sa poitrine tellement il eut mal. Ce n’était dès lors plus des tremblements qui secouaient son corps, mais des spasmes plus que violents. Il voulait crier, hurler son mal être qui le rongeait de l’intérieur, mais aucun son ne sorti de sa bouche. C’est d’épuisement dû à son état qu’il finit par s’endormir une heure tout au plus, avant de se réveiller dans un état proche du précédent.
Il pria cependant pour que cette nuit dure éternellement sachant parfaitement ce que lui réservait la journée suivante
Mais celle-ci prit fin bien trop rapidement, et c’est la mort dans l’âme que Daevlyn sortit de son lit pour affronter ce qu’il avait accepté la veille.
Il passa un temps interminable sous la douche, profitant du bienfait de l’eau coulant sur sa peau. Mais il ne pu réprimer un frisson en pensant que bientôt des mains non désirées, toucheraient chaque parcelle de sa peau, n’en épargnant aucune. Rien qu’à cette pensée, il crut mourir de désespoir. Se faire prendre par Sébastien c’était faire mourir en lui tout espoir. Maintenant tout en cet homme en lui inspirait que répulsion.
Il finit par sortir de la douche, constatant qu’il était plus que temps d’aller réveiller tous ces adolescents. Mais lorsqu’il vint pour réveiller Raphaël, il eut la surprise de trouver la porte verrouillée. Il frappa quelques coups afin de faire savoir à l’adolescent qu’il était l’heure de se lever, mais face au manque de réponse, il n’insista pas.
L’idée même qu’il venait de perdre Raphaël à cause de son comportement, lui était insoutenable. Il n’eut pas le courage de se rendre au réfectoire, étant terrifié rien qu’à l’idée de croiser Sébastien dans les couloirs. C’est pourquoi, il regagna immédiatement sa chambre et alla s’asseoir sur son lit, les yeux fixés sur sa fenêtre, admirant
le ciel auquel il aspirait.
Son seul réconfort, qui n’en était plus un, était que Sébastien ne ferait rien à Raphaël et ne le séparerait pas d’Amaranth. Mais n’était-ce pas pire pour Raphaël de subir ses rejets ? Il repoussa très vite cette question de son esprit, sachant parfaitement qu’elle était la réponse. Il faisait finalement ce qu’il avait voulu éviter à Raphaël depuis le début. Il lui faisait porter son fardeau, sans qu’il sache la nature de celui-ci.
Toute la journée, il resta ainsi, attendant le moment fatal, et espérant secrètement que celui-ci n’arrive jamais. De nombreuses fois, des larmes coulèrent de ses yeux, jusqu’à ce qu’il eut évacué toutes celles de son corps, asséchant son cœur. Il en était arrivé à un point tel qu’il ne ressentait soudain plus rien. Etait-ce de la résignation ? Il ne put empêcher son cœur de s’emballait cependant lorsqu’à la fin de l’après midi, il entendit la porte de sa chambre s’ouvrir. Pensant que c’était Raphaël, il tourna la tête immédiatement vers l’intrus, et s’aperçut avec torpeur que ce n’était autre que l’homme venu cherchait son due.
Tout ceci ce fit dans le plus grand silence. Sébastien approcha après avoir fermé précautionneusement la porte derrière lui.
Résigné dans un état second, Daelvyn se redressa et commença à se dévêtir dans pudeur aucune. Il n’était plus vraiment lui même. Tous sentiments, tous ressentis l’avaient quitté. Il n’avait plus la force de lutter et à quoi bon, cela n’aurait fait que rendre cet instant inévitable plus pénible. Seule une lueur triste se reflétait dans ses yeux. Sébastien continuait d’approcher lentement semblant plus que satisfait, une lueur malsaine dépeinte sur son visage. Avant que Sébastien ne l’atteigne, Daevlyn s’étendit de tout son long sur le ventre, s’offrant tout simplement à Sébastien. Il tourna la tête vers la porte, et laissa ses yeux se perdre. Jamais il n’avait ressentit cela : le néant, le vide. Il avait l’impression de quitter peu à peu son corps. Si c’était l’unique chose qui lui restait à faire pour Raphaël alors il la ferait. Cependant il pria pour que cela se passe vite.
Il entendit une voix surprise s’élever dans son dos :
- Faire cela comme ça, ça ne me gène pas, mais ça ne va pas être agréable pour toi… Tu es sur ?
Pour toute réponse Daevlyn ne réagit pas. Depuis quand se souciait-il que cela soit agréable pour lui. La souffrance aurait de toute manière était mille fois plus grande que de supporter des préliminaires. Il préférait ressentir une douleur physique un court instant plutot que celle-ci s’éternise indéfiniment. Il frémit pourtant lorsqu’il entendit le bruit caractéristique d’un fermeture de jean descendu à la hâte.
Un instant après, il sentit Sébastien se mettre à cheval sur lui. Daelvyn ferma les yeux un instant, tentant de garder son calme et de ralentir son rythme cardiaque qui commençait malgré tout à s’emballer. Lorsque Sébastien lui mis une main sur ses fesses, il crut il allait vomir de répulsion. Pourquoi mettait-il autant de temps ? Pourquoi ne passait-il pas à l’action une bonne fois pour toute ? C’est bien ce qu’il voulait après tout…
Ses yeux se rouvrirent seulement lorsqu’il entendit trois petits coups frappés à la porte.
Lorsqu’il vit la petite silhouette de Raphaël sur le pas de la porte, il eut l’impression que tout son monde s’anéantissait. Tout était finit, en quelque instants il venait de tout perdre : sa dignité et l’amour de l’homme qu’il aimait. Il venait de perdre Raphaël pour de bon. Figé d’horreur, Daevlyn lut dans les yeux de Raphaël de la tristesse, mais surtout une haine sourde. Daevlyn sut immédiatement qu’il baissait les yeux pour cacher ses larmes, larmes qu’il avait voulu à tout prix éviter de faire couler.
Etonnamment, il ne mit pas longtemps avant de relever la tête. Au regard destructeur qu’il avait Daevlyn sut immédiatement que Raphaël n’était plus. Une haine sans limite embrasait les yeux de Asiel, une haine meurtrière. C’est en voyant ce regard qu’il réalisa vraiment qu’il avait tué par le passé. Rien ne semblait atteindre Asiel. Malgré tout, Daevlyn fut comme sous l’emprise de sa beauté à la froide et sensuelle. Inquiet, Daevlyn vit Raphaël s’approcher d’un pas lent et assuré vers lui. Il crut un instant qu’il allait se faire tuer. Mais lorsque son regard croisa le sien, Asiel changea de cible et tel un félon qui bondit sur sa proie, il se jeta si violemment sur Sébastien qu’ils se retrouvèrent sur le sol, libérant ainsi Daevlyn de son emprise. Daevlyn se comprenant plus vraiment ce qu’il se passait. Asiel s’assit sur le bassin de Sébastien, l’empêchant de bouger, et crispa ses mains autour de son cou en une étreinte mortelle. Daelvyn était terrifié par la force que dégageait Asiel et dont il n’aurait jamais jusqu’alors imaginé l’ampleur.
Plus Sébastien se débattait, plus Asiel resserrait l’étreinte autour de son cou. Il semblait déterminé et rien ni personne ne pouvait l’arrêter. Reprenant ses esprits, Daevlyn s’écria :
- Raphaël ! Arrêtes, tu vas le tuer…
Asiel se tourna brusquement vers Daevlyn et lui lança un regard assassin. A la vue des yeux noirs de l’adolescent, Daevlyn en frémit d’horreur. Bien qu’il y était un peu habitué, le regard d’Asiel le mettait mal à l’aise. Il semblait lire en lui comme dans un livre ouvert. Il était terrifié, oui c’était bien cela, une peur sourde l’envahissait de ce que pouvait faire Asiel, ayant subitement peur pour sa propre vie.
Sébastien commençait à étouffer. Son visage commençait à prendre une teinte violacée, et Asiel ne lachait toujours pas sa prise. Daevlyn assistait à un meurtre et il était totalement impuissant.
En reportant son attention sur lui, il se pencha en avant et lui murmura à l’oreille :
- Touche encore une fois Daevlyn, pose une seule fois le regard sur lui et tu es mort… Et souviens-toi ! Je ne suis pas toi… Tu peux être sûr que je tiens mes promesses…
Daevlyn en perçut le principal. Pourquoi l’aidait-il ? A la lueur meurtrière qu’il avait pu lire dans ses yeux, il avait presque eut le doute d’être le prochain sur la liste d’Asiel. Sébastien hocha vigoureusement la tête en signe d’approbation et inspira longuement lorsque les mains d’Asiel se détachèrent de son cou. Sans demander son reste,
Sébastien s’enfuit de la chambre laissant Daevlyn seul avec Asiel.
Daelvyn ne perdit pas de temps, et sans mot dire, il attrapa ses vêtements afin de cacher sa nudité dont il avait maintenant honte. Qu’allait-il faire ? Que pouvait-il faire ? Qu’allait-il advenir ?
Ne supportant plus se silence devenu pesant, il tenta une chose, même s’il se douter de l’impossibilité de celle-ci.
- Fais revenir Raphaël…
- Je t’avais prévenu Daevlyn, le coupa Asiel d’une voix tranchante. Ne refais JAMAIS souffrir Raphaël ! Tu as choisi de ne pas m’écouter, à toi d’en subir les conséquences. Raphaël ne veut pas revenir. Il a besoin de faire le point avec ses sentiments. Il ne reviendra pas… et s’il choisit de revenir, je ferais tout pour t’empêcher de le faire souffrir davantage…
Daevlyn aurait pu se jeter à ses pieds, le supplier de lui pardonner, lui expliquer la réalité de ce qu’il venait de se passer, mais il n’en fit rien. Trop honteux de ce qui avait faillit lui arriver, ne voulant pas perdre plus qu’il n’avait perdu, il restait là, en face de lui, ses yeux plantés dans les siens, lui faisant face. Quitte à tout perdre autant garder le peu de dignité qui lui restait.
Sur un ton supérieur et agressif, Asiel reprit la parole :
- Tu ne te défends même pas, tu es pathétique à ce point !!! Tout ce que tu voulais en fait, c’était juste une partie de jambe en l’air, sitôt obtenu, tu trouves une autre cible. Tu n’as pas perdu de temps, bravo. Tu sais quoi, tu ne vaux pas plus que son père, tu es même pire !
La main de Daelvyn partit directement, terminant sa trajectoire sur la joue d’Asiel. Tant de venin, dans de méchanceté dans ses propos prononcés par celui qui aimait, lui était plus qu’insoutenable. Asiel d’abord sous le choc, porta sa main à sa joue qui commençait déjà à rougir sous la puissance du coup.
La réaction fut presque immédiate et Asiel se jeta sur lui, lui envoyant son poing dans la figure. Ils finirent leur chute sur le lit, Asiel penchait au dessus de lui, et Daevlyn encore sous le choc de se coup. Un filet de sang coulait de la commissure de ses lèvres. Lorsqu’il vit Asiel juste au dessus de lui, il ferma les yeux, s’attendant à en recevoir de nouveau.
Mais contrairement au coup, il sentit une chose chaude et humide passer de son cou jusqu’à la commissure de ses lèvres, le long du filet de sang.
Il sentait le souffle chaud d’Asiel sur son visage. Il ouvrit les yeux surprit par se geste, et se perdit instantanément dans les prunelles sombres de ses yeux. Il les referma aussitôt ayant presque peur du désir qu’il venait d’y lire. Les lèvres d’Asiel se posèrent alors sur les siennes. Mais au lieu de prendre possession de sa bouche, il pinça plusieurs fois entre ses lèvres la lèvre inférieure de Daevlyn, l’effleurant subtilement avec sa langue. Daevlyn sentit immédiatement la chaleur de son corps augmenter. Il avait une façon si sensuelle et tentatrice d’embrasser, que n’importe qui aurait cédé à la tentation. Asiel semblait aimer se faire languir ainsi, car il prenait un malin plaisir à se
faire désirer. Comme hypnotiser par ses lèvres, Daelvyn se laissait faire, et bientôt n’y tenant plus, il passa une main derrière la nuque d’Asiel, lui quémandant d’aller plus loin. A peine sa langue eut elle effleurer la langue de Asiel, que celle s’y s’éloigna. Le sentant alors se reculer, il ouvrit les yeux, ne semblant plus vraiment comprendre ce qu’il se passait. Il vit alors l’expression dédaigneuse que Asiel affichait avant de lui dire :
- Tu ne vaux vraiment rien. J’avais raison Raphaël, il n’a cherché qu’à avoir ton petit cul.
Il s’écarta de Daelvyn, qui le regardait stupéfait.
Totalement déboussolé, il ne savait que répondre, et le regarda quitter sa chambre sans dire un mot.
- Tu ne vaux vraiment rien. J’avais raison Raphaël, il n’a cherchait qu’à avoir ton petit cul.
Il s’écarta de Daelvyn, qui le regardait stupéfait. Totalement déboussolé, il ne savait que répondre, et le regarda quitter sa chambre sans dire un mot. Trop de choses venaient de se passer pour qu’il parvienne à avoir les pensées claires.
Daevlyn finit par se lever, et alla s’accouder à la fenêtre de sa chambre après l’avoir ouverte. Il n’avait pas le courage de sortir, mais il voulait tout de même laisser ses yeux vagabonder sur le paysage qui s’offrait depuis des années à lui. Il resta ainsi pendant un temps indéfini, ayant perdu toute notion précise du temps. Il avait l’étrange
impression que tout cela n’était qu’un cauchemar et qu’il allait prendre fin à tout instant. Mais ceci n’était pas un rêve, et il était bien dans la réalité. Tout ce qui venait de ses passer était vrai. L’impression d’être dès lors un simple spectateur de sa vie se faisait de plus en plus forte. Il prit une dernière bouffée d’air avant de fermer sa fenêtre. Mais
alors qu’il se dirigeait vers sa salle de bain, il entendit frapper à sa porte. Qui que ce soit : Asiel, Sébastien, ou même Raphaël, il n’avait aucune envie de les voir. Il voulait rester seul.
Cependant cette fois-ci, la porte ne s’ouvrit pas et l’intrus semblait attendre l’autorisation. D’un pas lourd il ouvrit la porte et tomba nez à nez avec Sébastien. Il referma aussitôt la porte, ne supportant même plus sa vue. Toute sa vie venait d’être mis en l’air uniquement par sa faute. Il lui avait tout enlevé sans l’épargner un seul instant. Mais alors qu’il pensait avoir écarter le problème en étant on ne peu plus clair, il entendit la porte s’ouvrir et se refermer.
L’avertissement de Asiel n’avait-il pas était assez clair ? Pourquoi revenait-il à la charge ? Il n’avait plus aucune raison de se soumettre à ses pulsions. Il se tourna vers lui comme envahie d’une hargne nouvelle.
Il fut cependant quelque peu apaisé lorsqu’il vit que le regard de Sébastien n’avait rien de désireux. Il semblait être redevenu lui même. Il était comme avant : son ami sans arrières pensés. Cependant, Daevlyn resta sur ses gardes.
- Daevlyn, je tiens vraiment à m’excuser, dit il d’une voix sincère et penaude.
- Et tu crois que cela va réparer ce que tu as fait ? répliqua immédiatement Daelvyn sur le coup de la colère.
- Non bien sur que non. Je m’en vais ce soir, j’ai posé ma démission et je venais te dire au revoir.
- Très bien et bien moi je te dis : adieu.
Sébastien baissa les yeux.
- Te rends tu compte… Te rends tu comptes de ce que tu m’as fait ? De ce que tu nous as fait !
- Nous ?
Daevlyn jura intérieurement, sentant qu’il venait de se vendre.
- Puis-je te poser une dernière question avant mon départ. Quelque soit la réponse, je ne te jugerais pas, mais quelle est ta relation avec Raphaël ?
- …
- Est-ce une relation intime ? La façon dont il t’a protégé, la façon dont il te parle, dont il te regarde…
Daevlyn décida de répondre honnêtement, au point ou il en était.
- Elle l’était.
Si Sébastien parut choquer, il n’en laissa rien paraître. Il n’ajouta rien et prit la direction de la porte. Avant de sortir de la chambre, il lui déclara :
- Amaranth est à toi, ce sera mon cadeau d’adieu. Bonne chance à vous deux Daevlyn… J’espère te revoir un jour.
La porte se ferma sur ses dernière paroles, laissant Daevlyn avec de nombreux doutes. Pourquoi ne parvenait-il plus à en vouloir à Sébastien ? Pourquoi s’en voulait-il autant à lui-même ? Pourquoi avait-il l’impression d’avoir tout gâché et que tout était terminé, que jamais il n’atteindrait le bonheur qu’il avait ressentit dans les bras de son amant ? Comme assis au fond d’un gouffre, il attendait désespérément que quelqu’un lui jette une corde. N’était-ce pas l’attente d’un fait irréalisable ? N’était-ce pas plutôt à lui de grimper à l’aide sa propre force ? Cependant, la vrai question qui prédominait sur toutes les autres restait tout de même : parviendrait-il à se faire pardonner de Raphaël ?

Mourir pour revivre - Chapitre 29

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 29 écrit par Shinigami

La respiration de Raphaël était rapide et saccadée. Les sanglots l’empêchaient de respirer et l’air commençait à lui manquer horriblement. Cependant, il n’arrivait pas à se ventiler, son cerveau était focalisé sur l’image de Daevlyn dans les bras de Sébastien. Il n’arrivait pas à chasser cette pensée de sa tête. Pourquoi avait-il aussi mal ? Lorsque Raphaël sentit une main se poser sur son épaule, il tressaillit violemment avant de hurler sa terreur, sa rancœur et son désespoir. Il avait parfaitement reconnu le toucher de Daevlyn, mais ce contact le répugna et lui fit l’effet d’une décharge électrique. Comment osait-il encore le toucher après qu’il l’ai surprit en train de batifoler avec Sébastien ? Avait-il si peut de respect et de considération pour lui ? Horrifié par ce simple contact, l’adolescent de leva brusquement et alla se réfugier dans le coin du box à l’opposé de l’adulte.

Malgré les larmes qui lui brouillaient la vue, Raphaël vit Daevlyn reculer et s’éloigner de lui jusqu’à sortir complètement du box. Pourquoi s’éloignait-il de lui tant que ça ? Le trouvait-il si répugnant ? La voix de Daevlyn vint s’ajouter aux sanglots de l’adolescent qui ne cessaient d’empirer. Raphaël était en train de faire une crise de nerf, il suffoquait, sa gorge et ses poumons le brûlaient affreusement. De là où il se trouvait, Daevlyn s’en rendit compte car il essaya de calmer Raphaël comme il pouvait, avec de simples mots, alors qu’il savait pertinemment que ceux-ci n’auraient aucun effet. Il commençait à connaître l’adolescent et ses réactions. Cependant, il ne put empêcher sa conscience de gagner sur sa raison et tenta de calmer le jeune garçon d’une voix qui se voulait rassurante :

- Calmes toi Raphaël, je vais m’écarter, regarde, je m’éloigne.

Raphaël avait envie de crier, il voulait hurler sa rage et sa rancœur au monde entier. Il voulait que Daevlyn se rende compte à quel point il venait de le blesser. Il voulait le faire souffrir comme lui souffrait à cet instant. Le son de sa voix le dégoûtait et le savoir là, à quelques mètres de lui le rendait malade. Cependant, Daevlyn ne semblait pas se rendre compte de l’état actuel de l’adolescent, car il poursuivit :

- Je… je ne sais pas ce que tu as vu, ni entendu, mais laisse moi t’expliquer… Sébastien s’est jeté sur moi, je ne connaissais pas ses intentions et je ne savais pas ce qu’il éprouvait pour voir jusqu’à maintenant. Je…

Au fil des paroles de l’adulte, Raphaël sentait une haine sourde et profonde l’envahir. Il sentait qu’au fond de lui, Asiel se déchaînait, ne demandant qu’à sortir afin de faire ravaler ses paroles à l’adulte. Raphaël menait un combat intérieur intense contre Asiel. Il ne voulait pas le laisser sortir, bien qu’il en mourrait d’envie, ne serait-ce que pour voir Daevlyn ravaler ses stupides tentatives d’excuses. Cependant, il se refusait à le laisser sortir, pour une fois, il souhaitait faire face, il ne fuirait pas… Il règlerait ses problèmes par lui-même, sans l’aide d’Asiel, ni de personne. Il prouverait à Daevlyn qu’il était autant capable que les autres de se sortir des problèmes. Signe de son combat intérieur, la couleur de ses yeux. Ils oscillaient entre le pourpre et le noir, semblant ne pas réellement savoir quelle était la couleur définitive à adopter.

Sans prendre la peine de cacher la haine qu’il éprouvait envers son moniteur et la colère qu’il ressentait, il déclara d”une voix froide, semblable à celle d’Asiel :

- Tu étais pourtant… Tu étais pourtant sur le point de l’embrasser.

De derrière ses mèches de cheveux qui lui tombaient devant le visage, Raphaël put voir son moniteur frémir au son de sa voix. Il essaya cependant de ne pas le montrer et continua :

- Non Raphaël, je n’étais pas sur le point de l’embrasser, c’est lui qui…

Des excuses… toujours des excuses… Pourquoi n’admettait-il pas les faits ? Pourquoi cherchait-il toujours des excuses ? Que cherchait-il ? Pourquoi se jouait-il ainsi de lui ? Qu’est-ce qu’il attendait ? Tant de questions dans la tête de l’adolescent. Tout ceci le perturbait au plus haut point. Il ne savait plus que penser. Il ne savait plus qui croire, et cela lui faisait mal. Il voulait croire en Daevlyn, mais sans cesse, un mensonge venait s’ajouter aux précédents… Comment pouvait-il continuer à lui faire confiance, si à chaque fois il le trahissait ? Le prenait-il pour plus bête qu’il ne l’était ? A cette pensée, l’adolescent eut beaucoup de mal à retenir un fou rire hystérique. Il se sentait gagné par la nervosité, son visage avait une expression d’où se dégageait une aura de démence… Asiel n’était plus très loin…

- Tu ne faisais rien pour le repousser Daevlyn, tu ne peux me mentir sur ce que j’ai vu.

Le ton de l’adolescent était toujours aussi froid, comme venu tout droit de Sibérie. Ses yeux reflétaient la tempête de son cœur et le déchirement de son âme. Quiconque aurait plongé son regard dans le sien à ce moment là, n’en serait pas sortit indemne. Personne n’aurait pu affronter de face la dureté et l’expression de folie que renvoyait son regard.

- J’étais déstabilisé par ce qu’il venait de me dire, je… J’étais comme paralysé. Je…

Daevlyn tentait désespérément de s’expliquer à Raphaël, bégayant comme un enfant pris en flagrant délit de mensonge. Si au début ce petit jeu aurait pu amuser l’adolescent, à présent il en avait plus qu’assez. Il en avait marre de se faire prendre pour la bonne poire. Il avait supporté ses mensonges jusqu’à maintenant, mais là, il arrivait à saturation. En plus de lui mentir, Daevlyn le prenait pour un imbécile, et ça, il ne l’acceptait pas ! Il n’était pas l’enfant naïf et innocent qu’il donnait l’impression d’être au premier abord.

- Pourquoi tu lui as parlé d’Asiel ? Je te faisais confiance Daevlyn, je…

Les larmes de Raphaël redoublèrent d’intensité, coulant à flots le long de ses joues pâles. Interloqué, Daevlyn répondit :

- Asiel ? Je ne lui ai pas parlé de…

Le dernier mot de l’adulte fut celui de trop. Si au départ la voix de Raphaël était froide, elle n’en était pas moins calme. Cependant, épuisé et à bout de nerf, il s’écria, hurlant sa tristesse et crachant son désespoir :

- Ne fais pas l’innocent , j’ai entendu son nom !!!

L’agression avait remplacé la froideur de sa voix. Le jeune garçon semblait être à bout de force. La détresse et l’incertitude qu’il dégageait était palpable à des kilomètres. Raphaël ne savait plus que penser de son moniteur. Il ne savait plus s’il devait lui faire confiance ou non, il ne savait plus s’il devait le croire ou non. Il nageait en pleine incertitude. Devait-il croire ce que lui disait Daevlyn, ou au contraire, devait-il se fier à ce qu’il avait vu ?

Daevlyn sembla remarquer que la colère de l’adolescent n’était qu’une façade. Souhaitant faire comprendre au jeune garçon qu’il n’était pas dans son intention de le blâmer pour sa réaction insolente, il reprit d’une voix calme :

- Il ne s’agit pas du même Asiel, Raphaël. Celui dont Sébastien me parlait, était le nom de… Mon frère s’appelait Asiel lui aussi.

Devant le silence de l’adolescent qui semblait attendre la suite des explications, Daevlyn déglutit avant de poursuivre, toujours sur le même ton :

- Si je ne me suis pas écarté lorsqu’il s’est approché de moi, c’est parce qu’il a prononcé son nom et que cela m’a déstabilisé. Je… Je ne pensais pas qu’entendre une nouvelle fois son nom me ferait aussi mal. Je suis désolé Raphaël, je m’excuse de t’avoir fait du mal une fois de plus.

A ces mots, la colère de Raphaël sembla s’éveiller de nouveau. Encore une fois il s’excusait inutilement. Avait-il réellement prit conscience de ce qu’il venait de dire ? Comment pouvait-il espérer recevoir les excuses de l’adolescent en tenant de tels propos ? N’était-ce pas lui qui, le latin même lui faisait comprendre qu’il avait définitivement tiré un trait sur le passé ? Dans ce cas pourquoi avouait-il à Raphaël que l’entente du nom de son frère le déstabilisait ? N’y avait-il pas un paradoxe dans le raisonnement de l’adulte ?

D’une voix tranchante accentuée d’une pointe de cynisme, Raphaël s’écria :

- Je pensais que tu avais tiré un trait sur ton passé ? Je me trompe ?

La révélation de Daevlyn avait profondément blessé l’adolescent. C’est comme s’il lui avait lui-même enfoncé un poignard dans le coeur. Raphaël avait tellement mal qu’il en venait à se demander s’il n’aurait préféré que Daevlyn lui mente pour une fois.

Toujours avec la même voix calme, Daevlyn lui expliqua, tentant du mieux possible de masquer la trouble que la question pertinente de l’adolescent avait provoqué en lui :

- J’ai tiré un trait sur mon passé, c’est indéniable, mais je ne peux l’oublier Raphaël. Et rien ne pourra changer le fait que je serais déstabilisé et peiné lorsque j’entendrais son nom. Mais surtout, rien n’entravera l’amour que j’éprouve pour toi, et encore moins mon passé. Un trait ne se tire pas aussi rapidement, il faut du temps, tu le sais aussi bien que moi.

Les larmes de Raphaël avaient commencé à s’atténuées. Du revers de la main, il essuya les dernières gouttes d’eau salée qui perlaient au coin de ses yeux et avec une lenteur calculée, il s’approcha de Daevlyn. Sans se bousculer, il ouvrit la porte du box, prenant soins de la refermer derrière lui et franchit les derniers pas qui le séparaient encore de son moniteur. Il vint se coller contre Daevlyn, se frottant langoureusement contre lui. Les yeux brillants d’une lueur étrange et une pointe de provocation dans la voix, il murmura :

- Des mots… De simples mots… Prouves-le moi…

Apparemment, les derniers mots de Raphaël avaient eut le but recherché car il vit avec satisfaction Daevlyn s’approcher lentement de ses lèvres, comme pour demander confirmation, avant de les effleurer avec hésitation. Raphaël qui n’attendait que cette opportunité, répondit immédiatement au baiser de l’adulte, entre-ouvrant les lèvres en une invitation explicite. Leur langue se frôlèrent d’abord timidement, comme pour s’assurer que tout ceci n’était pas le fruit de leur imagination, avant d’entamer des caresses plus sensuelles. Très vite enivrés par la sensation de bien être intense que leur procuraient ces caresses, leurs sens s’éveillèrent au plaisir qu’ils ressentaient. La douceur fit bientôt place à la passion, les mains partaient à l’aventure sur le corps de l’autre. Raphaël découvrait de nouvelles sensations au contact des mains de Daevlyn sur son corps. Bien sur, il avait déjà été touché, mais jamais il n’avait ressentit ce qu’il ressentait à présent. Une chaleur suffocante prenant peu à peu possession de ses reins, s’infiltrant dans son sang, le faisant bouillonner d’un plaisir qu’il n’avait encore jamais ressenti. Un mélange de bien être, de sérénité et d’envie d’en avoir plus, toujours plus… Raphaël avait envie de sentir la peau de Daevlyn sous ses doigts, il voulait caresser cette peau douce et veloutée, respirer son odeur musquée, typiquement masculine. Il voulait le connaître en entier, ses points faibles comme ses points forts. Sa main s’infiltra timidement sous le t-shirt de Daevlyn, appréhendant malgré tout, la réaction de l’adulte. Cependant, celle-ci fut celle qu’il espérait, Daevlyn sembla apprécier le contact de ses doigts car sa peau se mit à frémir. L’adulte passa une main dans le dos de l’adolescent tandis que l’autre lui caressait sensuellement la nuque, jouant avec ses cheveux rasés. Il l’attira à lui afin d’amenuir au maximum la distance qui les séparait encore. Toute pudeur semblait s’être envolée. Plus rien ne faisait à présent obstacle au désir qui les consumaient lentement. Jamais encore ils n’avaient échangé un tel baiser, jamais ils n’y avaient mi autant d’ardeur et de passion. Le feu qui leur brûlait les reins prenait possession de leur conscience, inhibant toute volonté autre que celle de satisfaire l’envie d’appartenir à l’autre. Raphaël voulait Daevlyn, il le voulait près de lui, contre lui, toujours plus près… Il voulait lui appartenir maintenant et à jamais. Il voulait qu’il l’aide à oublier, toutes ces souffrances et ces humiliations qu’il avait subies, il voulait qu’il l’aide à prendre un nouveau départ et à être heureux. Quand la main de Daevlyn se faufila sous son t-shirt, Raphaël sentit son corps s’enflammer et sa température intérieure augmenter considérablement. Comment Daevlyn arrivait-il à lui procurer de telles sensations juste par le contact de ses mains sur sa peau ? Il frémit imperceptiblement tout en s’activant avec sensualité, souhaitant rendre à l’adulte caresses pour caresses. Les mains de Raphaël partirent à la découverte du corps de Daevlyn, explorant minutieusement chaque parcelle de peau, s’attardant sur ces points sensibles afin de lui procurer le même plaisir qu’il lui offrait. Très vite, Raphaël apprit à repérer les points sensibles de son moniteur et s’amusait à le caresser à ces endroits, se délectant des tressaillements qui s’emparaient de Daevlyn lorsqu’il l’effleurait.

Daevlyn sembla retrouver ses esprits car, sans pour autant lâcher les lèvres de Raphaël, il le guida jusqu’au fond de l’écurie, la où se trouvait la réserve à foin, attrapant une couverture au passage. Arrivé sur le tas de foin, Daevlyn mit tendrement fin au baiser, bien qu’avec beaucoup de difficultés. C’est à regret que Raphaël consentit à libérer les lèvres de son moniteur afin de lui permettre d’étendre la couverture sur le sol. Le regardant faire, Raphaël fut soudain envahi par le stress et l’appréhension. Il se trouvait stupide de douter ainsi, il savait tris bien que Daevlyn ne le forcerait jamais à faire quoi que se soit contre sa volonté, mais s’était plus fort que lui. Le voir étendre la couverture signifiait énormément de choses. Ils avaient depuis longtemps passé le cap des simples caresses et il en fallait à présent beaucoup plus pour les satisfaire. Ils allaient enfin consumer le désir qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, mettre à bat cette frustration qui les rongeaient depuis trop longtemps.

Après avoir étendu la couverture, Daevlyn s’approcha de nouveau de Raphaël en retirant son t-shirt de façon sensuelle et provocatrice. Les joues de Raphaël prirent une belle teinte colorée sous le regard amusé de Daevlyn qui laissa tomber son t-shirt tout en réduisant l’espace entre eux. Lorsqu’ils furent à une distance plus qu’intime, Raphaël s’empara avidement des lèvres de Daevlyn, souhaitant masquer sa gêne aux yeux de l’adulte et se rassurer dans ses choix.

Avidement, il posa ses mains sur le torse imberbe de son moniteur, caressant la peau nue et douce qui s’offrait ainsi à lui. Daevlyn recula et l’attira à lui, l’entraînant dans sa chute, amortie par le foin qui parsemait le sol. Raphaël se retrouva allongé sur Daevlyn en une position plus que suggestive qui le fit rougir violemment. L’appréhension avait fait place à la gêne, et Daevlyn sembla s’en rendre compte, car tendrement, il s’empara de nouveau de ses lèvres, avec l’intention de lui faire oublier son malaise.

Très vite, toute honte s’envola et Daevlyn entreprit de passer ses mains sous le t-shirt noir de l’adolescent. Lentement et avec une délicatesse extrême, ne souhaitant pas raviver des souvenirs douloureux dans l’esprit du jeune garçon, il le lui retira, puis s’empara de nouveau de ses lèvres, comme s’il souhaitait le rassurer. Raphaël était à présent complètement exposer au regard de l’adulte, sa peau zébrée de cicatrices plus ou moins anciennes, rendue encore plus pâle sous la clarté de la pleine lune. A présent, torse nu l’un contre l’autre, Ni Raphaël ni Daevlyn n’esquissait un mouvement pour s’éloigner de l’autre. Ils voulaient se toucher, explorer ce corps si attirant et tentateur. Raphaël sentit la chaleur de son corps augmenter prodigieusement au simple contact des mains de Daevlyn sur sa peau nue. Les yeux dans les yeux, le souffle court, plus rien n’existait pour les deux hommes hormis leur envie de sentir l’autre plus près, d’être consumé par les flammes de la passion et du désir.

D’un agile coup de rein, Daevlyn échangea leur position, faisant passer l’adolescent sous lui, l’exposant ainsi à ses moindres caprices, le dominant de toute sa taille. Raphaël tressailli de plaisir lorsque la main de son moniteur se posa sur son torse imberbe et le caressa un moment avant de reprendre sa course, descendant lentement mais irrémédiablement vers l’intimité du jeune garçon. Lorsque les lèvres de Daevlyn s’arrachèrent au baiser qu’ils échangeaient alors, Raphaël laissa s’échapper un soupir de protestation qui fut vite transformé en gémissement de plaisir lorsque la langue de l’adulte explora son cou  à la recherche de points sensibles. En entendant le gémissement plaintif qui avait émit, Raphaël se mit à rougir, avant de reporter son attention sur les caresses que lui prodiguait son moniteur.

Le silence de la nuit était troublé par les bruissements des tissus et les soupirs des deux hommes. Un murmure vient alors troubler cette sérénité, un murmure qui fit frissonner et troubla profondément Raphaël :

- Je t’aime Raphaël.

A ces mots, l’adolescent resserra son étreinte sur le corps de Daevlyn, l’attirant le plus possible contre lui. Il voulait se fondre en lui, ne faire qu’un avec cet homme qui lui offrait protection, tendresse et amour. Mais bientôt, les caresses de Daevlyn se firent de plus en plus intimes, s’approchant dangereusement de son entrejambe, et l’adolescent ne parvient pas cette fois-ci, à masquer la crainte qui s’emparait de lui. Il enfonça ses ongles dans les omoplates de l’adulte qui y vit là, un signe de détresse. Il stoppa alors tout mouvement, et prit possession des lèvres de l’adolescent, tentant de le rassurer à travers un baiser rempli d’amour et de tendresse. Cela eut l’effet attendu, car très vite, Raphaël se détendit, autorisant l’adulte à reprendre ce qu’il avait cessé quelques instants plus tôt.

La main de Daevlyn commença par effleurer l’entrejambe du jeune garçon, ne souhaitant lui apporter que du plaisir. Les doigts de l’adulte descendirent jusqu’à ses genoux, puis remontèrent lentement vers l’intérieur de ses cuisses, intensifiant les caresses à chaque centimètres. A chaque passage de ses mains sur son intimité, Raphaël sentait le désir augmenter rapidement en lui. La chaleur de son corps s’intensifia incroyablement tandis que la langue de Daevlyn se délectait de la peau fine et délicate de son cou. Les attouchements de l’adultes se faisait chaque fois plus érotiques et chargées de sensualité. Envahi par le plaisir, Raphaël perdait totalement le contrôle de son corps qui s’arquait sous les attentions de son moniteur, cherchant le contact de ses doigts brûlants.

Daevlyn savait parfaitement que Raphaël était prêt à aller plus loin, mais il voulait s’assurer qu’il ne le regretterait pas le lendemain. C’est pourquoi il stoppa toute action, arrachant un soupir de mécontentement à Raphaël.

- Tu es sûr Raphaël ?

L’adolescent ne prit même pas la peine de répondre. Oui… Oui il était prêt. Il était prêt à ce qui allait suivre, il était prêt à recevoir Daevlyn en lui… Il le voulait plus que tout au monde. Raphaël s’empara presque brusquement des lèvres de Daevlyn qui enhardi par la réaction de l’adolescent, accentua ses caresses sur son intimité, ravi de le sentir se durcir de plus en plus à chaque nouvelles caresses. Heureux de cette constatation, Daevlyn se mit en oeuvre afin de déboutonner le jean de son vis-à-vis. Il s’attaqua au premier bouton avec une lenteur infinie et les autres suivirent rapidement. Galvanisé par le plaisir que Daevlyn faisait naître en lui, Raphaël caressait sensuellement les hanches de son moniteur, toute conscience et pudeur envolées, il se laissait porter par la vague de bien-être et de désir qui s’emparait de lui.

Lorsque son pantalon fut entièrement déboutonné, Daevlyn le fit glisser le long de ses cuisses, et Raphaël noua ses bras autour du cou de l’adulte et se redressa afin de l’aider à le dévêtir entièrement. Leurs lèvres ne se quittaient plus comme soudées l’une à l’autre. La passion qu’ils mettaient dans leurs baisers trahissait le désir qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, leur envie de se fondre dans l’autre.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, l’adolescent se retrouva aussi nu que le jour de sa naissance. Raphaël se sentait vulnérable d’être ainsi exposé au regard appréciateur de Daevlyn, il sentait son regard dénué de pudeur contempler sans honte aucune, son corps ainsi mis à nu. Daevlyn l’embrassa tendrement afin de le rassurer, voulant lui montrer qu’il ne risquait rien. Une fois l’adolescent exempte de tous vêtements superficiels, Daevlyn le recoucha sur la couverture, à présent, le monde autour d’eux n’existait plus. La lune fut seul témoin de ce qui allait suivre.

Plus rien n’existait autour d’eux à part le corps de l’autre, plus rien n’avait plus d’importance que le plaisir et la passion qu’ils éprouvaient et l’envie de satisfaire ce désir qui parcourait leurs veines, inondant leurs reins d’une chaleur érotique. L’une des mains de Daevlyn s’attarda sur l’entrejambe du jeune garçon qui se cambra violemment sous cette caresse intime. Un gémissement s’échappa des lèvres entrouvertes de l’adolescent et son bassin se souleva à la rencontre de celui de l’adulte.

Raphaël ne se rendait pas compte du bruit qu’il faisait, ses gémissements étouffés par les bruits de la nuit, l’adolescent semblait avoir perdu tout contact avec la réalité. Son bassin se mouvait avec lenteur, semblant suivre un rythme que lui seul entendait. Un gémissement plus rauque que les autres lui échappa lorsque les lèvres de Daevlyn quittèrent les siennes et dévièrent au niveau de son cou pour descendre toujours plus bas, sur son torse pour arriver enfin aux portes de son intimité.

Au contact des lèvres de Daevlyn sur cette partie si sensible et si proche de la zone de tous ses plaisirs, Raphaël se tendit et glissant ses doigts dans les cheveux en bataille de son futur amant, il murmura d’une voix ou l’émotion se faisait ressentir :

- Daevlyn je…

Je quoi ?… Il ne savait même pas… Son esprit n’était plus là, monté trop haut, il refusait de redescendre avant d’avoir obtenu ce qu’il voulait. Tout son corps lui criait ce que son esprit avec déjà accepté… être prit par Daevlyn… Le sentir se mouvoir en lui, comme dans ses pensées les plus honteuses qu’il se refusait à s’avouer. Combien de fois avait-il rêvé de ce moment ? Combien de fois avait-il espéré que Daevlyn aille plus loin lors de leurs moments intimes ?

- Chuuuut, chuchota Daevlyn.

Des murmures, des chuchotements, rien qui puisse venir troubler cet instant unique qui n’appartenait qu’à eux seuls.

Les caresses manuelles de Daevlyn furent alors remplacées par la douceur et la sensualité de sa langue. A ce contact, Raphaël se cambra violemment, retenant à grand peine un cri du pur plaisir charnel. Jamais il n’avait connu de telles sensations. Jamais il n’aurait cru éprouver un tel plaisir un jour… Le plaisir charnel et les joies de l’amour… oui l’amour, cela n’avait rien à voir avec le sexe… ce qu’il vivait à l’instant n’était en rien ces séances de baise imposées par son père, non, c’était là la plus belle chose qui lui était arrivée jusqu’à présent.

La sensibilité de l’adolescent était poussée à l’extrême, Daevlyn s’activait à lui faire découvrir des sommets encore jamais atteints.  A la caresse de sa langue, il y ajouta celle de sa main, exerçant ainsi des va et viens plus intenses, arrachant de nouveau des gémissements à l’adolescent qui semblait de moins en moins parvenir à les étouffer. Alors qu’il arrivait aux portes de la jouissance, il retira ses mains des cheveux trempés de sueur de son moniteur, souhaitant le laisser libre de s’arrêter. A la grande surprise de Raphaël, au lieu de le finir à la main, Daevlyn le suça avec plus d’ardeur qu’il le faisait déjà. Raphaël se libéra dans un cri de jouissance, les mains crispées sur la couverture. Le souffle court, les joues rosies par le plaisir qu’il venait d’éprouver, Raphaël n’eut pas le temps de se remettre de son orgasme que déjà Daevlyn s’emparait avidement de sa bouche, réquisitionnant sa langue afin de lui faire partager le fruit de leur plaisir.

Le sentant d’éloigner de lui après un baiser des plus passionnés, Raphaël ouvrit alors les yeux qu’il n’avait pas eut conscience de fermer et son regard améthyste se plongea dans celui couleur émeraude son amant. Il le regarda de façon intense, faisant passer toutes ses émotions et tous ses sentiments qu’ils n’osaient pas avouer à travers ce simple regard. Un regard rempli de remerciements, de tendresse et de profonde affection. Tendrement, Daevlyn lui répondit par un sourire tendre, ne souhaitant pas briser la magie du moment. Sans détourner le regard, Daevlyn amena deux doigts à sa bouche, qu’il lécha de manière provocatrice. Il les humidifia longuement, sans quitter Raphaël des yeux. L’adolescent s’empourpra sous le regard chargé de sous-entendus que lui adressait l’adulte qui s’approcha à quelques millimètres de la bouche de l’adolescent. La respiration de Raphaël s’accéléra sous l’excitation et l’appréhension de ce qui allait suivre. Fixant toujours les prunelles améthystes de son vis-à-vis dans lequel il pouvait y lire la crainte qu’éprouvait Raphaël à cet instant, Daevlyn l’embrassa plusieurs fois en signe d’apaisement.

Quand il sentit le premier doigt s’insinuer en lui avec hésitation, Raphaël se tendit automatiquement, appréhendant la douleur à venir. Souhaitant le rassurer et lui offrir une nouvelle première fois parfaite, Daevlyn l’embrassa afin de le détendre et de détourner son attention de la douleur. Bientôt, Raphaël se détendit sous les vas et viens  experts de Daevlyn, allant jusqu’à lui caresser le dos et les fesses, passant ses mains dans le jean encore présent de son moniteur.

Lorsqu’il le sentit prêt, l’adulte insinua un second doigt en lui, étirant ses muscles au maximum à l’aide d’un lent et ample mouvement de ciseaux.

Tout le temps que dura la préparation de l’adolescent, leurs lèvres ne se séparèrent que le temps nécessaire qu’il leur fallait pour reprendre leur souffle. Quand il jugea avoir suffisamment préparé son jeune amant, Daevlyn retira ses doigts de l’intimité de Raphaël qui émit un gémissement de protestation et entreprit de dégrafer son propre jean devenu trop étroit à cause de son érection douloureuse. Avec sensualité, Daevlyn retira son pantalon et son boxer et se retrouva nu et offert au regard de l’adolescent qui, malgré sa gêne observa en détails le corps de son vis-à-vis.

Daevlyn reporta son attention sur le visage de l’adolescent et le regarda dans les yeux. Un air sérieux avait momentanément remplacé le désir dans les yeux émeraude. Il voulait être sûr, c’était le moment où jamais de tout arrêter, après il serait trop tard. Ils s’apprêtaient tous deux à franchir le point de non-retour et Daevlyn voulait s’assurer que Raphaël ne le regrette pas. Raphaël se contenta d’hocher la tête en guise de réponse à la question muette de son moniteur, et écarta les jambes en une invitation explicite. L’adulte embrassa chaque recoins du visage de l’adolescent, passant par son cou pour ensuite remonter à la commissure de ses lèvres, souhaitant le détendre et le rassurer le plus possible avant le moment ultime.

Lorsqu’il le jugea prêt, Daevlyn prit place entre les jambes du jeune homme offert à lui et releva une de ses jambes qu’il plaça sur son épaule. Quand enfin, Daevlyn le pénétra, Raphaël émit un cri de douleur que Daevlyn étouffa en l’embrassant tendrement, comme s’il souhaitait se faire pardonner de la douleur occasionnée mais cependant inévitable. Lentement, il s’insinua en lui, lui murmurant à l’oreille des mots rassurants. Une fois totalement en lui, Daevlyn s’arrêta un moment afin de laisser l’adolescent s’habituer à sa présence. Si au début Raphaël grimaça de douleur, celle-ci fut bien vite remplacée par des vagues de plaisir lorsque Daevlyn entama un lent et ample mouvement du bassin.

Raphaël laissa alors s’échapper un gémissement de plaisir, toute gêne semblant avoir disparu, il savourait la présence de Daevlyn en lui. Il avait tellement attendu cet instant qu’il avait encore du mal à croire que ce qu’il vivait était bel et bien réel.

Galvanisé par les gémissements plaintifs que poussaient Raphaël, Daevlyn accéléra la cadence, s’enfonçant encore plus profondément en lui. Raphaël ne retenait plus les cris de plaisir qui s’échappaient de sa gorge à chaque fois que Daelvyn le faisait sien toujours un peu plus passionnément. Alors que les vas et vient de l’adulte se faisaient plus profonds et rapprochés, Raphaël souleva son bassin pour aller à sa rencontre, ondulant ses hanches au même rythme que lui imposait son moniteur. Epuisé par l’effort,  mais grisé par les sensations que lui faisait ressentir Daevlyn, Raphaël avait de plus en plus de mal à suivre le rythme, il s’agrippait alors au dos de son amant, le griffant involontairement à chaque coup de bassin plus violent que les précédents.

Les larmes perlant au coin des yeux, Raphaël savourait l’idée d’appartenir enfin entièrement à Daevlyn, mentalement, il le remerciait de l’avoir lavé de ses souillures passées, même s’il aurait souhaité se donner entièrement pur et offrir son innocence à Daevlyn. Daevlyn prit possession de ses lèvres et l’embrassa passionnément, puis, dans un ultime coup de rein, ils jouirent en même temps, dans un gémissement rauque. Daevlyn se libéra dans les entrailles de l’adolescent qui se cambra violemment une dernière fois, lorsqu’il sentit le fluide vital de son moniteur se répandre en lui.

Délicatement, Daevlyn se retira de lui et l’adolescent pu sentir comme un regret, comme s’il le faisait contre son gré, avant de s’étendre à ses côtés. A peine Daevlyn allongé, Raphaël se lova dans les bras de l’adulte, envahi par un bien être et une plénitude qu’il n’aurait jamais cru ressentir. Enlacés, ils tentaient difficilement de retrouver une respiration calme et régulière. Raphaël tentait tant bien que mal de repousser le sommeil qui s’emparait lentement de lui. Le silence les entourait, et l’esprit encore un peut ailleurs, Raphaël songeait à la soirée qu’ils venaient de passer. Jamais Raphaël n’aurait cru que se donner à l’être aimé puisse être aussi beau. Comme pour s’assurer qu’il ne rêvait pas, il posa sa main sur le torse de l’adulte, et se laissa bercer par la respiration encore haletante de Daevlyn qui se remettait lentement de l’effort physique qu’il venait de faire et du plaisir qu’il avait éprouvé.

Dans un état comateux, Daevlyn tourna la tête vers l’adolescent et replaça une mèche rebelle derrière son oreille et l’embrassa délicatement sur le front avant d’attraper la couverture et de les couvrir afin qu’ils ne prennent pas froid.

Sous la lueur astrale, deux corps blottis l’un contre l’autre s’endormirent peu de temps après, épuisés par les évènements et leurs récents ébats amoureux.

Au petit matin, Raphaël eut la désagréable surprise d’être réveillé par un petit courant d’air froid venu se glisser opportunément sous la couverture. Dans son sommeil, il frissonna avant de se coller un peu plus près de la source de chaleur que représentait le corps de Daevlyn, tout en s’emparant de la couverture qu’il remonta par-dessus sa tête en grognant des paroles incompréhensibles. La tête reposant sur le torse de Daevlyn, Raphaël se laissait bercer par les battements réguliers du cœur de son moniteur, un petit sourire heureux étirant faiblement ses lèvres. Une chaleur humide vient alors se poser avec une extrême délicatesse sur ses lèvres et un souffle chaud lui caressait le visage tandis que des mains vagabondes se frayaient un passage le long du  dos du jeune garçon encore à moitié endormie. Un frisson de plaisir parcourut l’échine de Raphaël tandis qu’une douce chaleur s’emparait de lui. Il poussa un soupir de plaisir et se lova un peu plus contre son moniteur, à la recherche de sa chaleur bienfaitrice. Un doux murmure s’éleva alors à ses oreilles :

- Bonjour mon Ange… bien dormis ?

Rechignant à l’idée d’ouvrir les yeux, Raphaël se contenta d’hocher lentement la tête en guise de réponse et leva son visage, quémandant son baiser du matin à son amant. Celui-ci sourit à la vue du spectacle attendrissant qu’offrait l’adolescent à son réveil et effleura tendrement ses lèvres en un fugace baiser. Raphaël émit un gémissement de protestation et, à contrecœur, il ouvrit les yeux et fusilla Daevlyn du regard lorsqu’il s’aperçut que ce dernier retenait difficilement un éclat de rire.

Dans un élan de grande maturité, Raphaël lui tira la langue et s’enfoui sous la couverture, un air faussement vexé étirant les traits de l’adolescent. Daevlyn éclata de rire face à la réaction de son jeune amant, ne s’attendant pas vraiment à un tel comportement de sa part, et s’engouffra à son tour sous la couverture à la recherche des lèvres si tentatrices de Raphaël. Cependant, l’adolescent ne l’entendait pas de cette façon, et lorsque Daevlyn s’apprêta à l’embrasser, au dernier moment il détourna la tête avant de reporter son attention sur son moniteur, ses yeux couleur pierre précieuse pétillants d’une lueur malicieuse.

Puis lassé de ce jeu et en manque du goût des lèvres de Daevlyn, Raphaël s’en emparant tendrement, ses yeux ayant perdu toute trace d’amusement. Daevlyn répondit au baiser avec tout l’amour et la tendresse dont il était capable. C’est comme si chacun de leur côté, ils voulaient faire comprendre à l’autre ce qu’ils n’arrivaient pas à exprimer par des mots. Parfois les gestes valent mieux de des paroles inutiles…

Après un long et sensuel baiser, Raphaël s’écarta de son moniteur et replongea sa tête dans son cou :

- Bonjour…

Daevlyn lui sourit et lui caressa tendrement les cheveux. Raphaël se sentait bien, en sécurité. Une sensation de plénitude et de satisfaction le faisait se sentir bien. Il prit appuis sur ses coudes et plongea son regard dans les émeraudes de son vis-à-vis, il ajouta dans un murmure, ne souhaitant pas briser le calme et la sérénité de cet instant si particulier et important aux yeux de l’adolescent :

- Daevlyn je… merci… merci pour la patience dont tu as su faire preuve avec moi… merci pour tout ce que tu as fait… et euh… merci pour hier soir…

Daevlyn le fit taire d’un baiser. Dans ce genre de situation, les mots étaient obsolètes, car le corps parlait à leur place, et ne laissait aucune place au doute ou à l’hésitation.

- Chuuut… murmura Daevlyn, ce que tu n’arrives pas à dire, ton corps l’exprime d’une autre manière…

A ces mots, ils s’empara de nouveau des lèvres de Raphaël, réquisitionnant sa langue pour un baiser des plus sensuels à travers lequel il fit passer tous les sentiments et l’amour qu’il ressentait pour l’adolescent. Jamais encore Raphaël n’avait ressentit autant de sensation dans un baiser et l’intensité de celui-ci le fit défaillir. Leurs langues se cherchaient et s’enlaçaient comme l’étaient leur corps, mettant leur âme à nu.

C’est Daevlyn qui mit lentement fin au baiser, par obligation plus que par envie. Ils restèrent encore quelques minutes enlacés dans les bras l’un de l’autre avant que Daevlyn ne s’arracha à contrecœur de l’étreinte de Raphaël en lui expliquant ses motivations :

- Ca va bientôt être l’heure de réveiller tout le monde. Il faut regagner nos chambres respectifs avant que quelqu’un ne nous surprenne.

Les yeux de l’adulte dévièrent sur le corps mis à nu de l’adolescent offert à son regard, le détaillant éhonteusement, s’attardant sur la moindre parcelle de peau visible. Raphaël de son côté, ne se gênait pas non plus pour observer son moniteur s’habiller à la hâte. Une fois vêtue, Daevlyn  attrapa les vêtements de Raphaël dispersés un peu partout autour d’eux et les lui amena, lui volant un rapide baiser au passage, et laissant ses mains parcoururent le corps de l’adolescent.

Cependant, sentant le désir monter en lui, il s’éloigna de Raphaël et lui murmura :

- On se rejoint au réfectoire, ne traîne pas trop.

Après quoi, il l’embrassa furtivement et lui caressa tendrement la joue avant de le laisser seul. Lorsqu’il fut sûr d’être seul, Raphaël s’autorisa un profond soupire de soulagement. Il se retourna et s’allongea sur le dos, les bras en croix, les yeux rivés au plafond, il souriait bêtement.

Il avait l’impression d’être dans un rêve. Jamais il n’avait connu autant de tendresse et de douceur. Cela lui faisait presque peur… Un tel bonheur pouvait-il réellement durer ? Etait-ce ce que l’on appelait plus communément “le calme avant la tempête” ? A cette pensée, Raphaël sentit son cœur se serrer. Cependant, il voulait profiter pleinement de cette journée qui avait si bien commencé. Refoulant au fond de lui ce mauvais pressentiment, il finit par se lever afin de s’habiller. C’est avec beaucoup de difficultés qu’ils enfila ses vêtements. Avisant son entrecuisse souillée, il rougit violemment à ce souvenir et se hâta de rejoindre sa chambre afin d’aller prendre une douche amplement méritée.

Quand il arriva, les dortoirs étaient encore endormis. Il en déduit que Daevlyn devait être en train de prendre sa douche et hésitant à aller le rejoindre, Raphaël fini par renoncer à cette idée. C’était bien trop dangereux. Il fit un saut rapide dans sa chambre le temps d’attraper son nécessaire de douche et des vêtements propres puis fila dans la salle de bain, d’où il ne ressortit qu’un long moment plus tard.

Comme convenu, Daevlyn retrouva Raphaël à l’entrée du réfectoire. Après une nuit d’amour dans les bras de son moniteur, c’était une torture pour l’adolescent de ne pouvoir s’emparer à sa guise des lèvres de Daevlyn et de se contenter seulement de quelques effleurements provoqués de leurs doigts et quelques sourires.

Lorsqu’ils eurent terminé de prendre leur petit déjeuner, Daevlyn envoya Raphaël nourrir Amaranth, lui demandant par la même occasion de sortir Diamond Dust, prétextant une chose importante à faire. Raphaël acquiesça d’un hochement de tête et lui offrit un sourire radieux avant de s’éclipser.

Ce n’est qu’une bonne vingtaine de minutes plus tard que Raphaël vit avec joie Daevlyn revenir. Il accourut à sa rencontre et avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que se soit, Daevlyn déclara :

- Tu peux continuer à t’occuper d’Amaranth… Sébastien à donner son autorisation.

A ses mots, le cœur de Raphaël se serra dans sa poitrine. Sébastien… Il en était presque arrivé à l’oublier depuis la veille, et voilà qu’il refaisait surface, venant ruiner sa journée. Cependant, la joie de ne pas avoir à se séparer d’Amaranth l’emporta sur sa peine. L’éclair de tristesse qui avait traversé ses prunelles améthystes quelques instants plus tôt n’était plus qu’un lointain souvenir. Au comble du bonheur, Raphaël voulu embrasser Daevlyn afin de lui montrer sa gratitude. Il lui sauta dans les bras et s’apprêtait à prendre possession de ses lèvres lorsque Daevlyn tourna la tête en déclarant :

- Tu as mal attaché Diamond Dust, regard, son nœud se défait.

A ces mots, il s’arracha à l’étreinte de Raphaël sans un seul regard pour lui et alla refaire le nœud de la longe de l’animal. Les yeux de l’adolescent se mirent à briller dangereusement, signe incontestable que les larmes n’étaient pas loin.

Cependant, il se refusa à se laisser gagner par les larmes. Il les refoula discrètement et rejoignit son moniteur.

Toute la matinée se déroula dans cette même ambiance. Une certaine distance s’était installée entre eux, malgré les tentatives de Raphaël pour approcher son moniteur. Fatigué d’être ignoré ainsi par l’homme qui disait l’aimer, Raphaël décida d’arrêter de tenter de le décongeler et se concentra sur sa leçon d’équitation.

L’après midi se déroula de la même façon et lorsque la leçon prit fin, Daevlyn prit congé de Raphaël et s’éclipsa, le laissant seul avec ses doutes, sa tristesse et ses interrogations.

A l’heure du repas, Raphaël attendit Daevlyn devant le réfectoire, afin qu’ils mangent ensemble comme ils le faisaient depuis quelques jours. Cependant, Daevlyn ne vint pas. Blessé par le comportement de son moniteur, Raphaël quitta les lieux sans même avoir manger et alla s’enfermer dans sa chambre.

Il était minuit passé et Raphaël n’arrivait pas à trouver le sommeil. Trop de choses le tracassaient et il avait l’estomac noué. Il lui manquait quelque chose, une chaleur humaine. Il voulait Daevlyn… N’y tenant plus, il se leva de son lit et quitta sa chambre sur la pointe des pieds. Arrivé devant la porte de la chambre de Daevlyn, il frappa trois coups légers et entra sans attendre la réponse. Il sourit en voyant que l’adulte ne dormait pas, cependant, lorsqu’il prit la parole, Raphaël sentit son sang se glacer d’effroi :

- Qu’est ce que tu fais là ? Retournes dans ta chambre, tu n’as rien à faire ici !

Si Raphaël fut profondément blessé par les paroles si froides et impersonnelles de son moniteur, il n’en laissant rien paraître. Lentement, d’une démarche féline et provocante, il s’approcha du lit de Daevlyn, et l’enjamba, afin de s’asseoir sur ses cuisses. Lascivement, il ondula son bassin guettant une quelconque réaction de la part de son moniteur. Cependant, Daevlyn resta stoïque et alors que Raphaël allait l’embrasser, il le repoussa si violemment que Raphaël faillit tomber du lit.

- Sors de là ! Je ne te le répèterais pas une troisième fois !

Cette attitude de la part de Daevlyn fit l’effet d’un coup de poing en pleine figure à l’adolescent. Lentement, il se releva et lança un regard écœuré à Daevlyn, sans pouvoir retenir les larmes qui perlaient au coin de ses yeux. Ces larmes n’échappèrent pas à Daevlyn qui pourtant ne fit aucun mouvement en direction de Raphaël. Le jeune garçon se releva et alors qu’il s’apprêtait à quitter, sans se retourner, il murmura :

- Je te déteste…

Puis il quitta la chambre sans attendre une seconde de plus. Il voulait partir loin… mettre le plus de distance possible en lui et cet homme qui l’avait trahit. Raphaël se sentait mal… il se sentait vraiment mal… il se précipita aux toilettes et vomi le peu que contenait son estomac. Son corps était parcourut de spasmes et des contractions violentes à l’estomac le faisait se plier en deux de douleur. Un gémissement de souffrance s’échappa de ses lèvres entrouvertes et de nouveau, il se pencha au-dessus de la cuvette, vomissant de la bile qui lui brûlait la gorge.

Raphaël ne pourrait dire combien de temps il passa aux toilettes. Les contractions de son estomac ne se calmaient pas, et bien qu’il n’ai plus rien à rendre, il était toujours en proie aux hauts le cœur.

Pourquoi Daevlyn l’ignorait-il ainsi ? Pourquoi était-il soudain si froid envers lui ? Etait-ce parce qu’il avait eut ce qu’il voulait ? A cette pensée les vomissements de l’adolescent reprirent de plus belle. S’était-il joué de lui ? Se jouait-il de lui depuis le début ? Après tout, qu’est-ce qui lui prouvait qu’il n’était pas comme tous les autres ? Maintenant qu’il l’avait mis dans son lit allait-il le laisser tomber et l’abandonner ? Etait-ce la vérité ? Daevlyn s’occupait-il de lui seulement pour avoir son cul ? Et maintenant qu’il l’avait baisé, il le délaissait… Agissait-il ainsi avec tous ses amants ? Une fois qu’il les baisaient-ils les larguaient et les ignoraient ? Mais pourtant, il n’avait pas rêvé… Il avait pourtant sentit la tendresse qui se dégageait de l’adulte lorsqu’il l’avait baisé… l’avait-il seulement baisé comme une vulgaire pute ? Raphaël n’était pas convaincu… On ne baisait pas quelqu’un avec autant de douceur et de tendresse… il le savait plus que quiconque… Non… Cette nuit là, Daevlyn lui avait bel et bien fait l’amour… Mais alors pourquoi un si soudain revirement de situation ? N’avaient-ils pas vécu assez de situations délicates et difficiles pour ne pas avoir enfin droit au bonheur ? Raphaël n’en était pas convaincu…

Ce ne fut que bien des heures plus tard qu’il s’endormit d’un sommeil agité de cauchemars, la tête pleine de questions restées sans réponses.

Le lendemain matin quand Daevlyn vint pour réveiller l’adolescent, il eut la surprise de trouver la porte verrouillée. Il frappa quelques coups afin de faire savoir à l’adolescent qu’il était l’heure de se lever, mais face au manque de réponse, il n’insista pas et retourna à ses préoccupations.

Quand Raphaël consentît enfin à sortir de sa chambre, il était déjà tard dans l’après-midi. Il avait passé la moitié de la journée à dormir, tentant tant bien que mal de récupérer le sommeil qui lui manquait. La première chose qu’il fit en sortant, c’est aller prendre une douche, puis il alla nourrir Amaranth. Il en profita pour passer un peu de temps avec le poulain qu’il avait un peu délaissé ces derniers temps. Il lui parla longuement, lui racontant ses rêves et ses espoirs, ses doutes et ses craintes. Raphaël, ne, pouvait plus de cette situation. Il se sentait humilié d’un tel rejet et ne l’acceptait pas. Il y avait quelque chose d’anormal là dessous, et il compatit bien découvrir quoi !

Déterminé, il se leva avec la ferme intention d’aller s’expliquer avec Daevlyn. La déception avait fait place à la colère et rien ni personne ne l’empêcherait d’aller lui parler.

D’un pas rapide, il se dirigea vers les bâtiments, se doutant de l’endroit où il pourrait trouver Daevlyn. Il frappa trois petits coups rapides à la porte et comme cette nuit, il n’attendit pas la réponse avant d’entrer. Le spectacle qui l’y attendait le laissa figé d’horreur. Son cœur loupa plusieurs battements avant de reprendre une course effrénée. Une tristesse et une haine sourde s’empara alors de lui. Il baissa les yeux afin de cacher ses larmes et quand il releva la tête, ses magnifiques yeux améthystes n’étaient plus. A la place, deux onyx brûlaient d’une lueur inquiétante et destructrice.

Une haine sans limites embrasait les yeux d’Asiel. D’une démarche lente et assurée, il s’approcha du lit sur lequel Sébastien s’apprêtait à prendre Daevlyn. Un éclat de tristesse brillait dans les yeux de Daevlyn, ce qui augmenta considérablement le désir de tuer qui envahissait Asiel.

Tel un félin qui bondit sur sa proie, Asiel se jeta sur Sébastien si violemment qu’ils se retrouvèrent au sol. Prenant le dessus, Asiel s’assit sur le bassin de Sébastien, l’empêchant de bouger et ses mains se crispèrent autour de son cou en une étreinte mortelle.

Plus Sébastien se débattait, plus Asiel resserrait l’étreinte autour de son cou. Il semblait déterminé et rien ni personne ne pouvait l’arrêter. Reprenant ses esprits, Daevlyn s’écria :

- Raphaël ! Arrêtes, tu vas le tuer…

Asiel se tourna brusquement vers Daevlyn et lui lança un regard assassin. A la vue des yeux noirs de l’adolescent, Daevlyn en frémit d’horreur. Bien qu’il y était un peu habitué, le regard d’Asiel le mettait mal à l’aise. Il semblait lire en lui comme dans un livre ouvert.

Sébastien commençait à étouffer. Dans peu de temps il serait mort. Asiel reporta son attention sur lui et se pencha en avant, lui murmurant à l’oreille :

- Touche encore une fois Daevlyn, pose une seule fois le regard sur lui et tu es mort… Et souviens-toi ! Je ne suis pas toi… Tu peux être sûr que je tiens mes promesses…

Sébastien hocha vigoureusement la tête en signe d’approbation et inspira longuement lorsque les mains d’Asiel se détachèrent de son cou. Sans demander son reste, Sébastien s’enfuit de la chambre laissant Daevlyn seul avec Asiel.

Après quelques instants de silence pesant, Daevlyn qui s’était habillé entre temps déclara :

- Fais revenir Raphaël…

- Je t’avais prévenu Daevlyn, le coupa Asiel d’une voix tranchante. Ne refais JAMAIS souffrir Raphaël ! Tu as choisi de ne pas m’écouter, à toi d’en subir les conséquences. Raphaël ne veut pas revenir. Il a besoin de faire le point avec ses sentiments. Il ne reviendra pas… et s’il choisit de revenir, je ferais tout pour t’empêcher de le faire souffrir davantage…

Mourir pour revivre - Chapitre 27

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 27 écrit par Shinigami

A peine Raphaël eut-il achevé de poser sa question, que déjà il regrettait de l’avoir posée. Comment Daevlyn allait-il réagir ? Allait-il rire de son ignorance ? Allait-il comprendre ce manque affectif qui le rendait si vulnérable ? Comprendrait-il sa demande, son besoin de se sentir aimer ? Comprendrait-il que depuis trop longtemps Raphaël rêve d’amour et d’idyllie parfaite et qu’il crève de ne recevoir que des coups… Comprendrait-il son envie de découvrir un autre monde, un monde ou la peur et la souffrance n’existent pas, un monde Amour et Bonheur sont rois… Il rêvait d’une vie où Daevlyn serait son univers, où ses bras seraient un havre de paix dans lequel il trouverait réconfort et sécurité…  Il se nourrirait de ses baisers et se réchaufferait à la chaleur de son corps… Raphaël se gifla mentalement, tout ceci n’existait que dans ses rêves…

Il revient à la réalité en sentant une main de Daevlyn prendre place sur sa nuque et reporta son attention sur le visage de l’adulte. Ce qu’il y vit lui réchauffa le cœur Daevlyn souriait… Il lui souriait… Pas un sourire conventionnel comme on en distribue à qui en veut, non, un sourire empli d’une tendresse et d’un amour incalculable. L’adulte l’attira à lui avec une délicatesse toute spéciale et lui déposa un léger baiser sur les lèvres en guise de réponse. A cet instant précis, le cœur de Raphaël débordait d’une joie sans limites.

Satisfait et heureux comme jamais; l’adolescent se recoucha tout contre la source de chaleur bienfaitrice qu’était le corps de Daevlyn et ce dernier mit à bas les derniers centimètres qui les séparaient encore en attirant Raphaël toujours plus près contre lui. Le jeune garçon posa la tête sur son bras et inspira longuement, s’imprégnant de l’odeur si particulière que dégageait son moniteur. Daevlyn lui caressa tendrement la joue et Raphaël fini par s’endormir sous l’afflux de bien être qui l’envahissait et bercé par la respiration calme et régulière de son vis-à-vis. Apaisé lui aussi, Daevlyn finit par s’endormir à son tour.

Lorsque Raphaël se réveilla le lendemain matin, c’était avec la sensation que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Encore dans les limbes du sommeil, il se colla à la source de chaleur, enfouissant son visage dans le cou de Daevlyn. Cependant, un élément sembla faire tilt dans son esprit car il se redressa soudainement, parfaitement réveillé. Il fut d’abord surpris de trouver son moniteur endormis dans son lit, mais la scène de la veille lui revint en mémoire, et un sourire niais illumina son visage encore endormis. Allongé sur le côté gauche, il prit appuis sur son coude et observa attentivement les traits endormis de Daevlyn. La respiration régulière de l’adulte informa Raphaël qu’il dormait encore profondément. Un air apaisé détendait son visage si gracieux. Jamais encore Raphaël n’avait réellement prit le temps de dévisager minutieusement son moniteur. Seulement, depuis que celui-ci lui avait avoué son amour, l’adolescent posait sur lui un nouveau regard. Il se surprit à admirer les courbes de ses lèvres et la ligne droite de son nez. il observa longuement ses yeux en amandes et ses longs cils. Plongé dans la contemplation de Daevlyn, il ne vit pas tout de suite que l’adulte le regardait, un sourire tendre sur les lèvres. Lorsqu’il sentit le regard vert de Daevlyn posé sur lui, Raphaël baissa les yeux, et quand leur regard se croisèrent, il ne put s’empêcher de rougir violemment. Alors qu’il s’apprêtait à s’écarter, Daevlyn le retient en passant une main sur sa nuque et lentement, il l’attira à lui et lui vola un chaste baiser. Après quoi, Raphaël s’écarta, visiblement gêné. Daevlyn semblait avoir oublié qu’il n’avait jamais connu de réveils en douceur, et encore moins avec une personne dans son lit. Pas que cela le dérangeait, au contraire, seulement, il n’avait pas l’habitude. Face au trouble de l’adolescent, Daevlyn déclara en souriant :

- Bonjour !

- Bonjour ! répondit Raphaël un maigre sourire étirant ses lèvres, malgré qu’il se sentait affreusement gêné.

Il ne savait pas quoi faire. Est-ce que Daevlyn attendait un geste particulier de sa part ? Y avait-il une tradition ou une coutume particulière lorsque deux personnes se réveillent dans les bras l’une de l’autre le matin ? Tandis que les questions commençaient à affluer dans l’esprit pas encore tout à fait vivace de l’adolescent, Daevlyn se leva afin de préparer et Raphaël fit de même, remerciant mentalement l’adulte pour son initiative. Chacun de leur côté, ils firent ce qu’ils avaient à faire et Raphaël alla prendre sa douche avant d’aller nourrir Amaranth. Il eut la surprise d’arriver au réfectoire en même temps que son moniteur et remercia la providence. Depuis son retour de l’hôpital, se rendre au self était devenu pour lui la pire des corvées. Supporter toute la soirée les regards et les rires moqueurs ou dédaigneux des autres adolescents le faisait énormément souffrir. Même si l’adulte ne pouvait rien faire pour l’aider à surmonter ces moqueries, sa présence soulageait grandement le jeune garçon qui sentait comme un poids s’échapper de son cœur à chaque regards ou sourires encourageants que lui adressait l’adulte.

Alors qu’ils déjeunaient ensemble, Daevlyn déclara subitement :

- Raphaël, je dois me rendre quelque part aujourd’hui. Si tu souhaites rester ici à te reposer, je demanderais à Sébastien de veiller sur toi.

Aux derniers mots de Daevlyn, l’adolescent le regarda apeuré. Non, il ne voulait pas rester avec Sébastien. Pour rien au monde il ne resterait avec quelqu’un d’autre que Daevlyn. Il ne pouvait et surtout ne voulait pas être séparer de lui ne serait-ce qu’un seul instant. Daevlyn se sentit alors obligé d’ajouté :

- Raphaël, je vais quand même te dire où je dois aller. Je vais au cimetière, voir mon frère. Tu veux toujours venir  même en sachant cela ?

La première phrase de l’adulte fit mal à Raphaël. Bien sûr, il comprenait parfaitement que celui-ci ait besoin de se recueillir sur la tombe de son frère, mais étrangement, le cœur de Raphaël se serrait à l’idée qu’il puisse encore l’aimer, qu’il ne puisse vivre sans regarder sans cesse dans le passé.

Le moniteur sembla remarquer la bourde qu’il avait faite et le trouble de l’adolescent car il s’empressa d’ajouter :

- Je pense qu’il vaut mieux que tu restes là. Je suis désolé de t’avoir proposé cela, c’était égoïste de ma part.

Raphaël n’osait pas regarder Daevlyn. Il ne voulait pas qu’il lise dans son regard la douleur qu’il avait éprouvée à la mention de son frère. Les yeux rivés sur son bol de chocolat chaud, Raphaël hésitait. Pourquoi Daevlyn lui avait-il implicitement demandé de l’accompagner ? Pourquoi avait-il besoin de lui ?

Chassant ses pensées, il releva la tête et déclara avec un sourire qui se voulait enjoué :

- Non, je veux venir avec toi.

- Je ne veux pas que tu te forces, déclara Daevlyn en redressant la tête.

- Je viens avec toi, insista Raphaël avec plus de conviction.

Oui, il irait avec lui, qu’il le veuille ou non. Il se doutait que se rendre au cimetière où reposait son frère devait être une épreuve pour son moniteur et il ne l’abandonnerait pas. Il resterait à ses côtés, comme le faisait Daevlyn pour lui. A deux, ils pouvaient se soutenir mutuellement alors que tout seul, une fois qu’on est à terre, c’est dur de se relever. Même s’il ne savait pas quoi faire, ni choisir les mots qu’il fallait pour le réconforter, il espérait que sa présence lui suffirait.

Daevlyn lui souffla un simple “merci”, mais ce mot fit renaître le sourire de Raphaël. Daevlyn venait de lui avouer qu’il avait besoin de lui, tout comme lui avait besoin de Raphaël, et rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Il avait enfin l’impression d’être utile à quelqu’un pour ce qu’il était réellement, et non pas comme un jouet que l’on dispose selon son humeur.

Ils terminèrent de déjeuner en silence, puis avant de quitter le réfectoire, Daevlyn annonça à Raphaël qu’il allait s’entretenir un instant avec Sébastien afin de lui faire savoir qu’il l’emmenait avec lui. Ils convinrent de se retrouver devant l’entrée du bâtiment et Raphaël profita du temps libre qu’il avait devant lui pour aller passer un moment avec Amaranth. Le poulain lui avait beaucoup manqué pendant les jours précédents.

Après quelques minutes, Raphaël se dirigea vers l’entrée du bâtiment ou il devait rejoindre son moniteur. Croyant être en retard, il se mit à courir, et soupira de soulagement lorsqu’il s’aperçut que Daevlyn n’était pas encore là.

Tout le trajet se déroula dans un silence de mort. Au fur et à mesure que le paysage défilait sous ses yeux, Raphaël sentait l’angoisse de Daevlyn augmenter proportionnellement. Quand il sentit le stress de l’adulte arrivé à son apogée, il en déduit qu’ils ne devaient plus être très loin du cimetière. La tension dans la voiture était à couper au couteau, pourtant Raphaël ne fit aucun commentaire. Il savait à quel point c’était difficile d’affronter son passé.

Quelques instant plus tard, Daevlyn garait la voiture devant un mur d’enceinte en haut duquel dépassaient de grosses croix de pierre blanche.

Daevlyn soupira longuement puis, se tournant face à l’adolescent, il lui demanda :

- Je… Est ce que tu veux bien m’attendre là, j’ai besoin d’être seul pour…

- Je comprends. Je t’attends là. Je te promets, je serais là à ton retour, répondit Raphaël sur un ton apaisant.

Il regarda Daevlyn sortir de la voiture et le suivit du regard aussi longtemps qu’il le put. Raphaël était déçut. Bien sur ce n’était en rien la faute de Daevlyn, il ne pouvait pas le savoir, mais le jeune garçon aimait beaucoup ces havres de paix qu’étaient les cimetières. Il aimait se promener le long des allées, appréciant le silence reposant de ces lieux de recueillement, se laissant gagner par la mélancolie qui habitait son âme. Il appréciait les ténèbres et le froid humide des mausolées et l’esthétique des tombes anciennes. Il se sentait bien parmi les morts, leur présence rassurante apaisait les souffrances de son âme.

Les yeux toujours rivés sur les pierres tombales qu’il apercevait de là où il était, il songeait à Daevlyn. Comment allait-il ? Que faisait-il ? Tant de questions qui le hantaient et malgré le temps qui s’écoulait inlassablement Daevlyn ne revenait pas. Raphaël vit un couple sortir du cimetière et refermer le portail derrière eux. Machinalement, il les suivit du regard sans plus d’intérêt, puis reporta son attention sur le portail, guettant l’arrivée de Daevlyn. Les minutes s’écoulaient et bientôt une heure passa, toujours sans aucunes nouvelles de Daevlyn. Raphaël commençait réellement à s’inquiéter. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Et s’il allait mal ? Tant de questions sans réponses. Raphaël lui accordait encore une dizaine de minutes avant  de partir à sa recherche. Il ne supportait plus cette interminable attente.

C’est avec un bruyant soupir de soulagement qu’il aperçut la silhouette de Daevlyn revenir vers lui. Tout de suite, il eut la sensation que quelque chose en lui avait changé. Cette sensation se confirma lorsque Daevlyn se tourna vers lui après avoir prit place sur le siège chauffeur. Ne comprenant pas ce soudan changement d’humeur, Raphaël lui lança un regard mi-interrogatif, mi-inquiet. Daevlyn lui lança un regard empli d’assurance et d’une force nouvelle, l’attrapa son t-shirt et l’attira lentement à lui avant de l’embrasser passionnément. Raphaël répondit au baiser avec la même intensité. Enivrés par la passion de leur baiser et noyés dans leurs sentiments, Ni Daevlyn ni Raphaël ne prêta attention au couple qui les regardaient avec une haine et un dégoût non dissimulé. Enhardi par les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, ils voguaient loin de cette réalité, oubliant tous ce qui n’étaient pas eux.

L’adulte mit fin au baiser lorsque le besoin en oxygène se fit ressentir. Lentement, ils s’écartèrent l’un de l’autre. Daevlyn abordait un sourire radieux et Raphaël le lui rendit timidement, se giflant mentalement pour avoir pensé que Daevlyn aurait à un moment ou à un autre avoir besoin de lui. Il était heureux de voir son moniteur aussi serein, jamais encore il ne l’avait vu ainsi et cela lui réchauffa le cœur. Daevlyn semblait avoir enfin exorcisé ses démons intérieurs et était en paix avec lui-même. L’adulte l’embrassa de nouveau furtivement, puis il démarra la voiture et il prirent le chemin du retour. Comme pour l’aller, le voyage se fit en silence, mais pas un silence pesant. Non, un silence dans lequel ils se sentaient bien. Un silence complice dans lequel ils se sentaient proche l’un de l’autre, un silence apaisant. De temps en temps, ils s’échangeaient un regard ou un sourire heureux, juste pour le plaisir.

Ils arrivèrent au ranch en début d’après-midi et il allèrent directement au réfectoire. Ils mangèrent tranquillement, puis ensuite, ils passèrent nourrir Amaranth. Daevlyn préférait attendre que Raphaël soit complètement rétablit avant de le faire remonter à cheval. Malgré qu’il allait mieux, l’adolescent abordait encore un visage fatigué et des cernes soulignaient son regard couleur pierre précieuse.

Alors qu’ils arrivaient au box du poulain, Sébastien interpella Daevlyn et le prit à part.

- J’ai une excellente nouvelle à t’annoncer Daevlyn ! s’exclama Sébastien enthousiaste.

- Ah oui ? demanda Daevlyn sceptique.

- Oui, j’ai trouvé un acheteur pour Amaranth ! Il vient le chercher demain dans la matinée…

Raphaël qui n’avait rien perdu de la conversation sentit son cœur s’arrêter de battre. On allait lui enlever Amaranth… Non, il ne pouvait pas accepter une telle chose… Il ne pouvait pas abandonner ce petit poulain… Il refusait tout simplement cette décision…

Alors que Daevlyn allait répondre, Raphaël le devança :

- Nooon !!!! je refuse de me séparer d’Amaranth !

Et avant que les deux hommes n’aient le temps de réagir, Raphaël s’enfuit en courant à l’extérieur. S’il entendit Daevlyn crier son nom, il ne se retourna pas, continuant à courir droit devant lui.

Pendant ce temps, Daevlyn se retourna vers Sébastien et lui lança un regard assassin signifiant “on en reparlera plus tard” et à son tour, il se précipita à l’extérieur. Il courut au parc des chevaux, enfila un licol à Waterfalls et lorsqu’il fut sortit du pré, il le monta à la façon des indiens et le lança au galop à la poursuite de Raphaël.

Raphaël quant à lui courait aussi vite qu’il pouvait, ignorant les branches qui lui fouettaient le visage. Il trébuchait sur les racines des arbres et était tombé plusieurs fois, mais toujours il se relevait. Il ne voulait pas voir Amaranth partir… Oui il était lâche… Oui il fuyait… Mais il ne pouvait faire autrement, il ne pouvait se résoudre à accepter une telle décision… C’était au-delà de ses forces. Daevlyn lui avait confié une mission, élever ce petit poulain, et il comptait bien la remplir jusqu’au bout ! Il lui avait donné sa parole et pour une fois, il entendait bien la tenir, quel qu’en soit le prix. Il voulait montrer à Daevlyn qu’il était capable de réussir quelque chose par ses propres moyens, et voilà qu’on voulait lui retirer toute opportunité. Alors pour montrer son désaccord, il avait fuit… Il n’avait pas eut le courage de faire face et d’essuyer un refus de la part de Sébastien. il avait été naïf de croire qu’il aurait laisser un gamin comme lui s’occuper d’un jeune poulain. Que pouvait-il bien faire, lui, un gamin inutile et minable…

Raphaël ne saurait dire combien de temps il courut ainsi. Ses poumons le faisaient souffrir et ses yeux étaient brillants de larmes. Pourquoi ne pouvait-il passer une journée sans pleurer ? Une journée sans souffrir… Ses genoux écorchés le lançaient affreusement, mais toujours il continuait, courant droit devant lui. Ses chutes avaient réouvert les plaies de son bras et son pansement était de nouveau imbibé de sang.

Après une longue course effrénée, il arriva dans une clairière. Il stoppa sa course et tomba à genoux dans l’herbe verte, son corps frêle secoué de violents sanglots. Il demeura ainsi de longues minutes, puis les minutes se transformèrent en heures. Epuisé physiquement et moralement, Raphaël fini par s’endormir. Il dormit d’un sommeil agité, peuplé de cauchemars dans lesquels il voyait Amaranth aux prises d’un propriétaire sauvage et brutal, ou bien il le voyait dans un camion, sur la route des abattoirs…

Ce dernier cauchemar le fit se réveiller en sursaut et il retient difficilement un cri d’horreur. Il était tellement plongé dans le souvenir de ce cauchemar, qu’il ne se rendit même pas compte que Daevlyn était assit à ses côtés et sursauta violemment lorsque celui-ci prit la parole :

- Un cauchemar ?

Raphaël sursauta et émit un hoquet de surprise et se retourna vivement vers son moniteur, assit tout près de lui, le dos calé contre un arbre. Voyant l’adolescent hocher la tête, Daevlyn poursuivit d’une voix douce mais néanmoins autoritaire :

- Ne met refait jamais une peur pareille Raphaël ! Je te cherche depuis des heures ! J’étais fou d’inquiétude en te voyant t’enfuir de cette manière…

- Je… je te demande pardon Daevlyn, répondit l’adolescent. Un air coupable d’un enfant prit en faute se reflétait sur son visage tandis qu’il se tortillait les mains, mal à l’aise.

- Viens là, souffla Daevlyn voyant parfaitement que Raphaël n’osait pas lui demander de le prendre dans ses bras.

L’adolescent ne se le fit pas dire deux fois et il alla prendre place entre les bras de son moniteur, la tête reposant sur le torse de son moniteur. Daevlyn quant à lui, lui caressait tendrement les cheveux, le serrant dans ses bras, lui montrant ainsi qu’il n’était pas seul et qu’il ne le serait plus jamais.

- Pourquoi t’es-tu enfuis ? demanda doucement le moniteur.

Raphaël inspira longuement afin de maîtriser les tremblements de sa voix puis répondit :

- Je ne veux pas que Sébastien vende Amaranth… Je ne veux pas être séparé de lui… et puis c’est à moi que tu as demandé de l’élever… je veux tenir la promesse que je t’ai faite… ne le laisse pas le vendre Daevlyn… S’il te plait… ne le laisse pas…

Raphaël recommençait à se laisser envahir de nouveau par ses sentiments et Daevlyn tenta de le calmer avant qu’il ne se mette à dire n’importe quoi :

- Chuuut… calme-toi Raphaël… j’irais parler avec Sébastien, je te le promets…

Sur ces mots, il embrassa Raphaël sur les cheveux tout et le berça longuement tout en  lui murmurant des paroles de réconfort.

C’est alors que Daevlyn sentit quelque chose qu’il n’avait pas remarqué jusqu’à maintenant. Quelque chose de chaud et poisseux collait à sa chemise au niveau de son ventre, là où était posé le bras du jeune garçon. Il baissa les yeux et s’aperçut avec horreur que sa chemise était tachée de sang. Evitant le plus possible des gestes trop brusques et précipités, il se redressa incitant Raphaël à en faire de même. Raphaël regarda avec un étonnement non feint son moniteur déchirer le bas de sa chemise, ne comprenant pas ce soudain comportement. Face à l’interrogation qu’il pouvait lire dans les yeux rougis de l’adolescent, Daevlyn déclara :

- Tes plaies ont dû se ré ouvrir… fait moi voir ton bras…

L’adolescent le lui tendit sans faire de commentaire et Daevlyn enleva le bandage souillé pour le remplacer par un neuf. Il n’avait rien pour désinfecter la plaie et espérait que cela pourrait attendre leur retour au centre. Daevlyn ne fit aucune réflexion à Raphaël, se contentant de le soigner comme il le pouvait.

Ressentant le besoin de protection et de tendresse qui émanait de l’adolescent, Daevlyn l’attira à lui et lui déposa un chaste baiser au coin des lèvres, laissant à Raphaël le choix d’aller plus loin ou non. Raphaël partit à la recherche des lèvres de son moniteur, et prit possession de sa bouche. Il voulait se rassurer en s’assurant que Daevlyn était bel et bien à ses côtés. Le baiser qu’ils échangèrent n’avait rien de passionnel, c’était un baiser empli de désespoir.

Après ce qui leur parut durer une éternité, Daevlyn murmura afin de ne pas briser le silence de la forêt :

- On ferait bien d’y aller avant qu’ils ne s’inquiètent…

Raphaël n’esquissa pas un geste pour se lever, ce qui fit sourire Daevlyn. L’adulte lui déposa un baiser sur le front, le serrant plus fortement contre lui.

Quand enfin l’adolescent consentit à se lever le jour était en train de décliner à l’horizon.

Daevlyn alla chercher Waterfalls qu’il avait attaché à une des branches à quelques mètres de là et monta lestement sur son dos avant de rejoindre Raphaël. Là, il lui tendit la main, invitant l’adolescent à venir prendre place derrière lui. Pour le coup, Raphaël sentit ses joues s’empourprer violemment et c’est non sans une certaine gêne qu’il attrapa la main que lui tendait l’adulte. Avec souplesse, il grimpa à son tour sur le dos de l’animal et timidement, il passa ses bras autour de la taille de Daevlyn afin de garder l’équilibre. Tranquillement, il prirent la direction du ranch. Raphaël tentait désespérément de se concentrer sur les mouvements du cheval sous lui, afin de faire abstraction de la chaleur qui naissait lentement dans ses reins au contact du corps de Daevlyn si près de lui. A chaque pas de l’animal, son bassin se collait toujours plus près de celui de l’adulte sans qu’il ne puisse l’empêcher. La première fois, il avait sentit Daevlyn se tendre de son être à ce contact et il ne sut comment interpréter cette soudaine attitude. La tête posée contre le dos de Daevlyn, il remercia mentalement la providence d’être hors de porter du regard de son moniteur.

Après un long moment, ils arrivèrent devant un immense pré. En entendant Daevlyn parler, Raphaël ouvrit les yeux qu’il n’avait pas eut conscience de fermer.

- Tu es prêt ? Accroche-toi bien… déclara Daevlyn avec un sourire radieux étirant ses lèvres.

Raphaël n’eut pas le temps de répondre à son moniteur que déjà Waterfalls partait dans un galop endiablé, volant à dessus du sol. Ne s’attendant pas à ce brusque départ, Raphaël s’agrippa de toutes ses forces à Daevlyn qui lui dit :

- Détends-toi ! Laisse toi aller ! Sens les mouvements du cheval sous toi… suis le rythme…

Raphaël suivit les conseils de son moniteur et desserra sa prise sur sa chemise. Petit à petit, il trouva le rythme de l’animal et de son bassin, il le suivit afin de rester en parfaite harmonie avec les mouvements de sa monture. A chaque appuis, le corps de Raphaël allait rejoindre celui de Daevlyn. Au fur et à mesure de leur cavalcade, Raphaël sentait la température de son corps augmenter rapidement. Cependant, il chassa cette idée troublante, il se laissa guider par les sensations que lui apportait ce galop. Les yeux pétillants de joie malgré les larmes du à la vitesse, les cheveux volants dans son dos, Raphaël se sentait libre comme l’air. Il avait l’impression de voler. Jamais encore il n’avait ressentit une telle liberté. Les mouvements puissants et énergiques de Waterfalls lui donnaient l’impression de ne faire plus qu’un avec lui. Il avait l’impression d’être cette créature mythique appelée Centaure. Cette merveilleuse créature mi-homme mi-cheval…

Quand le galop prit fin, Raphaël abordait un sourire resplendissant. Encore grisé par l’expérience qu’il venait de vivre, il déposa un léger baiser sur la nuque de Daevlyn et lui murmura un “merci” à l’oreille avant de resserrer son étreinte autour de sa taille.

Après s’être arrêté au bord de la rivière afin de faire boire Waterfalls, il repartirent au pas jusqu’au centre. Lorsqu’ils arrivèrent, la nuit était définitivement tombée. Ils offrirent un pansage bien mérité à Waterfalls avant de le ramener au pré. Après quoi, Raphaël suivit son moniteur jusque dans sa chambre ou il alla désinfecter son bras puis ils se rendirent au réfectoire. Ils mangèrent tous deux en silence, profitant du calme qui régnait dans la salle vide.

Alors qu’ils se dirigeaient vers leur chambre, ils furent interpellés par Sébastien qui semblait être de très mauvaise humeur.

- Tous les deux !! Dans mon bureau immédiatement !!!!

Docilement, les deux coupables le suivirent dans un silence de mort. A peine furent-il entrés que Sébastien se mit à crier sur Raphaël :

- Mais qu’est-ce que tu as dans la tête non de dieu !!! Ca te prends souvent de t’enfuir comme tu viens de le faire ?  Tu n’es qu’un petit emmerdeur ! Je vais t’apprendre à bien te tenir !

Sur ces mots, il leva la main sur Raphaël, dans le but de lui administrer une gifle monumentale. L’adolescent lui lança un regard apeuré, et ferma les yeux en attendant le coup. Cependant, celui-ci n’arriva jamais.  Surpris, Raphaël ouvrit timidement les yeux et ce qu’il vit le laissa sans voix. Daevlyn tenait le poignet de Sébastien dans sa main, l’ayant arrêté à seulement une vingtaine de centimètres de sa joue. Il leva ses yeux sur son moniteur et sa surprise augmenta d’un cran au même titre que sa peur. Les yeux verts de Daevlyn lançaient des éclaires.  Jamais il n’avait encore vu un tel éclat meurtrier dans les yeux de son moniteur. D’une voix aussi glaciale que la calotte polaire, il déclara :

- Ne relève jamais la main sur Raphaël !

Il accentua volontairement sur le mot “jamais” afin de faire comprendre à Sébastien ce que cela impliquerait s’il tentait une nouvelle fois de le frapper.

Furieux, Sébastien retira violemment son poignet de l’étreinte douloureuse qu’exerçait Daevlyn sur celui-ci et lui lança un regard assassin, lui faisant parfaitement comprendre qu’il n’acceptait pas ce genre de comportement et qu’il y remédierait d’une façon ou d’une autre. Puis se tournant vers Raphaël, il lui dit, cachant mal la haine qu’il éprouvait :

- Ecoutes moi bien sale morveux ! Je n’ai jamais eut autant de problèmes depuis que tu es arrivé ! J’ai été patient jusqu’à maintenant, mais là je suis à bout ! A partir de maintenant, le moindre faux pas que tu feras te vaudra un retour direct de la d’où tu viens ! Est-ce clair ?

Les yeux remplis d’effroi et brillants de larmes, Raphaël hocha vivement la tête en guise d’acquiescement.

- Bien ! Maintenant sors ! Je dois parler en priver à Daevlyn !

Raphaël regarda son moniteur qui le rassura d’un regard en approuvant les paroles de Sébastien, puis, à contrecœur, il sortit du bureau. Il referma la porte derrière lui et se laissa glisser le long du mur. N’ayant plus la force ni l’envie de se montrer fort, il laissa échapper ses sanglots. Comment Sébastien avait-il pu lui dire toutes ces horreurs ? Pourquoi n’essayait-il pas de comprendre sa réaction au lieu de lui crier après ? Depuis le premier jour Sébastien ne lui inspirait pas confiance, sans qu’il ne sache réellement pourquoi. A présent, ses craintes s’étaient confirmées. Sébastien était un être fourbe et méchant. A cet instant, Raphaël craignait qu’il ne s’en prenne à Daevlyn afin de lui faire payer ses actes. Daevlyn qui avait osé braver son supérieur afin de le protéger… Si jamais il arrivait quelque chose à Daevlyn, jamais il ne pourrait se le pardonner… Il préférait encore subir les coups de Sébastien plutôt que de devoir s’éloigner de Daevlyn… Il avait peur… Pour se rassurer, il revit mentalement le dernier sourire que lui avait adressé l’adulte, un sourire qui lui demandait de lui faire confiance… bien sur qu’il avait confiance en Daevlyn… c’est en Sébastien qu’il n’avait pas confiance… Il éprouvait même une profonde aversion pour cet homme.

Soudain, des éclats de voix retentirent et malgré l’isolation sonore,  il entendit un mot qui capta toute son attention :

- … Amaranth…

Ils parlaient d’Amaranth… Que disaient-ils de lui ? Qu’est-ce -que Daevlyn était en train de raconter à Sébastien ? Etait-il en train de négocier pour le garder ?

Le couloir replongeant dans un silence lourd et pesant. A chaque seconde qui passait, Raphaël angoissait un peu plus. Il avait beau tendre l’oreille, aucun son ne sortait du bureau. Les minutes passèrent et de nouveau, des bribes de phrases lui parvinrent, il reconnut la voix de Daevlyn qui disait :

- … frère… mort… Raphaël…

Peu après, c’est Sébastien qui s’écriait :

- … penser…. Asiel…

Asiel… Pourquoi parlaient-ils d’Asiel ? Daevlyn lui avait-il révélé qu’il souffrait de dédoublement de personnalité ? Non… cela ne pouvait pas être vrai… Jamais Daevlyn n’aurait pu faire une telle chose… Raphaël sentait la colère l’envahir prodigieusement. Son désarroi faisait place à une haine sans limites… Une haine envers Daevlyn, mais surtout envers Sébastien… Tout ce qui arrivait était de sa faute… En lui, il sentait qu’Asiel commençait à se manifester… Non, il ne devait pas le laisser sortir… bien qu’à cet instant, il en mourrait d’envie… Il inspira longuement, tentant de réfréner cet élan destructeur et meurtrier qui l’envahissait peu à peu, signe qu’Asiel gagnait sur lui. Après s’être un peu calmé, il se leva d’un bon et ouvrit brusquement la porte du bureau…

Ce qu’il y vit alors le figea sur place, glaçant son sang dans ses veines et les paroles que murmura Sébastien le paralysa d’effroi :

- Il est mort, il ne reviendra plus !!! Je suis là moi et bien vivant et je t’aime. Laisse moi te…

Il n’entendit jamais la fin de la phrase… Il s’enfuit en courant, voulant chasser de sa tête l’image de Daevlyn et Sébastien intimement enlacés… Pourquoi ? Pourquoi son cœur se serrait si soudainement ? Pourquoi avait-il aussi mal ? Pourquoi Daevlyn lui avait-il dit qu’il l’aimait et toutes ces belles paroles si c’était pour tomber dans les bras du premier venu ? Qu’est-ce que Sébastien avait de plus que lui ? Il avait pourtant eut l’impression que Daevlyn tenait à lui.. Avait-il joué de lui ? Etait-ce un jeu pour Daevlyn ? Non… Il ne pouvait croire une telle chose… C’était impossible… Daevlyn ne pouvait pas être comme ça… Mais cette scène… Il n’avait pas rêvé… Il avait bien vu Sébastien s’apprêter à embrasser Daevlyn…

Une pensée lui vient alors à l’esprit… Est-ce que par hasard, Daevlyn en avait eut marre de l’attendre ? Il avait peut être envie de passer aux choses sérieuses… Les baiser et les quelques caresses sages qu’ils échangeaient ne lui suffisaient peut être plus… Cela remettait un tas de chose en question… Quels étaient les sentiments que Raphaël éprouvaient pour son moniteur ? Quelles étaient ces étranges sensations qui s’emparaient de lui lorsque Daevlyn l’embrassait ou le touchait ? Pourquoi est-ce que cela ne le répugnait pas comme lorsque… ? Pourquoi recherchait-il lui-même la douceur des mains de Daevlyn sur sa peau ? Cela signifiait-il qu’il était prêt à affronter son passé et franchir le cap avec Daevlyn ? Avait-il seulement envie de le faire avec Daevlyn… la réponse à cette question était tellement évidente qu’il ne prit même pas la peine d’y répondre…

Perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte que ses pas l’avaient portés jusqu’au box d’Amaranth. Cependant, il ne fit pas demi-tour, souhaitant passer le plus de temps possible avec lui avant de le quitter pour toujours…

Le poulain sembla sentir la détresse qui l’habitait  car il vient à sa rencontre en hennissant doucement. Raphaël entra dans le box du poulain et après l’avoir refermé, il se laissa tomber à genoux, le corps secoué de sanglots.

Il pleura toutes les larmes de son corps, même quand il eut l’impression d’être vidé de toute l’eau qu’il contenait, les larmes elles ne se tarissaient pas.

Sourd à ce qui se passait à l’extérieur, il n’entendit pas Daevlyn entrer dans le box en l’appelant.

Mourir pour revivre - Chapitre 23

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 23 écrit par Shinigami

Raphaël avait l’impression de flotter dans les airs. Sa souffrance avait disparue… Il se sentait léger… Il se sentait bien. Il ne sentait plus son corps, le froid de la mort commençait lentement son travail.

Un cri, ou plutôt un vague écho semblait l’appeler au loin… Pourquoi l’appelait-il ? Pourquoi lui demandait-il de revenir, d’ouvrir les yeux ? Il ne voulait pas repartir… Il était bien ici… Loin de tout… loin de “lui”… Et cet écho qui retentissait toujours dans sa tête ! Pourquoi ne pouvait-il pas le laisser tranquille ? N’avait-il pas compris que c’était là qu’il souhaitait rester ? N’avait-il pas compris qu’à cet instant précis il n’avait plus mal ? Il ne voulait pas retourner “là bas” si s’était pour continuer à “le” voir… si s’était synonyme de souffrance et de crainte. Il avait déjà assez donné et à présent, il estimait à avoir droit, lui aussi, au bonheur auquel il aspirait tant. Était-ce tout simplement trop demander ?

Le froid autour de lui se faisait déjà plus intense. Son corps entier commençait à s’enquiloser et la voix se faisait de plus en plus lointaine. Ça y est ! Allait-il enfin mourir ?

Soudain, un cri attira son attention. Un cri impuissant empli de désespoir, de tristesse, de souffrance, de panique et d’angoisse. Pourquoi cette voix refusait-elle de le laisser partir ? Pourquoi tant d’émotions dans ses appels ? Ne voyait-elle donc pas qu’il était bien là où il était ?

Un nouveau cri retenti  alors, bien plus près cette fois-ci. Cette voix !!!! Daevlyn… Était-ce Daevlyn qui l’appelait ainsi ? Mais pourquoi ? Pourquoi ne le laissait-il pas en paix ? N’avait-il toujours pas compris que c’était à cause de lui tout ceci était arrivé ? Pourquoi devait-il revenir le hanter encore et encore ?

Où était-il ? Pourquoi recevait-il des gouttes d’eau sur le visage ? Et cette chaleur ? D’ou venait-elle ? C’était étrange cette sensation de déjà vu ! Pourquoi se sentait-il en sécurité en présence de cette chaleur ? Il ne connaissait qu’une seule personne qui avait ce pouvoir sur lui… Serait-ce donc Daevlyn cette source de chaleur bienfaisante et protectrice ?

Dans son inconscience, Raphaël ne comprenait pas ce qui se passait autour de lui. Il ne sentit pas que des mains étrangères l’arrachait pratiquement de force à l’étreinte de Daevlyn. Il ne savait pas qu’on l’emmenait loin du centre, dans un univers inconnu ou il ne connaissait personne et ou personne ne connaissait son passé et ses phobies. Pour le moment, aux yeux de tous, il n’était qu’une âme en peine sur le point de quitter à jamais son enveloppe charnelle.

Il n’entendait pas les “bip” en tous genres qui retentissaient à ses oreilles, ni ne sentait cette odeur si particulière des produits antiseptiques que l’on utilise dans les hôpitaux.

Malgré lui, Raphaël se sentait revenir peu à peu. Il était en train de retrouver ce qu’il avait désespérément tenté de fuir. Il ne voulait pas… Il ne voulait pas se retrouver de nouveau confronté à Daevlyn, subir encore ses mensonges perpétuels…

Il se sentait revenir… il sentait la douleur qui lui déchirait le corps et le coeur… il avait froid… mais ce n’est pas se froid qui s’était emparé de son corps quelques instant auparavant. Non, c’était un froid bien plus glacial, un froid qui lui transperçait les os… Pourquoi la chaleur n’était-elle plus là ? Qui sont ces gens qui crient autour de lui ? Non ! Il ne pouvait pas en supporter davantage…

Bien qu’à présent conscient, il se replia sur lui même, cachant son esprit au plus profond de son être. Personne ne pouvait se douter de ce qui était en train de se passer dans le corps si fragile de cet adolescent. Personne appart lui…

Il n’avait plus la force de continuer… il se sentait faible… tellement faible et impuissant… Il n’avait plus le courage de faire face, de surmonter toutes ces épreuves… Alors inconsciemment, il avait fait appel à “lui”… son autre, celui qui le protégeait.

Lentement, le corps inerte de l’adolescent retrouvait peu à peu sa chaleur initiale. Sous surveillance constante, les battements de son coeur retrouvaient difficilement un rythme calme et régulier. Sa nuit avait été agitée, mais un ange semblait veiller sur son sommeil. De là ou il était, il entendait ses murmures, qui malgré sa détresse qu’il pouvait déceler en eux, se voulaient apaisants et rassurants.

Cependant, ce ne fut que le lendemain matin à l’aube qu’il ouvrit les yeux avec beaucoup de difficultés. Refoulé au plus profond de son être, Raphaël refusait de faire face à la réalité. Si la pièce avait été un peu plus éclairée, Daevlyn se serait immédiatement rendu compte que les yeux de Raphaël n’étaient plus de cette couleur améthyste qu’il aimait tant. En effet, ses prunelles étaient devenues aussi noires que la nuit. Quand son regard se posa sur Daevlyn il devint subitement aussi froid et impénétrable que la banquise. Un regard dépourvu de tous sentiments, de toute humanité.

Quand Daevlyn croisa ce regard aussi impersonnel, il cru défaillir. Jamais encore il n’avait eu à faire face à un tel regard et encore moins venant de la part de Raphaël. C’est à peine s’il reconnu cet adolescent qu’il aimait tant.

Quand il prit la parole, Daevlyn eut du mal à reconnaître sa propre voix tant elle était enrouée par le stress, la peur et le manque de sommeil.

- Pourquoi Raphaël ? Tu m’avais promis de ne plus recommencer…

Pour appuyer ses paroles, il baissa les yeux sur les bras bandés de l’adolescent avant de reporter son attention sur la réaction de Raphaël.

A ces mots, l’adolescent sentit une haine profonde et inhumaine l’envahir. Comment osait-il seulement prononcer de telles paroles ? Oui il lui avait promis… Mais lui… ne lui avait-il pas promis que jamais il ne le ferait de mal ? D’une voix acerbe aussi froide que son regard, l’adolescent répliqua :

- C’est facile de promettre… Tu m’avais promis que tu ne me ferais aucun mal…

Daevlyn semblait désemparé face au comportement de son protéger. Jamais il n’aurait imaginer le voir un jour dans un tel état. A cet instant, le jeune garçon représentait la cruauté à l’état pur. Pourtant, il avait raison… il avait raison sur toute la ligne… tout ceci était de la faute de Daevlyn et il devait en assumer les conséquences.

Raphaël percevait très bien le mal être de l’adulte. Il savait parfaitement qu’il le faisait souffrir, mais c’était plus fort que lui. L’esprit de vengeance envahissait son corps et son âme. Il voulait le fair souffrir autant qu’il avait souffert.

C’est avec beaucoup de mal que Daevlyn reprit la parole :

- Je sais qu’il est facile de promettre Raphaël. Je m’excuse du mal que je t’ai causé. Je ne peux pas te promettre que cela n’arrivera plus jamais, mais je peux te promettre de faire mon possible pour que ça n’arrive plus. Je… Je vais te dire une chose qui est vrai Raphaël. Je sais qu’avoir prit autant de temps pour répondre à ta question est impardonnable et que tu m’en voudra à jamais. Mais si je t’ai d’abord aimé pour mon frère que je voyais en toi, une chose est sûre maintenant, je t’aime toi, ce que tu es, et ce qui fait que tu es Raphaël.

Plus Daevlyn avançait dans son discours, plus Raphaël avait sentit la haine et la rancoeur le quitter peu à peu. Comment le croire ? Comment continuer à lui faire confiance ? Après tout, ce n’était encore et toujours que des mots… C’est si facile de trahir des mots ou de dire des choses que l’on ne pense pas le moins du monde.

Raphaël était face à un dilemme. Devait-il croire ou non les paroles de son moniteur ? Devait-il encore lui faire confiance ? Du plus profond de son être, il assistait à la scène, hésitant sur le chemin à prendre. Devait-il revenir et craindre une nouvelle trahison, ou rester là où il était et peut être laisser passer la seule chance de sa vie de trouver un jour le bonheur auquel il aspire tant ?

Il avait beau peser le pour et le contre, il n’arrivait pas à se décider. Revenir signifiait sans aucun doute regrets, larmes, souffrance… mais aussi espoir, joie et surtout Daevlyn… Si au contraire, il se décidait à rester, il garderait pour toujours en son coeur les derniers instants qu’il avait vécu avec son moniteur : déchirure, souffrance, trahison, haine et rancoeur. Pourrait-il vivre indéfiniment avec le poids de ces ressentis sur le coeur ?

Il ferma les yeux et les rouvris un moment plus tard. Il reporta son attention sur Daevlyn avec une lueur dans les yeux qui ne pouvait signifier que : “prouves le moi”.

Il en avait marre d’espérer et croire à des paroles qui toujours finissent par être trahies et oubliées.

Avant qu’il ne puisse réagir, les lèvres de Daevlyn se retrouvèrent collées aux siennes. Sous la surprise, Raphaël n’eut pas le temps de faire objection que déjà la langue de l’adulte partait à la rencontre de la sienne. Pourtant, les émotions et les sentiments qu’il ressenti dans ce baiser le troublèrent au plus haut point. Daevlyn avait toujours fait preuve de tendresse et de douceur dans ses baisers, mais jamais encore Raphaël n’avait ressentit ce qu’il ressentait à cet instant. Un sentiment inconnu venait s’ajouter à tous les autres. Quel était donc cette étrange sensation ? Pourquoi est-ce que Raphaël sentait comme un étrange engourdissement envahir tout son être quand Daevlyn l’embrassait de cette manière ? Et si Daevlyn disait vrai ? S’il était réellement amoureux de lui ?

Raphaël voulait y croire… il voulait continuer d’espérer, même si cela lui faisait mal… Cependant, n’étant plus au contrôle de son propre corps, d’une pression sur son torse, il repoussa doucement l’adulte.

Celui-ci se recula lentement, comme s’il le faisait à contre coeur, et lorsque son regard croisa celui de l’adolescent, il eut un choc. En effet, le jour s’était à présent levé, et il eut la surprise de voir les pupilles noires de l’adolescent.

Il resta interdit quelques secondes avant de faire le rapprochement avec les paroles froides et la voix impersonnelle de Raphaël. Cependant, il ne fit aucun commentaire, gardant ses réflexions pour plus tard.

Raphaël ne savait pas comment réagir face à ce baiser. Il voulait y croire… Il voulait tellement y croire… Mais il avait en même temps tellement peur… Il avait besoin de réfléchir…

- Sors !

La voix de Raphaël était toujours aussi froide. Il vit Daevlyn tressaillir à l’entente de cet ordre dit qu’un ton qui n’acceptait aucun refus.

- Non… je ne t’abandonnerais plus Raphaël…

Le “bip” qui régularisait les battements du coeur de l’adolescent s’affola subitement. Raphaël était en train de s’énerver. Daevlyn le voyait dans l’éclat meurtrier que reflétaient ses pupilles dilatées par la colère. L’expression qu’abordait son visage d’ordinaire si doux semblait empli d’une malfaisance démoniaque. Un petit sourire sadique étirait un coin de sa bouche lui donnant un air encore plus malsain. Daevlyn ne pouvait supporter un tel regard. Jamais encore il n’avait dû faire face à tant de haine.

- Sors ! répéta Raphaël d’une voix étrangement calme.

Cette fois ci, sa voix n’avait plus rien à voir avec celle de l’adolescent que connaissait Daevlyn. Éludant la question, Daevlyn gémit plus qu’il ne demanda :

- Qui es-tu ? Tu n’es pas l’adolescent doux et sensible que je connais…

- C’est parce que je ne suis pas Raphaël… Alors arrêtes de m’appeler ainsi… Je ne suis en rien ce gamin faible, dominé, trouillard et pleurnichard.

- Très bien, répondit Daevlyn non sans une certaine fascination, quel est ton nom ?

- Asiel.

- Où est Raphaël ?

- Qu’est ce que tu lui veux ? Tu ne crois pas lui avoir fait assez de mal comme ça ? répliqua méchamment le dénommé Asiel.

Daevlyn soupira. Il avait raison, cependant, il insista :

- Je le sais parfaitement, je voudrais juste… juste tenter de me faire pardonner… je…

- Raphaël refuse de revenir… même s’il revenait, il refuserait catégoriquement de te parler… et même s’il acceptait, comment comptes tu te faire pardonner de tes erreurs ? As-tu seulement conscience de tout ce que tu as détruit en lui ?

Asiel ne pesait pas ses mots, il lui renvoyait au visage toutes les accusations qu’il avait contre lui depuis qu’il l’observait caché au plus profond de lui lorsque Raphaël était encore là. Il voulait que Daevlyn souffre. Son rôle était de protéger Raphaël et si c’était la seule manière d’y parvenir, il n’hésiterai pas un seul instant.

Asiel était fier de lui. Il avait réussit à semer le trouble et la confusion dans l’esprit de Daevlyn et il jouissait de cette supériorité. Ce sentiment de puissant et de contrôle qu’il avait sur le moniteur de Raphaël le faisait jubiler d’excitation.

Daevlyn ne put en supporter davantage. Ce Asiel prenait un malin plaisir à le voir ramper à ses pieds et il ne pouvait en supporter davantage. Il avait l’impression de se faire mettre à nu face au regard accusateur et brillant de sadisme de ces prunelles noires.

Il se leva et sortit précipitamment de la chambre, sans un regard en arrière, sentant dans son dos le regard satisfait d’Asiel. Ce qui se passait à cet instant le dépassait complètement. Il traversa les couloirs d’un pas rapide afin d’aller prendre l’air dans le parc qui entourait le bâtiment. Il avait besoin de réfléchir à tout ceci.

Dans sa chambre, Asiel repensait au comportement qu’il avait eut avec Daevlyn. Avait-il bien fait de le remballer de cette manière ? Devait-il à tout prix éviter que Raphaël revienne ? Il avait déjà faillit mourir à cause de leur connerie respective et ne souhaitait pas renouveler l’expérience. Cependant, il ressentait le lien puissant qui unissait ces deux être totalement différents mais pourtant si semblables. Devait-il prendre le risque de les voir se détruire l’un l’autre ?

Il avait très vite compris que, tout comme Raphaël, Daevlyn était quelqu’un de très instable psychologiquement. Ne serait-il donc pas mieux pour lui s’il était avec quelqu’un qui pourrait le soutenir au lieu de lui rappeler sans cesse son passé comme le faisait inconsciemment Raphaël ? Lui aurait la force et le courage de soutenir Daevlyn dans ses moments sombres, mais Daevlyn accepterait-il de l’aimer lui au lieu de Raphaël ? Refoulé au fond de ce corps, Asiel avait apprit à connaître Daevlyn en même temps que Raphaël. Il avait apprit à apprécier toutes ces facettes de sa personnalité et s’était surpris à envier la place de Raphaël auprès de lui. Contrairement à Raphaël qui ne comprenait pas les sentiments qui l’envahissaient en présence de Daevlyn, Asiel s’était vite rendu compte que l’adulte ne le laissait pas indifférent. Raphaël ne savait pas ce qu’était l’amour. Personne n’avait été là pour le lui enseigner, et par crainte, il repoussait tous les sentiments inconnus. Et Asiel avait bien l’intention de jouer là dessus.

Mentalement, il tenta d’établir une conection avec Raphaël.

- Raphaël….

- Laisse moi…

- Mais c’est TOI qui m’as fait venir… Tu voulais quitter ce monde, mais comme tu n’as pas réussi, tu as inconsciemment fait appel à moi…

- Qu’est ce que tu me veux ?

- Oh pas grand chose… Je voulais juste te dire que j’apprécie réellement avoir le contrôle sur ton corps et que j’allais donc en profiter pendant un moment… oh et… tu ne m’en veux pas si je t’emprunte Daevlyn pendant ce temps ?

- …

- Bon et bien devant tant de pertinence, je vais te laisser ruminer ton échec.

A ces mots, Asiel débrancha la perfusion plantée dans son bras et de leva pour aller fermer les rideaux. S’il voulait mettre son plan à exécution, il fallait qu’en aucun cas Daevlyn ne découvre la vérité. Puis il s’allongea dans son lit et attendit patiemment le retour de l’adulte. Celui -ci ne tarda pas à entrer. Avisant les rideaux fermés, Daevlyn allait faire demi tour mais un gémissement le retient :

- Daevlyn ?

- Raphaël…

Daevlyn se précipita au chevet de l’adolescent et doucement, afin de ne pas lui faire mal, il lui prit la main.

- Raphaël… tu vas bien ? Je suis tellement soulagé… J’ai eu tellement peur…

A la grande stupéfaction de Daevlyn, Asiel le fit taire d’un baiser. Il l’embrassa comme jamais il ne l’avait fait, avec passion, fougue et violence. Bien que surprit par l’audace dont faisait preuve l’adolescent, Daevlyn se laissa aller et bientôt leur langues engageaient un combat acharné afin de déterminer de qui d’entre eux aurait le dessus. Le baiser qu’ils échangeaient à présent n’avait plus rien d’un baiser d’amour. Chacun voulait sentir l’autre plus près, toujours plus près… Les lèvres se mordaient, les dents s’entrechoquaient dans un baiser bestial et dépourvu de tous sentiments. Le désir et l’envie de posséder l’autre se faisait de plus en plus oppressant. La main d’Asiel se glissa sous le T-shirt de Daevlyn à la recherche des points sensibles de l’adulte, et très vite, elle dériva plus au sud. Daevlyn sentait le désir monter en lui. Voir Raphaël si entreprenant l’excitait grandement, même s’il avait du mal à se l’avouer.

Quand il sentit la main d’Asiel tenter de s’infiltrer dans son jean, Daevlyn revient brusquement à la réalité et s’écarta sans ménagement du jeune garçon.

Avec une colère contenue, il déclara :

- Tu n’es pas Raphaël !

Un rire moqueur à la limite de la folie lui répondit. Un frisson glacé parcourut l’échine de Daevlyn. Il se leva et alla ouvrir les rideaux. Quand il se retourna, une surprise de taille l’attendait.

Le vêtement d’hôpital trop grand découvrait une épaule fine et délicate d’une pâleur maladive. Mais ce qui troubla le plus l’adulte, c’était la pose lassive et sensuelle qu’avait prit l’adolescent. Voir le corps de Raphaël d’habitude si timide et réservé dans une telle position le perturba profondément. Même s’il savait que ce n’était que le corps de Raphaël et non son esprit, il semblait avoir beaucoup de mal à assimiler ce qu’il voyait.

Accoudé aux coussins qui lui servaient d’oreiller, les jambes écartées en une position plus que suggestive, Asiel le regardait, un sourire pervers étirant le coin de ses lèvres. Ses mains glissaient le long de son corps, comme le feraient celles d’un amant.

Ce fut la voix froide et acerbe et acerbe d’Asiel qui le ramena à la réalité :

- Pourquoi t’es-tu arrêté ? C’est pourtant bien ce que tu voulais depuis le début non ?

- Arrêtes ça tout de suite !! cria Daevlyn. Comment peux-tu oser jouer avec ce corps qui ne t’appartient pas ? N’as-tu donc aucune honte ?

- Tu me parles de honte ? Toi ? Laisses moi rire veux-tu !! Tu ne t’es pas gêné pour profiter de Raphaël et tu oses me parler de honte ?

- Je… Je n’ai pas profité de Raphaël… je… je l’aime…

- Tiens ! Tu as perdu ta belle assurance on dirait ! Tu es tellement pathétique mon pauvre Daevlyn… Tu me fait pitié…

- Si c’est comme ça que tu me vois soit ! Mais ne t’avises plus jamais de jouer avec le corps de Raphaël… car vois tu, contrairement à toi, je n’ai pas abusé de lui. Tu te dis être celui qui protège Raphaël, mais il n’en est rien. Tu profites de sa faiblesse pour prendre le dessus sur lui et faire ce que bon te sembles de son corps. Comment crois-tu qu’il aurait réagit si nous étions allé plus loin ? Cria Daevlyn. Comment crois-tu qu’il l’aurait prit ? Pendant que toi tu aurais prit tu plaisir lui l’aurait ressentit comme un viol en plus. Et ça, je ne peux pas l’accepter, termina-t-il plus calmement.

Daevlyn ne prit conscience qu’il pleurait que lorsqu’il sentit les larmes rouler sur ses joues. Sans vraiment réaliser ce qu’il faisait, il attrapa Asiel par les épaules et le secoua vivement :

- Fais revenir Raphaël !

- C’est inutile, il ne veut pas revenir. Je te l’ai déjà dit il me semble !

Mais Daevlyn ne l’écoutait pas. Ses sanglots redoublaient de violence tandis que ses appels se faisaient désespérés :

- Raphaël…. je t’en prie Raphaël…. reviens… je t’aime… reviens moi… Raphaëëëël….

Il lâcha le corps de Raphaël qui, prit de convulsion, s’effondra dans le lit, et ne pouvant en supporter davantage, il enfoui son visage dans les draps, tout près du corps de l’adolescent.

Après un temps indéterminable, la respiration de l’adolescent redevint calme et régulière et un gémissement semblable à celui d’une bête apeurée résonna dans la chambre.

- Dae… Daevlyn…

L’appelé se redressa brusquement et essuya les larmes qui lui brouillaient la vue avant de reporter son attention sur le corps du jeune garçon. Quand il plongea ses yeux dans les améthystes perdues de Raphaël, il ne put retenir un sanglot. Un sourire soulagé apparut sur ses lèvres et il prit le jeune garçon dans ses bras, le serrant contre son coeur en répétant inlassablement les mêmes paroles :

- Tu es revenu… oh mon Dieu c’est bien toi… tu es revenu…

Mourir pour revivre - Chapitre 22

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 22 écrit par Lybertys

Daevlyn restait là, figé, incapable de prononcer un simple mot. Trop de questions se bousculaient dans sa tête, trop de choses venaient y interférer. Pourquoi avait-il dit qu’il l’aimait, s’il n’était même pas capable de répondre à cette question ? Pourquoi ne parvenait-il pas à lui répondre ?

Pourquoi lui avoir dit cela, et pourquoi douter maintenant ? Est-ce que Raphaël avait raison, est ce qu’il n’aimait que son frère qu’il retrouver en lui ? Il savait qu’il aimait Raphaël, mais l’aimait-il pour lui même ? Les questions se bousculant dans sa tête, il ne remarqua même pas la peine, la haine, et la souffrance dans laquelle il plongea Raphaël.

Rester silencieux à cette question était pire que tout, et sans le vouloir, il avait déjà répondu à Raphaël. C’était même pire que d’avoir répondu “mon frère que je retrouve en toi”, car son silence prouvait qu’il ne le savait même pas lui-même.

Les larmes brouillant sa vue, Raphaël se leva et s’exclama d’une voix qui cachait mal la rage qu’elle contenait.

- Pourquoi est-ce que tu me ment ? Pourquoi tu dis toujours des mots qui sont faux ? Tu agis toujours en ne pensant qu’à toi, sans réaliser le mal que tu me fais… Je te déteste…

Sur ses mots, ils se dirigea rapidement vers Diamond Dust et lui mit son filet. Puis, il monta à cheval et s’enfuit au galop en direction du ranch.

Daevlyn n’esquissa pas un seul geste vers lui pour l’arrêter, le rassurer ou même le rattraper. Oui, il n’agissait en ne pensant qu’à lui. Ces mots une personne les lui avait déjà prononcé. Il s’en rappelait très clairement, c’était le jour de l’incendie, le jour son frère l’avait abandonné. Mais les plus durs à encaisser furent les dernières paroles de Raphaël : “Je te déteste”…

Le détestait-il autant qu’il se détestait lui-même ? Si c’était le cas, Daevlyn aurait bien voulut mourir sur le champ pour s’arracher à cette vie qui ne valait plus la peine d’être vécue. Mais cela n’aurait été qu’une solution de facilité, il devait payer pour ce qu’il avait fait, pour ce qu’il venait de faire subir à Raphaël.

N’était-ce que des mots ?

Lui avait-il vraiment dit “Je t’aime” sans en penser un moindre mot ?

Le hennissement de mécontentement de son cheval voyant Diamon Dust partir sans lui, sortit Daevlyn de l’état second dans lequel Raphaël venait de le laisser.

Il s’approcha lentement les jambes tremblantes vers Waterfalls. Arrivé à sa hauteur, il passa fébrilement sa main sur son encolure, avant de craquer et d’enfouir une fois de plus sa tête dans l’épaisse crinière de son ami, pleurant de tout son saoule.

Il avait terriblement mal, et aurait voulu que quelqu’un vienne le corriger et roue son corps de coups. Il avait envie de souffrir physiquement, pour ce qu’il venait de faire. Il venait de briser Raphaël par deux simples mots, il venait une fois de plus de tout gâcher. Il n’avait plus la force de recommencer, de relever la tête et d’avancer comme si de rien était.

De marcher devant tous ces gens qui l’observaient de manière si impudique qu’il avait l’impression qu’ils savaient tout. Il aurait voulut hurler au monde entier les fautes qu’il avait commise pour que tout le monde le haïsse autant qu’il se haïssait lui même.

Mais que Raphaël le haïsse était pire que tout. Il aurait tant voulu revenir en arrière, revenir jusqu’à ce premier baiser qu’il s’était risqué à échanger avec Raphaël… ce premier baiser qui avait tout gâcher…

Tout comme il avait anéantit la relation qu’il aurait dû avoir avec son frère… Mais était-ce vraiment possible d’aller au devant de ses sentiments et de les refouler ? N’était-ce pas alors se nier sois même ? Nier ce qui fait de nous l’être que nous sommes…

Daevlyn se recula de sa monture, lui fit une dernière caresse, puis attrapa son filet, l’attacha à la scelle de manière à le maintenir. Puis il détacha la longe de l’arbre et marcha aux côtés de son cheval. Il ne lui monta pas dessus, il en aurait été incapable. Il avait besoin de marcher, comme pour se prouver qu’il pouvait encore avancer.

Pourtant, chaque nouveau pas en avant, était une véritable épreuve, simple allégorie de sa vie, qui avait toujours était ainsi depuis cette perte. Lui qui aurait tout donner pour marcher à reculons au lieu d’aller droit devant lui. Et pourtant malgré tout cela, il avait continué à mettre, non sans difficultés, un pied devant l’autre, même si s’arrêter et ne plus rien faire, semblait devenir à l’heure actuelle la seule solution envisageable.

Même à la pensée que Raphaël arriverait seul dans l’écurie sans lui, il ne pressa pas la pas. Il n’en avait plus le courage. A quoi bon tenter de le rejoindre, puisqu’il n’avait toujours aucune réponse à lui donner ? Il ne ferait que le détruire un peu plus.

Alors marcher ainsi doucement, était la seule solution qu’il avait trouver.

Il savait qu’il ne faisait que repousser un peu plus l’inévitable, et se torturait un peu plus dans l’attente de celui-ci, mais il avait bien trop peur pour faire autrement.

Pourtant, il se retrouva devant l’écurie plus vite qu’il ne se le serrait imaginé. Il descella son cheval, lui offrant un pansage pour le remercier du calme dont il avait fait preuve. Il le ramena au parc et fut soulagé d’y trouver Diamond Dust. Raphaël était donc bien rentré. Il se dirigea vers le box d’Amaranth, pensant l’y trouver, il l’appela de l’extérieur, voulant le prévenir de son arrivé. Mais il eut beau l’appeler, le chercher, il ne le trouva pas. Il avait certainement dut aller s’enfermer dans sa chambre. Daevlyn aurait pourtant juré le trouver avec le poulain. Il sortit alors et s’adossa au mur de l’écurie. Alors qu’il commençait à replonger dans des pensées plus sombres et angoissantes les unes que les autres, il vit Raphaël sortir de l’écurie en courant, sans le voir.

Daevlyn eut alors extrêmement mal : comme un couteau qu’on lui enfoncait dans le cœur. Raphaël le fuyait, il ne voulait plus le voir. Avait-il peur de lui ? Lui en voulait-il à ce point ? Il se trouva ridicule de se poser de telles questions dont les réponses étaient pourtant si évidentes…

Il mit un certain temps avant de regagner sa chambre. Il passa devant la porte de Raphaël, et vit que celle ci était close. Il ne chercha pas à aller le voir, ni même à y frapper. Ce qui venait de se passer avait été suffisamment explicite. Raphaël ne voulait plus entendre parler de lui. Le problème était qu’il était le seul à pouvoir s’occuper de lui… Accepterait-il qu’un autre éducateur s’occupe de lui ? Dans l’état dans lequel il l’avait retrouver la dernière fois, il en douta fortement.

Déjà, il entendait les autres rentrer, il alla prendre une douche rapide, avant de se rendre au réfectoire avec les autres. Il alla s’asseoir à côté de Sébastien.

- Bonne journée ?

- Euh… oui.

- Tu as vu ta tête Daevlyn ? Tu peux faire semblant devant tout le monde, mais pas devant moi. Tu n’as jamais rien réussi à me cacher.

Daevlyn, après une grande inspiration se lança, c’était la seule solution qu’il avait trouvé jusque là :

- Est ce que je peux laisser Raphaël seul pendant quelques jours. Il a de quoi s’occuper avec le poulain. J’ai… nous avons tous deux besoin de prendre nos distances.

Daevlyn s’attendait évidemment à un refus direct. Il était impensable de cesser de s’occuper d’un des enfants. Mais étonnamment, Sébastien lui répondit alors :

- Je comprend Daevlyn. C’est toujours difficile pour toi à cette période… Si tu as le moindre problème, tu n’hésites pas à m’en parler.

- Je… cette période ?

- Ne fait pas l’innocent Daevlyn, je sais tout comme toi, qu’à cette période, tu es toujours plongé en plein dans ton passé. Je comprends que cela ne dois pas être facile. Ton frère doit tellement te manquer.

- Je… Je m’excuse.

Daevlyn se leva subitement et sortit de table. Comment avait-il pu oublier, comment avait-il pu l’oublier ? Il se dirigea précipitamment dehors. Sa tête lui tournait si fort qu’il avait l’impression que celle-ci allait exploser. Comment avait-il pu oublier que dans quelques jours, ce serait l’anniversaire de la mort de son frère…

Une fois dehors, il courut directement jusqu’à l’arbre du parc des chevaux, où il allait si souvent s’y adosser. Son corps était parcourut de tremblements. Mais cette fois-ci, les larmes ne vinrent plus. Il n’avait pourtant jamais oublié cette date là. Qu’est-ce qui avait pu changer cela ?

L’image de Raphaël lui vint alors immédiatement à l’esprit. S’il avait moins pensé à son frère, s’il n’y avait pas pensé à chaque instant, c’était parce qu’une autre personne occupait désormais une place très importante dans son cœur. Il l’avait son début de réponse.

Il aimait Raphaël et non son frère qu’il voyait. Si cela avait le cas au début, ce n’était dès lors plus le cas. Et l’oubli de cette date ne venait qu’appuyer cette réalité. Mais pourrait-il revenir en arrière et expliquer clairement à Raphaël tout cela  Non… Il ne pourrait effacer cette rancœur présente maintenant indéfiniment dans leurs deux cœurs.

Il mit un long moment avant d’aller se coucher. Il vérifia que tous les adolescents étaient bien couchés et croisa un des éducateurs qui lui dit qu’il s’occuperait de tout cela pendant une courte période. A la façon dont il le regarda, Daevlyn comprit qu’il devait avoir une sale tête. Mais comment cacher cette fois-ci cette tumulte de sentiments se bousculant dans son cœur ? Il alla se coucher, mais ne trouva le sommeil que bien plus tard.

Regret, souffrance, peine, rancœur, haine contre lui même, dégoût de soi allant jusqu’à l’écœurement total de tout son être : c’était ce qu’il ressentait à chaque instant.

Le lendemain, Daevlyn eut énormément de mal à se lever, ayant réussi à s’endormir, il aurait préféré fuir encore un peu la réalité. Il ne sut grâce à quelle force il s’extirpa de son lit. Pourtant, il alla frapperr à chaque porte, mais il eut un instant d’hésitation lorsqu’il arriva à celle de Raphaël. Il tenta plusieurs fois de l’appeler, mais Raphaël l’ignora totalement et ne répondit pas à ses appels. Après plusieurs minutes, Daevlyn finit par baisser les bras et se rendit au réfectoire avec le groupe d’adolescents.

Comment lui parler, si celui-ci refusait tout contact ? Il se nourrit sans grand appétit et se rendit aux écuries. Il n’y trouva pas Raphaël, mais constata au calme du poulain que celui-ci avait du être nourrit. Il attrapa alors un licol et alla chercher son cheval. Sans prendre la peine de le sceller ni l’harnacher, il le sortit du parc et le monta à cru. Rien de tel qu’une bonne balade à cheval pour réfléchir calmement

Mais avant, il souhaitait ne penser plus à rien. Arrivé dans un champs plat, et jugeant avoir assez échauffé sa monture, il l’élança au grand galop d’un simple pression de jambe. Sa monture semblait y prendre autant de plaisir que lui. Encore une fois, il fut envahi par cette sensation de puissance et de liberté, sentant la musculature de Waterfalls s’actionner en dessous de lui, pour lui offrir cet instant magique.

Il ne rentra qu’à l’heure du repas de midi, et après avoir brossé et relâché sa monture dans le parc, il se rendit aux écuries afin de voir si le poulain se portait bien.

Voyant qu’il se portait à merveille, il attrapa de quoi manger dans les cuisines ne souhaitant pas avoir de discussion avec Sébastien. Il demanda en même temps aux cuisiniers s’ils avaient bien vu Raphaël préparer le biberon du poulain, même s’il s’en doutait.

Rassuré, il allait regagner sa chambre, lorsqu’il vit Raphaël de dos marcher droit devant lui, semblant vouloir se réfugier une fois de plus dans sa chambre. Il tenta de l’appeler, ne résistant pas à le voir si seul. Sa voix semblait presque suppliante.

Raphaël s’arrêta subitement, et Daevlyn eut l’impression que son cœur allait manquer un coche. Il l’avait appeler sans vraiment réfléchir, et n’avait aucune idée de ce qu’il allait pouvoir lui dire. Mais il ne se retourna pas… comme s’il ne l’avait pas entendu, il reprit sa route, feignant d’ignorer les appels désespérés de Daevlyn.

Daevlyn l’appela mais ne chercha pas à le rattraper. Tout était si clair… Plus jamais il n’accepterait qu’il l’approche. Plus jamais rien ne serait comme avant. Il avait définitivement perdu sa confiance et son affection. Ce rejet était quasi-insoutenable.

Les deux jours qui suivirent se passèrent de la même manière. Raphaël ignorait totalement Daevlyn et ses vaines tentatives d’approche. Si bien que Daevlyn finit par abandonner définitivement tout espoir de l’approcher et de lui parler de nouveau. Plus jamais il ne pourrait l’embrasser, ni même effleurer cette peau si douce. Plus jamais il n’aurait l’occasion de lui faire découvrir le plaisir de l’autre.

Plusieurs fois il l’entendit hurler la nuit, mais sa porte clause l’empêchait d’aller le réconforter. Qui sait… Peut être ne ferait-il que tout empirer comme il l’avait déjà fait tant de fois.

A chaque nouveau semblant de rencontre, il voyait Raphaël dépérir un peu plus. Il était évident qu’il ne se nourissait dès lors plus, vu la maigreur qu’il commençait à atteindre. Daevlyn avait secrètement peur de découvrir un jour l’état de son bras.

Il faisait de nombreuses promenades à cheval, ne trouvant que cela à faire pour le “sortir” de lui-même.

En deux jours, Raphaël avait perdu plusieurs kilos et son corps déjà fin, semblait à présent plus squelettique que jamais. Sa peau d’une pâleur extrême lui donne un air maladif et les cernes qui soulignent son regard améthyste éteint ne faisait que renforcer cette impression. Cependant, il restait beau… incroyablement beau… Ce genre de beauté froide qui semble receler un pouvoir mystérieux et tellement attrayant.

Daevlyn le voyait dépérir sans rien parvenir à faire, rencontrant un brutal rejet de sa part à chaque tentative.

Il avait beau se le cacher, mais il n’allait pas bien mieux lui non plus. Aujourd’hui était le jour du décès de son frère, et il avait l’impression de revivre dans le passé. A quoi cela allait-il mener ? A quoi cela allait-il les mener ?  Alors qu’il venait de réveiller tous les adolescents, sans prendre la peine de frapper à la porte de celle de Raphaël, il vit un des adolescents courir vers lui, effrayé et perdu. Il lui dit alors totalement paniqué :

- Raphaël… La douche… Du sang…

Daevlyn n’attendit pas d’en savoir plus et se rua dans la salle de douche, la peur au ventre de ce qu’il allait y découvrir.

Quand Daevlyn entra dans la salle d’eau, son attention fut immédiatement attirée par l’eau rougeâtre qui s’écoulait de la cabine de douche en face de lui. Sans plus attendre, enfonça la porte.

Le spectacle qui l’attendait le terrifia au plus haut point. L’eau glacée coulant sur son corps encore habillé, les cheveux lui tombant devant les visage jusque dans son dos et la lame de rasoir enfoncée dans son avant bras, Raphaël le regardait d’un air absent, son regard se voilant de ce voile si particulier quand arrive la mort.

Ce qui terrifia encore plus l’adulte, c’est la quantité importante de sang qui s’échappait des plaies que s’étaient infligé l’adolescent. Son vêtement en lambeau laissait apparaître un bras complètement charcuté. C’est alors que Daevlyn comprit, il ne s’était pas simplement mutilé… Non, cette fois ci s’était plus grave, il avait tenté de se suicider…

Il revient à la réalité quand il vit Raphaël tituber et s’effondrer. Daevlyn bondit en avant et rattrapa l’adolescent avant qu’il ne touche le sol. Voyant que celui-ci allait s’évanouir pour ne peut être jamais se réveiller, il lui lança vainement quelques appels désespérés.

Etait-il maudit pour voir les deux êtres qu’il aimait mourir sous ses yeux ? Ce ne fut que lorsque les yeux de Raphaël se fermèrent que Daevlyn réagit vraiment. Les yeux inondés de larmes, il hurla à un des adolescents d’aller chercher de l’aide, ce que deux d’entre eux s’empressèrent de faire.

Sans perdre une seule seconde, Daevlyn étendit Raphaël sur le sol, et lui ôta son t-shirt. Il réprima un haut le cœur lorsqu’il découvrit l’état du bras de Raphaël. Il ne put faire autrement que de voir des cicatrices un peu plus anciennes sur son bras, mais nouvelles depuis la dernière fois. Il lui avait pourtant promis… Mais comme le disait Raphaël si souvent : ce n’était que de simples mots…

Il noua les morceaux du t-shirt de Raphaël sur ses plaies, tentant de faire un garrot et de faire cesser de couler ce sang. Il ne fallait pas qu’il meurt, que deviendrait-il s’il mourait ?

Lorsque le médecin entra, le spectacle qui s’offrit à lui, lui coupa le souffle. Daevlyn serrait le corps de Raphaël dans ses bras et l’avait ramené contre lui, le berçant comme un enfant. En larmes, il ne cessait de répéter son nom, comme pour tenter de le rappeler à la vie. Ils ne perdirent pas un seul instant, et ils durent presque arracher l’enfant des bras de Daevlyn couvert du sang de l’adolescent. Ils emmenèrent Raphaël en urgence à l’hôpital pour le soigner, laissant l’adulte seule au milieu des douches avec Sébastien qui était resté pour tenter de le calmer en lui parlant. Mais Daevlyn n’entendait même pas ce que Sébastien lui disait. Seul l’image de son frère et de Daevlyn obstruaient son esprit. Il était tellement mal qu’il avait l’impression de frôler la folie. Pourquoi ? Pourquoi n’avait-il pas été là ? Pourquoi n’avait-il rien fait ? Et pourquoi se sentait-il aussi coupable de l’acte que Raphaël venait de faire ?

Il était responsable de deux suicides, et il avait maintenant envie d’être responsable du sien. Il aurait voulu disparaître de cette terre, afin de ne plus causer de mal à personne.

Ce fut la main de Sébastien se posant fermement sur son épaule qui le ramena à la raison.

- Daevlyn, ressaisi toi !

Daevlyn ne réfléchi pas vraiment et se jeta dans les bras de Sébastien pour pleurer, comme un enfant. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait eut personne sur qui se reposer un peu. Il n’avait su résister à cette main tendue.

Il avait mal… tellement mal. Jamais il ne s’était sentit aussi perdu, et se raccrocher au seul repère qui se trouvait là : Sébastien.  Se ressaisir mais pour quoi faire ? A quoi bon ?

- Daevlyn, tu… Viens on va dans ta chambre, ce n’est pas bon pour toi de rester là.

Daevlyn le suivit, mais alors qu’ils sortaient de la salle de bain, il jeta un dernier coup d’œil sur le sang qui inondait la salle de bain. Il s’écarta alors vivement de Sébastien et dit :

- Je dois aller le rejoindre, il a besoin de moi, il a besoin d ‘aide…

- Ne dit pas de connerie. C’est toi qui a besoin d’aide à l’heure actuelle. On lui apporte déjà l’aide nécessaire.

- Il n’accepte d’être touché par personne Séb. Que pensera-t-il quand il se réveillera si je ne suis pas là ?

- Ne fait pas l’enfant Daevlyn, dans ton état ce serait ridicule.

- Je le connais mieux que personne ici. Je suis le seul à qui il a parlé. Je suis le seul à qui il fasse confiance.

“Du moins à qui il a fait confiance…” pensa Daevlyn.

Mais il ne pouvait le laisser seul dans cet état, pas après ce qu’il venait de voir.

- Daevlyn arrêtes d’insister…

- S’il te plait… Je t’ai rarement supplier Séb, mais je le fait à ce moment précis. Je t’en supplie laisse moi aller à son secours.

- Qui me dit que tu n’es pas en partie responsable de son état, et que te revoir ne ferait qu’empirer l’état actuel des choses ?

Daevlyn tressailli. Si seulement Sébastien savait, s’il connaissait la véritable situation, jamais il ne l’aurait laisser y aller.

- Qui te dit que sans moi, il ira mieux ? Laisse moi l’aider, si jamais il me rejette je partirai, je quitterai l’établissement. Jamais je ne pourrais rester ici après tout cela.

- Bien… Tu peux y aller, mais changes toi avant d’y aller. On ne te laissera jamais y aller dans cet état. Dépêches toi, je t’attends en bas pour t’y conduire.

Daevlyn soupira soulagé. Il alla directement dans sa chambre et changea de vêtements à la hâte. Il se passa de l’eau sur le visage et les mains pour ôter le sans de Raphaël et courut jusqu’à la voiture de Sébastien.

Là, ils montèrent tous deux dans un silence presque frustrant. Sébastien démarra et prit alors la parole :

- Pourquoi ne pas ma l’avoir dit ?

- De quoi ?

- Qu’il s’automutilait. Je n’aime pas cette façon de faire Daevlyn ! Tu te dois de me dire tout ce qui peut arriver à nos adolescents.

Daevlyn se contenta de baisser les yeux jusqu’à la fin du trajet. Arrivé à l’hôpital, on l’emmena directement dans la chambre de Raphaël, on venait de lui faire une transfusion sanguine et on attendait son réveil. Il avait perdu beaucoup de sang, et les médecins semblaient inquiets, mais ils le disaient pourtant sorti d’affaire.

Une fois dans la chambre, Daevlyn alla directement aux côtés de Raphaël. Il remarqua immédiatement ses bras bandés non cachés par le drap ou par son vêtement provenant de l’hôpital. Au souvenir de la honte qu’il avait à les montrer, il les recouvrit délicatement à l’aide du draps. Puis il posa sa main par dessus, recouvrant la sienne, voulant lui apporter un peu de chaleur, sans utilise le contact direct. Il avait bien trop de respect pour lui.

Longtemps il resta à son chevet. Longtemps, il eut très peur. Il dû aller se nourrir le soir à contre cœur sous l’ordre de Sébastien qui le menaça.

Il mangea le plus rapidement possible, voulant à tout prix être là au moment de son réveil, qui allait être proche selon les médecins. Non sans une certaine insistance, il obtint le droit de rester avec lui la nuit.

Toute la nuit, il scruta ses yeux désespérément clos. Plusieurs fois, il l’appela, lorsqu’il avait l’impression qu’il était en train de le quitter. Et chaque fois, il le voyait cesser de s’agiter et reprendre son calme.

Ce ne fut qu’à l’aube qu’il vit enfin ses paupières papillonner, signifiant son retour parmi le monde des vivants.

Les battements du cœur de Daevlyn s’accélérèrent immédiatement. Il alla prévenir une infirmière, qui lui prodigua quelques soins avant de changer sa perfusion et les laisser de nouveau seuls à seuls. Raphaël semblait maintenant à peu près réveillé, d’ailleurs depuis son réveil, il ne cessait de fixer Daevlyn. C’était la première fois qu’il le regardait ainsi, droit dans les yeux, de manière très froide. Daevlyn dut se retenir pour ne pas défaillir sous ce regard. Il devait lui parler. Il devait lui dire ce qu’il avait sur le cœur, il devait être franc. Pourtant sans vraiment parvenir à se retenir, sans vraiment faire attention, il pensa à voix haute et dit :

- Pourquoi Raphaël ? Tu m’avais promis de ne plus recommencer…

Il joignit le geste à la parole et fixa son bras avant de le replonger dans son regard rancunier. Raphaël lui répondit immédiatement, sans ciller un seul instant :

- C’est facile de promettre… Tu m’avais promis que tu ne me ferais aucun mal…

Daevlyn était presque étonné de l’assurance qu’avait Raphaël. Il tenta de garder son calme et de ne pas perdre son sang froid. Il ne devait pas craquer. Il devait se montrer fort face à Raphaël. Il lui avait effectivement assez fait de mal comme cela.

- Je sais qu’il est facile de promettre Raphaël. Je m’excuse du mal que je t’ai causé. Je ne peux pas te promettre que cela n’arrivera plus jamais, mais je peux te promettre de faire mon possible pour que ça n’arrive plus. Je… Je vais te dire une chose qui est vrai Raphaël. Je sais qu’avoir prit autant de temps pour répondre à ta question est impardonnable et que tu m’en voudra à jamais. Mais si je t’ai d’abord aimé pour mon frère que je voyais en toi, une chose est sûre maintenant, je t’aime toi, ce que tu es, et ce qui fait que tu es Raphaël.

Raphaël soupira, ne semblant pas croire un traître mot de ce que Daevlyn venait de lui dire. Il lui lança alors un regard qui ne pouvait signifier que : “prouves le moi”.

Daevlyn n’hésita pas une seule seconde, et sans laisser le temps à Raphaël de réagir, il s’approcha de lui, annihilant les quelques mètres qui les séparaient. C’était sa seule chance et il ne manquerait pas de la saisir. Il prit possession des lèvres de Raphaël qui sous la surprise, laissa le passage libre jusqu’à sa langue.

C’était la seule réponse qu’il pouvait lui offrir. Dans ce baiser, il tenta de lui faire passer ce que les mots ne pouvait pas exprimer. Il tenta de lui transmettre tout son amour, toute sa tendresse, et paradoxalement toute sa passion. Une chose était sûre, il ne voulait pas que ce baiser prenne fin, il voulait que celui-ci dure indéfiniment, car il avait bien trop peur de ce que le futur lui réservait…

Mourir pour revivre - Chapitre 21

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 21 écrit par Shinigami

Depuis plusieurs jours déjà, Raphaël s’éclipsait en pleine nuit de sa chambre afin d’aller nourrir Amaranth, ignorant totalement que, malgré ses précautions, Daevlyn était toujours là, à l’observer. Tous les matins, il se levait à l’aube afin d’aller tenir compagnie à son petit protéger. C’est fou comme en quelques jours il s’était attaché à lui. La relation homme/animal qu’ils entretenaient s’intensifiait de jour en jour, dépassant le stade de la simple cohabitation pour se transformer en véritable amitié. Chaque jour, ils en apprenaient un peu plus sur l’autre, se découvrant une confiance mutuelle qui grandissait de jour en jour. Raphaël prenait confiance en lui et Amaranth le ressentait. Il lui accordait sa confiance et le laissait le manipuler à sa guise.

Raphaël avait longuement observé Daevlyn lorsqu’il manipulait Waterfalls ou Diamond Dust, et quand la situation le permettait, il reproduisait les mêmes gestes avec Amaranth, en prenant grand soin de ne pas se tromper, afin d’éviter un quelconque revirement de situation.

Ce matin là, Raphaël se sentait incroyablement fatigué. Il avait nourri Amaranth tard dans la soirée et était directement allé se coucher. Il dormait d’un sommeil tellement profond, qu’il n’entendit pas son réveil sonner à l’aube. Lui  qui d’ordinaire avait le sommeil léger, n’entendit pas Daevlyn entrer dans sa chambre et lui murmurer qu’il était l’heure qu’il se lève.

Quand Daevlyn revient quelques heures plus tard, Raphaël dormait toujours. Comme précédemment, il s’avança discrètement près du lit du jeune garçon endormit. Une fois à hauteur, il caressa tendrement une mèche de cheveux qui barrait le visage de l’adolescent et déposa un chaste baiser au coin de ses lèvres.

Raphaël frémit imperceptiblement au contact des lèvres de Daevlyn et ouvrit difficilement un oeil, s’apprêtant à remballer l’opportun qui avait osé le réveiller. Cependant, son envie de meurtre disparut lorsqu’il entendit son moniteur lui murmurer tendrement :

- Raphaël…

L’appelé sourit puis, ouvrit difficilement un oeil, aveuglé par l’afflux de lumière. Lumière… A cette constatation, Raphaël s’assit dans son lit, totalement réveillé. Daevlyn sembla surprit de cette soudaine réaction et lui demanda :

- Qu’est ce qui t’arrives ?

Raphaël ne prit même pas la peine de lui répondre, et c’est complètement paniqué et avec une minuscule voix encore toute enrouée de sommeil qu’il demanda :

- Quelle heure est-il ?

Lorsqu’il entendit Daevlyn lui répondre qu’il était près de 10 heures, il sauta hors de son lit, totalement paniqué. Cependant, il resta tétanisé, incapable de faire un geste, tant sa panique était grande. Son coeur se mit à battre à une allure affolante et tout son corps semblait être devenu si lourd qu’il lui était impossible de faire un pas. C’est la voix de Daevlyn qui le ramena à la réalité. En dépit du fait qu’il semblait calme, Raphaël décela aisément une once de crainte lorsque Daevlyn lui demanda ce qui n’allait pas.

- Amaranth, je ne m’en suis pas occupé, il doit mourir de faim, je…

La voix de l’adolescent s’étrangla dans sa gorge sous l’afflux trop important d’émotions. Quand Daevlyn lui affirma qu’il s’en était occupé, Raphaël sentit la honte l’envahir et il baissa les yeux au sol, ne souhaitant pas croiser le regard désapprobateur que Daevlyn allait sûrement lui adresser. Il tenta tant bien que mal de refouler les larmes qui menaçaient de couler et souffla :

- Je suis désolé, je n’ai pas su faire ce que tu m’as demandé, j’ai…

Alors qu’ils s’embrouillait dans ses explications, de plus en plus honteux, Daevlyn lui coupa la parole et déclara d’une voix toujours aussi calme :

- Tu t’occupes de ce poulain mieux que personne Raphaël, il ne pouvait pas rêver mieux. C’est moi qui t’ai laissé dormir ce matin, car tu avais besoin de repos.

Raphaël ne répondit rien… Daevlyn disait-il cela pour lui faire plaisir ? Raphaël ne savait que trop penser, même si au fond de lui, il espérait que ce ne soit pas le cas.

Face à la non réaction de l’adolescent, l’adulte lui dit de se préparer et ne résistant pas à la tentation, il l’embrassa tendrement sur la joue avant de le laisser seul. Ce simple geste à présent devenu presque banal redonna du baume au coeur de l’adolescent qui se mit à rougir violement.

C’est le coeur léger et l’esprit joyeux qu’il se rendit en vitesse à la salle de bain ou il se doucha rapidement afin d’aller retrouver Daevlyn le plus vite possible.

Cependant, quand il arriva auprès de Daevlyn, il ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’oeil furtif en directions des écuries. Prenant son courage à deux mains, il fixa longuement Daevlyn dans une supplication muette. Daevlyn sembla comprendre ce que voulait l’adolescent car il l’autorisa à aller rendre une petite visite à Amaranth pendant qu’il terminait de panser et de harnacher les chevaux. Raphaël le remercia d’un sourire radieux et courut jusqu’au box ou l’attendait le poulain.

Il revient comme promit un petit quart d’heure plus tard et après que Daevlyn soit allé chercher leur pique-nique, il montèrent à cheval.

Raphaël était plus que ravi de cette sortie. Cependant, étant déjà parti tard du ranch, ils ne firent qu’une courte étape avant de s’arrêter pour manger. Suivant les instructions de Daevlyn, Raphaël attacha son cheval et lui retira son filet.

Lorsque Diamond Dust fut attaché, Raphaël alla s’asseoir aux côtés de Daevlyn qui lui dit :

- Tu dois avoir faim.

L’adolescent réalisa à cet instant qu’il n’avait pas manger ce matin et que la faim lui tiraillait l’estomac. Il hocha la tête en souriant timidement puis attrapa le sandwich que lui tendait l’adulte. Raphaël termina rapidement son sandwich, lui-même surprit de la vitesse à laquelle il avait manger.

Il vit alors Daevlyn s’allonger dans l’herbe et lui lança un regard interrogateur. Quand Daevlyn lui en expliqua la raison, il hocha la tête puis s’avança à quelques mètres de Daevlyn. Il s’apprêtait à s’allonger quand il entendit son moniteur lui demander :

- Tu ne veux pas venir… plus prêt ?

A ses mots, Raphaël se mit à rougir violement et après une longue hésitation, il finit par rejoindre son moniteur et s’assit à quelques centimètres de lui, prenant bien soin de ne pas le toucher. Son coeur s’emballa quand il sentit le corps chaud et musclé de Daevlyn venir se coller tout contre le sien, mettant à bas les dernières barrières. Sa gêne augmenta encore d’un cran alors que Daevlyn se déplaça d’une telle façon, l’incitant de ce fait à poser sa tête sur son bras. C’est non sans une certaine appréhension que Raphaël répondit positivement à l’invitation. Raphaël crut un instant que son coeur allait s’arrêter lorsque Daevlyn lui caressa tendrement la joue avant de raffermir son étreinte sur le corps frêle de l’adolescent. Confortablement installé dans les bras de l’adulte, Raphaël n’osait plus bouger. Son coeur battait tellement fort qu’il avait l’impression qu’il allait sortir de sa poitrine à tout moment.

Contrairement à Daevlyn, l’adolescent ne parvint pas à fermer les yeux. Le contact avec corps si près de l’adulte le troublait au plus haut point. Jamais encore il ne s’était sentit autant en sécurité lors d’une étreinte aussi rapprochée.

Perdu dans ses pensées, il s’aperçut alors que Daevlyn le regardait en souriant et à son tour, il lui adressa un petit sourire. Il se sentait bien, rassuré. plus jamais il ne voulait quitter cette étreinte protectrice. C’est alors qu’il se rendit compte que Daevlyn regardait fixement ses lèvres depuis quelques secondes. Il sentit le rouge lui monter au joues, et quand leur lèvres se rencontrèrent en une douce caresse. Prenant les devants, Raphaël invita Daevlyn à entrouvrir les lèvres en une demande timide et hésitante. Il sentit parfaitement le trouble de son moniteur qui, une fois la surprise passée, la lui accorda.

Le baiser qu’ils échangeait était empli de tendresse et de douceur. Ce fut cette sensation qui poussa Raphaël à devenir un peu plus entreprenant.

Enivré par leur baiser, Raphaël se rendit à peine compte que Daevlyn se redressait et prenait place au dessus de lui. Avant même qu’il ne réalise entièrement son geste, Raphaël posa délicatement sa main sur le torse puissant de l’adulte avant de prendre conscience de son audace et de retirer vivement sa main.

Daevlyn eut vite fait de la rattraper et de la poser de nouveau sur son torse, tout en la faisant lentement glisser sous son t-shirt. Raphaël frémit imperceptiblement lorsqu’il toucha pour la première fois la peau douce et brûlante de Daevlyn. L’adolescent était profondément troublé et celui-ci arriva à son paroxysme lorsqu’il sentit la main de Daevlyn venir se poser sur l’une de ses hanches. Raphaël se tendit à se contact, appréhendant un geste qui à son grand soulagement ne vint pas tout de suite. Rassurer, il se détendit et se laissa aller à l’étreinte de Daevlyn. Cependant, un frisson lui parcourut l’échine lorsque la main de Daevlyn, jusqu’alors prisonnière, se libéra et entreprit d’explorer son cou  gracile pour arrêter sa course sur sa nuque.

C’est alors que Raphaël sentit la main posée sur sa hanche s’infiltrer lentement sous son t-shirt à manches longues et caresser son torse imberbe. Raphaël qui s’était tendu à ce contact se relâcha quasiment instantanément quand Daevlyn le rassura par un baiser rempli de tendresse.

Peu à peu, Raphaël se détendait et se laissait aller sous les caresses de Daevlyn. Une étrange chaleur lui envahissait les reins, faisant naître un feu jusque là inconnu dans son bas ventre. Enhardi par cette chaleur agréable et bienfaisante, Raphaël se surprit à prendre des initiatives. Très vites, leurs caresses dépassèrent le stade de simple câlin pour se faire plus sensuelles, plus érotiques.

Cependant, Un contact un peu trop osé de la part de Daevlyn le fit se tendre brusquement. Il mit fin au baiser, et repoussa Daevlyn de toutes ses forces et se leva prestement, souhaitant mettre le plus de distance possible entre lui et cet homme qui, il y a encore quelques secondes lui apportait tant de plaisir et de confiance.

Raphaël s’éloigna de quelques mètres et s’accroupit, dos à son moniteur. Ses yeux le piquait et sa gorge le brûlait affreusement. Il ne put retenir ses larmes plus longtemps et elles se mirent à couler silencieusement le long de ses joues.

Il n’entendit pas Daevlyn s’arrêter à quelques pas de lui et sursauta lorsque sa voix retentie dans son dos.

- Je m’excuse Raphaël, j’ai voulu aller trop vite et je t’ai effrayé… Je ne voulais pas te faire de mal Raphaël, je ne t’en ferait jamais.

L’adolescent ne répondit rien. Il ne l’écoutait pas. Il ne voulait plus écouter ses mots. Des promesses… toujours des promesses, qui au final ne sont rien de plus que de simples mots lancés au hasard, sans aucune signification particulière. Les excuses n’effacent pas le mal que l’on nous fait. C’est tellement facile de dire pardon après avoir blessé quelqu’un… Non, il ne voulait plus entendre…

- Je t’aime.

Raphaël tressaillit violement et ses muscles se contractèrent. Il ne voulait pas entendre… Pourquoi Daevlyn lui disait-il ces mots ? Qu’est-ce qu’il attendait de lui ?

Il resta un long moment silencieux, puis il se retourna et dans un gémissement, il demanda :

- Est-ce que tu m’aimes moi, ou ton frère que tu retrouves en moi ?

A la réaction de Daevlyn, Raphaël sut parfaitement que sa question était pertinente. Il se rendit vite compte que l’adulte lui même n’avait pas la réponse à sa question. Les larmes brouillant sa vue, Raphaël se leva et s’exclama d’une voix qui cachait mal la rage qu’elle contenait.

- Pourquoi est-ce que tu me ment ? Pourquoi tu dis toujours des mots qui sont faux ? Tu agis toujours en ne pensant qu’à toi, sans réaliser le mal que tu me fais… Je te déteste…

Sur ses mots, ils se dirigea rapidement vers Diamond Dust et lui mit son filet. Puis, il monta à cheval et s’enfuit au galop en direction du ranch. Il voulait fuir… fuir cet homme qui le blessait sans même s’en rendre compte… Il poussa Diamond Dust au maximum, souhaitant mettre le plus de distance entre lui et son moniteur le plus rapidement possible.

Quand il vit le ranch apparaître devant lui, il ralenti l’allure et repassa au petit trot afin de laisser à Diamond Dust le temps de reprendre sa respiration. Quand il arriva, il offrit un bon pansage à sa monture et afin de se faire pardonner de l’effort intense qu’il lui avait demandé, Raphaël lui offrit un morceau de pain avant de le ramener au pré.

Après quoi, il se rendit à l’écurie et entra dans le box d’Amaranth. Le poulain l’accueilli d’un hennissement maladroit, heureux d’avoir de la compagnie et Raphaël se laissa tomber à genoux dans le box.

Amaranth sembla sentir la détresse et la douleur du jeune garçon car il s’approcha de lui et lui donna un petit coup de tête, comme pour lui faire comprendre qu’il était là.Ce fut le coup de grâce pour Raphaël qui éclata en sanglots, enfouissant son visage dans l’encolure du jeune animal. Celui-ci le laissa faire, comme s’il le comprenait et que de par ce geste, lui apportait son soutient.

Raphaël ne sut combien de temps il resta ainsi, pleurant toutes les larmes de son corps. Au bout d’une temps qui lui parut interminable, il finit par se calmer et essuya du revers de sa main, ses yeux rougis par les larmes.

A ce moment, il entendit la voix de Daevlyn l’appeler depuis l’extérieur. Se doutant que l’adulte allait venir le chercher ici, il se leva précipitamment et alla se cacher dans un des box vide au fond de l’écurie.

Il retient sa respiration tout le long que Daevlyn était là, tentant désespérément de calmer les battements frénétiques de son coeur qui battait tellement fort qu’il craignait que Daevlyn ne l’entende de la ou il se trouvait. Il soupira longuement quand il entendit son moniteur quitter l’écurie. A pas de loup, il sortit à son tour et alla s’enfermer dans sa chambre. Brisant les interdits, il verrouilla la porte de sa chambre d’ou il ne sortit même pas pour aller manger. Lorsque enfin il consentit à quitter la pièce, c’est pour aller préparer le biberon d’Amaranth.

Le lendemain matin, il se réveilla à l’aube comme à son habitude et alla nourrir le poulain. Puis, de retour dans sa chambre, il s’assit dans son lit, ou il resta jusqu’à ce que ce soit l’heure de se lever. Cependant, quand Daevlyn frappa à sa porte afin de le réveiller, il l’ignora totalement et ne répondit pas à ses appels. Après plusieurs minutes, Daevlyn finit par baisser les bras et se rendit au réfectoire avec le groupe d’adolescents.

Quand plus aucun bruit ne s’éleva des couloirs, Raphaël ouvrit prudemment la porte, et rassurer de ne voir personne, il fila en direction des douches.

Avoir entendu la voix de Daevlyn avait ravivé la douleur qui lui étreignait le coeur depuis la veille. Il se déshabilla avec une extrême lenteur, sentant la sensation des mains de Daevlyn parcourir délicatement son ventre et son torse. Ce souvenir lui amena une nouvelle fois les larmes aux yeux. Pourquoi devait-il toujours tout gâcher ? Pourquoi est-ce que son passé revenait-il toujours le hanter ?

De rage et de déception, il se saisit de cette lame de rasoir qui lui apportait tant de réconfort t la fit lentement glisser le long de son avant bras. Il rejeta la tête en arrière, dans un cri de bien être muet. Une expression indéfinissable entre l’extase et la douleur se dessinant sur son visage. Ses traits fins se crispèrent lorsque d’un mouvement plus brutal, il entailla plus profondément sa chair. Pourtant, il aimait cette douleur… il aimait cette sensation de contrôle qu’il avait sur son corps et le pouvoir de faire jaillir se sang si souillé qui coulait dans ses veines.

Ce ne fut qu’un long moment plus tard, qu’il sortit de la douche pour retourner dans sa chambre. Il n’en ressorti qu’aux alentours de midi, lorsque tous étaient au réfectoire. Discrètement, il se rendit aux cuisines et prépara à nouveau un biberon pour Amaranth.

Alors qu’il retournait à sa chambre après avoir passé un moment avec le petit poulain, dans son dos, Raphaël entendit Daevlyn qui l’appelait :

- Raphaël…

Sa voix semblait presque suppliante. Raphaël s’arrêta subitement et ferma les yeux. Il imaginait parfaitement l’air abattu qu’abordait à cet instant le visage de son moniteur. Pourtant, il ne se retourna pas… comme s’il ne l’avait pas entendu, il reprit sa route, feignant d’ignorer les appels désespérés de Daevlyn.

Tout le temps qu’il sentit le regard de Daevlyn posé sur lui, il garda la même allure constante, tentant tant bien que mal de rester maître de ses émotions. Ce ne fut que lorsqu’il disparut derrière l’angle du bâtiment qu’il se mit à courir aussi vite que ses jambes le lui permettaient.

Les deux jours qui suivirent se passèrent de la même manière. Raphaël ignorait totalement Daevlyn et ses vaines tentatives d’approche. Mais étrangement, contrairement à ce qu’il pensait, cela ne le satisfaisait pas. Il ne se sentait pas plus heureux loin de l’adulte. Oui, oui c’était lui qui avait fait le choix de nier jusqu’à son existence dans l’espoir que cela lui permettrait d’oublier toutes les merveilleuses sensations qu’il lui avait fait découvrir jusqu’à présent et qui n’étaient que mensonge.

Raphaël passait ses journées à dessiner, ne ressentant pas le besoin et encore moins l’envie de toucher aux repas que Daevlyn s’obstinait à lui apporter lors des rares moments ou il quittait sa chambre. Ses dessins étaient à l’image de son humeur et de ses ressentis. Sombres… tristes… morbides…

Des allégories de la Mort dans toute sa splendeur, un ange déchu pleurant de désespoir et de tristesse dans les limbes du Purgatoire… Des dessins sortis tout droit de son âme torturée qui auraient fait frémir n’importe qui tant la détresse qui en ressortait était grande.

Quand il ne dessinait pas, Raphaël pleurait, dans un vain espoir de tuer la douleur et le pincement au coeur qu’il ressentait. Puis, épuisé par ses larmes, il finissait par s’endormir, une migraine atroce lui martelant le crâne à force de pleurs et de réflexions. Toujours les mêmes réflexions qui au final, aboutissaient toutes de la même manière : le souvenir douloureux de cette après-midi qui avait pourtant si bien commencée…

Plusieurs fois, il s’était réveillé la nuit en criant de terreur, quand un mauvais tour de son esprit faisait ressurgir à la surface l’un des ses terribles moments du passé qu’il aurait souhaité oublier à jamais. Et toujours quand il se réveillait ainsi, tremblant de froid et de peur, les larmes inondant son visage, il espérait trouver Daevlyn à son chevet, qui lui parlait de sa voix douce et rassurante. Mais tout ceci n’arrivait que dans ses rêves… la réalité était toute autre… il était seul… désespérément seul, sans personne pour le consoler et panser ses blessures.

Et son coeur saignait… il saignait chaque jour un peu plus. Et Raphaël était là, il assistait impuissant à l’hémorragie qui tuait lentement son coeur. Il se sentait sur une pente glissante et pourtant, il ne faisait rien pour redresser la situation. Il se complaisait dans sa solitude et sa souffrance avec pour seule compagnie la mélancolie.

Le froid de la mort envahissait son corps. Son âme était aussi froide qu’une tombe sous la neige immaculée de l’hiver. Son regard éteint reflétait toute la grandeur de sa mélancolie.

Seule son enveloppe charnelle brûlait encore de ce faible éclat que l’on appel la vie. Pourtant, ce feu si précieux était sur le point se s’éteindre pour ne plus jamais se rallumer. Comme les derniers rayons du soleil qui se meurent quand vient la nuit.

Raphaël ressemblait plus à un cadavre qu’à un jeune homme à l’aube de sa vie. En deux jours, il avait perdu plusieurs kilos et son corps déjà fin, semblait à présent plus squelettique que jamais. Sa peau d’une pâleur extrême lui donne un air maladif et les cernes qui soulignent son regard améthyste éteint ne faisait que renforcer cette impression. Cependant, il restait beau… incroyablement beau… Ce genre de beauté froide qui semble receler un pouvoir mystérieux et tellement attrayant.

Plus rien ne semblait l’attirer suffisamment pour le maintenir en vie. Malgré tous ses efforts, il se sentait sombrer inexorablement vers sa déchéance et bientôt arriverait le point de non retour. Même Amaranth ne semblait pas être une raison suffisamment forte pour l’inciter à rester.

A présent, il voyait arriver à grand pas la fin de sa triste vie et sentait déjà planer au dessus de lui, l’ombre de la mort. Celle-ci semblait l’attendre patiemment, sachant parfaitement que son heure était proche… très proche…

Comme mû par une force invisible, Raphaël se leva et sortit discrètement de sa chambre. C’est tel un revenant qu’il traversa le couloir vide et silencieux. Tel un automate aux ficelles tirées par une puissance mystérieuse, il entra dans la douche et entreprit de faire couler l’eau.

Sans même se déshabiller, il pénétra sous l’eau, ignorant totalement les frissons glacés qui parcourirent son corps à ce contact. Avec une lenteur calculée, il s’empara de la lame de rasoir et tremblant comme un névrosé qui attend sa dose, il fit glisser la lame sur son avant bras, lacérant son vêtement par la même occasion. Quand la lame s’enfonça dans sa chair, un cri s’échappa de la gorge de l’adolescent. Un cri de jouissance à l’état pure. Il réitéra son geste, tailladant toujours plus profondément son bras meurtri. A ses pied, le bac à douche était définitivement teinté de rouge. Un rouge vif… un rouge synonyme de mort.

Pourtant, ce que Raphaël se savais pas, c’est qu’il s’était levé un peu plus tard que d’habitude et que l’un des adolescent venait d’entrer dans la salle d’eau. Le sang dans la cabine de douche avait attiré son attention et réprimant un cri d’horreur, il s’était enfuis en courant, à la recherche du surveillant.

Pendant ce temps, Raphaël continuait de mutiler sa chair, le bien être l’envahissant toujours un peu plus. Plongé dans cette plénitude, il se sentait pas que la vie le quittait peu à peu.

Quand Daevlyn entra dans la salle d’eau, son attention fut immédiatement attirée par l’eau rougeâtre qui s’écoulait de la cabine de douche en face de lui. Sans plus attendre, enfonça la porte. Le spectacle qui l’attendait le terrifia au plus haut point. L’eau glacée coulant sur son corps encore habillé, les cheveux lui tombant devant les visage jusque dans son dos et la lame de rasoir enfoncée dans son avant bras, Raphaël le regardait d’un air absent, son regard se voilant de ce voile si particulier quand arrive la mort.

Ce qui terrifia encore plus l’adulte, c’est la quantité importante de sang qui s’échappait des plaies que s’étaient infligé l’adolescent. Son vêtement en lambeau laissait apparaître un bras complètement charcuté. C’est alors que Daevlyn comprit, il ne s’était pas simplement mutilé… Non, cette fois ci s’était plus grave, il avait tenté de se suicider…

Il revient à la réalité quand il vit Raphaël tituber et s’effondrer. Daevlyn bondit en avant et rattrapa l’adolescent avant qu’il ne touche le sol.

Raphaël entendait au loin les cris de désespoir de Daevlyn et ses yeux se fermèrent sur la vision de son moniteur pleurant sur son corps.

Mourir pour revivre - Chapitre 20

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 20 écrit par Lybertys

Lorsqu’ils arrivèrent enfin dans le box où il ne restait plus que le poulain, ils trouvèrent le vétérinaire en pleine osculation. Silencieux et ne voulant pas le déranger, ils attendirent patiemment le verdict du médecin qui à leurs plus grand bonheur fut très positif. A l’aide des soins qu’ils lui prodigueraient, le poulain s’en sortirait dans trop de difficultés. Daevlyn en était presque sûr, cette jument avait toujours fait de beaux poulains en parfaite santé, il n’y avait pas de raison qu’il y ait exception cette fois-ci. Encore une fois, ce dont il avait eut le plus peur était la réaction de Raphaël si ce petit avait eu quoique ce soit.

Après avoir récupéré une boite de lait en poudre et remercié le médecin, Daevlyn suivit de Raphaël se rendit dans la cuisine pour préparer de quoi le nourrir. Le pauvre devait mourir de faim. Après avoir expliqué à Raphaël comment préparer celui-ci afin qu’il sache le faire tout seul, ils rejoignirent le poulain. Daevlyn tendit alors le biberon à Raphaël et lui dit simplement :

- Tiens, donne le lui.

L’adolescent s’avança d’un pas hésitant vers le poulain, ne sachant apparemment pas vraiment comment s’y prendre.

Mais le poulain semblant venir à sa rescousse. Attiré par l’odeur du lait nourricier qui lui faisait cruellement défaut, il s’empara immédiatement de la tétine et avala goulûment son contenu.

Daevlyn était incontestablement touché par une telle vision, heureux que Raphaël reprenne enfin une certaine forme de joie de vivre. Il n’aurait pas imaginé une seule seconde à son arrivée qu’il progresserait aussi rapidement.

Le contact avec les chevaux devait y être pour beaucoup.

Une fois que le poulain eut terminé son lait, il donna un léger coup de tête à l’adolescent lui faisant comprendre qu’il en voulait encore. C’est à ce moment-là seulement que Raphaël tourna de nouveau la tête vers l’adulte. Il lui lança un air si innocent et hésitant que Daevlyn ne pu s’empêcher de rire  tendrement.

Sentant qu’il était plus que temps de lui parler de ses intentions avec le poulain, il s’approcha doucement de lui et déclara :

- Il va falloir que tu lui trouve un nom…

- Moi !?? s’exclama Raphaël en se retournant vivement vers son moniteur.

Face à l’étonnement du jeune garçon, il lui dit :

- Tu sais Raphaël, j”aimerais tu élèves toi-même ce poulain. C’est donc à toi de lui donner un prénom.

- Mais je… je ne connais rien… je suis absolument incapable de m’occuper de ce poulain… ce que tu me demandes est absurde… souffla l’adolescent en baissant la tête.

Daevlyn s’attendait tout à fait à ce genre de réaction. Il avait eut la même lorsqu’on lui avait demandé d’élever Waterfalls. Et maintenant, il s’occupait de l’éducation de tous. Mais devant l’expression que renvoyait le visage de Raphaël où l’on pouvait y lire déception, tristesse et découragement, Daevlyn ne savait plus vraiment quoi penser. Lui en demandait-il trop ?

N’était-il pas heureux de la tache qu’il lui confiait ? Finalement, il choisit de s’assoire à ses côtés  dans la paille qui recouvrait le sol et délicatement, il glissa ses doigts sur la joue de l’adolescent, l’incitant à tourner la tête vers lui. Il ne supportait pas de voir ce regard fuyant, cela lui fait mal , cela ne faisait que lui rappeler ce qu’avait subit l’enfant par le passé.

Raphaël obéit docilement, mais ses yeux restèrent obstinément rivés sur le sol. Ne souhaitant pas s’en formaliser plus que cela il dit d’une voix posée qui se voulait calme et rassurante :

- Si je t’ai demandé de t’occuper du poulain, c’est parce que je t’en sais capable. Tu as en toi des capacités dont tu n’as pas idée. Et je ne dis pas ça pour te faire changer d’avis ou quoi que ce soit, mais parce que les faits sont là. J’ai vu passer beaucoup d’adolescents depuis que je suis ici, et par expérience, je peux t’assurer qu’aucun d’entre eux n’avait atteint en si peut de temps le niveau que tu as actuellement. Tu sais à présent suffisamment de choses pour pouvoir élever ce poulain, mais cela ne veux pas dire que tu doives te débrouiller seul, je serais toujours là si tu as un doute ou une question.

Après une courte pause, il ajouta :

- Je te laisse le temps de réfléchir, tu n’es pas obligé de me donner ta réponse tout de suite.

Sur ces derniers mots, le silence retomba dans l’écurie. Daevlyn espéra avoir été le plus clair possible, et n’avoir rien dit de déplacé. Il avait choisit ses mots avec une précaution extrême voulant lui faire passer le message le plus clairement possible.

Le silence devenait de plus en plus pesant et Raphaël semblait plongé dans la réflexion de ce que venait de lui dire son moniteur. Pourtant, quelques minutes plus tard, il déclara dans un souffle :

- Amaranth… Je vais l’appeler Amaranth…

Daevlyn ne put décrire la joie et le soulagement qu’il l’envahi à l’entente de ses mots. Ainsi, Raphaël l’avait comprit. Aussitôt il l’encouragea dans sa voie :

- C’est un très joli prénom… Qu’est ce que cela signifie ?

- C’est le nom d’une plante qui à la réputation de ne pas se faner. Comme cette plante, malgré la tragédie dont il est victime qui peut s’apparenter comme la saison froide, ce petit poulain est toujours là, prêt à recommencer une nouvelle vie.

- C’est une très belle interprétation. Et je trouve qu’elle véhicule un très beau message d’espoir. Ne t’avais-je pas dit que tu ferais un bon choix !?! s’exclama Daevlyn en prenant l’adolescent par les épaules et en l’attira à lui. Il déposa délicatement ses lèvres sur la joue de Raphaël et se leva.

- Allez viens, laissons le se reposer un peu et allons chercher Diamond Dust. Nous avons tout juste le temps d’aller le chercher et de lui donner un coup de brosse avant d’aller manger.

Raphaël se leva et après un dernier regard au poulain assoupi, il suivit Daevlyn.

L’après midi se passa paisiblement, en plus des leçons d’équitation, Raphaël s’occupa à la perfection d’Amaranth.

Celle-ci ce passa si bien, que Daevlyn ne vit même pas le temps passer. Encore une fois, il lui apprit énormément de chose. Il n’y avait pas meilleure école que dresser un animal soit même. Raphaël allait énormément apporter à ce poulain, tout autant que celui-ci allait apporter à Raphaël. La leçon d’équitation termina plus tôt afin que Raphaël puisse passer un maximum de temps avec  Amaranth. D’ailleurs, il ne semblait attendre que cela.

Les jours s’enchaînèrent de la même manière, plusieurs soirs, Raphaël sortait de sa chambre après le couvre feu sous la surveillance de son moniteur, ne voulant pas qu’il lui arrive des problèmes.

Chaque matin, celui-ci se levait à l’aube afin de nourrir le poulain, mais ne semblait pas voir que Daevlyn l’observait à chaque fois. L’adolescent semblait prendre sa mission à cœur et rien n’aurait put lui faire plus plaisir.

Ce matin, cependant, lorsque Daevlyn se rendit très tôt dans la chambre de Raphaël, voulant vérifier s’il était bien en train de nourrir le poulain, il le vit endormit dans son lit. Lentement il entra dans la chambre et referma la porte derrière lui. Il s’approcha alors, d’une démarche presque féline afin de ne pas le réveiller de cette manière. Arrivée à sa hauteur, il murmura un léger :

- Raphaël… c’est l’heure de te lever.

Mais cela n’eut pas le moindre effet. Cet enfant devait être épuisé. Après tout, cela était normal, il n’avait pas arrêté de s’occuper d’Amaranth se levant très tôt le matin et se couchant tard le soir. Constatant cela, il préféra le laisser dormir et prit la direction de la cuisine avec l’intention de s’occuper lui même du petit poulain pour ce matin.

Une fois le poulain nourrit, il alla réveiller tout les adolescents, laissant encore une fois dormir Raphaël.

Une fois son petit déjeuner terminé, il alla souhaiter une bonne randonnée à Sébastien, lui rappelant qu’ils ne partiraient pas avec eux, comme convenu précédemment.

La matinée étant bien entamée, il décida d’aller cette fois-ci réveiller Raphaël pour de bon.

Pareillement à la dernière fois, il entra doucement dans sa chambre et s’approcha du lit, mais au lieu de lui murmure de se réveiller, il se pencha au dessus de lui, et passa délicatement une main sur la mèche de cheveux barrant son visage si doux. Il déposa alors un chaste baiser sur le coin de ses lèvres. Là, il murmura :

- Raphaël…

Celui-ci sourit avant d’ouvrir les yeux, et cela réchauffa le cœur de Daevlyn. S’était effrayant comme un simple sourire de cet adolescent pouvait lui apporter.

Pourtant, quelque chose sembla venir troubler l’adolescent, car soudain, il se redressa, affichant un air inquiet sur son visage et semblant chercher quelque chose du regard.

- Qu’est ce qui t’arrive

- Quelle heure est-il  demanda-t-i

- Il ne dois pas être loin de 10h00.

Raphaël bondit hors du lit semblant totalement paniqué, si paniqué qu’il resta paralysé debout, ne semblant plus savoir quoi faire. Daevlyn dit alors d’une voix qui se voulait calme et posée, tentant de le comprendre :

- Raphaël ? Qu’est ce qu’il y a ?

- Amaranth, je ne m’en suis pas occupé, il doit mourir de faim, je…

- Calmes toi, je m’en suis occupé.

Les yeux de Raphaël se baissèrent automatiquement comme s’il avait honte.

- Je suis désolé, je n’ai pas su faire ce que tu m’as demandé, j’ai…

- Tu t’occupes de ce poulain mieux que personne Raphaël, il ne pouvait pas rêver mieux. C’est moi qui t’ai laisser dormir ce matin, car tu avais besoin de repos.

- …

- Bon, je te laisse te préparer, aujourd’hui, nous sommes dimanche. Nous partons donc en randonné tous les deux, à cheval cette fois-ci, je t’attends à l’écurie.

Ne sachant plus se retenir, il déposa un simple baiser sur la joue de Raphaël qui se mit immédiatement à rougir.

Puis il le laissa, mettant en application ce qu’il venait de dire. Il se rendit directement dans le pré après avoir prit les licols, et attrapa Diamon Dust et Waterfalls qui vint immédiatement à sa rencontre. Il passa longuement sa main sur son encolure.

Sortit du parc, il les attacha à la barre d’attache et alla chercher le nécessaire pour les brosser, les sceller et les brider. Raphaël arriva très peu de temps après. Mais après une caresse à Diamon Dust, il regarda fixement Daevlyn semblant lui demander quelque chose. Chose que Daevlyn comprit immédiatement.

- Allez file lui dire bonjour. Tu as un bon quart d’heure le temps que je prépare nos montures.

Un sourire illumina le visage de Raphaël qui partit en courant vers le fameux box, pour ne revenir effectivement qu’un quart d’heure après.

Après un dernier sanglage et une dernière vérification, Daevlyn laissa les deux chevaux avec Raphaël et partit chercher leur pique nique en cuisine.

Lorsqu’il revint, ils montèrent tous deux à cheval, et partirent en ballade. Daevlyn espéra qu’elle se passerait mieux que la dernière fois, et donna quelques conseils à Raphaël pour éviter une autre chute. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et promettait une chaude journée.

Etant déjà partit assez tardivement, ils ne firent qu’une petite étape avant le repas. Ils s’arrêtèrent près d’une rivière afin de faire boire les chevaux, puis allèrent les attacher à l’ombre des pins un peu plus loin. Daevlyn lui expliqua comment choisir sa branche, et lui demanda de le débarrasser de son filet et de le dessangler de deux trous.  Daevlyn attrapa le pique nique dans les sacoches et alla s’installer à proximité de leurs deux chevaux.

Raphaël le rejoignit assez rapidement, et Daevlyn réalisa alors qu’avec ce réveil précipité, il n’avait pas prit de petit déjeuner.

- Tu dois avoir faim.

Raphaël sourit et hocha timidement la tête. Cette simple action fit littéralement fondre Daevlyn. Il n’avait qu’une envie : le prendre dans ses bras, le serrer très fort et prendre possession de ses lèvres une nouvelle fois. Mais il réfréna  son ardeur, et tendit un sandwich à Raphaël évitant son regard, pour ne pas se mettre à rougir au sujet d’autres pensées qui lui venaient dès lors à l’esprit. Ce fut une des rares fois où il vit Raphaël manger autant. Pour la première fois, il ingurgitait une dose normale de nourriture. Cet appétit soudain faisait plaisir à voir.

Une fois le dessert terminé, Daevlyn chercha un place confortable avant de s’allonger sur le dos pour se préparer à faire une petite sieste digestive avant de remonter à cheval.

Sous le regard interrogateur de Raphaël, il lui expliqua alors :

- Avant de monter tout de suite à cheval, je te propose de s’allonger un peu pour digérer et se reposer. Ce sera plus fatiguant cet après midi…

Raphaël hocha la tête et s’approcha à une distance respectable de Daevlyn avant de s’assoire de nouveau sur l’herbe. Daevlyn, n’y tenant plus, lui demanda alors :

- Tu ne veux pas venir… plus prêt ?

Daevlyn vit les joues de Raphaël s’empourprer immédiatement.

Pensant que celui-ci n’allait jamais accéder à sa demande, c’est un peu déçu, qu’il allait se rallonger et fermer les yeux. Mais contre tout attente, il vit Raphaël se lever et venir s’asseoir à quelques centimètres de lui, évitant une fois encore tout contact de son propre chef. Ne résistant pas, Daevlyn parcourut les quelques centimètres et se colla contre lui. La il s’allongea posa son bras de manière à inviter Raphaël à poser sa tête sur celui-ci.

De manière hésitante,  Raphaël s’allongea à son tour, posant sa tête sur le bras accueillant de Daevlyn, non sans une certaine appréhension. Daevlyn rabattit alors sa main sur Raphaël, lui caressant alors tendrement la joue plusieurs fois. Puis il resserra son étreinte voulant avoir tout son corps collé contre lui. Puis il posa sa main sur son torse, sentant alors le cœur de Raphaël battre à toute allure. Là, il ne bougea plus et s’assoupit légèrement, profitant de l’air frais qui soufflait sur eux, et de la chaleur du petit corps frêle collé tout contre lui.

Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi serein. Ce ne fut qu’un long moment plus tard, qu’il rouvrit les yeux, revenant à la réalité de la situation dans laquelle il se trouvait. Le corps de Raphaël collé tout contre lui, lui donnait soudain chaud. Il tourna sa tête vers son visage et vit que celui-ci aussi était réveillé. Il ne put s’empêcher de lui sourire. Sourire que lui rendit Raphaël. On ne lisait plus la même appréhension sur son visage, il semblait parfaitement bien au creux des bras protecteurs de Daevlyn. Son regard se posa alors sur une partie particulière du visage de l’adolescent, et ne parvenait pas à s’en détacher.

Au souvenir de leur douceur, il ne désirait qu’une seule chose, les retrouver de nouveau et mêler une fois encore sa langue à celle de Raphaël.

Sans vraiment se rendre compte de sa progression jusqu’à sa bouche, il joignit les lèvres de l’adolescent aux siennes pour un autre échange si particulier. Mais étonnement, ce ne fut pas Daevlyn qui força le barrage de ses lèvres. Peu de temps après ce baiser, il sentit la langue de Raphaël lui demander de rejoindre la sienne. Il accéda aussitôt à sa demande et lui offrir un baiser tendre et rassurant. Seulement, l’adolescent devenait de plus en plus entreprenant et en semblait tout aussi surprit que Daevlyn.

Sans lâcher une seule seconde la bouche de Raphaël, il se redressa et se mit légèrement au dessus de Raphaël afin d’approfondir ce baiser devenant cette fois ci de plus en plus excitant.

Il sentit alors une main se poser sur son torse, mais qui reparti aussi rapidement qu’elle était venue. Daevlyn rattrapa alors cette main et la posa sur son torse tout en la faisant glisser sous son t shirt, permettant ainsi à Raphaël d’avoir un contact direct avec sa peau et lui permettant de sentir réellement cette main le toucher. Il sentit au baiser de Raphaël que celui-ci était terriblement gêné et troublé parce ce qu’il était en train de faire,  car l’on ne pouvait rien cacher dans un baiser. Sa main d’abord timide, finit par se laisser aller à une caresse plus franche. Ne faisant au départ qu’être effleuré par cette main hésitante, Daevlyn ferma les yeux pour se laisser aller à la douceur et à l’innocence de ce simple geste que lui offrait Raphaël. Voulant lui montrer le bien que cela lui procurait, Daevlyn voulu lui rendre la pareille. Mais avant de passer sa main sous son t-shit, il se contenta de légères caresse sur ses hanches à travers son t-shirt à manche longue.

Il fit glisser son autre bras jusqu’alors prisonnier de la tête de Raphaël dans son cou afin de caresser délicatement sa nuque.

Il aurait voulut faire voyager ses mains sur tout le corps de Raphaël, partir ainsi à la découverte de points sensibles, mais ne souhaitant surtout pas le brusquer, il resta le plus sage possible, bien que cela lui demandait une énorme maîtrise de lui-même.

Sentant qu’il avait assez attendu, il glissa un mains sous son t-shit, passant lentement sur le bas de son ventre et remonta sur son torse imberbe, tout en l’embrassant avec une douceur presque calculée, lui montrant qu’il ne lui voulait aucun mal.

Le corps de Raphaël se raidit à ce contact, et Daevlyn ralentit sa progression, allant même jusqu’à s’arrêter puis repartir. Peu à peu, celui-ci se détendit de nouveau, se laissant aller sous les mains expertes de Daevlyn, semblant finalement y prendre un certain plaisir.

Daevlyn ne fit même pas attention au cicatrice sur le corps de Raphaël qu’il effleura, c’est à peine s’il remarqua leur présence. Il était bien trop à la fois concentré et perdu dans l’échange qu’il avait avec Raphaël.

Leurs caresses mutuelles devinrent de plus en plus sensuelles et leur baiser érotique. Raphaël prenait de plus en plus d’initiatives.

Seulement, emporté par sa propre excitation, Daevlyn ne réalisa pas qu’il dirigeait sa main droite de manière un peu trop rapide vers l’intimité de Raphaël, qui se raidit automatiquement en repoussant de toute ses forces l’adulte. Il s’échappa de son étreinte, comme s’il était soudain paniqué et apeuré par l’homme qui jusqu’à présent venait de lui apporter du plaisir.

Il se releva et se mit de dos, baissant la tête. Daevlyn pouvait deviner que des larmes devaient emplir les yeux de Raphaël. Jurant contre son propre empressement, il se releva à son tour et s’approcha de Raphaël qui s’était légèrement éloigné. Arrivé juste derrière lui, il réprima un geste et se contenta alors de lui dire :

- Je m’excuse Raphaël, j’ai voulu aller trop vite et je t’ai effrayé… Je ne voulais pas te faire de mal Raphaël, je ne t’en ferait jamais.

- …

Un long silence pesant s’installa entre eux. N’y tenant plus, Daevlyn se lança alors à révéler une chose qu’il avait toujours eut du mal à dire, deux mots qui lui avait coûté beaucoup par le passé : la perte de son frère.

- Je t’aime.

Il vit alors Raphaël tressaillir, et tous ses muscles semblèrent se contracter. Cela fut suivit par un silence dont Daevlyn ne parvint pas bien à évaluer la durée. Il lui parut durer des heures entières.

Lorsque Raphaël se retourna enfin, Daevlyn vit ses yeux rouges emplis de larmes. Pourquoi réagissait-il ainsi ? c’est alors que Raphaël dit dans un plainte à peine audible :

-  Est-ce que tu m’aimes moi, ou ton frère que tu retrouves en moi ?

Daevlyn fut directement frappé par cette question. Cette question qu’il se posait depuis si longtemps inconsciemment et auquel il n’avait pas encore trouver de réponse claire. Pourquoi Raphaël lui posait-il cette question maintenant et de cette manière ? Et pourquoi ne lui répondait-il pas ? Avait-il seulement une réponse à cette question ?

Mourir pour revivre - Chapitre 19

Mercredi 17 octobre 2012

Chapitre 19 écrit par Shinigami

Dans son sommeil, Raphaël sentit une main douce et apaisante lui caresser les cheveux. Celle-ci fut vite remplacée par une légère caresse humide qui se posa sur sa joue. A ce contact, Raphaël sursauta et ouvrit subitement les yeux qu’il referma aussitôt face à l’afflux d’une lumière aveuglante. Il papillonna des yeux afin de s’habituer à la clarté environnante, tandis que son regard parcourait les murs de béton gris. Soudain, l’air interrogateur de son visage se transforma en lueur d’effroi lorsqu’il se souvient de la raison de sa présence en ces lieux. Il se retourna vivement, ne faisant pas attention à Daevlyn et ne remarquant pas son regard attristé. Anxieusement, Raphaël tendit la main vers le corps de la jument qui, quelques heures plutôt était encore source de chaleur. Face au corps inerte de la jument, Raphaël sentit les larmes lui monter aux yeux. Fébrilement, il caressa le cadavre de la jument, ne cherchant pas à retenir ses larmes. Son corps était convulsé de spasmes de sanglots plus violents les uns que les autres.

Une main se posa sur son épaule en signe de compassion et de réconfort. La seule main par laquelle il acceptait d’être touché… celle de Daevlyn. Comprenant ce geste comme une invitation, Raphaël se laissa aller dans les bras rassurants et protecteurs de son moniteur. Il laissa libre court à sa douleur et à son chagrin. Malgré lui, son passé venait de ressurgir des tréfonds de sa mémoire. Il avait mal pour le poulain qui comme lui, était à présent orphelin. Par un étrange hasard, ils se retrouvaient liés par le destin. Deux être si différents mais pourtant si semblables…

Accablé par son propre chagrin, Raphaël ne se rendit pas compte qu’il n’était pas le seul à pleurer. Il ne sut combien de temps il resta ainsi, pleurant toutes les larmes de son corps, libérant sa douleur, dans les bras de Daevlyn. C’est à peine s’il entendit Sébastien intimer à Daevlyn l’ordre de le ramener dans sa chambre et n’eut aucune réaction lorsque l’adulte le prit dans ses bras et le porta jusque dans sa chambre. Il se sentait complètement amorphe, vidé de toute énergie…

Délicatement, Daevlyn déposa l’adolescent dans son lit, prit une chaise et s’assit devant lui.

Ce fut Raphaël qui brisa le silence instauré, prononçant ainsi ses premiers mots de la journée :

- Pourquoi Daevlyn… J’aurais tant aimé que ce petit poulain ne soit pas orphelin à son tour, que sa mère…

Raphaël ne se rendit même pas compte qu’il avait prononcé tout haut, ce qu’il pensait au fond de lui.

Ce ne fut que lorsque Daevlyn lui caressa la joue avec une tendresse et une délicatesse toute particulière qu’il sembla reprendre ses esprits. Puis la voix grave et apaisante de Daevlyn s’éleva dans la pièce :

- Tu sais Raphaël, tu le sais tout autant que moi. La vie ne fait de cadeau à personne et pas non plus à ce petit poulain. Mais il a quand même de la chance.

“De la chance ? Comment peut-il avoir de la chance alors que sa mère vient de mourir, alors qu’il ne connaîtra jamais la douceur et l’amour d’une mère…”

Il lança un regard interrogateur à l’adulte, ne comprenant pas comment celui-ci pouvait tenir de tels propos. Face au regard rempli d’incompréhension du jeune garçon, Daevlyn ajouta :

- Il nous a tous les deux. Il va falloir que l’on prenne soin de lui. Il t’a toi et moi, comme je t’ai toi et tu m’as moi. Nous ne pouvons crier au désespoir tant que nous avons toujours quelqu’un à nos côtés. Ce n’est que dans l’isolement total que tu pourras alors peut être commencer à baisser les bras.

- Je…

Raphaël ne put ajouter un mot de plus. Ceux-ci restaient coincés au fond de sa gorge, comme s’ils refusaient de sortir. Daevlyn vint alors prendre place aux côtés de l’adolescent. Là, il ouvrit les bras, invitant Raphaël à venir s’y réfugier et trouver le réconfort qui lui manquait. L’adolescent ne se fit pas prier et se jeta presque violement dans les bras puissants entres lesquels il se sentait en sécurité. Raphaël pleura longuement, il avait l’impression que son corps se vidait de toute l’eau qu’il possédait et pourtant les larmes ne semblaient pas vouloir s’arrêter.

Lorsque ses sanglots se tarirent enfin, avec son pouce, Daevlyn essuya les dernières gouttes d’eau salée qui perlaient aux coins des yeux de l’adolescent puis lentement, il s’avança vers les lèvres si tentantes du jeune garçon. Raphaël avait parfaitement comprit l’intention de Daevlyn et alors que la distance entre eux s’amenuisait à vue d’oeil, il se surprit à languir le contact agréable des lèvres de son moniteur. A travers ce baiser, Raphaël sentit tout un flots d’émotions et de sentiments l’envahir subitement. Son coeur s’emballa sous l’afflux de tendresse, de réconfort et de tout un tas d’autres sentiments qu’il n’arrivait pas à nommer. Raphaël était totalement abandonné dans les bras de l’adulte. Jamais il ne s’était sentit aussi bien et pour rien au monde il ne voulait que cet instant se brise. Un subtile mouvement de Daevlyn fit comprendre à l’adolescent que celui-ci n’allait pas tarder à rompre le contact. Enhardi par la passion qui lui échauffait les reins, Raphaël passa une main sur la nuque de Daevlyn et l’attira à lui, l’obligeant par la même occasion à approfondir le baiser. Raphaël fut surprit par sa propre audace mais ne s’en formalisa pas davantage, se laissant porter par le plaisir que lui procurait la langue de Daevlyn qui explorait sa bouche sans pudeur. Pourtant, lorsque qu’une main de Daevlyn plus entreprenante que d’habitude vint se loger au creux de ses reins, Raphaël se tendit subitement, puis finit par se décontracter légèrement quand il s’aperçut que celle-ci n’allait pas plus loin.

Plusieurs coups frappés à la porte les fit redescendre sur terre. S’apercevant alors de leur position et réalisant qu’à tout moment quelqu’un aurait pu les surprendre, ils s’éloignèrent rapidement l’un de l’autre, regagnant à contre coeur un distance respectable.

- Dans mon bureau tous les deux ! dit sèchement Sébastien.

La voix sèche et et intransigeante de Sébastien leur fit comprendre qu’il n’admettait aucun refus. Raphaël craignait d’être puni pour avoir désobéit au règlement, mais appréhendait également qu’une quelconque remarque soit faite à Daevlyn par sa faute. Il était le seul fautif, Daevlyn n’était en rien responsable des actions de l’adolescent.

Une fois dans le bureau, Sébastien prit à nouveau la parole. Mais contrairement à ce que s’était attendu le jeune garçon, il se contenta de lui faire la morale sur son comportement irraisonné et irresponsable, lui intimant l’ordre de ne plus jamais recommencer une telle stupidité. Soulagé, Raphaël se contenta d’un simple hochement de tête en guise d’acquiescement. Puis, ils furent chargés d’aller apporter leur aide au vétérinaire qui était pour le moment, chargé des soins à apporter au poulain.

Tous deux ne se firent pas prier et s’éclipsèrent rapidement. Sur le chemin qui menait à l’écurie, Raphaël adressa un léger sourire à Daevlyn en guise de remerciement et l’adulte le lui rendit.

Quand ils arrivèrent dans le box ou se trouvait le poulain, et peut de temps avant sa mère, ils trouvèrent le vétérinaire en pleine osculation du poulain. Silencieux, Raphaël alla s’asseoir dans un angle du box et Daevlyn le suivit, s’adossant contre le mur. Patiemment, ils attendirent le verdict du vieil homme.

- Le petit est en parfaite santé. Malgré sa petite taille, il est robuste. Il est donc totalement hors de danger. Le mieux à faire, serait de lui trouver une mère adoptive. En attendant, il faudra le nourrir avec ce lait spécial.

Le vétérinaire tendit à Daevlyn une boite de lait en poudre et rangea son matériel. Après quoi, Daevlyn et Raphaël le raccompagnèrent à l’extérieur. Puis, Daevlyn se rendit aux cuisines et Raphaël lui emboîta le pas. Là, l’adulte expliqua à l’adolescent comment préparer le biberon.

Une fois celui-ci prêt, ils retournèrent aux écuries, leur butin en main. C’est alors que Daevlyn tendit le biberon à Raphaël et lui dit :

- Tiens, donne le lui.

L’adolescent s’avança d’un pas hésitant vers le poulain, ne sachant pas vraiment comment s’y prendre. Attiré par l’odeur du lait nourricier, le poulain vint au secours de l’adolescent en s’emparant de la tétine. Alors qu’il avalait goulûment le contenu du biberon, Raphaël se mit à sourire béatement. Daevlyn qui n’avait pas bougé, regardait la scène d’un air attendrit, satisfait de son choix. Le poulain termina rapidement sa ration et d’un léger coup de tête à l’adolescent, il lui fit  comprendre qu’il en voulait plus. Raphaël se tourna alors vers l’adulte et lui lança un regard si innocent et hésitant que Daevlyn ne pu s’empêcher de rire tendrement. Puis, il s’approcha de lui et déclara doucement :

- Il va falloir que tu lui trouve un nom…

- Moi ?! s’exclama Raphaël en se retournant vivement vers son moniteur.

Face à l’étonnement du jeune garçon, il lui dit :

- Tu sais Raphaël, j”aimerais tu élèves toi même ce poulain. C’est donc à toi de lui donner un prénom.

- Mais je… je ne connais rien… je suis absolument incapable de m’occuper de ce poulain… ce que tu me demandes est absurde… souffla l’adolescent en baissant la tête.

Il se sentait tellement indigne de la confiance et de l’affection que lui portait Daevlyn… comment pouvait-il apprécier un garçon comme lui, incapable de répondre positivement à une demande de son moniteur. Peu à peu, la tristesse fit place à la déception et le découragement. Au fond de lui, il aurait tellement aimé s’occuper du poulain et que Daevlyn pose encore sur lui un regard empli de fierté. Honteux, il se détourna du regard de l’adulte qu’il sentait posé sur lui.

Daevlyn savait pas à quoi pensait l’adolescent, mais son comportement ne lui laissait pas l’ombre d’un doute. Il s’assit à ses côtés dans la paille qui ornait le sol et délicatement, il glissa ses doigts sur la joue de l’adolescent, de façon à lui faire tourner la tête vers lui. Raphaël obéit docilement, mais gardait obstinément les yeux rivés vers le sol, ne souhaitant aucunement croiser le regard de Daevlyn. Celui-ci ne s’en formalisa pas, mais déclara d’une voix posée :

- Si je t’ai demandé de t’occuper du poulain, c’est parce que je t’en sais capable. Tu as en toi des capacités dont tu n’as pas idée. Et je ne dis pas ça pour te faire changer d’avis ou quoi que ce soit, mais parce que les faits sont là. J’ai vu passer beaucoup d’adolescents depuis que je suis ici, et par expérience, je peux t’assurer qu’aucun d’entre eux n’avait atteint en si peut de temps le niveau que tu as actuellement. Tu sais à présent suffisamment de choses pour pouvoir élever ce poulain, mais cela ne veux pas dire que tu doives te débrouiller seul, je serais toujours là si tu as un doute ou une question.

Après une courte pause, il ajouta :

- Je te laisse le temps de réfléchir, tu n’es pas obligé de me donner ta réponse tout de suite.

Sur ces derniers mots, le silence retomba dans l’écurie. Raphaël se récitait mentalement les paroles de son moniteur. Quelques minutes plus tard, il déclara dans un souffle :

- Amaranth… Je vais l’appeler Amaranth…

- C’est un très joli prénom… Qu’est ce que cela signifie ?

- C’est le nom d’une plante qui à la réputation de ne pas se faner. Comme cette plante, malgré la tragédie dont il est victime qui peut s’apparenter comme la saison froide, ce petit poulain est toujours là, prêt à recommencer une nouvelle vie.

- C’est une très belle interprétation. Et je trouve qu’elle véhicule un très beau message d’espoir. Ne t’avais-je pas dit que tu ferais un bon choix ?!! s’exclama Daevlyn en prenant l’adolescent par les épaules et en l’attira à lui. Il déposa délicatement ses lèvres sur la joue de Raphaël et se leva.

- Allez viens, laissons le se reposer un peu et allons chercher Diamond Dust. Nous avons tout juste le temps d’aller le chercher et de lui donner un coup de brosse avant d’aller manger.

Raphaël se leva et après un dernier regard au poulain assoupi, il suivit Daevlyn.

Après le déjeuner, Raphaël alla préparer un biberon pour Amaranth et le lui apporta. Quand le poulain le vit arriver, il se leva précipitamment et s’approcha de lui. Une fois l’animal nourrit, Raphaël partit rejoindre Daevlyn qui de son côté, avait sellé Diamond Dust. L’adolescent prit sa monture, et parti en direction du rond de longe, suivit par Daevlyn.

Après la leçon, ils s’occupèrent de Diamond Dust et Raphaël le ramena au pré tandis que Daevlyn sortait Waterfalls. Avec l’aide de Raphaël, il le brossa puis l’emmena dans le rond de longe. Comme à son habitude, Raphaël s’assit dans l’herbe et observa, buvant les explications de son moniteur qui, ravit de le voir s’intéresser, lui faisait partager son savoir.

Une heure s’écoula ainsi jusqu’à ce que Daevlyn décrète que s’était suffisant pour aujourd’hui.

Ils s’occupèrent du cheval et le ramenèrent au pré, puis se rendirent au réfectoire. Là, à la surprise générale, Daevlyn prit place aux côtés de Raphaël et ils mangèrent en silence, sous les regards interrogateurs des autres pensionnaires.

Daevlyn avait constaté avec joie que Raphaël mangeait sensiblement plus qu’à son arrivée au ranch. L’adulte prenait son temps pour manger, incitant de cette manière, l’adolescent à en faire de même. Ils quittèrent le réfectoire pratiquement en même temps que les autres adolescents, puis ils se rendirent aux cuisines afin de préparer le biberon d’Amaranth.

C’est avec un magnifique sourire dessiné sur les lèvres que Raphaël entra dans le box de son petit protéger en l’appelant afin de le familiariser à son prénom. L’animal se précipita vers lui, et alors qu’il allait lui donner son biberon, Daevlyn qui l’observait depuis l’extérieur du box, déclara :

- Ne lui donne pas tout de suite. Il ne faut pas qu’il prenne l’habitude de recevoir à manger à chaque fois qu’il vient vers toi. Caresse le un moment avant, fait connaissance avec lui. Ne soit pas simplement la main qui le nourrit, mais fait en sorte de devenir “sa maman”. N’hésite pas à le repousser s’il devient trop entreprenant, comme tu le ferais avec Diamond Dust. Mais sans y aller aussi fortement, c’est un poulain, un simple refus devrais suffire.

Raphaël s’exécuta, et caressa longuement le poulain, insistant sur les parties sensibles afin de commencer à l’habituer au contact humain. Puis, ne souhaitant pas le faire attendre trop longtemps, il lui donna son biberon, qu’il vida  en quelques secondes.

Raphaël resta encore un long moment avec le petit animal, lui parlant et jouant avec lui. Puis, soudain, il se leva subitement et après un “je reviens” lancé rapidement à Daevlyn, il s’élança en direction des dortoirs, sous le regard intrigué de l’adulte. Quelques minutes plus tard, Raphaël revient tout essoufflé, tenant dans la main un morceau de tissu.

Devant le regard chargé d’incompréhension que lui lançait Daevlyn, Raphaël déplia le morceau de tissu, dévoilant ainsi son haut de pyjama. Les joues rosies, il déclara timidement :

- Maman m’avait raconté une fois que quand j’étais bébé je n’arrivais pas à dormir. Alors elle m’a donné un vêtement imprégné de son odeur et qu’après je me suis endormi.

Il désigna son pyjama et ajouta :

- C’est pour qu’il se sente moins seul…

Attendri, Daevlyn embrassa tendrement l’adolescent dans les cheveux et déclara :

- C’est une très bonne idée.

L’adolescent sourit en rougissant légèrement, puis après une dernière caresse au poulain, il déposa un bisou sur son chanfrein et lui souhaita une bonne nuit.

Après quoi, ils repartirent en direction des dortoirs et Raphaël alla se préparer pour la nuit. Avant de s’endormir, il programma son réveil et le posa sous son oreiller.

Raphaël fut réveillé au premier “bip”. Il l’éteignit précipitamment afin de ne pas alarmer Daevlyn puis, discrètement, il sortit de sa chambre. Il longea discrètement le mur et s’arrêta subitement lorsqu’une latte de mit à grincer. Il resta plusieurs secondes immobile, puis, rassuré, il reprit sa périlleuse avancée.

Après s’être rendu à la cuisine, il se précipita vers les écuries. Il alluma la lumière, et doucement, il s’approcha du box d’Amaranth. Il entra et après quelques caresses, il lui donna son biberon. Cependant, trop occupé dans sa tâche, il ne vit pas que Daevlyn l’observait discrètement, un sourire mi-tendre, mi-amusé, illuminant son visage encore un peu endormi. L’adolescent semblait prendre sa mission à coeur et rien n’aurait put lui faire plus plaisir.