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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 22

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 22 écrit par Lybertys

Daevlyn restait là, figé, incapable de prononcer un simple mot. Trop de questions se bousculaient dans sa tête, trop de choses venaient y interférer. Pourquoi avait-il dit qu’il l’aimait, s’il n’était même pas capable de répondre à cette question ? Pourquoi ne parvenait-il pas à lui répondre ?

Pourquoi lui avoir dit cela, et pourquoi douter maintenant ? Est-ce que Raphaël avait raison, est ce qu’il n’aimait que son frère qu’il retrouver en lui ? Il savait qu’il aimait Raphaël, mais l’aimait-il pour lui même ? Les questions se bousculant dans sa tête, il ne remarqua même pas la peine, la haine, et la souffrance dans laquelle il plongea Raphaël.

Rester silencieux à cette question était pire que tout, et sans le vouloir, il avait déjà répondu à Raphaël. C’était même pire que d’avoir répondu “mon frère que je retrouve en toi”, car son silence prouvait qu’il ne le savait même pas lui-même.

Les larmes brouillant sa vue, Raphaël se leva et s’exclama d’une voix qui cachait mal la rage qu’elle contenait.

- Pourquoi est-ce que tu me ment ? Pourquoi tu dis toujours des mots qui sont faux ? Tu agis toujours en ne pensant qu’à toi, sans réaliser le mal que tu me fais… Je te déteste…

Sur ses mots, ils se dirigea rapidement vers Diamond Dust et lui mit son filet. Puis, il monta à cheval et s’enfuit au galop en direction du ranch.

Daevlyn n’esquissa pas un seul geste vers lui pour l’arrêter, le rassurer ou même le rattraper. Oui, il n’agissait en ne pensant qu’à lui. Ces mots une personne les lui avait déjà prononcé. Il s’en rappelait très clairement, c’était le jour de l’incendie, le jour son frère l’avait abandonné. Mais les plus durs à encaisser furent les dernières paroles de Raphaël : “Je te déteste”…

Le détestait-il autant qu’il se détestait lui-même ? Si c’était le cas, Daevlyn aurait bien voulut mourir sur le champ pour s’arracher à cette vie qui ne valait plus la peine d’être vécue. Mais cela n’aurait été qu’une solution de facilité, il devait payer pour ce qu’il avait fait, pour ce qu’il venait de faire subir à Raphaël.

N’était-ce que des mots ?

Lui avait-il vraiment dit “Je t’aime” sans en penser un moindre mot ?

Le hennissement de mécontentement de son cheval voyant Diamon Dust partir sans lui, sortit Daevlyn de l’état second dans lequel Raphaël venait de le laisser.

Il s’approcha lentement les jambes tremblantes vers Waterfalls. Arrivé à sa hauteur, il passa fébrilement sa main sur son encolure, avant de craquer et d’enfouir une fois de plus sa tête dans l’épaisse crinière de son ami, pleurant de tout son saoule.

Il avait terriblement mal, et aurait voulu que quelqu’un vienne le corriger et roue son corps de coups. Il avait envie de souffrir physiquement, pour ce qu’il venait de faire. Il venait de briser Raphaël par deux simples mots, il venait une fois de plus de tout gâcher. Il n’avait plus la force de recommencer, de relever la tête et d’avancer comme si de rien était.

De marcher devant tous ces gens qui l’observaient de manière si impudique qu’il avait l’impression qu’ils savaient tout. Il aurait voulut hurler au monde entier les fautes qu’il avait commise pour que tout le monde le haïsse autant qu’il se haïssait lui même.

Mais que Raphaël le haïsse était pire que tout. Il aurait tant voulu revenir en arrière, revenir jusqu’à ce premier baiser qu’il s’était risqué à échanger avec Raphaël… ce premier baiser qui avait tout gâcher…

Tout comme il avait anéantit la relation qu’il aurait dû avoir avec son frère… Mais était-ce vraiment possible d’aller au devant de ses sentiments et de les refouler ? N’était-ce pas alors se nier sois même ? Nier ce qui fait de nous l’être que nous sommes…

Daevlyn se recula de sa monture, lui fit une dernière caresse, puis attrapa son filet, l’attacha à la scelle de manière à le maintenir. Puis il détacha la longe de l’arbre et marcha aux côtés de son cheval. Il ne lui monta pas dessus, il en aurait été incapable. Il avait besoin de marcher, comme pour se prouver qu’il pouvait encore avancer.

Pourtant, chaque nouveau pas en avant, était une véritable épreuve, simple allégorie de sa vie, qui avait toujours était ainsi depuis cette perte. Lui qui aurait tout donner pour marcher à reculons au lieu d’aller droit devant lui. Et pourtant malgré tout cela, il avait continué à mettre, non sans difficultés, un pied devant l’autre, même si s’arrêter et ne plus rien faire, semblait devenir à l’heure actuelle la seule solution envisageable.

Même à la pensée que Raphaël arriverait seul dans l’écurie sans lui, il ne pressa pas la pas. Il n’en avait plus le courage. A quoi bon tenter de le rejoindre, puisqu’il n’avait toujours aucune réponse à lui donner ? Il ne ferait que le détruire un peu plus.

Alors marcher ainsi doucement, était la seule solution qu’il avait trouver.

Il savait qu’il ne faisait que repousser un peu plus l’inévitable, et se torturait un peu plus dans l’attente de celui-ci, mais il avait bien trop peur pour faire autrement.

Pourtant, il se retrouva devant l’écurie plus vite qu’il ne se le serrait imaginé. Il descella son cheval, lui offrant un pansage pour le remercier du calme dont il avait fait preuve. Il le ramena au parc et fut soulagé d’y trouver Diamond Dust. Raphaël était donc bien rentré. Il se dirigea vers le box d’Amaranth, pensant l’y trouver, il l’appela de l’extérieur, voulant le prévenir de son arrivé. Mais il eut beau l’appeler, le chercher, il ne le trouva pas. Il avait certainement dut aller s’enfermer dans sa chambre. Daevlyn aurait pourtant juré le trouver avec le poulain. Il sortit alors et s’adossa au mur de l’écurie. Alors qu’il commençait à replonger dans des pensées plus sombres et angoissantes les unes que les autres, il vit Raphaël sortir de l’écurie en courant, sans le voir.

Daevlyn eut alors extrêmement mal : comme un couteau qu’on lui enfoncait dans le cœur. Raphaël le fuyait, il ne voulait plus le voir. Avait-il peur de lui ? Lui en voulait-il à ce point ? Il se trouva ridicule de se poser de telles questions dont les réponses étaient pourtant si évidentes…

Il mit un certain temps avant de regagner sa chambre. Il passa devant la porte de Raphaël, et vit que celle ci était close. Il ne chercha pas à aller le voir, ni même à y frapper. Ce qui venait de se passer avait été suffisamment explicite. Raphaël ne voulait plus entendre parler de lui. Le problème était qu’il était le seul à pouvoir s’occuper de lui… Accepterait-il qu’un autre éducateur s’occupe de lui ? Dans l’état dans lequel il l’avait retrouver la dernière fois, il en douta fortement.

Déjà, il entendait les autres rentrer, il alla prendre une douche rapide, avant de se rendre au réfectoire avec les autres. Il alla s’asseoir à côté de Sébastien.

- Bonne journée ?

- Euh… oui.

- Tu as vu ta tête Daevlyn ? Tu peux faire semblant devant tout le monde, mais pas devant moi. Tu n’as jamais rien réussi à me cacher.

Daevlyn, après une grande inspiration se lança, c’était la seule solution qu’il avait trouvé jusque là :

- Est ce que je peux laisser Raphaël seul pendant quelques jours. Il a de quoi s’occuper avec le poulain. J’ai… nous avons tous deux besoin de prendre nos distances.

Daevlyn s’attendait évidemment à un refus direct. Il était impensable de cesser de s’occuper d’un des enfants. Mais étonnamment, Sébastien lui répondit alors :

- Je comprend Daevlyn. C’est toujours difficile pour toi à cette période… Si tu as le moindre problème, tu n’hésites pas à m’en parler.

- Je… cette période ?

- Ne fait pas l’innocent Daevlyn, je sais tout comme toi, qu’à cette période, tu es toujours plongé en plein dans ton passé. Je comprends que cela ne dois pas être facile. Ton frère doit tellement te manquer.

- Je… Je m’excuse.

Daevlyn se leva subitement et sortit de table. Comment avait-il pu oublier, comment avait-il pu l’oublier ? Il se dirigea précipitamment dehors. Sa tête lui tournait si fort qu’il avait l’impression que celle-ci allait exploser. Comment avait-il pu oublier que dans quelques jours, ce serait l’anniversaire de la mort de son frère…

Une fois dehors, il courut directement jusqu’à l’arbre du parc des chevaux, où il allait si souvent s’y adosser. Son corps était parcourut de tremblements. Mais cette fois-ci, les larmes ne vinrent plus. Il n’avait pourtant jamais oublié cette date là. Qu’est-ce qui avait pu changer cela ?

L’image de Raphaël lui vint alors immédiatement à l’esprit. S’il avait moins pensé à son frère, s’il n’y avait pas pensé à chaque instant, c’était parce qu’une autre personne occupait désormais une place très importante dans son cœur. Il l’avait son début de réponse.

Il aimait Raphaël et non son frère qu’il voyait. Si cela avait le cas au début, ce n’était dès lors plus le cas. Et l’oubli de cette date ne venait qu’appuyer cette réalité. Mais pourrait-il revenir en arrière et expliquer clairement à Raphaël tout cela  Non… Il ne pourrait effacer cette rancœur présente maintenant indéfiniment dans leurs deux cœurs.

Il mit un long moment avant d’aller se coucher. Il vérifia que tous les adolescents étaient bien couchés et croisa un des éducateurs qui lui dit qu’il s’occuperait de tout cela pendant une courte période. A la façon dont il le regarda, Daevlyn comprit qu’il devait avoir une sale tête. Mais comment cacher cette fois-ci cette tumulte de sentiments se bousculant dans son cœur ? Il alla se coucher, mais ne trouva le sommeil que bien plus tard.

Regret, souffrance, peine, rancœur, haine contre lui même, dégoût de soi allant jusqu’à l’écœurement total de tout son être : c’était ce qu’il ressentait à chaque instant.

Le lendemain, Daevlyn eut énormément de mal à se lever, ayant réussi à s’endormir, il aurait préféré fuir encore un peu la réalité. Il ne sut grâce à quelle force il s’extirpa de son lit. Pourtant, il alla frapperr à chaque porte, mais il eut un instant d’hésitation lorsqu’il arriva à celle de Raphaël. Il tenta plusieurs fois de l’appeler, mais Raphaël l’ignora totalement et ne répondit pas à ses appels. Après plusieurs minutes, Daevlyn finit par baisser les bras et se rendit au réfectoire avec le groupe d’adolescents.

Comment lui parler, si celui-ci refusait tout contact ? Il se nourrit sans grand appétit et se rendit aux écuries. Il n’y trouva pas Raphaël, mais constata au calme du poulain que celui-ci avait du être nourrit. Il attrapa alors un licol et alla chercher son cheval. Sans prendre la peine de le sceller ni l’harnacher, il le sortit du parc et le monta à cru. Rien de tel qu’une bonne balade à cheval pour réfléchir calmement

Mais avant, il souhaitait ne penser plus à rien. Arrivé dans un champs plat, et jugeant avoir assez échauffé sa monture, il l’élança au grand galop d’un simple pression de jambe. Sa monture semblait y prendre autant de plaisir que lui. Encore une fois, il fut envahi par cette sensation de puissance et de liberté, sentant la musculature de Waterfalls s’actionner en dessous de lui, pour lui offrir cet instant magique.

Il ne rentra qu’à l’heure du repas de midi, et après avoir brossé et relâché sa monture dans le parc, il se rendit aux écuries afin de voir si le poulain se portait bien.

Voyant qu’il se portait à merveille, il attrapa de quoi manger dans les cuisines ne souhaitant pas avoir de discussion avec Sébastien. Il demanda en même temps aux cuisiniers s’ils avaient bien vu Raphaël préparer le biberon du poulain, même s’il s’en doutait.

Rassuré, il allait regagner sa chambre, lorsqu’il vit Raphaël de dos marcher droit devant lui, semblant vouloir se réfugier une fois de plus dans sa chambre. Il tenta de l’appeler, ne résistant pas à le voir si seul. Sa voix semblait presque suppliante.

Raphaël s’arrêta subitement, et Daevlyn eut l’impression que son cœur allait manquer un coche. Il l’avait appeler sans vraiment réfléchir, et n’avait aucune idée de ce qu’il allait pouvoir lui dire. Mais il ne se retourna pas… comme s’il ne l’avait pas entendu, il reprit sa route, feignant d’ignorer les appels désespérés de Daevlyn.

Daevlyn l’appela mais ne chercha pas à le rattraper. Tout était si clair… Plus jamais il n’accepterait qu’il l’approche. Plus jamais rien ne serait comme avant. Il avait définitivement perdu sa confiance et son affection. Ce rejet était quasi-insoutenable.

Les deux jours qui suivirent se passèrent de la même manière. Raphaël ignorait totalement Daevlyn et ses vaines tentatives d’approche. Si bien que Daevlyn finit par abandonner définitivement tout espoir de l’approcher et de lui parler de nouveau. Plus jamais il ne pourrait l’embrasser, ni même effleurer cette peau si douce. Plus jamais il n’aurait l’occasion de lui faire découvrir le plaisir de l’autre.

Plusieurs fois il l’entendit hurler la nuit, mais sa porte clause l’empêchait d’aller le réconforter. Qui sait… Peut être ne ferait-il que tout empirer comme il l’avait déjà fait tant de fois.

A chaque nouveau semblant de rencontre, il voyait Raphaël dépérir un peu plus. Il était évident qu’il ne se nourissait dès lors plus, vu la maigreur qu’il commençait à atteindre. Daevlyn avait secrètement peur de découvrir un jour l’état de son bras.

Il faisait de nombreuses promenades à cheval, ne trouvant que cela à faire pour le “sortir” de lui-même.

En deux jours, Raphaël avait perdu plusieurs kilos et son corps déjà fin, semblait à présent plus squelettique que jamais. Sa peau d’une pâleur extrême lui donne un air maladif et les cernes qui soulignent son regard améthyste éteint ne faisait que renforcer cette impression. Cependant, il restait beau… incroyablement beau… Ce genre de beauté froide qui semble receler un pouvoir mystérieux et tellement attrayant.

Daevlyn le voyait dépérir sans rien parvenir à faire, rencontrant un brutal rejet de sa part à chaque tentative.

Il avait beau se le cacher, mais il n’allait pas bien mieux lui non plus. Aujourd’hui était le jour du décès de son frère, et il avait l’impression de revivre dans le passé. A quoi cela allait-il mener ? A quoi cela allait-il les mener ?  Alors qu’il venait de réveiller tous les adolescents, sans prendre la peine de frapper à la porte de celle de Raphaël, il vit un des adolescents courir vers lui, effrayé et perdu. Il lui dit alors totalement paniqué :

- Raphaël… La douche… Du sang…

Daevlyn n’attendit pas d’en savoir plus et se rua dans la salle de douche, la peur au ventre de ce qu’il allait y découvrir.

Quand Daevlyn entra dans la salle d’eau, son attention fut immédiatement attirée par l’eau rougeâtre qui s’écoulait de la cabine de douche en face de lui. Sans plus attendre, enfonça la porte.

Le spectacle qui l’attendait le terrifia au plus haut point. L’eau glacée coulant sur son corps encore habillé, les cheveux lui tombant devant les visage jusque dans son dos et la lame de rasoir enfoncée dans son avant bras, Raphaël le regardait d’un air absent, son regard se voilant de ce voile si particulier quand arrive la mort.

Ce qui terrifia encore plus l’adulte, c’est la quantité importante de sang qui s’échappait des plaies que s’étaient infligé l’adolescent. Son vêtement en lambeau laissait apparaître un bras complètement charcuté. C’est alors que Daevlyn comprit, il ne s’était pas simplement mutilé… Non, cette fois ci s’était plus grave, il avait tenté de se suicider…

Il revient à la réalité quand il vit Raphaël tituber et s’effondrer. Daevlyn bondit en avant et rattrapa l’adolescent avant qu’il ne touche le sol. Voyant que celui-ci allait s’évanouir pour ne peut être jamais se réveiller, il lui lança vainement quelques appels désespérés.

Etait-il maudit pour voir les deux êtres qu’il aimait mourir sous ses yeux ? Ce ne fut que lorsque les yeux de Raphaël se fermèrent que Daevlyn réagit vraiment. Les yeux inondés de larmes, il hurla à un des adolescents d’aller chercher de l’aide, ce que deux d’entre eux s’empressèrent de faire.

Sans perdre une seule seconde, Daevlyn étendit Raphaël sur le sol, et lui ôta son t-shirt. Il réprima un haut le cœur lorsqu’il découvrit l’état du bras de Raphaël. Il ne put faire autrement que de voir des cicatrices un peu plus anciennes sur son bras, mais nouvelles depuis la dernière fois. Il lui avait pourtant promis… Mais comme le disait Raphaël si souvent : ce n’était que de simples mots…

Il noua les morceaux du t-shirt de Raphaël sur ses plaies, tentant de faire un garrot et de faire cesser de couler ce sang. Il ne fallait pas qu’il meurt, que deviendrait-il s’il mourait ?

Lorsque le médecin entra, le spectacle qui s’offrit à lui, lui coupa le souffle. Daevlyn serrait le corps de Raphaël dans ses bras et l’avait ramené contre lui, le berçant comme un enfant. En larmes, il ne cessait de répéter son nom, comme pour tenter de le rappeler à la vie. Ils ne perdirent pas un seul instant, et ils durent presque arracher l’enfant des bras de Daevlyn couvert du sang de l’adolescent. Ils emmenèrent Raphaël en urgence à l’hôpital pour le soigner, laissant l’adulte seule au milieu des douches avec Sébastien qui était resté pour tenter de le calmer en lui parlant. Mais Daevlyn n’entendait même pas ce que Sébastien lui disait. Seul l’image de son frère et de Daevlyn obstruaient son esprit. Il était tellement mal qu’il avait l’impression de frôler la folie. Pourquoi ? Pourquoi n’avait-il pas été là ? Pourquoi n’avait-il rien fait ? Et pourquoi se sentait-il aussi coupable de l’acte que Raphaël venait de faire ?

Il était responsable de deux suicides, et il avait maintenant envie d’être responsable du sien. Il aurait voulu disparaître de cette terre, afin de ne plus causer de mal à personne.

Ce fut la main de Sébastien se posant fermement sur son épaule qui le ramena à la raison.

- Daevlyn, ressaisi toi !

Daevlyn ne réfléchi pas vraiment et se jeta dans les bras de Sébastien pour pleurer, comme un enfant. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait eut personne sur qui se reposer un peu. Il n’avait su résister à cette main tendue.

Il avait mal… tellement mal. Jamais il ne s’était sentit aussi perdu, et se raccrocher au seul repère qui se trouvait là : Sébastien.  Se ressaisir mais pour quoi faire ? A quoi bon ?

- Daevlyn, tu… Viens on va dans ta chambre, ce n’est pas bon pour toi de rester là.

Daevlyn le suivit, mais alors qu’ils sortaient de la salle de bain, il jeta un dernier coup d’œil sur le sang qui inondait la salle de bain. Il s’écarta alors vivement de Sébastien et dit :

- Je dois aller le rejoindre, il a besoin de moi, il a besoin d ‘aide…

- Ne dit pas de connerie. C’est toi qui a besoin d’aide à l’heure actuelle. On lui apporte déjà l’aide nécessaire.

- Il n’accepte d’être touché par personne Séb. Que pensera-t-il quand il se réveillera si je ne suis pas là ?

- Ne fait pas l’enfant Daevlyn, dans ton état ce serait ridicule.

- Je le connais mieux que personne ici. Je suis le seul à qui il a parlé. Je suis le seul à qui il fasse confiance.

“Du moins à qui il a fait confiance…” pensa Daevlyn.

Mais il ne pouvait le laisser seul dans cet état, pas après ce qu’il venait de voir.

- Daevlyn arrêtes d’insister…

- S’il te plait… Je t’ai rarement supplier Séb, mais je le fait à ce moment précis. Je t’en supplie laisse moi aller à son secours.

- Qui me dit que tu n’es pas en partie responsable de son état, et que te revoir ne ferait qu’empirer l’état actuel des choses ?

Daevlyn tressailli. Si seulement Sébastien savait, s’il connaissait la véritable situation, jamais il ne l’aurait laisser y aller.

- Qui te dit que sans moi, il ira mieux ? Laisse moi l’aider, si jamais il me rejette je partirai, je quitterai l’établissement. Jamais je ne pourrais rester ici après tout cela.

- Bien… Tu peux y aller, mais changes toi avant d’y aller. On ne te laissera jamais y aller dans cet état. Dépêches toi, je t’attends en bas pour t’y conduire.

Daevlyn soupira soulagé. Il alla directement dans sa chambre et changea de vêtements à la hâte. Il se passa de l’eau sur le visage et les mains pour ôter le sans de Raphaël et courut jusqu’à la voiture de Sébastien.

Là, ils montèrent tous deux dans un silence presque frustrant. Sébastien démarra et prit alors la parole :

- Pourquoi ne pas ma l’avoir dit ?

- De quoi ?

- Qu’il s’automutilait. Je n’aime pas cette façon de faire Daevlyn ! Tu te dois de me dire tout ce qui peut arriver à nos adolescents.

Daevlyn se contenta de baisser les yeux jusqu’à la fin du trajet. Arrivé à l’hôpital, on l’emmena directement dans la chambre de Raphaël, on venait de lui faire une transfusion sanguine et on attendait son réveil. Il avait perdu beaucoup de sang, et les médecins semblaient inquiets, mais ils le disaient pourtant sorti d’affaire.

Une fois dans la chambre, Daevlyn alla directement aux côtés de Raphaël. Il remarqua immédiatement ses bras bandés non cachés par le drap ou par son vêtement provenant de l’hôpital. Au souvenir de la honte qu’il avait à les montrer, il les recouvrit délicatement à l’aide du draps. Puis il posa sa main par dessus, recouvrant la sienne, voulant lui apporter un peu de chaleur, sans utilise le contact direct. Il avait bien trop de respect pour lui.

Longtemps il resta à son chevet. Longtemps, il eut très peur. Il dû aller se nourrir le soir à contre cœur sous l’ordre de Sébastien qui le menaça.

Il mangea le plus rapidement possible, voulant à tout prix être là au moment de son réveil, qui allait être proche selon les médecins. Non sans une certaine insistance, il obtint le droit de rester avec lui la nuit.

Toute la nuit, il scruta ses yeux désespérément clos. Plusieurs fois, il l’appela, lorsqu’il avait l’impression qu’il était en train de le quitter. Et chaque fois, il le voyait cesser de s’agiter et reprendre son calme.

Ce ne fut qu’à l’aube qu’il vit enfin ses paupières papillonner, signifiant son retour parmi le monde des vivants.

Les battements du cœur de Daevlyn s’accélérèrent immédiatement. Il alla prévenir une infirmière, qui lui prodigua quelques soins avant de changer sa perfusion et les laisser de nouveau seuls à seuls. Raphaël semblait maintenant à peu près réveillé, d’ailleurs depuis son réveil, il ne cessait de fixer Daevlyn. C’était la première fois qu’il le regardait ainsi, droit dans les yeux, de manière très froide. Daevlyn dut se retenir pour ne pas défaillir sous ce regard. Il devait lui parler. Il devait lui dire ce qu’il avait sur le cœur, il devait être franc. Pourtant sans vraiment parvenir à se retenir, sans vraiment faire attention, il pensa à voix haute et dit :

- Pourquoi Raphaël ? Tu m’avais promis de ne plus recommencer…

Il joignit le geste à la parole et fixa son bras avant de le replonger dans son regard rancunier. Raphaël lui répondit immédiatement, sans ciller un seul instant :

- C’est facile de promettre… Tu m’avais promis que tu ne me ferais aucun mal…

Daevlyn était presque étonné de l’assurance qu’avait Raphaël. Il tenta de garder son calme et de ne pas perdre son sang froid. Il ne devait pas craquer. Il devait se montrer fort face à Raphaël. Il lui avait effectivement assez fait de mal comme cela.

- Je sais qu’il est facile de promettre Raphaël. Je m’excuse du mal que je t’ai causé. Je ne peux pas te promettre que cela n’arrivera plus jamais, mais je peux te promettre de faire mon possible pour que ça n’arrive plus. Je… Je vais te dire une chose qui est vrai Raphaël. Je sais qu’avoir prit autant de temps pour répondre à ta question est impardonnable et que tu m’en voudra à jamais. Mais si je t’ai d’abord aimé pour mon frère que je voyais en toi, une chose est sûre maintenant, je t’aime toi, ce que tu es, et ce qui fait que tu es Raphaël.

Raphaël soupira, ne semblant pas croire un traître mot de ce que Daevlyn venait de lui dire. Il lui lança alors un regard qui ne pouvait signifier que : “prouves le moi”.

Daevlyn n’hésita pas une seule seconde, et sans laisser le temps à Raphaël de réagir, il s’approcha de lui, annihilant les quelques mètres qui les séparaient. C’était sa seule chance et il ne manquerait pas de la saisir. Il prit possession des lèvres de Raphaël qui sous la surprise, laissa le passage libre jusqu’à sa langue.

C’était la seule réponse qu’il pouvait lui offrir. Dans ce baiser, il tenta de lui faire passer ce que les mots ne pouvait pas exprimer. Il tenta de lui transmettre tout son amour, toute sa tendresse, et paradoxalement toute sa passion. Une chose était sûre, il ne voulait pas que ce baiser prenne fin, il voulait que celui-ci dure indéfiniment, car il avait bien trop peur de ce que le futur lui réservait…

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:44 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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