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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 31

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 31 écrit par Shinigami

Asiel était étonné et il ne sut dire s’il s’en réjouissait ou non. Il s’attendait à voir Daevlyn éclater en sanglots et ramper à ses pieds en le suppliant de faire revenir Raphaël, comme il l’avait fait à l’hôpital. Au fond de lui, Asiel aurait aimé voir Daevlyn ramper à ses pieds, pas par supériorité, bien qu’il jouissait du pouvoir qu’il avait sur Daevlyn, mais parce que cela lui aurait donné une preuve qu’il regrettait ses actes et souhaitait être pardonné. L’attitude de Daevlyn le mit hors de lui. Il était dégoûté par le comportement de l’adulte. Comment pouvait-il être aussi égoïste ? Comment avait-il pu agir de cette façon ? Asiel sentait une haine sourde lui nouer l’estomac et il serra les poings, retenant à force de volonté, une furieuse envie de frapper Daevlyn. Se rendait-il seulement compte à quel point Raphaël souffrait ? Asiel pouvait sentir le désespoir et la souffrance qui habitait l’adolescent. Elle déchirait son âme, lui vrillant les tympans, le rendant fou… Fou de rage. Il n’arrivait plus à contenir sa haine, il fallait que ça sorte. Il fallait que Daevlyn souffre…

Il le regarda de haut, ses onyx semblaient le transpercer de part en part, une lueur meurtrière faisait briller ses yeux, mais ce n’était pas la seule raison. Des larmes perlaient aux coins de ses yeux… les larmes de Raphaël… Même s’il n’était plus là, sa souffrance était tellement puissante qu’elle arrivait à influencer les réactions d’Asiel.

Furieux contre Daevlyn qui ne faisait rien pour sa défense et contre lui-même de ne pas arriver à gérer les émotions de Raphaël, il décida de s’en prendre à Daevlyn. Il voulait le voir culpabiliser, il voulait le voir ramper à ses pieds et à ceux de Raphaël.

D’un air hautain et dédaigneux, Asiel déclara, avec agressivité comme s’il parlait à un esclave :

- Tu ne te défends même pas, tu es pathétique à ce point !!! Tout ce que tu voulais en fait, c’était juste une partie de jambe en l’air, sitôt obtenu, tu trouves une autre cible. Tu n’as pas perdu de temps, bravo. Tu sais quoi, tu ne vaux pas plus que son père, tu es même pire !

Asiel avait fait exprès de comparer Daevlyn au père de Raphaël. Il savait que l’adulte éprouvait une profonde aversion et un dégoût sans bornes pour cet homme qui avait souillé et détruit son fils. Il espérait ainsi que Daevlyn se rende compte quelle image Asiel avait de lui, le comparer à un tel homme ne pouvait que le faire réagir. Daevlyn n’accepterait pas d’être assimilé à ce genre de personne.

A peine eut-il terminé sa phrase que la main de Daevlyn atterrissait violemment sur sa joue. Asiel était sous le choc. Jamais il n’aurait cru que Daevlyn puisse un jour lever la main sur le corps de Raphaël… Lui-même s’était-il rendu compte de son geste ? Il en doutait grandement… Jamais Daevlyn n’aurait eu le courage de faire cela en temps normal. Il connaissait le passé de l’adolescent et n’aurait jamais osé lui faire subir un retour en arrière.

Asiel porta sa main à sa joue et la massa longuement. Daevlyn n’y était pas allé de main morte. Déjà sa joue prenait une couleur rouge vif. Sa réaction ne se fit pas attendre, tel un félin, il se jeta sur le moniteur et le frappa avec une telle violence qu’ils tombèrent à la renverse, leur chute stoppée par le lit. La lèvre inférieure de Daevlyn avait éclaté sous la violence de l’impact et un mince filet de sang coulait le long de son menton. Un sourire mi-satisfait mi-sadique illumina le visage d’Asiel lorsqu’il vit Daevlyn fermer les yeux, comme s’il appréhendait un nouveau coup.

Asiel décida d’attaquer Daevlyn sur un terrain qu’il savait dangereux. Il voulait voir jusqu’où irait la non-réactionn de l’adulte. Lentement, il s’approcha de lui, et du bout de la langue, il lécha le sang qui s’échappait de la lèvre coupée de Daevlyn, partant d’en bas et remontant lentement jusqu’à la commissure de ses lèvres. Il sentit le souffle chaud de Daevlyn contre son visage, celui-ci s’accélérait au fur et à mesure que sa langue approchait de sa bouche. A cet instant, Daevlyn était plus que désirable et Asiel dû se faire violence afin de ne pas succomber au désir charnel que le corps exposé de Daevlyn faisait naître en lui. Daevlyn ouvrit les yeux et plongea son regard dans les onyx tumultueux de l’adolescent, avant de les refermer immédiatement, avisant le désir contenu d’Asiel. Sans douceur particulière, Asiel emprisonna la lèvre inférieure de l’adulte entre les siennes, l’effleurant subtilement avec sa langue. Il mettait toute la sensualité dont il était capable dans ce baiser, souhaitant une réaction de l’adulte. Celle-ci ne se fit pas attendre, Daevlyn semblait prendre du plaisir grâces aux caresses d’Asiel et presque aussitôt il passa une main sur la nuque d’Asiel, lui donnant le feu vert pour continuer.

Quand il sentit la langue de Daevlyn chercher la sienne, Asiel s’éloigna de lui et se releva au prix d’un immense effort. Surpris Daevlyn ouvrit les yeux et tressailli en avisant le regard dédaigneux que lui adressait l’adolescent. Asiel brûlait de l’intérieur, il avait l’impression que son corps se consumait sous l’afflux de haine et de désir mêlés qu’il éprouvait envers Daevlyn. Jamais encore une personne ne l’avait autant troublé, autant sur le point émotionnel que sentimental. Jamais il n’avait eut à affronter et à réfréner son désir pour quelqu’un, et cela lui était particulièrement difficile. A cet instant, il n’avait qu’une envie, c’était de prendre Daevlyn, le voir alanguis et offert à ses caresses, gémissant et criant son nom, enivré par le plaisir qu’il lui offrirait.

Cependant, en même temps que le désir intense qu’il éprouvait pour le moniteur de Raphaël, Asiel n’avait qu’une envie, c’était le voir souffrir, le voir pleurer et supplier, rampant à ses pieds comme l’être faible et naïf qu’il était. Refoulant son désir et masquant le trouble qu’il ressentait, il fit face à Daevlyn et d’une voix froide et impersonnelle qui le caractérisait si bien, il déclara :

- Tu ne vaux vraiment rien. J’avais raison Raphaël, il n’a cherché qu’à avoir ton petit cul.

Sur ces derniers mots blessants, il quitta la pièce, laissant Daevlyn déboussolé.

Asiel avait besoin de prendre l’air. Les sentiments de Raphaël ajoutés aux siens l’envahissaient et il avait l’impression d’étouffer. Un début de migraine se faisait ressentir et il avait besoin de calme pour mettre ses idées au clair. Il avait conscience d’avoir été dur dans les propos qu’il avait tenus à Daevlyn, et regrettait un peu. Mais d’un autre coté, il voulait que Daevlyn souffre. Il voulait qu’il paye le prix pour avoir osé jouer avec les sentiments de Raphaël et des siens par la même occasion. Qu’il ne compte pas s’en sortir aussi aisément !

La peine de Raphaël était si intense et forte qu’elle en devenait presque palpable. C’était comme si une sorte d’aura émotionnelle s’était formée autour du jeune garçon. A la clarté de la lune, les larmes scintillaient sur les joues de l’adolescent comme des perles sous la lumière du soleil. D’un geste rageur, Asiel essuya les larmes de Raphaël…  Arrivé au milieu du pré des chevaux, il tomba à genoux, les mains sur ses oreilles, le visage reflétant une expression de douleur d’une intensité particulière… Les cris de Raphaël résonnaient dans son esprit, ses pleurs lui déchiraient le cœur… Sous l’afflux de sentiments plus confus et variés les uns que les autres, Asiel avait l’impression de sombrer dans l’abîme… L’abîme du cœur de Raphaël…

Se laissant envahir par les ressentis de Raphaël, Asiel se mit à hurler. Raphaël et Asiel criaient à l’unisson les souffrances de leur cœur et les blessures de leur âme… Un cri déchirant d’animal blessé… Ainsi, ils soulageaient leur cœur d’un poids trop lourd…

Mais crier ne suffisait pas, il fallait qu’il se défoule… De rage et de frustration, Asiel se mit à frapper des poings sur le sol, ignorant la douleur qui lui vrillait les poignets. Il ne sut combien de temps il resta ainsi, martelant le sol de ses poings avec violence comme si sa vie en dépendait.

Il sombrait dans les profondeurs abyssales des méandres de la folie. Autour de lui le silence se fit puis tout devient noir…

Un froid pénétrant lui glaçait les os. Difficilement, Asiel ouvrit un oeil puis l’autre avant de se s’asseoir. Entouré par l’obscurité mourante de la nuit, il avait l’impression d’être perdu au milieu des ténèbres de son âme, au fin fond des limbes les plus reculés de son esprit. Il regarda autour de lui, se demandant où il était, lorsque les événements de la veille lui revinrent en mémoire. Chassant ses pensées gênantes et douloureuses, il se leva et prit la direction de sa chambre. Alors qu’il arrivait à l’entrée du parc, il vit venir vers lui une silhouette qu’il ne connaissait que trop bien. Feignant de ne pas l’avoir vu, ne lui accordant pas plus d’importance qu’un vulgaire vêtement déchiré, il l’ignora et se dirigea vers sa chambre, afin de terminer sa nuit qu’il espérait plus calme et sereine que ne l’avait été le début.

Il entra dans sa chambre et d’un coup de pied, il referma la porte qui claqua violemment. Se foutant du bruit qu’il faisait, Asiel se laissa tomber sur son lit envoyant valser ses chaussures au loin et s’enroula dans ses couvertures, avant de s’endormir d’un sommeil profond.

Asiel fut réveillé par un rayon de soleil qui lui réchauffait le visage. Il papillonna des yeux afin de s’habituer à la lumière vive qui illuminait la pièce et s’étira longuement tel un félin avant de se lever pour aller prendre sa douche. Ses mains et ses vêtements étaient maculés de terre et il avait besoin de se rafraîchir.

Il ressortit bien plus tard de la douche et prit la direction des cuisines ou il alla préparer le biberon d’Amaranth. Ce n’est pas parce qu’il n’était pas Raphaël qu’il ne s’était pas prit d’affection pour le poulain. Si au départ il avait trouvé ça ridicule, il s’était vite laissé attendrir par la maladresse et la bouille adorable du jeune animal.

Lorsqu’il entra dans le box, et s’avança vers le poulain qui, ne reconnaissant pas l’adolescent, s’arrêta à quelques pas d’Asiel, hésitant quant au comportement à adopter. Il ne comprenait pas comment une personne puisse avoir la même odeur que Raphaël alors que ce n’était pas lui. Comprenant parfaitement la réaction de l’animal, Asiel s’assit en tailleur sur le sol et déclara d’une voix douce si inhabituelle venant de sa part :

- Tu as remarqué que je n’étais pas Raphaël hein ! Tu sais, je comprends parfaitement ton hésitation, mais sache que malgré mes airs froids et distants, je suis quelqu’un de très sensible. Je me suis vite attaché à toi tu sais, et je suis ravi de faire ta connaissance.

Rassuré par la voix tranquille et apaisante de l’adolescent, Amaranth s’approcha de lui, quémandant sa caresse matinale. Alors qu’Asiel caressait l’animal, un sourire tendre vient illuminer les traits froids et durs de son visage. Après quelques caresses, il donna le biberon au poulain qui le vida en quelques gorgées rapides.

Toute son attention étant tournée vers Amaranth, Asiel n’entendit pas les pas venant de dans son dos et sursauta lorsqu’une voix qu’il aurait pu reconnaître entre mille, s’éleva dans son dos :

- Raphaël ??

Surprit, Asiel se retourna brusquement et fit face au moniteur de Raphaël. Pourquoi l’avait-il appelé ainsi ? Ne se souvenait-il donc pas de ce qu’il s’était passé la veille ? Avait-il si peu de mémoire ? Enervé de s’être fait surprendre de la sorte, Asiel fusilla Daevlyn du regard et déclara d’une voix acerbe :

- Tu as donc aussi peu de mémoire ? As-tu oublié ce que je t’ai dis hier soir ?

Jamais Asiel n’aurait imaginé que tomber nez à nez avec Daevlyn puisse lui faire aussi mal… Au plus profond de lui, il sentait que Raphaël commençait à s’agiter, se noyant dans un flot d’émotions plus confuses les unes que les autres. Au fond, ils étaient deux à souffrir de cette situation.

Asiel vit Daevlyn tressaillir et baisser les yeux, honteux d’avoir espéré que Raphaël ait décidé de revenir. D’une petite voix il murmura :

- Non… je n’ai pas oublié…

Sur ces mots, il tourna les talons et quitta les écuries, laissant Asiel seul avec le poulain. Asiel ne savait plus comment réagir. Avoir revu Daevlyn lui faisait plus mal qu’il ne l’avait imaginé. Il souffrait à la fois de son comportement récent et de son éloignement. Ils souffraient tous deux de cette situation. Raphaël peut être même plus que lui. Daevlyn était devenu un peu comme une drogue pour Raphaël, il souffrait de ne plus avoir sa dose quotidienne de baisers et de tendresse. Cependant, il avait encore trop mal pour l’affronter de face, pour avoir à entendre tout ce qu’il avait à lui dire, bien qu’il se doutait qu’il ne pourrait pas l’éviter indéfiniment. Une pathétique histoire d’un trio amoureux… Asiel savait parfaitement que jamais il n’aurait sa place dans le cœur de Daevlyn, ou du moins pas comme il l’espérait… Lui qui, comme Raphaël, lui vouait un amour profond et sincère… Un amour impossible puisqu’il savait parfaitement que Daevlyn n’avait d’yeux que pour Raphaël. Il avait suffit à Asiel de l’entendre prononcer son nom tout à l’heure pour qu’il mette fin à ses rêves… Mais si Daevlyn aimait à  ce point Raphaël, pourquoi l’avait-il donc trahit et trompé de la sorte avec Sébastien ? Pourquoi avait-il agit aussi méchamment, en le repoussant de façon aussi impersonnelle ?

A l’expression de grande tristesse et de détresse que renvoyait l’adulte, Asiel lui-même commençait à douter des paroles qu’il avait crachées à Daevlyn… En avait-il seulement après le cul de Raphaël ? Etait-ce là son seul intérêt ? Asiel ne savait plus que penser, il n’arrivait pas à réfléchir objectivement, ses sentiments venant entraver ses réflexions… Alors que les minutes défilaient, Asiel sentait sa bonne humeur retomber… Sans cesse il pensait à Daevlyn, sens cesse son image revenait le hanter alors qu’il tentait désespérément de l’oublier, de s’éloigner de lui… Cet homme qui les faisaient souffrir… Des larmes de rage et de détresse se mirent à couler le long de ses joues, des larmes auxquelles se mêlaient celles de Raphaël… A chaque instant qui passait, Asiel sentait la douleur et la peine de l’adolescent lui vriller les tempes. Jamais Raphaël n’avait autant souffert… Jamais il n’avait dégagé un aussi haut sentiment de souffrance et de culpabilité… Asiel étouffait, la douleur de Raphaël l’oppressait… C’était comme… c’était comme si Raphaël avait décidé de se laisser mourir de chagrin… Plus aucun sentiment n’émanait de lui hormis la tristesse, plus aucun espoir… juste la faible lueur d’un amour sur le point de mourir comme la dernière flamme d’une bougie prête à s’éteindre…

Asiel paniqua… il ne pouvait pas laisser faire ça… d’un côté cela arrangerait tous leurs problèmes, mais si Raphaël mourrait… Asiel mourrait également… Il ne pouvait vivre si celui qui l’avait créé ne survivait pas… Il fallait qu’il agisse… Malgré ses engagements, il fallait qu’il voie Daevlyn… Il fallait qu’il lui parle des intentions de son amant… Quitte à perdre l’unique amour de sa vie, il se devait de sauver Raphaël… Il n’avait pas le droit d’ignorer sa peine, cela ne pouvait pas finir ainsi… Il avait toute la vie devant lui… Même s’il perdait Daevlyn, il trouverait toujours quelqu’un d’autre pour l’aimer comme l’aimait Daevlyn… Asiel savait pertinemment qu’il se mentait… Qui ? Qui aurait assez de courage pour supporter le fardeau du passé de Raphaël et sa double personnalité ? Qui à part Daevlyn ?

Mettant à bas son masque de joker, Asiel laissa éclater son chagrin et fondit en larmes. Il ne pouvait en supporter davantage… Il allait devenir fou…

Prit d’une pulsion subite, il se leva brusquement et sortit du box d’Amaranth qu’il referma précautionneusement derrière lui avant de s’enfuir en courant. Les larmes lui brouillaient la vue et lui brûlaient les yeux. Ce n’est que trop tard qu’il vit Steven et n’eut pas le temps de l’éviter. Il le bouscula brutalement et alors qu’il allait repartir, il sentit que l’adolescent lui attrapait le bras. N’étant pas d’humeur, Asiel se retourna et repoussa violemment l’opportun qui avait osé le déranger et il tomba lourdement à la renverse en lâchant un cri de stupéfaction.

Asiel ne vit rien du regard assassin et furieux que lui adressait Steven. Il était déjà loin… Ses cheveux volants dans son dos, il courait comme si le diable était à ses trousses. Ce qu’il ignorait, c’est que Daevlyn avait assisté de loin à la scène. Ce qui le surprit le plus, ce ne fut pas la violence dont Asiel avait fait preuve envers son camarade, mais les larmes qui coulaient le long de ses joues… A présent plus qu’intrigué, à la limite de l’inquiétude, il prit la direction qu’avait prit l’adolescent et partit à sa recherche.

De son côté, Asiel courait… comme si cela pouvait mettre bas à la douleur qui enserrait son cœur… Comme Raphaël, il voulait partir, il voulait dire adieu à cette vie inutile. Ce n’est que lorsque ses jambes ne le soutirent plus qu’il consentit à s’arrêter pour reprendre son souffle.

Il s’adossa à un arbre, remonta ses genoux conte son torse et les entoura de ses bras, cachant son visage aux yeux du monde. Les sanglots bruyants d’Asiel couvraient les bruits de la nature, si bien qu’il n’entendit pas Daevlyn approcher lentement de lui et sursauta à l’entente de son prénom :

- Asiel ?

Asiel tressailli. Daevlyn était bien la dernière personne qu’il avait envie de voir. Il releva la tête et le tua du regard avant de déclarer sur la défensive :

- Qu’est ce que tu fais là ? Ca ne te suffit pas de nous faire souffrir ? Tu vas encore te foutre de moi ?

- Non je… Je ne vais pas me foutre de toi comme tu dis. J’ai vu que tu allais mal alors je t’ai suivi…

- Pourquoi ? Tu as peur que j’abîme le corps de ton amant ! Hurla Asiel avec colère, au bord de l’hystérie.

Daevlyn prit le temps de s’asseoir près de l’adolescent avant de répondre avec un calme contrastant avec la colère d’Asiel :

- Non Asiel… Je m’inquiète pour toi, tu es un être humain comme tout le monde, malgré tes airs supérieurs et ta vanité parfois mal placée. Mais tous ceci n’est qu’un masque pas vrai ? Tu souffres toi aussi… Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas ce qui te fais souffrir, mais j’aimerai t’aider… J’ai conscience que mes paroles peuvent paraître quelque peu déplacées, mais tu sais, je ne t’ai jamais réellement détesté…

Asiel qui avait détourné son regard de l’adulte, lui reporta subitement toute son attention. Il ne comprenait pas les paroles de Daevlyn… Que voulait-il dire ? Cela signifiait-il qu’il ne le voyait pas comme le substitut de Raphaël mais comme une personne à part entière ? Si Asiel n’avait pas le contrôle de ses émotions, il en aurait pleuré de joie. Cependant, il se garda bien transmettre une quelconque émotion.

Ne supportant plus le poids du silence, Asiel déclara d’une petite voix :

- Daevlyn… Je… il faut que je t’avoue quelque chose… c’est à propos de Raphaël. Il… Il se laisse mourir de chagrin… Je ne sais pas comment le résonner… il refuse constamment de m’écouter…

Asiel vit Daevlyn tressaillir à cette nouvelle et son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine. Blessé, il baissa les yeux, honteux de ses larmes et de ses sentiments.

Face au mutisme du moniteur, Asiel sentit la haine monter en lui. Il lui annonçait que Raphaël allait peut être mourir et il ne trouvait rien à dire… Comment pouvait-il être aussi dénué de sentiments ?

Alors qu’il s’apprêtait à le secouer comme il se devait, il vit une expression qu’il n’avait encore jamais vue sur le visage de Daevlyn… Une multitude de sentiments illuminèrent le visage de l’adulte… Peur, tristesse, souffrance, désespoir, détresse, mais aussi colère et détermination. Les larmes coulant à flots sur ses joues ne le rendaient que plus beau aux yeux d’Asiel. A ce moment, toute colère se dissipa instantanément. La révélation d’Asiel avait choqué et troublé Daevlyn à un tel point qu’il était dans l’incapacité totale de prononcer le moindre mot.

Seul un gémissement plaintif d’animal blessé lui répondit. Avant qu’il ne réalise pleinement son geste, Asiel avait attiré l’adulte contre lui, dans une étreinte qu’il voulait rassurante et protectrice. Aux yeux d’Asiel, Daevlyn avait à cet instant, l’air d’un enfant perdu et abandonné. Si l’adulte avait prit conscience de leur position, il n’en laissa rien paraître. Confortablement installé dans les bras de l’adolescent, la tête reposant contre son torse, Daevlyn pleurait toutes les larmes de son corps. L’adolescent lui aussi laissait libre court à sa peine, la joue contre les cheveux de l’adulte, il lui caressait inconsciemment la nuque, cherchant à lui apporter le peu de réconfort dont il était capable.

Aucun des deux hommes ne put dire exactement combien de temps ils restèrent ainsi enlacés. Toute notion du temps semblait avoir disparu, comme s’il s’était subitement arrêté. Seuls les sanglots de Daevlyn brisaient le silence pesant qui les entouraient.

De longues heures s’écoulèrent ainsi, jusqu’à ce que, petit à petit, les pleurs de Daevlyn se fassent moins violents puis finissent par s’assécher totalement. Comme un enfant, il renifla bruyamment et prit une grande inspiration avant de murmurer, la voix tremblante et saccadée :

- Laisse moi te raconter… J’en peux plus de ce malentendu…

Asiel ne répondit rien, et comme “qui ne dit rien consent”, Daevlyn commença son récit. Plus Daevlyn avançait dans sa narration, plus Asiel sentait des envies de meurtre s’emparer de lui. Il arrivait à regretter de ne pas avoir tué Sébastien lorsqu’il en avait eut l’occasion et cela le mettait hors de lui. Il aurait voulu le voir payer le prix fort pour ses actes impardonnables envers Daevlyn et par la même occasion, la souffrance occasionnée  à Raphaël. Par cupidité, cet homme avait brisé deux vies. Et tant qu’Asiel vivrait, il était hors de questions que deux être innocents continus à souffrir inutilement et à risquer la vie de Raphaël et la sienne. Sébastien se rendait-il seulement compte de la porté et des conséquences de ses actes ? Pouvait-il seulement imaginer les répercutions de ceux-ci sur le mental de Daevlyn et Raphaël ? Se rendait-il compte à quel point ils souffraient par sa faute ? Asiel en doutait grandement. Il le soupçonnait même de ne pas réaliser la gravité de ses actes et la délicatesse de la situation dans laquelle ils se trouvaient à présent par sa faute.

Tout au long du récit de Daevlyn Asiel avait sentit Raphaël se manifester en lui. Il sentait la culpabilité de l’adolescent le ronger au plus profond de lui. Asiel sourit intérieurement, si Raphaël se manifestait de la sorte, tout espoir n’était pas perdu…

Cependant, Asiel refusait de partir comme ça… Il refusait d’abandonner son rêve d’être aimé de Daevlyn ne serait-ce qu’une nuit. Raphaël sembla accepter le compromis car il cessa de se manifester, laissant à Asiel le droit de vivre son plus grand désir…

Avec une douceur extrême, il releva la tête de l’adulte et posa ses lèvres sur les siennes, attendant l’invitation de Daevlyn avant de prendre possession de sa bouche. Lorsque leurs langues se rencontrèrent, Asiel sentit des frissons glacés lui parcourir l’échine, tel une décharge électrique. Avidement, il partit à la découverte du palais de Daevlyn, retenant difficilement un gémissement de bien être. Très vite, Daevlyn se mit à répondre au baiser avec la même intensité, passant sa main sur la nuque d’Asiel afin d’approfondir leur échange. Le baiser se fit de plus en plus sensuel et passionné. Il n’avait rien d’un baiser amoureux, c’était un baiser destiné à clamer le désespoir qui les assaillait tous deux, sauvage et fougueux à la fois. Ils se découvraient… Asiel prenait d’assaut la bouche de l’adulte, il voulait l’aspirer de tout son être, ne faire qu’un avec lui afin de calmer le désir qui le rongeait de l’intérieur.

Asiel sentait la fièvre du désir s’emparer de lui et la température de son corps augmentait rapidement, aidée par les caresses que lui prodiguaient Daevlyn sur sa nuque. Fébrilement, il glissa sa main sous le t-shirt de Daevlyn, savourant avec délice la douceur de sa peau bronzée.

Avant qu’il ne soit trop tard pour Asiel de faire marche arrière, il murmura d’une voix fiévreuse et rauque de désir :

- Sois à moi juste pour cette nuit… après je partirais… je te rendrais Raphaël… Fait le pour moi… s’il te plait…

Daevlyn ne répondit rien, se contentant d’happer avidement les lèvres entrouvertes de l’adolescent. Etonné de l’ardeur et la fougue dont faisait preuve Daevlyn, Asiel resta sans réaction jusqu’à ce qu’il sente la langue de Daevlyn venir jouer avec la sienne, l’entraînant dans une danse vieille comme le monde.

Gagné par l’impatience, Asiel s’empressa de retirer le t-shirt de Daevlyn, brisant le contact de leurs lèvres un court instant. Une fois son vis-à-vis torse nu, Asiel le détailla longuement, puis cédant à la tentation, il avança lentement ses lèvres de cette peau si tentante. Avec une lenteur calculée, il partit à l’exploration du cou offert de l’adulte, lui arrachant un gémissement de plaisir. Galvanisé par les réactions de Daevlyn, Asiel laissa ses mains partir à l’aventure sur le torse nu de son futur amant. Partout où elles passaient, elles laissaient derrière elles des coulées de lave en fusion.

Asiel avait l’impression de vivre un rêve… Si un jour on lui aurait prédit qu’il coucherait avec Daevlyn, il aurait rit au nez de la personne, et à présent, il dévorait sans pudeur la peau de son fantasme. Il nageait en plein bonheur, priant mentalement pour que rien ne vienne troubler cet instant magique. Sous l’afflux d’émotions plus puissantes et profondes les unes que les autres, Asiel sentit son cœur s’emballer. Les mains de Daevlyn qui parcouraient librement son corps ne faisaient rien pour arranger l’état de frustration dans lequel il se trouvait. Il lui fallait plus… il voulait Daevlyn… maintenant… Le cœur d’Asiel se serrait dans sa poitrine. Voir Daevlyn s’offrir à lui sans pudeur aucune le rendait fou. Il avait l’impression de perdre le fil de ses pensées et le contrôle de son corps. Il n’arrivait plus à penser de manière cohérente, la seule chose qui lui importait à présent, c’était le corps enfiévré de Daevlyn alanguis sous ses caresses.

Ne résistant pas à la tentation de le voir nu, d’une main tremblante, Asiel déboutonna le bouton qui retenait son jean avant de le lui retirer le plus lentement possible, souhaitant se faire languir de Daevlyn. L’adulte émit un gémissement de protestation bien vite étouffé par un cri de plaisir lorsque Asiel lui retira son pantalon, après une caresse poussée sur son intimité gorgée de désir.

Ravis de l’effet qu’il faisait à Daevlyn, Asiel laissa sa langue parcourir le torse imberbe de l’adulte tandis que ces mains mettaient à bas le dernier rempart à la nudité de Daevlyn. Lorsqu’il fut entièrement dévêtu, les mains d’Asiel partirent à l’exploration de cette terre inconnue, la découvrant dans les moindres détails. Lorsque sa main effleura délicatement la peau fine de son aine, Daevlyn émit un gémissement sourd et se cambra violemment sous le plaisir ressentit. Fier de cette découverte, Asiel eut un petit sourire calculateur et laissa sa main glisser à nouveau au même endroit. Cette fois-ci, Daevlyn ne retient pas le cri de plaisir qui lui déchira la gorge lorsqu’à cette caresse vient s’ajouter une encore plus intime au niveau de son entrejambe.

Malgré le désir qui lui vrillait les reins, Asiel voulait apporter le plus de plaisir possible à Daevlyn, il voulait lui offrir une première fois inoubliable. Avec beaucoup de difficultés, il tenta de réfréner ses pulsions et son désir, souhaitant amener Daevlyn au paroxysme du plaisir. Daevlyn se mit à onduler son bassin en un rythme lent et régulier. Comprenant qu’il était tant de passer à autre chose, Asiel se plaça entre ses jambes et le prit en bouche. Lentement, sensuellement, il appliqua un lent et ample mouvement de va et vient, qui arracha un cri à Daevlyn.

Enivré par le plaisir qu’il ressentait, Daevlyn enfouis ses mains dans les cheveux d’Asiel, lui caressant la nuque au même rythme que ses vas et vient, le faisant le désirer toujours un peu plus. Peu après, Daevlyn jouit dans un cri de plaisir, et face à cette vision, Asiel failli lui aussi le rejoindre dans sa jouissance.

Daevlyn à peine remit de son orgasme, Asiel l’embrassa à pleine bouche, souhaitant lui faire partager l’intensité de son désir. Il voulait qu’il sache à quel point il le désirait.. Enhardi par ce baiser, Daevlyn déboutonna avec empressement la fermeture du jean d’Asiel et le lui retira, entraînant son boxer par la même occasion. Une fois nu, Asiel retourna Daevlyn et entreprit de le préparer à sa venue. Après les avoir longuement humidifiés, il inséra un doigt dans l’intimité de l’adulte, parsemant son cou et sa nuque de baisers plus érotiques les uns que les autres afin de détourner son attention de la douleur. Quand il le sentit près, il insinua un second doigt en lui, finissant ainsi de le préparer à force d’amples et lents mouvements.

Il retira ses doigts sous les gémissements de protestation de Daevlyn et lentement, avec une délicatesse et une douceur infinie qu’il ne se connaissait pas, il le pénétra, sans cesser de lui embrasser le cou, les mains lui caressant avec tendresse le creux des reins. Asiel commença à se mouvoir en lui, et ses mains firent de même, glissant sensuellement le long de son dos tandis que sa langue reproduisait les contours de son visage. Alors qu’il le faisait sien, Asiel se senti envahi par une vague de sentiments inconnus. Daevlyn criait sans retenu, le plaisir qu’Asiel faisait naître en lui lui brûlait les reins et faisait bouillonner son sang dans ses veines. Grisé par l’amour qu’il ressentait pour Daevlyn, l’adolescent redoubla d’efforts, le prenant avec fougue et passion, mais aussi désespérément et amoureusement… tous ses sentiments réunis en un seul…

Arrivé au plus haut sommet du plaisir, Daevlyn se libéra dans un cri de jouissance, suivit presque aussitôt par Asiel qui se libéra en criant le nom de son amant.

Epuisé et à bout de souffle, Asiel se laissa retomber sur son amant, en prenant garde de ne pas l’écraser. Après un ultime baiser papillon déposé dans son cou qui fit frémit Daevlyn, Asiel se retira et Daevlyn se retourna, l’attirant dans ses bras, en une douce et tendre étreinte. Ils restèrent silencieux le temps de retrouver une respiration calme et régulière, calquant leur rythme cardiaque sur celui de l’autre. Epuisé par l’effort qu’ils venaient de fournir, ils s’endormirent ainsi enlacés, Asiel confortablement installé dans les bras de Daevlyn.

Ce fut la fraîcheur de la nuit qui réveilla Asiel quelques heures plus tard. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il eut l’agréable surprise de se noyer dans les yeux verts de Daevlyn qui lui souriait tendrement. Surprit, Asiel se mit à rougir face à cette constatation et lui rendit son sourire. Un sourire tendre et doux que Daevlyn n’avait encore jamais vu sur le visage froid d’Asiel.

Se lovant un peu plus près contre la source de chaleur que représentait Daevlyn, Asiel déposa un baiser papillon à la base de son cou, ce qui eut pour effet de faire frémir l’adulte. Jamais Asiel ne s’était sentit aussi bien… Sachant parfaitement que ce bonheur n’était qu’éphémère, il profitait pleinement de cet instant de tendresse.

Cependant, une question le tiraillait… Il fallait qu’il sache, quitte à souffrir un peu plus, il ne pouvait pas se permettre de rester dans l’ignorance. Quitte à briser ses rêves…

Afin de ne pas briser le silence paisible et serein qui les entourait, Asiel demanda d’une petite voix :

- Daevlyn… répond moi franchement… avec qui viens-tu de faire l’amour ?

Daevlyn ne sembla pas comprendre le sens de la question que venait de lui poser l’adolescent, car une expression d’incompréhension s’afficha momentanément sur son visage. Face au trouble de l’adulte, Asiel ajouta :

- Avec Raphaël, ton frère ou… ou avec moi ?

Ne s’attendant pas à une telle question, Daevlyn sursauta et étouffa un hoquet de surprise.

Blessé par le mutisme de l’adulte, Asiel sentit les larmes lui  monter aux yeux. Prenant ce silence comme un moment d’hésitation de la part de Daevlyn, Asiel s’arracha brusquement à l’étreinte de l’adulte. Alors qu’il s’apprêtait à se lever, Daevlyn lui attrapa le bras et l’attira contre lui.

Alors qu’Asiel ouvrait la bouche pour lui dire ce qu’il pensait de lui, la voix de Daevlyn s’éleva douce et calme :

- Tu n’es finalement pas si différent de Raphaël…

-  Si tu es là pour me parler de Raphaël…

- Laisse moi finir… le coupa Daevlyn. Tu caches tes sentiments derrière ta colère et ta froideur… Je suis désolé si tu as mal interprété mon silence. Ne crois surtout pas que je n’ai pas d’affection pour toi. Tu fais parti de Raphaël, je t’apprécie beaucoup et je ne regrette pas ce qui vient de se passer…

Asiel fut profondément ému par les paroles de Daevlyn… Ainsi, il l’aimait à sa façon… Rien n’aurait put lui faire plus plaisir. Le cœur léger, Asiel murmura :

- Je t’aime Daevlyn…

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:59 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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