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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 21

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 21 écrit par Shinigami

Depuis plusieurs jours déjà, Raphaël s’éclipsait en pleine nuit de sa chambre afin d’aller nourrir Amaranth, ignorant totalement que, malgré ses précautions, Daevlyn était toujours là, à l’observer. Tous les matins, il se levait à l’aube afin d’aller tenir compagnie à son petit protéger. C’est fou comme en quelques jours il s’était attaché à lui. La relation homme/animal qu’ils entretenaient s’intensifiait de jour en jour, dépassant le stade de la simple cohabitation pour se transformer en véritable amitié. Chaque jour, ils en apprenaient un peu plus sur l’autre, se découvrant une confiance mutuelle qui grandissait de jour en jour. Raphaël prenait confiance en lui et Amaranth le ressentait. Il lui accordait sa confiance et le laissait le manipuler à sa guise.

Raphaël avait longuement observé Daevlyn lorsqu’il manipulait Waterfalls ou Diamond Dust, et quand la situation le permettait, il reproduisait les mêmes gestes avec Amaranth, en prenant grand soin de ne pas se tromper, afin d’éviter un quelconque revirement de situation.

Ce matin là, Raphaël se sentait incroyablement fatigué. Il avait nourri Amaranth tard dans la soirée et était directement allé se coucher. Il dormait d’un sommeil tellement profond, qu’il n’entendit pas son réveil sonner à l’aube. Lui  qui d’ordinaire avait le sommeil léger, n’entendit pas Daevlyn entrer dans sa chambre et lui murmurer qu’il était l’heure qu’il se lève.

Quand Daevlyn revient quelques heures plus tard, Raphaël dormait toujours. Comme précédemment, il s’avança discrètement près du lit du jeune garçon endormit. Une fois à hauteur, il caressa tendrement une mèche de cheveux qui barrait le visage de l’adolescent et déposa un chaste baiser au coin de ses lèvres.

Raphaël frémit imperceptiblement au contact des lèvres de Daevlyn et ouvrit difficilement un oeil, s’apprêtant à remballer l’opportun qui avait osé le réveiller. Cependant, son envie de meurtre disparut lorsqu’il entendit son moniteur lui murmurer tendrement :

- Raphaël…

L’appelé sourit puis, ouvrit difficilement un oeil, aveuglé par l’afflux de lumière. Lumière… A cette constatation, Raphaël s’assit dans son lit, totalement réveillé. Daevlyn sembla surprit de cette soudaine réaction et lui demanda :

- Qu’est ce qui t’arrives ?

Raphaël ne prit même pas la peine de lui répondre, et c’est complètement paniqué et avec une minuscule voix encore toute enrouée de sommeil qu’il demanda :

- Quelle heure est-il ?

Lorsqu’il entendit Daevlyn lui répondre qu’il était près de 10 heures, il sauta hors de son lit, totalement paniqué. Cependant, il resta tétanisé, incapable de faire un geste, tant sa panique était grande. Son coeur se mit à battre à une allure affolante et tout son corps semblait être devenu si lourd qu’il lui était impossible de faire un pas. C’est la voix de Daevlyn qui le ramena à la réalité. En dépit du fait qu’il semblait calme, Raphaël décela aisément une once de crainte lorsque Daevlyn lui demanda ce qui n’allait pas.

- Amaranth, je ne m’en suis pas occupé, il doit mourir de faim, je…

La voix de l’adolescent s’étrangla dans sa gorge sous l’afflux trop important d’émotions. Quand Daevlyn lui affirma qu’il s’en était occupé, Raphaël sentit la honte l’envahir et il baissa les yeux au sol, ne souhaitant pas croiser le regard désapprobateur que Daevlyn allait sûrement lui adresser. Il tenta tant bien que mal de refouler les larmes qui menaçaient de couler et souffla :

- Je suis désolé, je n’ai pas su faire ce que tu m’as demandé, j’ai…

Alors qu’ils s’embrouillait dans ses explications, de plus en plus honteux, Daevlyn lui coupa la parole et déclara d’une voix toujours aussi calme :

- Tu t’occupes de ce poulain mieux que personne Raphaël, il ne pouvait pas rêver mieux. C’est moi qui t’ai laissé dormir ce matin, car tu avais besoin de repos.

Raphaël ne répondit rien… Daevlyn disait-il cela pour lui faire plaisir ? Raphaël ne savait que trop penser, même si au fond de lui, il espérait que ce ne soit pas le cas.

Face à la non réaction de l’adolescent, l’adulte lui dit de se préparer et ne résistant pas à la tentation, il l’embrassa tendrement sur la joue avant de le laisser seul. Ce simple geste à présent devenu presque banal redonna du baume au coeur de l’adolescent qui se mit à rougir violement.

C’est le coeur léger et l’esprit joyeux qu’il se rendit en vitesse à la salle de bain ou il se doucha rapidement afin d’aller retrouver Daevlyn le plus vite possible.

Cependant, quand il arriva auprès de Daevlyn, il ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’oeil furtif en directions des écuries. Prenant son courage à deux mains, il fixa longuement Daevlyn dans une supplication muette. Daevlyn sembla comprendre ce que voulait l’adolescent car il l’autorisa à aller rendre une petite visite à Amaranth pendant qu’il terminait de panser et de harnacher les chevaux. Raphaël le remercia d’un sourire radieux et courut jusqu’au box ou l’attendait le poulain.

Il revient comme promit un petit quart d’heure plus tard et après que Daevlyn soit allé chercher leur pique-nique, il montèrent à cheval.

Raphaël était plus que ravi de cette sortie. Cependant, étant déjà parti tard du ranch, ils ne firent qu’une courte étape avant de s’arrêter pour manger. Suivant les instructions de Daevlyn, Raphaël attacha son cheval et lui retira son filet.

Lorsque Diamond Dust fut attaché, Raphaël alla s’asseoir aux côtés de Daevlyn qui lui dit :

- Tu dois avoir faim.

L’adolescent réalisa à cet instant qu’il n’avait pas manger ce matin et que la faim lui tiraillait l’estomac. Il hocha la tête en souriant timidement puis attrapa le sandwich que lui tendait l’adulte. Raphaël termina rapidement son sandwich, lui-même surprit de la vitesse à laquelle il avait manger.

Il vit alors Daevlyn s’allonger dans l’herbe et lui lança un regard interrogateur. Quand Daevlyn lui en expliqua la raison, il hocha la tête puis s’avança à quelques mètres de Daevlyn. Il s’apprêtait à s’allonger quand il entendit son moniteur lui demander :

- Tu ne veux pas venir… plus prêt ?

A ses mots, Raphaël se mit à rougir violement et après une longue hésitation, il finit par rejoindre son moniteur et s’assit à quelques centimètres de lui, prenant bien soin de ne pas le toucher. Son coeur s’emballa quand il sentit le corps chaud et musclé de Daevlyn venir se coller tout contre le sien, mettant à bas les dernières barrières. Sa gêne augmenta encore d’un cran alors que Daevlyn se déplaça d’une telle façon, l’incitant de ce fait à poser sa tête sur son bras. C’est non sans une certaine appréhension que Raphaël répondit positivement à l’invitation. Raphaël crut un instant que son coeur allait s’arrêter lorsque Daevlyn lui caressa tendrement la joue avant de raffermir son étreinte sur le corps frêle de l’adolescent. Confortablement installé dans les bras de l’adulte, Raphaël n’osait plus bouger. Son coeur battait tellement fort qu’il avait l’impression qu’il allait sortir de sa poitrine à tout moment.

Contrairement à Daevlyn, l’adolescent ne parvint pas à fermer les yeux. Le contact avec corps si près de l’adulte le troublait au plus haut point. Jamais encore il ne s’était sentit autant en sécurité lors d’une étreinte aussi rapprochée.

Perdu dans ses pensées, il s’aperçut alors que Daevlyn le regardait en souriant et à son tour, il lui adressa un petit sourire. Il se sentait bien, rassuré. plus jamais il ne voulait quitter cette étreinte protectrice. C’est alors qu’il se rendit compte que Daevlyn regardait fixement ses lèvres depuis quelques secondes. Il sentit le rouge lui monter au joues, et quand leur lèvres se rencontrèrent en une douce caresse. Prenant les devants, Raphaël invita Daevlyn à entrouvrir les lèvres en une demande timide et hésitante. Il sentit parfaitement le trouble de son moniteur qui, une fois la surprise passée, la lui accorda.

Le baiser qu’ils échangeait était empli de tendresse et de douceur. Ce fut cette sensation qui poussa Raphaël à devenir un peu plus entreprenant.

Enivré par leur baiser, Raphaël se rendit à peine compte que Daevlyn se redressait et prenait place au dessus de lui. Avant même qu’il ne réalise entièrement son geste, Raphaël posa délicatement sa main sur le torse puissant de l’adulte avant de prendre conscience de son audace et de retirer vivement sa main.

Daevlyn eut vite fait de la rattraper et de la poser de nouveau sur son torse, tout en la faisant lentement glisser sous son t-shirt. Raphaël frémit imperceptiblement lorsqu’il toucha pour la première fois la peau douce et brûlante de Daevlyn. L’adolescent était profondément troublé et celui-ci arriva à son paroxysme lorsqu’il sentit la main de Daevlyn venir se poser sur l’une de ses hanches. Raphaël se tendit à se contact, appréhendant un geste qui à son grand soulagement ne vint pas tout de suite. Rassurer, il se détendit et se laissa aller à l’étreinte de Daevlyn. Cependant, un frisson lui parcourut l’échine lorsque la main de Daevlyn, jusqu’alors prisonnière, se libéra et entreprit d’explorer son cou  gracile pour arrêter sa course sur sa nuque.

C’est alors que Raphaël sentit la main posée sur sa hanche s’infiltrer lentement sous son t-shirt à manches longues et caresser son torse imberbe. Raphaël qui s’était tendu à ce contact se relâcha quasiment instantanément quand Daevlyn le rassura par un baiser rempli de tendresse.

Peu à peu, Raphaël se détendait et se laissait aller sous les caresses de Daevlyn. Une étrange chaleur lui envahissait les reins, faisant naître un feu jusque là inconnu dans son bas ventre. Enhardi par cette chaleur agréable et bienfaisante, Raphaël se surprit à prendre des initiatives. Très vites, leurs caresses dépassèrent le stade de simple câlin pour se faire plus sensuelles, plus érotiques.

Cependant, Un contact un peu trop osé de la part de Daevlyn le fit se tendre brusquement. Il mit fin au baiser, et repoussa Daevlyn de toutes ses forces et se leva prestement, souhaitant mettre le plus de distance possible entre lui et cet homme qui, il y a encore quelques secondes lui apportait tant de plaisir et de confiance.

Raphaël s’éloigna de quelques mètres et s’accroupit, dos à son moniteur. Ses yeux le piquait et sa gorge le brûlait affreusement. Il ne put retenir ses larmes plus longtemps et elles se mirent à couler silencieusement le long de ses joues.

Il n’entendit pas Daevlyn s’arrêter à quelques pas de lui et sursauta lorsque sa voix retentie dans son dos.

- Je m’excuse Raphaël, j’ai voulu aller trop vite et je t’ai effrayé… Je ne voulais pas te faire de mal Raphaël, je ne t’en ferait jamais.

L’adolescent ne répondit rien. Il ne l’écoutait pas. Il ne voulait plus écouter ses mots. Des promesses… toujours des promesses, qui au final ne sont rien de plus que de simples mots lancés au hasard, sans aucune signification particulière. Les excuses n’effacent pas le mal que l’on nous fait. C’est tellement facile de dire pardon après avoir blessé quelqu’un… Non, il ne voulait plus entendre…

- Je t’aime.

Raphaël tressaillit violement et ses muscles se contractèrent. Il ne voulait pas entendre… Pourquoi Daevlyn lui disait-il ces mots ? Qu’est-ce qu’il attendait de lui ?

Il resta un long moment silencieux, puis il se retourna et dans un gémissement, il demanda :

- Est-ce que tu m’aimes moi, ou ton frère que tu retrouves en moi ?

A la réaction de Daevlyn, Raphaël sut parfaitement que sa question était pertinente. Il se rendit vite compte que l’adulte lui même n’avait pas la réponse à sa question. Les larmes brouillant sa vue, Raphaël se leva et s’exclama d’une voix qui cachait mal la rage qu’elle contenait.

- Pourquoi est-ce que tu me ment ? Pourquoi tu dis toujours des mots qui sont faux ? Tu agis toujours en ne pensant qu’à toi, sans réaliser le mal que tu me fais… Je te déteste…

Sur ses mots, ils se dirigea rapidement vers Diamond Dust et lui mit son filet. Puis, il monta à cheval et s’enfuit au galop en direction du ranch. Il voulait fuir… fuir cet homme qui le blessait sans même s’en rendre compte… Il poussa Diamond Dust au maximum, souhaitant mettre le plus de distance entre lui et son moniteur le plus rapidement possible.

Quand il vit le ranch apparaître devant lui, il ralenti l’allure et repassa au petit trot afin de laisser à Diamond Dust le temps de reprendre sa respiration. Quand il arriva, il offrit un bon pansage à sa monture et afin de se faire pardonner de l’effort intense qu’il lui avait demandé, Raphaël lui offrit un morceau de pain avant de le ramener au pré.

Après quoi, il se rendit à l’écurie et entra dans le box d’Amaranth. Le poulain l’accueilli d’un hennissement maladroit, heureux d’avoir de la compagnie et Raphaël se laissa tomber à genoux dans le box.

Amaranth sembla sentir la détresse et la douleur du jeune garçon car il s’approcha de lui et lui donna un petit coup de tête, comme pour lui faire comprendre qu’il était là.Ce fut le coup de grâce pour Raphaël qui éclata en sanglots, enfouissant son visage dans l’encolure du jeune animal. Celui-ci le laissa faire, comme s’il le comprenait et que de par ce geste, lui apportait son soutient.

Raphaël ne sut combien de temps il resta ainsi, pleurant toutes les larmes de son corps. Au bout d’une temps qui lui parut interminable, il finit par se calmer et essuya du revers de sa main, ses yeux rougis par les larmes.

A ce moment, il entendit la voix de Daevlyn l’appeler depuis l’extérieur. Se doutant que l’adulte allait venir le chercher ici, il se leva précipitamment et alla se cacher dans un des box vide au fond de l’écurie.

Il retient sa respiration tout le long que Daevlyn était là, tentant désespérément de calmer les battements frénétiques de son coeur qui battait tellement fort qu’il craignait que Daevlyn ne l’entende de la ou il se trouvait. Il soupira longuement quand il entendit son moniteur quitter l’écurie. A pas de loup, il sortit à son tour et alla s’enfermer dans sa chambre. Brisant les interdits, il verrouilla la porte de sa chambre d’ou il ne sortit même pas pour aller manger. Lorsque enfin il consentit à quitter la pièce, c’est pour aller préparer le biberon d’Amaranth.

Le lendemain matin, il se réveilla à l’aube comme à son habitude et alla nourrir le poulain. Puis, de retour dans sa chambre, il s’assit dans son lit, ou il resta jusqu’à ce que ce soit l’heure de se lever. Cependant, quand Daevlyn frappa à sa porte afin de le réveiller, il l’ignora totalement et ne répondit pas à ses appels. Après plusieurs minutes, Daevlyn finit par baisser les bras et se rendit au réfectoire avec le groupe d’adolescents.

Quand plus aucun bruit ne s’éleva des couloirs, Raphaël ouvrit prudemment la porte, et rassurer de ne voir personne, il fila en direction des douches.

Avoir entendu la voix de Daevlyn avait ravivé la douleur qui lui étreignait le coeur depuis la veille. Il se déshabilla avec une extrême lenteur, sentant la sensation des mains de Daevlyn parcourir délicatement son ventre et son torse. Ce souvenir lui amena une nouvelle fois les larmes aux yeux. Pourquoi devait-il toujours tout gâcher ? Pourquoi est-ce que son passé revenait-il toujours le hanter ?

De rage et de déception, il se saisit de cette lame de rasoir qui lui apportait tant de réconfort t la fit lentement glisser le long de son avant bras. Il rejeta la tête en arrière, dans un cri de bien être muet. Une expression indéfinissable entre l’extase et la douleur se dessinant sur son visage. Ses traits fins se crispèrent lorsque d’un mouvement plus brutal, il entailla plus profondément sa chair. Pourtant, il aimait cette douleur… il aimait cette sensation de contrôle qu’il avait sur son corps et le pouvoir de faire jaillir se sang si souillé qui coulait dans ses veines.

Ce ne fut qu’un long moment plus tard, qu’il sortit de la douche pour retourner dans sa chambre. Il n’en ressorti qu’aux alentours de midi, lorsque tous étaient au réfectoire. Discrètement, il se rendit aux cuisines et prépara à nouveau un biberon pour Amaranth.

Alors qu’il retournait à sa chambre après avoir passé un moment avec le petit poulain, dans son dos, Raphaël entendit Daevlyn qui l’appelait :

- Raphaël…

Sa voix semblait presque suppliante. Raphaël s’arrêta subitement et ferma les yeux. Il imaginait parfaitement l’air abattu qu’abordait à cet instant le visage de son moniteur. Pourtant, il ne se retourna pas… comme s’il ne l’avait pas entendu, il reprit sa route, feignant d’ignorer les appels désespérés de Daevlyn.

Tout le temps qu’il sentit le regard de Daevlyn posé sur lui, il garda la même allure constante, tentant tant bien que mal de rester maître de ses émotions. Ce ne fut que lorsqu’il disparut derrière l’angle du bâtiment qu’il se mit à courir aussi vite que ses jambes le lui permettaient.

Les deux jours qui suivirent se passèrent de la même manière. Raphaël ignorait totalement Daevlyn et ses vaines tentatives d’approche. Mais étrangement, contrairement à ce qu’il pensait, cela ne le satisfaisait pas. Il ne se sentait pas plus heureux loin de l’adulte. Oui, oui c’était lui qui avait fait le choix de nier jusqu’à son existence dans l’espoir que cela lui permettrait d’oublier toutes les merveilleuses sensations qu’il lui avait fait découvrir jusqu’à présent et qui n’étaient que mensonge.

Raphaël passait ses journées à dessiner, ne ressentant pas le besoin et encore moins l’envie de toucher aux repas que Daevlyn s’obstinait à lui apporter lors des rares moments ou il quittait sa chambre. Ses dessins étaient à l’image de son humeur et de ses ressentis. Sombres… tristes… morbides…

Des allégories de la Mort dans toute sa splendeur, un ange déchu pleurant de désespoir et de tristesse dans les limbes du Purgatoire… Des dessins sortis tout droit de son âme torturée qui auraient fait frémir n’importe qui tant la détresse qui en ressortait était grande.

Quand il ne dessinait pas, Raphaël pleurait, dans un vain espoir de tuer la douleur et le pincement au coeur qu’il ressentait. Puis, épuisé par ses larmes, il finissait par s’endormir, une migraine atroce lui martelant le crâne à force de pleurs et de réflexions. Toujours les mêmes réflexions qui au final, aboutissaient toutes de la même manière : le souvenir douloureux de cette après-midi qui avait pourtant si bien commencée…

Plusieurs fois, il s’était réveillé la nuit en criant de terreur, quand un mauvais tour de son esprit faisait ressurgir à la surface l’un des ses terribles moments du passé qu’il aurait souhaité oublier à jamais. Et toujours quand il se réveillait ainsi, tremblant de froid et de peur, les larmes inondant son visage, il espérait trouver Daevlyn à son chevet, qui lui parlait de sa voix douce et rassurante. Mais tout ceci n’arrivait que dans ses rêves… la réalité était toute autre… il était seul… désespérément seul, sans personne pour le consoler et panser ses blessures.

Et son coeur saignait… il saignait chaque jour un peu plus. Et Raphaël était là, il assistait impuissant à l’hémorragie qui tuait lentement son coeur. Il se sentait sur une pente glissante et pourtant, il ne faisait rien pour redresser la situation. Il se complaisait dans sa solitude et sa souffrance avec pour seule compagnie la mélancolie.

Le froid de la mort envahissait son corps. Son âme était aussi froide qu’une tombe sous la neige immaculée de l’hiver. Son regard éteint reflétait toute la grandeur de sa mélancolie.

Seule son enveloppe charnelle brûlait encore de ce faible éclat que l’on appel la vie. Pourtant, ce feu si précieux était sur le point se s’éteindre pour ne plus jamais se rallumer. Comme les derniers rayons du soleil qui se meurent quand vient la nuit.

Raphaël ressemblait plus à un cadavre qu’à un jeune homme à l’aube de sa vie. En deux jours, il avait perdu plusieurs kilos et son corps déjà fin, semblait à présent plus squelettique que jamais. Sa peau d’une pâleur extrême lui donne un air maladif et les cernes qui soulignent son regard améthyste éteint ne faisait que renforcer cette impression. Cependant, il restait beau… incroyablement beau… Ce genre de beauté froide qui semble receler un pouvoir mystérieux et tellement attrayant.

Plus rien ne semblait l’attirer suffisamment pour le maintenir en vie. Malgré tous ses efforts, il se sentait sombrer inexorablement vers sa déchéance et bientôt arriverait le point de non retour. Même Amaranth ne semblait pas être une raison suffisamment forte pour l’inciter à rester.

A présent, il voyait arriver à grand pas la fin de sa triste vie et sentait déjà planer au dessus de lui, l’ombre de la mort. Celle-ci semblait l’attendre patiemment, sachant parfaitement que son heure était proche… très proche…

Comme mû par une force invisible, Raphaël se leva et sortit discrètement de sa chambre. C’est tel un revenant qu’il traversa le couloir vide et silencieux. Tel un automate aux ficelles tirées par une puissance mystérieuse, il entra dans la douche et entreprit de faire couler l’eau.

Sans même se déshabiller, il pénétra sous l’eau, ignorant totalement les frissons glacés qui parcourirent son corps à ce contact. Avec une lenteur calculée, il s’empara de la lame de rasoir et tremblant comme un névrosé qui attend sa dose, il fit glisser la lame sur son avant bras, lacérant son vêtement par la même occasion. Quand la lame s’enfonça dans sa chair, un cri s’échappa de la gorge de l’adolescent. Un cri de jouissance à l’état pure. Il réitéra son geste, tailladant toujours plus profondément son bras meurtri. A ses pied, le bac à douche était définitivement teinté de rouge. Un rouge vif… un rouge synonyme de mort.

Pourtant, ce que Raphaël se savais pas, c’est qu’il s’était levé un peu plus tard que d’habitude et que l’un des adolescent venait d’entrer dans la salle d’eau. Le sang dans la cabine de douche avait attiré son attention et réprimant un cri d’horreur, il s’était enfuis en courant, à la recherche du surveillant.

Pendant ce temps, Raphaël continuait de mutiler sa chair, le bien être l’envahissant toujours un peu plus. Plongé dans cette plénitude, il se sentait pas que la vie le quittait peu à peu.

Quand Daevlyn entra dans la salle d’eau, son attention fut immédiatement attirée par l’eau rougeâtre qui s’écoulait de la cabine de douche en face de lui. Sans plus attendre, enfonça la porte. Le spectacle qui l’attendait le terrifia au plus haut point. L’eau glacée coulant sur son corps encore habillé, les cheveux lui tombant devant les visage jusque dans son dos et la lame de rasoir enfoncée dans son avant bras, Raphaël le regardait d’un air absent, son regard se voilant de ce voile si particulier quand arrive la mort.

Ce qui terrifia encore plus l’adulte, c’est la quantité importante de sang qui s’échappait des plaies que s’étaient infligé l’adolescent. Son vêtement en lambeau laissait apparaître un bras complètement charcuté. C’est alors que Daevlyn comprit, il ne s’était pas simplement mutilé… Non, cette fois ci s’était plus grave, il avait tenté de se suicider…

Il revient à la réalité quand il vit Raphaël tituber et s’effondrer. Daevlyn bondit en avant et rattrapa l’adolescent avant qu’il ne touche le sol.

Raphaël entendait au loin les cris de désespoir de Daevlyn et ses yeux se fermèrent sur la vision de son moniteur pleurant sur son corps.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:43 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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