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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 19

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 19 écrit par Shinigami

Dans son sommeil, Raphaël sentit une main douce et apaisante lui caresser les cheveux. Celle-ci fut vite remplacée par une légère caresse humide qui se posa sur sa joue. A ce contact, Raphaël sursauta et ouvrit subitement les yeux qu’il referma aussitôt face à l’afflux d’une lumière aveuglante. Il papillonna des yeux afin de s’habituer à la clarté environnante, tandis que son regard parcourait les murs de béton gris. Soudain, l’air interrogateur de son visage se transforma en lueur d’effroi lorsqu’il se souvient de la raison de sa présence en ces lieux. Il se retourna vivement, ne faisant pas attention à Daevlyn et ne remarquant pas son regard attristé. Anxieusement, Raphaël tendit la main vers le corps de la jument qui, quelques heures plutôt était encore source de chaleur. Face au corps inerte de la jument, Raphaël sentit les larmes lui monter aux yeux. Fébrilement, il caressa le cadavre de la jument, ne cherchant pas à retenir ses larmes. Son corps était convulsé de spasmes de sanglots plus violents les uns que les autres.

Une main se posa sur son épaule en signe de compassion et de réconfort. La seule main par laquelle il acceptait d’être touché… celle de Daevlyn. Comprenant ce geste comme une invitation, Raphaël se laissa aller dans les bras rassurants et protecteurs de son moniteur. Il laissa libre court à sa douleur et à son chagrin. Malgré lui, son passé venait de ressurgir des tréfonds de sa mémoire. Il avait mal pour le poulain qui comme lui, était à présent orphelin. Par un étrange hasard, ils se retrouvaient liés par le destin. Deux être si différents mais pourtant si semblables…

Accablé par son propre chagrin, Raphaël ne se rendit pas compte qu’il n’était pas le seul à pleurer. Il ne sut combien de temps il resta ainsi, pleurant toutes les larmes de son corps, libérant sa douleur, dans les bras de Daevlyn. C’est à peine s’il entendit Sébastien intimer à Daevlyn l’ordre de le ramener dans sa chambre et n’eut aucune réaction lorsque l’adulte le prit dans ses bras et le porta jusque dans sa chambre. Il se sentait complètement amorphe, vidé de toute énergie…

Délicatement, Daevlyn déposa l’adolescent dans son lit, prit une chaise et s’assit devant lui.

Ce fut Raphaël qui brisa le silence instauré, prononçant ainsi ses premiers mots de la journée :

- Pourquoi Daevlyn… J’aurais tant aimé que ce petit poulain ne soit pas orphelin à son tour, que sa mère…

Raphaël ne se rendit même pas compte qu’il avait prononcé tout haut, ce qu’il pensait au fond de lui.

Ce ne fut que lorsque Daevlyn lui caressa la joue avec une tendresse et une délicatesse toute particulière qu’il sembla reprendre ses esprits. Puis la voix grave et apaisante de Daevlyn s’éleva dans la pièce :

- Tu sais Raphaël, tu le sais tout autant que moi. La vie ne fait de cadeau à personne et pas non plus à ce petit poulain. Mais il a quand même de la chance.

“De la chance ? Comment peut-il avoir de la chance alors que sa mère vient de mourir, alors qu’il ne connaîtra jamais la douceur et l’amour d’une mère…”

Il lança un regard interrogateur à l’adulte, ne comprenant pas comment celui-ci pouvait tenir de tels propos. Face au regard rempli d’incompréhension du jeune garçon, Daevlyn ajouta :

- Il nous a tous les deux. Il va falloir que l’on prenne soin de lui. Il t’a toi et moi, comme je t’ai toi et tu m’as moi. Nous ne pouvons crier au désespoir tant que nous avons toujours quelqu’un à nos côtés. Ce n’est que dans l’isolement total que tu pourras alors peut être commencer à baisser les bras.

- Je…

Raphaël ne put ajouter un mot de plus. Ceux-ci restaient coincés au fond de sa gorge, comme s’ils refusaient de sortir. Daevlyn vint alors prendre place aux côtés de l’adolescent. Là, il ouvrit les bras, invitant Raphaël à venir s’y réfugier et trouver le réconfort qui lui manquait. L’adolescent ne se fit pas prier et se jeta presque violement dans les bras puissants entres lesquels il se sentait en sécurité. Raphaël pleura longuement, il avait l’impression que son corps se vidait de toute l’eau qu’il possédait et pourtant les larmes ne semblaient pas vouloir s’arrêter.

Lorsque ses sanglots se tarirent enfin, avec son pouce, Daevlyn essuya les dernières gouttes d’eau salée qui perlaient aux coins des yeux de l’adolescent puis lentement, il s’avança vers les lèvres si tentantes du jeune garçon. Raphaël avait parfaitement comprit l’intention de Daevlyn et alors que la distance entre eux s’amenuisait à vue d’oeil, il se surprit à languir le contact agréable des lèvres de son moniteur. A travers ce baiser, Raphaël sentit tout un flots d’émotions et de sentiments l’envahir subitement. Son coeur s’emballa sous l’afflux de tendresse, de réconfort et de tout un tas d’autres sentiments qu’il n’arrivait pas à nommer. Raphaël était totalement abandonné dans les bras de l’adulte. Jamais il ne s’était sentit aussi bien et pour rien au monde il ne voulait que cet instant se brise. Un subtile mouvement de Daevlyn fit comprendre à l’adolescent que celui-ci n’allait pas tarder à rompre le contact. Enhardi par la passion qui lui échauffait les reins, Raphaël passa une main sur la nuque de Daevlyn et l’attira à lui, l’obligeant par la même occasion à approfondir le baiser. Raphaël fut surprit par sa propre audace mais ne s’en formalisa pas davantage, se laissant porter par le plaisir que lui procurait la langue de Daevlyn qui explorait sa bouche sans pudeur. Pourtant, lorsque qu’une main de Daevlyn plus entreprenante que d’habitude vint se loger au creux de ses reins, Raphaël se tendit subitement, puis finit par se décontracter légèrement quand il s’aperçut que celle-ci n’allait pas plus loin.

Plusieurs coups frappés à la porte les fit redescendre sur terre. S’apercevant alors de leur position et réalisant qu’à tout moment quelqu’un aurait pu les surprendre, ils s’éloignèrent rapidement l’un de l’autre, regagnant à contre coeur un distance respectable.

- Dans mon bureau tous les deux ! dit sèchement Sébastien.

La voix sèche et et intransigeante de Sébastien leur fit comprendre qu’il n’admettait aucun refus. Raphaël craignait d’être puni pour avoir désobéit au règlement, mais appréhendait également qu’une quelconque remarque soit faite à Daevlyn par sa faute. Il était le seul fautif, Daevlyn n’était en rien responsable des actions de l’adolescent.

Une fois dans le bureau, Sébastien prit à nouveau la parole. Mais contrairement à ce que s’était attendu le jeune garçon, il se contenta de lui faire la morale sur son comportement irraisonné et irresponsable, lui intimant l’ordre de ne plus jamais recommencer une telle stupidité. Soulagé, Raphaël se contenta d’un simple hochement de tête en guise d’acquiescement. Puis, ils furent chargés d’aller apporter leur aide au vétérinaire qui était pour le moment, chargé des soins à apporter au poulain.

Tous deux ne se firent pas prier et s’éclipsèrent rapidement. Sur le chemin qui menait à l’écurie, Raphaël adressa un léger sourire à Daevlyn en guise de remerciement et l’adulte le lui rendit.

Quand ils arrivèrent dans le box ou se trouvait le poulain, et peut de temps avant sa mère, ils trouvèrent le vétérinaire en pleine osculation du poulain. Silencieux, Raphaël alla s’asseoir dans un angle du box et Daevlyn le suivit, s’adossant contre le mur. Patiemment, ils attendirent le verdict du vieil homme.

- Le petit est en parfaite santé. Malgré sa petite taille, il est robuste. Il est donc totalement hors de danger. Le mieux à faire, serait de lui trouver une mère adoptive. En attendant, il faudra le nourrir avec ce lait spécial.

Le vétérinaire tendit à Daevlyn une boite de lait en poudre et rangea son matériel. Après quoi, Daevlyn et Raphaël le raccompagnèrent à l’extérieur. Puis, Daevlyn se rendit aux cuisines et Raphaël lui emboîta le pas. Là, l’adulte expliqua à l’adolescent comment préparer le biberon.

Une fois celui-ci prêt, ils retournèrent aux écuries, leur butin en main. C’est alors que Daevlyn tendit le biberon à Raphaël et lui dit :

- Tiens, donne le lui.

L’adolescent s’avança d’un pas hésitant vers le poulain, ne sachant pas vraiment comment s’y prendre. Attiré par l’odeur du lait nourricier, le poulain vint au secours de l’adolescent en s’emparant de la tétine. Alors qu’il avalait goulûment le contenu du biberon, Raphaël se mit à sourire béatement. Daevlyn qui n’avait pas bougé, regardait la scène d’un air attendrit, satisfait de son choix. Le poulain termina rapidement sa ration et d’un léger coup de tête à l’adolescent, il lui fit  comprendre qu’il en voulait plus. Raphaël se tourna alors vers l’adulte et lui lança un regard si innocent et hésitant que Daevlyn ne pu s’empêcher de rire tendrement. Puis, il s’approcha de lui et déclara doucement :

- Il va falloir que tu lui trouve un nom…

- Moi ?! s’exclama Raphaël en se retournant vivement vers son moniteur.

Face à l’étonnement du jeune garçon, il lui dit :

- Tu sais Raphaël, j”aimerais tu élèves toi même ce poulain. C’est donc à toi de lui donner un prénom.

- Mais je… je ne connais rien… je suis absolument incapable de m’occuper de ce poulain… ce que tu me demandes est absurde… souffla l’adolescent en baissant la tête.

Il se sentait tellement indigne de la confiance et de l’affection que lui portait Daevlyn… comment pouvait-il apprécier un garçon comme lui, incapable de répondre positivement à une demande de son moniteur. Peu à peu, la tristesse fit place à la déception et le découragement. Au fond de lui, il aurait tellement aimé s’occuper du poulain et que Daevlyn pose encore sur lui un regard empli de fierté. Honteux, il se détourna du regard de l’adulte qu’il sentait posé sur lui.

Daevlyn savait pas à quoi pensait l’adolescent, mais son comportement ne lui laissait pas l’ombre d’un doute. Il s’assit à ses côtés dans la paille qui ornait le sol et délicatement, il glissa ses doigts sur la joue de l’adolescent, de façon à lui faire tourner la tête vers lui. Raphaël obéit docilement, mais gardait obstinément les yeux rivés vers le sol, ne souhaitant aucunement croiser le regard de Daevlyn. Celui-ci ne s’en formalisa pas, mais déclara d’une voix posée :

- Si je t’ai demandé de t’occuper du poulain, c’est parce que je t’en sais capable. Tu as en toi des capacités dont tu n’as pas idée. Et je ne dis pas ça pour te faire changer d’avis ou quoi que ce soit, mais parce que les faits sont là. J’ai vu passer beaucoup d’adolescents depuis que je suis ici, et par expérience, je peux t’assurer qu’aucun d’entre eux n’avait atteint en si peut de temps le niveau que tu as actuellement. Tu sais à présent suffisamment de choses pour pouvoir élever ce poulain, mais cela ne veux pas dire que tu doives te débrouiller seul, je serais toujours là si tu as un doute ou une question.

Après une courte pause, il ajouta :

- Je te laisse le temps de réfléchir, tu n’es pas obligé de me donner ta réponse tout de suite.

Sur ces derniers mots, le silence retomba dans l’écurie. Raphaël se récitait mentalement les paroles de son moniteur. Quelques minutes plus tard, il déclara dans un souffle :

- Amaranth… Je vais l’appeler Amaranth…

- C’est un très joli prénom… Qu’est ce que cela signifie ?

- C’est le nom d’une plante qui à la réputation de ne pas se faner. Comme cette plante, malgré la tragédie dont il est victime qui peut s’apparenter comme la saison froide, ce petit poulain est toujours là, prêt à recommencer une nouvelle vie.

- C’est une très belle interprétation. Et je trouve qu’elle véhicule un très beau message d’espoir. Ne t’avais-je pas dit que tu ferais un bon choix ?!! s’exclama Daevlyn en prenant l’adolescent par les épaules et en l’attira à lui. Il déposa délicatement ses lèvres sur la joue de Raphaël et se leva.

- Allez viens, laissons le se reposer un peu et allons chercher Diamond Dust. Nous avons tout juste le temps d’aller le chercher et de lui donner un coup de brosse avant d’aller manger.

Raphaël se leva et après un dernier regard au poulain assoupi, il suivit Daevlyn.

Après le déjeuner, Raphaël alla préparer un biberon pour Amaranth et le lui apporta. Quand le poulain le vit arriver, il se leva précipitamment et s’approcha de lui. Une fois l’animal nourrit, Raphaël partit rejoindre Daevlyn qui de son côté, avait sellé Diamond Dust. L’adolescent prit sa monture, et parti en direction du rond de longe, suivit par Daevlyn.

Après la leçon, ils s’occupèrent de Diamond Dust et Raphaël le ramena au pré tandis que Daevlyn sortait Waterfalls. Avec l’aide de Raphaël, il le brossa puis l’emmena dans le rond de longe. Comme à son habitude, Raphaël s’assit dans l’herbe et observa, buvant les explications de son moniteur qui, ravit de le voir s’intéresser, lui faisait partager son savoir.

Une heure s’écoula ainsi jusqu’à ce que Daevlyn décrète que s’était suffisant pour aujourd’hui.

Ils s’occupèrent du cheval et le ramenèrent au pré, puis se rendirent au réfectoire. Là, à la surprise générale, Daevlyn prit place aux côtés de Raphaël et ils mangèrent en silence, sous les regards interrogateurs des autres pensionnaires.

Daevlyn avait constaté avec joie que Raphaël mangeait sensiblement plus qu’à son arrivée au ranch. L’adulte prenait son temps pour manger, incitant de cette manière, l’adolescent à en faire de même. Ils quittèrent le réfectoire pratiquement en même temps que les autres adolescents, puis ils se rendirent aux cuisines afin de préparer le biberon d’Amaranth.

C’est avec un magnifique sourire dessiné sur les lèvres que Raphaël entra dans le box de son petit protéger en l’appelant afin de le familiariser à son prénom. L’animal se précipita vers lui, et alors qu’il allait lui donner son biberon, Daevlyn qui l’observait depuis l’extérieur du box, déclara :

- Ne lui donne pas tout de suite. Il ne faut pas qu’il prenne l’habitude de recevoir à manger à chaque fois qu’il vient vers toi. Caresse le un moment avant, fait connaissance avec lui. Ne soit pas simplement la main qui le nourrit, mais fait en sorte de devenir “sa maman”. N’hésite pas à le repousser s’il devient trop entreprenant, comme tu le ferais avec Diamond Dust. Mais sans y aller aussi fortement, c’est un poulain, un simple refus devrais suffire.

Raphaël s’exécuta, et caressa longuement le poulain, insistant sur les parties sensibles afin de commencer à l’habituer au contact humain. Puis, ne souhaitant pas le faire attendre trop longtemps, il lui donna son biberon, qu’il vida  en quelques secondes.

Raphaël resta encore un long moment avec le petit animal, lui parlant et jouant avec lui. Puis, soudain, il se leva subitement et après un “je reviens” lancé rapidement à Daevlyn, il s’élança en direction des dortoirs, sous le regard intrigué de l’adulte. Quelques minutes plus tard, Raphaël revient tout essoufflé, tenant dans la main un morceau de tissu.

Devant le regard chargé d’incompréhension que lui lançait Daevlyn, Raphaël déplia le morceau de tissu, dévoilant ainsi son haut de pyjama. Les joues rosies, il déclara timidement :

- Maman m’avait raconté une fois que quand j’étais bébé je n’arrivais pas à dormir. Alors elle m’a donné un vêtement imprégné de son odeur et qu’après je me suis endormi.

Il désigna son pyjama et ajouta :

- C’est pour qu’il se sente moins seul…

Attendri, Daevlyn embrassa tendrement l’adolescent dans les cheveux et déclara :

- C’est une très bonne idée.

L’adolescent sourit en rougissant légèrement, puis après une dernière caresse au poulain, il déposa un bisou sur son chanfrein et lui souhaita une bonne nuit.

Après quoi, ils repartirent en direction des dortoirs et Raphaël alla se préparer pour la nuit. Avant de s’endormir, il programma son réveil et le posa sous son oreiller.

Raphaël fut réveillé au premier “bip”. Il l’éteignit précipitamment afin de ne pas alarmer Daevlyn puis, discrètement, il sortit de sa chambre. Il longea discrètement le mur et s’arrêta subitement lorsqu’une latte de mit à grincer. Il resta plusieurs secondes immobile, puis, rassuré, il reprit sa périlleuse avancée.

Après s’être rendu à la cuisine, il se précipita vers les écuries. Il alluma la lumière, et doucement, il s’approcha du box d’Amaranth. Il entra et après quelques caresses, il lui donna son biberon. Cependant, trop occupé dans sa tâche, il ne vit pas que Daevlyn l’observait discrètement, un sourire mi-tendre, mi-amusé, illuminant son visage encore un peu endormi. L’adolescent semblait prendre sa mission à coeur et rien n’aurait put lui faire plus plaisir.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:41 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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