24
mai

Beyond the invisible - chapitre 03

   Ecrit par : admin   in Beyond the invisible

Chapitre 3 par Lybertys

Je ne sus pas vraiment combien de temps il me fallut pour m’en remettre, combien de temps je restais là, adossé au mur la tête entre les mains. J’avais l’impression de revenir de très loin. La souffrance de cet homme était si vive que j’avais cru frôler la mort. Trop contenu au plus profond de lui, il avait suffit que je frôle les barrières pour être inondé de cette douleur pure. La migraine s’était maintenant installée et je savais qu’elle ne me quitterait pas de la journée. Si je restais, si je rencontrais de nouveau cet homme, je me condamnais à ressentir la même chose. Or, personne ne voudrait vivre cela, personne ne peut d’ailleurs supporter cela. Il ne me restait alors qu’une solution : fuir. Je devais quitter ce lieu à jamais. Si je m’éloignais de cet homme dont je ne connaissais même pas le nom, j’étais condamné. Je savait très bien à quoi m’avait mené mon investissement total dans ce don et dans la souffrance d’une personne. Mon cœur se serra lorsque je me souvint de lui… J’avais pourtant décidé de l’oublier.
A peine arrivé que je devais quitter ce lieu. Mais était-ce vraiment la solution ? Je voulais fuir certes, mais n’allais-je pas fuir l’effet et non la cause. Je savais que je ne pourrais trouver la tranquillité ailleurs ; et que si ça n’était pas lui ce serait quelqu’un d’autre. Cependant, je n’étais peut être pas prêt à affronter tout cela de nouveau. Mais qu’est ce qui me disait que ce ne serait pas pareil demain, dans le nouveau lieu ou j’aurais décidé d’aller, avec une autre personne ou même plusieurs. C’était repousser pour mieux sauter. J’étais donc prisonnier et je n’avais aucun moyen de vraiment fuir. Sortit de prison mon corps était libre mais je ne l’avais jamais vraiment été de moi-même…
Je pris une grande inspiration dans l’optique de me redresser et de ne pas me laisser abattre à ce point. J’avais eu dix ans pour y réfléchir, et aucune solution ne se profilait à l’horizon. Sans répit, à peine libre, je devais de nouveau subir cela. Que ce soit en prison ou ailleurs jamais je n’avais été en paix.
Alors que je relevais la tête, décidé malgré tout à aller de l’avant, je vis un homme se tenant devant moi. Je ne sut pas vraiment depuis combien de temps il me regardait. Ses mèches dorées au milieux de ses cheveux châtains coiffés négligemment apparaissaient comme de petites touches de blond. Ses yeux bleu-gris lui donnaient un air léger mais surtout charmant.
Ses épaules assez musclées par le travail qu’il devait faire sans être trop carrées, me donnaient l’impression qu’il était quelqu’un sur qui l’on pouvait se reposer. Alors qu’il était à une distance respectable, je pouvais sentir qu’il ne me voulait aucun mal, et que ses intentions n’étaient pas mauvaises. Cette capacité avait été fortement accrue pendant ses dix années de prison. Quelque chose de bienveillant émanait de lui. Lorsqu’il me tendit la main cependant, je dû refuser son aide. J’étais maintenant dans un tel état de fragilité que j’aurais pu me synchroniser avec n’importe quel être vivant. Une fois que je m’ouvrais aux autres, il était très dur de refermer la porte. Il semblait tout de même inquiet, je n’avais pas besoin d’utiliser mes capacités pour le savoir, et le ton de sa voix le trahissait.
- Est ce que ça va ?
- Euh oui… Je n’ai pas dû manger assez ce matin, tentais-je de répondre.
- Effectivement, pour ce genre de boulot, il vaut mieux avoir quelque chose dans le ventre. Tu es le nouveau c’est ça ? Philippe m’a dit de te former, et de t’aider un peu les premiers jours. Je me présente d’abord peut être ! Dorian, palefrenier ici depuis un bon bout de temps. Tu remplaces un type assez louche qui est partit du jour au lendemain. On avait vraiment besoin de l’aide de deux nouvelles main. Juha, c’est bien comme ça que tu t’appelles ?
Inondé sous ses paroles, je m’étais tout de même remis sur mes deux jambes pour me mettre à sa hauteur. Je n’étais vraiment pas ou plus habitué à ce genre de personne. Son attitude enjouée avait quelque chose de serein. J’acquiesçais, ne tendant cependant pas la main vers celle qui me tendait. C’était bien trop dangereux pour moi. Attendre quelques heures serait bien plus sage. Même si mon geste était extrêmement impoli, il ne m’en tint pas rigueur et me proposa toujours avec le même sourire d’aller manger quelque chose.
Nous nous dirigeâmes directement jusque dans la cuisine et nous nous servîmes des choses qui restaient dans les placards. Il me laissa un instant et revint cinq minutes plus tard avec des cachets pour les maux de tête. Il me les tendit sans un mot. Cela se voyait-il à ce point sur mon visage ?
Assis à la petite table de la cuisine, je repris peu à peu des forces et être plus apte à entamer une conversation avec lui.
- Tu as croisé d’autre personnes que moi ce matin ? commença-t-il par me demander.
- Euh oui… quand je faisais le box d’un cheval tout à l’heure, un homme est venu me dire que je ne devais pas approcher son cheval, avec…
- Ah, me coupa-t-il, tu as commencé fort. C’est Gabriel. Le patron l’a à la botte. Très compétant, il est moniteur ici. Tu as pu avoir un aperçu de son caractère…
Il rit légèrement sur sa dernière phrase avant de reprendre :
- Il n’est pas méchant, mais mieux vaut le laisser seul. Enfin pour paraître clair, il ne s’entend pas avec grand monde. Ses chevaux sont ce qu’il y a de plus important pour lui. Sa copine le supporte, mais je ne sait pas comment elle fait. Ils ne se voient pas très régulièrement de toute façon. Enfin, ne t’occupe pas trop de lui. Et qu’est-ce qui t’a amené à venir te perdre par ici ? Tu t’y connais un peu en équitation ?
Le mieux pour moi était de répondre de façon elliptique. Moins j’en dirais et mieux cela passerait.
- Non je n’y connais rien… J’avais besoin de changer d’air, et de partir sur de nouvelles bases.
Étonnamment, il respecta mon choix de pas lui en dire plus et n’insista pas sur mon passé, il déclara simplement :
- J’espère que tu trouveras ce que tu cherches ici…
Ce que je cherchais ? Je ne le savais pas moi-même. Je n’avais aucun but particulier à donner à ma vie. Je me laissais pour le moment porter par celle-ci. Je n’attendais rien de particulier, j’avais étouffé ma propre existence passée par celle des autres. Un silence s’installa dans la conversation. Dorian semblait être partit loin dans ses réflexions, qui n’appartenaient qu’à lui. Quant à moi, je profitais de son silence pour récupérer des forces.
Un point positif, je venais de trouver un homme à côté de qui je pouvais me reposer. Je passais un temps à admirer ses mains. Certes elles étaient le reflet du travail manuel qu’il accomplissait tout les jours, mais elle étaient particulièrement belles. C’était le genre de main qui donnait envie d’être touché par elle. Je ne parlais pas forcément du côté sexuel de la chose, mais sentir cette simple main posée sur soi devait provoquer une impression de protection et de profond bien être.
Son apparence accueillante m’avait séduite, mais je savais ce que n’était pas le genre d’homme pour qui je pouvais éprouver réellement quelque chose. C’était bête à dire, mais étonnement je trouvais qu’il manquait de profondeur. Cependant, j’étais loin de refuser sa présente et le lien qui était en train de s’établir entre nous. Quand je dis sans profondeur, je veux dire que rien de différent que ce qu’il montrait à l’extérieur n’était à l’intérieur. Je trouvais qu’il n’y avait aucune part de mystère à dévoiler. Cependant, cela pouvait avoir un côté agréable et reposant d’être en sa présence, ce dont j’avais plus que tout besoin pour le moment.
Soudain, la voix de Dorian me sortit de mes songes, me rappelant qu’il était en face de moi. Il semblait gêné de mon silence qui commençait à devenir trop long car il me demanda :
- Et tu loges où ?
- Pour le moment, je loue une chambre au patron, mais je vais chercher un endroit plus tranquille. D’ailleurs, il n’y a rien à louer dans le coin ?
- Justement, c’est marrant que tu demandes. J’ai un ami qui loue un petit appartement dans le village à côté. C’est à une vingtaine de minutes à pied et c’est vers chez moi. Tu as une voiture ?
Il parlait comme si j’avais déjà emménagé là bas. Je répondis légèrement mal à l’aise :
- Je n’ai pas mon permis…
S’il fut surprit de ma réponse, il n’en montra rien.
- Très bien, si tu vas là-bas, comme je te l’ai dit, c’est vers chez moi, je pourrais te déposer en voiture.
J’acquiesçais en lui souriant, ne trouvant rien à répondre face à autant de gentilles et d’enthousiasme. Je n’étais plus vraiment habitué à ce genre de chose.
- Très bien, je l’appelle à midi, et je vois quand est-ce que tu peux aller le visiter. Allez viens, c’est pas qu’on a du boulot qui nous attend mais presque !
En un rien de temps, il s’était redressé et m’avait invité à le suivre. Je finirais ma dernière tartine en chemin. Savourant tout de même le goût d’une nourriture à laquelle je n’avait plus eu le droit depuis dix ans.
Nous passâmes devant un grand terrain de sable que Dorian appelait « carrière », où Gabriel, trop occupé pour nous voir était en train de travailler son cheval avec une application que je n’avais jamais vu. Il semblait tellement fier et orgueilleux avec son cheval que de loin j’avais l’impression de m’être trompé sur son compte et que tout n’avait été que le fruit de mon imagination. Pourtant, cette migraine était bien présente, me rappelant que tout cela avait bien eut lieu…
Je n’eut pas le temps de m’appesantir sur lui, car déjà Dorian m’appelait en me demandant de ne pas traîner vu le retard qu’on avait prit. Le travail avec lui cette matinée là fut très agréable. Il prenait du temps pour m’apprendre à faire correctement mon travail, me laissant, je devais l’admettre, les taches les moins coriaces. Je commençais à trouver que tout cette gentillesse était quand même étrange pour quelqu’un dont je venais juste de faire connaissance et que ses intentions n’étaient peut être finalement pas dénuées de tout intérêt…
Nous travaillâmes cependant sans compter les heures. Je faisais toujours attention à ce qu’aucun contact direct n’ait lieu entre nous, toujours fragilisé. Je n’arrivais pas encore à me remettre vraiment de cette souffrance qui m’avait envahi. C’était peut être la deuxième fois dans ma vie que j’avais à faire à quelque chose d’aussi violent.
Cela m’amena directement à penser à l’autre fois… Dorian dut sentir mon abattement soudain, car il m’appela en me demanda de lui donner un coup de main, en me demanda si ça allait. Je n’avais vraiment pas l’habitude qu’on soit aussi prévenant avec moi, j’avais l’impression de découvrir une toute nouvelle sensation. Cela pouvait sembler étrange de ressentir cela, mais après tout pendant ces dix années j’avais appris à compter uniquement sur moi-même. Je ne pouvais nier que ce genre d’attentions étaient en train de me séduire légèrement.
Ce fut l’heure du repas bien passé qu’on entendit des hennissements prononcés. Je jetais un regard intrigué à Dorian, qui me sourit et m’invita à le suivre. Sans un mot j’arrêtais toute activité et partais à sa suite, plus curieux qu’autre chose. En arrivant vers un parc où des chevaux bougeaient dans tous les sens, il s’arrêta et je me mis à sa hauteur. Il me déclara alors :
- Gabriel vient de mettre sa nouvelle jument avec ses congénères. Admire ce spectacle, des comme ça, tu n’en verras pas tous les jours.
Je fis donc ce qu’il me dit de faire, maintenant totalement hypnotisé par le mouvement des chevaux qui avait quelque chose d’irréel. Jamais je n’aurais pensé que de tels animaux pouvaient avoir tant de majesté. En réalité jamais je n’avais pris le temps de les regarder vraiment.
Captivé par le spectacle, j’écoutais tout de même les explications de Dorian, m’expliquant quel était le nouveau venu, pourquoi ils avaient de telles réactions. J’avoue ne pas tout comprendre, étant encore totalement extérieur à ce monde. Bien vite, une bonne partie du personnel se réunissait pour assister à ce qui s’offrait à nos yeux. Gabriel à quelques pas de là était tout aussi captivé que les autres, à la différence qu’il semblait être celui qui s’y connaissait le plus. Une lueur brillait dans ses yeux, mais je n’arrivais toujours pas à voir un signe extérieur de sa souffrance. Là, à côté de ses chevaux, il semblait le plus heureux des hommes. Pourtant, un lien s’était maintenant tissé entre nous depuis ce contact, et je sentais au fur et à mesure n’étant qu’à quelques mètres un sentiment de douleur s’insinuer en moi.
Ceci venait finalement gâcher le spectacle, me rappelant que je ne pouvais nier tout cela et m’éloigner de lui. Même si d’apparence il ne semblait pas en avoir besoin et encore moins en avoir conscience, quelqu’un devait venir à son aide ou sinon tout exploserait un beau jour. C’était sa vie qui était en jeu, et je semblais être le seul à m’en rendre compte, j’étais donc malgré moi obligé de l’aider.
Il jeta uniquement un bref regard vers nous, avant de reporter son attention vers les chevaux. Rares étaient les fois ou j’avais rencontré quelqu’un d’aussi solitaire avant la prison.
Au bout de quelques minutes ou je n’avais pu décroché mon regard de ces animaux, j’entendis Dorian me murmurer à l’oreille :
- Continus de regarder, je vais finir notre boulot et je reviens te chercher pour aller manger un peu.
Je le regardais reconnaissant, avant de porter mon attention sur Gabriel cette fois-ci, son appel au secours étant vraiment trop fort. C’était comme si, à chaque fois que je parvenais à me concentrer sur autre chose, il ressurgissait dans mon esprit au moment ou je m’y attendais le moins.
Cette situation n’était pas viable pour lui et encore moins pour moi. Je mis un long moment avant de me décider à aller plus près. Tout d’abord parce que je ne voyais pas comment l’aborder, mais surtout parce qu’il fallait que je me barricade pour ne pas me laisser envahir par ses sentiments. Je choisis finalement de l’approcher, le voyant sursauter lorsque je m’arrêtais près de lui. Je tentais de garder le contrôle au mieux. J’avais plusieurs choses à surmonter et je rassemblais toutes mes forces pour le faire.
Je fixais les chevaux, croisant mes deux bras sur la barrière, essayant au mieux de me calmer. Il tourna enfin la tête vers moi, je n’eus pas besoin de regarder pour deviner quel genre de regard il avait. Je tentais de l’aborder d’une voix bien trop faible pour qu’il m’entende, mais je devais l’avouer j’étais tout à coup intimidé. Sa tristesse ne cessait de taper aux portes que j’avais fermées et j’avais du mal à trouver de quoi rassembler mon courage. Je finis tout de même par me lancer, plus fort cette fois-ci :
- Je crois que nous sommes partis sur de mauvaises bases toi et moi…
Évidemment, il ne me répondit pas, montrant qu’il n’avait aucune envie de faire « ami-ami » avec moi. Ne voulant pas arrêter mon initiative ici, je poursuivis, me tournant cette fois-ci vers lui, sachant que c’était la dernière solution qui me restait.
- Je m’appelle Juha…
Malheureusement le regarder et lui parler était plus dur que je le croyais. Je me sentais peu à peu comme hypnotisé. Peu à peu je me sentais presque comme attiré vers lui, envahi par cette peine qui le faisait s’éteindre petit à petit de l’extérieur. Je ne pouvais retirer mon regard de lui, sentant bien que cela l’agaçait. Je sentais que mes barrières mentales étaient à deux doigts de céder. Heureusement, il me répondit, sans pourtant autant bien sûr, prendre la peine de me regarder :
- Gabriel…
De nouveau le silence se fit entre nous. Comprenant que je ne tirerais rien de plus pour le moment, je préférais me détourner de lui et regarder les chevaux, afin de me distraire de l’abysse où il était en train de m’entraîner.
Je me laissais aller à observer le spectacle époustouflant qui s’offrait à moi. J’avais le sentiment de comprendre pourquoi Gabriel aimait tant les admirer. C’est ce côté sauvage et cette liberté qui semblait lui permettre de tenir. Le monde du cheval, voilà ce qui le maintenait à la surface. Je m’abandonnais donc à regarder la même chose que lui, au départ plus pour le comprendre mieux que pour mon propre plaisir. Puis je me laissais envahir par l’émerveillement et finit par déclarer sans trop m’en rendre compte :
- Je n’aurais jamais cru qu’un spectacle aussi beau puisse exister…
Il ne répondit rien, me laissant seul avec ma contemplation. Ce n’est qu’après de longues minutes qu’il finit par partir, semblant juger que les chevaux n’avaient plus besoin de sa surveillance.
Je restais donc là seul, me remettant de ce face à face. Sournoise, sa souffrance était venue se glisser en moi de nouveau. Certes cela était moins intense que la première fois, mais la migraine me reprenait comme au début. La faim commençait aussi à se faire sentir et c’est heureusement un petit moment plus tard que Dorian vint me chercher.
- Juha, j’ai une bonne nouvelle, commença-t-il aussitôt, mon pote nous attend pour visiter l’appartement en fin d’après-midi. Je t’emmène après le boulot ça te dis ?
Surpris une nouvelle fois d’autant de spontanéité et d’investissement pour ma personne, je ne fis que sourire et j’acquiesçais avant de le remercier.
Ayant totalement baissé ma garde depuis le départ de Gabriel, je ne fis pas du tout attention à Dorian qui vient m’entourer de son bras pour m’inviter à le suivre afin de manger. Il ne fallut pas plus d’une seconde pour que je me synchronise avec lui. Une envie, un désir, une réponse à mes questions.
Tout s’éclairait maintenant : c’était bien par intérêt qu’il était aussi gentil avec moi. Il avait tout simplement envie de moi. Je m’étonnais de ne pas m’en être rendu compte plus tôt, et c’est presque amusé que maintenant écarté de lui, je le regardais. Ne comprenant pas la raison du sourire soudain dépeint sur mes lèvres, il me lança
un regard interrogateur et je lui répondis simplement :
- On va manger ?
Il me fallut moins de temps qu’avec Gabriel pour me débarrasser des ses ressentis. La souffrance avait toujours était le sentiment dont j’avais le plus de mal à me dégager. Tout dans son attitude me devint beaucoup plus clair : ses regards de biais désireux de mon corps, la douceur dont il pouvait faire preuve et l’envie de m’aider.
Peut être étais-ce due aux années de prison, et au manque d’attention que je pouvais parfois prêter à ce genre de choses. Je le suivis, me mettant légèrement derrière lui, me laissant aller à admirer sa silhouette qui, je devais l’avouer en y regardant bien maintenant, m’était en fait attirante. Il fallait avouer aussi que le manque de réelle relation sexuelle au sens propre du terme pendant dix ans avait eut de quoi me frustrer. La prison n’était pas le lieu des plaisirs mais de bien pire si l’on se trouvait au mauvais endroit, au mauvais moment, avec les mauvaises personnes. Je l’avais compris un peu trop tard, mais c’était maintenant pour moi du passé, cela remontait à mes débuts. Je finis même par jouer de cela, continuant de feindre l’ignorance de ses intentions, je me rapprochais un peu de lui, le frôlant à peine.
Arrivé au réfectoire, il m’indiqua la salle ou s’asseoir et me dit de l’attendre le temps qu’il aille nous chercher à manger. Je m’exécutais, toujours amusé de la situation, et jouant le jeu de celui qui n’avait pas comprit.
Je me dirigeais donc dans cette fameuse salle où deux trois personnes étaient en train de manger. Je ne mis pas longtemps avant de repérer Gabriel, et me dit qu’il fallait que je poursuive dans ma voie. Rassemblant mes dernières force et prenant sur moi, je vins m’asseoir à sa table, dans le coin de la pièce, un faux sourire affiché à mes lèvres comme j’avais l’art de les faire. Il n’avait bien sûr par l’air enchanté du tout que je vienne le voir, mais ne fit aucun commentaire, m’ignorant parfaitement.
N’ayant rien à manger, je ne pouvais pas trouver d’échappatoire dans la contemplation de mon assiette. Il m’était impossible de ne pas le fixer, et je partais de nouveau malgré moi, à la recherche d’un signe extérieur de mal être auquel j’aurais pu m’accrocher. C’est au moment ou je m’y attendais le moins qu’il redressa la tête et me regarda sans cacher son agacement :
- Tu as un problème ou quoi ? Pourquoi est ce que tu me fixe sans arrêt ?
Je ne pu que sourire d’un air énigmatique. Il me jetait certes mais ne m’ignorait plus, j’avais avancé un petit peu. Étonnamment, cela du le déstabiliser quelque peu car il n’insista pas et ne me répondit rien. Certes il avait pris un air exaspéré et son dessert avait reprit toute son attention. Sa colère et sa hargne envers le monde, c’était donc ce qui lui permettait de tenir. J’allais devoir y aller doucement et surtout faire très attention au moment ou tout ressurgirait à la surface. Ce petit sourire qui s’affichait à mes lèvres, je l’avais acquis en prison. C’était un sourire qui voulais à la fois tout dire et ne rien dire du tout. Il avait le don de déstabiliser tout le monde et je m’en étais servi plus d’une fois.
De toute façon qu’aurais-je pu répondre à sa question sans qu’il me prenne pour un aliéné ?
Une seule personne avait connu mon secret, et il n’était plus sur terre pour le raconter.
Soudain, il leva de nouveau les yeux, fixant une personne juste derrière moi. Je tournais la tête et vis Dorian qui me fit un sourire se voulant séduisant. Je devais avouer que cela faisait l’effet escompté. Ne cachant pas son franc parlé, il me demanda :
- Pourquoi tu t’es mis à côté de lui ?
Aussitôt Gabriel se leva et lui déclara :
- « Lui » s’en va ne t’inquiète pas.
Puis il dit à mon attention :
- Je te conseille de mieux choisir tes fréquentations…
- Oui, c’est vrai que je ne suis pas fréquentable, répliqua-t-il aussitôt.
Énervé il vint s’asseoir à la place que Gabriel venait de libérer.
- Ce mec a vraiment un problème ! Putain d’homophobe !
Mon sang ne fit qu’un tour, je n’avais jamais supporté les gens comme cela en prison et je m’étais toujours tut, mais là le cadre était différent. Je me levais et lui courut après.
- Attends !
Il se retourna et me fit face, je dus m’arrêter brusquement pour ne pas le heurter, soulagé de ce que cela aurait pu entraîner.
- Tu te crois peut être plus intéressant que lui ?
- Et pourquoi pas ? Moi je n’aborde pas les gens pour leur cul !
- Ah non ça c’est sur ! C’est même pire, rétorquais-je aussitôt.
- Tu entends quoi par pire ?
- C’est la première fois depuis ce matin que tu m’adresses plus de deux mots.
- Estimes-toi en heureux, répliqua-t-il semblant avoir de plus en plus de mal à se contenir.
- Je te demande pas grand chose, juste un minimum de respect !
- Et moi je te demande juste de me foutre la paix !
Je sentis à ce moment là une présence derrière moi et n’eut pas besoin de me retourner pour deviner son identité. Le regard de Gabriel par dessus mon épaule ne fit que confirmer mon intuition.
En un rien de temps Gabriel m’avait déjà tourné le dos et alors que je me précipitais de nouveau pour le rattraper, Dorian me retint par le bras. Ma colère estompa ce qu’aurait pu provoquer le contact, et je cherchais tout de même à me dégager au plus vite.
- Laisse-le, franchement, je vois pas pourquoi tu te prends la tête pour lui… Allez, on va manger. L’après-midi est bien avancée, et on a pas mal de truc à faire.
Je me résignais à accéder à sa demande. Comment aider un mec pareil ? Gabriel était tout sauf accessible. Je m’étais bêtement laissé emporter, sa colère s’étant mêlée à la mienne. Je baissais littéralement les bras. Qu’il aille au diable !
Nous mangeâmes en vitesse avant de retourner faire les box. Ma colère m’avait permis de vraiment me blinder contre tout cela et je pouvais maintenant frôler ou même toucher Dorian sans que cela ne me fasse quoi que ce soit. L’envie d’aider Gabriel n’était maintenant plus qu’une idée folle. Il était rare que je sorte de mes gonds, et que j’aille au conflit, mais la prison avait finalement eut raison de ma patiente. M’embêter avec des gens pareils n’étaient vraiment pas dans mon optique. Je n’aurais qu’à faire attention à rester loin de lui, je ne pense pas que ce genre d’initiative de ma part le dérangerait. Il voulait sa solitude et bien qu’il le soit ! J’adoptais une indifférence quant à sa souffrance, après tout, rien ne m’obligeait à le faire. Je n’allais quand même pas le forcer. Je continuais à pester pendant une bonne partie de l’après midi, accomplissant mon travail avec hargne.
Tous deux trop occupé par notre tache, il n’y eut pas d’évolution particulière dans notre relation à moi et Dorian. Il avait cependant toujours la même attitude avec moi, et cachait de moins en moins l’idée qu’il avait derrière la tête. Lorsque la fin d’après midi arriva, j’étais en train de finir le dernier box, tout près du cheval de Gabriel.
Celui-ci était en train d’ailleurs de chouchouter sa monture. Nous nous ignorions parfaitement. J’avais juste conscience qu’il était à côté de moi, séparé par un mur, et cela ne me faisait ni chaud ni froid. Je me donnais l’impression de ne plus ressentir sa souffrance et cela marchait à la perfection, du moins en apparence. Mais je préférais m’illusionner que de voir ce qui se passait vraiment. Le box dans lequel je travaillais était vide et je pouvais ainsi bouger à loisir. Dorian allait me ramener une dernière fourche de paille, je n’aurais plus qu’à l’étaler et nous pourrions enfin nous reposer. Je devais avouer que j’étais éreinté.
Je n’étais pas habitué à ce genre de travail physique et mon corps me le faisait très clairement comprendre. Je m’adossais au mur, attendant que Dorian revienne. Lorsqu’il arriva enfin, je m’arrachais du mur à grand peine, et il le remarqua tout de suite.
C’était fou comme il pouvait être attentif à mon égard. Je n’étais vraiment pas habitué à quelqu’un d’aussi attentionné.
- C’est bon laisse je vais finir.
- Je… Euh… Merci.
J’en profitais pour m’étirer, j’avais l’impression que mon dos était tout bloqué.
En moins de deux secondes, il avait éparpillé toute la paille sur le sol. Il posa la fourche contre le mur et s’approcha un peu de moi. Quelque chose dans son regard avait changé.
- Tu as mal au dos ? Normal quand on a pas l’habitude.
- Un peu, mais ça va passer… répondis-je simplement.
Sans dire un seul mot, il me contourna et se plaça derrière moi. D’un ton bien plus bas, il me déclara :
- Il faut pas laisser tes muscles comme ça, sinon ça sera pire que tout demain.
Joignant le geste à la parole, il glissa ses mains sur ma nuque et descendit le long de mes épaules. Je ne pus que frissonner à ce simple contact qui ravivait un brasier en moi, dont j’avais oublié l’existence.
Je fermais les yeux sous le bien être procuré. Il massait à la perfection. Ses mouvements n’étaient pas dénués d’une certaine dose de sensualité qui enivrait mes sens. Cela faisait bien trop longtemps qu’on ne m’avait pas touché d’une telle façon… J’aurais voulu que cela dure encore et encore, et même que cela aille bien plus loin à cet instant précis, mais une voix intruse nous arrêta net tous les deux.
- Il n’y a pas des chambres pour ce genre de choses ? Franchement aller faire vos cochonneries ailleurs.
J’ouvris les yeux, totalement coupé de ce qui s’était emparé de moi, ce désir insatiable et ce plaisir ressentit. La frustration en était telle que je le vis l’espace d’une seconde défaillir devant le regard que je lui lançais. Il se tenait là, à l’entrée du box, à nous fixer, un air faussement écœuré dépeint sur le visage. Mon sang ne fit qu’un tour, et en l’espace d’un instant je m’était tourné face à Dorian, et me jetais sur ses lèvres dans un but purement provocateur.
Si cela faisait extrêmement longtemps que je n’avais pas pu toucher les lèvres d’une autre personne sur les miennes, je n’avais rien perdu sur la manière de le faire. Très rapidement, sans trop en avoir conscience, je fus transporté par ce simple contact dans un état proche de celui de la transe. Nos langues s’étaient mêlées avec fougue et déjà je pouvais sentir les bras de Dorian glisser le long de ma colonne. Une de mes mains étaient agrippée à son épaule et l’autre derrière sa nuque l’attirait toujours plus près pour un baiser plus profond. Un violent frisson me parcourut soudain de toute part, son plaisir se mêlait au mien et créait un explosion de mes sens. Je perdais toute notion, je me vidais de tout ce qui n’était pas à moi, je me sentais enfin vivre.
En un rien de temps j’avais réussi à rendre fou Dorian, qui n’attendait que cela. Ce fut le hennissement d’un cheval dans le box voisin qui me fit redescendre sur terre. Nous nous séparâmes tous deux avec le même regret. Je tournais la tête et eut simplement le temps de voir la silhouette de Gabriel passer derrière le mur, s’éloignant certainement d’ici. Il me fallut un temps pour m’en remettre car ma tête tournait. Je me sentais vraiment apaisé. Je me demandais vraiment ce qui me retenait de me retourner là maintenant et de me jeter dans ses bras pour aller bien plus loin comme nous en avions tout les deux terriblement envie. Dorian choisit ce moment là pour déclarer :
- Merde, je n’avais pas vu l’heure, il faut qu’on y aille si on veut avoir le temps de visiter l’appartement.
Je partis à sa suite, mais ce n’est pas pour autant que mon désir s’envola. Nous rangeâmes nos outils de travail et nous rendîmes assez rapidement au parking, non sans échanger de temps en temps quelques regards lourd de sens.
J’avais l’impression d’avoir légèrement choqué Dorian, qui ne s’attendait pas du tout à ce que je l’embrasse. Du moins, il semblait encore sous le choc. Je réalisais seulement maintenant avec quelle fougue et audace je l’avais embrassé. J’avais littéralement dévoré ses lèvres, laissant libre court à ma frustration. J’avais envie de lui là maintenant. L’embrasser n’avais fait que raviver mon désir de l’autre jusque là endormi.
Durant tout le trajet en voiture, je me demandais sérieusement ce qui me retenait de lui sauter dessus. Peut être parce que je ne voyais pas vraiment comment m’y prendre, après tout cela faisait dix ans que je n’avais pas cherché à séduire ou faire tout autre choses de ce genre. Pourtant, je ne pouvais nier mon envie insatiable. Ce baiser m’avait fait oublier toute chose extérieure à l’envie que j’avais maintenant besoin d’assouvir. Ce n’était même plus un besoin, c’était une nécessité.
Heureusement, nous ne tardâmes pas à arriver. Dorian se gara sur le parking d’un petit immeuble, bâtit dans le respect du paysage. Son ami nous attendait déjà devant et semblait légèrement impatient. Il était vrai que nous avions un peu de retard, mais pas beaucoup non plus.
Dorian n’en tint cependant pas compte et marcha vers lui avec un grand sourire :
- Salut Bastien, désolé pour le retard, mais on a eut pas mal de boulot…
- Ca va, c’est pas grave. Alors, c’est … dit-il en me pointant d’un geste de la tête.
- Il s’appelle Juha. Oui, c’est lui qui est intéressé.
- Bonjour Juha, moi c’est Bastien comme tu as pu l’entendre. Nous y allons ?
J’acquiesçais, et je partis à la suite des deux amis qui avaient pas mal de choses à se dire. Étant étranger à leur conversation, je ne cherchais pas non plus spécialement à la suivre. Après avoir passé un moment à admirer le postérieur de celui que je voyais bientôt comme mon futur amant, je me concentrais sur tout autre chose : mon futur lieu de vie.
L’appartement se situait au troisième et dernier étage. Lorsque nous entrâmes dans le petit appartement, je fus très rapidement séduit. Il avait un côté très confortable et un aspect « petit coin à soi ». Il faut préciser aussi que je sortais tout juste de prison, et qu’un rien aurait pu me convenir, mais cet appartement avait un petit quelque chose en plus. Très sensible aux choses que je pouvais ressentir, je devais avouer que je me sentais très bien ici, vraiment apaisé. Je visitais chaque pièce. La cuisine n’était pas spécialement grande et le salon avait une petite alcôve qui allait pouvoir me servir de chambre.
Je m’imaginais déjà vivre ici. Cela allait être un lieu m’appartenant que je pourrais modifier selon mon envie et surtout dont j’aurais la clef, grande différence avec ma cellule. La salle de bain était de taille moyenne et le reste était tout aussi appréciable. Un appartement parfait pour quelqu’un comme moi. Je n’en espérais pas autant. Il était déjà en plus en grande partie meublé. Nous parlâmes très rapidement de tout ce qui concernait les papiers, autant dire que j’étais heureux d’avoir trouver si vite de quoi me loger. Je fis un petit sourire discret à Dorian, le remerciant silencieusement de m’avoir aider. Nous finîmes par convenir de revenir demain afin que je signe les papiers, règle la caution et qu’il me donne les clefs. Demain je pourrais y loger.
Je laissais Dorian régler les dernières choses avec lui. Je devais avouer que j’étais assez largué avec toutes ses choses, et il m’était d’une précieuse aide. Une fois sortit, je fus saisit par le froid, et enfonçait un peu plus ma tête dans mon écharpe, me remerciant mentalement d’être aller la chercher en vitesse avant de partir. Pour arranger le tout, il pleuvait des cordes, une pluie tout aussi glacée que le vent. Bastien nous serra la main, nous disant à demain, avant de partir en courant jusqu’à sa voiture. Dorian et moi le regardâmes partir, restant à l’abris sous le perron, ne parvenant pas à se décider à traverser cette tempête.
Je me collais un peu plus à lui, de manière la plus discrète possible. Après un temps, Dorian me dit légèrement hésitant.
- J’habite en face… J’ai la flemme de retourner au centre en voiture, si tu veux pour cette nuit tu peux dormir chez moi… Enfin si tu ne veux pas tu n’as qu’à me le dire et on prend la voiture, et…
- Non, non, ta proposition me convient, le coupais-je. C’est vraiment sympa merci !
Je n’avais d’un seul coup plus froid du tout, l’idée de passer la nuit dans son appartement était une aubaine à ne pas manque, la solution pour assouvir nos deux envies compatibles. Il me sourit, encore une fois surpris que j’accepte aussi spontanément. Je devais avouer que je n’avais pas envie de perdre du temps, je l’avais perdu pendant dix ans et je jugeais avoir assez patienté.
Je me moquais de ce que cela pouvait induire sur mon image, je n’avais personne à illusionner. J’étais seul, et j’allais m’offrir du plaisir avec quelqu’un qui souhaitait la même chose que moi. Après un temps et un regard échangé, nous nous décidâmes à nous lancer. Dorian partit en courant devant moi et je le suivit de près avec la même allure. Comme il l’avait dit, il habitait juste en face. Il pesta un instant, ne trouvant pas ses clefs. Je n’arrivais pas à quitter des yeux la goutte d’eau qui coulait le long de son visage avant de se perdre dans son cou. Il déclara un « enfin » lorsqu’il réussit à ouvrir la porte et nous nous précipitâmes à l’intérieur. Nous montâmes au premier, étage où il logeait. Après avoir ouvert il m’invita à entrer, glissant la formule classique :
- Fais comme chez toi…
Son appartement était un peu plus luxueux que le mien et surtout plus grand. Il déposa sa veste et ses chaussures à l’entrée, avant de prendre la mienne et de la ranger. Je me déchaussais à mon tour, tandis qu’il rangeait rapidement les deux trois affaires qui traînaient dans son salon. Il s’excusa ensuite, me disant qu’il allait prendre rapidement une douche chaude car il était transis par le froid. Il m’invita à me mettre à l’aise, me disant qu’il n’en avait pas pour longtemps. En effet, il revint très peu de temps après, vêtu assez simplement. Il me donna une serviette et des vêtements propre, me conseillant d’aller faire la même chose que lui. Je devais avouer que malgré mon excitation, je ne pouvais nier que mon corps avait froid.
- Vas-y, je prépare à manger pendant ce temps.
Je m’exécutais donc, réfrénant l’envie de l’inviter avec moi prendre une douche, ayant déjà lutter contre l’envie d’aller le rejoindre.
Je me lavais légèrement moins vite que lui, ayant cependant toujours cette sorte d’appréhension dans ce genre de lieu, séquelle de la prison. J’en ressortit réchauffé et propre. Les vêtements de Dorian m’allaient bien, mais je ne comptais pas les garder bien longtemps.
Je le rejoignis dans sa cuisine, et le vit affairé à la tache. Je laissais glisser mes yeux sur sa silhouette qui était loin d’être déplaisante. S’apercevant de ma présence, il se tourna et me souris.
- J’ai fait du thé, tu en veux ?
- Oui, je veux bien s’il te plait…
Il me servit, et s’affaira au reste du repas. Je le regardais non sans une certaine admiration. Voilà bien longtemps que moi, je n’avais ne serait-ce que fait cuire des pâtes.
Lorsqu’il se tourna face à moi, c’était avec deux assiettes remplie dans les mains.
- Excuse-moi, je n’ai pas grand chose, je ne suis pas grand cuisinier mais…
- C’est très bien comme ça, merci.
Nous mangeâmes en échangeant de simples paroles, dénuées de profondeurs et finirent par nous taire. Je pus pour la première fois prendre mon temps pour savourer les mets qu’il m’avait préparé. Ce n’était peut être pas de la grande cuisine, mais sous mon palais elle en avait tout l’aspect.
Une fois la dernière bouchée consommée, je me sentit repus et emplis de cette chaleur tant agréable. Dorian se leva, me disant de rester assis et commença à débarrasser. Soudain, son regard sembla s’illuminer et il se tourna vers moi en déclarant :
- Au fait, je ne t’ai pas massé du coup. Si je veux t’avoir en état pour bosser demain, il vaudrait mieux que je te fasse un massage. Enlève ton t-shirt et va dans le salon, je te rejoins juste après la vaisselle. Enfin si tu veux…
L’occasion était trop belle et s’était surtout enfin présentée à moi. Je lui offrais un sourire explicite qui le fit presque rougir, et je fit « oui » d’un signe de tête. Il s’activa alors plus rapidement à finir de ranger et entama la vaisselle, me tournant le dos. Je ne perdis pas un instant. Derrière lui, à quelques mètres, j’ôtais le t-shirt que j’avais enfilé peu de temps avant. Voulant le surprendre et surtout voulant aller droit au but, je ne m’arrêtai pas là.
Tout autre vêtement qui habillait mon corps allait rejoindre le t-shirt sur le sol. J’étais maintenant totalement nu, à quelques pas seulement de l’homme que je désirais grandement.
Dorian dus sentir ma présence ou du moins il se retourna le verre et l’éponge à la main. A ma vue, je crus qu’il allait tout lâcher. Ses yeux écarquillés et sa mine hébétée me donnais envie d’éclater de dire. Mais je me retint, gardant cet air impassible et provocateur. Il ne savait plus quoi faire. Il semblait totalement perdu et était à mille lieues de s’attendre à cela. Il se mit alors à bégayer :
- Je… c’est que… C’était juste… Je… Je t’avais demandé d’enlever juste le t-shirt je…
Amusé, j’approchais de lui d’un pas félin et disant d’une voix douce et extrêmement chaude :
- Pourquoi… Ca te gêne ?
- Je… c’est… Enfin…
J’en avais assez, maintenant que nous étions à deux pas du moment ultime, je cessais ses paroles inutiles sortant de sa bouche et me jeter sur elle, l’embrassa avec une fougue que je ne me connaissait pas.
Mes mains se glissèrent sous son t-shirt qui déjà me semblaient de trop. Je voulais sentir sa peau brûlante contre la mienne, témoin de la température qui montait en nous. Si Dorian avait d’abord était surpris et pris de court, mon baiser le ramena au présent. Il posa ce qu’il tenait dans les mains, pour venir toucher mon corps avec la même passion dévastatrice. Nous mains se déplacaient aussi vite que si nous étions poursuivi par la mort. Ce désir purement bestial nous consumait l’un autre, faisant changer le battement de nos cœur, les entraînant dans une course folle.
Il se lâcha enfin, laissant libre court à l’envie qu’il avait contenue lui aussi toute la journée. Il me voulait comme je le voulais. Tout disparaissait autour de nous, nous laissant seul avec notre désir insatiable.
Je n’en pouvais déjà plus, l’envie de le sentir en moi était insoutenable. Cela faisait bien trop longtemps que je n’avais pas ressentit cela. J’arrachais presque son t-shirt en lui enlevant, avant de me coller contre lui, mimant des mouvements de bassin très significatifs. Sa peau était légèrement plus chaude que la mienne, et lorsque nos torses brûlant se rencontrèrent, je crus ne jamais tenir. Très vite mes mains s’attardèrent sur l’ouverture de son pantalon, voulant sentir la totalité de son corps contre le mien. Mon désir grandissait à vue d’œil, et atteignait des sommets que jamais je n’aurais pu imaginer atteindre. J’avais envie de lui, c’était indéniable et lui non plus ne le cachait pas. Déjà je pouvais sentir son sexe bien trop l’étroit dans son jean, le mien était libre mais dans un état semblable. Notre baiser devenait de plus en plus dévorant, avec la volonté d’asseoir l’autre sous notre autorité, de saisir la totalité de son essence. Le temps nous semblait incroyablement long et pourtant cela ne faisait que quelques minutes que je m’étais littéralement jeté sur lui. Je mordillais ses lèvres attisant la flamme qui avait déjà grandit en lui. Les gémissements s’échappaient déjà de nos lèvres dans un souffle extatique.
La vision de mon corps nu offert à lui, lui avait bel et bien fait perdre la tête. J’étais enfin libre de me laisser aller à ressentir mon propre désir, ses ressentis ne passaient pas les limites de mon esprit. Je me sentais détaché de toute obligation. Je pouvais agir à ma guise. Comment avais-je pu me passer de cela pendant dix ans ? Etait-ce parce que justement j’avais attendu tant de temps qu’une simple caresse me transportait dans des extrêmes ?
Je fis glisser son pantalon en même temps que son boxer. Il m’aida un peu, semblant tout aussi excité que moi à l’idée que nos corps fusionnent sans un seul obstacle. Maintenant tout aussi nu que moi, je l’attirais de nouveau tout contre mon corps. Tout était pur assouvissement sexuel et à cet instant rien ne nous différenciait d’une union bestiale. Jamais je n’avais connu quelque chose d’aussi extrême. Lorsque nos corps se touchèrent en entier et que nos intimités gonflées et durcies se frôlèrent, un râle de plaisir prit naissance au fond de ma gorge. Je laissais vagabonder mes mains sur ses fesses que j’avais regardé pendant une bonne partie de la journée. Elles étaient tout aussi parfaites qu’elles n’y paraissaient sous son jean. Dorian passa une main dans mes cheveux et détacha l’élastique qui les nouait. Ils glissèrent légèrement pour tomber sur mes épaules, pendant qu’il les caressait de sa main et s’étonnait de leur douceur.
Il s’éloigna un instant, séparant nos lèvres et me détailla du regard. Avoir son regard intense posé sur moi me donnait étonnement beaucoup plus chaud. Là, à quelques centimètres de lui, la respiration haletante, les lèvres rougies par le plaisir, mes cheveux fins tombant sur mes épaules : voilà l’image qu’il pouvait admirer.
Sous ce regard je me sentais embelli, jamais je n’avais fait attention à mon reflet et pourtant je me perdais dans celui de ces yeux.
Je ne sais qui eut le déclic, ni ce qui nous permit de reprendre après cette pause, mais celle-ci avait produit quelque chose en moi. Je n’aurais su dire quoi. Mais lorsque qu’il prit possession de mes lèvres, j’avais l’impression qu’il avait vu en moi ce que jamais je n’étais parvenu à ne serait-ce m’entr’apercevoir. Je n’eut pas vraiment le temps d’y réfléchir, car je sentit glisser le long de mon torse assez rapidement, pour terminer sa course en une caresse osée qui me fit jeter la tête en arrière, ne parvenant pas à contrôler la dose plus qu’importante de plaisir ressentit. Depuis combien de temps une autre main que la mienne m’avait touché à partie la plus intime de mon être… Mes mains se crispèrent sur son corps, tentant de recouvrer mes esprits. Son autre main qui massait possessivement mes fesses, dérapa alors de manière subtile vers le lieu de ses convoitises.
Cela provoqua une sorte de choc électrique en moi et une seule chose me vint à l’esprit : je ne pouvais pas attendre une minute de plus ! Je goûtais une dernière fois au plaisir de ses lèvres avant de me retourner, posant mes mains sur son plan de travail, lui signifiant ainsi on ne peut plus clairement ce que je voulais. Je le sentis se coller derrière moi et sentir son sexe collé contre mes fesses, me rendit fou. Je lui criais presque :
- Prends moi…
C’était maintenant ou je mourais de désir. Je n’en pouvais plus. Il fallait qu’il se lance. Je me frottais d’une manière exagérée contre son sexe, lui donnant encore un message, s’il n’avait toujours pas comprit. Je brûlais de désir et d’attente. Toute ma sensation de manque accumulée pendant des années rejaillit à la surface, saisissant tout mon être.
Contre tout attente que je sentis s’écarter et étonné et surtout frustré je tournais la tête vers lui.
L’expression qui était affichée sur son visage prouvait qu’il en avait tout autant envie que moi, si ce n’est plus. C’est pourquoi, je lui demandais précipitamment :
- Qu’est ce que ?
- Je cherche un truc pour faire office de lubrifiant tu vas avoir mal sinon je…
- Oublie ça, dis-je en le coupant. Maintenant Dorian…
Qu’importe la douleur que j’allais certainement ressentir, celle qui me saisissait à l’instant était bien trop forte et il fallait que cela cesse. Encore une fois surpris, Dorian ne se fit cependant pas prier. Lorsque je le vis revenir vers moi, je retournais la tête et attendait que le moment ultime se produise enfin. Un manque abyssale s’était emparé de moi. Je frémis en sentant ses deux mains se poser sur mes hanches. Je fermais les yeux, attendant une ultime fois.
Cela arriva d’un coup. Au lieu du plaisir que j’attendais, je ressentis tout à coup une douleur si vive qu’elle me coupa le souffle. Je crus ne jamais arriver à reprendre une inspiration. Quel idiot, j’avais oublié dans mes souvenirs combien se faire prendre ainsi malgré toute l’excitation du monde pouvait être extrêmement douloureux. Alors que je le sentait partit pour se mettre à se mouvoir en moi, m’ayant totalement pénétré, je lui murmurais le souffle coupé :
- A… Attends un petit peu s’il te plait…
Une larme coula le long de ma joue. Cette douleur ne partait pas faisant totale contradiction avec mon désir.
Je le sentis inquiet derrière moi et il commença à déposer plusieurs baisers sur mes épaules et mes omoplates, tentant de me détendre d’une autre manière mais je n’y arrivais pas. Pourtant je ne voulais pas qu’il se retire, je ne voulais pas que tout s’arrête là. Je le sentis après un temps, réessayé de bouger et ne pu retenir un cri de douleur, c’était insoutenable. Il se retira aussitôt. Je laissais aller mes coudes sur le plan de travail, me prenant la tête entre les mains et tentant de m’en remettre. Jamais je n’aurais pensé pouvoir ressentir une telle douleur.
Jamais je n’avais conçut dans mon esprit qu’il soit possible d’avoir aussi mal. Je ne cherchais pas à savoir ou il était allé, je tentais juste de m’en remettre et de me débarrasser de la douleur. Tous mes muscles étaient tendus je n’en pouvais plus et je n’arrivais pas à me détendre. J’en aurais bien pleuré de frustration et de douleur, mais je l’entendit de nouveau s’approcher de moi et se remettre au même endroit. Maintenant terriblement angoisser de ressentir la même chose, je tentais de me retourner, mais n’y parvint pas car il était trop collé à moi.
- Arrête, qu’est ce que tu fais !
- Chut… Laisse toi faire…
Je sentis alors un liquide froid à l’endroit qui irradiait encore de douleur en moi.
- Tu vas voir, me susurra-il à l’oreille en se penchant au dessus de moi, ça va beaucoup mieux se passer comme ça…
Je m’abandonnais et décidais de lui faire confiance. Après tout, il devait avoir beaucoup plus d’expérience que moi. Il déposa ses lèvres d’une façon extrêmement érotique dans mon cou, continuant à me murmurer des mots emplis de chaleur dans le but d’attiser mon désir de nouveau. Celui-ci ne tarda pas à revenir, et je sentis peu à peu l’appréhension me quitter.
Il m’embrassa tout le long de la colonne vertébrale, attendant que je sois parfaitement détendu. L’excitation revint peu à peu en moi, sans pour autant retrouver son état originel. Mais pour cela, Dorian savait comment s’y prendre. Il se plaça de nouveau derrière moi, rajouta ce liquide que j’avais sentit un peu avant et se plaça comme la première fois, les deux mains sur mes hanches. Grâce au lubrifiant et à la douceur de ce premier coup de rein, la douleur en fut fortement amoindrit. Certes, sa présence imposante en moi ne m’était pas encore agréable, mais cela n’avait rien à voir avec le première fois.
Il ne se précipita pas, me laissant le temps de me faire à cette sensation qui était après tout ce temps comme nouvelle pour moi. Puis, lorsque je sentis que c’était bon, je me laissais aller à prendre l’initiative d’onduler légèrement du bassin, lui montrant que c’était bon. Il ne se fit pas prier et commença à se déhancher de plus en plus profondément et augmentant la cadence. Très vite, l’excitation que nous avions pu quitter revint en flèche, et les gémissements de plaisir revinrent faire échos à nos oreilles. Je dus poser mes deux mains solidement sur le plan de travail pour me retenir, tout étant maintenant bien plus violent. Nous retrouvions cette pulsion bestiale et peut à peu j’oubliais toute douleur, me fondant en lui et dans le contentement ressentit.
Je retrouvais peu à peu le plaisir de se faire prendre. Je frôlais l’extase devant ses coups de reins de plus en plus puissant. L’ardeur que nous mettions à la tâche était sans pareil. Il avait un déhanché sans pareil. Bientôt je sentis sa main se glisser sur mon sexe et son corps s’affaisser un peu sur moi. Il se mit à me caresser, m’emportant aux portes de la jouissance. Galvanisé par ses attentions, je ne me retenais plus de gémir, je n’en pouvais plus, tout était bien trop intense pour contenir quoi ce que ce soit. J’avais choisit l’amant qu’il me fallait pour cette première fois après la prison. Mon manque et ma frustration commençait enfin à se combler un peu. Des gémissement rauques sortaient de sa bouche, me signifiant qu’il n’était plus très loin de la jouissance. Il insista sur les coup de rein, me caressant avec tout autant de vigueur, voulant apparemment que nous jouissions ensemble.
J’avais de plus en plus de mal à me maintenir de mes mains. A la limite de la jouissance, il donna un dernier coup de rein qui nous fit presque hurler en échos avant de nous libérer lui en moi et moi dans sa main. Il s’affaissa un peu plus sur mon dos, restant en moi. Nous tentions tous les deux de reprendre notre souffle. Je pouvais sentir le rythme endiablé de son cœur me signifiant qu’il s’était donné à fond. Ils nous fallait du temps pour revenir sur terre.
Cependant, je devais avouer que si j’avais été satisfait, j’étais loin de l’être totalement. Ce n’était pas une fois qui allais assouvir ma frustration. Lorsqu’il se retira de moi, j’en ressentis presque un regret. J’entendis ses pas lourds sortir de la cuisine. Je finis pas me redresser. Une idée était en train de germer dans ma tête. S’il croyait que c’était fini, il était en train de se faire une grosse erreur.
Toujours en tenue d’Adam, je pris la porte qu’il avait pris quelques minutes avant moi. Il était là, assis sur son canapé, tentant de se remettre de l’intensité de ce que nous avions vécu. Lorsqu’il me vit, il me dit un petit sourire gêné qui me fit craquer. Il avait enfilé son jean, dont les boutons n’étaient pas tous fermés. Je m’approchais, affichant un air aguicheur, montrant clairement que tout n’était pas terminé, et il le comprit parfaitement.
Mes yeux étaient maintenant posés sur l’ouverture de son jean qui avait été réalisée dans un but que je ne soupçonnais pas tout à fait innocent. Je marchais juste qu’à lui et m’arrêtais en face de lui, avant de m’abaisser entre ces genoux. J’allais l’aider à retrouver des forces pour la suite.
Je devais avouer que j’appréhendais un peu ce moment-là. En effet, j’allais peut être ne pas m’y prendre comme il le fallait… Est-ce que je ne m’aventurais pas sur un terrain glissant. Je rassemblais tout de même mon courage à deux main et me lançais. J’abaissais avec son aide, un petit peu son jean, me laissant une liberté d’action plus grande.
Je pris son sexe de ma main droite, commençant à le caresser légèrement. Je me sentais tout à coup fébrile. Il suffisait que je me penche et que je me lance à lui faire ce qu’il attendait maintenant de moi, mais je n’arrivais pas à me lancer.
Je le caressais de plus en plus distraitement, me sentant de plus en plus mal à l’aise. Evidemment, Dorian du se poser des questions, car je sentis son regard posé sur moi. Mais je n’osais pas lever les yeux pour croiser le sien. J’avais subitement tellement honte…
- Juha ? Est-ce que ça va ?
C’était sur, il devait obligatoirement se poser des questions maintenant. Entre tout à l’heure et maintenant, il y avait de quoi avoir un doute.
- Juha ?
Un silence se fit. Je n’osais toujours pas lever les yeux et ma main avait cessé tout mouvement. Soudain sa voix retenti de nouveau me faisant presque sursauter.
- Est ce que je suis ton premier mec ? Je veux dire, tu n’as pas fait cela dans le but de provoquer Gabriel ?
Aussitôt je lever les yeux, les plantant dans les siens voulant réparer cette incompréhension.
- Non pas du tout ! déclarais-je.
Puis voulant cesser de tourner autour du pot et voulant être le plus franc possible, je décidais de dévoiler une part de vérité :
- C’est juste que… J’ai pas eu l’occasion de coucher avec quelqu’un pendant des années et… Voilà j’ai peur de ne pas savoir comment m’y prendre…
Mon regard était de nouveau plongé dans la contemplation du sol. Rares était les fois ou j’avais eu aussi honte. J’aurais voulu disparaître à l’instant précis où j’entendis en plus un léger rire de sa part. Je sentis une main passer sous mon menton et l’attirer à lui. Il s’était abaisser un peu et avant que je n’ai le temps de faire ou dire quoi que ce soit, il prit possession de mes lèvres. J’avais tout de même du mal à oublier la honte que j’étais en train de vivre. Je sentis ses lèvres glisser finalement dans mon cou et il me murmura d’un ton qui se voulait rassurant :
- Comment peux-tu savoir que tu t’y prendras mal si tu n’essayes même pas. Laisse-toi aller et ne fait rien que tu n’ai envie de faire…
Rassemblant mon courage à deux mains, je me replaçais à ma place initiale, tandis que Dorian se remettait à l’aise. Si je voulais retrouver un minimum d’amour propre, je devais me lancer maintenant. Je repris son sexe de la main gauche cette fois-ci, comme pour prendre un nouveau départ et effleurais de ma langue son sexe. Je pensais en même temps à ce qui aurait pu me faire plaisir et tentais de le faire sur lui. Si j’étais légèrement hésitant au début, je gagnais peu à peu confiance en moi et mettais plus de cœur à la tache.
Au premier gémissement qu’il poussa je sentis mon ardeur décupler. Fier de ne pas m’en sortir trop mal, je continuais ma fellation, voulant plus que tout lui arracher encore des gémissements. Bientôt je sentit sa main se perdre dans mes cheveux, m’aidant sur le rythme à prendre une fois que je pris son sexe en bouche. Le sentir gonfler et se durcir ainsi avait quelque chose particulièrement excitant et je redécouvrais un nouveau plaisir.
Je mis aussi à mon tour à bander, et mon envie revenir en flèche. J’avais de nouveau envie de le sentir en moi. C’était le genre d’envies auxquelles il était très difficile de dire non.
Je continuais encore un peu, voulant l’exciter d’avantage. Puis je finis par craquer. Je remontais tout le long de son corps profitant pour me coller tout contre lui, attisant toujours le brasier qui brûler à l’intérieur de nous. Je retrouvais ses lèvres avec joie, l’embrassant comme jamais je ne l’avais fait. Il en ressentit directement mon envie, et y répondit avec la même intensité. Je frottais lascivement mes fesses contre son intimité, réclamant encore un fois qu’il m’offre au plus vite ce que je voulais.
Ne tenant plus, à l’aide de ma main, je m’empalais sur son sexe en érection soupirant cette fois-ci de bien être. Dorian lui gémit de contentement. Je m’écartais un instant de ses lèvres, plongeant mon regard dans ses yeux. Je passais mes deux bras autour de son cou, afin de trouver la meilleure position possible pour me mouvoir. Puis d’un simple regard nous comprimes qu’il était temps d’ y aller. Je rejoignis ses lèvres avant de commencer à me déhancher avec une langueur exagérée. De nouveau j’entendis les gémissement rauques sortir de sa bouche, me faisant frissonner de plaisir. J’accélérais progressivement la cadence, et lui suivait mon rythme à la perfection.
Plus on progressait plus je me sentais libre. C’était ainsi que je parvenais à le libérer vraiment de tout les résidus de sentiments qui ne m’appartenaient pas. J’étais pleinement moi même. Nos gémissements se faisaient échos comme si non étions à l’unisson. Je m’écartais une nouvelle fois de ses lèvres voulant voir l’expression dessinée sur ses lèvres. Il était en plein extase. S’il avait pensé faire tout cela avec moi la première fois ou il m’avait adressé la parole… C’était la même chose pour moi. Ce genre d’aventure ne m’était jamais arrivé. Ma frustration commençait enfin à me quitter progressivement et la fatigue de la journée à nous gagner. Ce n’est pas pour autant que je ralentissais la cadence, bien au contraire. Nous allions toujours plus vite, toujours plus loin, toujours plus profond.
Ce fut les yeux dans les yeux que nous jouissions ne pouvant retenir le plaisir bien trop puissant en nous. A la fin de ma libération, je laissais aller ma tête contre son épaule. J’étais littéralement vidé de toutes mes forces, et me sentais incapable de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Tout avait été si intense…
Je respirais son odeur masculine à plein nez, emplie d’un profond sentiment de bien être, comme rarement j’en ressentais. Je n’avais pas envie de me retirer tout de suite. De toute façon je n’en aurais pas eu la force. Je sentais son souffle dans mon cou, telle une caresse, se calmer peu à peu. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que j’avais l’impression qu’il n’allait jamais se calmer. Je fermais les yeux, me laissant aller à cet instant de béatitude comme j’avais rarement eut l’occasion d’en vivre…
Pour la première fois depuis plus de dix ans, j’avais l’impression de voir se dessiner un avenir pas aussi sombre que je me l’étais imaginé. Dans mon état actuel, je ne pouvais de toute façon rien voir de manière pessimiste. Je soupirais une dernière fois de bien-être, enlacé dans les bras de mon amant d’une nuit…

Cet article a été publié le Mardi 24 mai 2011 à 9:36 et est classé dans Beyond the invisible. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

Un commentaire

 1 

Le gros point en moins de ce chapitre, c’est l’absence d’espaces entre les paragraphes. On a du mal à trouver les dialogues…
Sinon, le style est bien, pas mal de vocabulaire, et toujours aussi fremissant x) !
Surtout la fin… ~ouiiii!

13 juin 2012 à 21:33

Laisser une réponse

Vous devez être identifié pour écrire un commentaire.