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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 39

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 39 écrit par Shinigami

Après avoir quitté le bureau de la directrice, Sébastien précéda Daevlyn qui soutenait Asiel d’une puissante étreinte, jusque dans la chambre du moniteur. Arrivé dans le couloir du dortoir, sur le palier de leur chambre respective, Daevlyn brisa le silence qui s’était installé entre eux, et murmura à l’adolescent, toujours sous le choc de la précédente scène :

- Je te laisse aller t’habiller avant de nous rejoindre.

Cette simple phrase sembla faire revenir Asiel à la réalité, car alors que Daevlyn s’écartait de lui pour rejoindre sa propre chambre, l’adolescent aux prunelles onyx lui attrapa le bras, comme pour le retenir et déclara avec une voix qui contenait mal son émotion :

- Tu peux venir, j’aimerais te parler en privé…

Mais alors qu’il disait le premier mot, Asiel regretta aussitôt. Pourquoi avait-il dit ça ? Qu’allait-il lui dire ? Devait-il faire comme s’il ne s’était rien passé entre eux ? Asiel ne savait pas comment se comporter. Au fond de lui, il sentait Raphaël se manifester, lui faisant ainsi part de son mécontentement. Du plus profond de son être, il tenta de repousser l’âme de l’adolescent, lui faisant comprendre qu’il n’avait pas encore réglé toute cette histoire. Pas rassuré le moins du monde, Raphaël cessa tout de même de faire pression sur Asiel, sentant que la situation était déjà suffisamment tendue, sans qu’il n’en rajoute une couche. Finalement, Asiel se retrouva de nouveau seul avec lui-même et, attrapant le bras de l’adulte, il l’entraîna à sa suite avant de refermer la porte derrière eux pour plus d’intimité.

A cet instant, son coeur se mit à battre à une allure endiablée. Qu’allait-il se passer maintenant ? Daevlyn allait-il le blâmer d’être apparut comme il l’avait fait, en plein sous le regard de la directrice ? Allait-il l’accuser d’avoir blessé Raphaël en agissant comme il l’avait fait, dévoilant la plus grande honte de l’adolescent aux regards impudiques des deux adultes ? Qu’allait-il lui dire pour justifier la raison de son apparition ? Devait-il lui dire la vérité ? Devait-il se servir de Raphaël comme alibi ? Asiel était tiraillé entre ses choix. D’une part sa raison lui disait de dire la vérité, mais d’autre part, ses sentiments pour Daevlyn lui criaient tout autre chose.

Fatigué par ce combat entre son cœur et sa conscience, Asiel soupira silencieusement, et déclara rapidement :

- Je tenais juste à t’expliquer le pourquoi de mon apparition. Je te rassure je ne compte pas rester. Raphaël ne voulait pas me faire venir, et il a opposé beaucoup de résistance. Il voulait s’en sortir tout seul, pour te prouver qu’il était capable de se débrouiller seul. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, il a cruellement besoin que tu lui montres que tu as confiance en lui. Les récents évènements ont été très dur pour lui, même s’il s’est retenu de montrer l’amplitude de sa souffrance. Prends soin de lui Daevlyn, il a vraiment besoin de toi. Si je suis finalement venu, c’est parce que le comportement de la directrice nous rappelait celui de notre père. Il était totalement déstabilisé et incapable de quoi que ce soit. C’est pour cela que je suis intervenu. Tu aurais du me laisser faire ! Je l’aurais tuée et nous aurions eut la paix.

Prononcer ces paroles signifiait clairement qu’Asiel renonçait de son plein gré à l’amour qu’il vouait à Daevlyn. Cette décision, il avait mit longtemps à la prendre et jamais il n’aurait cru que prononcer ses mots puisse être aussi dur. Il avait mal, terriblement mal… Il sentait son cœur se briser un peu plus à chaque mots prononcés, cependant, il ne faiblit pas. Il faisait son possible pour retenir les larmes qui lui brûlaient les yeux. Raphaël avait besoin de Daevlyn tout comme Daevlyn avait besoin de Raphaël. En les observant de loin, il s’était vite rendu compte que leur amour était pur et sincère et qu’il n’avait aucun droit de s’immiscer entre eux.

Raphaël avait trouvé la perle rare en Daevlyn et pour rien au monde Asiel permettrait qu’on les sépare. Ils s’étaient trouvés et l’un sans l’autre, ils étaient tous deux voués à une vie de déchéance qui se terminerait irrémédiablement par la mort. Ce serait attenter volontairement à leur vie que de tenter de les séparer.

Même si Asiel avait mal, il n’avait pas d’autre choix que d’accepter. Le regard de Daevlyn était tourné dans la direction de Raphaël et lui-même ne passait qu’au second plan, si tant ai qu’il y ai une place pour lui dans le cœur de Daevlyn.

Son regard se reporta sur Daevlyn et il distingua parfaitement une expression de frayeur illuminer rapidement le visage de l’adulte. Était-il dégoûter les paroles qu’Asiel venait de prononcer ? Avait-il peur de lui ? A cette pensée, le cœur d’Asiel se serra fortement dans sa poitrine… Comment Daevlyn pouvait-il avoir peur de lui ? N’avait-il pas encore compris que même s’il le souhaitait, Asiel était dans l’incapacité totale de lui faire le moindre mal… Avait-il si peu confiance en lui ? Daevlyn le voyait-il seulement comme un assassin, une personne capable de tuer de sang froid n’importe quel individu qui s’approcherait un peu trop près de Raphaël ? Savait-il qu’il était même capable de tuer pour le protéger lui ? Daevlyn avait-il conscience du pouvoir qu’il exerçait sur Asiel ? L’adolescent en doutait fortement. Comment Daevlyn pourrait-il savoir ? Comment aurait-il pu lire sur le visage si froid d’Asiel l’amour ravageur que l’adolescent ressentait pour lui ? Rien que pour cela, Asiel se surprenait à haïr cet homme qu’il aimait plus que tout.

Pourquoi n’était-il pas capable de voir en lui ? Pourquoi ne se rendait-il pas compte que tout ce qu’il le faisait, il le faisait pour Raphaël, mais surtout pour Daevlyn… A cet instant, Asiel sentit une haine profonde vis-à-vis du moniteur l’envahir brusquement. Il lui en voulait d’être aveuglé par Raphaël. Il voulait lui crier qu’il était là, que lui aussi saurait lui apporter l’amour et le réconfort dont il avait besoin… L’indifférence de l’adulte le tuait à petit feu, et il le haïssait pour cela…

C’est à ce moment là que Daevlyn prit la parole, rompant le silence devenu lourd, une tension palpable à des kilomètres s’étant progressivement insinuée entre eux :

- Ne parle pas de mort aussi facilement. Promet moi de ne plus jamais tuer personne. Si tu ne le fais pas pour moi, fait le pour Raphaël !

A ses mots, la haine qu’il ressentait augmenta encore d’un cran. Comment osait-il seulement lui dire cela ? N’avait-il pas comprit qu’il faisait tout cela pour eux ? Ne devrait-il pas le remercier au lieu de le réprimander ?

Alors que le regard empli de haine d’Asiel se posait sur l’adulte, il déclara vivement :

- N’est-ce pas pour lui que je me salis les mains ?

A sa grande surprise, Daevlyn lui répondit avec tout autant de calme :

- Oui, mais en souhaitant le protéger tu l’aurais indéniablement fait souffrir.

Soudain, la haine qu’il ressentait pour l’adulte s’évanouie instantanément. Daevlyn avait l’art et la manière de faire tomber ses résolutions et de réduire à néant sa maîtrise de lui-même. Le regard peiné de l’adulte et son expression si innocente mais à la fois tellement coupable, ne pouvait que l’attendrir. Ainsi, Daevlyn avait l’air vraiment fragile, en parfaite contradiction avec l’adulte fier et sûr de lui que Raphaël avait habituellement en face de lui. Toute son assurance semblait avoir disparue, au même titre que celle d’Asiel.

Attristé, Asiel baissa les yeux et marmonna pour lui-même, laissant libre court à la rancœur qui habitait maintenant son cœur :

- Tu n’as toujours pensé qu’à lui…

Malheureusement pour lui, Daevlyn semblait avoir entendu ses paroles. Asiel sursauta lorsqu’il sentit les bras puissants de l’adulte se refermer autour de lui, l’emprisonnant en une tendre et rassurante étreinte. Asiel aurait pu mourir à cet instant, il aurait été le plus heureux des hommes. Cependant, la réalité était toute autre. La douceur dont faisait preuve Daevlyn envers lui, lui faisait espérer à tort que l’adulte pouvait éprouver des sentiments pour lui. Avec tendresse, Daevlyn déposa un baiser sur son front et lui caressa tendrement les cheveux, tentant de le rassurer et le consoler comme il le pouvait. Et malgré la douleur qu’il ressentait, Asiel ne pouvait que se sentir bien, et l’en remerciait intérieurement. Son cœur le faisait souffrir et pourtant, à cet instant, il était heureux. d’être dans les bras de l’adulte, savourant ce contact et cette sensation de sécurité qui lui avaient tant manqué. Heureux car pendant ces quelques minutes, Daevlyn lui donnait l’illusion d’être aimé pour ce qu’il était, et non pour ce qu’il représentait.

Après quelques minutes de silence, Asiel sentit le souffle chaud de l’adulte dans son cou et il en frissonna de bien être. Si cela ne tenait qu’à lui, il l’aurait prit, là maintenant. Il voulait le faire sien, il voulait l’entendre gémir et se repaître de ses cris de plaisir qui le faisaient se sentir vivant. Pourtant, l’instant n’était pas à ça. Il refoula vite ces pensées bien trop tentatrices dans les méandres les plus reculés de sa pensée et soupira de frustration tandis que Daevlyn lui murmurait à l’oreille :

- Je pensais aussi à toi Asiel. Si tu avait tué cette femme, je suis sûr que cela t’aurait fait beaucoup de mal. Je sais que tu peux tuer, mais pas de sang-froid et dans l’indifférence. C’est la haine qui guide ton geste et tu en pâtît plus que tu ne le laisses paraître, je le sens.

Le cœur d’Asiel s’emballa. S’était-il trompé ? Avait-il mal jugé Daevlyn ? Apparemment oui… Daevlyn semblait en savoir beaucoup plus qu’il n’en laissait paraître à son sujet… Comment savait-il tout cela ? Était-il aussi transparent ?Asiel ne comprenait pas, et pour être honnête, à ce moment précis, il s’en foutait totalement. Tout ce qui l’importait, s’était le corps de Daevlyn contre le sien, sa chaleur rassurante et son étreinte protectrice. Plus rien n’existait autour de lui, si ce n’est l’adulte. Le centre, Sébastien, et même la directrice avaient momentanément été oscultés…

Retrouvant ses esprits, Asiel s’écarta un peu de lui et plongea ses onyx inondés de larmes dans les yeux de Daevlyn. Ils se contemplèrent longuement, chacun se noyant dans les yeux profonds et hypnotisant de leur vis-à-vis. Le plus naturellement possible, leurs lèvres se joignirent enfin, sans que l’un d’eux ne sache réellement qui avait fait le premier pas. Le premier baiser qu’ils échangèrent fut rempli de tendresse et de douceur pour gagner progressivement en intensité. Lorsque leur langue s’effleurèrent, le contact fut électrique. Au fur et à mesure, la passion guidait leurs gestes, faisant naître un profond désir en Asiel. Dans son baiser, Asiel faisait passer tous ses sentiments, de son amour pour Daevlyn à sa crainte, sa haine, sa douleur, son désir et sa frustration. Asiel embrassait Daevlyn comme si s’était la dernière fois.

Ce baiser était synonyme d’adieu et l’adolescent souhaitait le faire durer le plus longtemps possible, appréhendant le moment de quitter ses bras si accueillant de son amant d’un soir. Leur langues se cherchaient avec avidité, savourant ce dernier baiser comme il se devait. Ce fut Asiel qui, dans un élan de courage, mit fin au baiser, s’arrachant brusquement à l’étreinte de l’adulte. Il devait s’arrêter maintenant, il n’aurait plus la force de partir autrement… Afin de se faire pardonner et dans un ultime élan de tendresse désespérée envers l’adulte, Asiel enfouit son visage dans le cou de Daevlyn, respirant son odeur à plein nez, avant de fondre en un sanglot bruyant et douloureux. Son amour pour Daevlyn lui déchirait le cœur qui tombait en morceaux. Asiel n’arrivait plus à contenir ses larmes, toute la douleur du monde n’était rien comparé à ce qu’il ressentait à cet instant. Noyé dans ses sanglots, il ne s’entendit même pas prononcer ces quelques mots à Daevlyn, mettant une fois de plus, son âme à nue :

- Je t’aime…

Ses sanglots ne tarissaient pas, Asiel avait l’impression de se vider de toute l’eau que contenait son corps. Asiel ne le savait pas, mais ses sanglots déchiraient le cœur de l’adulte pratiquement autant que le sien. La douleur qu’ils ressentaient tous deux était belle et bien présente, une douleur comme jamais ils n’auraient cru pouvoir ressentir un jour. Tout aurait était tellement plus simple s’il avait haït Daevlyn au lieu de tomber amoureux de lui…

Ne supportant plus la douleur qu’il ressentait au contact de l’adulte, sachant pertinemment qu’il n’existait rien entre eux et lassé de souffrir inutilement, Asiel s’écarta violemment du moniteur de Raphaël, le repoussant le plus loin possible de lui et lui tourna le dos. D’un geste rageur, il essuya ses larmes, honteux de s’être ainsi laissé aller dans les bras d’un homme qui ne lui appartenait pas et d’une voix qui se voulait autoritaire mais qui cachait mal la plainte qu’elle contenait il déclara :

- Va-t-en, laisse moi seul, c’est trop dur…

C’était dur de renoncer de plein gré à son seul et unique amour… C’était dur de voir l’homme qu’il aimait en aimer un autre… Pour rien au monde Asiel ne se serait retourné de nouveau. Il savait parfaitement que s’il ne résistait pas à la tentation, il ne pourrait plus jamais repartir, il n’en aurait pas la force… Et pour rien au monde il ne souhaitait être source de haine pour Daevlyn… Tout ce qu’il voulait, s’était être aimé ne serait-ce qu’un peu… On se rebellait contre le destin cruel de Raphaël, de tout ce qu’il avait dû vivre jusqu’à maintenant, mais qui se souciait de lui ? Pourquoi ne pouvait-on pas comprendre que lui aussi souffrait ? Il était un humain comme tout le monde après tout… Quoi de plus horrible que deux âmes dans un même corps qui aiment le même homme ? Pourquoi ce cruel coup du hasard ?

Déconnecté de la réalité, Asiel n’entendit pas Daevlyn quitter la pièce, mais lorsque la porte se referma doucement derrière lui, il se retourna, une unique larme coulant le long de sa joue… Une larme d’adieu…

Effondré, il se laissa tombé à genoux, frappant des poings sur le sol, gémissant lamentablement, à la façon d’un animal blessé. Ses cris de rage et de désespoir restaient coincés au fond de sa gorge, la bouche ouverte en un hurlement muet. Il avait l’impression que son cœur se brisait à jamais, pleurant des larmes de sang que rien ne pourrait effacer. La douleur était telle que pendant une fraction de seconde, il eut envie d’en finir avec la vie. C’était dur… Tellement dur…

Trouverait-il un jour, le courage et la force pour surmonter tout ça ? S’il n’avait pas une aussi grande maîtrise de lui-même, Asiel se serait précipité à la poursuite de l’adulte, le suppliant à genoux de ne pas l’abandonner, de lui offrir cet amour qu’il réservait à Raphaël… Mais Asiel avait sa fierté, si bien qu’il resta là, tentant de refouler ses sanglots libérateurs d’une trop grande souffrance.

Au prix d’un immense effort, il trouva la force de se relever, et alla chercher dans l’armoire de Raphaël, des vêtements propres afin de cacher sa presque nudité. Puis, après s’être passé rapidement un peu d’eau sur le visage et avoir arrangé ses cheveux emmêlés, il alla s’allongé sur le lit, épuisé par toutes les émotions qui l’envahissaient.

A peine quelques minutes plus tard, les yeux onyx de l’adolescent firent lentement place à une magnifique et rare couleur améthyste. Raphaël se redressa en position assise et se prit la tête entre les mains, après avoir essuyé les dernières larmes d’Asiel qui roulaient le long de ses joues. Avant de partir rejoindre Daevlyn, Raphaël se contenta de rester immobile quelques instants, réfléchissant aux événements récents. Cependant, l’envie de voir Daevlyn, de sentir ses bras protecteurs autour de sa taille en une étreinte rassurante et respirer son odeur se fit plus forte. Remettant ses pensées à plus tard, il se leva et quitta sa chambre.

Alors qu’il allait frappé à la porte de la chambre de Daevlyn, il suspendit son geste, incertain. Malgré le désir de sentir Daevlyn auprès de lui, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender leur retrouvailles. Qu’allait-il se passer ? Qu’allaient-ils se dire ? Comment Daevlyn allait-il réagir ? Tant de questions encore sans réponses…

Prenant son courage à deux mains, Raphaël frappa trois petits coups, puis entra avant d’être invité à le faire, trop effrayé à l’idée d’une possibilité d’un quelconque face à face avec la directrice. Avisant Sébastien seul dans la pièce vide, Raphaël eut un moment d’arrêt. Où était Daevlyn ? Pourquoi n’était-il pas là ?

Sébastien sembla lire son interrogation dans son regard car, d’un mouvement de tête, il désigna la salle de bain attente. Il invita Raphaël à prendre place sur le lit de son moniteur et déclara :

- Je vais le chercher.

Raphaël le remercia d’un petit hochement de tête et s’assit sur l’unique chaise de la pièce. Les secondes s’écoulèrent trop lentement au goût de l’adolescent, qui trouvait anormal de mettre autant de temps. Ce fut un mouvement sur sa droite qui le sortit de ses pensées. Son cœur s’emballa rapidement et sa respiration se bloqua momentanément lorsqu’il aperçut Daevlyn dans l’encadrement de la porte. Ses traits tirés et ses yeux rouges démontraient que lui aussi avait été affecté par l’entrevue précédente entre lui et Asiel. Oubliant tous ses ressentis, il bondit sur ses pieds et se précipita dans les bras de Daevlyn, oubliant totalement la présence de Sébastien à leur côtés.

Lorsque Daevlyn emprisonna Raphaël en une douce et tendre étreinte, l’adolescent se sentit fondre et se laissa aller au bonheur que lui apportait ce simple contact. Une nuit… Ils avaient été séparé pendant seulement une nuit et Raphaël avait l’impression que cela faisait des années. Il avait tellement peur que tout ceci ne soit qu’un rêve, que le corps chaud de l’adulte contre le sien ne soit qu’une illusion maligne de son esprit. Par peur de se réveiller et de découvrir que tout ceci n’était qu’un rêve, il raffermit sa prise autour de la taille de l’adulte, comme si cela pouvait le retenir. Voulant s’assuré que la chaleur de Daevlyn, la sensation de son corps contre le sien n’était pas un rêve, il redressa la tête et plongea son regard dans les émeraudes si dangereusement profondes de son amant, se noyant volontairement dans une autre dimension.

Sans qu’ils n’en prennent réellement conscience, leurs lèvres se joignirent en une caresse si douce que Raphaël cru défaillir face à l’afflux d’amour qui semblait émaner de son moniteur. Enivré par le la douceur dont faisait preuve Raphaël, il sentit une décharge électrique lui parcourir le corps lorsque la langue de Daevlyn vint à la rencontre de la sienne. Dans un élan de tendresse et d’amour profond, leurs langues s’entremêlèrent, et avant qu’ils n’aient le temps d’aller plus loin, une voix qu’ils avaient totalement oubliée déclara, les faisant sursauter :

- Je peux tolérer d’être au courant. Je ne suis plus directeur, cela ne me regarde plus. Mais je vous prie de ne pas faire cela devant moi. Ma complicité à des limites. Vous devriez par ailleurs être un peu plus prudent.

Jamais Raphaël n’avait eut aussi honte. Il avait complètement oublié Sébastien et celui-ci les avaient vu s’embrasser… Honteux, l’adolescent s’arracha à contrecœur de l’étreinte de l’adulte non sans rougir. Un léger malaise s’installa alors entre les trois hommes, et Sébastien décida d’intervenir :

- Je commence à avoir faim… Il est temps d’aller au réfectoire et de réveiller tous les enfants.

Daevlyn s’exécuta rapidement, et quelques minutes plus tard, ils se rendaient tous trois au réfectoire. Ils entrèrent sous le regard haineux de la directrice à qui aucun d’eux ne prit la peine d’adresser le moindre regard. Après un petit déjeuner avaler en vitesse, ils décidèrent de se rendre à l’écurie, Sébastien souhaitant voir ce qu’était devenu Amaranth. Supposant à juste raison que Daevlyn devait avoir des choses à dire à son ancien moniteur, Raphaël alla préparer le biberon du poulain, après avoir assuré à Daevlyn qu’il les rejoignait juste après.

L’adolescent se rendit lentement aux cuisines et prépara le biberon d’Amaranth. Il savait parfaitement que Daevlyn souhaitait parler en privé à Sébastien et leur en  avait donné l’occasion. Seulement, il ne pouvait s’empêcher d’être un peu jaloux, même si au fond de lui, il savait très bien que Sébastien ne tenterait plus rien envers Daevlyn.

Lorsque le biberon fut prêt, il dû se faire violence pour ne pas se précipiter à la rencontre de son amant, et se dirigea d’un pas contrôlé en direction de l’écurie. Il entra et adressa un magnifique sourire à Daevlyn, les yeux pétillants de bonheur, avant de reporter son attention sur le poulain. Il entra dans le box et à sa vue, le poulain se précipita sur lui, quémandant son premier biberon matinal. Raphaël prit tout de même le temps de l’examiner soigneusement, sous le regard attentif de Daevlyn et Sébastien, avant de le nourrir. Le poulain affamé se jeta goulûment sur son biberon qu’il termina en seulement quelques secondes. Bien que Raphaël en ait l’habitude, l’appétit d’Amaranth le faisait toujours sourire. Et puis, d’un autre côté, il préférait le voir comme cela, car s’était signe de bonne santé. Cependant, ce qui le toucha le plus, ce fut les compliments que Sébastien fit à propos du poulain. Ému, Raphaël se tourna vers lui et lui offrit un de ses magnifiques sourires qu’il gardait généralement pour Daevlyn.

Après quelques dernières recommandations de prudence et de discrétion vis-à-vis de leur couple au sein de l’établissement, Sébastien prit Daevlyn dans ses bras en une courte étreinte qui suffit pourtant à agacer l’adolescent. Malgré son aide boudeur, Raphaël avait rougit violemment à l’entente du mot “couple” prononcé par Sébastien. Ainsi, c’est ce qu’ils étaient ? Un couple… Un couple comme on en voit dans la réalité, deux personnes qui s’aiment… A cette pensée, un sourire niais illumina le visage de l’adolescent, tendit qu’un élan de tendresse sans fin, envahissait ses pupilles améthystes.

Quand Sébastien disparut derrière le mur de l’établissement, Daevlyn attira possessivement Raphaël à lui, et dans un mélange de passion ardente et de tendresse il prit possession de ses lèvres. Aussi avide de sentir le corps de l’adulte contre le sien, sa chaleur se mêlant à la sienne et leurs langues se redécouvrirent pour l’énième fois, Raphaël ne mit pas longtemps avant de répondre au baiser, après un hoquet de surprise quant à la brusquerie de ce baiser. Il en avait tout autant envie que Daevlyn. Ces quelques heures passées loin de lui, avaient décuplées la force de son amour et son désir pour son moniteur. Au contact de leur langue, Raphaël sentait déjà son corps frémir de désir et son sang se mettre à bouillonner de passion dévastatrice. Il pouvait sentir l’excitation de Daevlyn augmenter au même rythme que la sienne, et la passion qu’il mettait dans ses baisers, grisait un peu plus l’adolescent qui ne tarda pas à perdre totalement pied et à se déconnecter de la réalité. Autour d’eux tout avait disparut, plus rien n’existait appart le désir qu’ils avaient l’un de l’autre. Raphaël avait l’impression que Daevlyn ne l’avait pas embrassé depuis des années. Il était devenu dépendant de cet homme, dépendant de son amour, de ses baisers, au point de ne plus envisager une quelconque minute de sa vie loin de lui.

Soudain, mu par un désir trop ardent, Daevlyn plaqua subitement l’adolescent contre le mur de l’écurie, tandis que ses mains partaient redécouvrir ce corps qui lui avait tant manqué. L’adolescent laissa échapper un hoquet de surprise et de douleur au contact brusque avec le mur que très vites les caresses de son moniteur transformèrent en halètement et gémissement de plaisir, toute douleur instantanément oubliée.

Grisé par les sensations que Daevlyn faisaient naître en lui, Raphaël se mit à onduler inconsciemment son bassin sous les attentions toutes particulières de son amant. Raphaël n’avait pas conscience qu’avec le temps, il devenait de plus en plus sensuel, il n’avait pas conscience qu’il gagnait en assurance, un peu plus chaque jour que Dieu fait. Seul comptait pour lui, le désir que Daevlyn faisait naître en lui. Enflammé par les caresses sensuelles et érotiques que lui prodiguaient l’adulte, Raphaël se mit à penser qu’il le voulait. Il n’en pouvait plus d’attendre encore, il le voulait en lui, il voulait le sentir se mouvoir en lui, preuve immuable que tout ceci était bel et bien réel. Honteux de telles pensées, il s’empourpra violemment, tandis que son corps dansait au rythme des mains de l’adulte glissant sur sa peau devenue si sensible.

Soudain, la langue de Daevlyn s’insinua dans son cou, le léchant de manière plus que provocatrice. Ne s’attendant pas à un tel afflux de plaisir, la main de l’adolescent se crispa sur l’épaule de son amant, alors qu’il retenait à grand peine son premier gémissement de plaisir. Raphaël avait l’impression de mourir à petit feu. Tout son corps le brûlait d’un brasier nommé désir et sa peau délicate s’enflammait au moindre attouchement de son moniteur. Galvanisé par les caresses de Daevlyn, Raphaël n’avait plus conscience de l’endroit ou ils se trouvaient, ni des précédentes recommandations de Sébastien. Tout ce qui l’importait s’était Daevlyn. A cet instant, ils faisaient l’amour par envie, mais aussi par nécessité. Ils avaient chacun besoin de se rassurer par la proximité de leur corps, du plaisir qu’ils ressentaient, ce plaisir qui les faisaient se sentir vivant.

Cette pulsion incontrôlable les emmenait loin de tout, loin de la conscience du lieu et du temps, étant uniquement concentré sur l’autre et le plaisir qu’il était possible de lui apporter. Un pur moment à deux…

Rapidement, le t-shirt de Raphaël se retrouva au sol et il tressailli au contact de la pierre froide dans son dos. Cependant, celle-ci disparut rapidement, Daevlyn se faisant un devoir de le réchauffer par d’autres moyens tous plus efficaces les uns que les autres. Lentement, avec une sensualité incroyable qui fit rougir l’adolescent, Daevlyn se délecta du goût parfumé de la peau de son jeune amant avant de remonter prendre amoureusement possession de sa bouche, alors que ses mains prenaient la relève de sa langue. Au fur et à mesure des caresses de l’adulte, Raphaël sentait le désir monter en lui, et il le lui fit savoir à travers leurs baisers. Sa langue mutine partie à la découverte de la bouche de son amant, caressant ses lèvres, torturant sa langue en un ballet érotique vieux comme le monde. Son baiser chargé de sensualité avait pour unique but d’attiser au maximum le désir de l’adulte. Encore trop gêné de faire savoir de vive voix à Daevlyn qu’il le désirait, il laissait parler son corps pour lui. Et cela ne semblait pas gêner l’adulte qui répondait au baiser avec la même intensité. Raphaël sentait le désir lui vriller les reins, et à la sensation de l’érection de Daevlyn qui se mouvait langoureusement contre lui, Raphaël ne pouvait douter du désir qu’éprouvait l’adulte.

Raphaël se doutait que Daevlyn faisait un effort surhumain pour ne pas succomber au désir de le prendre sur le champ et attiser toujours plus son désir, et il l’en remercia mentalement. Quand les mains de l’adulte prirent la direction de son bas ventre, défaisant un à un les boutons de son jean, tandis que son autre main repassait inlassablement sur son entrejambe en une caresse plus qu’explicite, Raphaël se laissa complètement aller, s’abandonnant au plaisir et au désir dans les bras de son amant. Il ne retenait plus ses gémissements, devenant de plus en plus bruyants sous l’afflux de plaisir que lui offrait son moniteur.

Sans qu’il ne le sache, les gémissements qu’il poussait ne faisaient qu’enflammer un peu plus le désir de Daevlyn, et encouragé par ses sons, l’adulte fit lentement glisser son jean sur le sol, lui laissant, pour le moment, uniquement son boxer.

Raphaël avait de plus en plus de mal à se concentrer sur les baisers de son amant, toute son attention étant focalisée sur le plaisir qui grandissait inexorablement au niveau de ses reins, son entrejambe devenant de plus en plus douloureuse. Ses hanches ondulaient lascivement au gré des attouchements fébriles de son amant. Au bout d’un certain temps, passablement agacé, Raphaël entoura la taille de son amant de ses bras, l’attirant contre lui, ressentant subitement le désir de sentir sa chaleur. Daevlyn lui apportait ce don il avait toujours eut besoin, amour, tendresse, confiance et sécurité. Avec lui à ses côtés, il pourrait aller au bout du monde et braver tous les dangers.

Avec avidité, Raphaël prit possession des lèvres de son amant et l’embrassa passionnément, souhaitant lui transmettre par là, toute l’intensité de son désir. A présent, il ne pouvait plus se contenter de simple et fugaces attouchements, il voulait plus, tellement plus…

Cependant, Raphaël avait parfaitement compris que l’adulte s’amusait à le faire languir. Pourtant, ne pouvant plus supporter cette attente, il rompit brusquement le baiser, et lui adressa une mine boudeuse, lui faisant comprendre qu’il avait assez joué et qu’il était tant de passer à la suite. A la vue de la mine boudeuse de son amant, Daevlyn ne put s’empêcher d’esquisser un sourire amusé, ce qui accentua l’agacement de son amant. L’adulte lui adressa un dernier sourire tendre avant de se coller toujours plus près contre lui, annihilant l’espace qui séparait Raphaël du mur.

Lorsqu’il sentit le souffle chaud de Daevlyn dans son cou, le corps de Raphaël frémit de désir.

- Je t’aime Raphaël…

Ce n’était qu’un murmure, mais celui-ci suffit à achever l’adolescent. Toutes ces dernières barrières tombèrent, et si Daevlyn ne le retenait pas, il se serait effondrer au sol. Les quatre mots que venait de lui souffler l’adulte, suffirent à attiser son désir. Son corps s’enflamma instantanément, et il eut la sensation d’un choc thermique lorsque Daevlyn se recula légèrement afin de le regarder. Raphaël lui offrit un sourire resplendissant. Dans ses yeux pétillants de larmes de bonheur Daevlyn pouvait y lire tout l’amour et l’adoration que l’adolescent lui portait. Raphaël aurait voulut lui dire à quel point il l’aimait. Il aurait voulut lui dire ce qu’il représentait pour lui et l’intensité de ses sentiments à son égard, mais sa voix resta coincée au fond de sa gorge. Seul s’en échappa un petit gémissement. Daevlyn déposa un baiser papillon sur ses lèvres entrouvertes avant de descendre sur son torse dénudé.

Sa langue semblait suivre une trajectoire bien précise et Daevlyn s’amusait à parsemant son torse de multiples baiser. A chaque baiser déposé, il relevait les yeux vers son amant, qui commençait à rougir de gêne. Raphaël n’avait pas encore l’habitude de s’offrir à l’adulte et être ainsi offert à son regard impudique ne faisait qu’augmenter sa gêne. Cependant, le sourire que lui adressa l’adulte le rassura. Daevlyn fini tout de même par arriver à la destination souhaitée, avec pour seul obstacle un morceau de tissu.

Quand Daevlyn attrapa le haut de son boxer avec ses dents et le baissa jusqu’à mi-cuisse, Raphaël s’empourpra violemment, honteux d’être ainsi exposé au regard empli de convoitise de son amant. La langue de l’adulte ne mit pas longtemps avant de remonter au niveau de son intimité, arrachant un gémissement de pur plaisir à l’adolescent.

La bouche de Daevlyn sur son intimité lui faisait voir des merveilles, le menant irrémédiablement au paroxysme du plaisir, dans un endroit nommé le septième ciel. Enivré par le plaisir que lui procurait l’adulte, Raphaël n’arrivait plus à contrôler ses gémissements de plaisir, si bien qu’il se mordit violemment la main afin de les étouffer un maximum. Ses jambes se mirent à trembler légèrement, et sans le mur derrière lui, il se serait sans aucun doute effondrer. Lorsque la bouche de Daevlyn quitta l’intimité du jeune garçon, celui-ci poussa un gémissement de frustration et ouvrit les yeux qu’il n’avait pas eut conscience de fermer. Le spectacle qui s’offrit alors à lui eut pour effet d’augmenter considérablement la température intérieure de son corps, tendis que ses joues se coloraient d’une belle couleur rouge. Daevlyn, en une position plus que suggestive, était en train de sucer langoureusement ses doigts, avec un érotisme et une sensualité incroyable. A cette vue, le désir de l’adolescent ne fit que croître toujours un peu plus. L’idée de ce qui allait se passer dans peu de temps l’angoissait, mais en même temps, il ne pouvait s’empêcher de le désirer au plus profond de son être. S’offrir à Daevlyn et le sentir en lui était la plus belle chose que l’adulte pouvait lui offrir. La sensation de plénitude qu’il ressentait lorsque Daevlyn se mouvait en lui était pour lui source de bonheur, savoir qu’il était la source de plaisir de Daevlyn gonflait son cœur de joie.

Une fois ses doigts suffisamment humidifiés, Daevlyn reprit ses caresses linguales là où il les avait arrêtées, en une cadence profonde et régulière, dans l’ultime but de mener l’adolescent au sommet du plaisir charnel. Alors que ses vas et vient s’intensifiaient, il glissa lentement et tendrement une main sur les fesses de l’adolescent qui, sous cet attouchement, se cambra, s’offrant entièrement à Daevlyn. Avec beaucoup de délicatesse, Daevlyn insinua un premier doigt dans l’intimité de son amant, si bien que Raphaël ne ressentit qu’une légère douleur insignifiante contrairement à ce qu’il avait put ressentir par le passé.

Galvanisé par l’érotisme avec lequel leur deux corps s’apprêtaient à ne faire plus qu’un, Raphaël laissa ses mains parcourir la chevelure indisciplinée de son amant en une demande muette qua Daevlyn comprit très bien. L’adulte s’exécuta, souhaitant apporter à Raphaël le plus de bien être possible en détournant son attention de la douleur que pouvait provoquer sa préparation, et intensifia ses va et vient. Puis, il inséra un second doigt en RAphaël, peut être un peu trop brusquement au goût de l’adolescent car celui-ci se tendit violemment, étouffant un hoquet de douleur, tandis que ses doigts se crispaient dans les cheveux de son amant.

Aussitôt, comme pour se faire pardonner, Daevlyn cessa tout mouvement, souhaitant lui montrer que jamais il ne le forcerait à faire quelque chose qu’il ne voulait pas et qu’il était sensible à sa douleur. Raphaël l’en remercia mentalement, lui offrant un sourire un peu tendu, et se mit à onduler du bassin, une fois habitué à la présence de ses doigts en lui, incitant Daevlyn à poursuivre ce qu’il avait entreprit. Raphaël était ému de la patience dont faisait preuve Daevlyn à son égard, malgré son désir plus qu’évident. L’adulte se faisait violence pour ne pas le prendre sur le champ, et Raphaël l’en remerciait en lui faisant suffisamment confiance pour lui offrir son corps encore et encore. Daevlyn savait pertinemment que les fantômes du passé finiraient par disparaître, mais jamais entièrement, et que cela demanderait du temps. Beaucoup de temps, de l’amour, de la tendresse et énormément de patience. Sans tout cela, il n’arriverait à rien et Raphaël se renfermerait de nouveau sur lui même.

Le fait que Raphaël lui offre ainsi son corps et son âme était pour lui la plus belle preuve d’amour. Si Raphaël ne s’exprimait pas avec des mots, il s’exprimait avec son corps, faisant comprendre à Daevlyn qu’il lui était devenu indispensable et qu’il l’aimait plus que tout au monde. L’adulte pouvait se vanter de recevoir l’entière confiance de l’adolescent. Ses regards énamourés, ses sourires radieux et le son de sa voix que lui seul avait le privilège d’entendre… Tout, Raphaël lui offrait tout de lui, à lui et seulement lui… Tant que Daevlyn était là, les autres n’avaient aucun intérêt. Raphaël avait placé sa vie entre les mains de l’adulte, lui laissant le total contrôle sur celle-ci.

Soudain, tous les muscles de Raphaël se contractèrent et il se cambra violemment sous l’afflux d’un plaisir toujours plus intense. Dans un dernier va et vient plus profond que les autres, Daevlyn mena Raphaël au paroxysme du plaisir et l’adolescent de libéra en lui dans un cri de plaisir muet, la tête rejetée à l’arrière, les mains crispées sur la chevelure de son amant.

La respiration courte et saccadée, Raphaël reprenait difficilement son souffle. Cependant, il n’eut pas le temps de retrouver une respiration régulière que déjà la langue de Daevlyn parcourait le chemin inverse et remontait jusqu’à ses lèvres, non sans déposer une multitude de baiser partout où se posait ses lèvres. Il retira ses doigts de l’intimité plus que préparée du jeune garçon avant de l’embrasser avec fougue. La passion se mêlait à la tendresse, tout deux voulaient aller plus loin.

Les mains de Daevlyn quittèrent la peau sensible et délicate de l’adolescent et s’attardèrent sur l’ouverture de son propre jean, ayant beaucoup de mal à contrôler son désir. Son érection conséquente le faisait se sentir à l’étroit dans son jean et c’est avec satisfaction que celui-ci se retrouva à terre, son boxer suivant la même direction.

Quand il sentit Daevlyn redoubler de tendresse et d’amour dans son baiser précurseur de la pénétration imminente, Raphaël sentit une nouvelle vague d’amour plus intense gonfler son coeur. Tout dans l’attitude de Daevlyn lui criait son amour pour lui. Cette tendresse presque exagérée, cette attention toute particulière quand il s’agissait de son confort où de son bien être… Tant de petite chose insignifiantes mais qui pourtant signifiaient énormément aux yeux de l’adolescent. Raphaël avait une totale confiance en Daevlyn, pourtant, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender le moment de la pénétration. Le souvenir de la douleur et du déchirement ressentit par le passé était toujours présent, et seul l’amour et la douceur de Daevlyn arriverait à annihiler cette crainte incontrôlable.

Avec toute la délicatesse dont il était capable, Daevlyn souleva son jeune amant, le prenant par la taille et Raphaël l’entoura de ses bras et s’accrocha à lui de toutes ses forces, comme pour se retenir à Daevlyn et l’empêcher de l’abandonner. Mais Daevlyn n’avait nullement l’intention de l’abandonné, bien au contraire, et il s’empressa de le lui faire savoir par un doux baiser. Un baiser complètement différent des précédents, un baiser démuni de désir quelconque. Un baiser rempli d’Amour avec un A majuscule. Un baiser comme ils en avaient encore jamais échangé…

Envahi par cette vague d’amour qui déferlait sur lui répondit au baiser avec la même intensité, souhaitant de son côté, faire comprendre à son moniteur qui acceptait et lui rendait un amour égal au sien. Il se détendit petit à petit et finit par totalement se laisser aller dans les bras de Daevlyn. L’adulte le plaqua alors légèrement contre le mur et prit place entre ses cuisses, cherchant la position la plus appropriée, le préparant à la pénétration imminente.

Tous deux semblaient être connecté sur la même longueur d’onde, car chacun de leur côté, ils ouvrirent les yeux en même temps, chacun plongeant dans le regard profond et hypnotisant de leur vis-à-vis. Avisant la question muette de son amant, Raphaël lui donna son accord de la même manière, ne souhaitant pas rompre cet instant magique par des paroles inutiles. D’un habile coup de rein, Daevlyn pénétra l’adolescent un peu plus brusquement que les fois précédentes, et Raphaël ne put retenir un léger cri de douleur, ne s’attendant pas à cela.

Aussitôt, Daevlyn cessa immédiatement le moindre mouvement, attendant patiemment, mais non sans beaucoup de difficultés, que l’adolescent se soit habitué à sa présence imposante en lui. Prenant de nouveau possession de ses lèvres, il Daevlyn entreprit de jouer avec sa langue, de façon à le détourner de la douleur occasionnée. Progressivement, il se mit à se mouvoir en lui, entament de longs et amples mouvements de bassin.

Raphaël s’agrippait comme il le pouvait à l’adulte. Ensemble, ils se perdaient un peu plus dans les méandres du plaisir à chaque coup de rein de l’adulte.

Galvanisé par le plaisir qui leur vrillait les reins, les deux hommes se mirent à onduler du bassin en un mouvement toujours plus soutenu et passionnés. Raphaël n’avait, depuis longtemps, plus conscience de l’endroit où ils se trouvaient. Sentir Daevlyn se mouvoir en lui, lui appartenir corps et âme, recueillir sa trace dans son corps, lui offrir du plaisir et le plaisir que lui offrait son moniteur, lui faisait oublier tous les risques qu’ils encouraient. Raphaël enroula ses jambes autour de la taille de l’adulte, l’attirant toujours plus près contre lui, souhaitant le sentir toujours plus profondément en lui afin de ne faire plus qu’un. Leur corps se faisaient l’amour, en une parfaite chorégraphie, leur âmes communiaient, s’unissant pour le meilleur et pour le pire.

Chaque seconde qui passait avait pour effet d’intensifier le désir qui embrasait leur corps. Quand la jouissance leur vrilla les reins, se répandant dans leur sang, ils jouirent simultanément, Daevlyn en Raphaël et Raphaël entre eux. Mais alors qu’ils atteignaient le paroxysme de plaisir, un cri de dégoût se joint à leur cri de jouissance. L’esprit encore embué par les brumes de l’orgasme qu’ils venaient de vivre, Daevlyn et Raphaël se tournèrent de concert vers la personne à l’origine de ce cri d’horreur qui avait, en une fraction de seconde, brisé leur petite bulle, les faisant redescendre sur terre d’une manière plus que brutale.

Une lueur d’étonnement passa rapidement dans ses yeux améthystes encore voilé de plaisir lorsqu’il vit cet homme qu’il ne connaissait pas. Pourtant, il avait la vague impression de l’avoir déjà vue, d’où l’étrangeté de la situation. Qui était donc cet homme ? Pourquoi se trouvait-il ici ?

Il se tourna vers Daevlyn afin d’obtenir une réponse à ses interrogations et le visage décomposait qu’affichait son amant, à cet instant précis lui apporta la preuve qu’il le connaissait. Mais qui était-il ? Pourquoi Raphaël ressentait-il en son ventre ce nœud d’angoisse si familier ? Pourquoi avait-il soudainement peur de ce qui allait se produire ? Non pas qu’il avait peur d’une quelconque réaction de la directrice lorsqu’elle aurait vent de leur ébat, non, c’était tout autre. Une peur bien plus angoissante, une peur qui le prenait aux tripes… Cette peur irrationnelle se renforça lorsque subitement Daevlyn s’arracha à l’étreinte de l’adolescent, et remonta rapidement son pantalon. Raphaël prit le temps d’en faire de même avant de reporter son attention sur les deux hommes qui se faisaient face. Dans son regard, on pouvait y lire toute la peur qu’il ressentait. Cette peur qui lui nouait douloureusement le ventre, car maintenant il en avait la preuve, concernait directement Daevlyn. C’était ça… Il n’avait pas peur pour lui… C’était bien au delà, c’était la peur qu’il ressentait pour Daevlyn… Il ne savait pas pourquoi, mais il avait peur que celui-ci retombe d’une façon ou d’une autre dans son passé…

Car c’était évident que cet homme, pour effrayer ainsi l’adulte, devait ressurgir directement des méandres de sa mémoire, un passé que, tout comme lui, il avait préféré oublier… Souhaitant lui montrer qu’il était là quoi qu’il se passerait, Raphaël se rapprocha de l’adulte, jusqu’à ce que leur corps se touchent en un léger frôlement.

Finalement, l’inconnu finit par s’approcher, et lorsqu’il fut suffisamment proche de Daevlyn, il le gifla si brutalement que Daevlyn tourna la tête sous la violence du choc. Un cri d’horreur et de stupeur s’échappa de la gorge de l’adolescent qui sentit une haine profonde s’emparer de lui à la simple vue de cet homme. La réaction de Daevlyn ne se fit pas attendre, il se contenta de baisser la tête, comme un enfant prit en faute demandant le pardon.

Raphaël était totalement perdu… Pourquoi Daevlyn ne réagissait-il pas ? Pourquoi se laissait-il faire de cette manière ? Ou était donc passé l’homme fort qui avait tant de fois oser défier l’autorité pour le défendre ? Pourquoi ne se défendait-il pas ?

C’est à se moment là, que l’homme se décida enfin à prendre la parole :

- Tu me dégoûtes Daevlyn, si tu savais comme tu m’écœures. Mme Martinez vient de m’annoncer plusieurs choses que j’ignorais. Je l’ai prise pour une folle lorsqu’elle m’a dit que tu avais couché avec ton propre frère. Je te savais responsable de son suicide, mais pas à ce point. Ton propre frère Daevlyn… Mon propre fils, comment as-tu pu lui faire cela ? Comme je comprend qu’il ait souhaité la mort ! Pourquoi n’as tu pas fait la même chose. C’est tout ce que tu mérites. Non au lieu de cela, tu ne fais que recommencer… Il a fallut que tu te trouves une autre victime, tout cela ne suffisait pas ! Un enfant… Tu en deviens écœurant, tu n’es pas mon fils, tu ne mérites même pas le statut d’homme, tu es monstrueux.

Ainsi cet homme était le père de Daevlyn… Comment pouvait-il lui tenir de tels propos ? De quel droit jugeait-il Daevlyn sur des faits dont il ignorait totalement la réalité ? Raphaël était écœuré par la réaction du vieil homme. Jusqu’à présent, une seule personne avait éveillé en lui autant de dégoût, son propre père… Tout bien considéré, les deux hommes n’étaient pas si différents… tous deux traitaient leur fils avec la même répulsion, comme on le ferait avec des animaux répugnants…  D’où tenait-il le droit de juger Daevlyn par rapport à ce qu’il avait vu ? Pourquoi croyait-il que tout ceci était de sa faute ? Pourquoi n’admettait-il pas que Raphaël ait pu être consentant ? Il n’était pas une victime, loin de là… Pour rien au monde Raphaël aurait reporter la faute sur Daevlyn, ils étaient deux et ils assumeraient à deux. Dans cette histoire, il était tout autant responsable que l’adulte ! Alors pourquoi toujours lui mettre toutes les responsabilités sur le dos ? Pourquoi toujours comparer les faits présents avec le passé ? Ce qui est fait est fait, cela ne veut pas dire que cela se reproduira un jour… Pourquoi ne pas admettre cette réalité ?

Les mains de Daevlyn se mirent à trembler, et le remarquant, l’adolescent glissa discrètement sa main dans la sienne, tentant de lui apporter un peu de soutient, ne sachant pas comment réagir… A vrai dire, il était pétrifier par ce qu’il venait d’entendre et avait du mal à tout assimiler.

Soudain, la voix accusatrice de l’homme s’éleva de nouveau :

- Tu te souviens, la fois où nous t’avons croisé au cimetière récemment. Ta mère s’en est voulu de ne pas t’avoir parler et de t’avoir ignoré. Elle m’a dit qu’après tout tu étais notre fils toi aussi. Quelle folle ! Si elle savait… mais elle ne pourra jamais plus savoir… Avant de nous quitter, car c’est cela que je venais t’annoncer, elle m’a fait promettre de venir te le dire et que je te demande d’assister à son enterrement. Je vais partir Daevlyn. Plus jamais je ne remettrait les pieds ici, mais jamais je ne veux que tu recroises ma route ! A cet instant même tu n’existes plus pour moi.

Alors c’était ça… Cet homme… C’est celui qu’il avait vu au cimetière la fois où il avait accompagné Daevlyn… Raphaël avait tellement mal. La souffrance de Daevlyn était palpable à des kilomètres et pesait sur lui comme un mur oppressant. Jamais il n’avait sentit une telle douleur émaner de l’adulte. Si son père lui avait aussi dit de telles horreurs, jamais il n’aurait cru qu’un jour quelqu’un puisse dire de telles choses à Daevlyn… Comment pouvait-on ainsi insulter une personne aussi droite et respectueuse que Daevlyn ? Lui, l’homme le plus honnête et le plus franc qu’il ait jamais rencontré… Comment son père pouvait-il ne pas voir qu’il faisait erreur ? Évidemment, il était tellement plus aiser de reporter les fautes sur les vivants afin de ne pas ternir la mémoire des morts… Mais Daevlyn n’était pas le seul coupable dans cette histoire ! Après tout, son frère aussi avait succomber au plaisir de charnel. Si Daevlyn était à blâmer, il n’était pas le seul…

Après quelques secondes de silence, le père de Daevlyn commença à s’éloigner. Raphaël s’approcha alors de Daevlyn, mais à ce moment là, l’adulte tomba à genoux sur le sol. Raphaël laissa s’échapper un hoquet de surprise et s’agenouilla derrière l’adulte. Il l’enlaça de ses bras frêles, lui faisant comprendre qu’il était là, comme il avait été là pour lui. Raphaël sentaient les tremblement de Daevlyn gagner son corps, la souffrance qui l’envahissait était profonde, destructrice. Une plainte d’animal blessé s’échappa des lèvres entrouvertes de Daevlyn. Une plainte qui ressemblait étrangement à celle que poussent les cygne juste avant de mourir… A cet instant, Raphaël comprit qu’il était en train de perdre Daevlyn. prit d’une peur panique, il éclata en sanglot et sans prendre conscience de la présence du père de Daevlyn toujours dans les écuries, il s’exclama, la voix entrecoupée de sanglots :

- Ne m’abandonne pas Daevlyn… Je t’en prie… Bats toi Daevlyn… Ne me laisse pas, ne m’abandonne pas… Je t’aime, je t’aime.. Daevlyn… Daevlyyyyyn…

Face à la non réaction de son moniteur, Raphaël avait hurlé son nom, espérant le faire réagir. Mais l’adulte ne bougeait pas, son corps inerte semblait sans vie.

Ce que Raphaël ne savait pas, c’est que lorsqu’il avait entendu le premier “je t’aime” de Raphaël, le père de Daevlyn s’était arrêté subitement, comme touché en plein cœur. Cependant, il se reprit bien vite et quitta précipitamment l’écurie.

Raphaël refusait cette éventualité. Pas après ce qu’il venait de se passer… Il ne pouvait se résoudre à rester là, les bras croisés alors qu’il s’apprêtait à perdre Daevlyn. Daevlyn avait toujours été là pour lui, et pour une fois que l’inverse se produisait, il ne faillirait pas… Il se battrait jusqu’au bout, où alors il mourrait avec lui… Mais une chose est sûre, jamais il ne l’abandonnerait…

Un accès de rage et de haine à l’état pur prit possession du corps de l’adolescent. comme mu par une force mystique, il se leva, et fixa l’endroit où avait disparut le père de Daevlyn. Dans ses prunelles améthystes, brûlait une flamme de colère dévastatrice, et rien au monde n’aurait pu le retenir. D’une démarche lente et assurée, il se précipita à la poursuite du vieil homme.

Lorsqu’il se retrouva à quelques mètres de lui, il s’exclama, crachant au visage de l’homme toute sa haine et ses ressentiments :

- Comment osez-vous dire des choses aussi horribles ? Vous traitez Daevlyn de montre, mais entre vous deux, c’est vous le plus monstrueux ! Vous êtes méprisable, vous ne méritez pas le respect que vous porte Daevlyn ! En le jugeant comme vous l’avez fait sur des sujets dont vous ne savez rien, vous venez de le détruire ! hurla l’adolescent, totalement hors de lui. Et moi je vais devenir quoi sans lui ? ajouta-t-il subitement calmé, les larmes s’échappant de ses yeux améthystes voilés de douleur et coulant à flot sur ses joues pâles. C’est lui qui m’a redonné le goût de la vie, il m’a sauvé la vie lorsque j’ai failli mourir et il m’a apporté l’amour que je n’ai jamais eut. Qu’est ce que je vais faire s’il n’est plus là pour me protéger et me serrer dans ses bras ? En prononçant de telles paroles, ce n’est pas une personne que vous avez tuées, mais deux. Sachez que je me suis déjà donné la mort une fois, et que pour rejoindre Daevlyn je n’hésiterais pas à recommencer… Je ne peux pas vivre sans lui… C’est trop dur… Je n’y arriverais pas…

A ses mots, Raphaël s’effondra à genoux, prenant son visage dans ses mains, il laissait libre court à sa rage et à sa souffrance. Son corps frêle était secoué de violents spasmes de sanglots déchirants.

- Daevlyyyyn…

L’adolescent hurlait à s’en briser la voix. Ignorant la souffrance qui lui vrillait les poings, il frappait encore et encore le sol, évacuant comme il le pouvait sa détresse, tentant d’exorciser le mal qui le rongeait de l’intérieur. A présent, à quoi servait de vivre ? Sans Daevlyn il était voué à mourir et n’avait aucune envie de s’y soustraire. Il avait accepté ce destin dès qu’il avait croisé pour la première fois les émeraudes de son amant. Les sanglots lui déchiraient le coeur, le brisant toujours un peu plus à chaque seconde qui passait.

Ce fut une voix dans son dos qu’il crut ne plus jamais entendre qui le sortit de son état de détresse intense, tandis qu’une main se posait sur son épaule :

- Raphaël… Relèves toi… Je suis là mon Ange… Relèves toi… Merci… J’ai entendu tes paroles, ce sont elles qui m’ont fait revenir. J’ai senti ta détresse… je n’avais pas le droit de te laisser mourir pour moi… Sèches tes larmes Raphaël, je ne te quitterais plus jamais… je t’en donne ma parole. Je t’aime Raphaël, si tu savais à quel point je t’aime…

Encore sous l’effet de la surprise, l’adolescent ne réagit pas instantanément. Ce fut la déclaration de Daevlyn qui le fit atterrir. D’un geste brusque, il se jeta dans les bras de l’adulte, les sanglots de douleur se transformant en sanglots de soulagement.

Comme pour s’assuré qu’il ne rêvait pas, Raphaël releva la tête et, les yeux brillants de larmes, il regarda son amant. Raphaël remarqua aussitôt que quelque chose n’était plus comme d’habitude. Où était passé l’éclat de malice qui illuminait quotidiennement les yeux de son amant ? Qu’était devenu le petit sourire en coin qui étirait toujours la bouche de son moniteur lorsqu’ils étaient seuls tous les deux ? Qu’était-il arrivé à son air arrogant que prenait son visage lorsque la directrice entrait dans son champs de vision ?

Raphaël avait la nette impression que quelque chose s’était brisé en Daevlyn, que l’homme qu’il avait été jusqu’à maintenant était mort et avait fait place à une sorte d’automate. Son regard sans vie lui criait que l’homme qu’il tenait dans ses bras n’était plus… A cet instant, Raphaël cru que le monde autour de lui s’était effondré… Le néant dévastait son âme et son cœur se noyait dans une mer de sang et de souffrance.

Le soulagement qu’il avait pût alors ressentir s’envola en fumée pour laisser place à l’amertume. Puis l’amertume fit de nouveau place à la colère qui se mua très vite en une haine sans borne. La haine envers l’homme qui avait tué son amant.

Il s’arracha brusquement de l’étreinte de l’adulte, et se tournant vers le père de Daevlyn qui assistait impuissant à la scène qui se déroulait sous ses yeux, il se mit à hurler, en se précipitant sur lui :

- Tout ça c’est de votre faute ! Vous avez détruit son âme… Vous l’avez tué ! Vous êtes un assassin ! vous êtes un monstre ! Vous ne méritez pas de vivre, votre place est en Enfer, Monstre !

A ces mots, l’adolescent se jeta sur l’adulte et l’attrapa au cou, dans une étreinte puissante et mortelle. La haine décuplait les maigres forces de l’adolescent, et sa prise se resserrait inexorablement autour du cou du vieil homme qui tentait tant bien que mal à se soustraire de cette étreinte mortelle.

Alors que l’étau de ses mains se refermait toujours un peu plus, une voix dans son dos le sortit de sa torpeur :

- Raphaël ! Arrêtes ! Ne fais pas ça je t’en supplie…

Des bras puissants lui entourèrent la taille et le tirèrent en arrière, lui faisant lâcher prise :

- Ne fais pas ça Raphaël… penses au futur… penses à nous…

Les derniers mots de Daevlyn figèrent l’adolescent sur place. Son cœur fit un bon dans sa poitrine avant de repartir à une allure endiablée. “Penses à nous”… que voulait-il dire par là ? L’adolescent plongea son regard inondé de larmes dans les émeraudes de son amant dans lesquelles il y lut une supplication muette.

Ses yeux et son être semblaient lui crier tout ce qu’il ressentait à cet instant. Ses prunelles vertes intenses reflétaient une litanie de supplication que tous les mots du monde n’arriveraient pas à retranscrire. Raphaël n’arrivait plus à contrôler ses sanglots et son corps était parcourut de spasmes tous plus violents les uns que les autres.

De son côté, le père de Daevlyn ne réagissait pas, trop choqué par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il assistait impuissant à la souffrance des deux hommes agenouillés au sol. Les hurlements de détresse de Raphaël finirent par attirer l’attention des moniteurs et des pensionnaires qui, déjà, s’agglutinaient autour des deux amants maudits.

Tous regardaient la scène d’un air ahuri. Jamais ils n’avaient vu Raphaël dans un tel état et aucun d’eux ne comprenait la raison de son comportement. A son tour, la directrice finit par sortir. Lorsqu’elle découvrit l’adolescent sanglotant dans les bras de Daevlyn, la directrice eut d’abord un sursaut de surprise, mais se reprit très vite. Avec colère, elle se dirigea vers les deux hommes avec la ferme intention de les séparer.

Cependant, lorsqu’elle arriva à quelques pas du couple, les cris de l’adolescent redoublèrent d’intensité alors qu’il s’agrippait toujours plus fermement à son moniteur. Agacée, la directrice appela l’un des moniteurs et lui demanda de les séparer, honteuse du fait que les deux hommes se donnent en spectacle devant la cours, et souhaitant garder secret le problème de leur relation quelque peu particulière. Quand le moniteur s’approcha à une distance que Raphaël jugea trop impersonnelle, il se passa la même chose que précédemment, le jeune garçon refusait fermement d’abandonner Daevlyn à son sort.

Plus jamais Raphaël ne souhaitait être séparé de son moniteur… Qu’importe ce que cela impliquerait, que tout le centre soit au courant de leur relation… Il ne pouvait se résoudre à le laisser là, à moitié mort… C’était au dessus de ses forces. Il se foutait entièrement du reste, tout ce qui lui importait, c’était que Daevlyn avait besoin de lui… L’adulte avait toujours été là quand il avait besoin de lui, maintenant c’était à son tour de lui rendre la pareille. N’était-ce pas aussi cela l’amour ? Soutenir l’autre même en cas de crise ?

Raphaël releva son visage inondé de larmes vers son moniteur et ce qu’il y vit le pétrifia d’effroi… Daevlyn était là, immobile, le regard perdu dans le vide, il ne faisait rien pour garder l’adolescent à ses côtés. il semblait totalement indifférent à la souffrance de Raphaël. Cette indifférence fit plus mal que tout à l’adolescent. Pourquoi ? Daevlyn ne réagissait-il pas ? Pourquoi ne le prenait-il pas dans ses bras ? Raphaël était totalement perdu. Ses sanglots avaient subitement prit fin, et seul des larmes silencieuses démontraient sa détresse. Petit à petit, l’incompréhension fit place à l’écœurement. Tout… Depuis la début, tout n’avait été que des paroles prononcées en l’air. Ses paroles étaient du vent, au même titre que ses promesses… Des mots… rien que des mots… Comment Raphaël avait-il pu être aussi naïf ? Comment avait-il pu faire confiance et aimer cet homme qui ne savait faire que mentir ?

Raphaël se dégoûtait plus que Daevlyn. Après tout, c’était lui le fautif, il avait cru aux paroles mensongères de l’adulte. Cet homme qui lui avait fait croire qu’il voulait l’aider, qu’il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour lui faire oublier son passé et l’aider à avancer, que jamais il ne l’abandonnerai et que toujours il serait là pour lui, à lui tendre la main dans les moments difficiles…

Lentement, Raphaël se redressa et plongea son regard améthyste dans les émeraudes voilées de son amant, lui lançant un regard empli de dégoût. Daevlyn semblait même pas le voir, le regard perdu dans le lointain, il faisait totale abstraction de ce qui se passait autour de lui. Raphaël se sentait trahit… La douleur qu’il ressentait était plus vive que jamais… Qui était cet homme qui lui faisait face ? Cet inconnu ne pouvait pas être Daevlyn, c’était absurde. Pourtant, jamais Daevlyn ne l’avait ignoré de la sorte, jamais il ignoré sa détresse et sa souffrance. Le Daevlyn qu’il connaissait se serait précipité vers lui et l’aurait prit dans ses bras en une étreinte rassurante et protectrice, lui murmurant à l’oreille des mots d’amour plus doux les uns que les autres.

Mais pour rien au monde, il n’aurait eut envers lui, cet air impassible et ce regard impénétrable… Cette attitude le rendait malade, Raphaël sentait la nausée s’emparer de lui et les noeuds de son estomac lui vriller l’abdomen.

Soudain, un hurlement déchirant s’échappa de ses lèvres entrouvertes et ses poings s’abattirent violemment sur la poitrine de son moniteur qui resta immobile. La souffrance de l’adolescent résonnait dans l’après-midi comme le chant du cygne au couché du soleil, lorsque celui-ci sent la mort arriver…

Les poings de Raphaël martelèrent avec rage le torse musclé de son amant jusqu’à ce que soudain, il s’écroule inanimé sur le sol, sous les cris des spectateurs apeurés. Aucun des spectateurs clandestin n’osait faire un pas en direction de l’adolescent, aussi bien du côté des pensionnaires que des moniteurs. Tous étaient comme pétrifiés, et personne ne savait que faire. Puis, comme mu par une force mystique, l’adolescent se releva lentement.

Ses yeux d’un noir intense, dans lesquels un brasier ardent avait prit vie, se posèrent sur l’adulte qui n’avait toujours pas bougé, puis après quelques secondes durant lesquelles il ne se passa rien, la main d’Asiel s’abattit avec une violence phénoménale sur la joue de l’adulte. Des cris de stupeur et d’indignation s’élevèrent de l’assistance. Asiel ne les releva même pas, les ignorant complètement et prit la parole, un air dédaigneux étirant les traits fins de son visage qui avait retrouvé toute sa froideur d’origine :

- Tu n’es qu’une ordure ! Comment peux-tu rester aussi insensible à la douleur de Raphaël ? Toi qui prétendait l’aimer, tu ne mérites pas l’amour qu’il te porte et la confiance qu’il a placé en toi ! Et je ne parle pas de moi… Puisses-tu souffrir autant si ce n’est plus que lui, Daevlyn… Une dernière chose… N’espère pas le revoir, car se serait un espoir vain… Même si pour cela je dois renoncer à mon rêve d’être un jour aimé par toi, je t’empêcherais par tous les moyens de lui faire du mal à nouveau. La première fois, j’ai faillis à ma tâche en tombant amoureux de toi, mais sois sûr que cette fois-ci, je compte bien remplir ma mission ! Tu l’as détruit Daevlyn… Prends en conscience… Tu as détruit le faible espoir qui commençait à naître en lui… Plus jamais tu ne reverra ton prétendu amour… Dit lui “adieu” Daevlyn avant qu’il ne soit trop tard…

Asiel avait parfaitement conscience d’avoir été particulièrement dur dans ses paroles. Il espérait que celles-ci feraient réagir l’adulte d’une façon ou d’une autres, mais tout cela en vain. Daevlyn ne cilla même pas. un dégoût profond pouvait se lire sur le visage de l’adolescent déformé par la haine. De nouveau, sa main termina sa course sur la joue déjà rougie de l’adulte avant qu’Asiel ne se lève et s’enfuit sans un regard en arrière, sous les murmures indignés des spectateurs clandestins.

Peut être que s’il se serait retourné, il aurait pu voir les larmes silencieuses qui inondaient à présent les joues de l’adulte… Peut être que s’il se serait retourné, il aurait pu voir dans les yeux de Daevlyn le déchirement qu’il avait ressentit dans son cœur et peu être que le futur s’en serait retrouvé changé…

Une fois enfermé dans sa chambre à l’abris des regards impudiques, Asiel laissa éclater la haine destructrice qui l’habitait. Il se rua sur la petite lampe qui meublait sa table de chevet et la lança de toutes ses forces de l’autre côté de la pièce. La lampe vola à travers l chambre avant d’atterrir sur le mur d’en face sur lequel elle se fracassa en un bruit de vaisselle brisée. Cependant, cela ne suffit pas à satisfaire l’élan ravageur qui s’était emparer de l’adolescent, si bien qu’il s’empara de tout ce qui lui tombait sous la main, et très vite, plus aucun objet de rescapa à la fureur du jeune garçon. La pièce avait à présent, plus l’air d’un champ de bataille que d’une chambre d’adolescent.

une fois calmé, Asiel se jeta sur son lit, le visage ravagé par les larmes qui n’en finissaient pas de couler. Jamais il ne s’était sentit aussi mal. La douleur de Raphaël lui vrillait le cœur, et sa souffrance le rendait fou. Plus que tout, il voulait quitter ce monde cruel et bestial, ce monde dans lequel civilisation ne signifie rien et là ou les hommes se détruisent par pur plaisir. Ce comportement trivial dégoûtait Asiel au plus haut point. Un homme… Tout e cette souffrance, toute cette douleur et cette horreur provoquée par un seul homme… Un homme qui s’était sentit obligé de déverser sa haine et le poison que contenait son sang sur l’innocence et la pureté de deux êtres dont leur seul crime fut de s’aimer…

Puis, semblant se souvenir d’un détail important, il se leva précipitamment, attrapa des vêtements propres et se rua dans la salle de bain. Il voulait laver son corps de la souillure que Daevlyn avait laissé en lui. Une fois dans la cabine de douche, il se dévêtit rapidement et fit couler l’eau brûlante sur son corps. Aussitôt, il entreprit se laver son entrejambe encore maculée de la semence de son amant. Il ne pouvait supporter cette impression de sentir Daevlyn sur lui, en lui… Non par répugnance, mais pas douleur…

Asiel était effondré, il ne comprenait pas le comportement de Daevlyn, ni la raison qui l’avait poussé à abandonner Raphaël.

En lui, refluée au plus profond de son être, il pouvait vaguement percevoir la présence de Raphaël. Vaguement car la seule chose qu’il percevait réellement de lui, c’était cette vague de détresse et de souffrance, cet impression et se sentiment d’abandon et de trahison qui émanait de l’adolescent. Sa présence s’amenuisait comme la flamme d’une bougie sur le point de s’éteindre… L’adolescent était totalement perdu, et sa rancoeur ne faisait que croître.

Pourquoi Daevlyn n’avait-il rien dit, lui qui habituellement trouvait toujours quelque chose à répliquer ? D’où provenait cette apathie qui s’était emparée de lui ? Pourquoi avait-il été aussi touché par les paroles de son père alors qu’il ne réagissait pas aussi vivement aux paroles pourtant crues d’Asiel ?

A croire que son père avait plus de pouvoir sur lui. Comme si le point de vue d’Asiel avait moins d’impact et d’influence que celui d’un homme qui avait renier son propre fils.

Une fois propre, Asiel s’habilla à la hâte et retourna dans sa chambre dévastée. Là, il s’allongea de nouveau sur son lit et ne tarda pas à sombrer dans un sommeil léger peuplé de cauchemars.

Ce fut des coups frappés inlassablement à sa porte qui le tirèrent de son sommeil. Agacé, Asiel sauta hors de son lit et ouvrit brusquement la porte avec l’intention de remballer comme il se devait, l’opportun qui osait le déranger.

Seulement, lorsqu’il aperçut l’homme au visage dévasté qui se tenait devant lui, les mots restèrent coincés au fond de sa gorge.

- Daevlyn… gémit-il lamentablement.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 19:18 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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