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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 6

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 6 écrit par Lybertys

Daevlyn se réveilla de multiples fois cette nuit là, le corps tout en sueur dû à l’agitation de son sommeil ponctué de cauchemars lui semblant si réel. C’est pourquoi, il eut énormément de mal à se lever tôt le lendemain matin. Il décida de se lever lorsqu’il entendit des petits foulées dans le couloir. A la manière dont cet enfant posait les pieds et se déplaçait, il ne douta pas de son identité. Pourquoi était-il aussi effrayé par le monde extérieur. La question “qu’avait-il vécu ?” n’avait de cesse de revenir hanté son esprit. A cette question, il n’avait pas de réponse. Même dans son dossier rien n’était marqué à ce sujet. Il s’étira avant de s’extirper de son lit non sans un dernier bâillement. Il se rendit dans sa douche personnelle, un des privilèges des moniteurs. Il se lava et prit soin de se passer plusieurs fois de l’eau fraîche sur le visage, voulant cacher au mieux la fatigue et l’agitation qui l’habitait à ce moment même.

Il se décida enfin à sortir, après avoir enfilé ce qui lui tombait sous la main en ouvrant son placard. Un simple jean/t-shirt ferait l’affaire. Il marcha dans les couloirs, s’avançant vers la dernière chambre au niveau des douches. Il allait devoir réveiller dix ados qui n’avaient aucune envie particulière de se lever. Alors qu’il passait devant la porte des douches, il se trouva nez à nez avec Raphaël. Celui-ci sursauta et émit un hoquet de surprise. Mais Daevlyn remarqua une nuance. Il ne paraissait pas aussi effrayé qu’au premier jour où il avait faillit le toucher en prenant son sac. C’était peut être une nuance minime, mais qui avait une importance très particulière au yeux de Daevlyn. Raphaël s’étant écarté de lui, comme à son habitude, Daevlyn pu l’observer à loisir.

Il portait toujours le même genre de vêtement noir, ne laissant pas apparaître au grand jour la moindre parcelle de peau, mais cette même beauté émanait de lui chaque jour.

Il ne put s’empêcher de lui faire son plus beau sourire, à la joie de cette agréable vision de bon matin. Il ne voulait surtout pas qu’il s’aperçoive de son malaise.

- Tiens ! Bonjour Raphaël ! Déjà levé ?

Comme à son habitude, le brun se contenta d’hocher affirmativement la tête en prenant soin d’éviter son regard. Ne s’en formalisant pas, Daevlyn s’écarta pour le laisser passer et le regarda s’enfuir, hypnotisé par sa longue natte qui suivait le moindre de ses mouvements.

Lorsque celui-ci disparut, Daevlyn se reprit, et fit ce qu’il devait faire : réveiller tout le monde.

Ayant fini cela, et voyant que Raphaël n’était pas ressorti de sa chambre, il frappa à sa porte.

- Raphaël, tu es là ? Nous devons aller prendre le petit déjeuner. Raphaël…

N’entendant aucune réaction, il s’inquiéta. S’était-il rendormi ? Ou… Ne voulant pas s’imaginer le pire il ouvrit la porte précipitamment. Il soupira de soulagement lorsqu’il vit sa petite silhouette assise en tailleur sur le sol.

Il resta sur le pas de la porte ne voulant pas pénétrer dans ce lieux trop personnel sans autorisation. Mais intrigué au sujet de son occupation, il lui demanda :

- Raphaël ? Qu’est-ce que tu fais assit par terre ?

L’adolescent sursauta et avec empressement, il cacha ce qu’il faisait sous son lit. Voyant la réaction de Raphaël, Daevlyn ajouta :

- Je t’ai appelé, mais comme tu ne répondait pas, je me suis dit que tu t’étais peu être rendormi. J’espère que je ne t’ai pas dérangé ?

L’adolescent hocha  négativement la tête et accompagna Daevlyn jusqu’au réfectoire. Sur le chemin, Daevlyn prit la parole n’aimant pas particulièrement les longues périodes de silence.

- Tu as bien dormi ?

Raphaël hocha la tête, et souri timidement. Arrivé au réfectoire, il durent se séparer, mais Daevlyn ne pu se retenir de lui dire :

- Dis Raphaël, mange un peu plus que d’habitude ce matin. Tu sais les journées sont fatigantes ici, et si tu t’alimentes pas plus tu ne tiendras pas le choc. Bon appétit.

Ils se séparèrent, sur ce dernier mot de l’adulte, et chacun regagna sa place.

Daevlyn n’avait pas pu s’en empêcher. Voir cet enfant déjà si frêle manger si peu lui était insupportable. Il espéra que celui-ci ne l’avait pas mal pris.

Alors qu’il allait se rendre dans le hall après avoir mangé, Sébastien lui barra la route. Il se contenta d’un simple :

- Dans mon bureau.

Daevlyn le suivit sans trop faire d’histoire, sachant que lorsqu’il affichait ce visage, il ne fallait pas trop discutailler.

- Assieds toi.

Daevlyn prit place en face de lui, seul le bureau les séparant.

- Qu’est ce que ne va pas Daevlyn. Tu as une tête à faire peur. C’est lié à ce Raphaël ?

- Non ! Pas du tout ! répondit Daevlyn immédiatement.

- Alors qu’est qui t’arrive.

- Une petite rechute… Mais ça va aller.

Dès le premier jour de son arrivée ici, Daevlyn avait eut de gros problème lié à la dépression. De petite rechutes lui arrivait de temps en temps, mais généralement, cela ne durait pas longtemps.

- C’est…

- Oui, se contenta-t-il de répondre simplement.

Cette tristesse, ce désespoir qui l’habitait et ne le quittait jamais, était toujours là, au plus profond de lui, menaçant de resurgir à chaque instant. Il luttait constamment contre celui-ci mais avait jusqu’à aujourd’hui toujours réussi à le vaincre.

Daevlyn se leva et quitta le bureau de Sébastien sans un mot. Il n’y avait plus rien à ajouter. Il savait que Sébastien s’inquiétait pour lui, mais il n’y pouvait rien.

Il partit directement rejoindre Raphaël. Il avait du retard, et il espéra que celui-ci n’ai pas trop attendu.

Le voyant tout seul de dos, il se maudit de l’avoir fait attendre. C’était entièrement sa faute.

- Je te prie de m’excuser pour mon retard, je devais finir quelque chose d’important, ajouta Daevlyn en se tournant vers le jeune garçon. Raphaël ? Quelque chose ne va pas ?

Il paniqua lorsqu’il vit les yeux embués de l’adolescent. Aussitôt il lui demanda devant son air d’incompréhension :

- Pourquoi pleures tu ?

Étonné, Raphaël porta ses doigts à ses joues. Du revers de sa manche, il essuya les perles d’eau salée qui coulaient sur ses joues pales et se sécha les yeux.

Daevlyn se sentait impuissant face à ces larmes, et il ne pouvait même pas le prendre dans ses bras pour le consoler. De plus, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il se sentait coupable de ces larmes…

- Ça va mieux ? Questionna Daevlyn en lui adressant un sourire bienveillant.

Raphaël hocha la tête en signe d’acquiescement et partit en direction des écuries, sous le regard amusé de Daevlyn qui lui emboîta le pas.

Ils passèrent une après midi très agréable, tous deux, isolés des autres. Daevlyn était impressionné par la rapidité avec laquelle Raphaël apprenait et retenait toutes les choses qu’il lui enseignait. Jamais il n’avait eu un élève aussi sérieux et assidu.

Il avait prévu de le faire monter à cheval ce jour là, mais le repoussa au lendemain, jugeant que cela serait préférable pour sa première fois.

Ils finirent leur journée plus tôt que l’autre jour, et Daevlyn décida de lui laisser du temps libre qu’il pouvait utiliser à loisir. Il le laissa partir.

Puis il alla chercher de nouveau son cheval et s’autorisa une petite balade calme. Il savait que c’était une des meilleures chose à faire lorsqu’il était dans cet état. Après une petite heure, il rentra à l’écurie, offrit un bon pansage à son cheval pour le remercier, le ramena, puis prit paisiblement la direction de sa chambre pour se prendre comme il l’avait conseillé précédemment à Raphaël : une bonne douche. Il fit cela assez rapidement et se rendit au réfectoire. Il vit avec un pincement au cœur Raphaël exclu des autres. Il aurait tant aimer aller s’asseoir près de lui et le sortir de cette solitude et de ce renfermement. Comme à son habitude, celui-ci toucha à peine à son repas et partit avant tout le monde.

Daevlyn finit son repas, et décida s’aller le rejoindre pour lui parler un peu, ou juste pour lui tenir compagnie s’il le souhaitait. Alors qu’il s’approchait de la porte d’entrée de la bibliothèque, il vit celle-ci s’ouvrir brusquement dévoilant un jeune garçon en pleurs.

Celui ci tenta de le retenir ; mais ces appels furent vains. Quel lui était-il encore arrivé ?

Il parti donc à sa poursuite, ne pouvant pas le laisser seul dans cet état. Il le vit s’effondrer à genoux dans le parc, et se dépêcha de parcourir les deniers mètres qui les séparait.

Voir ce petit corps en détresse si faible lui fendait le cœur. Comment diable pouvait-on faire souffrir un enfant comme cela. Il maudit celui qui l’avait rendu ainsi…

Ne sachant pas vraiment comme l’approcher, il dit simplement :

- Raphaël ?

L’interpellé ne réagit pas à l’annonce de son prénom. Noyé dans ses sanglots, il serrait les poings, arrachant l’herbe sous ses mains. Il se balançait d’avant en arrière, en une cadence régulière.

Daevlyn s’assit à quelques pas de Raphaël, il savait parfaitement que tant qu’il était dans cet état, il serait dans l’incapacité d’entendre la moindre parole. Il attendit donc patiemment qu’il se calme de lui-même. Cela pouvait durer quelques minutes ou même une heure, il attendrait le temps qu’il faudra, mais ne le laisserait pas seul.

Ce fut une vingtaines de minutes plus tard que l’adolescent commença à se calmer. Petit à petit, ses sanglots se calmèrent et sa respiration se fit moins saccadée, reprenant difficilement un rythme régulier.

Quand ses sanglots se tarirent pour laisser place à des larmes silencieuses, Daevlyn prit la parole. Il avait longuement réfléchi à ce qu’il allait lui dire, et choisit ses mots avec la plus grande précaution.

- La première chose que je tiens à te dire, est que tant que tu resteras là et que je serais à tes côtés, il ne t’arriveras rien. Tu es en sécurité ici, et rien ne pourra t’arriver. Je ne sais pas ce qui t’effraies autant, mais si tu as besoin de parler, même par écrit, je serais toujours là pour te lire ou t’écouter. Je ne te dit pas cela uniquement parce que c’est mon boulot. Ce que je te dis viens du plus profond de mon cœur. Je tiens à t’aider du mieux que je peux, et je suis prêt à tout pour ça. Il ne tiens qu’à toi de faire le premier pas. Je…

Daevlyn prit une profonde inspiration et poursuivit.

- Je n’ai pas eu une vie facile moi non plus, et je ne dis pas que la mienne est pire que la tienne, mais… il y a une jour où il faut redresser la tête et saisir le bras tendu qui s’offre à nous. Et c’est ce que je fais Raphaël, je te tends mon bras et il ne tiens qu’à toi de le saisir.

Daevlyn s’arrêta et vint s’asseoir prêt de lui, gardant une distance respectable.

- Quand j’avais ton âge, et encore aujourd’hui, j’adorais venir ici le soir. Je m’étend sur l’herbe et j’admire le ciel étoilé.

Daevlyn s’allongea et admira le ciel. Avec une légère appréhension Raphaël l’imita.

Daevlyn continua à lui dire quelques mots, mais le silence fini par s’imposer devant la beauté éblouissante de ce qui s’offrait à leur yeux.

Ce ne fut que bien plus tard qu’ils rentrèrent, le froid devenant trop saisissant.

Il rentrèrent au dortoir bien après que la nuit soit tombée. Un des moniteurs avait remplacé Daevlyn et les adolescents étaient tous couchés. Daevlyn envoya Raphaël prendre une douche chaude et alla lui préparer une tasse de chocolat.

Il resta avec lui jusqu’à ce qu’il soit couché. A peine l’adolescent s’était il entendu dans son lit, qu’il sombra dans un profond sommeil sans rêves. Le voyant ainsi dormir paisiblement, Daevlyn consentit à regagner sa chambre après un dernier tour de garde.

Le sommeil, il ne le trouva pas…  Dès qu’il fermait les yeux, il revoyait… Il sentit de nouveau cette boule d’angoisse lui enserrer le cœur si fort qu’il avait l’impression d’étouffer. Jamais il ne s’était sentit autant oppressé. Il fallait qu’il sorte, il ne pouvais pas restait dans cette pièce, il avait besoin d’espace et cet espace il ne le trouverai certainement pas à l’intérieur de cette chambre qu’il trouvait soudainement trop exiguë. Les larmes aux yeux, il se dirigea vers la porte de sa chambre. Seulement, sous la panique, il trébucha, perdit l’équilibre et tomba dans un fracas assourdissant. Mais cela ne l’arrete pas il se releva, saisit la poignet et s’extirpa de cette chambre. Seulement, il heurta de plein fouet un personne qui se mit à hurler et à le repousser violemment. Raphaël le regardait droit dans les yeux complètement perdu et affolé de voir Daevlyn dans cet état. Celui-ci ne s’occupa pas de lui, trop honteux qu’il le voit ainsi, il partit en courant. Il courut loin, toujours plus loin, voulant quittait ce lieu comme si sa propre vie était menacée.

Arrivé près d’un arbre au milieu du parc des chevaux, il s’y adossa et il hurla. Il hurla si fort qu’il eut l’impression qu’on l’entendait de l’autre côté des montagnes. C’était la seule manière d’évacuer sa peine. Puis, n’ayant plus aucune force, il s’adossa à l’arbre et glissa jusqu’à se retrouver assis sur le sol déjà humide de rosée. Totalement perdu, il se laissa aller à pleurer. Ce n’est qu’une heure plus tard, qu’à bout de force, il s’endormit.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:22 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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