17
oct

Mourir pour revivre - Chapitre 49

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 49 écrit par Shinigami

Raphaël fut lentement tiré de son sommeil en sentant le corps chaud de Daevlyn se presser contre le sien plus qu’il ne l’était déjà. Lorsqu’il entendit son moniteur pousser un soupire de soulagement et de satisfaction mêlée tout en collant sa tête dans son cou. Le souffle chaud de Daevlyn sur sa nuque fit frissonner Raphaël qui esquissa un sourire attendrit et à son tour, se lova un peu plus contre le corps parfait de l’homme qui faisait battre son cœur.

Cependant, il n’esquissa pas un mouvement supplémentaire, profitant pleinement de sentir le corps nu de Daevlyn contre le sien, appréciant ce contact qui lui avait tant manqué. Tous deux réveillés, aucun ne bougea, profitant au maximum de la présence de l’autre.

Hormis le murmure régulier de leur respiration, aucun son ne venait troubler le silence apaisant qui s’était instauré entre eux. L’un contre l’autre, il se satisfaisait mutuellement de leur présence, bercé par le battement synchronisé de leur coeur.

Au bout d’un certain temps dont il serait tout bonnement incapable de déterminer la durée, Raphaël finit par se retourner et faire face à Daevlyn. Prenant appui sur ses coudes, il se redressa légèrement au-dessus de lui et l’observa amoureusement, jusqu’à ce qu’un détail attire son attention. Il s’agissait d’un morceau de tissu négligemment caché par l’oreiller sur lequel reposait la tête de l’adulte. Soudain, le coeur de Raphaël se mit à battre lorsqu’il reconnu le morceau de tissu qui, en réalité, était l’un de ses pulls. Cependant, pas certain de l’hypothèse qu’il avançait, il observa plus attentivement le vêtement noir, ne le lâchant pas du regard, si bien qu’il ne se rendit pas compte de l’air interrogateur que reflétaient les émeraudes de Daevlyn qui, lui aussi l’observait, intrigué par l’immobilité de son jeune amant.

Raphaël n’osait croire à ce qu’il voyait… Pourquoi Daevlyn avait-il un de ses pulls caché sous son oreiller ? Lui avait-il manqué à ce point ? Le coeur battant, perdu dans ses réflexions, il sursauta en voyant Daevlyn ranger précipitamment le pull sous le coussin.

Avant que Raphaël n’ait le temps de réagir, Daevlyn l’enfoui sous l’oreiller d’une manière vive, comme pour cacher aux yeux de l’adolescent un secret qu’il n’aurait jamais dû découvrir. Mi-étonnéé, mi-amusé par la réaction quelque peu enfantine de son amant, Raphaël reporta son attention sur celui-ci et son sourit s’élargit lorsqu’il constata la légère rougeur qu’avaient pris ses joues tout en tendant le bras pour rattraper ce que Daevlyn tentait désespérément de cacher à sa vue. Aussitôt, Daevlyn s’extirpa de son étreinte, et s’asseya sur le bord lit, comme pour échapper au regard amusé et attendrit de l’adolescent.

Ne comprenant pas la réaction de Daevlyn, Raphaël resta immobile un instant, fixant de ses prunelles améthystes, la sculpture parfaite de la musculature de son dos. Puis, semblant comprendre le sentiment de gêne et de honte qui animait son amant, Raphaël se leva à son tour, et délicatement, il posa la main sur l’épaule de son moniteur avant de venir se coller contre son dos. Il sentit alors Daevlyn frissonner au contact de sa peau nue contre la sienne, et réprimant à son tour un frisson de désir, il enlaça tendrement Daevlyn, d’une étreinte tendre, comme si par ce geste, il tentait de se faire pardonner auprès de son amant.

Pourtant, Daevlyn ne semblait pas parvenir à se défaire de ce sentiment de honte car il ne réagit pas à l’étreinte de l’adolescent qui avait pourtant placé tout son amour dans ce geste affectif. plus amusé que vexé par la réaction puérile de son moniteur, Raphaël posa sa tête sur l’épaule de Daevlyn et demanda, tentant de cacher son amusement, sans y parvenir vraiment :

- Pourquoi tu réagis comme ça ?

Face à l’absence de réponse de l’adulte, l’amusement de Raphaël augmenta d’un cran et il ne put s’empêcher de rire légèrement. L’attitude de Daevlyn au lieu de le blesser, l’amusait grandement. Il ne comprenait pas son obstination à ne pas vouloir lui faire face. Avait-il vraiment honte de s’être fait surprendre dans cette position de faiblesse ? Raphaël commençait à connaître suffisamment bien Daevlyn pour confirmer une telle hypothèse. Cependant, bien que ce comportement un peu fleur bleue de la part de Daevlyn l’étonnait un peu, d’où son amusement, il trouvait cela adorable. Savoir qu’il avait manqué à Daevlyn au point que celui-ci dorme avec un de ses pulls pour se rappeler sa présence, le touchait au plus profond de son coeur. Il aurait aimé le lui faire comprendre à sa manière, mais Daevlyn n’était apparemment pas disposé à ce genre de choses.

Jamais Raphaël n’avait vu Daevlyn aussi gêné en sa présence, et bien qu’il puisse comprendre ce que ressentait l’adulte en ce moment, il ne comprenait pas pourquoi il préférait fuir la réalité plutôt que de la prendre comme elle était et d’en rire. Après tout, bien que cela ruinait un peu sa réputation d’homme viril, il n’y avait pas mort d’hommes. Et puis, qui ne se sentirait pas honoré d’être ainsi désiré ? Bien qu’heureux de cette constatation, Raphaël s’en sentait également un peu gêné tout de même, mais préférait prendre la chose par le côté comique, dédramatisant la situation.

Cependant, Daevlyn ne sembla pas apprécier la réaction de l’adolescent, car aussitôt il s’arracha presque brutalement à l’étreinte de celui-ci et parti en direction de la douche. Craignant d’avoir été trop loin et de l’avoir vexé et blessé pour de bon, Raphaël sauta à son tour du lit et se précipita à sa suite. Alors que l’adulte allait entrer dans la salle de bain Raphaël lui attrapa l’avant bras et le retient, l’empêchant une nouvelle fois de s’enfuir. Face à l’obstination et la mauvaise foi dont pouvait faire preuve Daevlyn lorsqu’il s’y mettait, Raphaël passa devant son amant, sans pour autant le lâcher par peur de le voir fuir de nouveau. Un tendre sourire étira ses lèvres lorsqu’il constata que Daevlyn se refusait toujours à le regarder dans les yeux. La honte qu’il pouvait alors lire dans les yeux de son amant chassa aussitôt son sourire, laissant place à la tristesse que provoquait la vue de Daevlyn. Se rapprochant sensiblement de l’adulte de façon à être le plus près de lui afin de donner un maximum de poids à ses paroles, Raphaël déclara gravement :

- Daevlyn, je ne me moquais pas de toi, c’est juste que je trouve ça… Enfin, ça me touche beaucoup de savoir que je t’ai manqué à ce point…

Le regard timide que lui adressa alors Daevlyn acheva de faire fondre Raphaël qui, en moins de temps qu’il ne fallut pour le dire, l’attirait contre lui et prenait possession de ses lèvres avec avidité, dans le but de faire oublier à son amant tout ce qui n’était pas lui. Cela sembla fonctionner mieux que prévus car Daevlyn le premier, entreprit d’approfondir leur baiser, y mettant toute la passion et le désir qu’il ressentait pour son jeune amant. Sentant le désir se réveiller dans ses reins au simple contact de la langue de Daevlyn caressant sensuellement la sienne, Raphaël posa ses mains sur les hanches de son amant, collant ainsi son bassin dénudé contre le sien, ce qui eut pour effet de faire tressaillir l’adulte. Ravis de cette constatation, Raphaël laissa ses mains parcourir son dos, axant ses caresses majoritairement au creux de ses reins, ayant découvert là un des points sensibles de Daevlyn. Galvanisé par l’ardeur que mettait Daevlyn dans leur baiser, Raphaël se pressa un peu plus contre son amant, anihilant toujours plus la distance quasi inexistante qui subsistait encore entre eux.

Finalement, ce fut Daevlyn qui mit fin au baiser, se reculant légèrement pour plonger ses émeraudes dans les prunelles pierres précieuses de son amant, avant de lui voler un ultime furtif baiser, d’une légère pression de ses lèvres sur les siennes. Puis, avisant l’heure tardive, ils se firent violence pour mettre fin à cette étreinte chacun de leur côté, avant que Daevlyn n’aille prendre sa douche, seul, malgré l’envie de Raphaël d’aller le rejoindre. Cependant l’heure ayant déjà bien tournée, ils ne pouvaient se permettre de perdre plus de temps, sachant tous deux pertinemment que s’ils prenaient leur douche ensemble, ils ne pourraient résister à l’envie d’un câlin intimement poussé.

Lorsque Daevlyn sortit de la douche, Raphaël y entra à son tour, et apprécia avec volupté la chaleur bienfaisante de l’eau sur son corps courbaturé par leurs ébats de cette nuit. L’adolescent ressortit de la douche une quinzaine de minutes plus tard, sans avoir prit le temps de sécher sa longue chevelure qui gouttait sur la moquette qui tapissait le sol de leur chambre. Des gouttes d’eau s’échappant de ses cheveux lâchés sur ses épaules, coulaient lentement le long de son torse pour finir leur course absorbée par la serviette négligemment nouée sur les reins de l’adolescent. Cette vision hypnotisa Daevlyn qui ne le quitta pas du regard durant un instant, jusqu’à ce qu’il fut sortit de ses pensées par la voix doucement moqueuse de Raphaël qui demanda à Daevlyn de lui passer son fameux pull qui reposait toujours sur leur lit. Daevlyn s’en empara vivement d’un air nonchalant et faussement boudeur, il le lança au visage de son jeune amant. C’est alors qu’un détail sembla retenir son attention, car prenant à son tour un air mi-moqueur mi-sadique, il demanda :

- Et tu comptes te rendre en serviette jusqu’à ta chambre ? Je suis sur que ta mère adorerait. Déjà que tu n’es plus dans la chambre avec elle…

Abordant à son tour un visage boudeur qui, il l’espérait, ferait flancher Daevlyn, Raphaël lui lança un regard équivoque. Daevlyn se dirigea alors avec une lenteur exagérée jusqu’à sa penderie d’où il en sortie un de ses jeans qu’il jugea le plus potable pour l’adolescent qui, mine de rien, faisait bien une bonne tête et demi de moins que lui, ainsi qu’une vingtaine de kilos de moins. S’en emparant, Daevlyn le lui lança de la même façon que le pull précédemment, se vengeant doucement de la moquerie récente de l’adolescent vis-à-vis de son comportement.

- Tiens, en attendant que tu ailles chercher tes affaires, déclara l’adulte.

Raphaël s’habilla à la hâte, et après un dernier baiser, ils se rendirent ensemble aux cuisines dans le but de préparer le biberon d’Amaranth. Puis après l’avoir nourrit, Raphaël le sortit du box, sur la proposition de Daevlyn et l’emmena au pré, le tenant en longe. Amaranth le suivit docilement, ayant déjà été bien manipulé par Daevlyn lorsque Raphaël était aux Etats-Unis chez Suzanne. Après avoir observé le poulain se dégourdir les jambes pendant quelques minutes, Raphaël alla chercher sa mère afin qu’ils prennent leur petit déjeuner tous ensemble, avant le départ de Suzanne.

Après avoir volé un furtif baiser à Daevlyn, Raphaël se précipita vers son ancienne chambre où logeait actuellement sa mère. Courant sans les couloirs, il trébucha sur son pantalon trop grand et se rattrapa de justesse. Jurant mentalement, il ralentit l’allure, étant déjà arrivé, il frappa quelques coups à la porte.

Suzanne vint lui ouvrir, et subitement, Raphaël se sentit gêné, si bien qu’il baissa les yeux et fixa le sol. Un sourire amusé étira les lèvres de la jeune femme et elle déclara, en l’embrassant tendrement sur le front :

- Bonjour mon petit fugueur !

A ses mots, Raphaël s’empourpra d’avantage et n’osa pas relever la tête. C’est d’une petite voix affreusement gênée qu’il répondit :

- Bon… Bonjour… Je… je suis désolé, je… Je n’aurais pas dû partir comme ça hier soir, je…

- C’est bon, ne dit rien… J’ai compris, ne t’inquiètes pas… De toute façon, je vais devoir m’habituer à ne plus te voir comme mon petit bébé, mais comme un homme à présent. Je comprends que tu ais eu envie de revoir Daevlyn après cette semaine et demi de séparation, surtout si c’est la première fois que vous êtes séparés. Et puis, au vu de ton état lorsque nous étions à la maison, j’aurais dû me douter que cela se passerait ainsi. Ne t’en fait pas pour si peux, ajouta-t-elle en le prenant dans ses bras. Dis-moi juste une chose… Tu es heureux avec Daevlyn ?

Raphaël s’arracha doucement à l’étreinte de sa mère, et s’éloigna d’un pas avant de regarder pour la première fois sa mère. Plongeant son regard dans le sien, il répondit d’une voix assurée :

- Oui… Oui je suis heureux avec lui… Je n’ai jamais été aussi heureux que depuis que je l’ai rencontré… Je l’aime tellement que je pourrais lui donner ma vie sans hésitation… Je l’aime au point que ça en fait mal… Je suis heureux, mais pourtant je ressens un serrement au coeur. J’ai tellement peur que tout ceci ne soit qu’un rêve, que tout mon bonheur disparaisse du jour au lendemain… Je sais que j’en mourrais si je perdais Daevlyn…

touchée par la réponse de son fils, et comprenant que ses sentiments étaient tels qu’il les décrivait, Suzanne prit son fils dans ses bras, et lui caressant tendrement les cheveux, elle murmura à son oreille :

- Alors c’est à toi de faire en sorte que ce bonheur perdure…

- Merci Maman, souffla Raphaël. Je t’aime tu sais…

- Je sais mon chéri. Moi aussi je t’aime.

Ils restèrent de longues secondes ainsi enlacés, puis ils se séparèrent non sans se sourire mutuellement.  Suzanne aimait par-dessus tout le sourire de son fils. Les yeux pétillants de bonheur, ses cheveux noirs encadrant son visage, il avait tout l’air d’un ange. Le surnom que lui donnait Daevlyn lui convenait à merveilles. Observant son fils qui était allé changer de pantalon, Suzanne ressenti un élan de fierté s’emparer d’elle, et c’est avec émotion qu’elle retient à grand peine une larme de bonheur et de tristesse confondue. Elle était plus qu’heureuse que son fils ait finalement trouvé le bonheur entre les bras d’un homme certes, et plus âgé de surcroît, cependant, elle ne pouvait empêcher son coeur de se serrer douloureusement lorsqu’elle songeait que dans quelques heures à peine, elle serait à des milliers de kilomètres de lui alors qu’elle venait tout juste de le retrouver.

Une fois changé, Raphaël entraîna sa mère à sa suite, et ils rejoignirent Daevlyn au réfectoire. Lorsqu’ils entrèrent, Raphaël repéra immédiatement la table de Daevlyn, mais son sourire s’effaça bien vite lorsqu’il vit qui était assit à ses côtés. Il lança un regard mi-intrigué,  mi-agacé à son amant, mais ne fait aucun commentaire, ne voulant pas plomber la bonne ambiance qui régnait. Sûrement que Daevlyn lui expliquerait plus tard. Si Suzanne parut quelque peu intimidée au départ, elle finit par se joindre à la conversation.

Après le petit déjeuner, Raphaël, accompagné de son amant et de sa mère se rendit auprès d’Amaranth, celle-ci voulant revoir Raphaël avec le petit poulain avant de partir. Ne résistant pas à l’envie d’aller voir son poulain, l’adolescent entra dans le pré, si bien qu’il n’entendit rien de la conversation que Suzanne avait avec son moniteur. Il joua un long moment avec Amaranth, s’amusant à le poursuivre et tentant de lui apprendre quelques tours, comme marcher au pas espagnol ou la courbette. Lorsqu’il revient auprès des deux adultes qui l’observaient depuis la clôture, un immense sourire de pur bonheur étirait ses lèvres et se reflétait sur son visage. A cet instant, Raphaël nageait dans le bonheur le plus total. Jamais il ne s’était sentit aussi en paix avec lui-même.

Puis, sans hésiter, il se jeta dans les bras de son amant qui le rattrapa au vol,  et adressa à sa mère, un sourire comme jamais il n’avait encore eut l’occasion de lui offrir. Un sourire qui reflétait une profonde joie de vivre comme il n’avait encore jamais ressenti. Raphaël avait l’impression d’avoir atteint le paroxysme du bonheur, et nageait dans un tel océan d’amour son coeur semblait sur le point d’éclater. Jamais la vie ne lui avait parue plus belle. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes, et cela, c’est à Daevlyn qu’il le devait. C’est lui qui lu avait donné la force de se battre et de relever la tête. Son courage et sa détermination à revivre, il la devait à Daevlyn, car sans lui, il serait mort depuis bien longtemps déjà, et jamais il n’aurait pu connaître un tel sentiment de plénitude et de liberté totale.

Pour la première fois depuis des années, Raphaël avait la vision d’un avenir qui s’offrait à lui. Un avenir auquel Daevlyn et Suzanne appartenaient tous deux. A présent, il ne pouvait concevoir sa vie sans l’un d’eux, et le départ imminent de Suzanne l’attristait profondément, même si cela ne se voyait pas extérieurement.

Lorsque Suzanne prit le chemin du retour, Raphaël ne put retenir ses larmes, et c’est avec la voix brisée par l’émotion qu’il fit jurer à Suzanne de rester en contact au minimum une fois par semaine. Celle-ci s’empressa d’acquiescer alors que le même chagrin que son fils lui comprimait la poitrine, lui promettant de l’appeler le plus souvent possible.

Après ces au revoir difficiles, ils restèrent un long moment à fixer le point noir de la voiture de Suzanne s’éloigner toujours plus, pour finalement disparaître à l’horizon. Raphaël tendrement blotti dans les bras de son amant, il puisait en lui la force de surmonter cette séparation momentanée, le regard à présent tourner vers un avenir certes incertain, mais qui n’appartenait qu’à eux.

C’est le coeur battant à toute allure, Raphaël tenait fermement la main de Daevlyn dans la sienne, attendant avec appréhension que quelqu’un vienne leur ouvrir. Depuis plusieurs mois qu’il n’avait pas vu Suzanne, l’adolescent se sentait à la fois excité et angoissé de ses retrouvailles avec sa mère. Surtout qu’à ce qu’il avait apprit, elle ne vivait plus seule…

Comme ils se l’étaient promis, ils étaient resté régulièrement en contact pendant plusieurs mois, avant que Daevlyn ne parle avec Suzanne et qu’ensemble ils conviennent d’une date pour que le jeune couple aille passer quelques semaines chez elle. Ils avaient finalement convenu de se voir au mois de janvier, l’attente avait été insupportable pour l’adolescent.

Cependant, maintenant qu’ils y étaient enfin, il ne pouvait s’empêcher d’appréhender cette deuxième rencontre. Suzanne serait-elle aussi heureuse de le voir que lui l’était de la retrouver ? Avant qu’il n’ait le temps de se torturer d’avantage l’esprit, la porte s’ouvrit subitement sur un homme que Raphaël connaissait déjà :

- Tiens, bonjour Raphaël ! Comment vas-tu depuis tout ce temps ?

- Je… Bonjour Monsieur Duval, bégaya l’adolescent un peu intimidé par la présence de cet homme.

- Allons, appelle-moi, Pierre, déclara le quadragénaire. Vous devez être Daevlyn je suppose, ajouta-t-il en tendant la main à Daevlyn, lui adressant un sourire amical.

- Oui, enchanté de vous rencontrer, Monsieur Duval, répondit Daevlyn en serrant la main que lui tendait l’homme.

- Moi de même, j’ai beaucoup entendu parlé de vous, répondit Pierre dans un franc éclat de rire.

A ces mots, Raphaël s’empourpra violemment sous le regard amusé de Pierre qui s’empressa d’ajouter :

- Quel hôte indigne je fais, venez ! Entrez ! S’exclama-t-il en s’effaçant pour laisser entre les deux hommes.

Daevlyn emboîta le pas à Raphaël, qui contrairement à lui, connaissait les lieux, et ils entrèrent dans le salon.

- Les enfants, descendrez !! Cria Pierre.

A ce moment, Suzanne sortie de la cuisine, et lorsqu’il l’aperçut, Raphaël se précipita dans ses bras sans parvenir à retenir ses larmes de bonheur. Noyé dans ses larmes, il ne vit pas arriver les nouveaux venus, s’abandonnant totalement dans les bras de Suzanne qui paraissait aussi émue que lui :

- Oh Raphaël… Tu m’as tellement manqué mon chéri…

- Toi aussi tu m’as manqué Maman, déclara Raphaël en reniflant bruyamment.

Ils se séparèrent à contrecœur, et Pierre procéda aux présentations :

- Raphaël, je te présente les jumeaux, Abbygaïl et Morgan et la petite dernière, Lindsay.

- Les enfants, voici Raphaël, le fils de Suzanne, dont nous vous avons déjà parlé, et voici Daevlyn, ajouta-t-il après quelques secondes de silence en désignant Daevlyn.

Les deux aînés lui adressèrent un signe de tête assez froid, auquel Raphaël répondit de la même manière face à l’hostilité des deux frère et sœur. Seule Lindsay, qui n’avait pas plus de quatre ans, vient lui faire un bisou sur la joue que Raphaël lui rendit avec un tendre sourire.

- Bonjour Daevlyn, déclara Suzanne en lui faisant la bise. Comment vas-tu ?

- Très bien, merci. Répondit Daevlyn quelque peut déboussolé par le tutoiement de Suzanne. Et vous ?

- Oh plus de “vous” entre nous s’il te plait, s’exclama Suzanne en souriant.

Plongé dans leur discussion et heureux de se retrouver après tout ce temps, personne ne fit attention au regard que posait Abbygaïl sur Daevlyn. Depuis qu’elle l’avait aperçut, elle semblait n’avoir d’yeux que pour lui.

Pierre les invita à passer au salon, et Raphaël s’installa sur le canapé aux côtés de son amant et de sa mère, tandis que les autres prenaient place dans les fauteuils.

- Vous avez fait bon voyage ? Questionna Suzanne tandis que Pierre sortait des rafraîchissements et l’apéritif pour tout le monde.

- Oui, répondit Daevlyn. Bien que cela devenait long à la fin, ajouta-t-il en se tournant vers Raphaël avec un petit sourire significatif qui fit rougir l’adolescent.

- Je comprends, déclara Pierre. C’est vrai que cela fait long pour venir de France jusqu’ici. Et puis avec le décalage horaire…

Pierre servit à boire en premier lieu à Daevlyn et Raphaël avant de servir Suzanne et ses enfants tandis que Lindsay faisait le tour avec les paquets de petits biscuits apéritif.

Puis lorsqu’elle eut terminé, elle revient s’asseoir entre Suzanne et Raphaël, faisant se décaler ce dernier un peu plus contre Daevlyn. Puis, intrigué, elle s’empara de la longue natte de Raphaël et commença à jouer avec.

- C’est tes vrais cheveux ? Demanda la petite fille.

- Oui, répondit Raphaël en souriant timidement, gêné de sentir tous les regards posés sur lui.

- Wouaaah ! Ils sont longs ! Et puis ils sont tout doux ! S’exclama Lindsay.

Raphaël s’empourpra violemment et baissa la tête, honteux tandis que Lindsay poursuivait :

- Je veux avoir les mêmes quand je serais grande ! Dis, pourquoi tu les coupes pas tes cheveux ?

- Je…

- Dis tu as finit avec tes questions ! S’exclama Suzanne en riant.

Raphaël lui offrit un petit sourire de remerciement que sa mère lui rendit.

Si Raphaël était heureux de revoir sa mère après tout ce temps, cela ne l’empêchait pas de se sentir mal à l’aise. Les regards que lui adressaient les deux aînés de temps en temps étaient tout sauf des regards amicaux. Il avait l’impression qu’ils le fusillaient du regard pour une raison qui lui était inconnue et cela lui faisait mal. Certes, il s’était attendu à ce que cela soit un peut froid entre eux au départ, mais il ne l’aurait jamais imaginé à une telle intensité. Il comprenait parfaitement qu’ils puissent le voir comme un étranger, après tout, il vivait à plus de neuf heures en avion de Los Angeles et avait obtenu l’émancipation quelques mois avant ses dix-sept ans, ce qui n’était pas pour améliorer les ressentit des deux frère et sœur à son égard. L’impression qu’il avait était qu’il était un parfait inconnu, qu’il ne faisait pas partie de leur famille et les deux aînés faisaient tout pour augmenter ce sentiment qui naissait en lui.

Intimidé, Raphaël n’osait pas lever les yeux vers eux, et les gardait obstinément rivés sur le sol. De plus, il n’osait pas s’approcher plus de Daevlyn ou lui montrer un quelconque signe de tendresse, ne sachant pas quelle serait la réaction de Pierre et des enfants, et cela le frustrait énormément. Certes, Daevlyn l’observait discrètement de temps en temps, Raphaël sentait parfaitement son regard posé sur lui et l’en remerciait mentalement, mais il aurait aimé avoir un contact physique avec lui, ne serait-ce qu’un effleurement de leurs doigts.

Ils discutèrent encore un moment, puis après avoir vérifié que le repas était près, Suzanne les invita à passer à table.

Alors que tous disparaissaient dans la pièce voisine, Daevlyn retient Raphaël par le bras et l’attira doucement à lui :

- Tout va bien ?

- Ou… Oui, je… Ça va, le rassura Raphaël en lui offrant un sourire qui se voulait rassurant, ne voulant pour rien au monde avouer à son amant ce qu’il ressentait vraiment. Il avait peur de sa réaction, que celui-ci lui dise qu’il se faisait des films.

Daevlyn lui rendit son sourire et mit bas à la distance qui les séparait encore pour venir prendre possession de ses lèvres dans un geste empli d’amour et de tendresse. Sa langue quémanda l’entrée de la bouche de l’adolescent qui, mis à l’épreuve par le fait de ne pas pouvoir se satisfaire de la présence de Daevlyn comme il le souhaitait, accéda à sa requête presque instantanément, dévorant ses lèvres avec une passion qu’il ne se connaissait pas.

Galvanisé par le goût de ses lèvres qui lui avait tant manqué, Raphaël laissa s’échapper un gémissement de contentement qui alla se perdre dans la bouche de son amant. Les mains de Daevlyn se posèrent sur les reins de l’adolescent, comme pour inihiler les quelques derniers millimètres qui les séparaient encore, cherchant à mettre à néant cette distance qui les détachait, faisant d’eux deux êtres différents, pour se fondre l’un dans l’autre.

Noyés l’un dans l’autre, aucun des deux hommes n’entendit l’intrus s’arrêter discrètement à l’entrée de la pièce et sursautèrent, lorsqu’il léger raclement de gorge retentit à leurs oreilles. Aussitôt, ils s’éloignèrent précipitamment l’un de l’autre, comme prit en faute, et se tournèrent vers l’intrus, le coeur battant à tout rompre. Ils poussèrent simultanément un soupire de soulagement en reconnaissant Suzanne qui les regardaient, accoudée à l’embrasure de la porte, un sourire attendrit étirant ses lèvres. Raphaël se sentit rougir sous le regard de sa mère tendit que Daevlyn l’attirait vers lui pour remettre un peu d’ordre dans ses cheveux et ses vêtements, avant de l’embrasser furtivement sur la tempe et de l’entraîner à sa suite.

Alors qu’ils entraient dans la cuisine, Daevlyn se pencha auprès de son amant, et lui murmura un “je t’aime” à l’oreille, faisant s’empourprer l’adolescent, sous le regard intrigué des jumeaux qui avaient l’impression d’avoir loupé un épisode.

Tentant de calmer les battements frénétiques de son coeur et de refouler le rouge de ses joues et de ses lèvres, Raphaël prit place à table au côté de Daevlyn et de Suzanne, profitant au maximum de la présence de sa mère.

Après quelques minutes durant lesquelles ils ne parlèrent pas, Suzanne se tourna vers Raphaël et lui demanda :

- Amaranth se porte bien ?

Aussitôt, un sourire radieux étira les lèvres de l’adolescent, et ses yeux se mirent à pétiller de bonheur, et c’est avec enthousiasme qu’il répondit :

- Oui, il a surtout beaucoup grandit ! La semaine dernière avec Daevlyn on l’a mit pour la première fois avec les autres. Tu aurais dû le voir, il faisait le fier c’était vraiment beau à voir.

Suzanne sourit franchement devant le bonheur de son fils, puis, avisant l’incompréhension totale dans laquelle était plongée le reste de l’assemblée, elle précisa pour tout le monde :

- Raphaël travaille avec Daevlyn dans une sorte de ranch. Amaranth est le poulain de Raphaël.

Un éclaire d’intérêt illumina alors les prunelles de Pierre qui, prenant par à la discussion déclara :

- Alors comme ça tu aimes les chevaux ? C’est vrai que se sont des animaux stupéfiants. Nobles et fiers, ils représentent ce que l’homme à toujours rechercher, la liberté… Je me souviens quand j’étais petit, il y avait un cheval dans le pré voisin, j’aimais beaucoup aller le voir, il me fascinait. Du coup, quand j’ai été en âge, j’ai demandé à ma mère de m’inscrire dans un centre équestre… J’en ai fait pendant de longues années. Tu montes depuis longtemps ?

- Non, je… Cela fais seulement quelques mois que j’aie découvert cet univers, répondit Raphaël. C’est Daevlyn qui m’a fait découvrir, ajouta-t-il en se tournant vers le principal concerné et en lui offrant un sourire rempli d’amour.

- Oui, une fois qu’on entre dans cet univers, il est très difficile de le quitter. Je crois même qu’on ne le quitte jamais complètement, ajouta Pierre en lui adressant un sourire bienveillant. Quelle race de chevaux élevez-vous ? Demanda-t-il ensuite en se tournant vers Daevlyn.

- Nous avons surtout trois races, des Appaloosa, des Paint et des Quarter Horse. Pour moi, ce sont les meilleures races de chevaux. Dociles, à l’écoute, calmes, ce sont des montures idéales pour les débutants comme pour les plus confirmés.

- Certes, répondit Pierre très sérieusement, ce sont effectivement de très bonnes montures. Vous pratiquez donc l’équitation dite western et l’éthologie ?

- En effet, on peu dire ça comme ça, répondit Daevlyn en souriant. Et même s’il a encore beaucoup de choses à apprendre, Raphaël est sur la bonne voie et apprend vite. Lorsque je le vois avec Amaranth, j’ai l’impression de me revoir à son âge avec Waterfalls, mon cheval. Ils sont inséparables et il y a un lien fort qui les unis. Cela se ressent. Ils sont parfaitement en osmose.

- Tu as poursuivit son dressage ? Demanda Suzanne.

- Oui. Enfin, Daevlyn m’aide beaucoup, il y a encore des choses où j’ai un peu de mal, mais j’arrive à lui apprendre quelques tours. Et puis Daevlyn me donne des cours avec Diamond Dust. Il m’apprend aussi à interpréter le comportement et le langage des chevaux. C’est vraiment quelque chose de passionnant.

- Et comment vis-tu ton nouveau rôle ? Ton poste de directeur te plait-il ? Demanda Suzanne en se tournant vers Daevlyn.

- Je dois dire que cela se passe plutôt bien et que cela apporte des intérêts non négligeables. En ce moment, c’est Sébastien qui me remplace et s’occupe des chevaux pendant notre absence.

Raphaël sentit le rouge lui monter aux joues au sous-entendu de Daevlyn, et si Suzanne le comprit également, elle n’en laissa rien paraître.

Le dîner se termina dans la joie et la bonne humeur, surtout du côté des invités et de Suzanne et Pierre. Le repas traînant en longueur, Lindsay avait été envoyée se coucher, et les jumeaux semblaient plus passionnés par le contenu de leur assiette que par la conversation.

Ce ne fut que bien plus tard que tous allèrent se coucher. Après un rapide bonsoir, les jumeaux montèrent dans leur chambre commune qui avait été aménagée dans l’ancien bureau de Suzanne, à l’opposé de la chambre de Raphaël. Après avoir souhaité une bonne nuit à Pierre et à Suzanne, Daevlyn suivit Raphaël qui le guida jusque dans sa chambre. Là, il posèrent leurs valises et épuisé, Raphaël se laissa tomber tout habillé sur son lit.

- Je suis épuisé, lâcha-t-il dans un bâillement.

- Oui, surtout avec le décalage horaire et la journée que nous avons eut. Tu sais quoi, ajouta l’adulte en s’approchant de son jeune amant, je propose que tu fermes les yeux et que tu me laisse m’occuper de toi. Qu’en dis-tu ?

- J’en dis que cela me tente beaucoup, répondit Raphaël en plongeant ses améthystes rougies par la fatigue dans les émeraudes de son moniteur.

Ils s’adressèrent un de leur sourire qu’ils se réservaient, un sourire empli d’amour et de tendresse non contenus. Daevlyn prit place sur le lit aux cotés de son amant et avec des gestes emplis de douceur, il entreprit de déshabiller l’adolescent. Cependant, contrairement à d’habitude, il n’y avait aucune provocation dans cette initiative, seulement l’envie de prendre soin de son amant et de le chouchouter comme il aimait si bien le faire.

Appréciant l’initiative de son moniteur, Raphaël se laissa faire. Les yeux fermés, un sourire satisfait et heureux étirant ses lèvres, il se laissait aller au plaisir de se faire dorloter par Daevlyn. Il aimait ces instants d’intimité, lorsque son amant était aux petits soins pour lui, et pour rien au monde il ne souhaitait que cet instant cesse.

Daevlyn le déshabilla entièrement, faisant attention à ne pas provoquer son désir, car il serait dans l’impossibilité de l’assouvir, et s’éloigna de lui. Ce soudain désintérêt intrigua Raphaël qui ouvrit les yeux. Étonnamment, il ne fut pas éblouit par la lumière blanche du plafonnier, mais ses yeux s’accoutumèrent très vite à la lumière diffuse propagée par une petite lampe de chevet aux couleurs chaudes. La pièce baignée d’une lueur orangée, offrait un cadre reposant et romantique à souhait.

Cette constatation amena un sourire aux lèvres que l’adolescent qui reporta son attention sur son moniteur. Celui-ci était entrain de chercher quelque chose dans la valise de l’adolescent. Puis, semblant avoir trouvé ce qu’il cherchait, il se redressa et retourna auprès de Raphaël. Là, il lui enfila un bas de pyjama en déclarant face à l’étonnement qu’il pouvait lire dans les prunelles améthystes qui le fixaient :

- C’est plus prudent ainsi, si quelqu’un venait à entrer et à nous trouver nus, cela pourrait être gênant.

- Oui, murmura Raphaël en rougissant.

A son tour, Daevlyn enfila un pantalon de pyjama, restant torse nu, et vient prendre place dans le lit aux côtés de Raphaël. A peine fut-il installé que l’adolescent vint se blottir contre lui, passant sa jambe par-dessus les siennes, et s’allongea de tout son long sur le torse de son amant. La tête calée dans son cou, il respirait son odeur qui avait quelque chose de rassurant. Les mains de Daevlyn vinrent alors se glisser sous sa chemise de pyjama et ses doigts se mirent à effleurer doucement la peau satinée de son dos, lui procurant des frissons de bien être. Un gémissement s’échappa des lèvres de l’adolescent lorsque ses doigts s’attardèrent sur la cambrure de ses reins. Aussitôt, Raphaël se redressa, prenant appuis sur ses coudes et plongea son regard pierre précieuses dans les yeux de son amant, avant de se pencher vers lui et de lui murmurer à l’oreille :

- Tu sais, je ne sais pas si je pourrais me retenir plus longtemps si tu continues ainsi, et comme tu me l’as toi-même fait remarquer, cela ne serait pas très prudent…

A ces mots, il se redressa et regarda de nouveau son amant, un sourire en coin étirant ses lèvres, tandis que ses yeux pétillaient d’une lueur malicieuse. Pour confirmer ses paroles, il se déhancha sensuellement contre le bassin de son moniteur, lui arrachant un hoquet de surprise. La respiration haletante, Daevlyn souffla dans un gémissement à peine audible :

- A… Arrête… Raphaël, je…

- Tu… ? demanda l’adolescent, ravi de l’effet qu’il produisait sur son amant.

- J’ai trop envie de toi, je tiendrais pas si tu continues…

Comprenant qu’il avait suffisamment abusé de la patience et du sang froid de l’adulte, Raphaël se rallongea à sa place initiale et d’une petite voix, il souffla des mots d’excuses à l’oreille de Daevlyn :

- Pardon… C’est frustrant, ajouta-t-il après un silence, de te toucher et t’avoir près de moi sans pouvoir aller plus loin que de simples caresses en toute sagesse…

Un petit rire s’échappa de la gorge de Daevlyn qui l’embrassa tendrement avant de murmurer :

- Petit démon !

- Oui, mais un démon tout sage, que tu aimes, répondit Raphaël, les joues rouges face à l’audace de sa réponse.

- Oui je t’aime mon ange, et même plus que ça…

- Je suis un ange maintenant ? Interrogea l’adolescent, un sourire mutin étirant ses lèvres.

- Un ange démoniaque… Tu es une invitation à la luxure mon coeur…

Sur ses mots, il l’embrassa de nouveau, ajoutant toujours plus d’intensité à leur échange. Leurs langues se mêlaient, se caressant en toute sagesse pour ne pas éveiller d’avantage le désir qui commençait à naître au creux de leurs reins.

A bout de souffle, ils se séparèrent à contrecoeur.

- Je t’aime Raphaël… si tu savais comme je t’aime…

- Moi aussi je t’aime mon amour… je t’aime plus que tout, murmura Raphaël tout contre les lèvres de Daevlyn avant de s’en emparer avec avidité.

Enivré par l’afflux d’amour qu’il éprouvait pour son moniteur, Raphaël dévorait ses lèvres avec un désir et une soif de le sentir toujours plus près qui ne tarissait pas. De son côté, Daevlyn n’était pas en reste non plus. Galvanisé par l’ardeur de Raphaël, il happait sa lèvre supérieure et la suçait avec un plaisir non feint.

Leurs baisers se faisaient de plus en plus langoureux, et très vite, ils ne parvinrent plus à contenir le désir qui leur embrasait les reins. Les mains de Daevlyn avaient glissé sous le pantalon de pyjama de l’adolescent, et posées sur ses fesses, elles le guidaient dans le rythme de son déhanchement. Retenant tant bien que mal leurs gémissements de plaisir qui se perdaient dans leur bouche, ils accordèrent les ondulations de leur bassin, frottant leur virilité contre celle de l’autre à travers leur pyjama.

Galvanisé par l’intensité du plaisir que faisait naître en lui la proximité et la chaleur du corps de Daevlyn dont la peau se recouvrait d’une fine pellicule de transpiration, Raphaël fit glisser ses lèvres sur le torse imberbe de son moniteur, laissant des traînées de lave en fusion partout où elles passaient. Bientôt, il ne restait plus une parcelle de peau qui n’avait été épargnée par l’appétit vorace de l’adolescent qui, agacé de cette constatation, rabattis son dévolu sur les tétons durcis de désirs de son moniteur.

Le souffle erratique, Daevlyn avait de plus en plus de mal à retenir ses gémissements. S’en apercevant, Raphaël mit fin à la douce torture qu’il infligeait à l’adulte pour aller prendre possession de ses lèvres. Fou de désir, Daevlyn les happa avec une avidité non contenue, comme si sa propre vie était en péril.

Le déhanchement de Raphaël gagna en vitesse et en intensité, les rapprochant tous deux toujours plus près de l’orgasme. N’en pouvant plus de rester inactif, Daevlyn glissa ses doigts vers l’intimité de l’adolescent, commençant à le préparer à sa venue. A ce contact, Raphaël se cambra violemment, attisant leur désir et leur arrachant à tous deux un cri de plaisir muet. Les mains posée sur le torse de Daevlyn, les reins cambrés, Raphaël recherchait le contact des doigts agiles de son moniteur qui savaient s’y prendre à la perfection pour lui faire voir les étoiles.

La bouche entrouverte, la respiration haletante, et des mèches de cheveux collées sur son front par la sueur, Raphaël n’en pouvait plus de plaisir et de désir. Son intimité stimulée au plus haut point le faisait souffrir et à présent, il n’avait plus qu’un objectif en tête, la jouissance qui les mènerait tous deux aux portes de l’extase.

Le plaisir ressentit par Raphaël était si intense qu’il ne sentit pas Daevlyn le préparer, et un hoquet de surprise s’échappa de ses lèvres lorsqu’il toucha quelque chose en lui.

Raphaël avait l’impression que jamais il ne pourrait supporter un tel plaisir et galvanisé par la sensation qui faisait bouillonner son sang et embrasait ses reins, des larmes s’échappèrent de ses yeux. Il retient de justesse un sanglot de plaisir charnel à l’état pur. Daevlyn s’en aperçut et se méprenant sur l’origine de ses pleurs, il cessa toute action et se retira. Les larmes inondant ses joues, Raphaël murmura entre deux sanglots :

- Nan… Vient… S’il te plait… Ne… Ne t’arrêtes pas… J’ai confiance en toi… Je t’aime…

Soulagé et enivré par la déclaration et le désir qu’il pouvait déceler dans la supplication de son jeune amant, Daevlyn s’exécuta, et avec une tendresse et une douceur qu’il n’aurait jamais pensé être capable, il commença à pénétrer Raphaël.

L’adolescent se figea sous la douleur ressentie et aussitôt, Daevlyn cessa tout mouvement. Des souvenirs remontaient à sa mémoire, des souvenirs qu’il pensait avoir exorcisés avec l’aide précieuse de Daevlyn. Raphaël avait la sensation tristement bien trop connue que son corps se déchirait en deux, et la douleur de son corps de reflétait sur son âme tandis que les souvenirs d’une étreinte forcée s’imposait à lui. Les yeux fermés, Raphaël n’osait pas les ouvrir, de peur de la découverte qu’il pourrait y faire. Sans qu’il ne s’en rende compte, plus il replongeait dans ses souvenirs, plus son corps se tendait, rejetant l’intrusion  de ce corps étranger.

Cependant, Daevlyn, ayant sentit le soudain changement de comportement de l’adolescent, raffermis son emprise autour de lui et l’attirant à lui, il lui murmura des mots d’amour et des paroles réconfortantes au creux de l’oreille.

Plongé dans ses souvenirs, Raphaël entendit alors une voix qu’il ne connaissait que trop bien s’imposer à lui, recouvrant, par sa douceur et la tendresse qu’elle contenait, les gémissements bestiaux de son père qui résonnaient dans sa tête.

Une main vient se glisser dans ses cheveux et l’autre lui caressait tendrement le visage, alors que des lèvres chaudes et délicates dont il aurait reconnut le goût entre mille se posait sur les siennes avec une douceur extrême. Les murmures se firent de plus en plus imposant dans son esprit, résonnant à ses oreilles comme des paroles purificatrices de tout ce mal, si bien que bientôt, son souvenir se fit de plus en plus lointain pour finalement disparaître définitivement.

Dès lors, le corps de Raphaël commença à se détendre et un “je t’aime” murmuré à son oreille lui fit brusquement ouvrir les yeux. Ceux-ci plongèrent aussitôt dans une mer émeraude qui brillaient d’amour et de désir. Raphaël se jeta au cou de Daevlyn et le serra de toutes des forces dans ses bras, une façon muette de lui montrer sa reconnaissance et son amour qui ne cessait de grandir chaque jour.

Prenant à son tour l’initiative, Daevlyn commença à se mouvoir en Raphaël qui se crispa sous la douleur. Cependant entouré par l’amour que lui offrait l’adulte, il oublia bien vite la douleur pour ne ressentir qu’une gêne. Celle-ci se transforma bientôt en plaisir qui ne cessait d’augmenter à chaque coup de rein de Daevlyn. Transporté par le plaisir que lui offrait Daevlyn, Raphaël se sentit perdre pieds et ses ongles se plantèrent dans les épaules de son amant, comme si, par ce geste, il se raccrochait à la réalité.

Les coups de bassins de Daevlyn gagnaient en intensité, les rapprochant irrémédiablement du moment de la délivrance. Assit sur les cuisses de son amant, les bras autour de sa nuque et le visage enfoui dans son cou, Raphaël s’enivrait de l’odeur masculine de son amant, étouffant tant bien que mal les gémissements de plaisir qui ne demandaient qu’a s’échapper de ses lèvres.

Soudain, Raphaël se sentit happé par un orgasme foudroyant, et rejetant la tête en arrière, la bouche entrouverte en un cri muet, ils jouirent simultanément après un ultime coup de rein de Daevlyn qui les transporta aux portes du ciel.

Épuisé et la respiration courte, Daevlyn se laissa retomber sur le matelas, entraînant Raphaël dans sa chute.

Haletant, ils restèrent silencieux le temps de retrouver une respiration régulière. La main de Daevlyn passait et repassait sous le t-shirt de l’adolescent, comme s’il cherchait à l’apaiser. Encore submergé par l’orgasme qu’il venait de vivre,

Raphaël soupira de bien être et se laissa aller à l’étreinte de son amant, déposant délicatement ses lèvres dans son cou, ce qui fit frissonner l’adulte.

Après quelques minutes de silence, Raphaël prit la parole le premier :

- Daevlyn je… Merci pour ce que tu as fait… Tout à l’heure je..

- Chuuut, ne dis rien, l’interrompit Daevlyn en posant son doigt sur les lèvres de l’adolescent, lui intimant le silence. J’ai fais ce que j’avais à faire Raphaël et je serais prêt à le refaire autant de fois que nécessaire. Je t’aime mon ange….

- Moi aussi Daevlyn, répondit l’adolescent. Je t’aime… Oh si tu savais comme je t’aime…

A ces mots, il enfouit son visage dans le cou de l’adulte et se lova un peu plus près contre lui.

De nouveau le silence se fit, brisé uniquement par le bruit de leur respiration synchronisées. Lentement, celle de l’adolescent se fit de plus en plus régulière et alors que Daevlyn le pensait endormit, Raphaël demanda d’une petite voix emplie de sommeil :

- Daevlyn…

- Hum ?

- Tu es heureux d’être ici avec moi ?

- Oui… Oui je suis heureux mon ange, répondit Daevlyn en l’embrassant tendrement sur le front, sans cesser de lui caresser le dos.

Raphaël se faisait violence pour garder les yeux ouverts, et alors qu’il allait sombrer définitivement, impuissant face au poids de ses paupières, il entendit Daevlyn lui murmurer à l’oreille :

- Dors mon ange, je veille sur toi…

Raphaël finit par s’endormir dans les bras de Daevlyn, bercé par les battements réguliers de son coeur. Daevlyn resta un moment éveillé, avant de le suivre à son tour, emporté dans les bras de Morphée.

Tous deux ne se réveillèrent que tard dans la matinée. Après un réveil des plus agréables, Daevlyn alla prendre et Raphaël descendit à la cuisine. Il embrassa sa mère qui déjeunait tranquillement et souhaita le bonjour à Abbygaïl qui ne prit même pas la peine de lui répondre. Raphaël fut un peu déçut mais ne s’en formalisa pas plus que cela, et se dirigea vers le placard, duquel il sortit un bol pour lui et un autre pour Daevlyn. Il lui prépara un café comme il les aimait sous le regard attendrit de Suzanne.

Daevlyn les rejoignit quelques minutes plus tard, et fut accueillit par trois sourires chaleureux, Abbygaïl ayant relevé la tête en le voyant arriver. L’adulte alla prendre place entre Suzanne et Raphaël et la jeune femme lui demanda :

- Bien dormis ?

- On ne peut mieux, répondit Daevlyn, échangeant un regard avec Raphaël qui n’échappa pas à l’attention de Suzanne qui sourit à son tour face au bonheur évident et à l’amour qui liaient ces deux êtres.

Ils terminèrent leur petit déjeuner en silence, puis, après avoir aidé à débarrasser, Raphaël monta prendre sa douche tandis que Daevlyn regagnait leur chambre et changeait les draps du lit, prenant ceux que Raphaël avait eu le bon sens de poser sur le matelas posé au sol, qui aurait dû servir à l’origine à accueillir l’un des deux hommes.

Une fois fait, il ouvrit le velux et la fenêtre, histoire d’aérer la pièce et entreprit de vider leurs valises et de ranger leurs vêtements dans la penderie. L’adolescent le rejoignit un instant plus tard, les cheveux mouillés et habillé de propre. Daevlyn attrapa la brosse à cheveux de son jeune amant, et le faisant asseoir à même le sol, il entreprit de lui démêler sa chevelure qui avait bien poussée en quelques mois. Ses longs cheveux noirs de jais lui arrivaient à présent au-dessous des fesses, et faisaient la fierté de l’adolescent, pour le plus grand plaisir de Daevlyn qui passait des heures à les caresser sans se lasser de leur texture soyeuse.

Après les avoir entièrement démêlés, Daevlyn le libéra sans avoir attaché ses cheveux. Intrigué, Raphaël se retourna et lui lança un regard interrogateur. Comprenant sa question muette, Daevlyn répondit en souriant :

- Au centre c’est mieux de les laisser attaché à causes des nœuds et du  travail, mais ici rien ne t’oblige à les attacher. Et puis tu es encore plus beau ainsi.

Raphaël ne répondit rien mais sentit ses joues s’empourprer sous le compliment, et embrassa furtivement son amant avant de se lever.

Après quoi, ils rejoignirent tout le monde au salon et avisant l’heure tardive, Raphaël se proposa pour aider Suzanne à préparer le repas. Celle-ci le remercia d’un sourire et ils se rendirent à la cuisine tandis que Daevlyn prenait place dans le canapé et que Pierre engageait la conversation avec lui, attirant de ce fait, toute l’attention d’Abbygaïl sur leur discussion.

Morgan quant à lui, avachi dans le canapé, jouait à la Playstation sans ce soucier le moins du monde de ce qui se passait autour de lui. Raphaël revint lorsque le repas fut prêt, et s’installa à même le sol, adossé aux pieds du canapé, il demanda à Morgan :

- Tu joues à quoi ?

Le jeune garçon lui lança un regard dédaigneux et replongea dans son jeu sans prendre la peine de lui répondre. Raphaël sentit son coeur se serrer face à l’ignorance dont il était victime, et ce sentiment se renforça lorsqu’il croisa par hasard le regard moqueur d’Abbygaïl. Cependant, Pierre qui avait assisté à la scène du coins de l’œil déclara :

- Morgan, tu pourrais lui proposer de jouer avec toi, au lieu de rester là avachi sur le canapé.

- Non je… Merci, mais je ne sais pas jouer à cela, s’empressa de répondre l’adolescent, ne souhaitant pas s’attirer d’avantage les foudres de Morgan.

Sur ses entre faits, Suzanne arriva au salon et invita tout le monde à passer à table.

Une fois tous à la cuisine, Abbygaïl passa derrière Raphaël et alors que personne ne faisait attention à elle, elle le poussa d’un coup de coude et s’assit à côté de Daevlyn, à la place de Raphaël. Celui-ci lui lança un regard blessé que la jeune fille ne remarqua même pas, et alla s’asseoir à sa place, entre Morgan et Suzanne.

Tout le long du repas, il ne parla releva pas la tête de son assiette. Honteux, il ne souhaitait pour rien au mode croiser le regard de Daevlyn, ignorant totalement ce qui se passait en ce moment. De son côté, Morgan lui donnait des coups de coude à chaque fois qu’il coupait quelque chose, faisant exprès de le bourrer, en échangeant des regards complices avec sa jumelle.

Blasé, Raphaël n’esquissait même pas un mouvement pour éviter les coups de Morgan, se faisant violence pour retenir les larmes de déception et d’incompréhension qui menaçaient de s’échapper de ses yeux.

Puis, soudain, il fut sortit de ses pensées par la voix d’Abby qui demanda à Daevlyn :

- Cela n’est pas trop ennuyeux de devoir jouer au baby-sitter ?

- Abby ! s’exclama alors Pierre, furieux contre la question de sa fille.

- Au fait, comment en es-tu arrivé à faire la connaissance de Raphaël ? Ajouta-t-elle sans tenir compte de la réflexion de son père.

A cet instant, Raphaël cru que son coeur allait s’arrêter, et relevant brusquement la tête, il adressa un regard suppliant à Daevlyn. Jamais en venant ici, l’adolescent n’aurait imaginé ne serait-ce qu’une seule seconde que leur séjour tournerait au cauchemar. Après un silence pesant, il vit Daevlyn ouvrir la bouche et commencer à parler :

- C’est une longue histoire. De plus, cela ne te concerne pas, répondit sèchement Daevlyn.

- Quoi ? Tu as si honte que ça que tu veux pas en parler ?

- Abbygaïl cela suffit ! Tonna Pierre de sa grosse voix. Et si tu n’es pas d’accord avec cela, rien ne t’empêche d’aller terminer ton repas dans ta chambre.

- De toute façon, c’est toujours mieux que de rester là en compagnie de personnes comme lui, cracha Abby en montrant Raphaël du doigt avant se lever de table.

Furieusement, elle sortit de la cuisine et monta dans sa chambre. Les larmes inondant ses joues, Raphaël releva la tête et captant le regard de Suzanne et de Daevlyn, il se leva précipitamment de sa chaise et sortit en courant de la cuisine pour aller, à son tour, s’enfermer dans sa chambre.

Alors qu’il allait se lever, Suzanne retient Daevlyn par le bras et se dirigea vers les escaliers pour aller rejoindre son fils.

Elle frappa trois coups légers à la porte, le coeur déchiré en entendant les sanglots de son fils qui résonnaient dans la pièce. N’obtenant aucune réponse, elle entra et referma la porte derrière elle. La vue de Raphaël allongé dans son lit, tentant d’étouffer ses sanglots dans ses oreillers lui brisa le coeur et elle vient s’asseoir sur le bord du lit en l’appelant de sa voix douce.

- Raphaël… Je suis désolée mon chéri… Je ne pense pas qu’Abby pensait réellement ce qu’elle a dit.

- Si… Si elle le pensait… Je… Elle a raison, je suis de trop… Je n’ai rien à faire ici, sanglota l’adolescent.

- Je t’interdis de dire de telle sottises tu m’entends ! S’exclama Suzanne hors d’elle. Tu es mon fils Raphaël et rien ne changera cela. Je ne veux plus jamais entendre de telle absurdités sortir de ta bouche, est-ce clair ?

Face à l’absence de réponse de la part de Raphaël, elle ajouta plus doucement :

- Allez, vient là, souffla-t-elle en tendant les bras à son fils qui vient se blottir contre elle, alors qu’elle tentait désespérément de le calmer.

- Pourquoi est-ce qu’ils réagissent de cette façon ? Je… Je me faisais un plaisir de les rencontrer… Qu’est-ce que j’ai fais pour qu’ils ne m’aiment aussi peu ? Est-ce… Est-ce que c’est parce que je suis avec Daevlyn ?

- Ils ne sont pas au courant. Nous avons estimé avec Pierre, que c’était à vous de l’annoncer officiellement lorsque vous sentirez que c’est le bon moment. Et pour répondre à ta question, je ne sais pas pourquoi ils réagissent ainsi. Je suppose qu’Abbygaïl doit trouver Daevlyn à son goût, quant à Morgan, jusqu’à maintenant, il était le seul garçon de la famille, cela doit lui faire bizarre de ne plus l’être.

- Tu… Tu crois que je devrais dire à Abbygaïl que Daevlyn est avec moi ? demanda l’adolescent en reniflant bruyamment.

- La décision vous reviens, Raphaël, mais sache que quoi que vous décidiez avec Daevlyn, je serais derrière vous.

- Merci Maman… Je t’aime…

- Je t’aime aussi mon chéri. Allez viens, allons rejoindre les autre en bas, tu as fait une sacrée peur à Daevlyn.

Raphaël rougit à cette remarque, et si au début il n’avait pas trop envie de descendre, à présent, il voulait aller rassurer son amant.

Dans l’après-midi, Suzanne et Pierre allèrent faire quelques courses afin de remplir le frigo qui commençait à se vider et laissèrent les enfants seuls avec Daevlyn et Raphaël.

L’adolescent, assit à côté de Daevlyn, se leva afin d’aller chercher quelque chose dans sa chambre et lorsqu’il revient, il resta figé sur le pas de la porte d’entrée du salon. A sa place, Abby remettait une mèche de cheveux de Daevlyn derrière son oreille. Celui-ci semblait ne pas faire attention au geste déplacée de la jeune fille, mais l’adolescent ressentit un élan de haine l’envahir brusquement.

Dégoûté, il alla prendre place sur la table du salon et y posa son matériel de dessin.

Cependant, la jalousie qui lui nouait les tripes était telle qu’il ressentit le besoin urgent de quitter la pièce, avant de faire un geste qu’il regretterait par la suite. Afin de se calmer les nerfs, il alla chercher quelque chose à grignoter dans la cuisine et alors qu’il repartait au salon avec une pomme à la main, il tomba nez à nez avec Morgan. Ce dernier lui lança un de ses habituels regards dédaigneux et Raphaël aurait continué à l’ignorer si celui-ci n’avait pas prit un malin plaisir à le chercher :

- Fais gaffe à ta ligne, tu vas gonfler si tu continues à manger en dehors des repas.

Plus qu’agacé, Raphaël se tourna vers lui et déclara d’une voix froide et à peine reconnaissable :

- Contrairement à toi qui passe tes journées avachi comme une larve dans le canapé à jouer a ton jeu débile, moi je fais du sport ! Je n’ai donc rien à craindre pour ma ligne, par contre, toi, tu ferais mieux de faire attention, tu as un bourlet qui dépasse de ton t-shirt, fit remarquer l’adolescent en pointant le bas ventre de Morgan.

Puis alors qu’il allait retourner au salon, il ajouta :

- Et depuis quand tu as vu qu’une pomme ça faisait grossir ?

Un sourire mi-satisfait, mi-sadique étira ses lèvres lorsque, du coin de l’oeil, il vit Morgan loucher sur son ventre et tenter de baisser son t-shirt. Cependant, il ne remarqua pas le sourire fier et amusé affiché sur les lèvres de Daevlyn et le l’air incrédule d’Abby qui avaient assisté à la scène. Croquant dans sa pomme, Raphaël retourna s’asseoir à sa table et après avoir taillé les crayons dont il allait se servir, il commença à dessiner. Concentrer dans son activité, il en oublia tout ce qui se passait autour de lui.

C’est ainsi que les trouvèrent Suzanne et Pierre en rentrant des courses. Lorsqu’il les vit arriver, Raphaël stoppa son activité pour les aider à aller ranger. Lorsqu’il revient au salon, il eut la désagréable surprise de trouver Abbygaïl penchée sur son travail, en train de feuilleter les quelques dessins contenus sur son carnet. Lentement, il s’approcha d’elle et demanda d’une voix qu’il s’efforça de garder calme et polie  :

- Est-ce que je me permets d’aller fouiner dans tes affaires ?

Comprenant où voulait en venir Raphaël, elle reposa le carnet sur la table et déclara méchamment :

- De toute façon ils sont moches !

Raphaël ne prêta aucune attention à la réplique d’Abby  et s’asseyant à la table, il se prit la tête dans les mains, cachant sa fureur et son malaise. Une voix grave retentit alors dans son dos, le faisant sursauter :

- Je ne savais pas que tu dessinais ! Je peux regarder ? Demanda Pierre en lui offrant un sourire bienveillant.

- Hein ? Euh, je…. Oui, enfin… Si vous voulez, bégaya l’adolescent, surprit.

- Pas de “vous” Raphaël, tu vas me vexer, fit remarquer Pierre avec un sourire amusé.

- Oui, pardon, murmura Raphaël.

Pierre prit place sur la chaise voisine de Raphaël et commença à feuilleter le carnet de Raphaël avec un regard appréciateur. Cependant, il ne fit aucun commentaire jusqu’à ce qu’il eut terminé de le regarder, et lorsque ce fut fait, il le reposa devant son propriétaire et déclara :

- Tu dessines très bien Raphaël. Ne te laisse pas influencer par les paroles blessantes d’Abby, mon garçon. Cela finira par lui passer.

Et sans laisser à Raphaël le temps de répondre, il s’éloigna après lui avoir adresser un sourire d’encouragement.

- Pierre à raison mon amour, ils sont magnifiques tes dessins, murmura une voix à son oreille.

Raphaël émit un hoquet de surprise et se retourna vivement. Daevlyn qui avait prévu le mouvement de l’adolescent, recula de quelques pas et plongea son regard dans ses prunelles améthystes qui brillaient d’une lueur d’interrogation.

- J’aime particulièrement celui que tu as fait de moi, ajouta l’adulte avec un sourire équivoque.

Cette phrase eut pour effet de faire s’empourprer l’adolescent. Attendrit, Daevlyn l’embrassa furtivement, après avoir vérifié que personne d’autre qu’eux ne se trouvaient dans la pièce. Ce baiser, même chaste, eut pour effet de faire retrouver de sourire à Raphaël.

Daevlyn lui adressa un clin d’oeil et entendant des pas venir dans leur direction, il s’écarta de quelques pas. Alors que Daevlyn allait s’installer dans le canapé et reprendre son livre, Raphaël alla ranger son matériel de dessin dans sa chambre, souhaitant passer un peu de temps auprès de son amant.

Cependant, lorsqu’il revient, la place libre auprès de Daevlyn avait de nouveau été prise d’assaut par Abby qui collait outrageusement l’adulte, lisant par-dessus son épaule. Sans se laisser gagner par la colère, Raphaël alla prendre place sur l’accoudoir du canapé et posa sa tête sur l’épaule de son moniteur.

Il resta un long moment ainsi et c’est dans cette position que Suzanne les trouva en entrant dans la pièce. Cependant, face à la scène qui se déroulait sous ses yeux, Suzanne comprit bien vite que l’adolescent agissait ainsi par pure jalousie, et souhaitant lui laisser un peu de temps avec Daevlyn, elle déclara :

- Abby, tu peux venir m’aider pour le repas s’il te plait ?

- Pourquoi ? Raphaël il peut le faire lui !

- Abby ! Raphaël s’est déjà proposé de m’aider hier, tu pourrais bien le remplacer aujourd’hui ! Ce n’est pas à lui de tout faire !

- Ben voyons ! Souffla Abby en se levant, prenant appuis sur la cuisse de Daevlyn. Et après on ose nous dire qu’il n’y a aucun chouchou !

La jeune fille dépassa Suzanne et se rendit à la cuisine en soufflant bruyamment. Suzanne lança un clin d’œil à son fils et rejoignit Abby. Une fois seuls, Raphaël se laissa glisser sur les genoux de Daevlyn qui referma son livre pour reporter toute son attention sur son jeune amant. Là, il prit tendrement possession de ses lèvres, et l’embrassa avec tout l’amour dont il était capable. Raphaël avait le besoin de se sentir aimé et répondit au baiser avec entrain, assouvissant son manque de Daevlyn, ne pouvant le toucher pendant la journée, celui-ci étant toujours collé par Abby. Mettant fin au baiser, Raphaël enfoui son visage dans le cou de l’adulte et chougna :

- J’en ai marre qu’elle te colle comme ça… En plus tu ne fais rien pour la repousser… Je suis jaloux tu sais…

- Oui je sais mon ange, j’ai vu les regards meurtriers que tu lui lances… Et si je ne la repousse pas c’est pour ne pas la vexer. Je pensais que mon indifférence lui ferait comprendre mais apparemment elle a l’air plutôt tenace.

Raphaël ne répondit rien, se contentant de se lover un peu plus contre son amant. Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que Suzanne vienne les chercher pour passer à table :

- Vous venez manger les garçons ? Appela-t-elle en leur lançant un regard attendrit.

- On arrive, répondit Daevlyn avant de voler un baiser à son amant et de se lever, le portant comme un bébé.

Raphaël passa ses jambes autour de la taille de son amant qui le porta ainsi jusqu’à l’entrée de la cuisine. Là, Raphaël se laissa glisser à terre en souriant tendrement à Daevlyn et Suzanne appela la maisonnée pour leur signaler que le repas était prêt.

Cette fois-ci, gardant en mémoire le souvenir de ce midi, ne traîna pas et s’installa rapidement à sa place habituelle aux côtés de Daevlyn. Constatant cela, Abby lui lança un de ses habituels regards mauvais et retourna près de son frère. Raphaël ne lui prêta aucune attention, n’ayant pas fait cela dans le but de la narguer ou quoi que ce soit d’autre, mais uniquement pour se retrouver un moment auprès de son amant.

Le repas débuta dans le calme, mais lorsque ce fut le moment du plat principal, Raphaël commença à laisser discrètement de côté les carottes contenues dans son assiette. Pourtant, cela ne passa pas inaperçu à Suzanne qui demanda :

- Tu n’aimes pas les carottes ?

Honteux, Raphaël se contenta d’hocher négativement la tête, les yeux obstinément rivés sur son assiette, tandis que Daevlyn vidait son assiette des légumes maudits.

- Tu aurais dû le dire, je t’aurai préparé autre chose ! fit remarquer Suzanne.

- C’était bien la peine de faire à bouffer s’il mange que dalle ! C’est finis, j’me casse plus le cul pour lui ! Il se démerde ! S’exclama Abby en tuant Raphaël du regard.

- Abby ! Je commence à en avoir plus que marre de tes réflexions ! S’exclama Pierre hors de lui.

La jeune fille ne répondit rien, replongeant son attention sur son assiette. Raphaël de son côté, ne parlait pas non plus. Pour lui, le moment des repas était devenu une calamité et s’est limite s’il osait lever les yeux de son assiette, de peur de croiser le regard d’un des deux jumeaux.

Il ne comprenait pas d’où venait cette animosité de la part des deux aînés et se sentait blessé d’un tel rejet, même s’il ne le montrait pas. Seule la petite Lindsay semblait l’apprécier réellement, ou du moins ne lui faisait pas de réflexions ou de reproches sur son comportement.

- Et bien ! Quelle ambiance ! Fit remarquer Morgan qui ouvrait la bouche pour la première fois.

- Ça suffit Morgan ! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !

La fin du repas se déroula dans un silence monastique. Au moment du dessert, Raphaël sentit Daevlyn se tendre imperceptiblement contre lui. Il lui adressa un regard intrigué et face à l’absence de réponse de son amant, Raphaël laissa tomber sa petite cuillère, dans un geste maladroit.

Il s’attira les regards blasés des jumeaux mais n’en tien pas compte. Il se baissa et jeta un coup d’œil sous la table. Ce qu’il y vit le glaça d’effroi. Le pied nu d’Abbygaïl se déplaçait lentement et sensuellement le long de la jambe de Daevlyn qui tentait désespérément de la repousser. Lorsqu’il se réinstalla sur sa chaise, Raphaël posa sa cuillère et repoussa son dessert, prétextant avoir assez mangé. Ne se doutant pas une seule seconde que Raphaël avait été témoins de son manège, Abby continuait de draguer ouvertement l’adulte qui faisait son possible pour ne pas se lever et lui coller une gifle.

Lorsque tout le monde eut terminé, Daevlyn et Raphaël aidèrent Suzanne à débarrasser la table avant d’aller rejoindre les autres au salon. Daevlyn alla prendre place dans la dernière place libre du canapé, aux côtés de¨Pierre et Abby tandis que Raphaël allait s’asseoir sur les genoux de sa mère, toutes les places étant déjà prises. Lorsqu’il vit Abby se coller contre Daevlyn, Raphaël se tendit imperceptiblement, ce qui pourtant ne passa pas inaperçu pur Suzanne et tenta de réfréner l’énervement qui s’emparait de lui. Cependant, lorsqu’Abby posa sa main sur la cuisse de Daevlyn dans un geste qui se voulait tout à fait innocent, Raphaël arriva à saturation et sous le regard empli de fierté de Suzanne, il se leva :

- Ça suffit ! Cria-t-il en s’avançant dangereusement vers Abby, faisant sursauter tout le monde. Je croyais que tu avais compris depuis le temps mais apparemment non, alors laisse moi te l’expliquer d’une manière plus radicale que j’espère claire et convaincante.

Là, sous le regard mi-étonné, mi-effrayé des jumeaux, il s’assit sur les cuisses de Daevlyn et prit violemment possession de ses lèvres dans un baiser ardent et langoureux. Raphaël dévorait les lèvres de Daevlyn avec une avidité poussée au maximum, et c’est avec une joie intense qu’il sentit Daevlyn répondre au baiser avec la même intensité. Les mains posées sur les hanches de l’adulte, Raphaël suçait avec un plaisir non feint la lèvre inférieure de son amant.

Galvanisé par l’ardeur que mettait Raphaël à l’embrasser, Daevlyn posa ses mains sur les hanches de son amant, et lui caressait lentement la chute de ses reins, en un geste lent et sensuel.

Après un temps qui leur parut à la fois trop long et trop court, Raphaël mit fin au baiser et s’écarta de Daevlyn qui lui sourit d’un air amusé. Raphaël lui donna un léger coup de poing sur le torse, lui montrant qu’il n’approuvait pas l’attitude de son amant.

Timidement, il se retourna, sans quitter les genoux de Daevlyn, et les joues rouges face à l’audace dont il venait de faire preuve, il murmura :

- Pardon…

- Ne t’excuses pas Raphaël, déclara Pierre. Ta mère et moi n’avons rien dit aux enfants car nous estimions que c’était à vous de l’annoncer lorsque vous l’auriez décidé. Tu n’as rien à te reprocher.

Raphaël lui adressa un petit sourire timide empli de remerciements muets mais qui n’échappèrent pas au notaire qui lui renvoya un clin d’œil victorieux.

- C’est dégelasse ! S’exclama alors Abby en se levant et en montant dans sa chambre en courant.

- Ouais, ben j’ai intérêt à faire attention à mon cul moi ! Fit remarquer Morgan avec une moue dégoûtée.

A ses mots, Pierre se leva et gifla violemment son fils en s’exclamant :

- Vous me faites honte tous les deux ! Jamais je ne vous ai éduqué de la sorte ! File dans ta chambre, je ne veux plus te voir jusqu’à nouvel ordre !

Raphaël avait enfoui son visage dans le cou de Daevlyn et pleurait silencieusement. Ce ne fut que lorsqu’il sentit une des larmes de l’adolescent rouler dans son cou que Daevlyn s’en aperçut et l’embrassant tendrement dans les cheveux, il lui caressa le dos en signe d’apaisement, lui murmurant des mots réconfortant au creux de l’oreille.

- Je suis vraiment confus, déclara Pierre affreusement gêné. Je ne comprends pas du tout leur réaction. Mon frère est homosexuel également, et jamais ils n’ont eut ce genre de réflexion…

- Ne vous en faites pas, le rassura Daevlyn. Je pense que c’est un trop plein d’émotions qui l’ont fait craquer. Il était sous pression depuis quelques jours et c’est le contrecoup de tout ce qui vient de se passer. Et c’est pas plus mal ainsi, il n’aurait pas pu supporter une journée supplémentaire avec ce poids sur le coeur.

Avisant les soubresauts qui secouaient le corps de son fils, Suzanne se leva et alla s’asseoir auprès de Daevlyn qui tentait toujours de consoler l’adolescent qui à présent, ne cherchait plus à cacher ses sanglots :

- Ne pleure plus mon ange… C’est fini… Là, calme-toi, respire doucement… Chut, mon coeur…

Mais noyé dans ses sanglots, Raphaël n’entendait pas les paroles de Daevlyn. Ses sanglots intarissables serraient le coeur des adultes qui tentaient tant bien que mal de consoler l’adolescent, sans succès. Même Lindsay, attristée par les pleurs de Raphaël était montée sur les genoux de Daevlyn et faisait un câlin au jeune garçon, sous le regard attendrit des trois adultes.

Ce ne fut que bien plus tard que les sanglots de Raphaël cessèrent enfin. Daevlyn sentit un poids mort peser sur son épaule et après avoir murmuré le prénom de l’adolescent sans obtenir de réponse, il déclara en chuchotant pour ne pas le réveiller :

- Il s’est endormit…

- C’est mieux ainsi, fit remarquer Pierre. Il a besoin de dormir.

- Hn. Je vais aller le coucher, je reviens.

Sur ses mots, il fit descendre Lindsay et se leva. Portant l’adolescent comme une jeune mariée, il le monta jusque dans leur chambre et le coucha dans leur lit. Il le mit en pyjama le plus délicatement possible de façon à ne pas le réveiller, avant de rabattre les couvertures sur lui.

Après un dernier regard pour s’assurer qu’il allait bien, il éteignit la lumière et referma la porte derrière lui. A pas de loup, il alla rejoindre Pierre et Suzanne qu’il trouva en pleine conversation :

- Je suis désolé ma chérie, disait le notaire. Je ne comprends vraiment pas leur réaction. J’irais leur parler demain, si j’y vais maintenant je risque de m’énerver et cela ne rimerait à rien.

Daevlyn retourna s’asseoir dans l’un des fauteuils qui faisaient face au canapé. Ils discutèrent un long moment avant que Daevlyn ne monte se coucher à son tour. Alors qu’il entrait sous les couvertures, Raphaël vint se coller à lui en marmonnant son prénom.

- Je suis là mon ange, rendors-toi…

Raphaël se blotti un peu plus dans les bras de Daevlyn et se rendormit aussitôt.

Depuis une semaine que Raphaël avait explicitement fait comprendre à Abby que Daevlyn n’était plus un coeur à prendre, les choses ne s’étaient pas vraiment améliorées. Une tension à couper au couteau émanait de la part des deux jumeaux, et l’adolescent tentait de ne pas prendre trop à coeur leur moqueries. Cependant, même si extérieurement il avait tout l’air de quelqu’un qui n’y prête pas attention, intérieurement, il souffrait. De plus, il avait remarqué que Suzanne n’allait pas bien non plus, mais à chaque fois qu’il tentait une approche, elle lui assurait que cela allait, qu’elle était juste un peu fatiguée.

La jeune femme les appela pour passer à table et avant d’entrer dans la cuisine, Daevlyn attira Raphaël à lui et l’embrassa tendrement, faisant fit de la présence des jumeaux dans leur dos. Raphaël sourit tendrement à Daevlyn et l’embrassa furtivement une dernière fois avant de rejoindre sa place à table, son amant sur les talons.

Le nez plongé dans son assiette, Raphaël tentait de ne pas faire attention aux gloussements imbéciles des jumeaux, mais à une énième remarque de la part d’Abby à son frère, Raphaël sentit une rage d’une intensité encore jamais atteinte s’emparer de lui. Lâchant sa fourchette, il posa sa main sur sa cuisse et serra violemment le poing, faisant fi de la douleur que provoquaient ses ongles qui s’enfonçaient profondément dans sa chair. Daevlyn sembla s’apercevoir du trouble de l’adolescent, car il pressa sa main dans la sienne, dans un geste de réconfort, tentant de le calmer.

Mais cela ne fut pas suffisant. Plantant violemment la pointe du couteau dans la table en bois, Raphaël releva lentement la tête tandis que son regard d’un noir ébène se posait sur Abby. La tension qui émanait de l’adolescent à ce moment était tel que toutes les conversations avaient cessé et que tous les regards étaient posés sur lui. D’une voix impersonnelle et d’une froideur extrême, Asiel déclara :

- Toi la peste je t’ai rien demandé ! Radio langue de pute ça va bien cinq minutes mais la ça devient carrément casse couilles !! Et fout toi bien ça dans le crâne, je préfère sans hésiter me faire “défoncer le cul” pour reprendre ta propre expression, plutôt que de devoir supporter la vue d’une greluche telle que toi, avec une poitrine de fatma ! Tu viens définitivement de me guérir des filles Abby, et je t’en remercie !

Aussitôt, les yeux de Raphaël retrouvèrent leur couleur habituelle. Les larmes aux yeux, sentant le regard ahuri de sa familles posé sur lui, Raphaël se leva précipitamment et s’enfuit en courant. Daevlyn bondit aussitôt à sa poursuite et le rattrapa par le bras avant qu’il n’emprunte les escaliers. Il l’entraîna au salon et demanda :

- Raphaël…

- Nan ! Hurla l’adolescent a bout de nerf et en sanglots. Ne viens pas me faire la morale ! Je sais très bien ce que tu penses ! Que c’est une bonne chose qu’il ait intervenu ! Et moi ! Tu penses un peu à moi ? S’écria Raphaël entre deux sanglots. Pourquoi se croit-il toujours obligé d’intervenir ? Il ne peut pas me laisser me débrouiller par moi-même ? Je suis pas assez fort c’est ça ? J’en peux plus Daevlyn, c’est trop dur, je suis à bout, sanglota l’adolescent au bord de la crise de nerfs.

- Calme-toi Raphaël, cela ne sert à rien de te mettre dans un état pareil.

- Que je me calme, hurla Raphaël hystérique. Comment veux-tu que je me calme ? Je suis à deux doigts de peter un câble et toi tu veux que je me calme ? Tu en as encore beaucoup des comme ça ?

A bout de souffle, Raphaël sentait le souffle lui manquer. La respiration sifflante, il était en train de suffoquer par le manque d’air.

Daevlyn s’approcha de lui mais fut vite repousser par les coups violents lancés à l’aveuglette par l’adolescent :

- Respire Raphaël… Je t’en prie calme-toi… tu es entrain de t’étouffer… Raphaël respire putain ! Cria à son tour l’adulte complètement paniqué, impuissant face à son amant qui s’étouffait.

A l’entente de ses mots, Suzanne qui n’avait pas bougé de sa chaise, souhaitant laisser les deux amants régler seuls cette histoire qui ne les concernait pas, sauta de sa chaise et se précipita au salon, suivit de près par Pierre et les enfants.

Le spectacle qui se déroulait sous leurs yeux ébahis et horrifiés arracha un cri de terreur à Suzanne. Réagissant le premier, Pierre se précipita vers Raphaël et lui compressa un point anatomique de sa poitrine. Aussitôt, l’adolescent inspira bruyamment une grande bouffée d’air, tandis que Daevlyn faisait de même, soupirant de soulagement et de peur. Il se précipita vers l’adolescent et le prit dans ses bras, pleurant de peur et de soulagement, ses larmes se mêlaient aux sanglots de l’adolescent, qui frappait le dos de l’adulte, de coups de poings de rage et de désespoir, mais trop faiblement pour vraiment lui faire mal.

Des gémissements d’animal blessé s’échappait de la gorge de l’adolescent, compressant la poitrine de Suzanne et Daevlyn qui étaient totalement impuissant face à la détresse et la douleur de l’adolescent.

- Pardonne-moi Raphaël… pardonne-moi de n’avoir pas vu à quel point tu souffrais… J’aurais du voir que tu étais à bout… J’aurais dû faire en sorte qu’il ne revienne pas… Je t’en prie, pardonne-moi mon ange, sanglota Daevlyn en enfouissant son visage dans les cheveux détachés de l’adolescent.

Les sanglots de Daevlyn se tarirent bien avant ceux de l’adolescent. Lorsque enfin les pleurs de Raphaël cessèrent, Daevlyn s’aperçut qu’il venait de s’endormir dans ses bras. Délicatement, il passa un bras sous son cou et l’autre au creux des genoux et le porta dans leur chambre. Morgan et Abby s’écartèrent vivement pour le laisser passer, tandis que Suzanne emboîtait le pas à Daevlyn, intimant l’ordre aux autres de rester en bas.

Passant devant l’amant de son fils, elle ouvrit la porte de la chambre et tira les draps du lit afin que Daevlyn puisse l’y allonger l’adolescent. Ensuite, elle retourna fermer la porte et revient auprès de Daevlyn qui avait entreprit de déshabiller son jeune amant.

- Je crois que j’ai droit à des explications non ? Demanda la jeune femme d’une voix douce mais ferme.

Daevlyn ne répondit rien, faisant passer le t-shirt de Raphaël par-dessus sa tête, dévoilant à sa mère son torse et ses bras striés de cicatrices plus anciennes les unes que les autres. Un cri muet s’échappa des lèvres e la jeune femme face à l’horreur qui se dévoilait à ses yeux et Daevlyn déclara d’une voix posée :

- Autant commencer par le commencement non ?

La jeune femme se contenta d’hocher positivement la tête en signe d’acquiescement et Daevlyn reprit :

- Lorsque Raphaël est arrivé au centre, il ne parlait pas et n’acceptait personne à moins de trois mètres de lui. Il se mettait à crier à chaque fois que quelqu’un l’effleurait par mégarde. Très vite, les autres ados du centre en ont fait leur bouc émissaire, trouvant en lui la victime idéale. J’ai obtenu de la part de Sébastien la permission de m’occuper seul de lui et après plusieurs semaines sans parvenir à aucun résultats, il a commencé à me parler, mais toujours sans accepter le moindre contact. Un matin, j’ai retrouvé Raphaël les bras charcutés et à demi conscient, poursuivit l’adulte, en simplifiant un peu les faits. On l’a aussitôt fait transporté à l’hôpital…

- Qui est ce ‘il” dont Raphaël faisait mention tout à l’heure ? Interrogea la jeune femme qui palissait à vue d’oeil au fut et à mesure que Daevlyn avançait dans son récit.

- J’y viens, et je pense que tu devrais t’asseoir… Je ne vais pas y aller par quatre chemins… Quand il s’est réveillé à l’hôpital, ce n’était pas Raphaël qui était là, mais Asiel…

Un grand silence suivit cette déclaration avant que Suzanne finisse par demander d’une voix hésitante :

- Asiel ? Tu… Tu veux dire que…

- Oui, termina calmement Daevlyn. Raphaël souffre de dédoublement de personnalité. Cependant, cela faisait plusieurs mois qu’il n’était pas réapparut… Je pense que s’il est apparut tout à l’heure c’est parce qu’inconsciemment, Raphaël à dû le lui demander… Connais-tu la raison de la présence de Raphaël dans ce centre ? Demanda alors Daevlyn.

- Non, je… Il n’a jamais voulu me le dire…. Chaque fois que j’abordais le sujet, il déviait la conversation ou se renfermait sur lui-même, alors j’ai finis par arrêter de chercher à savoir…

- Ce centre à la particularité d’accueillir des adolescents à problèmes, notamment ceux qui ont commis un meurtre…

- Un meurtre ? répéta Suzanne incrédule.

Daevlyn se contenta d’hocher affirmativement la tête et retenant un cri d’horreur, Suzanne plaqua ses mains sur sa bouche alors que dans son esprit, les morceaux se recollaient :

- Oh mon Dieu… Raphaël…. C’est Raphaël qui a tué son père…

- Pas tout à fait… Tu es déjà au courant de ce qu’a fait subir son père à Raphaël… Un jour, Asiel est apparut sans crier gare et à poignarder son père alors qu’il…

La voix de Daevlyn se noua dans sa gorge et Suzanne étouffa un sanglots, sans parvenir à détacher son regard du visage de Raphaël qui dormait paisiblement.

- Je n’arrive pas à y croire… Comment est-ce possible ? Sanglota Suzanne en s’agenouillant au chevet de son fils, prenant sa main dans la sienne. Tout ceci est de ma faute… Si seulement je n’étais pas partie… Si seulement je l’avais emmené avec moi au lieu de le laisser à la garde de son père… Je me sens tellement coupable… Je te prie de me pardonner Raphaël… Je t’en prie, pardonne-moi…

Touché par la détresse de la jeune femme, Daevlyn s’agenouilla à ses côtés, et Suzanne se laissa aller dans ses bras pleurant toutes les larmes de son corps. Ils restèrent un long moment ainsi enlacés, pleurant sur le sort de cet être qu’ils aimaient tous deux de tout leur coeur.

Ce ne fut que bien plus tard qu’ils redescendirent au salon où ils furent accueilli par Pierre qui demanda d’une voix qui cachait mal son inquiétude :

- Comment va-t-il ?

- Il dort. Il a besoin de se reposer. Cela fait quelques jours qu’il a le sommeil agité, répondit Daevlyn d’une voix qu’il voulait calme et posée mais qui cependant, cachait bien mal son inquiétude et sa propre fatigue.

Chacun prit place dans un fauteuil, les jumeaux assis l’un à côté de l’autre dans le canapé, Suzanne souffla longuement puis prit la parole :

- Cela fait une semaine que cette situation perdure et cela ne peut plus durer. Je ne veux plus jamais qu’une telle scène se reproduise sous mon toit, me suis-je bien fait comprendre ? demanda Suzanne d’une voix calme mais déterminée.

Je n’ai rien dit tout ce temps, pensant que cela allait se tasser, mais visiblement, ce n’est pas le cas. Je n’ai pas pour habitude de sévir et vous le savez très bien, mais je ne peux pas laisser passer quelque chose d’aussi grave. Avez-vous seulement conscience de la gravité de la situation ? Interrogea-t-elle toujours calmement. Alors voila, je vais mettre les choses au clair en espérant ne plus avoir à le refaire. Même si Raphaël ne vit pas avec nous toute l’année, il n’en est pas moins mon fils et ici chez lui. J’aimerais que vous l’acceptiez comme tel et que vous cessiez vos gamineries ! Raphaël est mon fils et pour rien au monde je n’accepterais que vous le laissiez à part. Il a autant sa place que vous dans cette famille et dans cette maison, est-ce clair ? Ajouta la jeune femme en commençant à perdre son calme et à hausser la voix. Vous avez quel âge pour agir de la sorte ? Abby, Morgan, répondez-moi ! C’est quoi qui vous gêne chez lui ? A-t-il eut ne serait-ce qu’une fois des paroles blessantes envers vous ? Non ? Alors pourquoi est-ce que vous vous acharnez sur lui de cette façon bordel ? Cela ne vous est jamais venu à l’esprit qu’en plus de le blesser lui vous me blessiez moi aussi ? Vous croyez que cela m’amuse de voir mes enfants se bouffer le nez à longueur de journée ? Cria Suzanne à présent hors d’elle.

Après un moment de silence durant lesquels ont entendit voler les mouches, elle reprit plus calmement :

- J’ai vécu trop longtemps loin de Raphaël et je ne veux plus jamais que cela arrive. Je suis désolée Pierre, ajouta-t-elle en se tournant vers l’homme qu’elle aimait sans chercher à dissimuler les larmes qui coulaient sur ses joues. Je t’aime, mais je ne veux pas avoir à me séparer de mon fils à cause de votre comportement puéril, déclara-t-elle en faisant de nouveau face aux jumeaux. Si vous ne parvenez pas à faire en sorte que tout se passe bien entre nous, alors je partirais. Je suis prête à sacrifier mon bonheur pour faire le sien.

Un cri d’horreur se fit entendre dans leur dos, et tous se figèrent en voyant Raphaël descendre les escaliers et se précipiter vers sa mère et se jeter dans ses bras en sanglots :

- Naaan… Je veux pas… Je veux pas que tu sacrifies ton bonheur pour le mien… Tu as le droit d’être heureuse toi aussi… Cesse de ne penser toujours qu’à moi et vit pour toi… Je t’aime Maman, mais si tu fais cela, plus jamais je ne pourrais me regarder dans un miroir… Moi j’ai Daevlyn en plus de t’avoir toi, mais toi, ton bonheur est ici, auprès de Pierre et de tes enfants… Je t’aime Maman, répéta l’adolescent, mais je préfère partir plutôt que de te savoir malheureuse à cause de moi…

- Ecoute Raphaël, ma décision est prise et je ne changerais pas d’avis. Je suis désolée…

- Désolée ? Tu te fous de moi ? S’exclama l’adolescent en s’arrachant vivement à l’étreinte de Suzanne.

- Calme-toi Raphaël, tenta Suzanne, un peu dépassée par la réaction violente de son fils. Je ne veux plus te voir souffrir… Tu as déjà bien trop souffert par le passé… Non ! S’exclama-t-elle en voyant Raphaël ouvrir la bouche pour parler. Daevlyn m’a tout expliquer pendant que tu dormais… Plus jamais ! Tu m’entends ? Plus jamais je ne t’abandonnerais ! J’ai été forcée de le faire une fois, ne m’arrache pas le coeur en me forçant à le faire une seconde fois !

- Que… Quoi ? Bégaya l’adolescent incrédule. Je… Daevlyn ? Répéta-t-il d’une petite voix tandis qu’une colère sans limite s’emparait de lui.

Délaissant sa mère, il marcha rapidement en direction de son amant qui s’était levé en laissant libre court à sa colère :

- Toi ! S’exclama-t-il furieux. Pourquoi est-ce que tu lui as dit ? Tu m’avais promis ! Tu m’avais promis de ne rien dire, sanglota l’adolescent. Je te déteste, gémit-il en frappant faiblement le torse de son amant, toute force semblant l’avoir abandonnée. Je te déteste, répéta l’adolescent en sanglot, le visage enfoui dans la chemise de Daevlyn qui le retenait fermement contre lui.

- Je sais… Je sais Raphaël… déteste-moi tant que tu veux, mais laisse sortir tout ce que tu ressens… Ne garde pas cela pour toi, répondit calmement l’adulte, d’une voix posée et rassurante.

Raphaël pleurait toujours dans les bras de son amant lorsque la voix de Suzanne retentit dans son dos :

- Comment veux-tu que je reste indifférente Raphaël… Après tout ce que j’ai vu… Ton corps… Ce que t’as fait subir ton père et…

La jeune femme ne put aller plus loin, sa voix se noua dans sa gorge, retenant un sanglot.

A ces mots, tous les muscles de Raphaël se contractèrent violemment et repoussant vivement Daevlyn loin de lui, il plaqua ses mains sur ses oreilles, tandis qu’un cri d’animal blessé, tel le chant du cygne, s’échappait de ses lèvres entrouvertes. Son corps secoué de spasmes violent, semblait être devenu le terrain de jeux d’un duel sans merci entre lui et sa conscience, si bien qu’il n’entendit pas Daevlyn s’écrier à l’attention de Suzanne :

- Ne t’approche pas de lui !

Quelques instant plus tard, Raphaël redevient calme, et lorsque après s’être relevé, il plongea son regard dans celui de Daevlyn, il comprit…

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 19:32 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

Laisser une réponse

Vous devez être identifié pour écrire un commentaire.