17
oct

Mourir pour revivre - Chapitre 24

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 24 écrit par Lybertys

Daevlyn eut l’impression que tout son monde s’écroulait autour de lui lorsqu’il sentit la main de Raphaël s’appuyer sur son torse pour le repousser. Il ne put que reculer lentement, à contre cœur. Il aurait tant aimé continuer à l’embrasser, à caresser ses lèvres, à passer sa main dans ses cheveux si soyeux, à effleurer sa peau si douce, et à le bercer de tout l’amour qu’il portait pour lui. Il s’attendait à tout sauf à cette main ferme, ne lui laissant aucun autre choix que de s’écarter. Encore tout engourdit par ce baiser échangé, il ne savait plus vraiment que faire. C’est en regardant les yeux de Raphaël qu’il eut alors un choc, et chuta brutalement dans la réalité. Le jour s’était à présent levé, et il eut la surprise de voir les pupilles noires de l’adolescent. Où était passé ce regard améthyste si doux dans lequel il aimait se perdre si souvent. Il resta interdit quelques secondes avant de faire le rapprochement avec les paroles froides et la voix impersonnelle de Raphaël.

Qu’était devenu Raphaël ? Où était Raphaël ? Que lui avait-on fait ? Était-ce vraiment lui ? Une multitude de questions vint une fois encore envahir sa pensée. Cependant, il ne fit aucun commentaire, gardant ses réflexions pour plus tard.

Soudain, une voix froide dénuée de tous sentiments déclara :

- Sors !

Daevlyn tressaillit à l’entente de cet ordre dit sur un ton qui n’acceptait aucun refus. Cette voix si impersonnelle, cette voix que jamais Daevlyn n’avait entendu dans la bouche de Raphaël, celle-ci lui glaça le sang.

Mais ce qu’il lui demandait était impossible. Sortir de cette pièce, partir un nouvelle fois, s’éloigner de lui, l’abandonner une fois de plus… plus jamais !

C’est pourquoi, il tenta de répondre rassemblant ses forces et ses esprits :

- Non… je ne t’abandonnerais plus Raphaël…

Le “bip” qui régularisait les battements du cœur de l’adolescent s’affola subitement. Raphaël était en train de s’énerver. Daevlyn le voyait dans l’éclat meurtrier que reflétaient ses pupilles dilatées par la colère. L’expression qu’abordait son visage d’ordinaire si doux semblait empli d’une malfaisance démoniaque. Un petit sourire sadique étirait un coin de sa bouche lui donnant un air encore plus malsain. Daevlyn ne pouvait supporter un tel regard. Jamais encore il n’avait dû faire face à tant de haine. Mais que celle-ci s’affiche sur le visage de Raphaël habituellement si doux,  était insoutenable. Il avait perdu toute innocence, il ne semblait plus être lui-même.

Etait-il vraiment Raphaël, il n’en avait que l’apparence. Seul son corps rappelait encore l’enfant si pur qui l’avait habité, ce n’était plus Raphaël. Daevlyn avait l’impression de vivre un cauchemar éveillé. Il perdait tous ses repères et ne savait plus vraiment où il en était. La seule chose dont il était sur était qu’il ne devait plus abandonner Raphaël. Mais étais-ce vraiment Raphaël qu’il avait en face de lui ?

- Sors ! répéta Raphaël d’une voix étrangement calme.

Cette fois ci, sa voix n’avait plus rien à voir avec celle de l’adolescent que connaissait Daevlyn. Éludant la question, Daevlyn gémit plus qu’il ne demanda :

- Qui es-tu ? Tu n’es pas l’adolescent doux et sensible que je connais…

- C’est parce que je ne suis pas Raphaël… Alors arrêtes de m’appeler ainsi… Je ne suis en rien ce gamin faible, dominé, trouillard et pleurnichard.

- Très bien, répondit Daevlyn non sans une certaine fascination, quel est ton nom ?

- Asiel.

- Où est Raphaël ?

- Qu’est ce que tu lui veux ? Tu ne crois pas lui avoir fait assez de mal comme ça  répliqua méchamment le dénommé Asiel.

Daevlyn soupira. Il avait raison, cependant, il insista :

- Je le sais parfaitement, je voudrais juste… juste tenter de me faire pardonner… je…

- Raphaël refuse de revenir… même s’il revenait, il refuserait catégoriquement de te parler… et même s’il acceptait, comment comptes tu te faire pardonner de tes erreurs  As-tu seulement conscience de tout ce que tu as détruit en lui.

A chaque nouveau mot prononcé par Asiel, Daevlyn avait l’impression de plonger un peu plus dans l’abîme du désespoir. Son cœur se serrait si fort qu’il avait l’impression que celui-ci allait exploser. Même si ce n’était pas Raphaël qui les prononçaient, ces mots sortaient tout de même de sa bouche et cela rendait la chose encore plus insupportable.

C’était la pire des punitions. Bien qu’il sache que ce n’était que ce qu’il méritait, Daevlyn n’en pouvait plus. Il en avait marre de souffrir pour les deux êtres qu’il aimait. Après tout, il n’était pas fort, alors pourquoi devait-il soutenir ceux qu’il aimait ? Il était bien trop faible pour cela, n’étais-ce pas plutôt lui qui avait besoin d’une épaule pour se reposer ? La vie ne lui avait jamais fait de cadeau, et ce qu’elle était en train de lui faire vivre, était de trop. Il avait mal, tellement mal. Il aurait aimé que tout cela ne soit qu’un rêve et que tout allait cesser au moment où il allait ouvrir les yeux. Mai il savait parfaitement que tout cela était la réalité.

La seule force qui aurait pu l’aider à poursuivre sa route et à soutenir Raphaël était l’amour qu’il lui portait. Mais si cet amour était dès lors impossible et rejeté, comme pourrait-il avancer de nouveau ? Comment pourrait-il être fort pour deux, s’il ne pouvait déjà pas l’être pour un ? C’était bien simple, s’il perdait définitivement Raphaël, il se perdait définitivement lui même.

Le regard de contentement et de supériorité que Asiel lui lançait était insoutenable. Il prenait un malin plaisir à le voir ramper à ses pieds et il ne pouvait en supporter davantage. Daevlyn avait l’impression de se faire mettre à nu face au regard accusateur et brillant de sadisme de ces prunelles noires. Il se leva et sortit précipitamment de la chambre, sans un regard en arrière, sentant dans son dos le regard satisfait d’Asiel. Ce qui se passait à cet instant le dépassait complètement. Il traversa les couloirs d’un pas rapide afin d’aller prendre l’air dans le parc qui entourait le bâtiment. Il avait besoin de réfléchir à tout ceci.

Que se passait-il ? Venait-il de découvrir le plus profond secret de Raphaël ? Sa fragilité mentale était telle qu’il souffrait d’un dédoublement de personnalité… Que faire ? Comment surmonter cela, si à chaque fois que Raphaël n’était plus, il devait supporter ce Asiel. La force de son amour était elle assez puissante pour aimer une personne divisée en deux ?

Aimer Raphaël signifiait obligatoirement aimer Asiel puisqu’il étaient tous deux la même personne. Choisir Raphaël, c’était prendre Asiel obligatoirement.

Jamais Daevlyn ne s’était sentit aussi jugé de toute sa vie sous un simple regard. Il avait l’impression d’être mis à nu à chaque instant. Asiel ne lui laisserait passer aucune erreur et ne le manquerait pas s’il en faisait une. Il venait d’avoir la démonstration de la punition qu’il recevrait alors. Mais était-il vraiment pleinement responsable de la tentative de suicide de Raphaël. N’avait il pas été juste le facteur déclencheur de tout cela ?

Daevlyn ne parvenait à penser comme il fallait. Son esprit était totalement confus, et il passait sans cesse d’une idée à l’autre. Il ne réalisait encore pas tout à fait ce qui venait de se passer.

Il inspira une grande bouffée d’air, profitant de l’air frais de l’extérieur, aspirant à un autre monde. Tout devenait bien trop complexe. Au lieu de divaguer à l’extérieur, Daevlyn préféra retourner dans la chambre de Raphaël, il avait besoin de lui. Il fallait qu’il parle plus paisiblement. Il fallait que Raphaël revienne. Il ne pouvait le laisser ainsi. La gorge serrée il fit marche arrière et se retrouva devant sa chambre. Il ne réfléchit pas trop avant de rentrer, sachant que s’il commençait, il se dégonflerait. Seulement, lorsqu’il rentra, il vit les rideaux fermés. Pensant qu’il était en train de dormir, il allait faire demi-tour, ne voulant surtout pas déranger son sommeil. Mais alors qu’il allait partir, un gémissement le retint.

- Daevlyn…

Ce n’était pas la voix qu’il avait entendu précédemment. Cette voix ressemblait plus à celle de :

- Raphaël…

Daevlyn se précipita au chevet de l’adolescent et doucement, afin de ne pas lui faire mal, il lui prit la main.

- Raphaël… tu vas bien ? Je suis tellement soulagé… J’ai eu tellement peur…

Il était enfin revenu. Raphaël était là. Il ne peut décrire la joie et le soulagement qui l’envahi. Sa gorge se desserra, il était à deux doigt de relâcher toute cette pression et de se mettre à pleurer… Ses larmes qu’il avait retenu jusqu’alors. Mais à sa grande stupéfaction, Raphaël le fit taire d’un baiser, l’empêchant de faire quoi que ce soit.

Il l’embrassa comme jamais il ne l’avait fait, avec passion, fougue et violence. Bien que surprit par l’audace dont faisait preuve l’adolescent, Daevlyn se laissa aller et bientôt leur langues engageaient un combat acharné afin de déterminer de qui d’entre eux aurait le dessus. Daevlyn se sentait envahi d’un sentiment nouveau.

Pourquoi ne remarqua t-il pas immédiatement de la supercherie d’Asiel ? Peut être parce qu’il avait toujours espérer secrètement que Raphaël l’embrasse ainsi. Pourtant ce baiser, n’avait plus rien d’un baiser d’amour. Chacun voulait sentir l’autre plus près toujours plus près jusqu’à consumé l’autre complètement, afin de l’annihilé.

Ce baiser était proche d’un baiser vampirique, car tous deux tentaient de consumer l’essence de l’autre. Les lèvres se mordaient, les dents s’entrechoquaient dans un baiser bestial et dépourvu de tous sentiments. Ce n’était plus que passion à l’état pur, le désir de l’autre se consumant dans ce ballet infernal de leur langue les poussant tout deux à chaque instant à vouloir aller plus loin… Toujours plus loin. Bientôt Daevlyn sentit la main de Raphaël se glisser sous son t-shirt. Ce n’était plus la main timide qui parcourait son torse, mais une main experte partant à la conquête du nouveau territoire qu’elle venait d’envahir.  Daevlyn n’aurait sut dire pourquoi, mais il se sentait vivre sous cette main.

Les battements de son cœur s’accéléraient, il était comme hypnotisé sous la totale influence sensuelle que Raphaël avait sur lui. Jamais il n’avait était touché avec autant d’érotisme. Il n’aurait pu imaginer un seul instant ressentir tout cela sous de simples caresses. Il était comme dans un état second.

Tout son corps était brûlant de désir. Ce n’était pas la douce chaleur habituelle qui l’envahissait normalement, c’était la chaleur si particulière du désir à l’état pur et de l’ardeur sexuelle dont Raphaël faisait preuve.

Le voir si entreprenant l’excitait grandement, même s’il avait du mal à se l’avouer. Et ils n’en étaient encore qu’au baiser… Comme si Raphaël avait comprit les pensées plus pariculières que Daevlyn avait alors à cette instant, il fit doucement glisser sa main en direction de son entrejambe. Daevlyn était d’abord surprit par ce geste. Raphaël le touchait, le caresser l’embrasser comme il le désirait lui. C’était comme s’il lisait dans ses pensées les plus impénétrables. Tout ce qu’il avait secrètement rêver que Raphaël lui fasse se produisait à cet instant. Cependant lorsqu’il sentit la main de Raphaël tenter de s’infiltrer dans son jean, il revint brusquement à la réalité et s’écarta sans ménagement du jeune garçon. Quel imbécile, à cause de ses pulsions, il avait failli commettre l’irréparable.

Avec une colère contenue, il déclara :

- Tu n’es pas Raphaël !

Un rire moqueur à la limite de la folie lui répondit. Un frisson glacé parcourut l’échine de Daevlyn. Il se leva et alla ouvrir les rideaux, comme pour s’assurer de son intuition. Quand il se retourna, il dut se retenir de défaillir. Jamais il n’aurait imaginé un tel instant voir Raphaël ainsi dans sa vie. La première chose qui attira son attention fut le vêtement d’hôpital trop grand découvrant un épaule fine et délicate d’un pâleur maladive qu’il caressait quelques minutes auparavant sans aucune pudeur. Q’avait-il fait ? Comment Raphaël avait vécu cela ?

Ce qui le troubla le plus, c’était la pose lascive et sensuelle qu’avait prit l’adolescent, n’appelant qu’à une seule chose. Comment ne pas être attiré par un tel être ? Il incarnait la tentation à l’état pure. Mais plus pour Daevlyn, car voir le corps de Raphaël d’habitude si timide et réservé dans une telle position , le perturba profondément. C’était comme s’il bafouait l’essence même de Raphaël.  Mais même s’il savait que ce n’était que le corps de Raphaël et non son esprit, il semblait avoir beaucoup de mal à assimiler ce qu’il voyait. Tout cela semblait si… irréel.

Accoudé aux coussins qui lui servaient d’oreiller, les jambes écartées en une position plus que suggestive, Asiel le regardait, un sourire pervers étirant le coin de ses lèvres. Ses mains glissaient le long de son corps, comme le feraient celles d’un amant. Daevlyn dégluti devant ce spectacle qui en devenait presque écœurant. Comment quelqu’un qui se disait protéger Raphaël pouvait lui faire cela ? Daevlyn était en plein confusion. Il ne savait plus vraiment que penser.

Ce fut la voix froide et acerbe d’Asiel qui le ramena à la réalité :

- Pourquoi t’es-tu arrêté ? C’est pourtant bien ce que tu voulais depuis le début non ?

Son sang ne fit qu’un tour, et une haine profonde l’envahis. Sans vraiment réfléchir, il lança :

- Arrêtes ça tout de suite !! cria Daevlyn. Comment peux-tu oser jouer avec ce corps qui ne t’appartient pas ? N’as-tu donc aucune honte ?

- Tu me parles de honte ? Toi ? Laisses moi rire veux-tu !! Tu ne t’es pas gêné pour profiter de Raphaël et tu oses me parler de honte ?

Encore une fois, ce Asiel le déstabilisait totalement. Il avait le don de semer le trouble en son esprit, et le faisait même douter de lui-même.  L’adulte ne supportait pas qu’Asiel prenne ainsi le dessus sur lui. Mais il ne put que bredouiller difficilement tenta de se défendre du mieux qu’il pouvait :

- Je… Je n’ai pas profité de Raphaël… je… je l’aime…

- Tiens ! Tu as perdu ta belle assurance on dirait ! Tu es tellement pathétique mon pauvre Daevlyn… Tu me fait pitié…

Cette fois-ci, Asiel ne parvint pas à déstabilisé Daevlyn, au contraire, une rage sourde monta en lui, et il craqua :

- Si c’est comme ça que tu me vois soit ! Mais ne t’avises plus jamais de jouer avec le corps de Raphaël… car vois tu, contrairement à toi, je n’ai pas abusé de lui. Tu te dis être celui qui protège Raphaël, mais il n’en est rien. Tu profites de sa faiblesse pour prendre le dessus sur lui et faire ce que bon te sembles de son corps. Comment crois-tu qu’il aurait réagit si nous étions allé plus loin ? Cria Daevlyn. Comment crois-tu qu’il l’aurait prit ? Pendant que toi tu aurais prit tu plaisir lui l’aurait ressentit comme un viol en plus. Et ça, je ne peux pas l’accepter, termina-t-il plus calmement.

Daevlyn ne prit conscience qu’il pleurait que lorsqu’il sentit les larmes rouler sur ses joues. Sans vraiment réaliser ce qu’il faisait, il attrapa Asiel par les épaules et le secoua vivement :

- Fais revenir Raphaël !

- C’est inutile, il ne veut pas revenir. Je te l’ai déjà dit il me semble !

Mais Daevlyn ne l’écoutait pas. Ses sanglots redoublaient de violence tandis que ses appels se faisaient désespérés :

- Raphaël…. je t’en prie Raphaël…. reviens… je t’aime… reviens moi… Raphaëëëël….

Non, il ne pourrait vivre sans lui, il avait besoin de lui tout comme Raphaël avait besoin de lui.

Il lâcha le corps de Raphaël qui, prit de convulsions, s’effondra dans le lit, et ne pouvant en supporter davantage, il enfoui son visage dans les draps, tout près du corps de l’adolescent. Il aurait voulu fuir, fuir ce monde devenu invivable et emmener avec lui Raphaël.

Mais ne pouvant faire cela, il se contentait de rester près de lui. Il aurait tant aimer faire disparaître Asiel à jamais, mais il faisait partit de Raphaël. C’était une seule et même personne. Aimer l’un, c’était immanquablement accepter l’autre. Mais Raphaël allait-il revenir ?

Après un temps indéterminable, la respiration de l’adolescent redevint calme et régulière et un gémissement semblable à celui d’une bête apeurée résonna dans la chambre.

- Dae… Daevlyn…

L’appelé se redressa brusquement et essuya les larmes qui lui brouillaient la vue avant de reporter son attention sur le corps du jeune garçon. Quand il plongea ses yeux dans les améthystes perdues de Raphaël, il ne put retenir un sanglot. Il était revenu. Pour combien de temps, il s’en moquait, tout ce qui comptait à présent c’était que Raphaël soit de retour. Toute la pression, toute la tension se relâcha d’un coup. Il ne put nommer le sentiment d’apaisement qui l’envahi subitement. Un sourire soulagé apparut sur ses lèvres et il prit le jeune garçon dans ses bras, le serrant contre son cœur en répétant inlassablement les mêmes paroles :

- Tu es revenu… oh mon Dieu c’est bien toi… tu es revenu…

Il faisait cela comme pour se rassurer à chaque instant, il avait besoin de l’avoir tout contre lui. Il avait besoin de se répéter des centaines de fois qu’il était revenu, car il avait lui même du mal à y croire.

Bientôt, il ressentit les bras frêles de Raphaël l’entourer et le serrer tout aussi fort qu’il le faisait. C’était comme s’il était de retour et s’agrippait fermement à Daevlyn pour lui montrer qu’il était là et qu’il n’avait pas l’intention de repartir. Daevlyn sentit alors quelque chose d’humide sur son torse et les soubresauts qui secouaient Raphaël ne laissaient pas place à d’autres suppositions : Raphaël pleurait lui aussi.

Ils restèrent ainsi un long moment tout deux, se reposant l’un sur l’autre, s’épaulant pour se remettre de ce qu’ils  venaient de vivre. Ils savaient pertinemment qu’ils n’en étaient pas ressorti indemnes et qu’ils leur faudrait du temps pour panser tous deux leurs blessures. De plus, une peur sourde venait de naître au creux du ventre de Daevlyn, la peur secrète que Asiel revienne de nouveau, la peur terrifiante d’avoir à l’affronter de nouveau, la crainte qu’il ne revienne à jamais… Il s’en était fallut de peu.

C’est ainsi, dans les bras de Daevlyn, que Raphaël s’endormi.

Daevlyn le déposa lentement sur le lit, prenant garde à ne pas le réveiller. Daevlyn ne doutait pas un seul instant de son état de fatigue et sentait la sienne venir peu à peu. Assis à côté de son lit, la main de Raphaël au creux de la sienne, il veillait consciencieusement sur l’adolescent.

C’est à ce moment là que Sébastien entra dans la chambre.

- Il va mieux ? L’infirmière m’a dit qu’il s’était réveillé et qu’il était tiré d’affaire…

- Oui..

Tiré d’affaire… Daevlyn trouvait dès lors les mots si faibles et si inutiles. C’est pourquoi, il ne répondit rien de plus. Que dire ? Lui révéler sa schizophrénie ? Jamais il ne ferait une telle chose. Cela était bien trop dangereux pour tous deux.

- On va devoir le ramener. On ne peut le laisser plus longtemps à l’extérieur de l’établissement. On m’a transmis tous les soins que tu devras lui fournir en plus d’une surveillance continue. Tu ne le laisseras plus un seul instant seul tu m’as bien compris. Lorsque l’on sera rentré, tu iras te reposer. Je ne tolèrerais aucun refus, tu as besoin de sommeil, sinon tu ne pourra accomplir ta tache comme il faut. Je te laisserai ensuite quartier libre avec l’adolescent, mais si j’apprends qu’il s’est fait du mal de nouveau ou s’il fait un pas de travers, je m’occuperais de son cas personnellement.

Une ambulance les ramenèrent tous trois dans l’établissement, installant avec une grande précaution Raphaël dans sa chambre qui ne s’était toujours pas réveiller. Puis Sébastien envoya Daevlyn dans sa chambre. A peine arrivé dans celle-ci, il s’allongea sur son lit et s’endormi presque immédiatement.

Ce fut seulement après de longues heures de repos, que Daevlyn émergea enfin de son sommeil plus que réparateur. Pour une fois, il n’avait fait aucun rêve, ni même aucun cauchemar. Son sommeil n’avait eut d’autre fonction que de le reposer. Rares étaient les fois ou il avait pu dormir ainsi. Et ne penser plus à rien avait était plus reposant qu’il ne le pensait.

Presque instinctivement il se dirigea vers sa salle de bain. Après une douche rapide, il se rendit directement dans la chambre de Raphaël, où il le trouva éveillé, plaqué contre le mur, la tête baissée. A quelques mètres de lui, se trouvait Sébastien, patiemment assis sur sa chaise, les bras croisés. Ayant subitement peur de ce qui avait pu se passer, il demanda :

- Qu’est que tu lui as fait Sébastien ?

Semblant avoir entendu la voix de Daevlyn, Raphaël redressa la tête et lui lança un regard semblable à celui d’un appel à l’aide.

- Rien de particulier. Je me suis assis là, et j’ai attendu qu’il se réveille, chose qu’il a finit par faire. Dès qu’il a ouvert les yeux il a prononcé ton nom, et quand il m’a vu, il s’est plaqué contre le mur et n’a pas bougé, comme si j’étais une menace pour lui. J’ai tenté de lui parler, de le raisonner sur ce qu’il a fait, mais rien n’y a fait. Le pire était le cri qu’il a poussé lorsque je l’ai approché en lui disant de me tendre son bras pour le soigner. Franchement, je me demande ce qu’il se passe entre vous deux, pour qu’il soit si différent avec toi.

Daevlyn remercia la pénombre de la pièce qui cacha le léger rougissement de ses joues à cet instant.

- Bon, puisque tu t’es reposé, je te laisse reprendre ton travail…

Sébastien s’en alla sur ces mots. Daevlyn s’approcha alors lentement du lit, ne sachant pas vraiment quoi faire.

Raphaël se jeta alors dans ses bras, soulagé d’être enfin de nouveau seul avec son moniteur. Daevlyn prit un grande inspiration, respirant l’odeur si particulière de l’adolescent. Il aurait voulut faire plus que le serrer dans ses bras, l’embrasser de nouveaux, mais les paroles de Asiel lui revinrent alors en mémoire, le bloquant indirectement.

Se rappelant de ses obligations et de ce qu’avait dit Sébastien, Daevlyn demanda alors à Raphaël :

- Peux-tu me montrer ton bras ? Il faut te soigner et changer tes pansements.

Raphaël s’assit à côté de Daevlyn et posa non sans une certaine gêne son bras sur les genoux de Daevlyn.

Daevlyn avait parfaitement conscience de la honte que devait ressentir Raphaël à montrer son bras, c’est pourquoi, avec une lenteur calculée, il remonta la manche de Raphaël, et enleva délicatement ses pansements. S’il avait pu rester indifférent aux mutilations la première fois qu’il les avait vu, cette fois-ci, il en fut bien incapable.

Les larmes lui montrèrent directement aux yeux. La vue de cette chair déchiquetée avec tant de ferveur lui soulevait le cœur. Il ne comprenait pas comment Raphaël avait pu s’infliger ça lui-même… Souffrait-il à ce point ? Asiel avait-il finalement raison ? Daevlyn sombra une nouvelle fois dans un trouble total. Il ne put se retenir de lever les yeux vers Raphaël, qui une fois de plus avait la tête baissée, ne voulant pas voir la réaction de l’adulte à la vue de son bras.

Daevlyn prononça un simple mot… Un simple mot qui fit redresser la tête de Raphaël et qui lui lança un regard de détresse et d’effroi.

- Pourquoi ?

Raphaël eut d’abord un hoquet de surprise, avant de baisser de nouveau les yeux pour révéler la vérité. Il semblait réfléchir afin de peser ses mots et ne pas blesser Daevlyn et finit par répondre simplement :

- Pour être heureux…

Daevlyn se sentit soudain très mal. Il ne savait plus vraiment où se mettre, que faire, ni que dire… Pourtant, une question qui lui brûlait les lèvres depuis sa rencontre avec Asiel sortie de sa bouche presque inconsciemment :

- Est ce que tu pensais ce que m’a dit Asiel ?

Il tressaillit à sa propre demande, soudainement effrayé par ce qu’elle pouvait entraîner. Le silence qui suivit cette question lui paraissait interminable. Il se maudit inlassablement de l’avoir posée, jusqu’à ce que la faible voix de Raphaël résonna dans la pièce.

- Je pensais ce qu’il t’a dit, mais je ne pensais pas qu’il irait aussi loin dans ses propos. Je…  j’ai eu mal à cause de toi, c’est indéniable, mais aussi à cause de moi. Tu n’es pas le seul fautif. C’est moi qui me suis… Ce n’est pas toi.

Daevlyn resta silencieux. Il n’avait rien à ajouter à cela. , c’était de sa faute… Mais la façon dont Raphaël avait de lui dire, était beaucoup plus facile à entendre que celle d’Asiel. Après tout, Asiel n’avait fait que lui dire la vérité, en choisissant les mots parfaitement appropriés et Raphaël n’avait fait que les atténuer. Ce fut au tour de Raphaël de poser une question qui laissa Daevlyn interdit :

- Est ce que tu peux toujours dire que tu m’aimes, maintenant que… Asiel… Je…

Les yeux de Raphaël s’embuèrent. Daevlyn n’hésita pas une seconde cette fois-ci à réagir. Il s’approcha un peu plus de lui et le serra dans ses bras. Il lui murmura alors d’une voix très particulière :

- Rien ne pourra entraver l’amour que je te porte Raphaël, rien ni personne, ni même Asiel.

Des mots… Encore des mots… C’est ce que devait penser Raphaël. Lui même n’était pas sur de ce qu’il venait de dire. Mais comme pour s’assurer de ceux-ci en même temps que Raphaël, il le repoussa un peu, de manière à avoir son visage en face du sien et pris timidement possession de ses lèvres.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:46 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

Laisser une réponse

Vous devez être identifié pour écrire un commentaire.