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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 7

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 7 écrit par Shinigami

Raphaël ouvrit brusquement les yeux. Un bruit sourd provenant du couloir l’avait sortit en sursaut d’un sommeil léger. Intrigué, il se leva prestement de son lit et se précipita hors de sa chambre. Alors qu’il sortait de la pièce, il vit Daevlyn arriver sur lui. Il ne semblait ne pas l’avoir remarqué. Raphaël n’eut pas le temps d’esquiver que l’adulte le bouscula. Surpris et effrayé par le comportement de l’adulte, il le repoussa aussi loin que lui permettait ses maigres forces tout en criant de surprise.

En voyant Daevlyn s’enfuir en courant, Raphaël fut partagé entre le soulagement, la surprise et la peur. Soulagé car apparemment, son moniteur n’avait pas eut  la réelle intention de le toucher, mais que part un concours de circonstance, Raphaël s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. La surprise car il était certain de n’avoir pas rêver… il avait bel et bien vu des larmes ruisseler sur les joues de l’adulte, et cela l’avait fait paniquer.

Que s’était il passé pour que Daevlyn soit dans un tel état de terreur ? N’était il pas sensé être celui qui le protégeait, celui qui prenait soin de lui ?

Ébranlé par la scène à laquelle il venait d’assister, Raphaël se tenait immobile dans le couloir, les yeux toujours rivés dans la direction ou il avait vu disparaître son moniteur.

Un combat intérieur s’était déclanché en lui. Devait il partir à la poursuite de Daevlyn ou bien le laisser seul ? Après un long conflit intérieur, il décida à contre cœur, de retourner dans sa chambre.

Assit dans son lit, les genoux remonter contre sa poitrine, il songeait à son attitude. Il aurait tellement aimé l’aider, comme lui le faisait si souvent. Mais que pouvait il bien faire ? Lui, un gamin qui ne parlait pas, qui refusait tout contact avec les humains et qui baissait les yeux dès qu’on lui adressait la parole. Non, même s’il le voulait, il ne lui serait d’aucune utilité. Rien ne lui affirmait que Daevlyn ait envie de le voir. Qui pourrait avoir envie de voir un gamin faible et  craintif comme lui ?

Sans qu’il ne s’en rende compte, des larmes silencieuses se mirent à couler le long de ses joues pâles.  Lorsqu’il sentit une goutte d’eau se perdre sur sa main, il la regarda avec stupéfaction.

«  Je… pleure ? J’ai l’impression de ne faire que ça depuis que je suis arrivé… »

Pour la énième fois, il revoyait le dernier regard que Daevlyn lui avait lancé avant de s’enfuir.

Il finit par s’endormir, d’un sommeil agité.

La pièce était plongée dans le noir. Un faible halo de lumière provenant de la pièce voisine filtrait de dessous la porte. Une voix caverneuse chantait faux sur l’air d’une vieille chanson des années 60. Aucun doute que l’homme avait bu.

Entouré par les ténèbres, Raphaël se terrait dans l’un des angles de la pièce. Il ne savait pas depuis combien de temps il était enfermé. Il avait perdu toute notion du temps. Les crampes de son estomac le fit se tordre de douleur. Depuis combien de temps n’avait il pas manger ? Vingt quatre… Quarante huit heure… peut être plus ? Il n’en savait rien…

Soudain, les beuglements de l’homme cessèrent. Raphaël retint sa respiration, tentant de calmer les battements endiablés de son cœur. Plus aucun son ne parvenait de la pièce voisine. Soulagé, Raphaël soupira longuement.

La porte s’ouvrit alors brusquement, et Raphaël se terra un peu plus contre le mur, les yeux écarquillés de terreur tandis que l’homme s’avançait lentement vers lui.

L’homme à la carrure imposante partit dans un rire tonitruant, faisant claquer dans sa main, un objet que Raphaël ne connaissait que trop bien…

Raphaël ouvrit subitement les yeux. Il s’assit brusquement, regardant à gauche puis à droite, puis soupira bruyamment, en essuyant la sueur qui coulait sur ses tempes.

« Ce n’était qu’un cauchemar… »

Soudain, des pas se firent entendre dans le couloir et une porte s’ouvrit avant de se refermer. Raphaël jeta un coup d’œil à son réveil qui indiquait 3:30.

« Daevlyn à dû rentrer… je me demande ou il était jusqu’à présent… »

L’adolescent se calla contre le mur, le regard perdu dans le vide, il se refusait à se laisser aller à la fatigue, de peur d’être en proie à de nouveaux cauchemars.

Quand les première lueurs de l’aube firent leur apparition, Raphaël se leva, prit son nécessaire de douche, et traversa le couloir à pas furtifs.

Après avoir vérifié que personne ne l’observait, il entra dans les douches. Comme la veille, il se lava rapidement sans s’attarder plus que ça en ces lieux qui ne le rassuraient guère. Raphaël détestait cette sensation d’être exposé sans défense face au monde extérieur. Le fait que sa nudité puisse montrer à tous les marques hideuses qui recouvraient la quasi-totalité de son corps, ne faisait que renforcer cette impression de faiblesse.

Malgré le fait qu’il ne supportait la pas vue de son corps, Raphaël en prenait soin. Lui-même ne comprenait pas un tel raisonnement. Il ne supportait tout simplement, pas la vue des quelques poils qui parsemaient son corps aux endroits stratégiques. Seul son torse était imberbe de nature, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

Une fois fait, il s’habilla comme à son habitude, de ses éternelles vêtements noirs qui ne laissaient paraître aucune parcelle de son corps.

Il se regarda une dernière fois dans le miroir et satisfait de l’image qu’il renvoyait, il regagna sa chambre.

Il allongea sur le sol, et extirpa de sous son lit, ce qu’il y avait caché la veille, lorsque Daevlyn était entré dans la pièce.

Après quoi, il alla s’asseoir sous la fenêtre par laquelle filtrait les premiers rayons du soleil et commença à dessiner. Il fit une esquisse rapide de Diamond Dust qu’il retoucha patiemment jusqu’à ce qu’il soit relativement satisfait du résultat.

Il reposa son carnet de croquis sous son lit et, entendant de l’agitation provenant du couloir, il entrouvrit la porte au moment ou Daevlyn s’apprêtait à frapper.

Le voyant ainsi, à seulement quelques centimètres de lui, Raphaël eut un hoquet de surprise et sursauta violement. Il fit deux pas en arrière, les yeux rivés sur le sol, tandis que Daevlyn lui dit d’une voie enjouée :

- J’étais venu voir si tu étais réveillé, et j’ai ma réponse ! Le petit déjeuné va être servi. Tu viens ?

Raphaël jeta un dernier coup d’œil dans sa chambre pour voir s’il n’avait rien oublié, puis se rendit au réfectoire en compagnie de Daevlyn.

Raphaël n’osait pas le regarder. Les souvenirs de cette nuit refaisant surface, à chaque fois qu’il posait les yeux sur lui.

Daevlyn sembla sentir le trouble de l’adolescent car il déclara :

- Tu sais Raphaël, nous avons tous nos démons intérieurs, même moi… et parfois, il arrive qu’ils refassent surface… Je suis désolé de t’avoir effrayé…

Raphaël hocha la tête pour lui montrer qu’il comprenait parfaitement ses paroles et qu’il ne lui en voulait pas.

Daevlyn lui adressa un sourire de reconnaissance et ils se séparèrent pour aller prendre leur petit déjeuner.

Quelques minutes plus tard, Raphaël partait attendre son moniteur dans le hall.

Une vingtaine de minutes plus tard, tous les adolescents et les moniteurs étaient rassemblés dans le hall.

Daevlyn prit alors la parole.

- Chaque dimanche, une randonnée sera effectuée. Pour les premières fois, nous partirons à pieds, puis quand vous aurez atteint un certain niveau, nous irons à cheval. Nous partirons demain sur les coups de 8:30 et nous pique-niquerons au bord de la rivière ou vous pourrez vous baigner. Nous rentrerons au ranch pour l’heure du repas. C’est pourquoi nous vous lâcherons une heure plus tôt aujourd’hui. Je vous souhaite de passer une bonne journée.

Sur cette dernière phrase, chaque groupe alla rejoindre son moniteur.

En silence, ils allèrent prendre le licol de leur cheval respectif puis se dirigèrent vers le parc. Comme les autres matins, Raphaël salua Diamond Dust avant de lui passer le licol.

Lorsque les chevaux furent attachés, Raphaël parti chercher la caisse qui contenait les brosses. Il revient un instant plus tard, et saisissant une étrille en fer, il alla panser son cheval.

Un oiseau s’envola non loin de là, dans un bruissement d’aile qui effraya l’animal. Ce dernier fit un écart et marcha sur le pied de Raphaël qui, sous la douleur, lâcha la brosse qui tomba sur le sol.

Intrigué par la soudaine agitation dans son dos, Daevlyn se retourna afin de voir ce qu’il se passait.

Ses yeux se posèrent sur Raphaël. Les yeux écarquillés et la bouche entrouverte d’où s’échappait un faible gémissement, le visage de l’adolescent reflétait la souffrance à l’état pur.

- Raphaël ?

L’adolescent le regardait dans les yeux, mais n’eut aucune réaction.

- Raphaël ? Que ce passe t’il ? Demanda l’adulte d’une voix qui trahissait une grande inquiétude.

L’interpellé sembla revenir à la réalité et baissa les yeux. Daevlyn en fit de même et compris la raison de l’expression du jeune garçon. Il se précipita aussi vite que possible vers l’animal qui, effrayé par l’attitude de l’adulte, recula de quelques pas, libérant ainsi le pied de Raphaël. Ce dernier s’écarta rapidement mais un gémissement de douleur s’échappa de ses lèvres lorsqu’il posa son pied par terre.

- Viens par là, déclara Daevlyn, assied toi et enlève ta chaussure, je reviens.

Raphaël obéit à l’adulte qui revient avec un tube de pommade qu’il déposa près de lui.

- C’est de l’arnica, cela soulagera la douleur.

Le jeune garçon le remercia du regard puis enleva sa chaussette et massa son pied avec la crème.

- C’est la surprise qui t’as empêcher de repousser Diamond Dust ? Demanda l’adulte en le regardant faire.

Ne comprenant pas ou il voulait en venir, Raphaël lui lança un regard interrogateur et Daevlyn ajouta :

- Quand un cheval te marche sur le pied ou te bouscule, il ne faut pas avoir peur de le pousser. Si cela ne suffit pas, tu peux lui mettre une petite claque sur la croupe.

Raphaël hocha la tête en signe de compréhension puis remit sa chaussette et sa chaussure avant de se relever.

- Ça va mieux ? Lui demanda l’adulte.

Raphaël lui fit signe que oui et retourna finir de brosser son cheval tandis que Daevlyn partait ranger la crème. Il revient et posa le matériel de Diamond Dust dans l’herbe avant de retourner chercher celui de son cheval.

Raphaël sella son cheval et lui mit le filet, sous le regard attentif de Daevlyn.

- Impeccable. Je te laisse aller te choisir une bombe à ta taille, déclara l’adulte.

Une fois que Raphaël fut revenu, il ajouta :

- Très bien, maintenant, tu vas emmener ton cheval jusqu’au rond de long que tu vois là bas. Tu fais exactement comme quand tu le ramène du pré. Passe les rênes par-dessus la tête, et marche devant lui. Je te suis.

Raphaël emmena son cheval là ou le lui avait indiqué son moniteur qui le suivit.

Ils rentrèrent dans le rond de longe et Daevlyn le referma derrière lui pour ensuite se placer au milieu du rond, près de l’adolescent.

- Ça va ? Si il y a le moindre problème fais le moi savoir d’accord ?

Le jeune garçon acquiesça silencieusement.

- Certains dises qu’il est préférable de monter à gauche car le cheval est habitué ainsi. Je ne suis pas d’accord. Avec Diamond Dust, tu peux monter à gauche ou à droite, c’est comme tu préfères. Admettons que tu montes par la droite. Tu mets ton pied droit dans l‘étrier, puis, tu tiens le pommeau avec ta main droite, et le siège avec l’autre main. Ensuite, tu pousses sur tes jambes, et tu t’assoies délicatement.

Raphaël adressa un regard un peu inquiet à Daevlyn et suivant les indications de son moniteur personnel, il enfourcha sa monture. Celle-ci sembla sentir la crainte de l’adolescent car il ne bougea pas, attentif à ce qui se passait autour de lui.

Malgré quelques petites hésitations, Raphaël apprenait très vite. Au bout d’une longue heure, Daevlyn mit fin à la leçon et ils partirent manger après avoir ramené Diamond Dust auprès de Waterfalls.

Raphaël toucha à peine la nourriture qu’il avait devant lui, si bien, qu’il ressortit très vite du réfectoire. N’ayant aucune envie de se retrouver avec la mégère de la bibliothèque, il regarda autour de lui. Il repéra un coin tranquille à l’ombre des arbres et s’y dirigea.

Une fois arrivé, il se laissa glisser au pied de l’arbre et s’allongea en position fœtale. Il ferma les yeux et finit par s’endormir, quelques secondes plus tard.

Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’un groupe d’ados l’avait suivit discrètement. Lorsqu’ils le virent fermer les yeux, ils se regardèrent et se mirent à glousser.

- Putain je peux pas me voir ce mec ! Siffla celui qui paraissait être le chef. Avec ses airs de sainte et ses yeux de chien battu, il me gonfle. Venez, on va lui jouer un tour qu’il ne sera pas près d’oublier ! Ajouta t-il en lançant un regard malsain à l’adolescent endormit un peu plus loin.

Il se séparèrent et entreprirent d’encercler l’arbre au pied duquel se trouvait le jeune garçon. Lorsqu’ils se trouvèrent à quelques dizaines de centimètres de Raphaël, ils se mirent à faire des bruits bizarres afin de le réveiller. Chose qui ne tarda pas à arriver.

Lorsqu’il le vit ouvrir les yeux, Steven s‘exclama :

- Et ben alors on joue à la Belle au bois dormant ! Railla-t-il en lui tirant violement les cheveux tandis que les autres avançaient les mains pour le toucher.

Les yeux agrandis de terreur, Raphaël se bouina un peu plus contre l’arbre, ramenant ses genoux contre son torse. Terrorisé, il ferma les yeux et se mit à hurler.

Steven se leva et lui envoya un coup de pied dans les côtes. Amusés, les trois autre gamins l’imitèrent en riant tandis que Raphaël hurlait toujours, les larmes inondant son visage.

Soudain, une voix retentit derrière leur dos et les coups cessèrent de pleuvoir.

- Je peux savoir à quoi vous jouez ? Demanda une voix plus froide que la calotte polaire.

Puis sans attendre de réponse, il explosa :

- Mais vous êtes vraiment con ou vous le faites exprès ? hurla Daevlyn en empoignant Steven par le col et en l’envoyant bouler plus loin. Ça tiendrait qu’à moi, je t’en foutrais des baffes ! Dégagez de là ! Je ne veux plus vous voir ! Je vous tiendrais au courant de votre punition.

- Mais… tenta de s’expliquer l’un des adolescents.

- Je ne veux rien entendre !! hurla Daevlyn, vous dégager ! Est-ce clair ?

Puis sans attendre, il se tourna vers Raphaël et s’approcha de lui lentement, tout en lui parlant d’une voix douce, qui se voulait rassurante.

Arrivé à un mètre cinquante de lui, il s’accroupi pour être à sa hauteur sans rien tenter d’autre. Il ne souhaitait pas braquer l’adolescent plus qu’il ne l’était déjà. Patiemment, il attendit qu’il se calme.

Épuisé par ses larmes, l’adolescent fini par sombrer dans un sommeil léger et agité de cauchemars. Lorsqu’il se réveilla, il ne sut pas ou il était, puis, les évènements récents lui revinrent en mémoire. Il eut un réflexe de protection, mais une voix qu’il reconnaîtrait parmi des dizaines d’autres, s’éleva à côté de lui. Rassuré par la présence de Daevlyn, Raphaël se détendit partiellement.

Un long silence s’en suivit, ou Raphaël n’osait pas regarder Daevlyn. Il avait honte… tellement honte de son comportement, de cette peur démentielle du contact humain. Il se trouvait lamentable, et n’osait pas affronter le regard de Daevlyn, de peur d’y lire une quelconque déception, de la moquerie, ou pire, de la pitié.

Au bout d’un moment, Daevlyn prit la parole :

- Que veux tu faire ? Sachant qu’il reste deux heures avant le repas du soir, je te propose deux solutions. Reprendre la leçon ou nous l’avons laissée toute à l’heure, ou bien desseller Diamond Dust, le rentrer au pré et te laisser quartier libre jusqu’au repas. Tu as l’air fatigué, un peu de repos te ferais du bien. Qu’est-ce que tu en dis ?

Raphaël lui fit comprendre qu’il préférait la deuxième solution. Daevlyn lui adressa un sourire comme quoi il approuvait son choix, et ils se rendirent auprès de Diamond Dust. Les voyant arriver, celui-ci émit un long hennissement et Daevlyn éclata de rire devant le reproche que semblait leur faire l’animal.

Une fois les chevaux au parc, Raphaël alla prendre une douche brûlante, sous laquelle il resta plus longtemps qu’à l’accoutumé, profitant de la chaleur bienfaitrice de l’eau ruisselant sur son corps douloureux.

Une fois propre, il retourna dans sa chambre et se laissa tomber sur son lit. Il se mit en boule et s’endormi quelques minutes plus tard.

- …aël… Raphaël…

L’interpellé ouvrit difficilement les yeux pour les refermer immédiatement sous l’afflux trop intense de lumière.

Après un moment d’adaptation, il les ré-ouvrit pour découvrit Daevlyn, accroupi à une distance raisonnable de son lit.

- C’est l’heure d’aller manger, chuchota l’adulte tandis que Raphaël émergeait lentement d’un profond sommeil.

Après un rapide grignotage,  Raphaël retourna directement dans sa chambre. A peine couché, il se rendormit immédiatement et ne se réveilla que le lendemain matin.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:26 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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