10
mai

Once in a lifetime - chapitre 06

   Ecrit par : admin   in Once in a life time

 

 

Chapitre 06 

par Shinigami 

Alors que nous nous appretions à entrer dans la chambre d’Hayden, je remarquais immédiatement la présence des officiers en uniforme. Me tournant vers Julien, je vis que lui aussi l’avait remarqué et nous échangeâmes un regard paniqué. Cependant, au fond de moi, je savais ce que je devais faire. Il n’y avait pas d’autres solutions… Et je ne voulais pas qu’il arrive quoi que ce soit à Hayden… Prenant mon courage à deux mains, j’ouvris alors la porte. Aussitôt, tous les regards convergèrent vers moi et je vis Hayden pâlir brusquement alors qu’un officier se tournait vers lui :
- Je crois bien que si…
Puis, sans plus prêter d’attention à Hayden, il se tourna vers moi en même temps que son coéquipier. J’eu tout juste le temps d’adresser à Hayden un regard empli d’excuses, mais celui-ci sembla ne pas le voir.
- Vous voilà enfin jeune homme ! Déclara le plus âgé des deux policiers. Vous n’avez pas été difficile à trouver ! Reprit-il froidement.
A ces mots, je ne pus m’empêcher de baiser les yeux. Je n’arrivais pas à parler. L’émotion me nouait la gorge et ce n’était certainement pas celle que tout le monde semblait penser. Pourquoi Hayden me regardait-il de cette manière ? Pensait-il que je l’avais trahi ? Pensait-il que j’étais celui qui nous avait dénoncé ? Intérieurement, j’osais espérer que non. Sans que je sache pourquoi, la simple idée qu’il puisse me voir comme quelqu’un qui l’avait trahit me blessait énormément.
- Voilà ce que je vous propose, reprit-il l’officier face à mon silence. Vous nous suivez bien gentiment pour rentrer chez vous et nous oublierons tout sur l’implication des deux hommes ici présents.

Face à la menace à peine voilée, je relevais brusquement la tête, lançant à Hayden un regard empli de terreur. Si je ne voulais pas qu’ils aient des problèmes par la suite, je devais faire ce que l’on m’ordonnait… J’étais coincé… Je n’avais plus le choix… Oh, j’aurai pu refuser, mais qui sait ce qui arriverait à Hayden ? Je ne voulais pas être responsable de quelconques représailles à son encontre.

- Je vous suis, murmurais-je, dans un soupir résigné.
- Bien, vous avez prit la bonne décision. Veuillez nous suivre ! Déclara le second officier qui, jusqu’à maintenant était resté silencieux.
Prenant mon courage à deux mains, je relevais la tête, ne souhaitant pas partir sans une dernière image d’Hayden. Cependant, de peur d’y lire de la déception dans son regard, je ne m’attardais pas. Lui adressant un regard dans lequel j’espèrais qu’il décellerait le pardon que je lui adressais, je quittais la pièce. C’est sans le moindre mot que nous nous fîmes nos adieux…

Durant tout le trajet pour quitter l’hopitâl, je restais muet comme une tombe. Ce n’est que lorsque l’on fut dans la voiture que les deux hommes me demandèrent :

- Dis-nous petit ! Qu’est-ce qui t’as prit de t’enfuir de chez toi, comme ça ?
- Cela ne vous regarde pas, répondis-je d’une voix atone, regardant sans le voir le paysage qui défilait sous mes yeux.

- Pour aller traîner avec ce genre de gars en plus ! C’est pas bien malin ! Les gens comme lui sont pas fréquentables petit ! C’est une chance qu’il ne t’ai rien fait !
- Taisez-vous ! M’exclamais-je alors. Ne parlez pas de lui comme ça ! Vous ne le connaissez pas ! Ajoutais-je, furieux de les entendre dénigrer Hayden.

Surpris par mon éclat de voix, les deux hommes n’osèrent cependant pas contester mon le ton autoritaire sur lequel je m’étais adressé à eux, craignant certainement une quelconque remontrance de la part de mon géniteur si je décidais de me plaindre à lui. Soupirant de tristesse, je reportais mon attention sur le paysage qui défilait sous mes yeux, alors que la voiture m’emmenait à chaque seconde un peu plus loin de l’homme qui avait fait de mes rêves une réalité. Soupirant pour la énième fois, je dus me faire violence pour retenir les larmes qui menaçaient de s’échapper de mes yeux humides. J’avais envie de pleurer et mon coeur se révoltait à l’idée que le rêve puisse prendre fin de cette manière. J’en voulais à la terre entière, maudissant intérieurement mon père et ses foutus principes d’aristocrates. Moi, tout ce que je voyais, c’était cette liberté qu’on m’arrachait… Voilà à peine que je goûtais à cette impression d’être enfin le seul et unique maître de ma vie, à cette liberté dont j’avais tant rêvé, qu’on venait me la reprendre. Comme un oiseau à qui l’ont coupait les ailes après qu’il ait appris à voler… Jamais de ma vie je ne m’étais encore sentis aussi déçu…

Il nous fallu près de trois heures avant d’appercevoir les grilles de ma prison dorée. Lorsque la voiture s’arrêta dans la cours, je descendis et sans un regard pour mes kidnappeurs, je les abandonnais derrière moi, montant
silencieusement les marches du peron. Je me faisais l’effet d’un condamné à mort qui marche vers son bourreau…

D’un pas nonchalant, sans même véritablement regarder ou j’allais, je pris la direction de ma chambre, ignorant toutes les personnes que je croisais sur mon passage. Une fois la porte refermée derrière moi, je me laissais tomber sur mon lit avec un manque flagrant de délicatesse avec une désinvolture qui aurait fait grincer des dents à mon géniteur.
Je n’aurai su dire combien de temps je restais ainsi immobile, le visage enfoui dans mon oreiller. Je n’aurai su dire combien de temps je restais ainsi à ruminer ma rancoeur et ma colère envers l’homme qui me servait de père.

Je fus tiré des mes sombres ruminations par quelques coups discrets frappés à ma porte. Surpris, je ne fis cependant aucun mouvement pour me redresser et d’une voix atone, j’autorisais l’intrus à entrer. Alors que la porte s’ouvrait, j’entendis un hoquet de surprise. Etonné, je me redressais sur mes coudes pour voir la personne qui venait d’entrer et mon regard se posa sur Béatrice, ma femme de chambre.

- Alors c’est vrai ! S’exclama-t-elle, visiblement émue. Vous êtes rentré, Monsieur !

J’avais toujours beaucoup apprécié ma femme de chambre. A peine plus jeune que moi, elle devait avoir une vingtaine d’année et était à mon service depuis près de cinq ans déjà. Dire qu’elle était la personne dont je me sentais le plus proche n’était pas faut. A mon tour, je lui adressais un sourire radieux, vraiment heureux de la revoir. J’imaginais non sans honte la peine qu’elle avait du ressentir à mon départ.
- Bonjour Béatrice, déclarais-je en lui adressant un sourire tendre. Comment vas-tu ?

- Bien ! Répondit-elle en rougissant adorablement. Maintenant que vous êtes rentré, tout va bien. Puis-je me permettre une question Monsieur ? Demanda-t-elle après un court instant d’hésitation.
- Vas-y ! L’autorisais-je, en me redressant, m’asseyant plus convenablement sur mon lit afin de lui faire face.
Malgré ce que pouvais en penser mes parents, je la respectais trop pour ne pas lui accorder un minimum de politesse.
- Pourquoi êtes-vous parti, Monsieur ?
A cette question, je ne pus retenir un soupir d’exaspération, et mésinterprêtant ma réaction, elle s’empressa d’ajouter :

- Je vous prie de me pardonner, Monsieur ! Souffla-t-elle en s’inclinant respectueusement. Je n’aurai pas du vous poser cette question…

D’un signe de la main, je m’empressais de la rassurer, lui adressant un sourire apaisant.

- Ne t’inquiète pas. Ce n’étais pas contre toi…
Lorsqu’elle fut rassurée, je l’invitais à s’asseoir avant de lui répondre. Mal à l’aise, elle finit cependant par accepter et s’installa prudemment sur le fauteuil prêt de ma fenêtre. J’entrepris alors de lui expliquer les raisons de mon départ, m’amusant de ses réactions, lorsque j’en vins à lui parler d’Hayden et de la vie que j’avais vécu auprès de lui pendant ces quelques jours de liberté.
- Comment ce malotru a-t-il pu ainsi traiter quelqu’un de votre rang ? S’exclama-t-elle, horrifié par mon rapport lorsque je lui racontais, sans trop entrer dans les détails, ma vie en pleine nature.
A ces mots, j’éclatais de rire face à l’air outragé qu’elle abordait. Vraiment, il n’y avait pas fille plus adorable dans le monde.
- Excuses-moi Béatrice, me repris-je en la voyant baisser la tête, comme honteuse. Mon intention n’était pas de me moquer de toi ! C’est juste ta réaction qui m’a un peu surpris, lui expliquais-je.

Rassurée, elle m’adressa un petit sourire penaud. Sourire que je lui rendis. L’instant suivant, la porte de ma chambre s’ouvrait avec fracas, laissant apparaître la silhouette imposante de mon père. Aussitôt, Béatrice bondit sur ses pieds, comme prise en faute et s’en fut précipitament, tête baissée, sans un regard pour moi ou mon père.
- Vous l’avez effrayée ! Reprochais-je à mon géniteur, en me levant pour aller me poster à la fenêtre, lui tournant délibérément le dos.
- Depuis quand t’amuses-tu avec tes serviteurs ? Demanda-t-il sans prendre en compte mon reproche.
- S’il vous plait ! Soupirais-je. Veuillez cesser, père ! Laissez donc cette pauvre fille ! Elle n’est peu être qu’une servante, mais elle au moins à un coeur et se soucis de moi ! Fis-je remarquer, acide.
- Mais je me soucis de toi mon fils, rétorqua mon père sans la moindre honte. La preuve, je suis ici…
- Non, répliquais-je, toujours tourné vers l’extérieur. Vous vous souciez de votre réputation, père ! Un père qui se soucie de son fils ne devrait-il pas lui montrer un minimum d’affection et d’intérêt ? Ajoutais-je, cinglant, blessé malgré moi par le manque de considération dont il faisait preuve à mon égard.

Mon père eut la décence de ne pas chercher à me contredire, et même si cela me fit mal, je préférais qu’il en soit ainsi plutôt que de le voir s’enliser dans de vaines excuses hypocrites. Un silence lourd de gêne s’installa entre nous. Ce ne fut qu’après un temps indéterminé que mon géniteur reprit la parole :
- Serais-tu amoureux de cette fille ? Demanda-t-il sur un ton dans lequel je pus y déceler tout son mépris.
A ces mots, je ne pus réprimer un éclat de rire. Me tournant vers mon père, le lui ris ouvertement au visage dans un signe d’irrespect le plus flagrant.
- Veux-tu cesser ! M’ordonna mon père, furieux.
- Je n’ai pas d’ordres à recevoir de vous ! M’exclamais-je à mon tour. Je suis suffisament adulte et responsable pour prendre ma vie en main !
- Adulte ? Responsable ? Répéta mon père en élevant la voix. Laisse-moi en douter ! Vois ou tes débordements nous on conduit, Gwendal ! Tu as amené la honte et le déshonneur sur notre famille ! Tu n’imagines même pas dans quelle état se trouve ta pauvre mère !
- Donnez-lui donc quelques pièces d’or pour lui permettre de s’acheter une nouvelle toilette et la voilà qui retrouvera la santé ! Raillais-je.
- Ne soit pas aussi insolent veux-tu ! S’exclama mon père. A traîner avec ce batard tu en as même pris son absence d’éducation ! Cracha-t-il avec mépris.
- Ne parlez pas d’Hayden comme ça ! M’exclamais-je alors, les mots sortant de ma bouche avant que je prenne entièrement conscience de ce que je venais de dire. Vous ne le connaissez pas ! Ajoutais-je en sentant mes joues s’empourprer.

- Oh mais j’en sais suffisament pour savoir quel genre de personnage il est ! Cracha-t-il avec mépris. Quoi ? Ajouta-t-il en avisant mon expression horrifiée. Croyais-tu que je n’allais pas enquêter sur le kidnappeur de mon fils ? Crois-tu que j’ignore les vices qui le consumment et le pervertissent ? Fils de prostituée et pédéraste ! Tu n’aurais pas pu tomber plus bas…
- Méprisez-le tant que vous voudrez père ! Souffais-je, tentant de ne pas lui montrer la peine qui s’était emparée de moi en l’entendant dénigrer Hayden de cette façon. Il n’empêche que malgré tous ces vices que vous lui repprochez, il n’en reste pas moins bien plus humain que vous…

Mon père resta silencieux et durant l’espace d’un instant, je crus qu’il allait renoncer à me faire entendre raison. Mais mon optimisme s’envola aussitôt lorsqu’il reprit :

- Quoi qu’il en soit, tu épousera Mademoiselle Virginie. J’ai organisé un repas demain soir, durant lequel tu lui présentera tes excuses pour t’être comporté avec elle comme le pire des rustres. Et en fin de semaine, nous annoncerons vos fiancailles aux médias.
- Je ne l’épouserai pas père ! M’exclamais-je. Quel mot dans cette phrase n’avez-vous pas compris ?
- Tu fera ce que je t’ordonne ! Rugit mon père en me gifflant avec une telle force que ma vue se brouilla l’espace d’un instant.
- Vous ne pourrez pas me forcer éternellement père ! Crachais-je, avec mépris, portant une main à ma joue meurtrie.
- Tant que tu sera sous mon toit, le choix ne t’appartient pas ! Tu as des responsabilités envers ta famille !

- Non ! Vous avez tout décidé pour moi ! Depuis que je suis né vous avez fait en sorte de me faire à votre image, aussi parfait que vous l’êtes ! Mais ouvrez les yeux père ! Je ne suis pas comme vous et ne le serais jamais ! Je ne me plierai pas à vos exigences ! Le fait que je me sois enfui ne vous a-t-il donc rien appris ? Ajoutais-je, cinglant. Je ne suis pas votre fils, père… Je suis votre prisonnier !
- Prend le comme tu veux ! Déclara alors mon père en retrouvant son sang froid. Mais sache que, de gré ou de forces, tu épousera cette fille !
Alors que j’allais répliquer, un sourire mauvais vint étirer ses lèvres alors qu’il demandait d’une voix douceureuse :
- Tu ne voudrais pas qu’il arrive malheur à ton nouvel ami, n’est-ce pas, fils ?

Face à cette menace des plus explicites, je ne trouvais rien à répondre.
- Bien, je vois que nous sommes enfin d’accord ! Déclara mon père, visiblement satisfait. Et fait bien attention à toi, Gwendal… Le moindre faux pas de ta part, et tu peux dire “adieu” à ton ami…
Lorsque mon père eut refermé la porte derrière lui, j’abandonnais le masque impénétrable que je m’étais forcé à adopter en sa présence et portant la main à mon coeur, je me laissais tomber plus que je m’assis sur le bord de mon lit, bouleversé par les menaces que mon géniteur avait proférées à l’encontre d’Hayden.
J’étais bel et bien coincé… Quel autre choix avais-je à présent que de lui obéir et accepter ce mariage ? Je ne connaissais pas beaucoup Hayden et malgré notre relation plutôt houleuse, le simple fait de penser que mon père puisse lui faire le moindre mal me rendait malade.
Exténué par cette altercation, je me laissais tomber sur le matelas, ignorant ma joue douloureuse. L’instant suivant, quelques coups discrets furent frappés à ma porte.
- Qui est-ce ? Demandais-je, passablement énervé.
- C’est Béatrice, Monsieur ! Me répondit-elle de sa petite voix.
Me calmant aussitôt, je l’invitais à entrer.
- Verrouille la porte derrière toi, s’il te plait ! Lui demandais-je.
Si elle trouva ma demande plus que surprenante, elle n’en montra rien et s’excécuta sans protester.
- Merci, souris-je. Nous serons plus à l’aise pour parler… Je suis désolé pour tout à l’heure…
- Oh, ce n’est rien ! Déclara-t-elle avec empressement. Depuis qu’il a découvert votre départ précipité, Monsieur le Comte est d’humeur plutôt changeante… Ajouta-t-elle en choisissant ses mots avec précaution.
Reportant son attention sur moi, elle s’exclama alors, horrifiée :
- Monsieur ! Que vous est-il donc arrivé ?
Portant la main à ma joue, je lui adressais un sourire rassurant :
- Rien, ne t’en fait pas…
Elle ne sembla pas me croire, mais eut la décence de ne pas me contredire. Epuisé, je lui demandais alors :
- Pourrais-tu me faire préparer un bain, s’il te plait ? Et informe Patrice que je ne me joindrais pas à mes parents pour le dîner… Je mangerais dans ma chambre…
- Bien, Monsieur, souffla-t-elle en s’inclinant gracieusement.
Alors qu’elle s’apprêtait à partir, je la retins :
- Béatrice ?
- Oui, Monsieur ? Demanda-t-elle, surprise.
- Merci, soufflais-je, simplement en lui adressant un sourire empli de reconnaissance.
Elle ne répondit rien, mais j’eu le temps de voir ses joues prendre une belle teinte carmine avant qu’elle ne s’enfuit précipitament.
Durant les jours qui suivirent, je ne quittais ma chambre que pour le dîner auquel j’avais été forcé de participer. Je dus bien évidemment faire mes excuses à la jeune femme bafouée et bien que je comprenais très bien ses ressentiments, m’excuser ainsi auprès d’elle me coûta énormément. Cependant, n’ayant rien de particulier contre elle, je m’efforçais d’être le plus respectueux possible, gardant toujours en tête les menaces de mon père.
Pour couronner le tout, ma propre mère ne m’adressa pas la parole de toute la semaine et bien que je n’ai jamais été en très bons termes avec elle, cela me fut tout de même douloureux de la voir aussi distante envers moi. Je me sentais affreusement seul et mis à part Béatrice, je n’avais personne à qui parler et me confier. Et cette solitude commençait à me peser sur le coeur. De plus, je ne cessais de penser à Hayden… Que devenait-il ? S’était-il remit de sa blessure ? Etait-il encore chez Julien ou avait-il déjà reprit la route ? Pensait-il à moi ?…
En mon fort intérieur, je n’avais qu’une envie… Courir le rejoindre… Maintenant que j’avais goûté à la vie en liberté, me retrouver enfermé dans ma prison dorée me semblait la pire des tortures. Je n’avais même plus la possibilité de me promenner librement en extérieur. Du coup, je ne quittais plus ma chambre… J’allais devenir fou…
Lorsque Virginie et moi fûmes présentés aux médias, je fus pris d’un violent haut le coeur. Si ma future femme semblait plus que ravie et radieuse, pour ma part, je devais prendre sur moi pour donner bonne figure et me forcer à sourire, répondant avec politesse et courtoise feintes à leurs questions. A peine fus-je libéré de cette corvée que ma décision était prise… Il fallait que je parte… Il fallais que je m’enfuis si je ne voulais pas finir ma vie enfermé entre quatre murs dorés, subissant les sautes d’humeurs continus de ma charmante épouse aigrie. Cette vision d’horreur me donna la nausée et je du faire appel à tout mon sang froid pour ne pas tressaillir.
Arrivé dans ma chambre, je pris soins de fermer la porte à clée afin de ne pas être dérangé. Je voulais être seul pour déprimer à ma guise… Demain, je serais marié, enchaîné pour le reste de ma vie à une femme que je ne connaissais pas et que je ne voulais pas apprendre à connaître. Je n’avais jamais encore ressenti de sentiments amoureux, mais je savais que je n’aimerai jamais cette fille… Nous n’avions rien en commun ! Derrière son visage pomponné et délicat de poupée, je ne voyais rien d’autre qu’une fille insipide et sans personnalité conditionnée depuis son plus jeune âge à paraître parfaite. Je ne voulais pas d’une fille comme elle. Je ne voulais pas d’une fille du tout… Tout ce que je voulais, c’était quitter cette maison et non m’y retrouver enchaîner avec une potiche au bras…
Attrapant un stylo et une feuille de papier, je m’installais à mon bureau et commençais à écrire. J’écrivais deux lettres, une pour Béatrice, car je savais qu’elle ne comprendrait pas les raisons de mon choix. Je lui expliquais ce que je ressentais et les raisons qui me poussaient à partir. Elle n’était pas stupide, elle comprendrait… Je lui promettais également de lui écrire de temps en temps. La seconde était pour mes parents… A eux, je leur fis par de mes ressentiments vis à vis d’eux, leur faisant clairement comprendre ce que je pensais de leur attitude envers moi et ce qu’ils estimaient être “leur devoir familial”. Je leur fis part de la déception qui était la mienne à être sans arrêt incompris et ma rancoeur vis à vis d’eux à toujours avoir préféré leur petit confort et leur place dans la société à l’éducation et au bonheur de le fils unique… Je la concluais en leur faisant bien comprendre qu’il était inutile de me chercher et que je ne réapparaîtrait que lorsque je l’aurai décidé, que lorsque le chemin que je choisissais d’emprunter aujourd’hui ne me satisferait plus… Je leur demandais de transmettre mes plus plates excuses à Virginie mais sans trop m’attarder.
Une fois la lettre écrite, je la relue et la signais avant de la cacher dans un des tiroirs de mon bureau que je pris soin de fermer à clée avant de l’attacher autour de mon cou.
Satisfait de moi-même, mais ressentant tout de même un petit pincement au coeur, j’allais m’installer dans mon fauteuil face à la baie vitrée qui donnait sur le jardin. Là, le regard dans le vague, je laissais mon esprit vagabonder à sa guise, réfléchissant à un plan d’évasion. Tout ce que je savais, c’était que je ne pouvais pas partir ce soir, de nuit, je risquerai de me perdre…
Je dormis très mal cette nuit là et au matin, j’avais une tête affreuse. Chose que Béatrice ne se gêna pas de me faire remarquer, visiblement mécontente. N’étant pas d’humeur, et surtout un peu honteux de ce que je m’apprêtais à lui faire de nouveau subir, je ne répondis rien, acceptant ses réprimandes avec abnégation.
Le mariage étant prévu pour la fin de la matinée, je fus réveillé de très bonne heure pour être prêt à temps. Comme un automate, je me lavais et une fois propre, je fus assailli par Béatrice et moult couturières qui m’aidèrent à m’habiller, retouchant les derniers détails de mon costume impéccable.
Une fois prêt, je demandais à ce que l’on me laisse seul un moment avant de descendre rejoindre mes parents dans le hall d’entrée afin de retrouver le chauffeur personnel qui me mènerait à l’église. Une fois seul, je sortis mes lettres. Je posais celle dédiée à mes parents sur mon bureau et celle pour Béatrice, à l’endroit où elle la trouverait le plus rapidement possible, c’est à dire, sur mon lit.
Puis, je quittais la pièce sans un regard en arrière. Lorsque j’arrivais dans le hall d’entrée, mes parents étaient déjà partis et émue comme jamais, Béatrice me prit dans ses bras en me souhaitant bonne chance. Je me sentis coupable de lui rendre son étreinte et me contentais de lui adresser un sourire de remerciement, même si le coeur n’y était pas. Après quoi, je montais dans la voiture luxueuse qui m’attendait au bas des marches. Une fois que Patrice eut refermé la portière derrière moi, j’ordonnais au conducteur de démarrer.
Ce ne fus que lorsque nous fûmes suffisament éloignés que je me décidais à agir. Sortant une énorme liasse de billets de la poche intérieure de ma veste, j’en séparais la moitié et la tendant au conducteur, je déclarais sur un ton qui n’admettait aucun refus :
- Conduisez-moi à

 

Trowbridge ! Je vous donne la moitié maintenant pour le trajet et l’autre moitié en arrivant sur place pour votre silence ! Puis-je compter sur vous ?
- Il en sera selon vos désirs, Monsieur ! Répondit le chauffeur en attrapant la demi liasse de billets que je lui présentais.
- Bien, à présent, dépêchez-vous, s’il vous plait ! Mais tâchez tout de même de ne pas trop attirer l’attention sur nous…
Il nous fallut un peu plus de deux heures pour arriver à
Trowbridge . Comme je l’avais promis à mon chauffeur, je lui tendis la deuxième moitié de la liasse de billets et sortais de la voiture après m’être assuré qu’il ne répèterait rien de ma destination à personne, à moins qu’il ne souhaitait être impliqué dans une méchante affaire d’enlèvement…
Puis, satisfait de moi, j’entrepris de retrouver l’hopitâl où avait été admis Hayden près d’une semaine plus tôt. Après moult détour inutiles, je retrouvais enfin le fameux hopitâl et sautant dans le premier taxi qui passait, je demandais :
- Conduisez-moi à Heddington !
Heureusement que j’avais eut le bon sens de regarder les panneaux d’indications lorsque nous avions quitté la maison de Julien pour emmener Hayden à l’hopitâl, sans ça, j’aurai été incapable de savoir où je me trouvais…
Il me fallut encore un peu plus d’une heure pour arriver à Heddington. Une heure durant laquelle je songeais à ce que je venais de faire… Avais-je fait le bon choix ? Le regretterais-je un jour ? Aurais-je du écouter mon père et épouser cette fille qu’il avait choisit pour moi ? Je n’en savais rien. J’étais complêtement perdu et je réalisais qu’à présent, quoi que je ferais, je serais seul… Je ne pouvais définitivement plus compter sur l’aide et le soutien de mes parents… J’étais livré à moi-même et j’avais tout perdu…
Une fois arrivé, je demandais au chauffeur de me déposer sur la place du village et après avoir payé ma course et un supplément pour sa discrétion, j’entrepris de me repérer.
Planté au milieu de la place, je regardais autour de moi d’un air hagard, complêtement perdu. Je ne saurais dire combien de temps je restais là, immobile à essayer de deviner la direction de chez Julien. Soudain, je sentis une main se poser sur mon épaule et retenant à grand peine un cri de surprise, je me tournais vers l’inconnu qui venait de risquer de me faire mourir prématurément d’une crise cardiaque. Je tombais alors nez à nez avec le plus vieil homme que j’avais encore jamais rencontré ! Son visage était marqué de profondes rides sûrement dues à son presque siècle, mais l’horreur absolue, ce fut lorsqu’il ouvrit la bouche… Toutes ses dents de devant étaient tombées… Réprimant un cri de terreur, je pris sur moi et, adressant un sourire poli à l’arrière arrière grand père qui se tenait devant moi, je tentais discrêtement de reculer de quelques pas.
- Vous êtes perdu jeune homme ? Demanda-t-il d’une voix tremblante.
- Et bien… Je cherche la maison d’un ami… Julien, mais je ne sais pas si cela vous dit quelque chose…
- Julien ? Bien sûr que si ! Tout l’monde le connais ici !
- C’est vrai ? M’exclamais-je, incrédule. Pourriez-vous m’indiquer la direction à suivre ?
- Rien d’plus simple ! Voyez la rue qui descend là ? Déclara-t-il en m’indiquant la direction. Suffit d’prendre à gauche au niveau de l’épicerie et c’est toujours tout droit ! Après z’arrivez à un chemin de terre et là faut prendre à droite ! Et après c’est au bout du ch’min ! Vous pouvez certain’ment pas vous tromper, M’sieur !
Je remerciais alors chaleureusement le vieil homme, et le coeur battant à tout rompre, je m’engageais sur le chemin indiqué en courant presque. Il me fallut près d’une vingtaine de minutes pour arriver chez Julien. Sans que je ne sache réellement pourquoi, une énorme bouffée de chaleur s’empara de moi lorsque je vis enfin apparaître devant moi la maison de Julien. Et si Hayden était déjà parti ? Le coeur cognant violemment dans ma poitrine, j’inspirais longuement alors que j’arrivais sur le perron. Là, je frappais à la porte, me doutant cependant que Julien serait certainement en train de travailler. N’obtenant aucune réponse, je m’asseyais alors sur les marches et, n’ayant rien d’autre à faire, j’attendis patiement que Julien et, je l’espérais, Hayden, reviennent.
Je ne saurais dire combien de temps je patientais ainsi, mais cela me sembla interminable. Le soleil descendait lentement mais sûrement derrière les arbres, allongeant leur ombre leu donnant une forme irréelle. A chaque instant, je craignais de voir mon père débarquer pour me rammener chez lui de force pour épouser Mademoiselle Virginie. Soudain, une voix suivie d’une deuxième que je reconnue comme étant celle d’Hayden s’éleva en provenance du chemin qui menait au champ. Relevant la tête, je les vis arriver dans ma direction et je ne pus m’empêcher de sourire, tout simplement heureux de les revoir.
Sous l’effet de la surprise, ils marquèrent un temps d’arrêt, puis, à mon plus grand bonheur, je vis Hayden me retourner mon sourire alors qu’il venait à ma rencontre, suivit de Julien. Alors qu’il n’était plus qu’à quelques pas de moi, je me relevais, sans cesser de sourire. Cependant, lorsqu’il arriva à ma hauteur, je ne sus comment réagir, ni que dire. Mal à l’aise, je baissais les yeux, maltraitant mes doigts comme un enfant prit en faute.
Finalement, face à notre malaise évident, ce fut Julien qui brisa le silence, déclarant fortement :
- Et bien ! Tu ne devais pas te marier aujourd’hui ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
- Je… Commençais-je avec hésitation.
Et si je m’étais trompé ? Et si Hayden était finalement soulagé de ne plus avoir à me supporter ? Ce fut Hayden qui me tira de ce mauvais pas. Se tournant vers Julien, il demanda sur un ton grave qui me surpris un peu :
- Est-ce que tu peux nous laisser seul…
A mon plus grand soulagement, Julien accepta sans faire d’histoire et après un dernier sourire à notre attention, il se dirigea vers la maison, refermant la porte derrière lui. Ce ne fut qu’une fois seuls, qu’Hayden prit la parole :
- Si nous allions nous installer vers le ruisseau, je pense que nous avons beaucoup à nous dire et ce sera plus frais et plus agréable là bas…
Ce fut à mon tour de suivre Hayden, docilement et en silence. Je n’osais pas parler… Je ne savais pas quoi dire et intérieurement, je craignais toujours un rejet de la part de mon aîné. Le trajet jusqu’à la rivière n’était pas très long et quelques minutes plus tard, Hayden prit place sur un tronc d’arbre couché et, me désignant la place libre, il déclara :
- Assied-toi…
Un peu hésitant, je finis tout de même pas accepter, tout en gardant une distance raisonnable. Le silence s’installa de nouveau entre nous. Je n’étais pas décidé à parler en premier… Pas tant que je ne saurais pas de l’état d’esprit d’Hayden quant à ma présence ici bas.
- Je comprend le choix que tu as fais, Gwendal, déclara-t-il gravement après une petite minute de silence. Mais est-ce que c’est vraiment ce que tu désires ? Tu n’as pas fait ça sur un coup de tête ? Tu comprends ce que tu laisses derrière toi ?
- Je comprendrais si tu ne voulais pas que je te suive, répondis-je aussitôt, subitement honteux d’avoir pensé qu’il m’accepterait à ses côtés. Quel idiot, je m’impose à toi, sans savoir si cela te dérange…
- Ce n’est pas véritablement par choix que je me suis lancé dans ce style de vie. Au fond, j’ai toujours été un peu ainsi, même si j’ai commencé à errer à partir de mes 16 ans, déclara-t-il sans prendre en compte ma réflexion. Je n’ai jamais eu tout ce que tu as eu Gwendal. A vrai dire, j’ai commencé la vie avec moins que rien. Cette liberté est quelque part pour moi la seule chose que je possède maintenant, et parfois j’ai même l’impression que c’est elle qui me possède…
Je ne répondis rien, me contentant de l’écouter religieusement, même si je ressentis tout de même un élan de honte lorsqu’il évoqua notre différence, celle qui faisait de nous ce que nous étions. Moi le pauvre fils de bourge qui pouvait posséder tout ce qu’il voulait, hormis cette liberté à laquelle j’aspirais, et lui, partit de rien, qui à présent, possédait rien hormis la liberté.
- Mais si tu veux vraiment venir avec moi, si tu es certain de ton choix, et que tu sais ce qui t’attends, c’est à dire zéro confort mais une vie vécue à 100 %, alors je serais heureux de te le faire découvrir.
Malgré la joie que je ressentais à entendre ces mots, je restais silencieux, n’osant toujours pas le regarder. Après un temps, je finis par prendre la parole :
- Je… Je ne suis pas parti sur un coup de tête. Je suis parti parce que je ne veux pas de cette vie que mon père à décidée pour moi… Souffais-je, la voix étouffée par les pleurs que je retenais. Je veux être libre de faire ce que je veux faire de ma vie et je serais vraiment heureux de faire ce voyage avec toi… Si tu acceptes, bien sûr, m’empressais-je, d’ajouter.
- Alors nous voilà compagnons de voyage ! S’exclama-t-il avec un sourire. Pour le meilleur et pour le pire ! Ajouta-t-il amusé en me tendant la main.
Sans la moindre hésitation, répondant à son sourire, je serrais cette main qu’il me présentait, officialisant notre accord tacite qui, à présent, liait nos chemins.
Nos mains se lachèrent et chacun de nous reporta son attention sur le ruisseau. Hayden semblait plongé dans ses pensées, si bien que je restais silencieux. Cependant, je finis par briser le silence apaisant qui nous enveloppait :
- Comment tu vas ? Demandais-je, retrouvant instantanément la manière de parler d’Hayden qui aurait horripilé mon père au plus haut point.
- Avec le repos forcé que m’a imposé Julien, beaucoup mieux. Ce n’est pas encore ça, mais encore quelques jours et je serais parfaitement remis sur pieds !
- Comment tu as fait pour retrouver ton chemin jusqu’à chez Julien ? Demanda-t-il alors, visiblement plus que curieux.
- Je… J’ai soudoyé le chauffeur, avouais-je en m’empourprant violemment. Je lui ai demandé de m’emmener jusqu’à Trowbridge… Là, j’ai pris un taxi jusqu’ici et c’est un très vieil homme qui devait au moins avoir l’âge de mon arrière-arrière grand père qui m’a indiqué le chemin à suivre jusqu’ici…
- J’ai pensé à prendre de l’argent cette fois ! Ajoutais-je, fier de moi, après un court silence.
Hayden ne répondit rien, mais je vis un sourire amusé venir étirer le coin de ses lèvres.
- Et si nous retournions voir Julien, déclara-t-il après un court silence. Il doit être en train de nous attendre pour manger.
J’acquièçais et nous prîmes la direction de la maison, à nouveau réunis.
Le reste de la journée se passa tranquillement. Nous aidâmes Julien du mieux que nous pûmes et je fus heureux de retrouver rapidement ma place parmis eux. Contrairement à Hayden qui semblait un peu plus réservé, Julien lui, ne cachait pas sa joie de me revoir, me posant de nombreuses questions. Le repas du soir fut gargantuesque et après avoir pris une douche des plus attendues afin de nous soulager de la poussière et de la sueur de la journée, nous nous installâmes dans le salon, parlant de tous les sujets qui nous venaient à l’esprit. Cependant, épuisé par les émotions fortes de la journée, je fus le premier à monter me coucher.
Là, je passais à la salle de bain après avoir retrouvé ma brosse à dents et me brossais longuement les dents. Puis, je peignais mes cheveux pour la nuit. Une fois prêt, je me dévêtis et enfilais mon pyjama avant de me blottir dans le lit froid. Etrangement, mon coeur s’était compressé lorsque je m’étais retrouvé seul, comme accablé d’un poids trop lourd à porter. Malgré ma décision, je ne pouvais m’empêcher de me demander si j’avais fait le bon choix… Combien de temps Hayden m’accepterai-t-il à ses côtés ? Je savais qu’il n’était pas du genre à accepter quelqu’un auprès de lui, mais alors, pourquoi m’avait-il permis de l’accompagner ?
Mes pensées se tournèrent vers ma mère… Etait-elle soulagée d’être enfin débarassée de ce fils qui, tout au long de sa vie, ne lui a apporté que des déceptions ? Et moi père ? A l’heure qu’il est, il devait certainement m’avoir déjà renié, me maudissant de toute son âme.
Sans que je ne m’en rende compte, des larmes s’échappèrent de mes yeux pour bientôt se transformer en sanglots. Reniflant, je n’entendis pas Hayden entrer dans la chambre. Je ne me rendis compte de sa présence que lorsqu’il s’assis près de moi et m’appelant :
- Gwendal ? Souffla-t-il, tout bas.
Je ne répondis rien, me recroquevillant davantage sur moi-même, honteux qu’il me voit ainsi.
- Qu’est-ce qui ne va pas, Gwendal ? Demanda-t-il de nouveau en posant doucement sa main sur mon épaule. Tu sais que tu peux m’en parler…
A ces mots, je craquais et me tournais vers lui, le visage ruisselant de larmes.
- Je… J’ai peur, Hayden, avouais-je à mi-voix. Je viens de réaliser que j’ai tout abandonné, mais pour quoi ? J’ai simplement peur… Je suis terrifié !
- Viens là, déclara-t-il alors en ouvrant ses bras en une invitation à venir m’y blottir.
Je l’observais un instant, récalcitrant. Jamais encore quelqu’un m’avait prit dans ses bras, pas même mes parents… Semblant se rendre compte de mon hésitation, il répéta d’une voix douce :
- Viens, insista-t-il sans pour autant me forcer.
J’hésitais encore un instant, ne sachant trop comment réagir, puis finalement, je cédais. Timidement, je m’approchais de lui et il n’en fallut pas plus à Hayden pour annihiler la distance qui nous séparait encore, m’enlaçant entre ses bras puissants. Je n’aurai su dire ce que je ressentais à être ainsi enlacé pour la première fois de ma vie. Les mains d’Hayden caressaient mon dos et mes cheveux et jamais je n’avais encore reçu de telles démonstrations de tendresse et de douceur. Cette constatation fit redoubler mes larmes et abandonnant toute retenue, j’enfoui mon visage contre le torse puissant d’Hayden, tentant d’ignorer ce sentiment de bien être qui m’assaillait. Là entre ses bras, je me sentais protéger et en sécurité comme si plus rien ne pouvait plus m’atteindre ni me blesser. Sentir la chaleur de son corps contre le mien avait quelque chose de rassurant…
Je n’aurais su dire combien de temps nous restâmes ainsi enlacés. Lorsque mes sanglots se tarirent, je pris la parole, souhaitant me libérer d’un poids trop lourd à garder pour moi, mais je n’esquissais pas le moindre mouvement pour me relever, bien trop à l’aise entre ses bras :
- Quand je suis rentré, l’accueil était plus que glacial, murmurais-je. Mon père m’a reproché toute la semaine d’être partit sans rien dire. Il m’a dit que…
Je fis une pause et me redressais, conscient que je devais gêner Hayden. Délicatement, il essuya du bout du pouce les traces de larmes qui maculaient encore mes joues, me faisant frissonner à ce contact, alors que je me sentais rougir. Malgré ses doigts rugueux, je me surpris à apprécier ce geste de tendresse à mon égard. Ce ne fus que lorsque ses doigts quittèrent ma joue que je repris mon récit :
- Mon père m’a dit qu’il comptait sur moi, et que je l’avais profondément déçu, repris-je, altérant quelque peu la dureté et la méchanceté des propos de mon père, ne voulant pas en plus de cela, m’attirer la pitié d’Hayden. Ma mère ne m’a pas une seule fois adressé la parole… Mais… Mais ce qui a été le plus dur, c’était de me rendre compte que mon père ne me voyait finalement que comme un moyen d’assurer sa position sociale.
Prenant une profonde respiration pour refouler les larmes qui menaçaient de nouveau de s’échapper de mes yeux, je repris d’une voix mal assurée :
- Je ne voulais pas de cette vie… Je ne voulais pas vivre ce que mon père avait planifié pour moi… Et… Je ne sais pas si celle que je choisis est meilleure… J’ai peur de faire une grosse erreur, et je sais que mon père ne me le pardonnera jamais. Je ne peux plus revenir en arrière…
Je m’arrêtais de nouveau et un long silence suivit cet aveu. Sentant que je n’avai plus rien à ajouter, Hayden prit la parole, d’une voix douce que je ne lui connaissais pas :
- Tu trouveras ta voie Gwendal. Laisse-toi juste le temps de prendre du recul. Toi seul parviendra à juger de ton choix, mais tu ne peux pas revenir en arrière. Alors fait avec et regarde plutôt vers l’avant. Ne regrette pas. Profite de ce que la vie va maintenant pouvoir t’offrir. Je ne te promet rien… Je ne sais pas si ce mode de vie te conviendra… Mais je suis là… Et je t’apporterais tout ce que je pourrais dans une moindre mesure. Et surtout, si tu as des doutes, n’hésite pas à m’en parler…
Je ne répondis rien, n’ayant rien à répondre. Ses mots sonnaient comme une promesse à mes oreilles, me touchant au plus profond de moi. Je lui adressais alors un sourire un peu intimidé tout de même, en guise de remerciement. Puis, épuisés, nous nous installâmes pour dormir sans qu’aucun autre mot ne soit échangé.
Le lendemain je me réveillais avec l’impression que quelqu’un s’agitait tout autour de moi. Je me redressais alors et ébloui par la lumière blanche qui éclairait la pièce, j’observais Hayden qui fermait son sac. Etouffant un bâillement, je demandais d’une voix encore toute endormie :
- Qu’est-ce que tu fais ?
- Je prépare nos affaires, répondit-il en me souriant. Bien dormi ?
- Je… Oui… Nos affaire ? Répétais-je, incrédule. Nous partons ?
- Je pense que ton père ne tardera pas à venir chercher ici… Alors oui, nous prenons la route, répondit-il simplement.
- Mais… Et ta hanche ! M’exclamais-je, inquiet pour lui, ne me rappelant que trop bien la dernière fois.
- Ca ura si je me ménage, répondit-il, m’adressant un sourire que je devinais rassurant. J’ai pris tes affaires importantes que j’ai mis dans un sac que m’a prêté Julien et qui sera plus facile à transporter pour toi. Il te prête aussi un duvet. Je te laisse le soin de rajouter ce que tu veux vraiment amener avec toi. Le reste restera en sécurité ici. Je vais rejoindre Julien, nous t’attendons pour le déjeuner.
Et avant que je n’ai le temps d’enregistrer toutes les informations qu’il venait de m’apprendre, il quittait la chambre. Obéissant aux ordres d’Hayden, je laissais plus de la moitié de mes affaires ici et après m’être lavé et habillé, je descendis les rejoindre à la cuisine.
Moins de deux heures plus tard, nous passions le portail de la propriété de Julien, nos sacs remplis. Les “au revoir” entre Julien et Hayden avaient été rapides. Contrairement à eux, je serrais Julien dans mes bras, le remerciant pour son hospitalité et sa générosité, lui souhaitant que tout s’arrange pour lui. Nous retournant, nous lui adressâmes un signe de la main. Je n’avais pas la moindre idée de l’endroit où nous nous rendions, ni de ce que nous allions vivre et malgré moi, j’appréhendais un peu. Reportant mon attention sur Hayden, je demandais :
- Où allons-nous ?
- Droit devant ! Répondit-il, un sourire amué étirant ses lèvres. Là où nous le désirons.
- D’accord, me contentais-je.
Cela me suffisait. Nous marchâmes pendant près d’une heure dans un silence monastique, ce qui m’étonna car ce n’était pas vraiment le genre d’Hayden de rester silencieux aussi longtemps. Brisant le silence, je demandais alors que nous traversions une forêt, Hayden préférant éviter les routes le plus souvent possible.
- Est-ce qu’il va te manquer ?
- Hein ? S’exclama Hayden, perdu. Qui donc ?
- Ben Julien ! A ton avis, qui d’autre ? Soupirais-je.
- Excuse-moi, je pensais à autre chose. S’il va me manquer ? Un peu oui, avoua-t-il. C’est un très bon ami, je tien beaucoup à lui…
- Oh… Soufflais-je.
Sans savoir d’où elle venait, je sentis, l’espace d’un instant, une vague nostalgie m’envahir brusquement. Plus le temps passait et plus j’apprenais à apprécier Hayden, et malgré la tendresse qu’il pouvait faire preuve à mon égard de temps en temps, je doutais réellement qu’il m’apprécie autant que je l’appréciais. Cependant, je me devais de lui être reconnaissant de supporter ma présence et de m’accepter à ses côtés.
- C’est vrai qu’il est gentil, soufflais-je avant de me murer de nouveau dans le silence.
Je ne sais combien de temps nous restâmes de nouveau silencieux. Marchant derrière Hayden, j’étais plongé dans mes pensées si bien que je ne le vis pas s’arrêter et lui fonçais dedans. Sous le choc de l’impact, je tombais en arrière, trop surpris pour crier.
- Ca va Gwen ? Demanda Hayden en me tendant la main pour m’aider à me relever.
- Oui ça va ! Tu peux pas prévenir quand tu t’arrêtes ? M’exclamais-je en attrapant la main qu’il me tendait.
- C’est toi qui était dans la lune ! S’exclama-t-il avant de se taire et de m’observer avec attention.
- Quoi ? Grognais-je, mal à l’aise de le voir m’observer et me dévisager ainsi, comme si je n’étais rien de plus qu’un animal de foire. Est-ce que tu as été un vautour dans une autre vie ?
- Non, excuse-moi ! Répondit-il, un sourire malicieux qui ne m’inspirait pas la moindre confiance, étirant ses lèvres. Mais vu ton poids plume, c’est pas étonnant que tu t’envoles au premier coup de vent !
- Mon poids plume ? Répétais-je, incrédule. Dis, si tu n’as rien trouvé de mieux à faire que de m’insulter, la prochaine fois abstiens-toi ! Je n’ai que faire de tes remarques sarcastiques !
- Ca va, excuse-moi ! Je n’ai pas dit ça pour te blesser, déclara-t-il, perdant son sourire.
- C’est bon, soufflais-je en le dépassant. Pourquoi tu t’es arrêté ?
- Tu n’as pas faim ? Demanda Hayden en retrouvant son sourire.
- Si, répondis-je en lui rendant son sourire. Un peu.
- Dans ce cas, trouvons un coin sympa pour manger !
L’instant suivant, nous arrivâmes dans une clairière très agréable. Imitant Hayden, je jetais mon sac avant de me laisser littéralement tomber sur le sol, éreinté et le dos en miettes. Cependant, alors que mes genoux touchaient terre, je ne pu retenir un cri de douleur en sentant quelque chose de pointu s’enfoncer dans ma peau, faisant sursauter Hayden.
- Gwen ? Qu’est-ce qui t’arrive ? Ca va pas de crier comme ça ?
- Je… Commençais-je en m’asseyant afin d’observer mon genou. C’est cette pierre ! Je me suis fait mal !
- Et tu cries comme ça pour ça ? S’exclama Hayden, incrédule.
Pour toute réponse, je lui lançais un regard assassin, ne prenant même pas la peine de lui répondre. Soupirant de lassitude, il demanda, s’efforçant au calme :
- Allez, montre-moi…
- J’ai pas besoin de ton aide ! Déclarais-je, catégorique en me détournant de lui.
- Très bien, comme tu veux ! Souffla-t-il en allant s’asseoir en face de moi.
Là, il commença à sortir la nourriture de son sac et me tendis un bout de viande séchée avec du pain. Je les pris et commençais à manger en silence, jusqu’à ce qu’Hayden prenne la parole :
- Avec un peu de chance, demain soir nous pourrions dormir dans un lit !
- Ah bon ? Demandais-je.
- Oui, j’ai un ami qui n’habite pas très loin d’ici. A une journée de marche, peut être moins, je sais plus trop.
- Oh…
- Ca ne te fait pas plaisir ? Demanda Hayden, surpris.
- Si, répondis-je en esquissant un sourire. Mais déjà faudrait-il que j’arrive jusqu’à là bas… Si je ne sens plus mes pieds, je te parle pas de l’état de mon dos… Soupirais-je en fermant les yeux, callant mon front contre mes mains. Comment tu fais pour ne pas être dans le même état que moi ?
- L’habitude, répondit Hayden. Je suis sur la route depuis quelques années de plus que toi, ne l’oublie pas.
Les yeux toujours fermés, je ne répondis rien, tentant de faire le vide dans mon esprit pour occulter la douleur. Trop concentré, je n’entendis pas Hayden se lever et je sursautais, me redressant violemment en sentant des mains se poser sur mes épaules.
- Calme-toi, souffla mon aîné avec ce qui semblait être une pointe d’amusement dans la voix. Ce n’est que moi !
Lentement, il commença à dénouer lentement chacun des noeuds douloureux qui contractait mes muscles. Et bientôt, sous la chaleur bienfaisante de ses doigts, je ne tardais pas à me laisser aller à fermer les yeux, engourdis par la sensation de bien être qui m’envahissait.
Bien trop tôt à mon goût, Hayden retira ses mains de mon dos, mais encore plongé dans cet état d’euphorie, je ne réagis pas immédiatement. Ce fut la voix d’Hayden qui me sortit de mes pensées :
- Ca va mieux ?
- Merci, oui ! C’est très agréable, et je n’ai presque plus mal ! Comment tu fais ? Demandais-je.
- Si je te le disais ça ne marcherai plus ! Répondit Hayden en m’adressant un clin d’oeil qui me fit sourire. Une pomme ? Me proposa-t-il en retournant à ça place.
- Avec plaisir ! Merci ! Répondis-je en attrapant celle qu’il me lançait.
Je mangeais ma pomme en silence et ce ne fut qu’après une petite sieste que nous reprîmes la route. Cependant, alors que nous marchions depuis une vingtaine de minutes, le pluie se mit à tomber en une violent averse. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous étions complêtement trempés. M’attrapant par le bras, Hayden s’écria afin de se faire entendre malgré le vacarme :
- Viens ! Il y a une grotte où nous pourrons nous abriter par très loin d’ici !
Sans un mot, grelottant de froid et trempé jusqu’aux os, je lui emboitais le pas. Comme prédit pas Hayden, il ne lui fallut pas longtemps pour trouver la grotte en question. Après un instant d’hésitation à le voir disparaître dans les ténèbres, retenant un frisson d’anxiété, je le rejoins. A tâtons, j’entrais dans la grotte sombre, ignorant où je mettais les pieds, me guidant par les bruits que faisait Hayden. Pour la seconde fois de la journée, je lui rentrais dedans et cette fois-ci, il me rattrapa avant que je ne perde l’équilibre.
- Fais attention ! Souffla-t-il. Voilà, nous allons attendre ici que l’averse se calme.
Là, il alluma une lampe de poche et commença à observer la grotte. Elle était profonde et suffisament grande pour que nous ayons la place de bouger. Apeuré, je n’osais pas m’éloigner d’Hayden. Les bras crispés autour de moi, je tentais de me réchauffer, ignorant les frissons glacés qui parcouraient mon corps. Reportant mon attention sur moi, Hayden déclara alors :
- Change-toi, Gwen ! Ne reste pas comme ça, tu vas attraper la mort !
Docilement, j’allais chercher mon sac et enlevant les affaires de dessus qui avaient prit l’eau, je cherchais des affaires sèches. Là, je me tournais vers Hayden et demandais entre deux claquement de dents :
- Tu peux partir, s’il te plait ?
- Partir ? Pour quoi faire ? Demanda-t-il, surpris.
- Pour que je puisse me changer, évidement ! A ton avis, pourquoi d’autre ?
- Parce que tu crois vraiment que je vais ressortir, juste pour te permettre de te changer ? S’exclama-t-il, incrédule.
- Et bien… Oui ! Affirmais-je.
- Tu sais, commença Hayden. Je t’apprécie beaucoup, Gwen, mais pas au point d’aller faire un tour dehors par ce temps. Allez, change-toi ! M’ordonna-t-il.
Ignorant son ordre, je restais là, immobile, serrant mes vêtements contre moi. Lorsqu’il réalisa que je ne bougeais pas, Hayden soupira :
- Promis, je ne regarde pas ! J’ai passé l’âge de ce genre d’enfantillages tu sais ! Ajouta-t-il en m’adressant un sourire sardonique. Et tu n’es certainement pas le premier homme que je vois nu !
A ces mots, je ne pus m’empêcher de m’empourprer violemment. Après un dernier regard à Hayden pour être sûr qu’il ne me regardait pas, j’entrepris de me déshabiller, tentant de maitriser au mieux les tremblements de mon corps. Il ne me fallut pas longtemps pour me changer. Une fois habillé de sec, je me sentais déjà mieux, mais j’avais toujours aussi froid, comme si mon sang avait gelé et malgré tous mes efforts, je ne pouvais m’empêcher de trembler. A l’aide de la faible lueur que nous proccurait la lampe de poche, j’allais m’asseoir contre la parois de la grotte, ramenant mes jambes contre moi.
- Je crois que nous allons attendre là jusqu’à ce que l’averse se calme, déclara alors Hayden en venant s’asseoir à mes côtés. Ca va toi ? Ajouta-t-il en reportant son attention sur moi.
- Je… J’ai froid…
- Attend, souffla Hayden en se relevant. Ne bouge pas.
Il s’éloigna de quelques pas et je l’entendis vaguement s’affairer. Puis, l’instant suivant, il reprit place à mes côtés et nous recouvrit de ce que je supposais être son duvet. Les tremblements qui parcouraient mon corps s’arrêtèrent alors et les claquements de mes dents s’espacèrent, mais j’avais toujours l’impression d’être gelé de l’intérieur.
- Ca va mieux ? Demanda doucement Hayden en caressant doucement mes cheveux.
- Un peu… Oui… Je… Euh… Merci…
J’eu à peine le temps de terminer ma phrase que je sentis Hayden passer un bras puissant autour de mes épaules, m’attirant à lui.
- Viens contre moi, souffla-t-il. Il n’y a rien de mieux que la chaleur humaine pour réchauffer. Et si vraiment ça marche pas, reprit-il un court instant plus tard, je connais une autre méthode autrement plus agréable…
- Hein ? M’exclamais-je en me redressant légèrement.
- Ca va ! Pouffa Hayden. Je plaisantais ! Allez, viens-là !
Docilement, je me laissais aller contre Hayden, allant même jusqu’à poser ma tête contre son épaule. Je n’aurai su dire combien de temps nous restâmes ainsi, à écouter silencieusement la pluie tomber en un grondement assourdissant. Puis, brisant le silence qui nous enveloppait, je demandais doucement, apaisé par la douceur de ses doigts qui passaient encore et encore dans mes cheveux, en une tendre caresse :
- Hayden ?
- Mmh… Oui ?
- Tu es né où ?
- A Lyon, répondit-il distraitement.
- Lyon ? Répétais-je, hésitant. Je ne connais pas cette ville… C’est où ?
- En France.
- En France ? Tu es né en France ? J’aurai jamais deviné… Tu n’as aucun accent !
Pour toute réponse, Hayden esquissa un sourire amusé avant de répondre, après un instant de silence :
- Quand on passe beaucoup de temps dans un pays, on finit par apprendre la langue…
- Beaucoup de temps ? Répétais-je, surpris. Tu es en Angleterre depuis longtemps ?
- Quelques années oui, répondit-il.
- Et tu as beaucoup voyagé avant ça ? Tu as vu quels pays ?
- Non. Je suis venu directement en Angleterre après avoir quitté la France. J’avais besoin de m’éloigner pour oublier… Enfin, voilà, je suis venu ici…
- C’est quand ta mère est morte… C’est ça ? Demandais-je, hésitant.
- Oui… Mais, s’il te plait… Je ne veux pas en parler…
- Oh… Je comprend… Pardonne-moi, soufflais-je, en me réinstallant plus confortablement.
Le silence nous enveloppa de nouveau et j’étouffais un bâillement. Puis, lentement, bercé par les caresses d’Hayden, je finis par sombrer dans le sommeil. Je me réveillais en sursaut, le coeur battant à tout rompre dans ma poitrine. Bientôt, un coup de tonnerre résonna violemment dans la grotte et apeuré, je me collais un peu plus contre Hayden. Celui-ci sembla le sentir car il raffermi sa prise autour de mes épaules, dans un geste qui se voulait réconfortant.
- Hey ! Calme-toi… Souffla-t-il. Ce n’est que le tonnerre.
- Je… Je déteste les orages… Et là, dehors, c’est… C’est encore pire… Soufflais-je, en fermant les yeux après un nouvel éclaire, enfouissant mon visage dans la chemise de mon aîné.
- Ca va aller, murmura-t-il doucement. T’inquiète pas, c’est rien… Tu ne crains absolument rien… Je suis là…
- J’ai dormi longtemps ? Demandais-je en étouffant un bâillement. Il est tard ?
- La nuit est déjà tombée… Nos dormirons ici cette nuit. Déclara-t-il. Tu as faim ?
- Oui, un peu, répondis-je en lui adressant un petit sourire.
- Bien, par contre, je suis désolé, mais pas de repas chaud pour ce soir ! A moins que tu ne souhaites sortir dehors et que tu pries très fort pour trouver un bois sec ! Pour ma part je n’y crois pas trop, mais après tout, qui ne tente rien n’a rien, comme on dit ! Ajouta-t-il en m’adressant un clin d’oeil.
- Sans façon, répondis-je en lui rendant son sourire. Froid, ça ira très bien ! Je suis pas difficile tu sais !
- Ah bon ? J’aurai pourtant parié le contraire !
- Oui bon… Tout est relatif ! Déclarais-je en esquissant un mouvement pour me lever.
- C’est bon, reste assis ! J’y vais ! M’assura-t-il en se levant.
Attrapant la lampe de poche, Hayden relacha son étreinte autour de moi et alla jusqu’au sac duquel il sortit un bout de jambon avec une tranche de pain et une pomme. Les mains pleines de nourriture, il revient s’asseoir tout contre moi et me tandis ma part. Nous mangeâmes dans un silence presque monastique. Une fois rassasié, je repoussais le duvet et me levais, sous le regard intrigué d’Hayden :
- Où vas-tu ?
- Il faut que je marche un peu, répondis-je, lui adressant un petit sourire. J’ai mal aux jambes… Et aux fesses !
- C’est d’être resté trop longtemps assis ! Moi aussi ça me le fait ! Ajouta-t-il en m’imitant.
Pour toute réponse, j’entrepris alors de faire les cent pas afin de me dégourdir les jambes. Je m’ennuyais à mourir… Soudain, une idée me traversa l’esprit et me tournant vers Hayden, je demandais :
- Dis ! Tu pourrais m’apprendre à parler français ?
- T’apprendre à… ? Répéta Hayden surpris. Tu sais, reprit-il après un instant d’hésitation. J’essaye d’oublier tout ce qui à atrait avec mon pays d’origine… Ca fait des années que je n’ai pas parlé français…
- Je comprend, soufflais-je, un peu déçu.
Hayden ne répondit rien, et je repris mes aller retour dans le noir, jusqu’à ce qu’une nouvelle question me vienne à l’esprit :
- Hayden ?
- Quoi ? Demanda-t-il peu être un peu trop brusquement.
- Tu ne t’es jamais attaché à quelqu’un au point de vouloir rester avec ?
- Tu as fini avec tes questions débiles ? S’exclama-t-il agressivement, me faisant sursauter.
Blessé par la façon dont il venait de me parler, je lui tournais de dos et allais chercher mon propre duvet. Après quoi, j’allais m’installer contre le mur opposé de la grotte. Fatigué, je m’allongeais et remontais le duvet au dessus de ma tête. Des bruits de pas étouffés me parvinrent et je devinais qu’Hayden s’était approché de moi, mais je restais obstinément sous mon duvet, lui tournant le dos.
- Ecoute, Gwen… Commença-t-il. Je suis désolé, je n’aurai pas du te parler sur ce ton… Mais, je… Je n’aime pas parler de moi…
- Parce que cela justifie peut être la façon dont tu m’as parlé ? Demandais-je, vexé.
J’entendis Hayden marcher près de moi, et lorsque je crus qu’il était enfin parti, sa voix résonna près de moi :
- Tu sais, la raison pour laquelle j’essaye d’oublier mon passé, c’est parce que je n’en suis pas fier…
- Ton passé à fait de toi ce que tu es… Pourquoi le fuir ? Demandais-je, un peu calmé.
- Ah oui ? Parce que tu ne fuis pas toi, peut être ? Demanda-t-il avec hargne.
- Mais ça n’a rien à voir avec moi ! M’exclamais en me redressant.
- Tien donc ! C’est pourtant pas l’impression que j’ai !
- Je ne fuis pas mon passé ! M’écriais-je. Je ne fuis pas la personne que je suis ! Je suis comme je suis, c’est tout ! Je fais avec ! Je fuis un avenir dont je ne veux pas ! Je fuis une vie insignifiante pour moi !
- Une vie à ton image ! Cracha Hayden.
A ces mots, choqué par tant d’agressivité, je ne pus retenir les larmes qui coulèrent silencieusement sur mes joues.
- Comment peux-tu être aussi méchant ? Demandais-je, d’une voix étranglée.
En cet instant, je n’avais qu’une envie. C’était de partir loin, très loin de cet endroit. Me détournant de lui, j’attrapais mon duvet et souhaitant mettre le plus de distance entre lui et moi, j’allais m’installer à l’entrée de la grotte. Une fois dans mon duvet, je me laissais aller à caller ma tête contre la parois humide, regardant la pluie tomber.
- Gwendal… Commença Hayden en posant une main sur mon épaule.
- Laisse-moi ! Crachais-je avec hargne en me dégageant. Dégage !
Réprimant un sanglot, j’essuyais violemment du revers de la main les larmes qui maculaient mes joues. J’avais mal… Comment avait-il pu dire une chose pareille ? Je ne saurais dire combien de temps je pleurais toutes les larmes de mon corps avant de finalement m’endormir, épuisé.
Lorsque j’ouvris les yeux, ce fut avec l’impression que quelque chose n’allait pas. Le coeur battant, je sortis la tête de mon duvet, ignorant le froid glacial qui me faisait trembler violemment et à ce moment la, un coup de tonnerre particulièrement puissant retenti, faisant vibrer la grotte, comme si elle allait s’écrouler. Terrifié, je ne pus retenir un cri d’effroi tandis que dans un mouvement incontrôlé, je me terrais un peu plus contre la parois. J’avais toujours détesté les orages, même à l’abris dans ma chambre, mais jamais encore je n’avais eu aussi peur. J’avais l’impression que le monde autour de moi allait s’effondrer et disparaître dans les ténèbres.
Un deuxième coup de tonnerre retenti, aussi assourdissant que le premier et sans plus réfléchir, je quittais mon duvet à la hâte et courrais me réfugier auprès d’Hayden, manquant de tomber en trébuchant sur le sol inégal de la grotte. Un éclair illumina alors la grotte et je pus voir durant ce laps de temps, Hayden écarter les bras, comme pour m’inviter à venir m’y réfugier. Et en dépit de ma rancoeur, je cédais et me précipitais entre ses bras, tremblant de peur et de froid.
- Tu es glacé, souffla Hayden après un noueau coup de tonnerre. Tien moi ça ! Demanda-t-il en me tendant la lampe de poche. En zippant les duvets ensembles on pourra se tenir plus chaud, qu’en dis-tu ?
- Je… D’accord ! M’empressais-je de répondre alors qu’un éclair illuminait la grotte.
Sans attendre, Hayden s’affaira à attacher ensemble nos deux duvets. Lorsque cela fut fait, il se rallongea et m’invita à venir prendre place à ses côtés, chose que j’acceptais sans tarder, prenant tout de même soin de lui tourner le dos, me tenant le plus possible éloigné de lui. Fermant les yeux, un peu rassuré tout de même par la présence d’Hayden près de moi, je tentais alors de retrouver le sommeil, sans grand succès pourtant.
- Arrête de trembler, souffla Hayden, agacé.
- Je tremble si je veux ! Me donne pas d’ordres, j’en ai pas à recevoir de toi ! Répondis-je, sur le même ton avant de me réfugier sous le duvet alors que le tonnerre grondait inlassablement.
Contre toute attente, je sentis alors les mains d’Hayden s’activer dans mon dos, le frottant vigoureusement comme s’il tentait de me réchauffer. Malgré moi, je me laissais aller à pousser un soupir de bien être alors que la chaleur s’insinuait lentement en moi.
- Cela ne suffira pas à te réchauffer. Tu es complêtement glacé… Allez, viens par là ! Ajouta-t-il en m’attirant vers lui.
Instinctivement, je me tendis imperceptiblement à son contact avant de finalement me relacher. Bientôt, épuisé, et malgré l’orage qui faisait rage, je ne tardais pas à m’endormir. Je me réveillais le lendemain matin avec l’horrible impression d’avoir le mal de mer. Ouvrant difficilement les yeux, je tombais alors nez à nez avec Hayden qui me secouait vivement :
- Et ben, pour te faire ouvrir les yeux c’est quelque chose ! Fit-il remarquer. Allez, lève-toi !
Je ne répondis rien, me contentant de lui adresser un regard assassin avant de me tourner de l’autre côté. J’entendis Hayden soupirer, mais il n’insista pas et s’éloigna. Satisfait, je pris le temps de me réveiller calmement, m’étirant longuement, le corps douloureusement courbaturé d’avoir dormi à même le sol. A contrecoeur, je finis par me lever et allais rejoindre Hayden. Cependant, même si je lui étais reconnaissant pour cette nuit, je ne lui adressais pas le moindre mot, me contentant de l’ignorer. Après avoir mangé, j’entrepris de faire un brin de toilette.
Il nous fallut près de vingt minutes pour finir de nous préparer et plier toutes nos affaires. C’est toujours dans un silence monastique que nous reprîmes la route. La pluie avait cessée, laissant place à un grand soleil qui, de part l’humidité ambiante, rendait l’air lourd et oppressant.
Comme l’avait prédit Hayden, il nous fallut presque la journée pour arriver chez son ami. Durant les heures qu’avait duré notre voyage, nous n’avions pas échangé plus de trois phrases. Je n’avais pas pardonné à Hayden sa méchanceté de la veille et en toute honnêteté, je n’étais pas prêt de lui pardonner ! C’est en début de soirée que nous arrivâmes dans un petit village perdu au milieu de nulle part. Littéralement épuisé, je marchais derrière Hayden, mettant un pied devant l’autre en un mouvement qui tenait plus du réflexe automatique que de ma volonté propre. D’un pas assuré, il se dirigea vers le bar qui donnait sur la place publique. Là, il entra et s’approchant du comptoire, il déclara :
- Salut ! Dis-moi, est-ce que Max travaille toujours ici ?
- Ca s’pourrait bien ! Ca dépend qui le demande ! Répondit le barman en posant sur Hayden un regard sceptique.
- Dit lui simplement qu’Hayden demande à le voir !
Le barman le jaugea un instant du regard avant de disparaître par une porte située derrière le comptoire. L’instant suivant, il réapparaîssait accompagné d’un homme âgé d’une trentaine d’années, les cheveux bruns et coupés très courts. Lorsqu’il vit Hayden, il s’approcha de lui et ils s’étreignirent ave force :
- Hayden ! S’exclama le nouveau venu. Ma parole, ça fait une paye que je ne t’avais pas vu ! Je n’y croyais plus !
- Que veux-tu ! La vie nous réserve des surprises ! Répondit Hayden en se libérant de son étreinte. Alors, qu’est-ce que tu deviens ? Toujours à pourir dans ton trou à rats ?
- Comme tu vois ! On ne se refait pas ! S’exclama son ami en riant bryament.
Avec attention, j’entrepris de détailler son ami et plus je le regardais, plus je le trouvais bizarre. Il ne m’inspirait pas la moindre confiance. Peut être était-ce du à la façon dont il se pavanait devant Hayden… Hayden qui semblait avoir complêtement oublié ma présence depuis que nous étions rentré dans ce taudis. Vexé, je ne fis cependant aucun commentaire, me contentant de l’observer, les bras croisés sur la poitrine :
- Et qui est cette charmante personne ? Demanda alors le rustre en se tournant dans ma direction, posant sur moi un regard qui faillit me faire vomir de dégoût.
- Laisse tomber, Max ! S’exclama Hayden. Il est trop bien pour toi ! Max, je te présente Gwen ! Un ami de voyage ! Gwen, voici Max !
- Enchanté, Gwen ! Souffla la brute en insistant sur mon prénom d’une façon qui me déplus fortement. C’est un plaisir de faire ta connaissance !
- Et bien, sachez que je ne vous retourne pas la politesse ! Déclarais-je en évitant soigneusement de serrer la main qu’il me tendait.
- Fait pas attention ! Déclara Hayden en se tournant vers lui. Il est assez spécial !
Me tournant vers Hayden, je lui adressais un regard furibond, le maudissant intérieurement de m’avoir ammené ici. J’aurai mille fois préféré revivre la nuit précédente que de mettre les pieds dans cette bicoque. Cet homme était tout simplement répugnant ! Après m’avoir adressé un regard libidineux qui me répulsa violemment, il se tourna vers Hayden et déclara :
- Je t’offre un verre ?
- Avec plaisir ! Répondit Hayden en s’asseyant au comptoire.
Je l’imitais et lorsque le dénomé Max me proposa quelque chose à boire, je refusais simplement. Je ne buvais pas et je n’avais pas l’intention de commencer ce soir.
- Alors, s’exclama Max en reportant son attention sur Hayden. Quel bon vent t’ammene ?
Tandis qu’Hayden entamait une discussion animée avec son ami, je reportais mon attention autour de moi. Jamais encore je n’avais mis les pieds dans un tel endroit. Le bruit y été particulièrement élevé et la télé diffusait un match quelconque. Bientôt, gagné par la fatigue, je ne tardais pas à m’assoupir, la tête dans mes bras croisés sur le comptoire. Je n’aurai su dire combien de temps je somnolais ainsi avant d’être brusquement ramené à la réalité, quelqu’un me secouant doucement :
- Gwen ! Réveille-toi ! Souffla une voix que je reconnue comme étant celle d’Hayden.
Pour toute réponse, je lui adressais un grognement qui se voulait dissuasif, n’ayant qu’une seule envie, dormir.
- Ne reste pas là ! Insista-t-il. Viens, je vais te montrer ta chambre ! Allez lève-toi !
Rassemblant le peu de forces qui me restaient, j’entrepris de me lever, manquant de m’écrouler. Je ne dus mon salut qu’aux réflexes d’Hayden qui me retint par le bras, m’empêchant de m’écrouler lamentablement sur le sol.
- Ca va ? Demanda-t-il sur un ton dans lequel je crus percevoir une pointe d’inquiétude.
Pour être honnête, je n’étais pas certain que c’était le mot qui convenait. J’avais l’impression que ma tête allait exploser. Cependant, retrouvant mon équilibre, je suivis Hayden qui me conduisis au premier étage.
- Voilà, c’est ta chambre pour cette nuit. Repose-toi, tu as l’air d’en avoir besoin.
- Hn… Merci, soufflais-je simplement.
L’instant d’après, la porte se refermait derrière moi. Sans prendre le temps d’allumer la lumière, je me dirigeais à tâtons vers le lit sur lequel je m’effondrais brusquement. L’instant d’après, je sombrais dans une bienheureuse inconscience.
Lorsque j’ouvris de nouveau les yeux, j’eu l’impression que ma tête était sur le point d’exploser et mon corps tout entier était douloureux. J’avais mal à des muscles dont je n’aurai jamais imaginé l’existence auparavant. Cependant, c’était une toute autre chose qui m’avait tiré du sommeil. A cet instant, une sorte de gémissement suivit d’un cri me parvint depuis ce que je supposais être la chambre voisine, bientôt suivis par des voix. C’est alors que je compris… Hayden et ce Max étaient en train de coucher ensembles.
Mortifié, j’enfoui la tête sous l’oreiller, tentant d’échapper à ces sons abjects sans grand succès pour autant. De plus, je percevais les paroles qu’ils s’échangeaient… C’était tout simplement répugnant… Comment pouvaient-ils seulement se dire de telles choses ?
Sans que je ne comprenne réellement pourquoi, je sentis un élan de haine à l’égard d’Hayden, m’envahir. Comment pouvait-il seulement agir de cette manière? Quel genre d’homme était-il ? Etait-ce cela son concept de la liberté ? Sauter sur tout ce qui bougeait ? Je n’arrivais pas à comprendre l’intérêt d’un tel comportement. Qu’est-ce que cela pouvait bien lui apporter ?
Je n’aurai su dire combien de temps je passais à maudire Hayden. Car en plus de supporter leurs cris bestiaux, je me sentais vraiment mal. Jamais encore je ne m’étais sentis comme ça. J’allais mourir… Mon corps me brûlait de l’intérieur, comme si mon sang s’était subitement transformé en lave en fusion et quelqu’un s’amusait à jouer du tambour dans ma tête. De plus, j’avais l’horrible impression que j’allais me mettre à vomir à tout instant. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. De toute ma vie, je n’avais encore jamais été malade… Etait-ce ce qui était en train de m’arriver ? Etais-je malade ? Je n’eu pourtant pas l’occasion de m’apesantir davantage sur la question, car de nouveau, je me sentis sombrer dans les ténèbres…
De nouveau je fus réveillé par Hayden qui m’appelait d’une voix tremblante d’inquiétude :
- Gwen ! Gwen, réveille-toi ! Allez ouvre les yeux !
Obéissant, j’entrepris d’ouvrir les yeux avant de les refermer aussitôt, aveuglé par la clarté de la pièce tandis qu’un violent mal de tête s’emparait de moi. Lentement, je reprenais peu à peu conscience de mon corps. Je n’arrivais plus à bouger. La moindre parcelle de mon corps était douloureuse et le moindre mouvement me demandait un effort considérable. Je réalisais alors qu’Hayden m’appelait toujours et je tentais de le faire taire, lui adressant une giffle qui n’eut pas l’effet escompté, ma main retombant mollement sur le lit avant même d’avoir atteint sa cible :
- Nom de Dieu, Gwen ! S’exclama alors Hayden. Ne me refais jamais une peur pareille ! Ca fait une demi-heure que j’essaye de te réveiller et que tu restes aussi immobile qu’un cadavre ! Est-ce que tout va bien ?
- Ca va ! Déclarais-je, d’une voix rauque, la gorge en feu.
Je mentais, mais je n’avais pas envie de donner encore à Hayden un prétexte pour se moquer de moi et je voulais encore moins qu’il m’approche.
- Tu es sûr ? Tu as vraiment mauvaise mine !
- Ca va ! Répétais-je avec un maximum de conviction.
- Très bien ! Je te laisse te préparer ! Rejoins moi en bas, lorsque tu sera prêt, nous partons d’ici une heure !
Sans attendre de réponse, il quitta la pièce, me laissant me préparer seul. Rassemblant le peu de force qu’il me restait, je me levais, ignorant les protestations de mon corps. Il me fallut plus de trois quart d’heure pour me laver et m’habiller de propre. Après avoir rangé mes affaires, je descendis rejoindre Hayden. Là, je ne lui adressais pas le moindre mot, je n’étais certainement pas disposé à lui pardonner ce qu’il m’avait fait subir et je n’avait qu’une envie, quitter ce trou à rats au plus vite.
Lorsque nous reprîmes la route, je me sentis soulagé de ne plus avoir à supporter la présence de Max. Cet homme m’insupportait depuis le premier regard que j’avais posé sur lui. Nous marchâmes près d’une heure en silence et je tentais tant bien que mal de suivre le rythme qu’Hayden nous imposait, lorsque brusquement, il se tourna vers moi et croisant les bras sur sa poitrine, il déclara :
- Bon ! Tu m’expliques ce que tu as depuis hier soir ? Tu as été excécrable envers Max qui a eut la gentilesse de t’héberger !
- Et bien, la prochaine fois, qu’il s’abstienne ! Répliquais-je avec toute la colère qui m’habitait, m’efforçant de faire abstraction de mon malaise. Je préfère encore mille fois dormir dehors sous un orage que de revivre une nuit comme celle que je viens de passer !
- Ah oui ! S’exclama Hayden. Et son altesse pourrait-elle m’expliquer ce qui lui arrive cette fois-ci ? T’as tes règles où quoi ?
- Ce qui m’arrive ? Criais-je à bout de nerf. Il m’arrive que tu es quelqu’un d’excécrable ! Tu n’es qu’un égoïste ! Tu agis toujours sans la moindre considération pour moi !
- Pardon ? S’étrangla Hayden.
- Tu m’as bien compris ! Poursuivis-je. Tu crois que je ne vous ai pas entendu cette nuit ? C’est… C’est tout simplement répugnant !
- Oh ! Et je peux savoir ce qui te dérange ? Répliqua Hayden avec sarcasmes. Tu es jaloux ?
- Moi jaloux !? Crachais-je avec tout le mépris dont j’étais capable. Plutôt mourir ! C’est malsain et… Immonde ! Pourquoi tu as fait ça ? Je t’ai dit que j’avais de l’argent pour payer des chambres d’hôtel ! Mais non, toi tu as préféré te vendre !
Sans attendre de réponse, je m’éloignais de lui, souhaitant mettre le plus de distance possible entre nous. Cependant, Hayden ne semblait pas être de cet avis car il m’attrapa par le bras et me força à me retourner. D’un geste brutal et avec une force que je ne me soupçonnais pas, je me dégageais de sa poigne de fer :
- Ne me touche pas ! M’exclamais-je. Je sais pas où tes mains ont trainées !
Subitement, je me sentis très mal. Mon corps entier me brûlait et toute force semblait m’avoir désertée. Reculant de quelques pas, je posais sur Hayden un regard empli de tristesse, blessé et déçu de ce manque flagrant de confiance en moi. Puis, je me retournais et esquissais un mouvement pour m’éloigner. J’avais besoin d’être seul un moment. Cependant, alors que j’avais fait quelques pas, ma vision se brouilla et tout devint noir autour de moi et je me sentis chuter. Je sombrais dans l’inconscience avant même d’avoir atteint le sol…

 

Cet article a été publié le Mardi 10 mai 2011 à 20:23 et est classé dans Once in a life time. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

Un commentaire

johanna
 1 

coucou !! je viens de finir de lire “Once a life time” et je trouve qu’elle est vraiment géniale j’ai hate de savoir la suite !!

16 octobre 2011 à 15:37

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