10
fév

Once in a lifetime - chapitre 11

   Ecrit par : admin   in Once in a life time

Chapitre 11 par Lybertys

 

Cela faisait plus d’une semaine que nous restions à la cabane. J’attendais patiemment que Gwendal reprenne un poids de forme et se retape. Au fils des jours, il avait commencé à aménager la pièce, la décorant parfois de bouquets de fleurs qu’il trouvait dans les environs. Mon compagnon de voyage me fit part qu’il avait l’impression de se sentir un peu comme chez lui ici et j’avais rit doucement, amusé. Mais au plus profond de moi, cette idée m’avait effrayé. Je ne voulais pas rester ici, je voulais continuer à avancer, comme un être en fuite perpétuelle. Car rester dans un endroit était pour moi avoir trop de temps pour penser et me rappeler, me souvenir de ce que j’avais fait. J’avais pris goût au voyage et je réalisais que c’était devenu comme une drogue, une drogue depuis trop longtemps consommée pour arriver à s’arrêter. C’était bien simple : la route me manquait…

Ce jour là, j’étais dans la rivière, tandis que Gwendal allongé sur le ventre à l’ombre d’un arbre me regardait. Le pantalon relevé jusqu’aux genoux, je tentais tant bien que mal d’attraper du poisson pour le repas de ce soir à l’aide d’un fils de pêche. Cela faisait plus d’une heure que je bataillais et je devais avouer que la patience nécessaire à la pêche n’était pas mon fort. Mais, obstiné, je refusais d’abandonner. C’est alors que, brisant le silence de ce milieu d’après-midi, Gwen m’appela :

- Hayden…

- Tais-toi ! Chuchotais-je, faussement contrarié. Tu fais fuir les poissons…

Je vis Gwendal esquisser un petit sourire amusé, tandis que je repartais à l’affût.

- Quand est-ce que l’on part ? Demanda-t-il.

Cette question si brusque manqua de me faire tomber, glissant sur une pierre bancale.

- Tu veux repartir ? Demandais-je, sans cacher ma surprise. Je croyais que tu te plaisais bien ici…

- Moi oui, mais je vois bien que ce n’est pas ton cas… Répondit-il doucement.

Comprenant que le sujet était sérieux, je ne répondis pas tout de suite et m’approchais de lui, abandonnant à contre-coeur mon idée de pêche. Une fois face à lui, je me laissais tomber sur le sol, m’asseyant en croisant les jambes.

- Je vais être honnête avec toi, déclarais-je en posant mon regard sur lui, sondant inquiet son état de santé. La route me manque, mais je ne veux pas repartir au risque de mettre ta santé en danger.

- En danger ? Répéta-t-il, incrédule. Je ne suis pas en danger ! Tiqua-t-il.

- Même si tu n’en montres rien, j’ai bien vu que tu avais perdu beaucoup de poids, Gwen… Tu n’étais déjà pas épais à la base, mais là c’est devenu flagrant…

A ces mots, je vis Gwen rougir, comme affreusement gêné. Croyait-il vraiment que je n’avais rien remarqué ? Donnant une réponse à ma question il commença, sans oser croiser mon regard :

- Comment tu…

- Le lacet ! Avouais-je avec un sourire un coin. Celui que tu as piqué sur ma chaussure pour attacher ton pantalon… Tu l’as laissé traîner l’autre jour…

- Oh… Souffla-t-il, gêné.

- Tout ça pour dire, repris-je plus sérieusement, que cela ne me gêne pas de rester ici le temps que tu te remplumes un peu. De plus, C’est à moi de faire un effort pour adapter mon rythme de marche au tien. J’ai bien vu que tu faisais ton possible pour suivre mon rythme sans te plaindre, mais je ne peux pas toujours te demander d’arriver à me suivre. Cela fait des années que je mène cette vie, alors que tu n’es à mes côtés que depuis quelques semaines. Du coup, c’est à moi de faire un effort et de m’adapter à ton rythme et de ralentir un peu.

Il sembla touché par mes mots, car il détourna le regard mal à l’aise. Mon coeur s’emballa malgré moi, je commençais véritablement à le désirer et j’avais de plus en plus de mal à réfréner ces pulsions. Mon corps parlait pour moi. Gwen déclara timidement sans se douter de quoi que ce soit :

- Je… Tu n’as pas à faire tous ces efforts pour moi Hayden… C’est moi qui me suis imposé à toi, alors c’est à moi de m’adapter… Et je… Je voudrais que tu me dises si ma présence t’ennuie…

Retrouvant tout mon sérieux, je pris son menton entre mes doigt et l’obligeai à me regarder, avec des gestes emplis de douceur :

- Tu ne me déranges pas le moins du monde, Gwendal, déclarais-je.

- Tu es sincère ? Demanda-t-il, ancrant son regard au mien.

- Je n’ai jamais été aussi sincère, déclarais-je, gravement.

Plongé dans son regard, je n’arrivais pas à décider lequel de ses yeux était le plus profond. J’aimais ses yeux pers, cela lui donnait quelque chose de si particulier et terriblement envoutant. J’aurais pu les regarder pendant des heures. Cependant, ce n’était pas du goût de Gwen qui tenta de se libérer ma poigne. Je libérais alors son menton, pour poser ma main sur sa joue, alors qu’il baissait les yeux, reportant son attention sur le sol.

- Pourquoi détournes-tu le regard ? Demandais-je, ma main posée sur sa joue, la caressant doucement. Tu as des yeux magnifiques… N’ai pas peur de les montrer…

- Mes yeux ne sont pas beau, Hayden, soupira-t-il sans pour autant relever la tête. Tu n’imagines pas ce que c’est d’avoir à assumer le regard des autres, d’avoir à accepter que les grand-mères se signent en me traitant de sorcière dès qu’elles croisent mon regard…

- En quoi leurs réactions t’importent-elles tant, Gwendal ? Demandais-je, agacé malgré moi. En quoi leur avis te tient-il tant à coeur ? Qui sont-ils ? Qu’as-tu à leur prouver ?

- Je… Commença-t-il, hésitant.

- Ignore les, Gwen… Tu ne leur dois rien ! Tes yeux sont une partie de toi, de ce que tu es… Ils sont juste, fascinant… Soufflais-je alors que mon regard accrochait à nouveau le sien.

Envouté, je fus à nouveau possédé par un vague de désir, plus forte que les précédentes. J’avais envie de gouter à nouveau à ses lèvres,  de le toucher, le caresser, de l’atteindre…

La distance qui séparait nos lèvres s’amenuisait dangereusement. Et alors que ma bouche effleurait enfin la sienne en une caresse éthérée, Gwendal sursauta violemment sans parvenir à retenir un cri de frayeur lorsqu’un coup de tonnerre retentit bruyamment au dessus de nos têtes.

L’instant suivant, une pluie diluvienne s’abattie sur nous, caractéristique de la fin de l’été. Nous relevant d’un bond, nous rassemblâmes précipitamment nos affaires avant de partir en courant vers la cabane. Les quelques dizaines de mètres que nous avions à parcourir suffirent pour que nous arrivions complètement trempés. Alors que nous courrions pour nous mettre à l’abri, j’entendis soudain Gwen se mettre à rire. Surpris, je me tournais vers lui, plus qu’étonné.

Pris d’un fou rire, il semblait incapable de s’arrêter, comme possédé par l’euphorie. Si je ne le connaissais pas, ainsi, à rire sous la pluie, trempé jusqu’aux os, on aurait pu croire à un fou.

- Gwen ? L’appelais-je déconcerté.

Lâchant ses affaires, il se mit à tournoyer sur lui-même, les bras écartés, le visage levé au ciel, offert à la pluie qui tombait, ignorant les grondements du ciel. S’il était fou alors j’étais fou de le trouver plus beau encore par ce qu’il dégageait. Posant les affaires à l’abri de la cabane, je courus le rejoindre.

Les yeux fermés, il ne me vit pas venir et manqua de tomber en vacillant. Sans plus attendre, je passais mes bras autour de ses hanches, laissant mon corps se coller à lui dans son dos. Gwendal se détendit presque aussitôt à mon contact, se laissant aller à mon étreinte. Emporté par notre élan, il se laissa aller à laisser ses mains rejoindre les miennes et avec tendresse, je nouais mes doigts aux siens, posés sur son ventre. Même son odeur reflétait sa pureté et sa fragilité.

Pourtant, là, au creux de mes bras, il semblait plus fort que jamais, atteignant un bonheur qu’il semblait n’avoir jamais connu. Il semblait, je l’espérais, avoir enfin compris l’essence même de la vie que je menais : cette liberté qui s’insinuait au plus profond de notre être prodiguant ce sentiment d’euphorie.

Mon regard posé sur lui, jamais il ne m’était apparut aussi beau. Le véritable Gwendal se dévoilait peu à peu. Je finis par fermer les yeux, laissant aller toutes mes autres sens en éveils. Je sentais l’eau glacée tomber sur nous et pourtant, je n’avais pas froid. Le parfum de Gwendal envahissait tout mon espace olfactif et ses mains étaient d’une douceur incomparable. L’eau tombait dans un bruit assourdissant et pourtant il me semblait entendre les battements d’un coeur aussi frénétique que le mien qui ne semblait pas m’appartenir.

Malgré moi je pris peur. Je commençais à sérieusement m’accrocher à cette vie de voyage à deux. Je savais que cela ne serait pas éternel, que Gwendal se lasserait. Personne ne pouvait voyager aussi longtemps que moi et garder toujours cette même volonté. Gwen était encore dans la découverte et la surprise. Ignorant ces pensées, je me choisis de me concentrer exclusivement sur ce que je ressentais là, maintenant, sous la pluie : un profond bien être.

Ce fut l’idée qu’il n’était pas bon pour la santé fragile de Gwen de rester ainsi sous la pluie qui me ramena à la réalité.

- Ne restons pas sous la pluie… Viens… Murmurais-je au creux de son oreille.

Détachant à contre coeur mon corps du sien, nos doigts s’enlacèrent comme pour ne pas rompre le contact. Regardant nos mains, Gwendal finit par reporter son attention sur moi, comme s’il revenait de lui.

égèrement éloigné de lui, je ne pu m’empêcher de lui sourire, heureux et toujours envouté par sa beauté. J’avais l’impression que nos routes ne se croisaient véritablement que maintenant. Et que Gwendal, d’une manière que je ne parvenais pas à déterminer, venait de m’atteindre là où jamais personne ne l’avait fait. J’étais heureux d’avoir fait sa rencontre et heureux de ce que cette rencontre m’apportait.

Gwendal se laissa docilement guider. Lentement, je l’entraînais vers la cabane. Une fois à l’intérieur, je refermais vivement la porte derrière nous afin d’éviter que la pluie ne nous suive à l’intérieur. Puis, me dirigeant vers le petit poêl qui trônait dans un coin de la pièce, je l’allumais. Lorsque le feu eu prit, je me tournais vers Gwen. Immobile, il était pris de tremblement. Sans perdre un instant, je me mis à frotter ses bras en une vaine tentative de le réchauffer.

- Tu ne devrais pas rester avec tes vêtements mouillés, Gwen… Change-toi avant que tu n’attrapes froid…

Honteux, il détourna le regard et jeta un coup d’oeil à l’unique pièce, cherchant très certainement un endroit discret où il pourait se changer. Je souris constatant en même temps que lui qu’il n’y avait absolument aucun recoin où il aurait pu se dissimuler. Comprenant son désarrois et toujurs amusé par tant de pudeur de sa part, je déclarais en souriant :

- Promis je ne te regarderais pas ! Allez, change-toi !

Pour lui prouver ma bonne volonté, j’allais me poster devant l’unique fenêtre, lui tournant le dos. Il vallait de toute façon mieux que je ne le vois pas se déshabiller. Ces derniers temps ce n’était pas innocemment que je le regardais…

Je fixais l’extérieur, tentant d’imaginer autre chose que son corps certainement à moitié nu derrière moi. J’allais même jusqu’à prendre une grande inspiration tentant de me calmer, mais rien n’y faisait. Mon imagination me jouait des tours… Il fallait sérieusement que j’arrête. Gwen n’était pas le genre à m’aider à soulager ses pulsions. Cela était surement du au fait que je n’avais pas eu de rapport depuis un certain temps. Un frisson de dégout me saisit à la pensée de ma dernière relation que j’avais connue mais je la repoussais rapidement, continuant de l’oublier volontairement. Ce fut à ce moment là que j’entendis une petite voix, affreusement mal à l’aise :

- Hayden…

- Il y un a problème Gwen ? Demandais-je sans me retourner.

- Je… Je suis coincé… J’ai… Besoin de ton aide… Souffla-t-il.

J’imaginais déjà ses joues rouges.

- Tu es conscient qu’en me demandant mon aide, cela me force à me retourner ? Demandais-je avec une pointe d’humour.

- Dépêches-toi ! Marmonna-t-il. J’ai froid.

Il ne m’en fallut pas plus pour me décider. Il me tournait le dos. Je me retins de rire lorsque je le vis ainsi coincé dans son tee-shirt, mais je déglutis lorsque mon regard se posa sur son dos nu à moitié dévoilé. Savait-il combien cela me coûtait ? Posant mes mains sur les siennes, j’entrepris avec douceur à l’aider à retirer son tee-shirt, dévoilant à mon regard ce que je m’étais interdit d’admirer.

Il était trop près de moi, trop facile à atteindre, trop tentant.  Alors qu’il baissait les bras, libéré de sa prison de toile, je ne pus m’empêcher de poser mes mains sur ses hanches nues, juste au dessus de son pantalon, provoquant chez lui un violent sursaut. Cependant, il n’esquissa pas le moindre geste et ne voyant rien qui pouvait me retenir, je déposais avec une douceur extrême mes lèvres sur son omoplate, cédant à la tentation de goûter enfin à sa peau. Elle était si douce, si sensible… Son odeur embaumait mon être entier et réveillait en moi un désir puissant que j’avais essayé de faire taire avec difficultés ces derniers temps.

J’aurais voulu continuer, l’embrasser plus près du cou, lécher sa peau, le goûter tout entier mais ce fut mon intimité brusquement éveillée qui me fit revenir à la réalité. Brusquement, je m’éloignait de lui. D’une voix rauque de désir, je déclarais difficilement :

- Finis de te changer, Gwen… Tu es glacé…

Puis, sans plus de cérémonie, je retournais près de la fenêtre, mes pas résonnant dans le silence seulement brisé par les grondements du tonnerre et la pluie qui tombait toujours. Mon rythme cardiaque était sensiblement accéléré, mon souffle saccadé. Le désir coulait dans mes veines, brûlant une à une toutes les barrières qui m’aider à me contenir. Fixant l’extérieur, je tentais de me calmer, mais je n’y arrivais pas. Gwendal finit par venir vers moi et déclara simplement :

- La place est libre…

M’empêchant de le regarder, je m’empressais de m’éloignait, le fuyant. Je ne pouvais pas rester là. Il fallait véritablement que je calme mes ardeurs, et quoi de mieux qu’une douche froide. Au lieu d’aller me changer, j’ouvris la porte de la cabane et la refermais en claquant la porte derrière moi.

Ignorant la pluie qui continuait de tomber, je me mis à courir aussi vite que je pus jusqu’au grand sapin que j’avais déjà remarqué. Une douche froide ne suffirait pas. Voilà bien longtemps que je n’en étais pas arrivé là. Un problème de partenaire était rarement mon quotidien. Trouvant l’arbre en question, je m’abritais dessous et caché de tous les regards, je m’assis sur le sol m’asseyant sur l’herbe sèche.

Lentement, je laissais ma main glisser jusqu’à l’ouverture de mon jean et laissais plusieurs fois glisser ma main dessus en une caresse éthérée qui ne fit que m’exciter d’avantage. Me déhanchant légèrement malgré moi, j’ouvris un a un chacun de mes boutons, tout en prenant soins de caresser mes cuisses et mon entrejambe. Fermant les yeux, je libérais mon sexe, poussant un gémissement de satisfaction.

S’il faisait froid tout autour de moi, j’avais l’impression de brûler d’un feu insatiable. Incapable d’y mettre fin, les seules images de Gwendal nu qu’il m’avait été offert de voir me revinrent à l’esprit et ce fut honteux que je commençais à me caresser plus intimement. Si Gwen avait eut la moindre idée de ce que j’étais en train de faire, il serait déjà partit en courant. Murmurant son prénom sans savoir me retenir, j’accélérais mes caresses, me perdant dans des pensées plus perverses les unes que les autres.

 J’avais l’impression de le sentir tout contre moi, de goûter sa peau, de me délecter de la saveur de ses lèvres et de respirer son odeur à plein poumon. Ma respiration se fit saccadée, mon rythme cardiaque endiablé. Les yeux toujours désespérément clos, je ne voulais m’arracher à cette idylle de mon imaginaire.

Ce fut en gémissant son prénom que je finis par me libérer dans mes mains. Je restais là encore un moment, soupirant de bien être, enfin calmé. Je restais là encore un moment, avant d’aller rincer mes mains à la rivière, honteux de m’être soulagé à l’insu de Gwen. Trempé jusqu’aux os, je commençais à avoir froid et n’eus d’autre choix que de rentrer. Poussant lentement la porte, j’espérais que Gwen aurait comprit la raison de ma fuite. Mais ce ne fut pas le cas. Allongé sur le ventre, un livre posé devant lui, il ne tarda pas à me demander, d’une voix légèrement tremblante :

- Tu étais où ?

- Je… J’ai cru avoir oublié quelque chose à la rivière, tentais-je en espérant qu’il n’insisterait pas.

- Tu mens ! Déclara-t-il simplement, sans relever les yeux de son livre.

Il n’y avait ni reproches, ni accusation dans sa voix, seulement une constatation. A l’entente de ses mots, je poussais un profond soupir et me dirigeant vers mon sac de voyage, je déclarais :

- Ecoute Gwen, je ne suis pas certain que tu ai réellement envie de connaître la raison pour laquelle je suis sortis.

Alors que je me changeais enfin, appréciant les vêtements secs, il déclara simplement :

- Fais bien ce que tu veux. Après tout, tu n’as pas besoin de moi.

Je ne répondis rien, et une fois que je fus changé, je vins m’asseoir à côté de lui. La pluie n’était pas prête de se calmer et je n’avais aucune envie de me retrouver enfermé ici avec un Gwendal boudeur. Gardant obstinément les yeux fixés sur son livre, il ignora ma présence alors que je tentais de lui parler. Ne supportant pas son attitude de gamin, je refermais brusquement son livre.

- Hey ! S’exclama-t-il, furieux.

- Ecoute-moi quand je te parles ? Déclarais-je, las.

- Parce que tu m’as écouté toi peut-être ? Siffla-t-il en se redressant avant de s’éloigner de moi.

Comprenant ses intentions de fuite, je lui attrapais le poignet. Il resta un instant immobile avant de reprendre brusquement son poignet, s’arrachant furieusement à ma poigne.

- Ne me touche pas !

Sur ces mots, il se redressa. Sentant la colère monter en moi, je fis de même et très vite, Gwendal se retrouva coincé entre le mur et mon corps, les poignets maintenant fermement au dessus de sa tête. Furieux, il m’adressa un regard assassin, en s’exclamant :

- Lâche-moi ! Tu n’as pas le droit !

- Je ne te lâcherais pas avant que tu m’es écouté ! Déclarais-je, ancrant mon regard dans le sien. Et arrête de gesticuler, ça ne sert à rien !

- Je n’ai pas envie de t’écouter ! S’exclama-t-il. Je n’ai que faire de tes excuses, s’entêta-t-il.

C’était incroyable comme il pouvait être têtu. Il mettait vraiment mes nerfs à rude épreuve.

- Ecoute-moi ! M’exclamais-je en haussant le ton, le faisant sursauter. Je suis désolé si je t’ai blessé d’une quelconque façon, repris-je plus doucement. Ca n’était aucunement mon intention…

- Je ne suis pas blessé ! Répliqua-t-il cinglant.

- Ah oui ? Pourquoi est-ce que tu me fuis ainsi alors ? Renchéris-je, un sourire en coin étirant mes lèvres.

Pour toute réponse, Gwen tenta une nouvelle fois de se soustraire à ma poigne.

- Tu me fais mal ! Siffla-t-il, furieux.

- Excuses-moi, soufflais-je, en desserrant ma prise.

- Je t’excuse ! A présent, lâche-moi ! Ordonna-t-il.

- Pas avant que tu ne m’ai écouté ! M’exclamais-je déterminé.

Il finit enfin par céder, cessant de se débattre. Il m’adressa un regard assassin qui me fit sourire. S’il cherchait à m’impressionner ou à me faire peur, c’était raté. Il décida alors de m’ignorer et reporta son attention sur la fenêtre. Soupirant bruyamment, je sus qu’il ne cesserait pas d’agir ainsi sans avoir entendu la vérité, même si celle-ci ne lui plairait pas forcément.

- Si je suis partis comme un sauvage c’est que… Commençais-je hésitant, cherchant mes mots pour ne pas le heurter. Je ne suis qu’un homme, Gwen… Avec mes désirs et mes faiblesses… Et tu es loin de me laisser indifférent…

A ces mots, je vis Gwen sursauter, surpris, ne s’attendant visiblement pas à cela.

- Je te désire Gwen, ajoutais-je gravement. Et si je suis parti, c’était pour éviter de faire une bêtise.

Gwendal s’empourpra violemment, comprenant enfin la raison de mon départ. Loin d’être complètement calmé, je posais à nouveau mon regard sur lui, le déshabillant du regard. Il était tout simplement beau à couper le souffle. Sans pouvoir me retenir, je posais sur lui un regard brûlant et empli de désir…

S’en apercevant, terriblement gêné, Gwendal détourna de nouveau les yeux, sous mon sourire attendrit. Il ne prononça pas le moindre mot, et ses joues se teintèrent d’un joli rouge carmin. Réalisant ce que j’étais réellement en train de faire, je libérais ses poignets et m’éloignais sensiblement de lui afin que nos deux corps ne soient plus en contact. Si je m’étais calmé une première fois, je n’avais aucune envie de recommencer maintenant et de retourner sous la pluie. Gwen resta immobile, encore en train d’assimiler mes révélations. Mais bientôt, je le sentis s’approcher lentement de moi et alors qu’il allait poser une main sur mon épaule, j’esquissais un mouvement de recul, un pauvre sourire dépeint sur les lèvres :

- Ca ne serait pas prudent… Déclarais-je simplement. Je… Je crois qu’il vaudrait mieux que tu dormes dans ton duvet ce soir…

Les joues brûlantes sous mon insinuation, il esquissa à son tour un pas de recul, terriblement gêné.
La soirée se déroula lentement, dans un silence gêné. Nous étions couché depuis plusieurs heures, mais entendant Gwendal tourner et retourner dans tous les sens, je compris qu’il avait autant de mal à s’endormir que moi. Cela faisait plus d’une semaine que nous dormions côte à côte et il était étrange de ne pas passer une nuit contre lui. Plongé dans mes pensées, je l’entendis pousser un énième soupir de lassitude avant de l’entendre de lever et sortir.

Ne trouvant pas non plus le sommeil, je décidais d’aller le rejoindre. Rien de mieux que d’observer le calme de la nuit après un orage. Je ne tardais pas à le retrouver, assis dans l’herbe que la pluie n’avait pas pu atteindre. Je vins m’asseoir à ses côtés. Remarquant ma présence, il m’adressa un simple sourire auquel je répondis, puis nous reportâmes notre attention sur les bois. Nous restâmes ainsi, silencieux, l’un à côté de l’autre, admirant la beauté de la nuit, sans qu’aucun de nous n’ose briser le calme de la nuit. Finalement, Gwendal fut le premier à se jeter à l’eau :

- Comment tu l’as découvert ? Demanda-t-il.

- Découvert quoi ? Répétais-je, surpris.

- Ton homosexualité, répondit-il en se tournant vers moi.

- Oh ça… Soufflai-je amusé. Et bien… Au fond de moi, je crois que je l’ai toujours su… Peut-être est-ce à cause de ma mère… A la voir se faire passer dessus par tous ces mecs… A voir dans l’état dans lequel elle était chaque jour, à la voir en redemander encore, à faire la salope pour quelques euros… Peut-être est-ce cela qui m’a dégoûté des femmes, je ne saurais le dire… Quoi qu’il en soit, dès le collège, je n’ai jamais porté la moindre attention sur les filles… Au contraire, voir ses pré-adolescentes se trémousser avec des vêtements vulgaires pour attirer l’attention des garçons… Tout cela me répugnais ça me rappelais bien trop ma mère, ce qu’elle était devenu… Instinctivement, je sais pas, je me suis surpris à observer les garçons et je ne m’en suis pas retrouvé dégoûté, comme avec les filles… Lui répondis-je avec sincérité, sans la moindre gêne.

- Comment l’a prit ta famille quand ils l’ont appris ? S’enquit-il alors.

- Je ne connais pas mes grands-parents, ceux-ci ayant renié ma mère lorsqu’elle a commencé à se vendre… Quant à ma mère, elle s’est mise à hurler, me criant que j’étais un monstre, que je la dégoûtais…

Je me souvenais amèrement de ce jour. C’est à partir de ce moment précis qu’elle avait augmenté ses doses… Mon coeur se serra. Je ne voulais pas y penser. Gwendal ne fit aucun commentaire, gardant pour lui ses impressions. Après un long silence cependant, il finit par prendre à nouveau la parole :

- Père et mère ont toujours eut une vision plus que négative sur l’homosexualité, ne cessant de se plaindre d’eux et les dénigrant comme des moins que rien. Pour eux, le SIDA est de leur faute… Ils disent qu’ils l’ont bien mérité, qu’à force de forniquer à tout va, il fallait bien que quelque chose les punissent… Ils disent que c’est contre-nature… J’avais un cousin… Lorsqu’il a décidé d’assumer son homosexualité et qu’il a présenté son ami à ses parents, il s’est fait renié comme un malpropre et mettre à la porte, comme on jeterai une paire de chaussette abimée à la poubelle… Je ne l’ai jamais revu… Je ne sais pas ce qu’il est devenu… Et pourtant, il était quelqu’un que j’appréciais énormément… Peut-être l’un des seuls d’ailleurs… Mais parce qu’il était différent de ce qu’ils auraient voulu qu’il soit, ils l’ont tous renié, sans chercher à le comprendre, sans se mettre à sa place et essayer d’imaginer ce qu’il a du ressentir… J’ai haïs ma famille plus qu’il n’était possible après ça… Cette famille qui n’en est pas une, avec leurs valeurs préhistoriennes et leurs préjugés… Cette famille qui ne jurent que par leur statut social et se foutent du bien être de leurs enfants… Pour eux, nous ne sommes qu’un moyen d’assurer la lignée de la famille et, en nous utilisant intelligemment en nous mariant avec des hommes ou des femmes influant, d’assurer leur bien-être et leur place dans la société… Et dès qu’un des enfants sort du droit chemin, dès que l’un d’eux se met à montrer des signes d’anomalies ou des tares, comme l’homosexualité, on le renie… On le chasse de cette famille soit disant unie, afin de ne pas salir son nom… Cracha-t-il, comme envahi d’une fureur que je ne lui connaissais pas.

- Et toi ? Demandais-je en me tournant vers lui. Quel est ton point de vue ?

- Je… Je ne sais pas, souffla-t-il, gêné. Je ne pense pas avoir de point de vue particulier… Les sentiments ne se contrôlent pas, ce n’est pas nous qui choisissons la personne, c’est notre coeur… Et lui se fout que la personne qu’il aime soit un homme ou une femme…

- Tu as l’air de parler en connaissance de cause… Soufflais-je, un sourire amusé étirant mes lèvres, surpris d’une telle réponse de sa part.

- Moi ? Non… S’empressa-t-il de répondre, affreusement gêné.

- Menteur, sourit-je. Tu rougis…

- C’est de ta faute ! M’accusa-t-il en se tournant vers moi. Tu poses des questions gênantes.

- C’est toi qui a abordé le sujet… Répliquais-je.

Il ne répondit rien, se contentant de détourner les yeux, mal à l’aise sous mon regard qui se faisait de plus en plus insistant et que je ne parvenais pas à contrôler. Finalement, après un long silence gêné, il me demanda, changeant délibérément de sujet :

- Hayden ?

- Oui Gwen… Répondis-je avec une pointe d’amusement dans la voix.

- Jusqu’où tu serais prêt à aller pour ta liberté ? Demanda-t-il.

- Comment ça ? Dis-je de plus en plus surpris par ses questions.

- Je veux dire, que sacrifice serais-tu prêt à faire ? Que serais-tu capable d’abandonner derrière toi pour rester tel que tu l’es aujourd’hui ? N’as-tu jamais songé à t’arrêter et t’installer quelque part ? N’y a-t-il jamais eu personne qui t’as donné envie de te poser, d’abandonner la vie que tu menais jusqu’à maintenant pour elle ?

Je ne pus m’empêcher de soupirer. Gwendal avait le don pour me poser des questions que je n’aimais pas. Il abordait toujours des sujets sensibles.

Fixant les bois, je finis par lui répondre :

- Je ne sais pas, avouais-je. Je ne me suis jamais suffisamment attaché à quelqu’un pour avoir envie de tout abandonner pour lui… Je n’ai aucune attache nulle part, Gwen comme une feuille morte qui s’envole au premier coup de vent… Je me pose au gré de mes envies, mais, un jour ou l’autre, le désir de repartir se fait de plus en plus pressant, jusqu’au jour où, finalement, je finis par lui céder… Je suis comme ça, Gwen, c’est dans ma nature…

Après une courte pause, je repris :

- Le seul pour qui cela a été beaucoup plus difficile que je ne le pensais, à été Julien… J’étais prêt à tout plaquer pour lui… A arrêter de voyager et m’installer avec lui… Mais finalement, encore une fois, l’appel de la liberté à été le plus fort…

Je l’avais fait espérer. Et je l’avais blessé. Toute ma vie, je ne pourrais me départir de cette culpabilité.

- Il t’arrive de regretter ? Demanda-t-il, comme touché. Tu ne t’es jamais demandé ce qu’aurait pu être ta vie si tu étais resté près de lui ?

- Tu ne t’arrêtes jamais de poser des questions ? Lui demandais-je en riant.

- Désolé… Souffla-t-il en détournant le regard, honteux.

- C’est bon, je plaisantais, le rassurais-je. Tant qu’on en est aux confidences, autant parler non ? Et pour répondre à ta question, non, je ne regrette pas… Je sais que Julien a une meilleure vie que celle qu’il aurait eut avec moi si j’étais resté…

- Comment peux-tu en être certain ? Demanda-t-il en me regardant.

Tournant la tête vers lui, un sourire amusé, je déclarais :

- Tu as toujours réponse à tout, n’est-ce-pas…

Rougissant à nouveau, il frissonna légèrement sous la fraîcheur de la nuit. J’aurais bien voulu le prendre dans mes bras, mais je me l’interdit. Je repensais à ce qu’il venait de me dire. Regretter n’était pas dans mon mode de vie. Cela ne servait à rien de regretter le passé. Tout ce qui m’importait, c’était que Julien soit heureux. Je n’étais simplement pas fait pour une relation.

- Et toi… Déclarais-je après un instant de silence en lui souriant. Parle-moi un peu de toi ?

- De moi ? Répéta-t-il, confus.

- Oui, souris-je, de toi…

- Il n’y a rien à dire, soupira-t-il en détournant les yeux. Je m’appelle Gwendal, j’ai vingt ans et je me suis enfui avec un inconnu lorsque mon père m’a contraint à un mariage forcé… Tu vois, ma vie n’a rien de bien passionnant…

- Il y a forcément d’autres choses à dire, m’entêtais-je. Ce que tu aimes, ton enfance, la famille on va éviter, ajoutais-je, lui arrachant un petit sourire, tes goûts, tes rêves… Tu vois, il y a pleins de choses à dire sur toi…

- Pourquoi est-ce que tu veux savoir tout ça ? Demanda-t-il, surpris, en croisant mon regard.

- Ce n’est pas ce que font deux personnes qui voyagent ensemble ? Chercher à se connaître… Demandais-je en souriant, reprenant ses propres mots.

Gwendal sourit. A chaque fois qu’il souriait, il était encore plus beau… Reportant son regard devant lui, il commença à parler après un instant de silence :

-  Je n’ai jamais vraiment réfléchis à tout ça, avoua-t-il. Dès mon plus jeune âge j’ai toujours fait ce que l’on me demandait, parce que c’est comme cela que l’on m’a élevé et c’est ce que l’on attendait de moi… Je suis fils unique et mes parents n’ont jamais été très présents pour moi, mais mon rôle de fils unique me contraignait à me plier à leurs exigences… C’est pourquoi, je n’ai jamais discuté leurs ordres, faisant ce que l’on exigeait de moi…

- Et pourtant, tu t’es enfuis de chez toi lorsqu’ils ont voulu te marier… Commentais-je.

- Oui, souffla-t-il. Peut-être ai-je été docile trop longtemps, ajoutais-je avec un petit sourire amer. Je n’avais peut-être rien à moi, mes goûts étaient ceux que l’on m’imposaient, mais j’ai toujours eu ce désir au fond de moi… Quand j’étais petit, je rêvais que j’avais des ailes, et que je m’envolais loin de chez moi… Je rêvais de découvrir le monde, de rencontrer les gens que j’aurai aimé rencontrer et non ceux que l’on m’imposait… Je voulais tant être… Normal…

- Et maintenant ? Demandais-je en me souriant. Est-ce que la vie que tu mènes à présent te plait davantage ?

- Bien plus, répondit-il sincère avant de se rembrunir. Tellement qu’il m’arrive de croire que tout cela n’est qu’un rêve… Que si je ferme les yeux trop longtemps, lorsque je les ouvrirais, je me réveille dans ma chambre et que tout ce que j’ai vécu jusqu’à présent ne soit qu’une douce illusion…

Délicatement, ma main vint se poser sur sa joue, et avec une douceur infinie, je l’incitais à tourner la tête vers moi. Nos regards se croisèrent, chamboulant Gwendal. Avec ce que je m’apprêtais à faire, j’étais certain qu’il ne croirait plus à une illusion. Je voulais le ramener à la réalité et de la manière la plus douce qui soit. Lentement, je me penchais vers lui, cédant à la tentation, mon regard toujours ancré au sien, alors que Gwen ne bougeait pas, semblant parfaitement conscient de mes intentions.

Lentement, comme pour ne jamais le heurter, je posais mes lèvres sur les siennes. Gwen poussa alors un soupir de satisfaction qui me fit esquisser un sourire. Bientôt, mes lèvres s’entrouvrirent sur ma langue qui, tendrement, vint caresser ses lèvres, pour l’inviter à les entrouvrir. Enivré par son odeur et le goût si particulier de ses lèvres, je fermais les yeux, le sentant s’abandonner à moi. Cédant à mon invitation, il entrouvrit timidement les lèvres. Il ne m’en fallut pas plus et l’instant suivant, ma langue se faufilait entre ses lèvres, partant à la recherche de la sienne.

Lorsque nos langue s’effleurèrent en une tendre caresse, je sentis Gwendal frissonner violemment. Délicatement, je posai sa main sur ma joue alors qu’il n’osait esquisser le moindre mouvement. Très vite, notre échange gagna en intensité. Ma langue entraîna la sienne en un ballet vieux comme le monde. Soudain, ce fut trop pour moi et pris d’une frénésie incontrôlable, je le guidais dans un baiser fiévreux qui n’avait plus rien à avoir avec ceux que nous avions échangé jusqu’à maintenant.

Mon rythme cardiaque s’accéléra, possédé par le désir, je pressais mon corps contre le sien. Ce fut son corps tendu qui me montra que j’allais trop loin. Il était en train de prendre peur. Reprenant brusquement mes esprits, je m’écartais vivement de lui, rompant brusquement le baiser. Je m’étais laissé prendre… Il était rare que j’éprouve une telle attirance pour quelqu’un… Peut-être était-ce du à son inaccessibilité…

- Excuse-moi, murmurais-je, ma main caressant doucement sa joue. Je me suis laissé emporter… Ca va ?
- Je… Oui… Murmura-t-il, plus qu’embarrassé.

- Alors, demandais-je après un court instant, reprenant notre conversation où nous l’avions laissée. Tu crois encore que tout ceci n’est qu’une illusion ? As-tu déjà rêvé d’être embrassé par un homme, même dans tes rêves les plus fous ?

- Jamais… Avoua-t-il les joues rouges.

- Alors ceci n’est pas un rêve, Gwen… C’est réel… Déclarais-je en souriant.

Il ne répondit rien, et le silence nous enveloppa à nouveau. Finalement, la fatigue le gagna et alors qu’il étouffait un baîllemnt, je déclarais :

- Allez, va dormir… Tu tombes de sommeil…

Après m’avoir souhaité une bonne nuit, il retourna dans la cabane. Pour ma part, je continuais d’observer la forêt avec envie. Je pouvais entendre au plus profond de mon être, me crier de reprendre la route. Poussant un soupir, j’allais à mon tour me coucher. Je ne tardais pas à trouver le sommeil, emporté dans des rêves sans images…

Finalement, nous ne reprîmes la route que trois jours plus tard, la pluie n’ayant pas cessée avant. Au matin du quatrième jour, profitant d’une éclaircie, nous rangeâmes nos bagages et reprîmes la route. Si Gwendal avait du mal à quitter cet endroit il n’en laissa rien paraître. Pour ma part, la joie de reprendre la route embaumait mon coeur d’étincelles.

Nous marchâmes pendant deux jours avant de finalement prendre le bus jusqu’à Birmingham. Là, après une nuit à l’hôtel, nous prîmes le train jusqu’à Edimbourg. Je lui avais avoué avoir un ami là bas et lui avais demandé s’il était d’accord pour lui rendre visite. A sa mine renfrognée, j’avais éclaté de rire en lui expliquant que cet ami n’était pas le moins du monde attiré par les hommes et que je n’avais jamais eus d’aventure avec lui. Partiellement rassuré, il avait tout de même fini par accepter.

Et après une petite semaine de marche, nous arrivâmes enfin à Fakland, une petite ville au nord d’Edimbourg. Ne m’y étais jamais rendu, ayant rencontré Darren en Angleterre, je demandais mon chemin et nous arrivâmes enfin à la petite villa un peu en retrait de la ville dont il m’avait tant parlé. Là, je passais devant lui et allait frapper à la porte. Ce fut une jeune femme qui vint nous ouvrir et que je ne connaissais pas. D’un ton poli, je demandais :

- Bonjour, est-ce que Darren MacKay est là, s’il vous plait ?

- C’est de la part de qui ? Demanda la jeune femme un peu sceptique.

- Hayden…

- Chéri ! Appela la jeune femme en se tournant vers l’intérieur. Un certain Hayden demande à te voir.

L’instant d’après, Darren, sorte de gros ours, fit irruption dans l’encadrement de la porte. Je souris en voyant Gwendal esquisser un pas en arrière. Darren était tout simplement immense. Mais ses yeux bleu et ses cheveux roux dégageait quelque chose de tendre. Darren était tout sauf un mauvais type, il ne fallait simplement pas le chercher trop longtemps.

- Par la barbe de Merlin ! S’exclama Darren avec un grand sourire. Hayden ! Qu’est ce que tu fais là, mon vieux !?

L’instant d’après, comme il en avait pris l’habitude, il m’attrapa à l’aide de ses deux bras énorme et me soulevant de terre comme si je ne pesais rien, il me serra contre lui. Me serrant plus fort qu’il n’était capable de le supporter, il m’étouffa presque.

- Salut Darren ! Soufflais-je en lui rendant son étreinte. Content de te voir vieux !

Nos embrassades s’éternisèrent avant que je ne me souvienne de la présence de Gwendal. Me tournant vers lui, je fis les présentations et Gwendal lui serra poliment la main retenant tant bien que mal un gémissement de douleur sous sa poigne de fer.

C’est avec entrain que Darren nous invita à entrer chez lui et après nous avoir présenté sa compagne, Blair, il nous offrit à boire.

Très vite, la discussion s’engagea entre Darren et moi et c’est à peine si je vis disparaître Gwendal dans la cuisine. J’avais rencontré Darren lors d’un travail et l’amitié s’était tout de suite créée. A son départ, il m’avait fait promettre de venir lui rendre visite dans la villa qu’il venait d’acquérir, trop heureux de rentrer enfin dans son pays. Il m’interrogea sur ce que j’avais fait durant tout ce temps là et il ne fut pas surpris de voir que je n’avais pas changé. Sa seule surprise fut que j’ai un compagnon de voyage. Brièvement et confiant, je lui racontais comment je l’avais rencontré.

Darren m’apprit qu’il allait se marier avec Blair. Heureux pour eux, je le félicitais en lui souhaitant tous mes voeux de bonheur. Il le méritait. A mes souvenirs, sa dernière copine l’avait quitté sans la moindre considération et il avait eu beaucoup de mal à se relever. Il semblait avoir enfin atteint le bonheur qu’il espérait et me parla même d’enfants qu’il espérait avoir.
Le soir, nous fûmes conviés à rester dormir et lors du dessert, Darren, après avoir probablement reçu l’accord de sa future épouse, nous proposa de rester pour leur union, chose que je m’empressais d’accepter avec une joie non feinte.

La soirée du s’éterniser, car Gwendal s’endormit, la tête callée contre mon épaule. Ce fut à ce moment là que Darren me souffla, comme attendrit :

- Je suis content que tu ais trouvé quelqu’un avec qui partager ta vie et qui suive ton rythme.

- Que veux-tu dire pas là ? Lui demandais-je en fronçant les sourcils.

- Je veux simplement dire que vous faîtes un très beau couple.

Si ce mot m’hérissa je n’en laissais rien paraître et riant légèrement je m’empressais de le corriger :

- Darren, nous sommes simplement des compagnons de voyage, rien de plus.

- Je ne pense pas que Gwen te voit simplement comme un compagnon de voyage, souligna Blair avec une moue dubitative.

- Quoi ? Qu’est que vous allez vous imaginez… Gwen n’éprouve pas ce genre de sentiments pour moi. Dis-je en posant mon regard sur lui. Il est plus souvent choqué et dégoûté par mon style de vie.

- Pourtant, ce n’est vraiment pas ce que ses yeux te disent, argumenta Darren.

- Je pense que votre imagination est trop fertile, répliquais-je. On ne tombe pas amoureux de quelqu’un aussi vite. Surtout de moi. Non, ce n’est pas possible, répliquais-je comme pour me convaincre et faire taire le doute qu’ils venaient de faire naître en moi.

- Si tu le dis… Mais méfie-toi quand même. Gwendal a l’air d’être un garçon sensible, conclu Blair.

- Pas comme toi, ajouta Darren en riant.

Je fus blessé d’être traité de coeur de pierre mais je ne répondis rien. Après tout, il touchait peut être dans le vrai. Je n’étais tout simplement pas capable d’aimer. Mais il était simplement impossible que Gwen éprouve quelque chose pour moi. De l’affection peut-être mais rien de plus. Il en était de même pour moi. J’éprouvais de la tendresse, de l’affection, une volonté de le protéger, mais ça s’arrêtait là.

Le dimanche matin, nous nous préparâmes tous pour la cérémonie qui devait avoir lieu en fin de matinée. Darren venait de me donner des vêtements pour Gwendal et je m’empressais de les lui apporter. Il était en train de s’habiller dans la salle de bain et sursauta à mon arrivée. Lui tendant une chemise blanche et un pantalon noir, je déclarais :

- Tiens, met ça ! Et fait quelque chose pour tes cheveux ! Ajoutais-je en les avisant soigneusement peignés. Comme le matin quand tu te réveilles par exemple ! Ajoutais-je, un sourire en coin étirant mes lèvres.

- Tu veux dire que j’ai l’air de sortir de mon lit ? S’exclama-t-il, surpris.

- Ou du mien, de préférence ! Répondis-je avant de quitter aussitôt la pièce, amusé de voir l’air stupéfait de son visage.
Il était définitivement trop facile de le faire marcher. Pour ma part, déjà près, j’allais rejoindre les autres dans le salon.

Quelques instants plus tard, discutant avec Blair des derniers préparatifs, je ne pus m’empêcher de m’arrêter en plein milieu de ma phrase en voyant Gwendal apparaître. Dans ses vêtements pourtant si simples, il était de toute beauté. Un ange… Face à mon regard intense, Gwendal détourna le regard, mal à l’aise, et une fois de plus rougissant. Blair s’approcha de lui tout sourire :

- Tu es ravissant, Gwendal ! Déclara-t-elle.

Il lui adressa un petit sourire de remerciement puis nous nous mîmes en route.

Ce n’était pas le premier mariage auquel j’assistais mais je fus particulièrement heureux pour mon ami lorsqu’ils échangèrent enfin leurs voeux et leurs anneaux avant de s’embrasser passionnément. Au fond de moi, je savais que cela m’était interdit, que jamais je ne connaitrais ce qui les liait aussi profondément. Je me l’interdisais. Je n’avais pas le droit, pas après ce que j’avais fait à ma mère et ce qu’elle avait fait de moi.

Durant la fête qui suivit, je fus heureux de voir Gwendal passer sa soirée à danser avec Blair ou Darren, ceux-ci l’ayant visiblement très vite adopté. Pour ma part, j’étais engagé dans une profonde discussion sur mon style de vie avec le cousin de Blair qui rêvait de voyager.

Lorsque vint le moment des slows, Gwendal alla rejoindre sa place, regardant simplement danser les autres, le menton calé dans sa main. Repensant au slow que nous avions dansé tous les deux, j’eus envie de retenter l’expérience. Charmé par sa beauté, je m’approchais de lui alors qu’il semblait prêt à aller faire un tour dehors. Charmeur, je m’approchais de lui dans une démarche féline. Il commençait à occuper très sérieusement toute mes pensées. Ainsi vêtu, il semblait être un ange venu tout droit des cieux dont aucune beauté ne pouvait égaler. M’approchant de lui, je lui tendis la main, et le regardant dans yeux, un tendre sourire étirant mes lèvres, je demandais :

- Tu viens danser ?

Comme pour s’assurer que c’était bien à lui que je parlais, il regarda autour de lui et s’aperçut qu’il était le seul à ce coin de la table. Amusé de le voir réagir ainsi, je fus heureux de le voir rougissant, attraper timidement ma main. Fier, je l’entraînais à ma suite sur la piste de danse, au milieu des couples tendrement enlacés. Puis avec une tendresse qui me surprit moi même, ne m’inspirant rien d’autre lorsque j’étais à ses côtés, je passais mon bras autour de sa taille, l’attirant délicatement à moi.

Timidement, Gwendal enlaça ses doigts au mien tandis que je le regardais en souriant. Bientôt, nous commençâmes à danser au rythme lent de la musique. Lentement, je pus sentir Gwendal finir par se détendre, se laissant complètement aller entre mes bras. La tête calée sur mon torse, j’ignorais s’il pouvait percevoir les battements endiablés de mon coeur. Mes doigts passaient et repassaient dans son dos, l’effleurant en une caresse aérienne à travers sa chemise. Je ne pus m’empêcher de sourire de contentement lorsque je l’entendis soupirer longuement de bien-être.

- Ca va ? Lui demandais-je.

- Oui, répondit-il dans un murmure.

Pour toute réponse, je lui embrassais les cheveux, envahi d’un sentiment étrange qui ne m’inspirait que douceur et tendresse à son égard. Je n’aurais su dire combien de temps nous restâmes ainsi enlacés, guidés par le rythme de la musique. Au bout d’un long moment, fatigué, Gwen redressa la tête et d’une petite voix, il déclara :

- Hayden… Je voudrais rentrer… Je suis fatigué…

- D’accord, répondis-je. Va chercher ta veste, je vais prévenir Darren que nous rentrons…

Me séparant de lui à contre-coeur, j’allais glisser un bref mot à Darren, le félicitant encore une fois pour ce jour qui allait changer sa vie. Il me donna un double des clefs de sa maison. Revenant vers Gwendal, celui-ci était en train d’enfiler sa veste. Sans un mot, je lui souris avant de le prendre par la main, l’entraînant à ma suite. Le chemin jusqu’à chez Darren n’était pas long et se déroula dans le silence le plus complet. Gardant ses doigts prisonniers, il m’était impossible de rompre le contact. Il regardait le sol, comme s’il avait peur de relever la tête et de croiser mon regard. Il n’y aurait pourtant vu que le reflet de sa beauté qui illuminait mes yeux.

Arrivés chez Darren, je sortis la clef de ma poche et ouvrit la porte, l’invitant galamment à me précéder. Il me sourit, à la fois amusé et intimidé, et entrant derrière lui, je refermais simplement la porte. Une fois arrivé dans la chambre, Gwendal se débarrassa de ses chaussures et de sa veste et, attrapant un boxer propre et son pyjama, il alla s’enfermer dans la salle de bain. Pour ma part, je pris plus de temps et je dus ronger mon frein pour ne pas aller le rejoindre. Je finis par simplement attendre, vêtu de mon boxer, allongé sur le lit. Gwendal revint après un moment. Je pouvais sentir l’odeur du savon jusqu’ici. Amusé, je vis qu’il s’efforçait de ne pas me regarder.

- Tu as fini avec la salle de bain ? Lui demandais-je.

- Oui, répondit-il simplement, en dénouant ses cheveux, assis en tailleur de son côté du lit.

Puis, sur un simple sourire, je l’abandonnais momentanément.

Lorsque j’eus terminé de me laver, Gwendal était déjà sous les couvertures. Il n’ouvrit les yeux que lorsque je vins me glisser entre les couvertures et m’allonger près de lui. Je ne voulus pas éteindre la lumière tout de suite, voulant une fois de plus admirer son visage. Ancrant mon regard au sien, je vis Gwendal répondre timidement au sourire que je lui adressais.

- Tu as passé une bonne soirée ? Demandais-je dans un chuchotement.

- L’une des meilleures de ma vie, répondit-il avec sincérité. Je suis vraiment heureux pour Blair et Darren, ils sont vraiment très gentils.

- Oui, approuvais-je. Blair est une femme merveilleuse, je suis content pour Darren, elle le rendra heureux.

Gwen ne répondit rien, se contentant de répondre au sourire que je lui adressais. Avait-il seulement la moindre idée de la beauté qu’il dégageait. Mon regard ancré au sien, je ne parvenais pas à le quitter du regard, comme hypnotisé. Angel… C’était le mot qui le qualifiait parfaitement. Je ne pus me contrôler plus avant. D’un geste d’une tendresse qui me troublais, je levais une main vers son visage et du bout des doigts, je replaçais la mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux derrière son oreille.

Puis, au lieu de récupérer ma main, je la posais sur sa joue, la caressant affectueusement. Sous la douceur de mes doigts, je pus voir Gwen se laisser aller à fermer les yeux, soupirant de bien-être. La tentation était trop forte. Lentement, je m’approchais de lui, attiré par ses lèvres qui ne demandaient qu’à être recouvertes. Sans plus attendre, mes lèvres happèrent les siennes avec une tendresse dont je ne faisais preuve qu’avec lui. J’avais constamment peur de le heurter, comme s’il s’agissait d’un être d’une sensibilité et d’une fragilité extrême.

Très vite, ma langue vint caresser ses lèvres et à mon plus grand plaisir, Gwendal accéda docilement à ma requête. Ma langue rencontra alors la sienne et l’entraîna dans un ballet sensuel. Ma main quitta alors sa joue pour aller se poser dans le creux de ses reins, le faisant tressaillir. J’avais besoin de plus qu’un simple baiser, mais je ne savais pas s’il était prêt. Cependant, comme rassuré par ma tendresse, il se laissa aller, me laissant le guider sur ce chemin qui lui était inconnu.

Fébrilement, ma main se glissa sous son haut de pyjama, effleurant enfin sa peau. A ce contact, Gwen poussa un petit gémissement de surprise qui ne fit que m’encourager. Prenant sa réaction pour un consentement, j’entrepris alors de le caresser plus franchement. Lentement mes doigts remontèrent le long de sa colonne vertébrale, lui arrachant un frisson de bien être tandis que je me perdais sous la douceur et la finesse de sa peau.

Je fus amusé de voir Gwen se cambrer légèrement, rapprochant nos deux corps plus encore, éveillant le mien. Bientôt, mon baiser se fit plus entreprenant. La douceur, bien que toujours présente, laissa place à quelque chose de plus pressant que je ne pouvais contrôler alors que ma langue caressait la sienne avec frénésie. Jamais encore nous n’avions échangé un tel baiser et lentement, je continuais de lui faire découvrir un monde qu’il allait adorer.

Partit comme nous l’étions, nous nous acheminions peu à peu vers un chemin de non retour, non prémédité, profitant simplement du présent. Mes mains étaient enfin en contact avec sa peau, son corps en contact avec le mien me grisait. J’étais certain qu’il était un amant extraordinaire et touché qu’il me laisse être sa première fois. Je ne voulais pas le lui faire regretter. Il était le premier vierge avec qui j’allais coucher, aussi j’allais devoir user de toute ma patience et ma douceur pour qu’il n’oublie jamais cette nuit et la magie de ce moment.

Un petit gémissement rauque que je ne pus m’empêcher de retenir mourut dans la bouche de mon vis à vis, alors que mon corps se pressait davantage contre le sien. Ma main abandonna son dos pour aller s’ancrer sur ses fesses. Un nouveau frisson s’empara de lui, alors qu’il semblait se laisser aller en confiance entre mes bras. Timidement, il posa une main sur ma nuque, ce qui me fit violemment frissonner à ce contact, ne m’attendant pas à un tel geste de sa part.

Invité à poursuivre, je le fis brusquement rouler sur le dos, laissant le poids de mon corps sur le sien. Je le vis aussitôt rougir en réalisant notre position. Allongé de tout mon être entre ses jambes et sur son torse, je l’embrassais à en perdre haleine, pressant mon corps contre le sien, gagné par l’ivresse de le sentir enfin si proche. Libérant ses lèvres après un baiser des plus fiévreux, j’enfouis mon visage dans son cou alors qu’il refermait ses bras autour de moi, comme pour m’empêcher de m’éloigner de lui. C’était loin d’être mon intention…

Alors que je posais mes lèvres dans son cou tant désiré, il frissonna violemment à ce contact, avant de pousser un petit gémissement plaintif qui vint ravir mes oreilles. L’instant suivant, ma langue vint rejoindre ses lèvres alors que j’explorais dans retenue les courbes de son cou, mordillant délicatement sa peau au passage avant de la parsemer d’une multitude de baiser papillons, pour me faire pardonner de ma brusquerie.

Jamais je n’aurais pensé faire autant preuve de douceur et ô combien il était agréable d’éveiller Gwendal aux plaisirs de la chair. Là, en dessous de moi, il se laissait aller à fermer les yeus, rejetant la tête en arrière, en proie à des sensations qui lui étaient jusqu’alors inconnues. M’offrant un plus grand champ d’action, je ne pus me retenir de pousser un grognement guttural qui le fit frissonner.

Puis restant contre ses lèvres, mes mains se mirent en mouvement sur son corps, effleurant ses côtes pour longer sa taille et ses hanches, avant de finalement se poser sur l’une de ses cuisses que je lui fis relever, faisant s’accentuer le contact de mon aine sur son bas ventre. A ce rapprochement, Gwendal réagit aussitôt, se cambrant contre moi, poussé par le désir d’intensifier le contact de nos deux corps.

Satisfait, j’abandonnais momentanément son cou pour m’emparer à nouveau de ses lèvres tandis que j’esquissais un mouvement de bassin, faisant se frotter mon intimité contre la sienne. Cette fois-ci, un gémissement de pur plaisir s’échappa de ses lèvres et profitant de cet instant, je glissais ma langue entre ses lèvres pour un baiser passionné comme jamais nous n’avions échangé.

Son corps était une véritable invitation à la luxure. Tous ses sens semblaient en éveil et il était comme perdu au milieu de cet afflux de sensations. Mes mains dansaient sur son corps l’investissant avec délicatesse et savoir faire, désirant pousser plus loin encore son envie pour moi.

Mettant fin à notre échange, je me redressais légèrement et ancrant mon regard au sien, je lui offris un sourire. Voilà ce que m’inspirait Gwendal : beaucoup de tendresse et cette sensation de bien être à côtés. J’avais l’impression en l’espace d’un instant, que sa pureté pouvait m’atteindre et qu’elle éclairait mon être, le rendant moins sombre. Je lui souris parce qu’il était beau, je lui souris pour le rassurer. Je me sentais si bien, là, si proche de lui.

Ma main vint délicatement se poser sur sa joue, une fois de plus teintée d’une couleur carmine. Sans m’en soucier davantage, je caressais tendrement sa joue avant d’y déposer une multitude de baisers aériens. Je fus heureux de le voir sourire. Ancrant mon regard au sien, mes lèvres à quelques centimètres des siennes, je lui demandais d’une voix sensuellement rauque :

- Tu as peur ?

- Oui…

- Tu veux que j’arrête ? Demandais-je, aussitôt en proie à l’inquiétude que je laissais transparaître dans ma voix.

- Non… Souffla-t-il à ma plus grande surprise, s’abandonnant entièrement à moi.

Encouragé par sa réponse, je ne pus retenir un immense sourire qui vint étirer mes lèvres, touché par sa confiance, poussant un soupir de soulagement. Avait-il seulement conscience de l’ampleur du désir que j’éprouvais dès à présent pour lui. Je fus surpris du sentiment qui m’étreint alors le coeur. Plus qu’un désir physique, je voulais le posséder tout entier, je voulais être son premier, le marquer à jamais de cette expérience comme étant une des plus belles de sa vie.

Changeant de position, je me redressais  avant de m’agenouiller entre ses cuisses. A sa vue, les jambes éhonteusement écartées, et les joues rouges, je ne pus que sourire face à ce contraste. Me penchant vers lui, je lui volais un tendre baiser, cherchant à le rassurer. Je ne voulais surtout pas lui faire de mal. Puis, fébrilement, j’entrepris de déboutonner son haut de pyjama. Gwen en sembla terriblement gêné mais il ne m’incita pas à arrêter, me laissant au contraire tout le loisir de dévoiler son corps.

Alors que j’ouvrais sa chemise, exposant son torse nu à mon regard impudique, je fus envahi d’une chaleur insoutenable. Son corps était tout simplement magnifique. Sa peau laiteuse sans la moindre imperfection semblait aussi douce que de la soie. Jamais je n’aurais cru ressentir quelque chose d’aussi fort pour quelqu’un. Réagissant physiquement, je voulais sentir le sexe de Gwendal gonfler et se durcir d’avantage alors que j’esquissais un lent et délicat déhanchement qui lui arracha une plainte de plaisir.
Rassuré par ma douceur, il retira complètement son haut de pyjama, m’offrant une vision complète de son torse dénudé. A cette vision, je ne pus que frissonner violemment et, fébrilement, n’osant pas croire ce que j’avais sous les yeux, hésitant à le toucher, je posais mes deux mains sur son ventre plat.

Mes mains se mirent alors à parcourir son corps en toute liberté, redessinant du bout du doigt les courbes graciles de son corps, apprenant chaque mont et vallée. Lorsque mes lèvres se posèrent quelques centimètres plus loin au dessus de son nombril, mes mains échouées sur ses hanches, Gwendal m’offrit encore le plaisir d’entendre l’un de ses gémissements de plaisir. Son corps se cambra violemment. Satisfait de sa réaction, je réitérais mon geste encore et encore, laissant s’embraser en lui un feu qu’il n’avait encore jamais connu. Sa main de posa sur mon épaule, tandis que l’autre allait se perdre dans mes cheveux, comme pour se raccrocher quelque part.

Puis, je finis par relever la tête, en manque du goût de ses lèvres, je remontais m’en emparer  pour un baiser passionné, ma langue entraînant la sienne pour un baiser des plus ardents. Puis, à bout de souffle, je rompis notre échange  et enfoui de nouveau mon visage dans son cou. Gwendal referma ses bras autour de moi, comme pour m’empêcher de partir, caressant délicatement ma nuque du bout des doigts. A ce contact, je ne pus me retenir de frissonner violemment alors qu’un gémissement de plaisir venait mourir sur sa peau que j’embrassais avidement.

Délicatement, je mordillais la peau sensible de son cou, réitérant le même manège que précédemment, mais de l’autre côté. Remontant sur son menton, j’embrassais alors la ligne de sa mâchoire avant de mordiller délicatement le lobe de son oreille, lui arrachant un nouveau gémissement de plaisir, alors que ses ongles se plantaient dans mon épaule. Puis, après avoir délicieusement torturé son oreille, je redescendis dans son cou, mais je ne m’y attardais pas, descendant davantage au sud.

Je marquais une pause au niveau de sa clavicule, laissant ma langue caresser sa peau qui s’avéra être très sensible à cet endroit. Puis, reprenant ma navigation, trop heureux de découvrir son corps, embrassant chaque parcelle de peau offerte, je stoppais l’exploration de son corps lorsque j’arrivais au niveau de ses tétons déjà durcis. Lorsque je les effleurais du bout de la langue, il émit un long gémissement plaintif qui sonna à mes oreilles comme la plus douce des mélodies jamais entendue.

Je fis durer cette douce torture un moment, titillant ses boutons de chair l’un après l’autre, en léchant un tandis que mes doigts jouaient avec l’autre et inversement, le plongeant dans un monde qu’il n’avait jamais connu. Puis, lassé, j’entrepris de passer à autre chose. Toujours avec tendresse, je repris mon exploration, laissant mes lèvres et ma langue découvrir le reste de son corps, descendant jusqu’à son ventre, jouant avec son nombril, passant et repassant sur ses abdominaux, cherchant à imprimer leur courbe dans ma mémoire.

Subitement, je me redressais, le surplombant de toute ma hauteur, posant sur lui un regard brûlant de désir. Puis, me penchant vers lui, je m’emparais de ses lèvres pour un baiser ardent mais toujours avec cette douceur et cette tendresse dont j’avais si rarement fait preuve avec autrui. A bout de souffle, haletant, ce fut Gwendal qui mit fin à notre échange.

Ancrant son regard au mien, dans un geste qui me surpris énormément, il posa sa main sur ma joue et m’adressa un sourire tendre avant de s’emparer de mes lèvres pour un baiser d’une douceur infinie. Mon corps se tendit tout entier à ce contact, alors que pour la première fois, il était à l’initiative d’un de nos baisers. Et il apprenait très vite… Il finit par libérer mes lèvres, rougissant et détournant les yeux, gêné de son audace.

Aussitôt, je m’empressais de bloquer son geste d’une main sur sa joue, le forçant à me regarder. Je voulais qu’il soit certain de ce qu’il était en train de faire, que ça ne soit pas juste une lubie ou une décision sur un coup de tête. Je ne voulais surtout pas qu’il regrette et mon sourire laissa place à une expression bien plus sérieuse. J’avais tellement peur de le blesser. Lui qui semblait alors à mon regard, si pur…. Mon coeur battait extrêmement vite sous l’excitation, mais le sien battait tous les records.

Délicatement, avec une tendresse extrême, j’effleurais ses lèvres du bout des doigts. D’une voix chargée d’émotions, je demandais dans un souffle :

- Tu es certain que c’est ce que tu souhaites ?

Pour toute réponse, il se leva de façon à ce que son visage ne soit plus qu’à quelques centimètres du mien, et murmura tout contre mes lèvres :

- Je suis sûr…. Hayden… Me supplia-t-il avant de s’emparer une seconde fois de mes lèvres.

Rassuré et reprenant mes esprits, je repris délicatement le contrôle de notre échange et de nouveau, mes mains partirent à l’aventure de son corps. Lorsque je mis fin à notre échange, je lui volais un furtif baiser juste après, avant de me redresser.

Je voulais lui offrir ce que j’avais été forcé de donner à Thomas. Je voulais avec lui effacer définitivement ce souvenir. Me penchant à nouveau au dessus de lui, je déposais mes lèvres sur son ventre, lui arrachant un frisson de bien être. Puis, ancrant mon regard au sien,  pour m’assurer de son approbation, je posais mes mains sur ses hanches, à l’endroit où était posé son pantalon et lentement, pour ne pas l’effrayer, j’entrepris de le lui retirer. Semblant prendre entièrement conscience de ce qui était en train de se passer, je vis Gwen rougir de plus bel, comme honteux de son corps. Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Gwendal se retrouve entièrement nu, exposé à mon regard appréciateur, un désir sans nom s’y reflétant. Angel… C’était véritablement ce qu’il était.

C’est alors que mon vis à vis se mit à trembler, esquissant un geste pour se soustraire à mon retard. Comprenant aussitôt son intention, je le retins pas les hanches :

- N’ai pas honte, Gwen, murmurais-je d’une voix rauque. Tu es magnifique…

Troublé, Gwen m’adressa un petit gêné auquel je répondis en l’embrassant tendrement tout en esquissant un lent déhanchement. A ce contact, Gwen poussa un gémissement de plaisir. Satisfait de sa réaction, je réitérais mon geste, faisant frotter contre lui mon sexe durement gonflé à travers la toile de mon boxer. Alors que je me frottais impudiquement contre son intimité, le faisant haleter de plaisir, je laissais ma langue parcourir de nouveau son corps, attisant au maximum le plaisir de mon amant.

Puis, petit à petit, mes lèvres arrivèrent au niveau de son bas ventre, après avoir redessiné chaque courbe de son torse et de son ventre. Progressivement, je laissais ma langue caresser l’intérieur de ses cuisses, évitant délibérément de toucher son intimité. Un gémissement étouffé s’échappa de ses lèvres entrouvertes tandis que je prenais plaisir à le faire languir, plus que satisfait de le voir se tortiller sous moi.

Lorsque je sentis que la frustration était trop forte et que Gwen était plus que prêt, je passais ma langue sur son intimité, la léchant sur toute sa longueur. Le sanglot de frustration que Gwen poussait se transforma subitement en un cri de surprise. Fort de mon effet, je réitérais mon geste plusieurs fois, lui arrachant à chaque fois un gémissement de plaisir. Puis, sans le prévenir, je pris son intimité entre ses lèvres, effaçant à jamais le souvenir de Thomas. Ce fut à ce moment précis que je lui arrachais son premier vrai cri de pur plaisir. Un violent spasme parcouru son corps comme s’il était en train de perdre pied.

Délicatement, je commençais alors un lent mouvement de va et vient, prenant son intimité toujours plus profondément entre mes lèvres. Je sentis les doigts de Gwen se perdre dans mes cheveux, ne faisant que m’encourager à lui offrir encore plus.

Jamais je ne m’étais autant donné. Les mains ancrées sur ses hanches, je le gardais plaqué contre le matelas, lui interdisant tout mouvement. Un gémissement de mécontentement s’échappa de ses lèvres entrouvertes, alors que je gardais toujours ce même rythme volontairement lent.

Bientôt, ses gémissements se muèrent en sanglots. Accédant alors à sa requête, j’accélérais subitement les mouvements de va et bien, ma langue experte s’enroulant sensuellement autour de son intimité. Ne pouvant davantage faire taire mon propre plaisir, je glissais une main dans mon boxer, m’offrant quelques caresses intimes pour calmer le feu qui brûlait en moi. Peu à peu, le sentant sur le point de non retour, j’accélérais davantage la cadence de mes vas et vient, lui arrachant un sanglot de pur plaisir alors qu’il s’exclamait :

- Non… Arrête… Arrête… Supplia-t-il.

Sourd à ses implorations, j’accentuais au contraire mes vas et vient, l’accompagnant jusqu’au bout. Il finit par se libérer entre mes lèvres, l’orgasme le fauchant de plein fouet. Dans un cri de pur plaisir, les mains crispées dans mes cheveux, il se cambra violemment avant de se laisser lourdement tomber sur le matelas.

es joues rouges, le corps luisant de sueur et la respiration erratique, les yeux fermés, il m’offrit la plus belle des images. Ne pouvant rester davantage loin de lui, je m’allongeais sur son corps. Alors qu’il ouvrit enfin les yeux, je lui souris tendrement. Rougissant, il répondit timidement à mon sourire. je caressais alors ses cheveux dans un geste d’une douceur extrême, décollant les cheveux collés à son front par la sueur. Dans un murmure, je lui demandais :

- Ca va ?

Comme incapable de parler, mon amant se contenta de hocher positivement la tête alors que ses joues prenait une belle teinte carmine qui me firent sourire. Lentement, comme en manque de lui, je mis bas à la distance qui séparait nos lèvres et m’emparais des siennes pour un baiser des plus tendre qui gagna bien vite en intensité. Galvanisé, j’esquissais un lent déhanchement qui lui arracha un feulement de plaisir alors que mon intimité dure et palpitante de vie se frotta contre la sienne qui à mon plus grand plaisir commençait à s’éveiller de nouveau.

Mettant fin au baiser, j’ancrais de nouveau mon regard au sien. Le plus sérieux du monde, ne voulant en aucun cas le forcer, je lui demandais :

- Si tu souhaite arrêter, c’est le moment de le dire, Gwen, déclarais-je d’une voix rauque de désir. Car si nous poursuivons, je serais incapable de me contrôler… C’est pourquoi tu dois être sûr…

Je voulais qu’il soit entièrement consentant. Je ne voulais pas porter sur mes épaules par la suite le poids de la culpabilité où le voir regretter un instant qui se devait d’être magique. Jamais je n’avais été aussi précautionneux avec mes amants. Jamais je n’avais été aussi attentif à leurs besoins. Jamais ne m’était sentis aussi protecteur envers qui que ce soit.

Gwendal posa une main sur ma joue, laissant son pouce redessiner la courbe de mes lèvres avant de s’en emparer timidement. Il ne m’en fallut pas plus pour comprendre le message. Trop heureux de son cadeau, touché d’être celui qui l’initiait, je lui adressais un sourire éblouissant lorsque nous mîmes fin à notre échange.

Pour le remercier, je m’emparais de nouveau de ses lèvres et lui offrit un baiser empli de tendresse et de douceur, sans jamais chercher à l’approfondir. Je voulais qu’il se sente confiant avec moi. Lorsque j’en fus assuré, je libérais ses lèvres, mordillant délicatement la zone sensible que j’avais découvert dans son cou, lui arrachant un frisson de plaisir avant de poursuivre ma descente plus au sud.

Là, je déposais un tendre baiser sur le bout de son intimité à nouveau éveillée et je ne pus retenir un sourire amusé lorsque Gwendal poussa un petit cri de surprise et de plaisir mêlé. Sans m’arrêter là, je poursuivis ma course un peu plus au sud, laissant un doigt effleurer la partie la plus intime de son anatomie. Gwendal tressailli violemment.

Satisfait de sa réaction, je laissais mes doigts jouer un moment avec l’entrée de son intimité, lui arrachant de petits gémissements de plaisir. Puis, je finis par le faire se retourner pour avoir plus de liberté pour le préparer le mieux possible. A la position qui fut alors la sienne en cet instant : les jambes écartée, les fesses tendues vers moi, je dus me faire durement violence pour ne pas le posséder à l’instant. Ne faisant aucun commentaire, je déposais un tendre baiser sur le gable de sa fesse droite, provoquant chez lui quelques frissons.

Je réitirais alors mon geste, déposant une multitude de baisers papillon sur ses fesses, alternant entre caresses et baisers. Le sentant peu à peu être rassuré et se détendre, je laissais enfin ma langue effleurer l’entrée de son intimité. A ce contact, Gwendal se cambra violemment, un gémissement de plaisir lui échappant. Il ne me rendait vraiment pas la tâche facile. Avec un autre amant, je n’aurais pas fait autant de manières. J’étais moi-même surpris de mon self-control et de ma patience.

Sa sensibilité était sans pareille, comme si elle n’attendait qu’à être réveillée. Bientôt, la mélodie de ses gémissements plaintifs et cris de plaisir virent ravirent mes oreilles alors que je m’activais à le préparer. Ma langue jouant avec son intimité, je finis par laisser un doigt rejoindre ma langue. A ce contact, Gwendal se tendis imperceptiblement et je pris mon temps pour le rassurer, laissant mon doigt jouer avec son entrée, comme ma langue un peu avant.

Durant de longues minutes, je continuais à le caresser, me laissant guider par ses gémissements et réactions. Puis, à nouveau, je réitérais mon geste, et l’instant d’après, je laissais ma langue forcer doucement l’entrée de son intimité. Il se cambra violemment, en proie à des sensations qu’il ne connaissait pas. Satisfait, je poursuivis par des caresses plus poussées et lorsque je le sentis entièrement détendu, je repris mon idée première et au lieu de ma langue, ce fut mon doigt délicat qui s’insinuait en lui.

Il ne sembla pas sentir la moindre douleur. Profitant du fait qu’il soit parfaitement détendu, j’insinuais alors un second doigt en lui, mais contrairement au premier, celui-ci lui fit pousser un cri de douleur. Son corps se tendit aussitôt. Je cessais aussitôt tout mouvement, lui laissant le temps de s’habituer à la présence de mes doigts en lui. Lorsqu’il fut enfin détendu, j’entamais un lent mouvement de va et vient qui lui arracha un gémissement de surprise. Puis, lorsque la douleur eut complètement disparut, j’esquissais un mouvement de ciseaux, continuant délicatement ma préparation.

Pendant un temps qui me parut infini, je continuais de le préparer, attendant qu’il soit parfaitement prêt et parfaitement détendu pour passer à la suite. Je devais me faire de plus en plus sérieusement violence pour me retenir, surtout quand Gwendal se mit à esquisser de lui même un déhanchement, s’empalant de son plein gré sur mes doigts. Je ne pus retenir un gémissement rauque. L’instant suivant, j’insérais un troisième et dernier doigt en lui et Gwen ne pu retenir un gémissement de douleur. Instantanément, je cessais tout mouvement, lui laissant le temps de s’habituer à l’intrusion.

Au bout d’un temps, la douleur commença à refluer et Gwendal se détendit. Cependant, prenant sur moi, je restais complètement immobile, me contentant de déposer mille baisers sur ses épaules et sa nuque. Gwendal finit par lâcher un gémissement impatient. N’en pouvant plus, je me tendis contre lui et l’instant d’après, mes doigts se mouvaient en lui avec savoir faire. Tout son corps semblait victime d’un brasier qui lui était jusqu’alors inconnu. Ne tenant plus, je retirais subitement mes doigts de son intimité, lui arrachant à mon plus grand plaisir un gémissement de frustration.

Me débarrassant de mon boxer, je présentais sans perdre de temps mon sexe à l’entrée de son intimité, prêt à le posséder. Mais c’est alors que Gwendal se tendit brusquement, et il chercha à se soustraire à ma poigne avant de s’effondrer sur le matelas. Se tortillant, il tentait de se retourner, et je fus effrayé de le voir pleurer.

- Non… Gémit-il, comme en proie à une peur panique.

Immobilisé sous l’effet de la surprise, je l’aidais aussitôt à se retourner. Lorsque je vis son visage ravagé par les larmes, mon coeur se serra douloureusement. Je ne supportais pas de le voir pleurer et encore moins d’être la cause de ses larmes. Délicatement, avec des gestes tendres, je pris son visage entre mes mains et ancrant mon regard au sien, je déclarais d’une voix peinée, sans me rendre compte du surnom que j’employais :

- Calme-toi, Angel… Je m’arrête, regarde… Allez, c’est fini… Je t’en prie, calme-toi, murmurais-je.

- Hayden… Gémit-il lamentablement entre deux sanglots qui me transperçaient le coeur.

- Oui, Gwen ? Murmurais-je.

- Pardon… Pardon…

- Il n’y a rien à pardonner, Gwen, le rassurais-je. C’est normal d’avoir peur lors d’une première fois…

Gwendal garda le silence un instant avant de déclarer d’une toute petite voix :

- Je… Je veux continuer…

- Non, Gwen… Ce n’est pas prudent…

- C’est… C’est parce que tu étais derrière… Avoua-t-il alors, comme terriblement honteux.

A ces mots, je ne pus m’empêcher de me détendre complètement, alors qu’un soupir de soulagement s’échappait de mes lèvres. Lui caressant doucement la joue, je murmurais :

- Je m’excuse, Gwen… J’aurais du me douter que ce n’était pas la position rêvée pour une première fois… Je crois que je me suis un peu trop laissé emporté par la tentation que tu représentes… Avouais-je, sincère.

Semblant touché, Gwen pris appuis sur ses bras et se soulevant jusqu’à mon visage, il s’empara de mes lèvres pour un tendre baiser dans lequel je me perdis. Rares étaient les fois où j’avais connue pareil échange, et si mon coeur s’emballait étrangement, je le fis taire. S’écartant de moi, il déclara d’une voix tremblante :

- Je… Je veux que nous reprenions où… Où on en était…

- Tu es certain ? Demandais-je gravement. Je ne veux pas que tu te forces, Gwen… Sous aucun prétexte…

- Je suis certain, approuva-t-il confiant. S’il te plait…

Hésitant un instant, la tentation finit par se faire trop forte et j’y cédais. Avec douceur, je m’emparais de ses lèvres pour un baiser des plus tendres qui, bien vite, gagna en intensité. Puis, m’activant à faire renaître son plaisir, je fus soulagé de le voir se réveiller à nouveau. Durant un long moment, j’entrepris d’attiser à son paroxysme son désir, de mes doigts habiles, autour de son inimité à présent tout à fait réveillée.

Mes yeux ne pouvaient quitter son corps, l’observant avec une convoitise telle que je ne pouvais la cacher.

- Tu es si beau, Angel… Magnifique… Gwen, je… Oh Seigneur, je te veux tellement… Gémis-je en enfouissant mon visage dans son cou.

Gwendal s’abandonna entièrement à moi, écartant les jambes avant de les refermer autour de ma taille, m’interdisant toute tentative de fuite. Surpris, je me relevais, inquiet. Etait-il vraiment sur ? Je cherchais à déceler toute crainte dans son regard, et pourtant, il semblait si confiant. Comment pouvait-on m’offrir une telle confiance aveugle ? Savait-il que ces mains qui le caressaient étaient teintées de sang ? Savait-il que je n’étais pas à la hauteur…

Repoussant ces interrogations, je m’emparais vivement de ses lèvres pour un baiser passionné auquel il répondit avec entrain, me faisant oublier. Puis, abandonnant ses lèvres, je posais mes mains sur ses cuisses et lui fit relever une jambe afin que nos entrejambes se frottent l’une contre l’autre. A ce contact, Gwendal gémit de plaisir. Puis, au comble de l’impatience, je me redresser légèrement et lui sourit avant de prendre mon érection en main qui était plus que douloureuse. Lisant un peu de peur dans on regard, j’esquissais un petit sourire rassurant :

- Je serais doux, ne t’inquiète pas, Angel… Et puis, à toi de me dire si ça ne va pas, d’accord ?

- D’accord, souffla-t-il confiant.

Prenant mon sexe entre mes doigts, je me présentais enfin à son entrée, arrachant à Gwendal un violemment frisson d’anticipation. Puis, avec une délicatesse infinie, je m’insinuais lentement en lui, écartant ses chairs si fermes pour me fondre en lui. Ce fut son gémissement de douleur alors que je le pénétrais lentement qui me permit de ne pas perdre le pied et de maintenir les rênes de mon plaisir. Je m’immobilisais aussitôt faisant preuve d’un self-control qui m’étonna. La respiration saccadée, je devais puiser dans les moindres recoins de mon être la  force de tenir pour ne pas simplement forcer l’entrée et le pénétrer entièrement.

Lentement, la douleur commença à refluer pour Gwendal et d’un léger déhanchement, il m’indiqua que je pouvais reprendre. Plongeant cependant mon regard dans le sien, je lui demandais, inquiet :

- Ca va ? Je ne te fais pas mal ?

Pour toute réponse, il hocha négativement la tête. Rassuré, je patientais encore quelques seconde avant de reprendre doucement, le pénétrant avec une lenteur presque exagérée qui lui arrachant un gémissement de frustration. Soulagé, j’esquissais un petit sourire avant de le pénétrer plus franchement, m’enfonçant entièrement en lui. Je perdis pied, tandis que Gwendal se cambrait violemment laissant un petit cri de plaisir s’échapper de ses lèvres.

- Gwen… Gémis-je en m’allongeant tout contre lui. Oh Gwen… Tu es merveilleux, Angel… Murmurais-je en esquissant un premier coup de rein.

Je sentis Gwendal s’agripper de toutes ses forces à mes épaules. Mes mains posées sous ses cuisses, j’entamais alors un lent mouvement de va et vient, le pénétrant avec précaution, craignant de lui faire mal. Puis, mes lèvres vinrent chercher les siennes et ma langue entraînant la sienne dans un ballet érotique terriblement excitant.

Très vite, mes coups de reins se firent plus ciblés et lorsque j’atteins enfin un point anatomique sensible, j’entendis Gwendal pousser un cri de plaisir. Je me sentais si bien, là en lui, si serrein comme je ne l’avais jamais été. J’avais l’impression de me noyer dans sa pureté et d’oublier qui j’étais, ce que j’avais fait. Plongé dans l’ivresse de l’instant, je l’entendis à peine murmurer mon prénom.

Lors d’un mouvement de bassin plus profond que les précédents, je touchais quelque chose en lui. Son corps se cambra violemment à la recherche du mien. Plus que satisfait, je réitérais mon geste encore et encore, inlassablement jusqu’à ce que ses gémissements se muent en cris de plaisir. Gwendal semblait noyé dans le même plaisir que moi, son corps se soulevant en rythme avec le mien, se cambrant toujours plus afin d’aller à ma rencontre.

Grisé, je finis par passer mes bras dans son dos pour le ramener véritablement contre moi. Assis sur mes cuisses, il passa alors ses bras autour de mon cou, comme pour nous rapprocher plus qu’il n’était possible. Mes mains posées sur ses hanches, je l’aidais à garder le rythme, le pénétrant toujours avec plus de fougue. Ivre de plaisir, Gwendal m’emportait plus loin encore que je ne l’avais espéré.

Brusquement, il posa une main sur mon torse et me repoussa, me forçant à m’allonger. Amusé par son audace, un petit sourire amusé vint étirer mes lèvres. L’instant d’après, comme s’il avait oublié toute pudeur, ses mains posées sur mon ventre contracté afin de garder l’équilibre, il se mit à me chevaucher, se déhanchant lascivement au dessus de moi.

- Oui… Gwen… Gémis-je, emportait par un plaisir intense  incontrôlable.

Ivre de plaisir, il s’empalait toujours plus profondément sur mon sexe. Les mains sur ses fesses, je l’aidais à garder un rythme soutenu et cadencé alors qu’un sanglot s’échappait de ses lèvres. Jamais je n’aurais pensé que le sexe soit aussi bon avec lui, aussi intense. Sous sa timidité se cachait un amant hors pair et j’étais orgueilleusement le premier à le découvrir.

Bientôt, ses forces semblèrent l’abandonner et ses bras ne le soutinrent plus. Vacillant, il s’écroula sur mon torse, haletant d’un plaisir intense. Une main dans son dos et l’autre sur sa hanche, j’échangeais à nouveau nos positions et le fit rouler sous moi. Alors que je le surplombais de toute ma hauteur, je me penchais vers lui et m’emparais de ses lèvres pour un baiser impétueux.
Il y répondit avec fièvre avant de le rompre lorsqu’un cri de plaisir s’échappa de ses lèvres. Nous y étions…

- Oh, Angel, gémis-je, en mordant un peu trop violemment la peau de cou, emporté par le vif plaisir, le faisant tressaillir. Gwen… Je vais…

- Hayden… Hayden, sanglota-t-il, répétant mon prénom en une litanie incessante.

L’orgasme déferla sur nous avec la violence d’un tsunami. Dans un cri de jouissance, Gwendal se libéra entre nos deux corps étroitement enlacés, criant mon prénom tandis que je me libérais en lui dans un cri qui fit échos au sien, le marquant à jamais. Alors que Gwendal poussait un gémissement de bien être, à bout de force, je m’écroulais sur lui.

Nos corps luisant de sueur, tremblant sous l’effet des dernières vagues de la jouissance, la respiration erratique, je sentis Gwendal refermer ses bras autour de mon cou.

L’embrassant délicatement dans le cou à l’endroit où je l’avais mordu un peu plus tôt, je tentais de me faire pardonner de ma sauvagerie. Puis, mes lèvres vinrent se poser sur les siennes pour un baiser d’une incroyable tendresse.

Gwendal me rendit mon baiser, toujours avec cette étrange sensation qui me donnait le vertige. Je finis par me retirer de lui, m’allongeant à ses côtés. Lui faisant face, je lui caressais tendrement la joue, le faisant soupirer de bien-être :

- Comment tu te sens ? Demandais-je doucement.

- Je me sens bizarre, avoua-t-il le rouge aux joues sous le sourire que je lui adressais. Bizarre, mais merveilleusement bien…

Un sourire amusé étira mes lèvres. Repensant à nos conversations passées je lui demandais alors :

- Alors ? Toujours convaincu que c’est mieux de coucher avec une personne qu’on aime ?

A ces mots, l’expression de Gwendal changea du tout au tout. Son sourire s’effaça subitement pour laisser place à une mine dévastée. La gorge brusquement nouée, il déclara dans un murmure étranglé :

- Oui…

Ce ne fut qu’à cet instant précis que je pris entièrement conscience de l’ampleur de ma bêtise. Jamais je n’aurais pensé que… Qu’il… Comment pouvait-il penser m’aimer… Perdant mes couleurs, je me redressais sur mon coude pour le surplomber, perdant subitement mes mots, je dis lamentablement :

- Merde… Gwen, je…

Sans me laisser le temps de finir ma phrase, il se releva et sans un regard pour moi, il quitta le lit et alla s’enfermer dans la salle de bain, ignorant mes appels désespérés.

Si j’avais su… Si j’avais su qu’il ressentait cela pour moi alors jamais je n’aurais couché avec lui. J’aurais du le savoir, j’aurais du m’en rendre compte et pourtant, cela me semblait impossible. Il ne pouvait pas m’aimer. Il ne faisait que le croire. L’entendre pleurer fut une torture sans nom et je n’osais pas pousser la porte, je n’osais pas voir ce que je venais de lui faire. S’il était vraiment tombé amoureux de moi alors il était tombé amoureux de la seule personne dont il ne fallait pas.

Dès lors que l’on s’approchait trop de moi, je ne faisais que semer de la souffrance. Alors que je pouvais l’entendre vomir, je me dégoutais. Je ne valais pas ses sentiments. Je n’étais pas à la hauteur. Si j’avais voulu de tout mon coeur protéger Gwendal, je n’avais pas pu le protéger de moi…

Ce fut en prenant sur moi que j’osais pousser la porte de la salle de bain. Le spectacle qui s’offrit à moi me serra si douloureusement le coeur que je crus qu’il allait s’arrêter. Là, adossé contre le mur, recroquevillé sur lui même, son visage enfouis dans ses bras, il pleurait toutes les larmes de son corps, transpirant la souffrance. M’approchant de lui, je posais ma main sur son bras. Vivement, il retira son bras et s’éloigna légèrement de moi, refusant tout contact :

- Ne me touche pas ! Cracha-t-il avec tout le mépris qu’il ressentais pour moi.

Je détestais ses paroles, je détestais les entendre, me rabaissant plus bas que terre, comme ma mère l’avait si souvent fait. Non, ce n’était pas possible qu’il m’aime. Guidé par la peur, je tentais :

- Gwen… S’il te plait, commençais-je. Tu sais, je… Je ne crois pas que tu éprouves vraiment de l’amour moi pour moi… Tu as juste été attiré par la nouveauté… Tu ne connaissais pas, tu voulais découvrir… C’est tout à fait normal…

Avant que je n’ai pu terminer ma phrase, sa main s’abattit durement sur ma joue avec une force telle que la douleur fut aussitôt cuisante.

- Qui es-tu pour me dire que ce que je ressens n’est pas réel ? S’exclama-t-il avec fureur. Toi qui n’as jamais aimé personne de ta vie !

Mon coeur se brisa alors que je tentais :

- Ecoute, Gwen…

- Laisse-moi ! Souffla-t-il, subitement las.

- Gwen… S’il te plait… Insistais-je, me sentant dangereusement tomber là où je ne voulais pas.

- Tu es sourd ? S’exclama-t-il alors. Laisse-moi je te dis ! Dégage ! Je ne veux plus te voir… Acheva-t-il dans un sanglot avant de se détourner de moi, mettant un terme à la discussion.

Si j’avais un coeur de pierre alors pourquoi celui-ci était-il si douloureux en cet instant. Sans un mot, je quittais la salle de bain refermant la porte derrière moi. M’allongeant dans le lit imprégné de nos ébats, je me recroquevillais sur moi-même. Non, je n’étais pas capable d’aimer. J’étais fait pour être seul. Dès lors que je laissais quelqu’un s’approcher trop près de moi, je le faisais souffrir.

Julien avait pourtant été une bonne leçon, mais je n’avais pas du la comprendre. J’étais misérable, dangereux pour autrui. Comment pourrais-je réparer cette erreur ? Pourrais-je seulement y faire quelque chose ? Alors que je sentais mon coeur se craqueler et les larmes monter, je murais aussitôt toutes ses sensations. Je ne voulais pas chuter, je ne voulais pas être faible.

Je devais être fort, oublier, ignorer les pleurs de Gwendal qui me refusait à ses côtés. Je n’étais qu’un bourreau, un monstre de la pire espèce et j’avais heurté l’être le plus pur et le plus fragile que je connaissais. Dieu comme je regrettais.

 Je ne méritais pas ses sentiments. Je ne méritais pas de l’amour, mais du mépris. Ma main se posa inconsciemment sur la cicatrice à ma hanche. Si seulement je ne m’étais pas fait attaquer, alors je ne l’aurais jamais rencontré, je ne lui aurais pas fait autant de mal. Je n’aurais jamais du entrer dans sa vie, et jamais je n’aurais du lui proposer mon aide. Ma mère aurait du m’emporter avec elle, mieux encore, ne jamais me mettre au monde.

Je me détestais, me dégoutais… Me donnait envie de vomir et je n’avais pas la moindre idée de comment rattraper mes erreurs…

Lorsque j’ouvris les yeux, je dus faire immédiatement face à ce qui s’était passé la veille. A la place vide qu’occupait normalement Gwen se trouvait un mot. Me redressant aussitôt, je l’attrapais fébrilement et pu y lire :

 « Je pars, ne cherche pas à me retrouver… Adieu, Gwen. Ps : Je t’aime. ».

Mon coeur s’emballa aussitôt. Attrapant des vêtements, je m’habillais en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire et sortit de la chambre. A peine avais-je fais deux pas à l’extérieur qu’une main s’abattit violemment sur ma joue.

- Qu’est-ce que tu lui as fait ? Cria Blair hors d’elle.

Alors que sa main s’élevait à nouveau dans les airs, elle fut stoppée par Darren qui lui retint solidement le poignet.

- Si tu lui laissais le temps de s’expliquer au lieu de t’acharner tout de suite sur lui.

- Parce que tu crois qu’il y a besoin d’explications, dit-elle en dégageant vivement sa main. Je pense que tout est parfaitement clair. Ce salaud a fait du mal à Gwendal malgré mes mises en garde.

Sa main libre tomba à nouveau sur ma joue, rougie par le coup précédent.

- Elle a raison, soufflais-je, froid.

Je ne ressentais plus rien. Pas même ma joue qui me cuisait. Même mes paroles sonnaient comme si elles m’étaient étrangères.

- Qu’est ce qui s’est passé ? Demanda Darren.

- J’ai merdé… Répondis-je dans un souffle.

- Tu as merdé ! S’exclama Blair. C’est tout ce que tu trouves à dire, simplement merdé !

- J’ai couché avec lui sans faire attention à ses sentiments, rétorquais-je. J’ai été odieux. Je n’ai pas cru à ses sentiments, soufflais-je alors que la douleur refaisait surface.

- Je t’avais pourtant mis en garde, idiot ! S’exclama Blair.

- Bon dieu Hayden, quand est-ce que tu arrêteras de penser avec tes couilles et que réfléchiras avec ton cerveau. Soupira Darren.

Blessé d’entendre cela de la part de mon ami, je ne répondis rien. Qu’aurais-je pu répondre, après tout il avait raison.

- Tu n’es qu’un putain d’égoïste insensible, surenchéri Blair.

- C’est bon ! Je crois que j’ai compris. Je suis méprisable, un connard d’égoïste, un salopard qui ne pense qu’à sa petite personne et à sa queue. D’ailleurs je me demande ce que je fais ici. Claquais-je brusquement avant de leur tourner le dos et de foncer vers la porte de sortie.

J’entendis à peine Darren me criais d’attendre. En un rien de temps, j’étais dehors. Où était Gwendal ? Où était-il partit ? Inconsciemment, je fis notre chemin inverse, sachant pertinemment que je ne le trouverais pas. Méritais-je seulement de le retrouver.

N’avait-il pas pris la bonne décision en me quittant ? Il fallait qu’il s’éloigne de moi, le plus possible, là où je ne pourrais plus l’atteindre, là où je ne pourrais plus le heurter. Je errais sur la route toute la journée, marchant sans jamais m’arrêter comme si revenir sur mes pas pouvait effacer le mal que je lui avais causé. M’enfonçant dans la forêt, loin de toute civilisation, mes jambes ne me portèrent plus et je m’écroulais.

Ce ne fut qu’à cet instant où je ne pu plus rien retenir. Les larmes tombèrent toutes seules alors que mon coeur si oppressé à me faire crier de douleur. Je pleurais, recroquevillé sur moi même, seul dans la forêt. Je pleurais pour le mal que j’avais causé et l’être que j’avais perdu.

J’avais effleuré un ange et je l’avais fait tombé. Je voulais me faire mal mais je n’en avais pas la force. Je repensais au soir où j’avais pleuré dans ses bras et au bien être qu’il m’avait apporté. Gwendal… La seule personne à qui j’avais dévoilé mes faiblesses. Je repensais à tout ce que nous avions vécu, à tout ce que je venais de perdre….

La nuit était déjà tombée lorsque je repris le chemin du retour pitoyable. Seulement, je n’avais aucune envie de rentrer chez Darren et Blair. Je n’avais pas la force de supporter leur regard accusateur. Ce fut dans le bar le plus glauque de la ville que je me perdis. Je n’ai plus de souvenirs très précis de cette nuit là, faite d’alcool trop fort et de sexe animal, ne pouvant jamais m’ôter de l’esprit Gwendal et le mal que je lui avais fait.

Je me perdis, oubliant la notion du temps, ne vivant plus que des sensations, sans jamais atteindre la puissance de ce que j’avais vécu avec Gwendal. Je restais là le lendemain, oubliant toute notion de jour ou de nuit, m’enfonçant dans une débauche que je n’avais pas connu depuis l’âge de mes 16 ans. Ce fut tard le soir suivant que perdu au fond du bar, alors qu’un homme dont j’ignorais le nom me léchait délicieusement le cou, sa main dans mon pantalon, qu’un autre me cacha brusquement la lumière tamisée de l’endroit. Lorsque je relevais les yeux, je tombais nez à nez avec Darren. Il posa un regard peiné sur moi avant de dire :

- Je pensais que tu avais changé, que tu étais devenu plus responsable. Et pourtant, j’étais certain de te trouver dans ce genre d’endroit. Allez, lève-toi, on rentre.

- Je ne veux pas, soufflais-je, froid et las. Je veux rester là.

- Si tu as un tant soit peu d’estime pour les sentiments de Gwendal, alors lève-toi et suis moi. Ne donne pas raison à Blair. Tu vaux mieux que ça, dit-il en me montrant d’un bref geste de la tête, l’homme qui continuait ses attentions dans mon cou. Allez, insista-t-il, dépêche toi et ne me fais pas regretter ce que je m’apprête à te dire.

Sans un mot, je repoussais l’homme et refermant mon pantalon, je suivis piteusement Darren. Arrivé dehors, je le suivis silencieusement. Nous montâmes dans sa voiture et pas un mot ne fut décroché jusqu’à chez lui, mon regard perdu face au paysage nocturne qui défilait devant mes yeux.

Une fois chez lui, je fus invité dans plus de cérémonie à aller prendre une douche, Blair me lançant un regard noir que je ne pouvais pas supporter. Puis, je retournais les voir dans le salon comme demandé.

M’asseyant en face d’eux, je ne pus faire face à leur regard empli de reproche.

- Est-ce que tu es sûr qu’il mérite de savoir, déclara Blair en s’adressant à Darren.

Darren soupira et sans répondre à sa femme, il me souffla :

- Gwen vient d’arriver chez Julien. Julien m’a téléphoné avant que je vienne te chercher.

Aussitôt, je redressais la tête et demandais :

- Comment va-t-il ?

- A ton avis idiot, déclara Blair.

- Blair arrête, s’il te plait, tu ne nous aides pas vraiment. Déclara Darren, agacé.

- Est-ce que je peux appeler Julien ? Demandais-je alors gravement.

- Bien sur, déclara Darren en attrapant le téléphone avant de me le tendre.

Ne souhaitant pas rendre publique cette communication, après avoir demandé le numéro, je disparus dans la cuisine. Blair, épuisée, alla se coucher. Fébrilement, je laissais sonner, conscient de l’heure tardive. A vrai dire, il était presque le matin.

- Allo, dit une voix que je ne connaissais que trop bien.

- Hayden ! Déclara-t-il.

- Avant que tu ne m’insultes et me dise ô combien ce que j’ai fait ai mal, dis-moi comment va Gwendal… Soufflais-je, le coeur serré.

- Je ne peux pas vraiment te parler maintenant, murmura Julien. Je vais être sincère, il ne va pas bien. Mince, Marie arrive, je te rappelle plus tard.

Sans que j’ai le temps de dire un mot de plus, Julien raccrocha. Je posais le téléphone devant moi, plus que mal à l’aise et c’est ce moment précis que Darren fit irruption dans la cuisine.

- Je pense que tu as besoin d’avaler un petit quelque chose Hayden. Je doute que tu te sois nourris depuis l’autre jour.

- Je n’ai vraiment pas faim, soupirais-je.

- Laisse-moi au moins te préparer une boisson chaude, déclara-t-il avec un petit sourire.

Alors qu’il s’affairait dans la cuisine, je ne pus m’empêcher de lui dire :

- Je suis désolé Darren. Vous venez juste de vous marier et… Et je vous apporte tous ces soucis. Ne t’inquiète pas, demain je m’en irais.

- Si tu me dérangeais Hayden, il y a longtemps que je t’aurais mis dehors. Hayden… Souffla-t-il en venant prendre place en face de moi après avoir mit l’eau à chauffer. Je peux te parler franchement.

- Je… Oui… Dis-je.

- Je m’inquiète pour toi. Ton style de vie n’est pas sain… Regarde où je t’ai retrouvé tout à l’heure, et… Gwendal était quelque chose de bien qui t’arrivait dans ta vie et tu as…

- J’ai tout gâché, je sais mais c’était sûrement mieux pour lui.

- Qu’est ce que tu veux dire ? Me demanda-t-il.

- Je ne suis pas fait pour les relations humaines…

Darren partit à rire, avant d’ajouter :

- Tu dois être le seul homme que je connaissais à avoir autant de relations humaines Hayden ! Tu as des amis aux quatre coins de l’Angleterre.

- Oui, mais ça ne reste que superficiel…

- Alors à toi de changer les choses.

- Je ne sais pas comment, répondis-je, soucieux.

Ce fut à ce moment là que le téléphone sonna. Aussitôt, je décrochais, certain qu’il s’agisait de Julien, et cela ne manqua pas. J’entendis Julien soupirer avant de dire.

- Je vais être honnête avec toi Hayden. Il n’a fait que pleurer jusque là. Tu n’y es vraiment pas allé de main morte avec lui. Tu fais tout pour que Marie te déteste encore plus… Mais ne t’inquiète pas, il est entre de bonnes mains. Quelle idée tu as eu de t’en prendre à lui…

- Je…

C’est alors que le téléphone sembla lui être arraché des mains et j’entendis Marie et Julien parler.

- Laisse moi le téléphone, je sais bien qui tu as appelé, je vais lui faire entendre ce qu’il a causé.

- Marie ! Je pense qu’il le sait déjà, ça ne sert à rien.

- Qu’il écoute, cracha-t-elle. J’espère au moins que son coeur de pierre en souffrira !

C’est alors que je reconnu une voix que j’aurais reconnu entre mille. Julien ne m’avait pas mentis. Je pouvais l’entendre. Gwendal pleurait sans s’arrêter. Mon coeur se serra alors que je tenais fébrilement le combiné. Je ne pouvais pas le laisser comme ça et lorsque j’entendis à nouveau Julien me dire :

- Je suis désolé, c’est Marie…

- Je vais venir le chercher Julien, au moins lui parler, mais ne lui dit rien. Je ne veux pas qu’il parte de chez toi. Il n’a nulle part d’autre où aller.

- Est-ce que tu crois que c’est vraiment une bonne idée ? Je veux bien que tu viennes, mais pas pour lui faire mal davantage… Souffla Julien. Je connais sa douleur.

- Je suis désolé Julien… Désolé pour ce que je t’ai fait, gémis-je alors.

- C’est du passé, souffla-t-il.

- Je pars demain, déclarais-je. Ne dis rien à Gwen et encore moins à Marie.

- Je… D’accord… Souffla-t-il. Je dois te laisser Marie m’appelle. 

- Merci Julien… Merci pour ce que tu fais. Déclarais-je sincèrement.

- C’est normal Hayden. Prend soin de toi !

La communication fut brusquement coupée. Posant le téléphone devant moi, je soupirais. Ce soir j’empaquetterais toutes mes affaires. Demain matin, je partirais à l’aube pour  tenter d’au moins m’excuser… Je ne voulais pas que ça se finisse ainsi… Je ne voulais pas que ça se finisse tout court. Darren, toujours présent, me tendis une tasse de thé fumante, avant de dire tout simplement :

- Je n’aurais jamais cru dire ça un jour de toi Hayden, mais je pense que nous nous sommes trompés sur ton compte Blair et moi. Tu as définitivement un coeur.

Fronçant les sourcils, je ne compris pas où il venait en venir. Et Darren explicita alors sa déclaration.

- Tu l’aimes.

- Ne dis pas de bêtises, soufflais-je. Je n’aime personne, pas même ma petite personne. Dis-je en riant.

- Hayden, est-ce que tu paniquerais comme ça pour n’importe qui ?

- Je tiens à lui, répliquais-je. C’était la dernière personne à qui je voulais faire du mal. Et oui, je m’en veux terriblement.

- Ce n’est pas à moi que tu devrais dire tout cela.

- Je sais… Dis-je en me levant brusquement. Je partirais tôt demain matin. Déclarais-je, soudain épuisé. Si je ne te revois, pas, transmet toute mes amitiés à Blair et Darren je te dis encore mille fois merci. Je m’excuse encore…

- Je te mènerais à la gare demain matin, déclara Darren en souriant. Je pense que c’est la meilleure décision que tu viens de prendre. Allez… Va te coucher, tu as une mine affreuse.

Ce fut la mort dans l’âme que je retournais dans ce lit où tout avais basculé. Je ne pus fermer l’oeil de la nuit. J’entendais encore et encore les pleurs de Gwendal et je le voyais là, recroquevillé dans la salle de bain, seul.

Le lendemain matin, à l’aube, je fus près, mes bagages pliés. Comme promis Darren m’emmena à la gare et après l’avoir chaleureusement remercié, il me fit promettre de revenir le voir. Je pris le premier train en partance pour l’Angleterre. Sans vraiment savoir pourquoi, j’avais l’intime conviction que je devais faire vite.

Je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais faire ou tout simplement lui dire. Comment allait-il prendre ma venue ? Accepterait-il simplement de m’adresser la parole ? Je tenais juste à m’excuser et je savais que je lui devais plus au plus profond de moi. Je ne pourrais effacer le mal que je lui avais fait mais je ne voulais pas que notre histoire se termine ainsi et je ne voulais plus l’entendre pleurer ainsi par ma faute. Je soupirais alors que je réalisais au plus profond de mon coeur, qu’il me manquait.

J’avais pris goût à ma vie avec lui, j’avais apprécié sa présence à mes côtés et même son caractère et ses questions déplacées. Il était la seule personne à qui j’aurais voulu tout avouer. Avec le temps, j’aurais accepter de lui parler plus profondément de moi, lui avouer qui j’étais véritablement.

Oui… Gwendal faisait ressortir en moi le petit Hayden apeuré qui craignait les coups de sa mère avant d’apprendre à éprouver de la haine pour elle, le petit Hayden qui ne cherchait qu’à être aimé avant d’avoir été désillusionné. Mais je n’étais plus cet être là, ma mère avait fait de moi un monstre et je m’étais complais dans ce rôle. La liberté avait donc un prix et je ne me rendais compte que maintenant de combien elle m’en coûtait.

Je ne sus combien de temps dura mon trajet. Je n’étais pas spécialement habitué à voyager en train ou en bus, mais je n’avais pas le temps de faire autrement. Lorsque je marchais je tentais d’ignorer les chemins que nous avions parcourut avec Gwendal, allant même jusqu’à choisir la route plutôt que la forêt. J’arrivais tôt le lendemain matin, et anxieux, je pris une grande respiration. Qu’allais-je lui dire ? Comment allais-je faire ? Je finis pas frapper quelques coups à la porte, le coeur battant.
La porte ne tarda pas à s’ouvrir me dévoilant Marie qui fronça aussitôt les sourcils et me claqua la porte au nez sans que je n’ai eu le temps de faire quoi que ce soit.

Sans me laissait démonter, j’insistais et ce fut Julien qui finit par m’ouvrir après avoir entendu une dispute. Sans laisser le temps à Julien de me dire quoi que ce soir, Marie poussa Julien et se planta devant moi, et me colla une gifle bien plus forte encore que celle de Blair.

- Tu as vraiment du culot de te pointer ici, cria-t-elle.

Puis, sans plus de cérémonie, elle me tourna le dos et repartie à l’intérieur. Je me retrouvais face à Julien qui, les sourcils froncés, semblait tout aussi en colère. Déglutissant, je vis son poing se serrer.
Tournant légèrement la tête, je lui dis :

- Vas-y à ton tour, je le mérite de toute façon… Soufflais-je, prêt à tout endurer pour arriver à voir Gwendal.

Je fermais les yeux, ne voulant pas voir le coup venir. Cependant, rien de tel ne se produisit, et brusquement, je me sentis attiré dans des bras puissants. Ouvrant les yeux, je remarquais être dans les bras de Julien.

- Pourquoi… Lui demandais-je dans un murmure.

- Tu n’as pas changé Hayden et je pense que ce n’est pas à coup de baffe que ça y fera quelque chose… Laisse-moi juste prendre dans mes bras, mon salopard d’ami.

Je finis par lui rendre son étreinte, plus touché que je ne l’aurais cru par son geste. C’était comme s’il me donnait un peu plus de force pour aller voir Gwendal. Je ne tins pas plus de quelques minutes pour lui dire :

- Où est Gwen ? Est-ce que je peux aller le voir.

Julien s’écarta aussitôt de moi et à la mine peinée qu’il employa mon inquiétude grimpa aussitôt.

- Qu’est ce qui se passe ? Il ne lui est rien arrivé au moins ? Déclarais-je, sentant mon coeur heurter douloureusement contre ma poitrine.

- Son père est venu le chercher hier matin… Souffla-t-il.

- Et il est partit avec lui ! Vous n’avez pas cherché à le retenir et à empêcher son père de…

- Il y est retourné volontairement Hayden, il a dit que c’était la meilleur décision qu’il aurait du prendre depuis longtemps.

Me retournant aussitôt, je m’apprêtait à partir lorsque Julien me demanda :

- Où vas-tu Hayden ?

- Le chercher ! M’exclamais-je en me tournant vers Julien.

- Arrête ! Lança Julien en m’attrapant pas le bras. Ca ne sert à rien d’y aller comme ça, sur un coup de tête. Tu crois que son père n’a pas prévu que tu reviendrais.

- Mais, je ne peux pas le laisser là-bas. Il ne peut pas Julien. Pas par ma faute ! Jamais je ne me le pardonnerais.

- Je sais Hayden… Crois-moi, j’aurais empêché son père de le prendre si Gwen n’avait pas parut aussi décidé. C’est son choix Hayden. Tu ne peux pas forcer Gwendal à faire ce qui te parait être juste pour toi.

- Mais… Il… Il détestait sa vie là bas… Soufflais-je sentant les larmes venir, que je ravalais aussitôt avec amertume.

Julien m’attrapa par le bras et me guida vers la rivière. Le même endroit où Gwen et moi avions conclu notre pacte de voyager ensemble. C’était à cet endroit que je lui avais fait cette promesse que je n’avais su tenir…

Une fois que je fus assis à côté de Julien, il posa sa main sur ma cuisse.

- Il se marie demain Hayden… Nous sommes invités au mariage. Marie est partagée entre l’envie de s’y rendre pour soutenir Gwendal et le désir de ne surtout pas le voir gâcher sa vie ainsi.

- Il faut l’en empêcher ! M’exclamais-je.

- Je pense que si une seule personne le peut, c’est toi Hayden. Mais si tu désires vraiment te lancer dans cette voix, promet-moi une chose.

- Laquelle ? Lui demandais-je.

- Ne le fais que si tu es sur de pouvoir lui apporter quelque chose. Promet-moi de ne plus jamais le faire souffrir… Promet-moi de ne pas lui faire la même chose que moi. Promet-moi que tu ne fais pas ça par égoïsme pour simplement racheter tes erreurs à titre purement personnel.

- Je lui ai promis de le protéger Julien. Je n’ai jamais failli à une promesse.

- Alors protège-le de toi… Mon invitation est cachée dans mon bureau. Si tu peux me promettre tout ce que je viens de te demander alors, vole la moi à la première heure demain matin et fonce avant que Marie ne t’attrape, dit-il avec un petit sourire.

- Merci Julien, soufflais-je, sans parvenir à lui rendre son sourire.

- Bon et si tu allais poser tes affaires. Après j’ai du travail pour toi ! Déclara-t-il. Ca me permettra de passer un peu de temps avec Marie et Lyah.

Sans un mot de plus, nous nous levâmes. Lorsque nous entrâmes, je vis Lyah dans le couloir, je m’approchais d’elle. Voulant la prendre dans ses bras, celle-ci s’en fut aussitôt dans la cuisine en me jetant un regard noir.

- Elle est amoureuse de Gwen, déclara Julien en riant. Et c’est réciproque ! Malgré son âge elle semble avoir parfaitement compris que tu avais fait du mal à Gwen.

- Marie doit y être pour quelque chose, dis-je en souriant à mon tour.

Nous ne perdîmes pas beaucoup de temps. Déposant mes affaires dans la chambre qui sentait encore amèrement la présence de Gwen, même si plus aucune de ses affaires n’était présente, je suivis Julien jusqu’à l’établit. Me fournissant tout ce dont j’avais besoin, il me demanda de faire un nouveau pré pour ses vaches, d’aller dégourdir les jambes de sa jument et de nettoyer son box. S’en suivit d’une folle liste de travail que j’exécutais sans broncher. Je compris rapidement qu’il cherchait à m’éloigner de Marie et surtout à me laisser seul pour réfléchir à ma décision.

A aucun moment Marie ne m’adressa la parole et je dînais seulement en compagnie de Julien silencieusement. C’est alors qu’il me demanda :

- Pourquoi tu agis comme ça Hayden ? Il n’y a pas plus gentil et honnête que toi mais dès qu’une relation devient sérieuse, on dirait un gamin égoïste qui ne sait que blesser les autres. Pourquoi  dès que quelqu’un s’approche trop de toi, tu te débrouilles pour qu’il te haïsse ou souffre trop pour chercher à te suivre… Pourquoi tu t’en es pris à Gwen… Est-ce que c’est vraiment l’envie de voyager qui t’as poussé à partir ou ta peur de t’engager sérieusement avec moi… Quand tu es parti Hayden… Quand tu m’as quitté… C’était juste après que je t’ai dis “je t’aime”. Je savais… Je savais pourtant que tu continuais d’aller à droite et à gauche. Je savais que tu saurais toujours frivole et libertin. Et pourtant, quand je me retrouvais au creux de tes bras, tu avais cette tendresse. Tu me donnais l’impression d’être aimé. Est-ce que tu as simplement une seule fois ressentis quelque chose pour moi, ou tu as trop peur et tu as fuis ?

- Je suis désolé, soufflais-je simplement, incapable de répondre à toute ses questions.

-  C’est du passé Hayden… Et tu resteras toujours mon ami. J’espère que tu le sais.

Nous fûmes à nouveau plongé dans le silence, jusqu’à la fin du repas. Lorsque j’eus terminé, j’aidais Julien à nettoyer avant de le remercier et de prendre la direction de ma chambre. Ce fut au moment où je passais le pas de la porte,  que Julien me demanda :

- Depuis quand tu donnes des surnoms à tes amants ?

- Comment ça ? Dis-je en fronçant légèrement les sourcils, me tournant vers lui.

- Tu as appelé Gwen “Angel”… Tu n’as jamais usé d’un tel surnom avec moi. Se pourrait-il que tu ressentes vraiment quelque chose pour lui ?

Sans lui offrir de réponse, n’en n’ayant pas, je quittais la cuisine pour aller dans ma chambre. Après une bonne douche et un rasage de près, je fouillais dans mon sac et réalisais que je n’avais pas grand chose à me mettre le lendemain. Il faudrait que je parte tôt et que je dégote quelque chose en ville. Allais-je vraiment m’y rendre ? Allais-je retrouver Gwendal ? Ce fut cette question qui me hantant toute la nuit et ce fut à l’aube que je me dirigeais sur la pointe des pieds jusqu’au bureau de Julien.

Qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir un magnifique costume noir et une chemise blanche, accompagné d’une petite note agrafée « Soit certain de ce que tu fais» et de l’invitation au mariage.

Attrapant le tout, fébrile, je fonçais dans la salle de bain et me préparais du mieux que je pus. On aurait dit que ce costume avait été taillé pour moi et je remerciais le fait que nous ayons à peu près la même corpulence avec Julien. Disciplinant mes cheveux avec du gel je m’observais ensuite dans le miroir ayant du mal à me reconnaître.

Après une petite touche de parfum, je m’enfus dehors, ne voulant surtout pas être intercepté par les habitants de cette maison. Une fois dehors, je marchais jusqu’au village et de là, pris une voiture. Je m’arrêtais à distance de la grande propriété, décidant de faire le reste du chemin à pied.

Perdu dans mes pensées, sans vraiment m’en rendre compte, je finis devant la rivière, à l’endroit même où j’avais rencontré Gwendal. Mon coeur se serra alors que je m’asseyais sur le muret en pierre. Étais-je vraiment en train de prendre la bonne décision ? Qu’allais-je lui dire ? Qu’avais-je à lui proposer… Comment allait-il ?

Ce fut le soleil haut dans le ciel qui me tira de mes pensées. Réalisant aussitôt que le mariage avait sûrement commencé, je me traitais de tous les noms. Je n’avais pas à hésiter. Je devais faire quelque chose, mettre mon orgueil de côté même si je me faisais rejeter. Je courus, plus vite encore que je ne l’avais jamais fait, ignorant les habits que je portais qui étaient loin d’être fait pour une course folle.

J’arrivais près de la chapelle et fut soulagé de ne voir personne m’empêchait de rentrer.  Devant la porte, je pris une grande inspiration. Mes mains se posèrent sur celle-ci, et je restais figé, incapable d’aller plus loin. Ce fut à cet instant, que j’entendis le prête demander si quelqu’un s’opposait  cette union. Sans savoir ce qui allait réellement se passer, passant outre ma peur, je poussais les grandes portes qui s’ouvrir dans un grand grincement.

Tous les regards se tournèrent aussitôt vers moi, mais je les ignorer, ne me focalisant que sur Gwendal. Il semblait brusquement apeuré de me voir ici. Rassemblant tout mon courage, je finis par m’arrêter, et déclarais :

- Moi ! Moi je m’y oppose !

M’approchant un peu plus de Gwendal, je le regardais droit dans les yeux avant d’ajouter :

- Ne fais pas ça Gwen ! Ne gache pas ta vie…

- Ne t’approche pas ! Je ne veux plus te voir ! Rétorqua aussitôt Gwendal me faisant m’arrêter net.
Sans lâcher son regard et sans sourciller, le coeur battant, j’ajoutais :

- Pourquoi gâches-tu cette liberté à laquelle tu semblais tant tenir ?

- Parce que ma liberté n’avait de valeur à mes yeux uniquement parce que je la partageais avec toi, rétorqua-t-il amer alors que je pouvais voir ses yeux s’humidifier.

- Tu ne m’as même pas laissé le temps de m’excuser, soufflais-je, touché par ce qu’il venait de me dire plus que je ne l’aurais cru. Je suis désolé Gwendal… Ne fait pas ça ! Je t’en supplie, tu n’as même pas découvert la moitié de ce que je voulais te faire découvrir…

- C’est trop tard, répliqua-t-il. Pourquoi tu reviens me torturer ?! Je ne veux plus te voir ! Arrête ! Arrête de me faire souffrir, cracha-t-il, les larmes aux yeux.

- Tu n’es pas le seul à avoir mal Gwendal ! Tu n’imagines pas combien ton départ m’a fait mal… Je suis désolé Gwendal, dis-je en tombant pitoyablement à genoux. Si je pouvais revenir en arrière, je le ferais. Mais te savoir loin de moi, je ne peux pas, ça fait trop mal… Avec toi, c’était différent et magique…

- Tais-toi ! S’exclama-t-il. Arrête ! Je t’en supplie, laisse moi !

Ignorant son ordre, je poursuivis :

- Je m’en veux Gwendal ! Si tu savais comme je m’en veux… Je t’ai promis de te protéger et je n’ai même pas su te protéger de moi-même. Pardonne-moi Gwendal. Ne gâche pas ta vie à cause de moi !

- Je t’ai tout donné Hayden, déclara Gwendal en séchant ses larmes d’un revers de manche. Et tu m’as trahis… Hayden, comment veux-tu que je te fasse confiance…

Un silence suivit cette déclaration. Et alors que j’allais répondre quelque chose, Gwendal me devança :

- Si tu as un minimum de respect pour moi, alors tu dois t’en aller, déclara-t-il en détournant son regard.
Je me sentis alors hisser vers le haut et je ne compris que trop tard qu’il s’agissait de deux vigiles bien trop costauds pour tenter de m’en dégager. Le coeur battant, alors que j’étais tiré vers la sortie la vue de Gwendal et de sa futur femme me serra si durement le coeur que je criais alors :

- Apprend moi Gwendal ! Déclarais-je alors qu’il tournait brusquement la tête vers moi. Apprend moi à aimer…

Gwendal ne répondit rien, me fixant d’un regard que je ne parvenais pas à décrire. Alors que j’ajoutais plus bas, les larmes me montant aux yeux à l’idée que c’était surement la dernière fois que je le verrais :

- Je t’en supplie, apprend-moi à t’aimer…

Sans avoir le temps d’ajouter quoi que ce soit, je fus dehors et les portes se fermèrent derrière nous.
Je fus brusquement jeter sur les dalles d’entrée de l’église et un coup de pied dans le ventre me heurta de plein fouet. Brusquement, l’un des vigile me saisit par le col et me plaqua violemment contre le mur :

- Ecoute-moi bien, cracha l’un d’eux, ne remet plus jamais les pieds ici ! Ne tente plus jamais de t’approcher de lui où tu ne repartiras pas vivant.

Son poing s’abattit durement son mon visage avant qu’ils ne me jettent en bas des marches comme une vulgaire poupée de chiffon. Me redressant difficilement, je toussais avant de cracher du sang. Me massant la mâchoire, j’eus à peine la force de me redresser. Je venais de tout perdre, définitivement. Rester près de cette église m’écœura mais je ne parvins pas à aller plus loin que le banc que je remarquais.

M’y asseyant je souris amèrement en voyant en face de moi l’église. J’avais mal, affreusement mal et la douleur que je ressentais n’avait rien à voir avec les coups que j’avais reçu. J’avais l’impression que quelqu’un prenait mon coeur à pleine main et tentait de l’arracher de mon corps avec une violence inouïe.

Ce fut alors que la porte s’ouvrit brusquement sur Gwen en pleurs suivit de toute sa famille qui lui criait après de revenir. J’eus à peine le temps de me redresser que Gwendal me sauta dans les bras. Grimaçant sous la douleur, je l’ignorais alors que mes bras se refermaient sur lui comme pour l’empêcher de partir. Là, tout contre mon oreille, au milieu de ses larmes, il murmura comme une plainte :

- J’ai tout abandonné pour toi, ne me fait pas regreter mon choix… 

Le père de Gwendal se rua sur nous et s’arrêta à quelques mètres.

- Gwendal ! Revient ici tout de suite ! Déclara-t-il. Tu n’imagines pas la honte que tu viens de nous faire vivre. Reviens maintenant !

- Gwendal, gémis sa mère, oh mon dieu, Gwendal.

- Tu fais erreur Gwendal, tu ne peux pas être un sale pédéraste. C’est cet homme, cet animal qui t’a embobiné. Gwendal ! Mon fils, reprend la raison et revient. On tentera d’oublier cet incident.

J’entendis Gwen gémir de douleur et n’en supportant pas d’avantage, je fis ce que je lui avais toujours promis. Le gardant tout contre moi, protecteur, je toisais son père avec tout le mépris dont j’étais capable avant de répliquer, assez fort pour que tout le monde l’entende :

- Il était parfaitement homosexuel lorsque nous avons couché ensemble ! Vous ne méritez pas votre fils. Vous ne l’avez jamais connu, jamais regardé ! Vous ne savez même pas qui il est ! Vous ne l’avez jamais aimé…

Je sentis Gwendal frémir au creux de mes bras et je le serrais encore plus fort tout contre moi, comme si cela pouvait l’empêcher d’être atteint par la méchanceté et la brutalité de ses géniteurs.

Ce fut à cet instant que Gwendal tourna la tête, et sans pour autant quitter mon étreinte, il fit face à son père, comme mue par une force que je ne lui connaissais pas :

- Je ne veux pas de cette vie que vous avez décidé pour moi. Mon choix est d’être avec Hayden. Je l’aime ! Déclara-t-il. Qu’importe si je suis renié ! Ma vie c’est auprès d’Hayden, et j’assume mes sentiments.

Ne résistant pas, je m’emparais aussitôt de ses lèvres. Elles m’avaient tant manquées. Comment avais-je pu vivre ne serait-ce qu’une seconde sans elles ! Comment avais-je pu me priver de ce bonheur. Sous la surprise, Gwendal entrouvris ses lèvres et j’en profitais aussitôt pour investir sa bouche. Avec vigueur et une douceur non feinte, je l’entraînais dans un baiser emplie de sentiments comme pour panser la souffrance causée, comme pour lui apporter la force qui lui était nécessaire.

Notre baiser avait le goût amer du sang à cause du coup que j’avais reçu et j’ignorais la douleur que cela me causait encore. Je voulais me fondre en lui, je voulais qu’il me possède comme jamais encore je ne l’avais désiré de personne. Je voulais être à lui et fut effrayé par ce sentiment. J’étais près à ignorer ma liberté, si importante à mes yeux et à la lui offrir. Mon coeur battait douloureusement dans ma poitrine à m’en couper le souffle. Ce fut les deux mains de Gwendal me repoussant fermement qui me firent revenir à la raison.

- Gwendal ! Ceci est la dernière chance que je te laisse, claqua son père écoeuré. Si tu pars avec cet animal, je te renie ! Je ne veux plus jamais te voir ici ! Je ne veux plus entendre parler de toi ! Jamais tu m’entends.

La mère de Gwendal s’effondra brusquement alors qu’un homme la retins de justesse avant qu’elle ne touche le sol.

Echangeant un bref regard avec moi, Gwendal se tourna à nouveau vers son père et déclara avec une force qui le rendait encore plus beau :

- La ferme ! Cracha-t-il Je préfère être renié que de me soumettre encore à vos ordres.

Son père parut brusquement horrifié. Sans un mot, il lui tourna le dos, et suivit de toute la famille et des personnes présentes, ils retournèrent dans l’église, claquant violemment la porte. Seul un jeune homme un peu plus âgé que nous resta présent.

Il s’approcha alors de nous, tandis qu’agrippé à moi, Gwendal tremblait. Je ne pouvais avoir idée de ce qu’il devait ressentir. Il avait tourné le dos à sa famille entière pour moi et je devais en endosser toute la responsabilité. Indéniablement je m’étais lié à lui alors qu’il venait de mettre ma vie entre ses mains. Le jeune homme s’arrêta devant et posant sa main sur l’épaule de Gwendal, celui-ci sursauta avant de se tourner vers lui :

- Je suis fier de toi Gwendal, tu as su faire ce que je n’ai jamais osé….

Gwendal esquissa aussitôt un sourire et se dégageant de mon étreinte, restant tout de même contre moi, il lui demanda aussitôt :

- Nathaniel ! S’exclama-t-il. Je ne pensais pas te revoir un jour ! Est-ce que ça va ? Demanda-t-il en séchant ses larmes comme honteux.

- Je vais bien… J’admire vraiment le courage que tu as eu, insista-t-il. Et je tenais à te dire que si tu avais besoin de quoi que ce soit, tu peux compter sur moi. Je peux t’accueillir chez moi si tu veux. Ce n’est pas immense, mais on pourra te faire une place, dit-il avec un petit sourire.

- C’est très gentil de ta part, mais je vais rester avec Hayden, répondit Gwen en m’adressant un petit sourire.

- En tout cas, si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, je tenais à ce que tu saches que je suis là. Entre cousins reniés, déclara-t-il amusé, on doit s’entraider.

- Je… Merci, souffla Gwendal, certainement plus touché qu’il ne le laissais paraître.

- Ce que tu traverses est difficile Gwendal, ajouta-t-il. Je peux te le dire, je l’ai vécu… Mais,  ça vaut le coup ! Déclara-t-il.

Puis s’adressant à moi, il me dit avec sérieux :

- Prenez soin de mon cousin et soutenez-le…

- Je vous le promet, dis-je, passant tendrement mes bras autour de son corps frêle.

Gwen semblait avoir encore perdu du poids. Nathaniel attrapa alors son portefeuille et en sortit un papier sur lequel il griffonna un numéro avant de le tendre à Gwendal.

- Appelle-moi si tu as besoin. Je dois y aller… J’espère avoir de tes nouvelles.

- Merci, souffla Gwendal, profondément touché.

Nathaniel s’éloigna après un sourire et un dernier signe de la main. Nous nous retrouvâmes brusquement seul. Reportant toute mon attention sur Gwendal, je lui soufflais alors, comme pour définitivement sceller ma promesse, passant une main délicate dans ses cheveux, comme pour m’assurer qu’il était bien présent, là, dans mes bras :

- Je te promets Gwen, je te promets que je ne te le ferais pas regretter…

Gwen me pris aussitôt dans ses bras et alors que je cherchais à approcher mes lèvres des siennes, il tourna la tête, me faisant clairement comprendre qu’il n’en avait pas envie. Blessé, je ne n’insistais pas, le serrant plus fermement dans mes bras. Je murmurais alors à son oreille :

- Ca y est… Tu es enfin libre maintenant…

Pour toute réponse, Gwen enfouit sa tête dans mon cou. Nous restâmes ainsi entrelacé un temps que je n’aurais su définir, profitant simplement du fait de se retrouver. Mon coeur qui avait été si douloureux se calmait enfin, retrouvant une forme de chaleur que je n’avais connue qu’à ses côtés. Ce fut Gwendal qui finit par s’écarter légèrement de moi.

- Comment tu te sens ? Soufflais-je.

- Je suis épuisé… J’ai faim… Dit-il avec un petit sourire.

Soudain son visage se décomposa et il ajouta :

- Je n’ai plus rien ! Pas d’argent, pas de vêtement, pas de…

Je posais aussitôt un doigt sur ses lèvres, l’incitant au silence.

- Ce n’est que du matériel Gwendal. Je te prêterais des affaires et on achètera le reste. C’est aussi ça la liberté Gwen ! Tu as perdu toutes tes attaches. Quand je suis partit de chez moi, je n’avais plus rien… Plus personne… Mais tu m’as moi…

Gwendal me sourit timidement, et je lui dis alors :

- Et si nous rentrions, déclarais-je avec un sourire. Mais avant laisse-moi-t’acheter quelque chose à manger en ville.

- Je… Merci, dit-il avec un petit sourire.

- Gwen, tu n’as pas à être timide ou gêné avec moi d’accord ? Je crois qu’on a dépassé ce stade.

Gwendal rougit de plus belle. Paradoxalement, ce fut moi qui attrapait timidement sa main et l’entraînais à ma suite, l’éloignant à jamais de sa famille.

Comme promis, nous nous arrêtâmes en ville et n’ayant plus à nous cacher, je lui proposais d’aller dans un restaurant. S’il refusa prétextant que nous n’avions pas assez d’argent pour ça, je ne lui laissais pas le choix. Installé à une table, nous passâmes commande, et Gwendal, me regardant avec un sourire amusé, déclara :

- Tu devrais faire un tour aux toilettes et laver ton visage… Tu as encore du sang sur le coin de la lèvre… Ils ne t’ont pas fait mal au moins ! Ajouta-t-il soudain inquiet.

- Quelques bleus sûrement. Mais rien de grave. M’empressais-je de le rassurer. Crois-moi, dis-je en me levant, j’aurais été prêt à bien plus pour te récupérer.

Me redressant, sous les conseils de Gwendal, je m’absentais et allais aux toilettes. Le reflet qu’il me renvoya me fit sourire malgré moi. En effet, il ne m’avait pas loupé. Attrapant un morceau de papier, je le passais sous l’eau et tentais d’enlever le sang séché. N’ayant pas de glace sous la main, le coin de ma lèvre droite était déjà en train d’enfler. Après avoir passé un peu d’eau sur mes cheveux en bataille, je partis rejoindre Gwendal.

Celui-ci semblait comme apeuré, assis seul sur la banquette. Sans perdre de temps, je vins aussitôt m’asseoir près de lui. Il jeta alors un regard effrayé autour de lui, et je le rassurais aussitôt, comprenant sa crainte :

- Ne t’occupe pas du regard des autres Gwen. Allez viens-là…

Je l’attirais aussitôt dans mes bras alors qu’il souffla :

- Je n’ai plus rien… J’ai peur….

Passant une main dans ses cheveux, je répondis alors :

- Tu es surtout affamé et épuisé Gwen… Demain après une bonne nuit de sommeil, tu auras les idées plus claires.

Gwendal acquiesça et ce fut à ce moment là que l’on nous apporta nos assiettes. M’éloignant à contre coeur de Gwendal après avoir déposé un baiser sur son front, je le laissais face à son assiette. N’ayant rien avalé non plus, ce fut avec un appétit que nous dévorâmes nos assiettes sans laisser une miette. Nous prîmes ensuite le bus pour nous approcher de chez Julien. Assis tout contre lui, Gwendal était venu se réfugier dans mes bras, comme s’il avait peur que je m’éloigne ou que tout cela ne soit qu’un rêve. Avant qu’il ne s’assoupisse, je lui soufflais amusé :

- Je peux te dire que quelqu’un se languit de toi. Ta fiancée t’attend désespérément…

Sentant Gwendal se tendre, je rajoutais aussitôt :

- Je parle de Lyah. Elle t’a vraiment adopté, dis-je avec un petit sourire.

Gwendal se détendit aussitôt et ce fut un petit sourire accroché aux lèvres qu’il s’endormit contre moi.
Une fois arrivé, n’ayant pas le coeur à le réveiller, je décidais de le porter dans mes bras. Ce ne fut que lorsque nous fûmes sur le pas de la porte, que je le tirais de son sommeil à contre-coeur.

- Nous sommes arrivé Gwen… Je pensais que tu voulais les voir avant d’aller te coucher.

- Mmmh, merci, souffla-t-il alors que je le posais par terre.

Alors qu’il se frottait les yeux, je frappais quelques coups à la porte. Ce fut Marie qui vint nous ouvrir, Lyah accroché à ses jambes.

- Endal ! Cria aussitôt Lyah.

Lâchant les jambes de sa mère, elle se rua aussitôt sur Gwendal qui déjà abaissé, la prenait dans ses bras, la serrant fortement contre lui. Il ne fallut pas plus longtemps avant que Julien n’arrive.
Ce fut de grands sourires et une joie non feinte qui accueillirent Gwendal. Chacun le serra dans ses bras, et le bonheur que je pus voir sur son visage me rempli de joie. Marie déboucha une bouteille que nous savourâmes dehors. Gwendal se contenta d’un jus de fruit, et fut aussitôt accaparé par Lyah. Ce fut à cet instant que Julien m’attira à lui et me serra dans ses bras.

- Tu as fait le bon choix ! Déclara-t-il. Je suis fier de mon ami.

Alors qu’il me serrait un peu trop fort, je me tendis en grimaçant.

- Qu’est ce qui s’est passé ?

- Disons que les molosses de son père ne sont pas très tendre.

- Fait moi voir ! Déclara-t-il.

- C’est bon… Soufflais-je.

- Hayden ! S’il te plait ! Insista-t-il.

Loin d’être pudique, ce fut la première fois que j’enlevais à contre coeur mon tee-shirt. Le visage de mon ami s’horrifia tout à coup. 

- Hayden, souffla-t-il…

Gwendal, Marie et Lyah arrêtèrent leur discussion et me fixèrent aussitôt comme si ils voyaient la chose la plus horrible de leur vie.

- Quoi ? Dis-je mal à l’aise rabaissant aussitôt mon tee-shirt.

- Suis-moi, déclara Marie. Il faut te mettre quelque chose là dessus… Où demain tu en paieras les conséquences.
Docile je la suivis, laissant Julien, Lyah et Gwendal. Arrivé dans la salle de bain, elle me demanda de retirer mon tee-shirt et de m’asseoir sur le rebord de la baignoire. M’exécutant docilement, je vis alors ce qui avait horrifié tout le monde dans le reflet du miroir. Un hématome presque noir ressortait sur ma peau, juste en dessous des côtes. C’était certainement quand j’avais reçut leur coup de pied.
Attrapant une crème, Marie commença à me l’appliquer avant de lever les yeux vers moi.

- Même si c’est en partie de ta faute, merci de l’avoir tirer de là… Mais attention, dit-elle en appuyant sur mon hématome avec sadisme, me faisant pousser un petit gémissement de douleur. Ne le fais surtout pas souffrir une seconde fois où je te promets que tu auras à faire à moi !

- Ca fait beaucoup de promesse en une journée, dis-je amusé, avant qu’elle ne réitère son geste plus franchement.

- Aie ! Criais-je. Je n’ai aucune promesse à te faire Marie, déclarais-je alors en attrapant sa main. Cette promesse, je l’ai faite à Gwendal, dis-je avec sérieux.

Aussitôt, les traits de Marie s’adoucirent.

- Je commence enfin à voir le bon côté que Julien clame connaître chez toi, dit-elle avec un petit sourire. Maintenant il te reste pas mal de travail !

- Pour quoi ? Lui demandais-je en fronçant les sourcils alors qu’elle finissait d’appliquer la crème.

- Pour regagner sa confiance, souffla-telle avec un petit sourire.

- Je serais patient, soufflais-je.

- Je n’en doute pas.

Ayant terminé, elle se releva, me laissant remettre mon tee-shirt. Tendant la main vers elle, je lui dis alors :

- Et si nous faisions la paix après toutes ces années.

- Je t’en veux toujours, déclara-t-elle.

Mais à ma plus grande surprise, elle attrapa ma main et avec un sourire elle ajouta :

- Mais c’est d’accord.

Serrant sa main, je lui offrit un sourire. Après ces entrefaits, nous rejoingnîmes les autres et aussitôt, je m’approchais de Gwendal, assis à la table, somnolent. M’asseyant juste à côté de lui, étonné par ma propre attitude, je posais une main sur sa cuisse. Tournant la tête vers moi, il me dit :

- Est-ce que ça va ? Je suis désolée Hayden… C’est de ma faute… Ajouta-t-il.

- Non Gwen… C’est à cause de moi… J’aurais mérité bien pire…

Alors que Gwendal allait répliquer quelque chose, j’ajoutais sans réfléchir avec un faux sourire :

- Ne t’inquiète pas, j’ai reçu pire avant…

Voyant son expression se décomposer aussitôt, je l’attirais contre moi et soufflais :

- Je suis si heureux de te savoir à nouveau à mes côtés…

Déposant un baiser sur sa tempe, je lui proposais ensuite en lui rendant sa liberté :

- Et si nous allions nous coucher… Tu as l’air aussi épuisé que moi.

Gwendal acquiesça. Après avoir remercier nos hôtes, Gwendal offrit un bisous à Lyah lui promettant de s’occuper d’elle.

Nous allâmes dans notre chambre. Gwendal alla se mettre en pyjama dans la salle de bain, m’empruntant un tee-shirt trop petit pour moi et un pantalon trop grand pour lui.  Je fis de même dans la chambre, grimaçant. Je commençais seulement maintenant à véritablement avoir mal. Lorsqu’il eut finit avec la salle de bain, j’allais rapidement me débarbouiller avant de le rejoindre.

Il était allongé dans le lit. Sans trop savoir comment me comporter, je m’allongeais à ses côtés, gardant une distance minime entre nous. Ce fut Gwendal qui vint de lui même contre moi. Soupirant de bien être alors que je posais mes bras autour de lui, il murmura alors :

- Hayden…

- Oui ?

- Qu’est-ce que je vais devenir maintenant ? Qu’est-ce je vais faire ?

- Nous allons rester un moment ici, le temps que tu reprennes du poids et que tu te sentes mieux, murmurais-je. Nous n’avons plus à fuir maintenant. Et puis… Nous avons obligation de retourner voir Blair et Darren. Et, après, nous envisagerons peut-être un voyage en France…

Gwendal s’écarta de moi :

- En France ? Mais… Tu…

- Il faudra bien que tu pratiques ce que tu as appris, dis-je avec un sourire.

- Je ne veux pas t’obliger à y aller, déclara-t-il.

Je soupirais avant d’ajouter en le regardant droit dans les yeux :

- Il est temps que je me décide à faire face à mes vieux démons et à aller de l’avant, murmurais-je, perdant mon assurance. Mais… Je vais avoir besoin de toi…

Enfouissant à nouveau sa tête contre moi, il ajouta :

- Ca fait beaucoup de choses à faire tous les deux, déclara-t-il.

- Ce ne te convient pas ? Demandais-je soudain inquiet.

- Tant que je suis avec toi, ça me convient, dit-il en s’écartant et en me regardant dans les yeux.

Si l’envie de l’embrasser se lisait dans mon regard, je n’en fis rien, ne sachant pas ce que j’avais vraiment le droit de faire avec lui. J’avais connaissance de ses sentiments pour moi, et malgré moi, j’en été effrayé… J’avais peur de ne pas être à la hauteur, de le heurter ou de ne pas savoir comment m’y prendre avec lui.

- Tu étais sérieux, me demanda alors Gwendal, quand… Quand tu m’as demandé de t’apprendre à…

- Oui, j’étais sérieux, murmurais-je sincère. Mais ça prendra du temps… Avouais-je, gêné.

- Je serais patient… Répondit-il avec un petit sourire.

- Je ne mérite pas ta patience, répondis-je en détournant le regard comme rarement il m’arrivait de le faire.

- Ca, c’est à moi de le décider, répondit Gwendal.

Se callant à nouveau contre moi, ce fut le silence qui nous enveloppe. Serrés l’un contre l’autre, c’est à peine si nous arrivions à réalisé que nous étions ensemble. Rien n’était encore résolu et il me faudrait du temps pour regagner sa confiance. Mais en l’instant présent, je laissais ces pensées s’envoler. Ce fut bercé par sa respiration détendue que je finis par trouver le sommeil… Là, tout contre lui… Serrein.

A suivre…

Cet article a été publié le Dimanche 10 février 2013 à 22:13 et est classé dans Once in a life time. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

Laisser une réponse

Vous devez être identifié pour écrire un commentaire.