10
mai

Once in a life time - Chapitre 3

   Ecrit par : admin   in Once in a life time

Chapitre 3 écrit par Lybertys

J’eus la désagréable surprise de me faire réveiller par de l’eau glacée sur mon visage. Sans trop savoir ce qu’il se passait, ayant l’esprit complètement embrouillé, je me redressais vivement, voulant être capable de faire face à toute attaque. Une douleur vive me ramena très vite à la réalité : le coup de couteau, la rivière et cet imbécile. Alors que je portais ma main sur ma hanche blessée, je tournais la tête vers celui qui venait de m’arroser avec l’eau de la rivière, et au vu de son petit sourire honteux qui m’agaça je le foudroyais du regard en lâchant :
-              Putain mais t’es dingue !

- Je suis désolé, répondit-t-il d’une petite voix, comme un enfant prit en faute. Mais je ne peux pas vous aider si vous êtes inconscient…

Sans me laisser le temps de lui répondre, il alla chercher son cheval et le ramena vers moi. Je ne savais pas vraiment ce qu’il cherchait à faire, mes j’avais l’esprit beaucoup trop embrumé pour y réfléchir. Ma tête tournait vivement, me laissant le cœur au bord des lèvres. D’un regard il m’invita à monter. Si j’étais au départ suspicieux de ce qu’il me proposait de faire, je n’avais pas la force de l’être bien longtemps. Je cédais, me levant finalement avec difficulté et m’approchant du cheval. C’était fou comme cette petite blessure pouvait être en train de prendre le dessus sur moi. Rares étaient les fois où j’avais pu me sentir aussi faible. Heureusement pour moi, j’avais déjà appris à monter à cheval et ce serait plus simple pour moi, surtout sans cet état. Cela allait être douloureux, mais certainement moins pénible que la marche qui m’attendait. Entre la douleur courte et longue, je choisis la plus vive et la moins longue. Empoignant le pommeau de la selle d’une main et le troussequin de l’autre, je me hissais à cheval, le visage déformé par la douleur. Il fallait sérieusement que je m’occupe de cette plaie et que je me repose. Ma tête tournait violemment, et je devais faire appel à toute mon attention pour ne pas perdre l’équilibre. Une fois en scelle, je laissais cet homme décider de tout. Il prit les rênes et pris une direction connue seulement de lui. Alors que je sentis la monture se mettre en marche, je me sentais de nouveau partir. Je voyais le paysage défiler sous mes yeux, jusqu’à ce qu’il s’assombrisse de nouveau et que je sombre de nouveau dans le noir…
Une fois de plus je fus très désagréablement réveillé : une gifle assez brutale qui me ramena sur terre. J’avas mal et j’étais de très mauvaise humeur. J’exprimais très clairement mon mécontentement :
-               Mais t’as fini de me frapper oui ? T’es complètement dingue ou quoi ?
Outré, il s’exclama :
-               Vous étiez inconscient figurez-vous ! De plus, je vous signale que sans moi vous seriez mort à l’heure qu’il est ! A présent, silence ! Je vais chercher de quoi vous soigner, attendez moi là et tâchez de rester éveillé !

Sur ces mots, il se leva et sans un regard pour moi, il attrapa la bride de sa monture et quitta l’écurie, me laissant seul. Je passais la main sur mon visage, tentant de me remettre les idées en place. Après une profonde inspiration, je tentais de voir l’endroit ou je me trouvais. J’étais assis sur un lit de paille, certainement dans ce qui devait être une ancienne écurie tout de même bien entretenue. Je jetais un rapide coup d’œil à l’origine de ma douleur, soulevant lentement ma chemine compressée dessus. Le sang continuais de couler, il fallait que je mette fin à cela au plus vite ou je finirais par sérieusement y rester. Heureusement, le jeune homme qui m’avait amené ici ne tarda pas à revenir avec une serviette remplies de diverses choses. Aux manières qu’il avait depuis le début, je devinais qu’il avait eut une tout autre éduction que moi et devait certainement avoir pas mal d’argent. Il sembla soulager de me voir et me tendit avec un peu trop de précipitation ce qu’il avait ramené à mon intention. Il lâcha avant que je n’ai eu le temps de saisir la serviette et tout s’éparpilla sur le sol dans un bruit étouffé. Apparemment gêné par ce simple geste qui n’était qu’un peu de maladresse, il s’agenouilla aussitôt et entreprit de tout rassembler en bredouillant :
- Je suis désolé… Je pensais que vous l’aviez…
Je ne répondis rien, étant de toute façon trop épuisé pour faire ou dire quoi que ce soit. J’économisais uniquement mes forces afin de pouvoir me soigner. Une fois qu’il eut tout ramassé, il s’adossa contre une balle de foin et me regarder commencer à panser ma plaie. Je ne cherchais pas particulièrement à engager la conversation. S’il avait envie de parler, je lui laisser sans aucun souci l’initiative. Et je ne m’y trompais pas car quelques seconde plus tard, je l’entendis me demander avec hésitation :
-               Co… Comment est-ce que vous vous êtes fait cela ?
Agacé par sa question, et n’ayant aucune envie d’aborder ce sujet, je choisis de répondre par une autre question, ignorant la sienne :
-               Où j’suis d’abord ?

-               Euh… Vous… Je vous ais ramené chez moi, répondit-il, apparemment déconcerté.

-               Tu crèches ici ? Demandais-je en regardant suspicieusement autour de moi.

-               Oui… Enfin, à côté, répondit-il, de plus en plus mal à l’aise. Une fois que vous irez mieux, je vous ferais reconduire chez vous.

Si je ne répondis rien sur le moment, je n’en étais pas moins amusé à l’avance. J’imaginais déjà la tête qu’il ferait lorsqu’il en apprendrait un peu plus sur mon mode de vie. Occupé à me soigner, je pris un temps avant de relever les yeux vers lui et lui dire tout simplement :

-               C’est gentil mais inutile. Je n’ai pas de maison.

-               Hein ? S’exclama-t-il en confirmant mon hypothèse. Comment est-ce possible ? Bien sur que si vous avez une maison, vous ne vous en rappelez pas, c’est tout.

-               Insinuerais-tu que je perds la boule ? M’exclamais-je vivement en me lançant un regard meurtrier. Et maintenant silence !
J’avais en réalité vraiment besoin de silence. J’étais épuisé et chaque geste me demandait bien trop. Je n’avais pas vraiment de temps à perdre avec lui. Il m’avait aidé et cela s’arrêtait là. J’avais maintenant quelque chose de bien plus pénible à faire : me recoudre. L’aiguille étant désinfectée, je l’approchais de ma plaie et lentement en prenant sur moi, je commençais à me recoudre. Je sentis le regard du jeune homme posait sur moi, mais n’y prêtais pas attention, ayant besoin de concentration. Et c’est arrivé au milieu que je l’entendis tomber lourdement sur le sol. Je relevais les yeux vers lui et vit qu’il s’était évanouis. Je compris assez rapidement que cela était du au fait qu’il n’ait pas supporté de me voir me faire mes points de sutures. Décidément, il n’était vraiment pas fait pour la vie à l’extérieur de son petit château. Lentement, j’entrepris de finir moins points, profitant du calme qu’il m’accordait. Une fois terminé, je désinfectais une dernière fois et appliquais une compresse que je scotchais tant bien que mal.

Lentement, je m’approchais de lui, lorsqu’une idée me vint en tête, une idée de légère vengeance. Ma main atterrie sur sa joue, aussi brusquement qu’il l’avait fait avec moi, le réveillant instantanément. Il ouvrit les yeux, les plongeant dans les miens, ne semblant pas vraiment savoir où il en était. C’est à ce moment là que je vis un détail que je n’avais pas pu voir de loin. Ses deux yeux étaient de couleur différente. L’un était vert et l’autre bleu. Un rayon de soleil passait juste sur son visage, les illuminant. Si cela aurait pu paraître étrange, je pouvais affirmer que c’était de toute beauté. Ses cheveux blonds semblaient être très fin et particulièrement doux, attestant des soins qu’il devait leur prodiguer. Jamais je n’aurais eu cette patience. Ce jeune homme avait beau être très différent de moi, je ne pouvais nier sa beauté, presque fragile. Soudain, il sembla revenir totalement à lui, car il poussa un hurlement de terreur avant de se reculer maladroitement comme pour mettre plus de distance entre lui et moi. Sans trop comprendre la raison de cette réaction, je me contentais de rester immobile, le regardant étrangement. Avait-il un problème psychologique ? Je devais vraiment être tombé sur un cas. Plus vite je partirais d’ici, mieux ce serait… Inquiet tout de même je lui demandais :
-               Hey ! Ca va ?
-               Vous… Vous m’avez frappé ? S’exclama-t-il indigné.
Alors ce n’était que cela… Cachant tant bien que mal mon amusement, je lui répondis :
-               Je n’ai fais que te rendre la pareille ! A présent nous sommes quittes !

Il ne répondit rien, reportant son attention sur ma blessure. Il fallait à présent que je me lève et que je parte. J’avais largement assez abusé de son hospitalité et ce n’était pas mon genre. Seulement, alors que j’allais me lever,  je chutais lourdement ; ayant perdu trop de sang, mes forces s’étaient amenuisées plus que je ne le pensais.

-               Vous devriez vous reposer un peu !

Sur ces mots, il se leva et ajouta avant de s’éloigner :
-              Restez la, je vais chercher de quoi vous nourrir.

Je vis sa fine silhouette disparaître sous mes yeux. Je lui étais finalement reconnaissant de m’aider ainsi. Après tout il ne me connaissait pas et pourtant il m’avait amené jusque chez lui et m’avait donné de quoi  me soigner et aller m’apporter de quoi manger. J’avais rencontré beaucoup de personnes au cours de ma vie, et rares étaient celles qui donnait plus qu’un simple bonjour. Je pouvais le dire maintenant, il semblait vraiment différent. Un poil naïf et quelque chose d’attachant… Cependant, je ne pense pas que j’aurais été capable de rester plus d’une journée avec lui. Nous étions vraiment trop différents.

Il revint très peu de temps plus tard, avec un paquet rempli de nourriture semblant bien plus savoureuse que celle que j’avais l’habitude de manger. Sans un mot, après l’avoir remercié du regard, je commençais à manger, me rendant compte que j’avais véritablement faim. Manger me permettrait de reprendre des forces et avec un petit peu de repos, je serais apte à partir ce soir. Il me détailla un moment, puis il finit par s’asseoir face à moi et entama la conversation une fois de plus :

-               Alors c’est vrai ? Vous… Vous n’avez pas de maison ?

-               Non, répondis-je. Je suis chez moi partout.

-               Vous voulez dire que vous vivez de… Dehors ? S’exclama-t-il, ne cachant pas sa surprise, semblant sous le choc de ma révélation.

-               Oui ! Pourquoi me regardes-tu ainsi ? Dis-je agacé.

-               Je ne vous regarde pas ! S’indigna-t-il. Vous voyagez comme ca depuis longtemps ? Ajouta-t-il après quelques secondes de silence.

-               Depuis mon adolescence, mais pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Lui demandais-je surpris.
En réalité je n’aimais pas bien parler de cette période là de ma vie. Vivre le présent et avancer vers le futur, en tournant le dos à ce qui avait été mon passé qui finalement me poursuivait sans cesse.

J’avais encore moins envie d’en parler. En réalité, il était rare que je parle à quiconque de mon passé. Pour tous ceux que j’avais croisés sur ma route, j’étais l’homme qui errait depuis toujours, l’homme sans maison qui vivait sur la terre et qui avait une philosophie de vie peu particulière.

Alors qu’il allait répondre, une voix s’éleva de l’extérieur :

-               Monsieur, vous êtes là ? Les invités sont arrivés, votre père vous fait mander ! Monsieur ?!

Je vis alors le visage de ce jeune homme blêmir et je du avouer que cela m’intrigua un peu. Ma curiosité augmenta d’autant plus lorsqu’il se leva d’un bond. Une chose était sûre, il avait beau avoir tout le luxe qu’il voulait, je n’enviais certainement sa vie par rapport à la mienne. Il déclara soudain à voix basse alors que l’autre homme se rapprochais de nous :
-               Cachez vous ! Personne ne doit vous voir ! Je repasserais un peu plus tard ! Profitez-en pour vous reposer :
Et sans un mot de plus, il s’éclipsa de l’écurie, me laissant seul une fois de plus. J’entendis des bribes de conversations mais n’y prêtais pas particulièrement attention. Il avait raison, je devais me reposer. Une petite heure de sommeil me ferait du bien. J’allais au fond de l’écurie en rassemblant mes affaires, emballant soigneusement toute la nourriture qui restait. Je m’étendis un peu sur la paille, trouvant assez rapidement le sommeil malgré la douleur.

Je me réveillais lorsque la nuit était en train de tomber. Il était plus que temps que je parte. Je pris toutes mes affaires, les mettant dans mon sac de toile. Je ne reverrais certainement pas celui qui m’avait aidé, mais c’était peut être mieux ainsi. Alors que j’étais à la porte de l’écurie, je vis le jeune homme courir vers moi, portant avec difficulté un énorme sac. Tout essoufflé, semblant satisfait de me trouver, il me supplia alors de sa petite voix, la plus improbable des demandes à laquelle je m’attendais :
-               Emmenez moi avec vous…
Je crus m’étouffer, croyant avoir mal compris sa demander. Jamais on ne m’avait demandé une chose pareille. D’habitude, on me suppliait de rester pas de partir avec moi. Sans parvenir à cacher ma surprise, je m’exclamais simplement :
-               Pardon ?!!!

-               Je… Est-ce que je peux venir avec vous, dit-il plus hésitant cette fois-ci.
J’avais donc bien compris, cependant avant de lui donner une réponse, je me décidais de satisfaire ma curiosité et lui demandais :

-               Pourquoi ?
Je semblais à mon tour le prendre de court, car il commença à bégayer des choses incompréhensibles avant de déclarer d’une seule traite :

-              Je ne peux pas rester ici, vous êtes ma seule solution.
Amusé par le côté dramatique qu’il donnait à la chose, mais tout de même inquiet je me décidais alors à lui répondre :
-               Si tu as l’air si désespéré que cela alors… Je te préviens, ça ne sera pas la vie que tu mènes ici.
-               Merci, s’empressa-t-il de répondre. Vraiment, merci beaucoup.
-               Ne me remercie pas trop vite. Allez amène toi, on s’en va avant qu’il ne fasse vraiment nuit.
-               Oui, je vous suis.
Aussitôt, je me tournais vers lui. Si nous allions voyager ensemble pendant un temps indéterminé, autant mettre tout de suite les choses au clair :
-               Ne me vouvoie pas, ce n’est vraiment pas la peine. Appelle-moi Hayden, et toi ? Quel est ton nom ?
-               Je… Euh. Je m’appelle Gwendal.
-               Très bien Gwen, dis-je, employant déjà un diminutif, allons-y.
Je ne savais vraiment pas dans quoi j’étais en train de m’embarquer. J’avais toujours voyagé seul. Cependant, j’étais prêt à mettre un peu de piment dans mon voyage et ce que j’avais vécu aujourd’hui ne faisait que confirmer que c’était une bonne chose. Nous nous faufilâmes à l’extérieur de sa propriété, Gwendal croulant déjà sous le poids de son gros sac. Bien que blessé, nous étions tout de même pressés. Je fis demi-tour, parcourant les quelques mètres qui nous séparez déjà et attrapais son sac sans qu’il n’ait eu le temps de réagir.
Il me déclara simplement merci, me lançant un regard empli de reconnaissance.

-               Ne t’inquiète pas, nous allons bientôt nous arrêter pour dormir.
-               Vous… Tu connais la région ? se reprit-il.
-               Un peu… Enfin pas énormément… Pourquoi ?
-               Parce qu’il n’y a aucun hôtel dans cette direction.
Je me retins difficilement d’éclater de rire, avant de m’esclaffer :
-               Un hôtel ?!!!

-               Il faut bien que nous ayons un lit et un toit pour dormir… déclara-t-il, très sérieusement.
-               Oh ça oui tu les auras : un duvet pour lit e le ciel étoilé comme toit.
Son visage se décomposa littéralement mais je ne lui laissais pas le temps de se plaindre. Je repris la route tournant sur un petit sentier qui s’enfonçait dans les bois. En chemin, je lui demandais tout de même :
-               Dis-moi, qu’as-tu pris dans ton sac ? Tu as un duvet ?
Il me fit non de la tête.
-               De quoi manger ? Continuais-je alors, éberlué.
Même geste de la tête.
-               De l’argent ?
-               Oh ! Je retourne tout de suite chercher tout cela !

Alors qu’il était sérieusement en train de faire demi tout, je le saisi fermement par le bras et lui dit calemement , la voix posée ;

-               Je pense que c’est vraiment la dernière des choses à faire. Tu ne penses pas qu’ils sont en train de te chercher à l’heure actuelle, depuis le temps que tu es parti ? C’est trop tard maintenant, et ne t’inquiète pas, on peut très bien s’en sortir.
-               Mais…
-               Allez vins, il faut qu’on trouve un coin pour dormir.
Je me remis en route, ne lui laissant pas le temps de répliquer quoi que ce soit. Il finit par me suivre en continuant à se plaindre pour je ne sais quoi. J’entendis bientôt la rivière et quittais le chemin.

-               On va où là ? me dit Gwendal d’une voix de moins en moins rassurée. Vous êtes sur que c’est une bonne idée ?

Agacé par son petit air naïf et peureux, je me tournais vers lui voulant mettre les choses au clair. Je n’étais pas vraiment patient et il commençait à m’irriter :
-               Ecoute, tu as voulu venir avec moi, sachant pertinemment que cela allait changer tes habitudes. Je sais ce que je fais alors s’il te plait, fais moi confiance.
Sans lui laisser une énième fois le temps de répondre, je poursuivis ma route. La douleur n’améliorait en rien la patience dont je pouvais faire preuve.
Nous ne tardâmes pas à arriver au lieu où je pensais. Il y avait moins d’arbre, offrant un petit cercle de verdure à l’abri du vent ? Un feu avait déjà était fait et au vu du duvet que nous allions avoir à partager, il était judicieux d’en faire un. De plus la petite rivière n’était pas loin ? Je déposais les sacs sur le sol, et Gwen s’arrêta à côté de moi, regardant partout autour de lui.

Je commençais sérieusement à me poser de plus en plus de questions à son sujet. D’où sortait-il et quelle vie menait-il jusqu’à maintenant  pour être aussi ignorant du monde extérieur. Se contentait-il de le parcourir sur son cheval à chaque promenade du dimanche ?…

Il était déjà tard et ne voulant pas perdre de temps, je me tournais vers lui et déclarais :
-               Je vais chercher du bois, reste là.
-               Tout seul ? me demanda-t-il, sans cacher son inquiétude.
-               Tu vois quelqu’un d’autre ? lui demandais-je à la limite de l’exaspération. Je ne suis pas loin et je n’en ai pas pour longtemps, tu peux garder les sacs.
J’attrapais deux cordes avant de partir et me mis en route pour chercher de quoi alimenter le feu. Nous avions de la chance, cette forêt avait beaucoup de bois mort. Je nouais les branches que je ramassais, prenant de quoi tenir une bonne partie de la nuit. Lorsque je revins vers Gwendal, je le trouvais assis, recroquevillé à côté de son sac, comme apeuré. Amusé de le voir ainsi avoir des réactions aussi enfantines,  je déclarai en le faisant sursauter :

-               Dis-moi ? Tu crois croiser le grand méchant loup ?
Il me lança alors un regard meurtrier, me faisant clairement comprendre qu’il ne trouvait pas cela très drôle. Cessant mon petit jeu, je déposais le bois et en profitait pour m’asseoir un peu. Ma tête tournait et j’étais loin d’avoir retrouver mes forces. Alors que je prenais ma tête entre mes mains, j’entendis la petite voix inquiète et attendrissante de Gwendal, empli de cette légère maladresse qui lui donnait ce côté attachant :
-               Hayden ? Ca va ?
Après avoir pris une profonde inspiration pour tenter de me ressaisir, je me redressais et lui offrant un petit sourire, je lui répondis :

-               Un petit coup de fatigue, ça ira mieux demain…
A vrai dire, je me sentais de moins en moins bien. J’ais mal au cœur et ma tête tournait de plus en plus violemment. Cela ne passa pas inaperçu aux yeux de Gwendal qui s’approcha de moi sans cacher son inquiétude. Il posa soudain sa main sur mon front, comme pour confirmer l’hypothèse qu’il était en train d’émettre. Sa main était étonnamment fraîche,  et d’une douceur que j’avais peu eu l’habitude de connaitre. On sentait vraiment qu’il ne devait pas s’en servir pour travailler, de vraies mains de bourgeois… Cependant, je ne pouvais nier que ce contact était des plus agréables. Après un temps qui me parut à la fois terriblement long et bien trop court, il s’exclama :
-               Mais vous… enfin tu es brûlant de fièvre. Il te faut un médecin.

-               Ne dis pas n’importe quoi, et puis de toute façon je le payerai avec quoi ? On m’a tout piqué ce matin…
-               La blessure c’est pour cela ? dit-il en devenant extrêmement pâle.

-               Oui… répondis-je simplement, n’ayant aucune envie de m’appesantir sur le sujet.
Puis, voulant en changer totalement, j’ajoutais :
-               Tu peux me passer mon sac s’il te plait ?
Sans se faire prier, Gwendal attrapa mon sac et me le tendis, puis me fixa avec anxiété.

-               Ca va, je ne suis pas mourant non plus ! dis-je agacé. Merci.
Etre dans cet état me rendait finalement de mauvais poil et irritable. Sans ajouter un seul mot, je pris mon sac, et me servis du sac de plante qui par plusieurs reprises m’avais miraculeusement soigné. J’en attrapais une petite poignée que je mélangeais à un autre. Puis saisissant ma tasse et une gourde, j’y mélangeais la poudre et l’eau, formant une mixture assez liquide et je devais l’avouer peu appétissante. Sous l’œil assez dégouté de Gwendal, je la bu d’une seule traite. Heureusement, c’était une nuit de pleine lune et la luminosité était assez forte pour me permettre de voir. Je rangeais rapidement mes plantes réduites en poudre puis passant le gobelet à côté je me redressais prenant sur moi : j’avais un feu à allumer.
Assez rapidement, j’allumais le feu qui par chance prit assez vite. J’attrapais un lampe de poche et commençais à installer le lit. Après avoir mis une grande couverture sur le sol, j’ouvris le duvet afin d’en faire une seconde couverture qui nous couvrirais. Puis, prenant un gros pull, je formais un gros oreiller pour Gwendal, afin de le ménager un minimum. Il ne faisait pas très froid la nuit dans cette région, il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Je retournais vers mon sac, et en sorti la nourriture qu’il me restait de tout à l’heure. Je la partageais équitablement, gardant un bon morceau de pain pour demain matin.
Je tendis sa part à Gwendal qui ne la refusa ps. Nous mangeâmes en silence tout les deux, savourant les bruits de la nuit. Si je les trouvais agréables et reposants, cela ne semblait pas être le cas pour Gwendal.  Il n’avait de cesse de jeter des coups d’œil de droite à gauche, surveillant les alentours au moindre bruit. Amusé de cette réaction, je ne fis cependant pas le moindre commentaire. Nous finîmes de manger en silence, puis après avoir rangé, je revivais un peu le feu qui commençait à s’éteindre l’alimentant. Je proposais un thé à Gwendal qui l’accepta volontiers. Je mis de l’eau à chauffer dans une casserole sur les braises, puis me perdit de nouveau bien vite dans ma contemplation du feu. Gwendal aussi semblait être un peu plus rassurait et ne détachait pas ses yeux du feu comme hypnotisé, perdu dans ses pensés. Les plantes que j’avais bu commençaient à faire leur effet, et je me sentais un peu mieux, assez pour engager la conversation.
-               Tu as toujours vécu ici Gwendal ? Tu as déjà voyagé, vu un peu le monde ?
-               Non, je suis né ici et je suis toujours resté là.
-               C’est un peu une grande première alors. Tu vas voir, c’est un peu dur au départ, mais on s’y fait très bien, même un peu trop.
-               Depuis combien de temps tu vis comme ça ?

-               J’erre sur les routes depuis presque dix ans.
Je pu voir à la lumière du eu ses yeux s’écarquiller.

-               Dix ans !! Mais vous, enfin tu as quel âge ? Si ce n’est pas indiscret… me demanda-t-il alors.
-               Vingt-cinq depuis peu. Et toi, un peu moins je pense ?
-               Bientôt vingt et un.
Le silence retomba quelque seconde avant qu’il me pose une question à laquelle je n’avais aucune envie de répondre et encore moin de m’étendre sur le sujet :
-               Et ta famille ? Ce n’est pas trop dure d’en être séparer.
Comment lui dire que je n’avais plus de famille. Que ma mère avait été morte d’un overdose par ma propre faute et que mon père m’avait toujours été inconnu. Fils d’une prostitué droguée, rien de bien glorieux et j’avais toujours eu honte de l’assumer, et encore plus honte d’avoir honte de ma propre mère défunte.
Jamais je n’en avais parler à personne et je gardais en moi tout cela, n’ayant aucune envie de m’exprimer ce que j’en ressentais réellement.
-               Je…, commençais-je à dire avant que ma voix ne meurt dans un silence.
Heureusement Gwendal comprit et dit rapidement gêné :
-               Je suis désolée, je n’aurais pas du poser cette question…
Le silence retomba de nouveau, nous deux regards plongés dans la contemplation du feu. J’attrapais un chiffon pour sortir l’eau des brasses suffisamment chaude  pour le thé et en servie une tasse à Gwendal.
Puis commençant à le boire, je décidais à mon tour de lui poser une question qui me titillait depuis un moment :
-               Gwendal ?

-               Oui ?
-               Pourquoi tu as voulu partir ?
-               Je… J’ai appris ce matin que mes parents avaient pour projet de me marier avec une fille que je n’avais jamais vu. Je… Je n’ai jamais vraiment trouvé ma place avec eux, mais me marier aurait été l’entrave de trop à ma liberté.
-               Alors tu as bien fait de partir, dis-je. Peu on le courage de le faire. Sache que tu peux rester avec moi tant que tu le souhaites. Demain nous irons chez un ami, en échange du gîtes et du couvert, je travaille quelques jours chez lui. Là-bas on trouvera de quoi t’équiper un peu mieux. Enfin si tu es d’accord.
-               Oui je veux bien s’empressa-t-il de répondre.
Puis il ajouta après un temps :
-               Merci Hayden…
J’aimais la cause pour laquelle il se battait. Pour moi rien n’était plus important que la liberté. Je prenais maintenant la décision de l’aider, sachant pertinemment qu’il ne s’en sortirait jamais tout seul. Nous finîmes notre thé avant de ronger et d’alimenter une dernière fois le feu.

Une fois que tout cela fut fait, je lui proposais d’aller dormir, chose qu’il accepta avec plaisir. Je lui montrait sa place et après une hésitation qu’il accepta avec plaisir. Je lui montrait sa place et après une hésitation qu’il me cacha il commença à s’allonger le premier. Apparemment, l’idée de dormir tout contre moi, ne l’enchantait guère ; et pourtant, il devait faire avec.
Une fois qu’il fut à peu près installé, je vins me coller tout contre lui, nous recouvrant tout deux du duvet. Après un soupire, puis prenant soin de ne pas me faire plus mal à la hanche que je ne l’avais déjà, je lui souhaitais bonne nuit et partit rejoindre le pays des songes.

Je n’ouvris les yeux qu’à l’aube. Le soleil venait à peine de se lever et alors que j’allais me tourner, je sentis quelque chose tout contre moi. Je tournais la tête soulevant un peu le duvet, et vis Gwendal roulé en boule la tête enfouis contre moi. Il n’avait pas du être bien vaillant cette nuit là… amusé, je me levais choisissant de le laisser dormir. Je rallumais un petit feu suffisant pour ce matin puis  attrapais mon savon et une serviette afin d’aller me laver à la rivière. Cela m’aiderait peut être à vraiment me réveiller. Je me mis en route et une fois arrivé là bas, je me dévêtis rapidement et en profitait pour me laver entièrement. Au vu de la température peu élevée, je ne passais cependant pas bien longtemps dans l’eau. Une fois fini, j’enroulais simplement la serviette autour de ma taille après m’être séché, et retournais au campement.
Je ne pensais qu’au moment ou j’arrivais, à la pudeur maladive de Gwendal. J’aurais pu m’habiller près de la rivière, mais c’était maintenant trop tard. Gwendal était réveillé et je le retrouvais assis près du feu, tentant de se réchauffer  un peu. Arrivant dans son dos, il sursauta et vira au rouge lorsqu’il vit ma tenue, détournant aussitôt le regard.
Ne rentrant pas dans le petit jeu, je choisis de feindre l’ignorance.
-               Alors, bien dormis ?
J’eus ma réponse en m’approchant de lui, et en voyant les cernes qui soulignaient ses yeux.
-               Moui, répondit-il, j’ai connu mieux.
-               Tu peux aller te laver si tu veux, dis-je en lui tournant le dos et faisant descendre ma serviette afin de me vêtir sans la moindre pudeur.
-               Je… dit-il en bégayant. Me laver où ? poursuivit-il.
Maintenant simplement vêtu d’un boxer et d’un jean, je me tournais vers lui, et lui répondis :
-               A la rivière, tu vois une douche ici ? Je vais préparer le petit déjeuner en attendais.
Je lui tendis ma serviette et mon savon, puis souhaitant le rassurer, j’ajoutais :
-               Ne t’inquiète pas, ce soir on aura une vrai douche…
Après un sourire un peu crispé, il prit la direction de la rivière, me laissant seul. Avant de faire quoi que ce soit, je devais m’occuper de ma blessure. Délicatement, je soulevais la compresse imbibée de sang, la décollant avec douceur. La plaie était belle et mes points avaient tenus. Avec soin, je désinfectais et remettais des plantes aux vertus cicatrisantes. Je refis rapidement mon pansement, puis enfilait un t-shirt au vu de l’air matinal assez frais. Gwendal était parti se laver, laissant malheureusement son sac ouvert qui n’échappa pas à mon regard. Je m’approchais lentement pour me rendre vraiment compte de ce que je voyais. Le sac m’avait semblait lourd hier et je l’avais mis sur le compte d’une trop grande fatigue… Je m’abaissais pour voir ce qu’il contenait. Il semblait avoir prit toute sa maison.  Rageusement, j’attrapais alors mon propre sac et le mettais à côté du sien. Je voulais bien porter ses affaires, mais uniquement celles qui étaient utiles. Une à une je prenais ses affaires, faisant un gros tas de ce qui était totalement inutile et mettant quelques affaires utiles dans mon sac. Jamais je n’avais vu autant de vêtements et d’objets, ou alors seulement dans les grand magasins. Affairé à mon œuvre, je ne vis pas arrivé Gwendal, mais je l’entendis :
-               Mais… Hayden ??? Qu’est ce que tu fais ?
Amusé, je me tournais vers lui et avec un sourire contenu je déclarais :
-               Je trie ce qui est utile et ce qui ne l’est pas.
-               Comment ça ? me dit-il éberlué.
-               Tu as vu tout ce que tu as pris ?? Je ne porte que ce dont tu as vraiment besoin, pour le reste tu te débrouilles et tu le portes si tu le souhaite.
Je finis assez rapidement mon tri, puis fermant mon sac, je me tournais vers Gwendal qui n’avait pas bougé d’un pouce avant d’ajouter :
-               Rassemble tes affaires et dépêche toi. On mange et on y va si on veut arriver ce soir avant la nuit.

Gwendal ne dit rien, mais je sentais qu’il m’en voulait sérieusement. J’allais servir le thé et partageais le pain qui restait. Ce ne serait pas du grand luxe mais nous ferions avec. Je vis Gwendal remettre tout dans son sac. Je savais que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne fasse à son tour le grand tri.
Nous mangeâmes en silence, Gwen semblant me bouder un peu de ce traitement à la dure. Ne m’en occupant pas vraiment, je repris une seconde fois mes plantes, me sentant encore un peu faible. Ce soir je pourrais me faire un soin plus décent. Une fois terminé, je fourrais mes dernières affaires dans mon sac et éteignis le feu. Gwendal hissa son gros sac sur son dos et nous nous mîmes en route.
Je choisis une allure soutenue mais tout de même assez lente pour que Gwendal puisse me suivre sans trop de difficultés. A peine un petit quart d’heure plus tard, je me tournais vers lui et bit qu’il avait déjà du mal avec son gros sac. En même temps cela était tout à fait normal avec la charge qu’il avait.
Cependant, ce n’était pas pour autant que je l’aidais, voulant lui faire comprendre l’inutilité d’autant d’affaire sur la route. Pour appuyer un peu sur ce fait, je lui dits :

-               Alors, pas trop lourd ? Toujours envie d’en avoir autant ?
Il ne prit même pas la peine de me regarder et arrivé à ma hauteur, il me dépassa ignorant ma pique.
Nous marchâmes ainsi en silence, pendant une bonne petite heure. Gwendal prenait de plus en plus de retard, même si je ralentissais progressivement le rythme. Agacé, mais tout de même embêté de le voir ainsi, je m’assis sur le rebord du chemin, attendant qu’il arrive. Cinq minutes plus tard, il arrivé, un peu essoufflé, laissant lourdement son sac tomber son sac à mes côtés, avant de s’asseoir à son tour.

-               C’est encore loin ?
-               Oh, soupirais-je, à cette allure là, on risque d’arriver demain soir.
je vis sa mine se décomposer. Amusé, j’ajoutais :

-               Allez donne moi ton sac, on va t’allégé. Par contre, demain tu me feras le plaisir de trier tes affaires.
-               Je… Merci me répondit-il.

Rapidement, je fis basculer une grosse partie de ses affaires dans mon sac, puis nous nous remîmes en route ? J’avais beau faire le fier à maintenir mon allure, je me sentais en réalité de moins en moins bien.
Le manque de nourriture et ma récente blessure n’arrangeait rien. Il faisait en plus de cela particulièrement chaud, et aucun petit brin d’air. Nous poursuivîmes pourtant notre route, ne nous arrêtant que vers midi. Ce fut à mon tour de faire tomber lourdement mon sac et de m’étendre de tout mon long dans l’herbe. Nous avion bien progressé et une petite pause ne ferait pas de mal.
Gwendal vint m’asseoir à côté de moi gardant tout de même une distance respectable. Alors que je me laissais aller à fermer les yeux, j’entendis :
-               Hayden… on ne mange pas ?
-               Il doit me rester un peu de viande séchée dans mon sac, mais tout le reste, on me l’a pris. On mangera ce soir.

-               Hn… répondit-il simplement, avant de se laisser aller à s’allonger à son tour.
Alors que je me laissais aller à fermer les yeux, j’entendis un hurlement de terreur. Je me redressais le cœur battant, tournant la tête vers Gwendal qui était l’auteur de ce cri, réprimant une grimace de douleur suite à ce mouvement brusque.
Il semblait totalement paniqué mais je n’en voyais pas la raison. Il se mit à dire, totalement paniqué :
-               Là… Là… Là, sur mon épaule… une… Une bête bizarre.

Je cherchais des yeux l’affreux monstre qui le terrorisait pour m’apercevoir que ce n’était qu’une grosse sauterelle. Ne me voyant pas réagir, du moins pas assez vite à son gout, il poursuivit :

-               Hayden, enlève moi ce truc s’il te plait…
il était de plus en plus pâles et j’avais de plus en plus de mal à ne pas éclater de rire, affichant déjà un large sourire sur mon visage.
-               Hayden, s’il te plait…
Gwendal devenait de plus en plus pâle et était totalement paralysé.  Je finis par me décider à intervenir, ne me retenant plus, à moitié mort de rire.
-               Ne bouge pas… Ton sauveur est là ! Déclarais-je, me moquant ouvertement de lui.
Je pris la sauterelle entre mes mains et la jetais un peu plus loin. J’en riais encore et Gwendal semblait particulièrement énervé par mon attitude.

-               Dis-moi, tu es déjà sortis de son château ? Elle n’allait pas te manger… Au fait, cette bête bizarre s’appelle une sauterelle, et elle est totalement inoffensive.
Sur ces dernières paroles, le sourire aux lèvres, je me laissais aller de nouveau en arrière, profitant de l’ombre des arbres et du silence de la nature. Sans trop m’en rendre compte, je m’assoupis.

Un moment plus tard, j’ouvris les yeux pour tomber nez à nez avec Gwendal, légèrement penché au dessus de moi. S’apercevant de mon réveil, il vira aussitôt au rouge cramoisis. Je me redressais, légèrement étonné de cette attitude, mais je ne fis cependant aucun commentaire.
-               On repars ? lui demandais-je ?
-               Je… Oui… répondit-il sans se départir de sa gêne.
Nous reprîmes nos sacs et moins de cinq minutes plus tard, nous étions de nouveau sur la route. Nous marchâmes un bon moment, coupant parfois à travers les bois, profitant de la fraicheur qu’ils nous offraient. Finalement, nous arrivâmes avant la nuit. Je pouvais voir au loin la ferme de mon ami. Pendant plusieurs moi, il y  des années, nous avions été amants ; une relation assez forte qui m’avait sédentarisé quelques temps. Il avait maintenant trouvé une femme qu’il aimait plus que tout et s’était marré avec elle deux années auparavant. Elle lui avait offert un enfant. Cela faisait presque un an que je n’étais pas allé le voir. Il m’avait toujours accueilli dans sa ferme à bras ouvert, un lieu que j’avais toujours trouvé serein et reposant et auquel  j’étais peu habitué…

-               C’est ici, dis-je en pointant la ferme du doigt. On y est presque.
-               C’est pas trop tôt, souffla-t-il, apparemment totalement épuisé.
-               Ne t’inquiète pas , demain tu pourras te reposer.
Nous parcourûmes les dernières dizaines de mètres qui nous séparaient de la maison de Julien, mon ami. Il ne devait pas être loin de six heures du soit et il ne tarderait pas à rentrer. Sa femme devait être à la maison. Assez vite, nous nous retrouvâmes à frapper devant la porte.
Personne ne semblait être là. Je déposais mon sac sur les marches, m’asseyant à côté, suivit de près par Gwendal.

-               Ca va ? lui demandais-je ?
-               Oui, je ne sens plus mes pieds, mes jambes et mon dos, mais à part cela, ça va ???
-               Met toi devant moi, lui dis-je alors.
Surpris, par mon ordre, il s’exécuta cependant, sans demander pourquoi. Je posais mes mains sur ses épaules, et commençais un massage qui avait pour but de le détendre et de relaxer ses muscles. S’il semblait d’abord tendu et résistant à ce genre d’attouchement, il finit bien vite par se laisser aller. C’était impressionnant comme ses épaules pourtant musclées, semblaient fines et délicates.
Après à peine dix minutes de massage offert par mes soins, Gwendal était totalement détendu et se laissa faire en fermant les yeux. Je lui dis alors, amusé de sa réaction :

-               Il ne vaut mieux pas que tu y prennes gout, parce que je ne vais pas te faire cela tous les soirs.
Gwendal ne répondit rien, se contentant de pousser un soupire de bien être. Je continuais un peu mon massage, sentant peu à peu la fatigue monter en moi. Alors que j’esquissais un geste afin de mettre ma main devant ma bouche pour masquer mon bâillement, j’entendis la voix de Julien à quelques mètres de nous :
-               Salut Hayden, alors on vient chez moi en couple maintenant.
Aussitôt Gwendal s’écarta de moi et s’exclama indigné à Julien :
-               Pardon ? En couple ? Je ne suis pas homosexuel !
-               Si ce n’est pas ton cas, c’est le cas de Hayden. Méfie toi, dit-il en riant.
Puis, retournant son attention vers mo, il s’exclama :

-               Putain Hayden,  ça fait plaisir de te revoir :
Très vite, je me retrouvais debout dans ses bras. C’est vrai, cela faisait vraiment plaisir de le revoir. Julien avait à peu près la même taille, et était légèrement plus fin que moi. Ses cheveux courts et bruns le vieillissait un peu, lui donnant un air sérieux, mais ses yeux bleus avaient ce côté rieur et enchanteur. Après une longue embrassade, nous nous séparâmes devant le regard méfiant de Gwen.
-               Alors maintenant tu ne voyages plus seul ? Je croyais que tu y était bien trop attaché à ta solitude.

-               Les gens changent, répliquais-je, tout comme toit tu t’es marié avec une femme. D’ailleurs elle n’est pas là ?
-               Non, elle est partie avec le petit chez sa mère pour quelques jours.

-               Des tensions ? Demandais-je, inquiet.

-               Disons que nous avions chacun besoin d’air…
-               Un silence suivit cette déclaration, avant que Julien ne dise.
-               Tu arrive à pic en tout cas, il y a beaucoup de boulot et en plus, tu me ramène deux bras supplémentaires.
A la fin de cette phrase, je ne pus m’empêcher d’éclater de rire, chose qui déplut fortement à Gwendal et qui laissa Julien dans l’incompréhension la plus totale.
-               On verra cela… dis-je simplement, reprenant ma respiration.
-               Allez venez, dit-il, on va faire un bon chocolat avec le lait que j’ai trait tout à l’heure.
Nous pénétrâmes chez lui, posant nos sac à l’entrée, puis le suivant jusqu’à la cuisine. Julien nous invita à prendre place à table, puis s’affaira à nous préparer ce qu’il avait promis.
-               Au fait, s’exclama-t-il. Comment tu t’appelles ?demanda-t-il à l’adresse de Gwendal.
-               Je… Gwendal, répondit-il timidement.
-               Enchanté, moi c’est Julien.
Après un temps, il poursuivit :
-               Alors, depuis quand tu voyage avec lui ? Tu as vraiment du courage pour supporter son sale caractère. La solitude n’a vraiment rien arrangé en plus je suppose.
-               Je t’emmerde Julien ! Lâchais-je, avant de répondre à sa place. Hier j’ai eu une mésaventure avec des voleurs qui se sont mis à trois contre moi. L’un d’eux était armé d’un couteau et s’en est servi au dernier moment. Ils m’ont pris tout ce que j’avais gagné en faisant les vendanges. Gwendal m’a trouvé en piteux états près d’une rivière et m’a ramener chez lui pour me soigner. Il m’a demandé par la suite de partir de chez lui l’emmener avec lui… Et nous voilà ici.
-               Bon dieu, tu ne sais pas dans quoi tu t’es engagé petit… dit Julien en riant.
Puis il changea soudainement d’attitude et me demanda :
-               Et ça va toi ?
-               Un peu de fièvre… Mais un bon lit et un bon repas cette nuit et tout ira mieux.
-               Tu sais que tu peux rester tant que tu veux ici…
Sur ces dernière paroles, Julien nous servit deux tasses bien remplies et fumantes, dégageant une odeur qui caressait voluptueusement les narines.
-               Tenez, buvez moi ça, je vais préparer un bon repas qui va vous remettre sur pied, puis vous irez vous coucher. Vous semblez tous les deux tomber de fatigue. Sans la moindre hésitation, Gwendal et moi portèrent notre bol de chocolat chaud à la bouche, en salivant d’avance rien qu’à l’odeur. Nous nous délectâmes de son chocolat, n’hésitant pas à le complimenter.
Nous échangeâmes quelques mots avec Gwendal avant que Julien ne revienne avec deux bonnes assiettes de soupes, de la charcuterie, du pain et du fromage. Nous mangeâmes avec appétit, et au milieu du repas, je me levais pour prendre mes herbes afin de me soigner. Avec soin, je préparais ma décoction puis la bu d’une seul traite avant de reprendre le repas. Une fois celui-ci finit, Julian nous montrant la chambre que Gwen et moi allions partager, puis je laissais à Gwendal le temps de déballer ses affaires, pendant que j’allais me laver. Je savourais le plaisir de pouvoir prendre une vrai douche chaude, ayant de me frictionner vigoureusement avec une serviette. Je refis mon pansement, puis après avoir enfilé un bas de pyjama que Julien m’avait prêté, je filais dans la chambre prévenir Gwen que la salle de bain était libre. Sans hésiter, une fois qu’il fut partit, je pris place sous les draps, afin de me réchauffer. Le sommeil ne tarderait pas à me gagner ce soir. Ce ne fut qu’au bout d’une bonne demi-heure que Gwendal revint avec un pyjama complet et éteignant la lumière, il vint se coucher dans le même lit que moi, bien à l’opposé de peur que je ne l’approche.
-               Tu est bien installé ? Ca va ? Tu a passé une bonne soirée ? Me risquais-je à lui demander.
-               Hn, me répondit-il simplement, apparemment trop fatigué pour en dire plus.
-               Bonne nuit Gwen, soufflais-je alors.
-               ‘nuit, ne dit-il.
A peine eussè-je fermé les yeux que je m’endormis, sachant pertinemment qu’une journée chargée m’attendais demain. Heureusement, le sommeil fut cette fois bien trop lourd pour parvenir à me ramener dans le passé, passé que chaque jour je tentais de quitter à jamais.

Cet article a été publié le Dimanche 10 mai 2009 à 11:32 et est classé dans Once in a life time. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

3 commentaires opour le moment

elodiedalton
 1 

comme je le pensait “l’initiation” a la vie de dehors de gwendal est tres amusante ,^^ par contre j’ai pu noter quelques répétitions avec “amuséé sa reste léger encore mais je pense qu’il risque de venir encore souvent donc c’était juste pour prévenir (noon je chipote pas) sur ce bonne continuation bsx

10 mai 2009 à 11:44
Bloodyrock
 2 

Oh trop bien!!! Il me fait marrer Gwen!! Enfin la c’est ce que je dis mais en vrai je pourrais pas le supporter… lol

10 mai 2009 à 11:45
shini chan
 3 

ouah c’est une histoire trop mignonne, j ai ate de voir comment va évoluer la relation entre gwendal et hayden, parce que pour l’instant gwendal n’as pas l’air d’aimer les hommes lol et j ‘aime beaucoup sont caractère tout gêné j’ai vraiment ate de lire la suite ^^ kisu à toute les deux

10 mai 2009 à 11:45

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