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mai

Once in a lifetime - Chapitre 1

   Ecrit par : admin   in Once in a life time

Chapitre 1 : par Lybertys

Errer, marcher sans savoir où aller, poursuivre son chemin car c’est ainsi que l’on avance, c’était le style de vie que je menais. Un but particulier qui tenait ma vie ? Vivre en profitant de chaque instant de bonheur qui m’était offert, des plus brefs aux plus longs, les inscrivant à jamais dans ma mémoire et les gardant comme mon seul et unique trésor. C’était bien simple, je ne possédais rien à je ne possédais rien à part ce sac que je portais sur mon épaule. Je n’avais pas de chez moi, ou alors on pouvait dire que la terre entière était mon lieu de vie. On me donnait souvent le nom de vagabond, c’était celui qui se rapprochait le plus de mon état.

Enrichi à ma manière par mon propre style de vie, souvent on me demandait ce que cela m’apportait, et comment vivre sans aucune attache et sans posséder la moindre chose. Je leur répondais que la possession n’était pas forcément dans l’avoir d’un objet ou d’une chose matérielle. Pour moi, mes deux seules richesses étaient ma vie et ma liberté sans cesse revendiquée. Cela avait presque toujours été ainsi pour moi. Depuis ma naissance, depuis vingt-cinq ans, je n’avais jamais rien eu d’autre. Comment pouvais-je mener un tel train de vie ? Je trouvais toujours assez d’argent pour m’alimenter et subvenir à mes besoins de pure nécessité. L’hiver, lorsqu’il faisait bien trop froid pour rester dehors, je marchais en direction du sud et de la chaleur. Aucune contrainte si ce n’est la lenteur de mes pas qui étaient mon seul moyen de locomotion. Mais n’avais-je pas justement tout le temps que je souhaitais…

L’autre question qui venait souvent, était au sujet de la solitude induite inévitablement de mon style de vie. Mais les rencontres que je faisais au court de mon errance étaient toutes plus riches les unes que les autres. Certe la séparation était toujours un moment difficile à vivre, mais je n’avais jamais connu de réelle attache et rien ne me prouvait qu’un jour je ne les reverrai pas. Du moins, ils vivaient maintenant tous dans mon cœur, prenant une place importante.

Depuis mon plus jeune âge, fils d’une prostitué qui avait autre chose à faire que de s’occuper d’un gosse qu’elle avait eut avec un client par accident, je devais me débrouiller seul. Quelque part, je ne souffrais pas de cette solitude car il en avait toujours était ainsi pour moi. Je ne m’en étais jamais plains, je n’avais eut aucune raison de le faire. La vie m’avait quelque part toujours sourit, m’offrant ce qu’elle avait de plus précieux et de plus naturel.

Je marchais sur un petit chemin de terre, l’ayant préféré à la nationale, même s’il rallongeait mon trajet. Je retournais pour la dernière fois à mon travail qui terminait ce soir et qui consistait simplement en la récolte de fruits. Cela me permettrait de poursuivre mon chemin bien plus tranquillement que sans le sous. M’étant réveillé d’assez bonne heure, je savais que j’arriverais un peu trop tôt, mais rien ne m’empêcherais de me m’asseoir sous un arbre et de profiter de ce temps de libre afin de lire le livre que j’avais trouver un fouinant un peu chez le bouquiniste du village que je quitterais ce soir ou demain matin.

J’avais vu juste, lorsque j’arrivais sur mon lieu de travail, j’étais le seul présent. Je n’avais pas de montre, mais au vue de la position du soleil à peine levé, il ne devait pas être loin de sept heures du matin. Nous commencions à huit heures. Je pris le plus grand soin à choisir l’arbre sous lequel j’allais passer un moment, puis me dirigeais vers celui-ci avant de m’asseoir en m’adossant contre son tronc.

L’heure passa finalement très vite, avant que d’autres employés  n’arrivent, suivis peut de temps après par le patron. Je rangeais mon livre dans mon sac et me levais lestement. J’attrapais dans ma poche une petite cordelette afin d’attacher mes cheveux afin qu’il ne me dérange pas pour mon travail. Une fois debout et présentable, je marchais vers le petit groupe qui s’était formé, se partageant déjà les tâches à accomplir.

- Salut Hayden, ça va ? Prêt pour ce dernier jour ? me demanda Bastien, un des hommes avec qui j’avais plus que sympathisé ses quelques jours.

Je n’avais jamais caché à quiconque depuis mon départ de la ville où j’avais vu le jour, mon homosexualité. Je n’avais jamais véritablement eu de relations longues et sérieuses. Mon style de vie devait y être pour beaucoup. Cependant, je ne me refusais pas quelques moments de plaisirs avec certains.

-  Oui, répondis-je. Ce soir je vais enfin pouvoir reprendre la route.

-  Tu changeras jamais, me répliqua-t-il. Profitons-en pour travailler ensemble aujourd’hui.

Etait-il triste de mon départ ? Le ton qu’il employait trahissait une certaine tristesse. Ne voulant pas de cela, je répondis simplement par un sourire, saisissant le tablier de travail qu’il me tendait afin que les fruits ramassés ne nous tachent pas.  Puis nous nous rendîmes sur la surface qui nous avait été attitrée, lui marchant devant et moi le suivant un peu derrière. Cet homme avait un petit quelque chose de plus et respirait la bonne humeur. C’était lui qui était venu me voir en premier et curieux, il n’avait eu de cesse de me poser des questions au sujet du style de vie peu ordinaire que je menais. Il subsistait dans son esprit cependant beaucoup d’incompréhension et quelques inquiétudes à mon sujet.

Pour lui, il était clair qu’il n’aurait pu faire la même chose que moi. Finement musclé, il n’en abattait pas moins une quantité impressionnante de travail. Ses cheveux châtains clairs brillaient au soleil, parsemés de quelques mèches blondes. Ses mains, malgré le travail que nous fournissions, restaient d’une extrême douceur.

Arrivé dans notre zone, il me tendit un des grands sacs et nous priment chacun place d’un côté des rangées de vigne afin de commencer notre cueillette. Après un dernier petit sourire échanger, nous commençâmes sérieusement à travailler, profitant du soleil frais du matin pour abattre le plus de travail, sachant ce qui nous attendait par  la suite de la journée. Nous ne parlâmes finalement pas beaucoup, s’aidant plusieurs fois pour aller vider nos sacs. Midi arriva finalement assez vite, et nous nous retrouvâmes sous le même arbre que celui où j’avais entamé ma lecture matinale. Bastien ne parlait pas beaucoup, et cela m’étonnait de sa part. Il était normalement d’un naturel bon vivant et joyeux. Inquiet, je posais alors ma main sur sa cuisse d’une manière qui trahissait ce que nous avions fait plusieurs fois.

-  Quelque chose ne va pas ?

Bastien ne me répondit pas. Ne faisant que poser timidement sa main sur la mienne.

- Bastien, si tu as quelque chose à me dire, fait le maintenant s’il te plait… Je n’aime pas te voir comme ça… déclarais-je sérieusement.

- Ne pars pas Hayden ! Je… J’éprouve plus pour toi que tu ne peux le penser et je sais que je ne te suis pas indifférent. Pourquoi est-ce que tu ne cherches pas à t’installer pour de bon.

Je souris, touché par ses paroles, mais très embêté par sa demande que je ne pouvais satisfaire.

Je plantais mon regard dans le sien, voulant le blesser le moins possible.

- Bastien… Cela fait à peine deux semaines que nous nous connaissons… Tu le savais depuis le début, je t’avais bien mis au courant, que j’allais partir.

Les yeux mouillés de larmes, Bastien me demanda alors :

-  Qu’est ce que tu cherches Hayden, à voyager ainsi ? Tu penses que tu trouveras le bonheur en menant une telle vie ?

- Je suis libre Bastien, et cela me convient…

- Alors tu continueras de blesser d’autres personnes à chaque départ !

- Bastien… Je suis vraiment désolé…

Alors que j’allais poser ma main sur son épaule, Bastien me repoussa et déclara :

-  Arrête Hayden !

Un silence génant s’installa, jusqu’à ce qu’après de longues minutes Bastien reprenne la parole. Je n’avais pas bougé, dans l’attente de ce qu’il avait à dire :

- Tu connais le pire Hayden ? C’est que je ne regrette rien…

Nous échangeâmes un sourire. J’avais de la chance, il m’avait entendu et respectait mon choix. Je m’approchais alors un peu plus de lui et l’invitait à poser sa tête sur mon épaule après un petit baiser déposé sur le coin de ses lèvres. Nous restâmes ainsi un moment profitant de la chaleur du corps de l’autre et de la nos présences mutuelles, sachant que dans quelques heures tout prendrait fin. Me sédentariser était pour moi de l’ordre de l’inconcevable.

Nous nous remîmes ensuite au travail, avec le sourire, sachant que ce serait notre dernière journée. Les deux semaines avaient été pénibles et je ne pouvais nier que j’avais envie que cela prenne fin et que je puisse reprendre la route. La seule chose positive avait été ma rencontre avec Bastien.

Je sentis plusieurs fois son regard se poser sur moi, mais fis comme si je n’avais rien vu afin de ne pas attiser sa douleur. Car je le sentais, même si après notre discussion il n’aborderait plus ce sujet, il souffrait de mon départ.  Nous travaillâmes cependant plus tranquillement cet après-midi, au vu du peu de travail qui nous restait à faire. Ce fut vers cinq heures du soir, que nous nous dirigeâmes vers le patron qui, assis à une petite table improvisée, se préparait à distribuer les salaires.

Une fois mon enveloppe empochée, je me mis un peu à l’écart pour attendre Bastien qui  n’était pas encore passé près de la table afin de récupérer son gain. Une fois qu’il eut fini, il vint me rejoindre et déclara :

- Ma maison est dans la même direction que tu prends pour partir, nous pouvons faire ce chemin ensemble ?

- Oui, pourquoi pas, répondis-je.

Et c’est ainsi que nous nous retrouvâmes sur la route, côte à côte, marchant en silence. J’aimais ces moments-là. Parcourir la route, en sachant seulement qu’il fallait, sans trop savoir où aller. Cela faisait finalement étrange de ne pas être seul. Les pas de Bastien faisaient écho aux miens.

Soudain, sa voix brisa le silence :

- Tu comptes vivre ainsi encore combien de temps Hayden ? Il n’y a pas un jour ou tu souhaiterais t’arrêter, trouver un lieu où tu pourrais construire quelque chose ?

Je soupirais, ennuyé par cette question qu’on me posait si souvent.

- C’est ma vie Bastien, et pour l’instant je la conçois ainsi. Je suis jeune, mes jambes peuvent me porter encore pendant un bon bout de temps et je veux en profiter. Une fois que je m’arrêterai, je penserais alors à tout ce que j’aurais pu voir. C’est uniquement la liberté Bastien… Tu devrais essayer un jour, rien n’est plus riche et beau que la liberté.

- Excuse-moi, mais j’ai vraiment du mal à le concevoir… Comment peux-tu être heureux sans avoir quelqu’un à tes côtés.

- Je rencontre de nouvelles personnes tout le temps, répliquais-je.

- Oui, mais tu n’as aucun lien fort et sérieux que seul le temps peut t’offrir.

Le silence s’installa de nouveau entre nous, je n’avais rien à répondre à cela, et lui n’avait rien à ajouter.  Nous continuâmes à marcher, se rapprochant irrémédiablement de notre séparation. Je ressentais à mon tour un petit pincement au cœur  à l’idée que je n’allais plus le voir, mais j’étais habitué aux séparations, de plus je provoquais la plupart. Le soleil commençait à se faire moins chaud, les nuits allaient être de plus en plus froides. Nous finîmes par arriver irrémédiablement au croisement du chemin qui allait nous séparer pour un temps indéfini. Notre courte histoire prenait fin ici même.

Bastien s’arrêta, avant de se tourner vers moi. Je plongeais mon regard dans le sien, comme pour imprimer une dernière fois ce visage angélique dans ma mémoire. Sans un mot, je tins son menton entre deux doigts, relevant un peu sa tête, et avec une délicatesse dont je faisais rarement preuve, je couvris ses lèvres d’un baiser. Très vite, je le sentis entrouvrir ses lèvres, me laissant pénétrer dans sa bouche pour un dernier baiser d’adieu, à la fois fougueux et langoureux. Une de mes mains vint se perde sur sa nuque, tandis que la sienne vint dans mes cheveux, tirant sur la cordelette qui les retenait les laissant retomber sur mes épaules.

Nos lèvres se séparèrent uniquement lorsque le manque d’air fut trop important, afin de mieux se retrouver, ne résistant pas à un dernier baiser de plus. Ses mains s’aventuraient sur mon corps, me rapprochant toujours un peu plus près de lui. Je ne sus combien de temps cet échange de simple tendresse dura. Lorsque nous  nous séparâmes pour de bon, un petit sourire triste était affiché sur nos lèvres.

-  Fait attention à toi Hayden.

- Ne t’inquiète pas Bastien. Profite de ce que t’offre la vie. Tu verras, tu en trouveras un bien mieux que moi, dis-je sur le ton de la plaisanterie pour détendre l’atmosphère.

J’eus droit à un petit coup de poing dans le ventre, et à son air boudeur.

-  Au revoir Hayden, me dit-il en reprenant son sérieux.

- Au revoir Bastien.

Un dernier baiser, semblable à un effleurement fut échangé, puis nous nous tournâmes tous deux le dos, nous séparant pour de bon. Surtout, je fis tout pour ne pas me retourner. Aux petits bruits que je pu percevoir, je sus qu’il était en train de pleurer, mais aller le voir et le consoler ne ferait qu’attiser sa douleur. Elle passerait, comme toutes celles que j’avais subit… On finit tous par oublier.

C’est ainsi que je repris ma route seul, portant sur mon dos, les seules affaires que je possédais. Je n’irais pas très loin ce soir. J’allais trouver un petit coin abrité dans la forêt, afin de passer une nuit tranquille. A la vue du ciel, il n’y avait aucune averse de prévue. Je parvins à trouver un rythme, marchant paisiblement en direction de la forêt encore vierge de toute construction humaine qui s’étendais devant moi.

Ce n’est qu’aux environs de huit heures que je me décidais enfin à m’arrêter. Je sortis de mon sac un bout de pain qu’il me restait de midi, et sortit un peu de viande séchée que j’avais acheté ce matin. Assis au pied d’un arbre, je mangeais en silence, savourant la solitude qui m’avait finalement fait défaut pendant ces deux semaines.

Je n’avais pas eu le courage de faire un feu, et j’étais en train de le regretter au vue du peu de chaleur qui subsistait de cette journée chaude et ensoleillée. Je finis assez rapidement de manger, puis entrepris de me déshabiller avant de m’engouffrer dans mon duvet pour retrouver un peu de chaleur.

Fatigué par ma journée, et réchauffé après quelques minutes, je finis par m’endormir, rejoignant les limbes de mes souvenirs…

A cette époque, j’avais à peine huit ans. J’attendais dans le petit studio de ma mère que celle-ci ne daigne enfin rentré. Elle était partit assez tôt le soir et ne ramenait à manger que le matin. Je l’attendais avec impatiente car c’était le seul repas auquel j’avais le droit, lorsqu’elle avait le temps d’y penser. Pour ce qui était du reste, je devais me débrouiller. Je venais de me réveiller, il n’était pas loin de 6heure du matin, en général, elle arrivait vers six heures et demi et j’avais intérêt à être réveillé pour l’aider à diverse chose. Je me tenais donc, assis sur mon petit matelas, posé à même le sol dans un coin de la pièce, luttant pour ne pas me rendormir. Les gargouillements de mon ventre creux me rappelaient que je n’avais pas mangé hier. Ce n’étais pas grave en soit, c’était juste une habitude à prendre.
Lorsque j’entendis enfin le bruit caractéristique des clefs tournant dans la porte, je me mis aussitôt debout, déjà angoissé de la suite des événements. Mes mains s’entortillaient dans tout les sens ne sachant pas encore vraiment maîtriser mes émotions. J’avais peur de ma propre mère et je ne savais même plus le cacher. Je savais ce que j’avais à faire et pourtant mes jambes ne voulaient pas faire un seul pas. Ma mère entra dans la petite pièce, jetant ses clefs sur la petite table d’entrée, me montrant très clairement qu’elle avait passé une mauvaise soirée. Je n’eus pas le temps de faire quoi que ce soit qu’elle me cria :
- Qu’est ce que tu fous ! Tu ne me l’as toujours pas préparé. Bouges toi bon à rien.
J’eus juste le temps de me redresser qu’elle m’envoyait déjà dans la cuisine avec un coup de pied qui fini un peu trop haut dans mon dos, cela étant particulièrement douloureux. Je poussais un petit cri, tel un animal battu qui ne lui plu pas du tout.
-  Je ne veux pas t’entendre, tu as intérêt de te dépêcher, j’ai passé une très mauvaise soirée.
Je me retrouvais dans la petite cuisine, allumant le gaz afin de faire chauffer le produit par la suite. A l’âge de 6ans j’avais appris à préparer un fix pour ma mère chaque soir, et le geste en devenait répétitif. Tout de ce produit, même son odeur je ne pouvais le supporter. Elle détruisait ma mère à petit feu et l’idée même qu’elle ne soit plus là m’était impensable. Même si elle était loin de m’apporter tout ce qu’une mère devait apportait à son enfant, elle n’en restait pas moins ma mère et je l’aimais plus que tout. L’amour dans la crainte…
Je fis le plus vite possible pour préparer son poison et approchais d’elle. Elle était allongée dans son lit et regardait la télé le visage souffrant. J’éprouvais une certaine tristesse à la voir ainsi. J’attrapais le matériel pour faire un garrot et lui apportait la seringue avec le produit prêt à l’intérieur. Elle me l’arracha des mains, sans un merci, critiquant plutôt le fait que j’ai mis autant de temps. J’allais m’asseoir sur mon lit, attendant qu’elle ait fini de prendre sa dose avant de lui demande si elle avait pensé à m’amener quelque chose à manger. C’était ce qu’elle faisait après généralement, elle sortait quelque chose de consommable dans son sac et me le tendais avant de sombrer réellement. Seulement, cette fois-ci, elle ne me donna rien, comme la nuit dernière, du moins pas d’elle-même. Affamé, sans trop réfléchir à ce que pourrait induire mon acte, je me levais et marchais vers elle avant de lui attraper le bras et de lui demander d’une petite voix :
- Maman, j’ai faim… Est-ce que tu ?
Une main tomba violemment sur ma joue suivis d’insulte que je ne compris pas à mon âge. La joue rougie, je relevais lentement les yeux vers ma mère qui ne faisait maintenant plus de bruit. Une chose alors me brisa le cœur, bien plus douloureuse à huit ans et plus traumatisante : ma mère pleurait. S’apercevant que j’étais en train de la regarder, elle m’ordonna de sortir et d’aller à l’école ; chose que j’exécutais sans chercher à dire quoi que ce soit. Il était bien trop tôt pour partir à l’école maintenant, mais cela me laisserait le temps de me trouver quelque chose à manger et me débrouiller seul comme je l’avais toujours fait.

J’ouvris les yeux en sursaut, mettant du temps à me rappeler que j’avais maintenant vingt-cinq ans et que j’étais en train de dormir dans une forêt. Il était fréquent que je fasse des rêves liés au passé, et cela était toujours douloureux même à vingt-cinq ans. Lorsque ma mère fut morte d’une overdose suite à une prise plus forte qu’elle m’avait ordonné de lui préparer, j’étais parti de chez moi, quittant cette ville afin de quitter tout cela. Si j’étais resté, je me serais  enlisé indéniablement comme je l’avais fait jusqu’à mes seize ans.
Le jour de mon anniversaire j’avais tout quitté pour prendre la route, n’ayant de toute façon rien qui me retenait dans cette ville où j’avais vu malheureusement le jour. La seule chose que m’avait légué ma mère était l’autonomie et le fait de savoir se débrouiller seul et par ses propres moyens. Ainsi j’avais toujours fini par m’en sortir. Mon style de vie actuel me convenait et je n’avais pas à m’en plaindre. Je vivais chaque jour au jour le jour, sans savoir ce que demain me réserverait. L’avenir je ne le regardais même pas, pour moi peu m’importait.
Le soleil était maintenant haut dans le ciel, il fallait que je me mette en route. Je m’étirais en me levant, avant de rassembler mes affaires. Je sortis de mon sac un morceau de pain, n’ayant pas envie de plus. Avec mon argent gagné je pourrais aller faire des provisions pour la route en passant dans la petite ville qui était sur mon chemin. Une fois toutes mes affaires récupérées et mon petit déjeuner consommé, je me mis en route, chassant de mes pensées ce rêve du passé qui était en train de les assombrir.
Je choisis de poursuivre sur le petit chemin au lieu de rejoindre la route, n’ayant aucune envie de voir du monde maintenant, aspirant à la solitude retrouvé depuis peu.
Je ne sais combien de temps je marchais, profitant du bercement des bruits de la nature, ne pensant à rien, me laissant guider par le chemin. Vers midi, je commençais à me rapprocher de la civilisation, les constructions humaines se multipliant, et défigurant le paysage. A chaque fois j’éprouvais un léger pincement au cœur, mais je finissais par m’y faire. J’approchais bientôt d’un tunnel, et n’ayant pas d’autres choix que d’y passer, j’y pénétrais marchant assez rapidement. A peine fus-je rentré, que j’eu l’impression d’être suivis. Je me retournais, ébloui par l’afflux de lumière contrastant avec l’absence de celle du petit tunnel, et finis par réussir à voir une silhouette s’en détacher. Je réprimais un frisson sentant que tout cela ne présageait rien de bon. Je me tournais de l’autre côté pour voir deux autre silhouettes attendant ma venue, autant dire que j’étais fait comme un rat.

Après quelques coups de tête à gauche et à droite, je choisis de poursuivre mon chemin, allant affronter le plus dur au lieu de faire marche arrière. Les deux hommes en face de moi commencèrent eux aussi à marcher dans ma direction avant de me dire d’une voix qui cachait mal leur angoisse.

- Approche doucement et sort ton argent et tout ce que tu possèdes de valeur !

Calmement, je répondis :

- Je n’ais pas grand-chose, et rien qui ne soit de valeur.

Ils s’approchaient de moi, l’air de plus en plus menaçant. Je ne savais que faire. Tout cela pouvait très mal tourner, et mon intuition se confirma lorsque je vis l’un d’eux maintenant assez proche de moi, sortir un couteau. Si c’était mon argent qu’ils voulaient, alors j’allais le leur donner. A trois contre un je ne ferais pas le poids et me battre ne m’apporterait rien. Seulement, l’un des hommes mésinterpréta mon geste lorsque je glissais soudain ma main dans ma poche afin de saisir l’argent que j’avais gagné la veille.

Ils se ruèrent sur moi, sans que j’ai le temps de faire quoi que ce soit et de comprendre ce qui m’arrivait.  Tout se passa très vite. Je me pris un coup de poing en plein milieu du ventre, me tordant de douleur. L’homme au couteau s’approcha alors un peu trop près de moi, tandis que celui se tenant derrière moi me maintenait debout en me serrant le cou de son avant-bras, m’étranglant presque.

J’eu beau tenter de me débattre, il me tenait fermement, tandis que l’autre me menaçait toujours du couteau. Le troisième s’étaient emparé je ne sais trop comment de mon sac et fouillait à la recherche de quelque chose de valeur. Comme je leur avais dit, il n’y avait strictement rien. Agacé, le troisième homme se rua vers moi et commença à me fouiller, me faisant très clairement comprendre que je n’avais pas intérêt à bouger. Il trouva assez vite l’argent que j’avais voulu leur céder.

Je ne pouvais nier que j’avais peur, cependant je n’en  laissais rien paraître, ne voulant pas en plus leur offrir cette satisfaction. Soudain, je sentis une faille chez l’homme qui me tenait, et d’un coup de tête et de coude, j’assommais l’homme qui était derrière remerciant les quelques bagarres auxquelles je m’étais livré dans ma jeunesse. Alors que je tentais de courir pour leur échapper, leur offrant de bon cœur mon sac et mon argent contre ma vie, le second homme me fit un croche pied et je m’étalais lamentablement de tout mon long sur le sol. Maintenant paniqué, je me redressais et eu juste le temps de me retourner pour faire face à l’homme qui malheureusement possédais le couteau. Je ne vis pas le coup venir, et pourtant une douleur vive à la hanche me saisit, me faisant crisper les mâchoires de douleur. J’eus droit à un autre coup de poing qui fit éclater ma lèvre sous l’impact et qui m’envoya en arrière. Ils choisirent cet instant pour fuir avec tout mon argent, me laissant gracieusement mon sac de voyage.

Je portais lentement ma main à la blessure qu’il venait de m’infliger, déjà imbibée de sang. Il fallait que je fasse vite. J’avais de quoi me soigner dans mon sac. Je me trainais jusqu’à lui, comprimant déjà ma plaie afin d’éviter l’hémorragie.

J’enlevais à la hâte tout ce qui ne m’intéressait pas le jetant à côté de moi. Je serrais les dents sous la douleur. Comment une simple plaie pouvait être aussi désagréable et douloureuse.

Lorsque je trouvais enfin ma petite trousse à pharmacie, je sortis tout ce dont j’avais besoin, du désinfectant au fil à coudre et l’aiguille. Je n’avais pas de quoi me payer un médecin, et j’avais appris depuis bien longtemps à me soigner par moi-même. J’ôtais mon t-shirt, retenant une envie de crier à l’afflux de douleur. Cet homme ne m’avait pas loupé. Je pris un tissu que j’imbibais de désinfectant, et le posais sur ma plaie. Celui-ci se tinta très vite d’une couleur sang.

Heureusement, je n’étais pas très loin de l’entrée du tunnel et la lumière était assez affluente pour me permettre de voir ce que j’allais faire. Quelques points suffiraient à fermer la plaie. Je saisis mon t-shirt, et le pris entre mes dents afin de le mordre pour supporter la douleur. Heureusement que c’était sur la hanche et non sur d’autres parties du corps encore plus sensible.

Essuyant une dernière fois tout ce sang qui continuait de couler après avoir préparé le fil et l’aiguille préalablement désinfecté, j’entamais de recoudre ma propre plaie sans pousser un seul cri. Ce travail fut assez long et pénible, mais j’en vins à bout après six points. Fébrile, je coupais le fil et me redressais. Il m’avait semblé entendre le bruit d’une rivière et me laver de tout ce sang ne serait pas de refus. Je me relevais tremblant, et mis un temps fou à rassembler toutes mes affaires. Puis pantelant, je marchais vers la sortie, guidé par le bruit de l’eau.

Une fois sortie, je souris à la vue de la grande rivière. J’allais pouvoir me laver et l’eau froide me vivifierait. Sans perdre un instant, je me déshabillais entièrement, posant mes affaires tachées de sang à côté de mon sac. Je m’occuperais d’elles plus tard.

Finalement, j’aurais peut être du écouter Bastien et rester avec lui… Je chassais rapidement de mon esprit cette idée folle reportant toute mon attention sur la rivière. J’avais perdu tout de même pas mal de sang et ma tête tournait. L’eau était assez profonde, j’allais devoir y rentrer doucement. Je commençais par poser un pied dans l’eau glacée, puis un autre, prenant garde à avoir de bon appuis afin de ne pas tomber. Mais alors que l’eau m’arrivait à mi-genoux, j’entendis soudain un cri d’horreur qui me fis sursauter, provoquant chez moi une seconde vague de douleur.

Je me retournais aussitôt afin de voir qui était l’auteur de tout cela, et vit un homme aux cheveux long blond, à cheval, et visiblement effrayé et choqué à ma vue.

Je ne pouvais niais sa beauté, mais agressé par son cri et surtout énervé de mon état je criais à mon tour :

- Ca va pas non de crier comme ça !!!

Ma tête tournait de plus en plus, et j’avais du mal à résister au courant de l’eau. Pourtant je continuais de lui faire face, relevant la tête au vue de la hauteur qu’il avait sur son cheval. Je le vis alors rougir comme une pivoine et bégayer avec beaucoup de difficultés :

- Vous… Vous…. Vous êtes …

A la façon dont il détourna le regard, je compris alors ce à quoi il faisait référence, et exprimais tout haut ce que je pensais :

- Quoi tu n’as jamais vu un mec à poil ? Je te signale que tu es pareil que moi, jusqu’à preuve du contraire.

Ne voulant pas perdre de temps et sentant mes forces s’amenuiser, je m’abaissais afin de rincer mes mains et le reste de mon corps, nettoyant le sang qui se mêlait à l’eau de la rivière. De toute façon, j’avais très clairement compris que ce ne serait pas lui qui m’aiderait. S’il évitait de me regardait, il n’avait cependant pas bouger, semblant attendre que je finisse de me laver et que je me rhabille enfin.

Je marchais pantelant jusqu’à la rive, attrapant mon pantalon. Je me sentais de moins en moins bien, au point d’oublier totalement la présence du jeune homme sur son cheval qui ne venait toujours pas m’aider. J’attrapais une compresse puis la mettais sur ma hanche, les mains tremblantes et les gestes loin d’être précis. Je mis ensuite un pantalon propre que je sortis de mon sac, vacillant de plus en plus. Lorsque je me redressais, je plantais mes yeux dans ceux du jeune homme qui

étaient semblait-il en train de demander si j’allais bien. J’avais finalement perdu beaucoup trop de sang. Mes jambes s’affaissèrent sous mon poids, ne parvenant plus à me porter. Ma tête heurta le sol. Tout se brouilla jusqu’à devenir complètement noir…

Cet article a été publié le Dimanche 10 mai 2009 à 11:30 et est classé dans Once in a life time. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

8 commentaires opour le moment

mai-lynn
 1 

oooooooooooooooooo j’adore j’adore j’adore !!!!!! La personalité du perso est vraiment bien. C’est un loup solitaire mais au vu de la fin, il ne va pas le rester bien longtemps ^^ Vivement la suiiiiiite !!!!( allez shini si tu fais vite, je commence NTP XD)

10 mai 2009 à 11:37
Hell
 2 

Une nouvelle histoire qui commence plus que bien !! J’adore, et j’ai hate de lire la suite !! Bisoux ^^

10 mai 2009 à 11:38
saya
 3 

mais c’est trop triisteeeeee!!! ce pauvre Hayden, tu l’as pas gâté!!!!! mwaaa mais j’aime bien, vivement la suite

10 mai 2009 à 11:38
tristangel
 4 

Je veux la suite :o c’est tout bonnement sublime. Sensible et touchant a la fois et si realiste par dessus tout :) J’ai hate de lire votre suite mes cheres :) Amicalement Kévinou

10 mai 2009 à 11:38
Bloodyrock
 5 

C’est original comme manière de vivre ça!!! ^ ^

10 mai 2009 à 11:38
elodiedalton
 6 

tient encore un cavalier (éleveur? venant de vous sa ne m’étonnerai guere XD) sinon elle ma l’air tout aussi sympa que les autres cette fiction j’ai hate de voir la suite et de savoir se ki va arriver au vagabond ^^ bsx bonne continuation les filles!

10 mai 2009 à 11:39
Rikka
 7 

trop beau ….. ça doit être dur de vivre comme ça mais je le comprend ….. j’en aurais jamais le courage à sa place …. mais je lui souhaite bonne chance… XD

10 mai 2009 à 11:39
Dadoune
 8 

J’aime bien le debut et le principe ^^ Je suis précé de voir comment ça evolu ^^ Mais pas le temps ce soir lol

10 mai 2009 à 11:40

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