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mai

Silent scream - Chapitre 7

   Ecrit par : admin   in Silent scream

Chapitre 7 écrit par Shinigami

Bénarès, 17 mai 1790

Cela faisait près de cinq ans que je connaissais Indra. Cinq ans que je m’étais lié d’amitié avec lui, mais durant lesquels je n’avais jamais parlé de moi. Je connaissais le récit de son existence, mais lui ne savait rien de moi, hormis le fait que j’étais un vampire. Je ne sais pas ce qui me poussa à me confier cette nuit là, peut être le fait que je sentais sa fin proche, mais alors que nous méditions comme chaque soir, sur la rive du Gange, je commençais à parler :

- Je suis né durant l’hiver 1518 dans la noble province parisienne. Ma mère, une femme douce et fragile me donna le prénom de Cassandre. Pendant dix-neuf ans, j’ai vécu une vie paisible mais solitaire dans la propriété de mon père, un riche vignoble. Celui-ci s’occupait de la gestion du domaine et de ce fait, était rarement présent. Ma mère quand à elle, était tombée malade à la fin de le l’automne précédent, affaiblie par la naissance de ma soeur, si bien que j’étais quasiment livré à moi-même dans cette immense demeure. Le seul être qui me portait un minimum d’intérêt était mon précepteur, un vieil homme que je considérais presque comme mon propre père. Cependant, un soir de l’hiver de l’année 1537, ma vie changea radicalement…

Je fis une pause, la voix tremblante, comme toujours à l’évocation de ce souvenir douloureux. Indra écoutait attentivement mon récit, à aucun moment il ne tenta de m’inciter à poursuivre, me laissant le libre arbitre. Et s’il parut surpris par la confiance que je lui apportais en lui confiance le récit de mon passé, il n’en laissa rien paraître. Comme s’il s’attendait à ce que je m’ouvre à lui de moi-même un jour prochain. Après quelques minutes de silence pesant, je poursuivis, malgré les larmes qui menaçaient de s’échapper de mes yeux :

- Cette nuit là, j’ai vu mourir sous mes yeux ma sœur, mes parents et mon précepteur. Il m’avait mordu juste assez pour m’affaiblir et m’empêcher de me défendre, même si face à un vampire aussi âgé et puissant que lui je n’aurai pu réellement me défendre. Il voulait s’amuser… Cela se lisait dans ses yeux… Profitant de ma faiblesse et de l’état de choc et de terreur qui était le mien, il m’a violé sous le regard de mes parents agonisants avant de faire de moi ce que je suis devenu…

Pour la première fois depuis des siècles, des larmes franchir la barrière de mes paupières pour couler silencieusement sur la peau diaphane de mes joues. Témoin de ma douleur, Indra se contenta de poser une main réconfortante sur mon épaule, sachant pertinemment que je n’aimais pas les contacts intempestifs. Pendant un temps indéterminé, je restais silencieux avant de consentir à reprendre :

- Pendant près de quatre ans, je vécu auprès de mon créateur, apprenant de lui ce qu’il me fallait pour survivre, subissant sans sourciller ses viols réguliers, attisant ma haine et mon désir de vengeance. Grâces aux barrières mentales que je suis parvenu à me forger tout au long de ma cohabitation avec mon créateur, il n’a jamais rien su des sombres desseins qui étaient les miens. Après qu’il ai abusé de moi une énième fois et qu’il soit allé se coucher, c’est dans le même état qu’il m’avait laissé que je me suis emparé de son épée et que je lui ai tranché la tête avant de lui arracher le coeur à mains nues. Mais c’était trop tard, la folie avait envahie mon âme, annihilant le peu d’humanité qui me restait. Pendant de longs mois j’ai erré seul et perdu, perpétuant les massacres de ma folie meurtrière, jusqu’à ce que je finisse par trouver une aide précieuse en l’un de mes aînés. Je me pensais suffisamment fort pour surmonter cette épreuve jusqu’au jour où j’ai rencontré Alakhiel. Jusqu’à lui, je n’avais jamais engendré aucun vampire, me contentant de tuer mes proies, mais lorsque je l’ai vu, j’ai voulu l’avoir à mes côtés pour toujours… Je ne sais pas ce qui m’a prit ce soir là, mais je ne vaux pas mieux que D… Que mon créateur, me ravisais-je.

Prononcer le nom de Darius, même après tout ce temps m’était intolérable, de même que simplement l’entendre. Après un temps de silence, Indra finit par prendre la parole, pour la première fois depuis mon récit :

- Où est-il ?

- Il m’a quitté lorsque je l’ai forcé à tuer la femme qu’il aimait de son vivant… Il vit quelque par en Europe…

- Pourquoi ? Demanda-t-il.

Sa voix ne reflétait aucun jugement, ni accusation d’aucune sorte, il se contentait d’écouter ce que j’avais sur la conscience, gardant son jugement pour lui.

- Parce que je ne supportais pas de le voir mourir à petit feu… Je voulais qu’il l’oublie… Je voulais être le seul à occuper ses pensées, qu’il ne voit que moi… Je ne supportais pas cette femme qui m’enlevait irrémédiablement celui pour lequel j’avais brisé mes propres règles et toutes mes convictions…

- Tu as la force suffisante pour le retrouver… Pourquoi ne l’as-tu pas fait ? Demanda de nouveau Indra.

Rarement je m’étais senti aussi perdu et déboussolé. J’hésitais sur les véritables raisons qui m’ont poussées à fuir et à remettre en cause ce que j’étais.

- Je… J’ai tué mon créateur pour me venger de cet enfer qu’il m’a fait vivre… Je me suis mis hors la loi pour assouvir cette haine qui me rongeait le coeur… Mais à la première occasion, j’ai reproduit le même schéma sur Alakhiel. Comme mon créateur avant moi, je ne lui ai pas laissé le choix… Quelle créature normalement constituée, homme ou vampire, souhaiterait rester à mes côtés ? Je n’accorde que souffrance et mort à ceux qui ont le malheur de croiser mon chemin… Un monstre, voilà ce que je suis…

- Je suis là moi, fit judicieusement remarquer Indra.

- Oui mais toi, tu es un vieux fou… Répondis-je en esquissant le premier sourire sincère et affectueux depuis des temps immémoriaux.

A ces mots, Indra parti à rire, détendant l’atmosphère qui s’était faite lourde et pesante.

- Et toi un jeune imbécile…

- Le jeune imbécile en question est plus vieux que toi, je te ferais remarquer, rétorquais-je, vexé, en claquant ma langue contre mon palais.

- Certes, répondit-il. Mais malgré ton douloureux passé, tu es resté bien innocent pour certains aspects de la vie…

Je ne répondis rien à cela, sachant pertinemment au fond de moi qu’il avait raison. J’avais été arraché trop jeune à la vie et je n’avais pas eu le temps d’apprendre d’elle ce qu’elle me réservait, me retrouvant prisonnier d’un monde de ténèbres et d’agonie perpétuelle.

- Dis-moi, poursuivit Indra. Pourquoi avoir fait de ce garçon ton compagnon ?

Déstabilisé par cette question des plus inattendues, je mis un certain temps avant de répondre avec hésitation :

- Je… Je ne sais pas…

- Il y a forcément une raison, non ? Insista Indra. Je doute que ce soit par simple pulsion…

- Je ne saurais décrire ce que j’ai ressentis quand mon regard s’est posé sur lui… C’était chaud, doux, apaisant mais à la fois tellement terrifiant…

Me replongeant dans mes souvenirs, je me laissais transporter des années en arrière, cette fameuse nuit au court de laquelle j’avais rencontré Alakhiel.

- Je ne distinguais que la partie inférieure de son visage, repris-je, pensif. Le haut étant dissimulé par un masque doré qui faisait ressortir le vert de son regard.

- Vous avez de drôles de coutumes, là bas, en Europe, fit remarquer Indra.

J’esquissais un sourire, avant de reprendre :

- J’ai été attiré la l’intensité de son regard. La douleur et la tristesse sans nom qui brillaient dans ses yeux ne l’en rendraient que plus attrayant. J’étais sur le point de lui ôter la vie, mais au dernier moment je n’ai pu m’y résoudre. Je l’ai fait mien… J’ai détruit sa vie comme mon créateur l’avait fait pour moi, mais étrangement, je ne regrette pas… Même si j’ai agis égoïstement envers lui, ignorant ses supplications pour assouvir mon désir personnel, j’ai aimé le temps passé à ses côtés… Je me doute bien que cela ne soit pas réciproque, d’autant plus que je n’ai jamais su lui montrer, n’ayant moi-même connu que douleur et violence…

- Que de la violence ? Demanda mon auditeur. Tu es certain ?

Je restais un moment silencieux, sondant mon esprit à la recherche d’un souvenir que je savais enfoui au plus profond de moi, l’ayant volontairement occulté de ma mémoire.

- Il y a cette nuit, pendant laquelle j’ai ressentis ma première vraie frayeur depuis que je suis immortel… Alakhiel venait de tuer volontairement pour la première fois et en était profondément bouleversé, je n’ai d’ailleurs jamais compris cette répulsion qu’il avait à se nourrir de sang humain… Le fait est qu’il en était bouleversé… Je ne sais pas comment nous en sommes arrivés là mais, la dernière image que je garde est celle de la douceur de ses lèvres sur les miennes. Je me suis sentis envahi de sensations toutes plus effrayantes les unes que les autres…

- Effrayantes ? Souffla Indra, un brin ironique. Qu’est-ce qui te terrifie tellement ? Reprit-il plus sérieusement.

Une fois de plus, je restais sans réponses à une question, incapable d’y répondre. Semblant le sentir, Indra poursuivit :

- Je vais te le dire moi… Effrayantes, parce que jamais auparavant tu ne t’étais senti aussi bien, jamais tu n’as connu quelque chose d’aussi doux. Cette sensation de bien-être, de chaleur et de sérénité qui embrase ton corps au contact de l’autre. Ton rythme cardiaque qui s’accélèrent lorsque tu sens sa présence près de toi, les pensées qui sont les tiennes lorsque tu le vois…

- Ca suffit ! M’exclamais-je, effrayé de reconnaître mes propres émotions et ressentis dans ses paroles.

- De quoi as-tu donc si peur ? S’exclama Indra.

Il se mettait rarement en colère, mais lorsqu’il l’était, il était vraiment impressionnant. Aucun humain ou vampire aussi impressionnant soit-il ne m’avait autant tenu en respect que ce petit bout d’homme rachitique et à moitié aveugle.

- Regarde au fond de toi, Ezekiel. Tu as la réponse à toutes tes questions mais par pure idiotie, tu te refuse à l’admettre. Assume-toi, tu ne t’en sentiras que mieux ! Je ne peux rien faire de plus pour toi tant que tu n’y mettras pas un peu de la bonne volonté. Tu es le seul à pouvoir analyser tes sentiments…

Sur ses mots, il se détourna de moi, se replongeant dans sa méditation, me laissant seul à mes réflexions. Me voilais-je réellement la face vis à vis de mes sentiments, comme il le prétendait ? Eprouvais-je seulement des sentiments plus profonds que de la simple attirance physique pour Alakhiel ? Je soupçonnais le vieil Hindou d’avoir la réponse à mes questions. Il était beaucoup trop clairvoyant pour son propre bien.

J’étais complètement perdu, abandonné à moi-même dans les méandres de mes incertitudes. Tout ce que je savais et dont j’étais certain, c’est qu’Alakhiel avait été et était toujours l’unique personne à être parvenue à me faire ressentir autre chose que de la haine. Ma soif de sang avait été remplacée par la soif de lui, de ses lèvres, de son corps…

Soudain, tout devint clair… Cette envie maladive et ce besoin vital de l’avoir à mes côtés, ce feu ardent qui embrasait mes reins au souvenir de notre seule et unique nuit passée dans les bras l’un de l’autre, l’odeur suave et enivrante de sa peau…

- Je l’aime…

Je pris conscience que je venais de penser tout haut lorsque la voix amusée d’Indra me sortie de mes pensées :

- Il t’en aura fallut du temps pour comprendre quelque chose d’aussi simple… Je t’ai connu plus vif d’esprit…

Je ne répondis rien, encore sous le choc de cette révélation. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je venais de trouver la pièce manquant du tableau. A présent, tout se tenait… Mais je ne pouvais accepter un tel sacrifice… Je n’étais pas prêt à assumer les conséquences de cet amour…

- Je ne veux pas… Je ne peux pas… Soufflais-je.

- Que tu le veuille ou non, il est déjà trop tard… L’amour est un sentiment complexe, Ezekiel, il ne se commande pas et ne se contrôle encore moins… Tel le poison d’un serpent, il s’insinue dans nos veines et s’il ne te tue pas, il ne t’en rendra que plus fort…

- Je n’ai jamais aimé personne… Je n’y arriverais pas…

- Tu apprendras… Tu vois cela comme une tâche à accomplir. Refoule cette idée au fond de toi. Comme tu as appris à contrôler tes émotions, tu apprendras à vivre avec cet amour, qu’il te soit rendu ou non… Aller, rentre chez toi, le jour va bientôt se lever…

Docile, je me levais, encore trop bouleversé par les pensées qui étaient les miennes et sans protester, j’obéis à mon ami.

- Ezekiel, m’appela Indra alors que je m’éloignais. Tu devrais le lui dire…

- Jamais ! Murmurais-je avant de prendre la route.

Bénarès, 3 juillet 1790

Alors que je rejoignais Indra, la peur qui me taraudait depuis quelques temps s’accentua soudainement. Terrorisé, je me rendis en courant à notre lieu de rencontre habituel. Le spectacle qui m’attendait me serra douloureusement le coeur. Allongé au sol, ses yeux limpides rivés sur le ciel étoilé, Indra attendait que la mort vienne le chercher.

Accourant à son chevet, je me laissais tomber à genoux et, faisant fi des larmes qui cascadaient sur mes joues, je le pris dans mes bras, posant sa tête sur mes genoux :

- Non… Indra… Tu ne peux pas mourir maintenant… J’ai encore besoin de toi…

- Je ne suis pas immortel mon fils. Mon heure est venue, accepte de me laisser partir, souffla-t-il, la respiration erratique et sifflante.

- Je ne peux pas, murmurais-je. Je n’y arriverais pas sans toi…

- Tu as appris de moi ce que j’avais à t’offrir… Je pars avec la satisfaction de t’avoir vu changer tout au long de ses années et renaître sous un jour nouveau… Ne te laisse pas envahir par tes sentiments, Ezekiel, ne redevient pas celui que tu étais…

Il se tu, épuisé par l’effort que cela lui demandait. Dans un geste réconfortant, je lui caressais délicatement les cheveux, alors que mes larmes silencieuses se faisaient sanglots.

- Part… Va retrouver celui que tu aimes… Et dis le lui, souffla Indra.

- Chuut… Ne parle pas… Reste tranquille…

- J’ai… J’ai une dernière faveur à te demander… Souffla-t-il entre deux quintes de toux.

- Je t’écoute…

- Je veux que tu m’aides à partir… Bois mon sang, Ezekiel…

Surpris par cette demande des plus inattendues, je sursautais violemment. Je restais un instant silencieux, assimilant la demande d’Indra puis, réalisant ce que cela impliquait, je murmurais, d’une voix étranglée :

- Je ne peux pas… Ne me demande pas cela, Indra…

- C’est bien la première fois que je te vois refuser de prendre une vie… Fait le Ezekiel…

Laissant une ultime larme perler sur ma joue, je fermais les yeux tout en entrouvrant légèrement les lèvres, laissant apparaitre mes crocs acérés. Puis, avec une lenteur extrême, comme pour me laisser l’illusion que ce que je vivais n’était qu’un mauvais rêve, je me penchais vers son cou. Après une ultime seconde d’hésitation, je plongeais mes crocs dans la peau délicate de son cou. A l’instant même où la première goutte de sang chatouilla mes papilles, mon instinct de prédateur reprit le dessus, annihilant jusqu’à la plus minime once de culpabilité ou de remord. Serrant plus fortement son corps maigre et affaibli contre moi, je plantais plus profondément mes crocs dans sa veine, aspirant son sang avec avidité, dans la dernière volonté d’abréger ses souffrances.

Son corps fut prit de tressaillement, signifiant que la mort s’emparait de lui. Au moment où la vie le quittait et que son corps de relâchait entre mes bras, je mis fin à mon baiser mortel, retirant mes crocs de sa chair encore tiède. Puis, retrouvant ma lucidité, je réalisais seulement ce que je venais de faire. Sans que j’en prenne réellement conscience, un hurlement de détresse et de douleur mêlées naquit au fond de ma gorge et mourut dans la nuit, faisant écho dans le silence mortuaire de la nuit. Jamais je ne m’étais sentis aussi coupable d’avoir volé une vie depuis Alakhiel. Pour la première fois, le liquide carmin qui me maintenait en vie avait perdu son goût exotique et si particulier, ne me laissant qu’un arrière goût d’amertume.

Je ne saurais dire combien de temps je restais là, parfaitement immobile, mes longs cheveux flottant dans mon dos au gré de la brise qui s’était levée, tenant toujours la dépouille d’Indra tout contre moi. Une fois que j’eu retrouvé mes esprits, je déposais son corps sur le sol avec une délicatesse et un soin tout particulier, démontrant tout le respect et l’amour que j’éprouvais pour ce vieillard. Puis, j’entrepris de réunir suffisamment de bois pour l’ultime célébration. J’avais beaucoup appris sur les coutumes indiennes et il était dans les mœurs du pays d’incinérer ses morts. Je voulais rendre cet hommage à Indra.

Le bûcher achevé, je répétais les gestes que j’avais vu faire à maintes reprises. N’étant pas mort d’une cause naturelle, ayant pris sa vie volontairement avant que cela ne subvienne, Indra n’avait normalement pas droit à la Libération par l’incinération, comme le voulait la coutume indienne. Cependant, je ne pouvais me résoudre à abandonner son corps.

Les rituels accompli, j’hissais son corps sur le bûcher avant d’y mettre le feu. Je restais jusqu’à ce que son corps soit entièrement consumé par les flammes, puis rassemblais ses cendres avant de les disperser sur les eaux sombres du Gange.

Londres, 17 mars 1800

Après la mort d’Indra, je décidais de suivre son conseil et retournais en Europe, ignorant tout du complot qui se tramait dans mon dos. Après cinq années d’errance et une escale en Scandinavie, j’arrivais enfin à Londres, la ville que je fuyais comme la peste, sachant pertinemment que le conseil y trônait. Cependant, je savais également que je ne craignais plus grand chose, mon pouvoir mental ne cessant de s’accroitre.

Dissimulé dans la pénombre de la pièce faiblement éclairée par de vieux candélabres, j’attendais l’arrivée de mon hôte improvisé. Quand la porte s’ouvrir, je ne pus m’empêcher de sourire à la vue du nouvel arrivant.

- Bonsoir Shaolan, murmurais-je à son oreille en me déplaçant dans son dos à la vitesse de la lumière.

L’interpelé ne put réprimer un sursaut à l’entente de ma voix. Puis, sans pour autant se retourner, un sourire que je devinais aguicheur étirant ses lèvres, il déclara :

- Tes pouvoirs ont encore grandit, Ezekiel… Tu es presque arrivé à me surprendre…

- Je t’ai surpris, rectifiais-je en déposant mes lèvres dans son cou, lui arrachant un gémissement de plaisir. Pour un aîné je te trouve bien distrait…

- Si tu enlevais tes lèvres de mon cou, je serais déjà un peu plus lucide…

- Et bien, fis-je remarquer. Nous avons du souci à nous faire si une simple paire de lèvre arrive à te déconcentrer de la sorte. Tu sais que je pourrais te tuer aisément avant même que tu n’ais le temps de réagir ?

- Mais je sais aussi que tu ne le feras pas, renchérit Shaolan sans se départir de son sourire.

- Tu es bien prétentieux…

- Simplement réaliste, car si tu es là, c’est que, d’une manière ou d’une autre, tu as besoin de moi… Tu as eu la visite des tueurs du conseil ? Ajouta-t-il en retrouvant son sérieux.

- Non, cela fait un moment d’ailleurs ! Ils doivent tenter de se faire oublier pour mieux m’avoir par surprise, déclarais-je en me détachant de lui pour aller m’asseoir sur le lit.

Me rejoignant, Shaolan prit place à mes côtés. D’un air grave qui contrastait avec son visage enfantin, il déclara :

- Tu ne pourras pas rester ici indéfiniment… Alakhiel a été convoqué par le conseil pour leur rapporter ta tête… Il veut te voir mort tu sais ?

- Je m’en doutais, soupirais-je.

- De quoi ? Demanda Shaolan. Pour le conseil ou pour Alakhiel ?

- Un peu des deux je suppose. Je savais que cela finirait par arriver…

- C’est pour ça que tu es là ? Et moi qui pensait que c’était parce que tu te languissais de moi… Déclara Shaolan en souriant narquoisement.

- Qui te dis qu’il n’y a pas de ça aussi ? Demandais-je, un sourire railleur étirant mes lèvres.

- Dans ce cas qu’attends-tu ? Ne vois-tu pas que j’en frémis d’impatience ? Susurra Shaolan de cette voix qui me rendait fou.

Réagissant brutalement à cette injonction, je me jetais sur les lèvres de mon vis à vis pour le happer avec une avidité non feinte, preuve irréfutable du désir qui me vrillait les reins. Dans mes gestes comme dans les siens, il n’y avait aucune marque de tendresse superficielle, juste cette sensation de manque de l’un de l’autre qui se faisait ressentir.

Je n’aimais pas Shaolan comme j’aimais Alakhiel, mais je ressentais un profond respect pour cet homme d’apparence enfantine. C’est lui qui, après mes viols à répétition endurés du temps où je vivais encore sous la coupe de mon créateur, m’avait initié aux plaisirs charnels dans sa véritable définition.

Nos langues se mêlaient avec une passion non dissimulée, entrainant l’autre dans une chorégraphie toujours plus tumultueuse pour savoir lequel d’entre nous aurait le dessus sur l’autre. Le feu du désir embrasait mes reins et ne pouvant me contenir d’avantage, je plaquais violemment Shaolan sur le matelas, retenant d’une poigne ferme ses mains au dessus de sa tête.

Visiblement ravi de cette initiative, il entama un lent déhanchement contre mon intimité déjà durcie par le plaisir, un sourire insolent dépeint sur ses lèvres.

- Avoue que tu as envie de moi, souffla-t-il en me mordillant le lobe de l’oreille.

Pour toute réponse, je plantais mes crocs dans son cou, aspirant son sang, plus par effet de supériorité que par réelle nécessité, arrachant à mon amant un gémissement de plaisir brut. Puis, je cicatrisais la plaie et entrepris de le dévêtir. D’un geste brusque, je déchirais sa chemise, faisant s’agrandir le sourire de Shaolan qui, à son tour, m’ôtait mes vêtements.

Très vite, nous nous retrouvâmes nus l’un contre l’autre tandis que Shaolan gémissait bruyamment, se languissant de plus. Au paroxysme du désir, ne pouvant me contenir plus longtemps, je préparais succinctement mon amant avant de le pénétrer avec un désir mal contenu. La précipitation avec laquelle nos deux corps s’unirent nous amena très vite à la jouissance. La bestialité de nos ébats ne semblait pas perturber Shaolan plus que ça, à la façon dont il demandait toujours plus, gémissant sans retenue aucune à chacun de mes coups de reins. Abandonné entre mes bras, il laissait libre court à son plaisir avec débauche et luxure. Après un énième coup de rein plus violent et profond que les précédents, nous nous libérâmes dans un cri de jouissance à l’état pur.

Haletant et en sueur, je me laissais retomber dans ses bras, me remettant lentement de mon orgasme foudroyant. Sans se départir de son sourire arrogant qui le qualifiait si bien Shaolan déclara entre deux inspirations :

- Je suis ravi de voir que je te fais toujours autant d’effet…

- Ne te fais pas d’illusions… Tu étais là au bon moment, c’est tout, râlais-je.

- Garde tes sarcasmes pour toi, Ezekiel ! Déclara-t-il, tranchant. Tu n’aurais pas pu profiter de toutes ces années pour te débarrasser une fois pour toute de ta mauvaise foi et de ton sale caractère ? Soupira-t-il avec lassitude.

- Ma mauvaise foi t’emmerde…

Shaolan ne répondit rien, se contentant de soupirer de nouveau. Cependant, je savais parfaitement que si je pouvais m’adresser à lui de cette façon c’est parce qu’il le tolérait. Dans le cas contraire, il aurait été intransigeant. D’un autre côté, il me connaissait mieux que personne et savait très bien que les relations sociales étaient de loin le domaine dans lequel j’excellais par mon ignorance. De plus, je soupçonnais mon côté “je m’enfoutiste” de l’attirer. Comme il disait, c’est ce qui faisait mon charme.

Une fois remis de mes émotions, je m’allongeais à ses côtés. Je restais silencieux l’espace d’un instant tout en repensant à notre conversation précédente. Semblant lire mes pensées, Shaolan déclara :

- Toi qui n’avais encore jamais engendré aucun vampire, pour une première fois tu ne t’es pas loupé…

- Tu insinues quoi par là ? Demandais-je, d’un ton las et blasé.

- Tu es tombé sur un cas… Il ne tiendra pas longtemps… C’est déjà un miracle qu’il ait survécu jusqu’à maintenant… Sans sa haine envers toi et son désir de te tuer, il serait déjà mort depuis bien longtemps… Bien que je le soupçonne de vouloir mettre fin à sa vie, s’il n’y parvient pas seul, la meilleure chose que tu aurais à lui offrir c’est de le tuer par toi-même Ezekiel…

- Je sais, soufflais-je, plus touché par ses mots que je ne l’aurais voulu. Mais je ne peux m’y résoudre…

- Tu laisses tes sentiments prendre le dessus sur ta raison… Souviens-toi de ce que je t’ai appris… Rappel-toi l’était dans lequel tu étais la dernière fois que tu t’es laissé dominer par ta haine…

Je n’eu pas le temps de répondre, que Shaolan poursuivait :

- De toute façon, tu n’auras certainement pas à le faire… il est trop humain, Ezekiel… Malgré qu’il clame à qui veut l’entendre son envie de te tuer, il a tout de même hésité devant le conseil… Et connaître la vérité sur ton passé ne l’a certainement pas aidé à se convaincre dans ses choix.

Réalisant la portée de sa dernière phrase, je me redressais vivement, et pris d’une colère sans nom, je m’exclamais :

- Tu as fais quoi ? Mais qu’est-ce que tu avais besoin d’étaler les détails de ma vie ? N’as-tu pas compris d’où lui venait cette haine qu’il me voue ? Ne sais-tu donc pas que je lui ai fait subir la même chose ?

- Bien sûr que je le sais ! S’exclama à son tour mon amant. Pour qui me prends-tu ? Mais toi au moins, tu as eu la délicatesse d’utiliser ton pouvoir mental sur lui… Tu n’es pas D…

- Tais-toi ! M’exclamais-je. Je n’ai que faire de sa pitié, repris-je sans tenir compte de ses dernières phrases. Qu’il me tue s’il le souhaite, mais je doute qu’il y parvienne. Ce n’est rien de plus qu’un couard ! Il refuse d’affronter la réalité et d’assumer ce qu’il est… C’est d’un pathétique…

- Je ne peux qu’approuver, concéda Shaolan. Mais tout le monde n’a pas ta force de caractère, Ezekiel…

Lassé de cette conversation, je demandais, étouffant un soupire de lassitude :

- Où est-il allé ?

- Il est reparti en France… Cherche au fond de toi… Concentre-toi sur lui, fait le vide en toi et tu devrais parvenir à le localiser.

M’exécutant, je focalisais mes pensées sur Alakhiel et après un temps sans le moindre résultat, je parvins à ressentir sa présence. D’abord faiblement, plus de plus ne plus précisément au fur et à mesure des secondes.

Mon coeur se compressa de manière significative lorsque je compris qu’il s’était rendu à l’endroit où nos chemins avaient fini par diverger.

Même après toutes ces années elle était encore là, me volant les pensées d’Alakhiel. Que fallait-il donc que je fasse pour qu’il l’oublie ? La tuer n’avait donc servit à rien ? Combien de temps avait-il passé à se morfondre sur sa tombe depuis que je n’étais plus à ses côtés ?

D’un geste rageur, j’attrapais mes vêtements avant d’aller me laver succinctement au bac d’eau situé dans un coin de la pièce.

Paris, 7 avril 1800

Dissimulé de la clarté de la lune par l’ombre d’un saule pleureur, j’observais de loin la silhouette d’Alakhiel assis sur la tombe de sa bien-aimée. Lorsque je l’avais revu après toutes ces années, mon coeur s’était emballé dans ma poitrine tandis qu’une foule de sentiments contradictoires s’affrontait dans mon esprit. Joie, colère, amour, haine… Chacun hurlait un ordre différent, résonant dans mon esprit en une litanie incessante qui me rendait fou. Je n’avais pas eu besoin de pénétrer l’esprit d’Alakhiel pour comprendre qu’il avait l’intention d’attendre ici le lever du jour.

Et depuis, mon cœur me criait de l’en empêcher tandis que ma raison me mettait au défis de le laisser mourir. Après tout, Shaolan avait raison, la mort était la meilleure chose qui pouvait lui arriver… Il était bien trop humain pour mener cette vie de damnés. Mais alors, pourquoi mon coeur se contractait-il si douloureusement à l’idée de le perdre ? J’étais face à un dilemme et pour la première fois de ma vie, j’hésitais sur le chemin à emprunter. Je ne pouvais plus me fier à mon instinct qui hurlait à la mort, tel un loup lors des froides nuits d’hiver.

Je sentais l’aube approcher à grands pas et mon instinct de survie m’hurlait intérieurement de trouver un abri le plus rapidement possible. Cependant, je refoulais à grand peine cette voix intérieure et allais à l’encontre de ma nature, m’exposant à un danger mortel. Les forces d’Alakhiel commençaient à s’amenuiser dangereusement et il se laissa entraîner en arrière, s’allongeant sur la tombe de la défunte. Le connaissant comme je le connaissais, je me doutais bien qu’il n’avait pas dû se nourrir depuis plusieurs jours pour être dans un tel état de faiblesse avancée.

D’un mouvement échappant à ma volonté, comme mu par une volonté autre que la mienne, je comblais la distance qui me séparait de ma créature. Les yeux fermés, il s’abandonnait complètement aux premières lueurs de l’aube qui déjà, pointaient à travers la brume matinale de ce matin de printemps, réchauffant l’air humide de la nuit qui mourait.

Pour la première fois depuis des centaines d’années, je contemplais l’espace d’une seconde la magnificence de l’aurore. Puis, reportant mon attention sur Alakhiel, je ne pu m’empêcher de murmurer son prénom, avant d’ajouter :

- Même après toutes ces années tu ne sais toujours pas prendre soins de toi…

Je m’agenouillais près de lui et avec une délicatesse que je ne me connaissais pas je le soulevais, passant un bras sous sa nuque et l’autre sous le creux de ses genoux. Avec célérité, je parcourais l’étendue désertique de la plaine avant de m’enfoncer dans l’épaisseur des sous-bois. Là, momentanément protéger par l’ombre des arbres, je dénichais les ruines de ce qui ressemblait fort à un château. Je me précipitais dans le souterrain alors que les rayons du soleil éteignaient finalement l’orée de la forêt.

Une fois hors de danger, je soupirais bruyamment tout en déposant Alakhiel sur le sol de terre battue humide. Ce n’était pas le confort auquel nous étions habitués, mais il devrait s’en contenter. Après tout, c’était de sa faute si nous étions coincés ici jusqu’à la tombée de la nuit.

Plusieurs heures s’écoulèrent avant qu’Alakhiel ne reprenne conscience. D’une voix rauque, prenant faiblement appuis sur ses coudes, il se redressa et appela :

- Ezekiel ?

- Je suis là, répondis-je en m’agenouillant à son chevet et en le forçant à se rallonger. Reste tranquille.

A ses yeux embrumés, je savais qu’il ne faisait pas la différence entre le rêve et la réalité, mais étrangement, l’entendre prononcer mon prénom et réclamer ma présence comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit provoqua en moi un élan de joie incommensurable. Cependant, maître de mes émotions, je ne laissais rien transparaître de mes sentiments, gardant cette expression impassible et froide qui me qualifiait. Portant mon poignet à mes lèvres, je l’entaillais d’une morsure et lui présentais mon poignet ensanglanté. Des gouttes de sang tombaient sur ses lèvres et son visage sur lequel passa une expression horrifiée alors qu’il gardait obstinément les lèvres serrées.

Après plusieurs essais infructueux, je laissais s’échapper un grondement d’énervement et sans douceur aucune, je m’emparais violemment de ses lèvres pour un baiser enflammé. Il ne voulait pas se nourrir de son propre gré alors j’allais le lui imposer. Forçant la barrière de ses lèvres, je l’obligeais à ouvrir la bouche et avec sauvagerie, ma langue entraina la sienne dans un ballet sensuel. N’ayant pas la force de se soustraire à mon baiser contraint, Alakhiel ne tenta pas de se rebeller et amenant mon poignet, je le lui présentais une nouvelle fois. Mon sang gouttait dans sa bouche entrouverte, coulant dans son cou avec un érotisme démesuré alors que nos langues s’enlaçaient fiévreusement.

Je ne me reculais que lorsque je jugeais qu’il était suffisamment rassasié pour tenir durant les prochaines heures qui nous séparaient encore de la nuit. Retrouvant ses forces en même temps que ses esprits, Alakhiel me repoussa brusquement et du revers de la main, il essuya le sang qui maculait sensuellement ses lèvres et son menton. Reportant son attention sur moi, il me fixa l’espace d’un instant, comme s’il ne croyait pas ce qu’il voyait avant de murmurer d’une voix apeurée :

- Ezekiel…

- Tu sembles surpris de me voir, constatais-je avec un certain amusement. T’aurais-je manqué ? Ajoutais-je avec une pointe d’ironie.

Ignorant ma question, Alakhiel s’exclama, sur la défensive :

- Pourquoi m’avez-vous sauvé ?

- Pour tout te dire, commençais-je en m’installant le plus confortablement possible à même le sol, j’avais quelques scrupules à laisser mourir la chair de ma chair ! Déclarais-je en lui adressant un sourire radieux qui contrastait vivement avec mon ton moqueur.

Eclatant d’un rire nerveux, Alakhiel déclara, la voix tremblante de rage :

- Vous ne valez pas mieux que Darius…

En une fraction de seconde, avec la célérité de la lumière, j’étais face à Alakhiel, le toisant de toute ma hauteur alors que ma main s’abattait sur sa joue avec une rare violence.

- Ne prononce pas ce nom ! Hurlais-je d’une voix emplie de haine mal contenue.

Une main sur sa joue meurtrie, Alakhiel m’adressa un regard assassin que je ne relevais pas. Après tout, il pouvait bien me tuer du regard si cela lui plaisait, je n’en avais que faire. Quelque peu calmé de mon excès de colère, je me détournais de lui pour retourner m’asseoir un peu plus loin, ayant besoin de me reposer, l’aube et la perte de sang n’améliorant pas mon état.

Un courant d’air dans mon dos attira mon attention et un sourire désabusé étira faiblement mes lèvres. Il était vraiment pitoyable s’il croyait pouvoir toucher ne serait-ce qu’un seul de mes cheveux. Alors qu’Alakhiel se tenait derrière moi, prêt à frapper, je me retournais vivement. L’espace d’un instant, je décelais un éclaire de surprise et de peur dans son regard alors que d’un geste invisible de par sa rapidité, je le saisissais au cou, le soulevant à plusieurs centimètres du sol.

- Tu croyais faire quoi ? Demandais-je d’une voix dangereusement basse. Qui crois-tu être pour oser lever la main sur moi ?

Alors que je parlais, je raffermissais de plus en plus ma prise sur son cou, avec la ferme intention de le lui briser.

- Tu es incroyablement grotesque Alakhiel. J’aurais eu meilleur compte à écouter Shaolan et te laisser griller.

Sur ses mots, je le jetais au loin, comme s’il ne s’agissait que d’un vulgaire bout de viande.

- Comment le conseil a-t-il pu croire que tu parviendrais à m’occire ? Demandais-je plus pour moi-même que dans l’attente d’une hypothétique réponse. Cette bande de bureaucrate sans cervelle est encore plus lamentable que dans mes souvenirs…

Je n’eu pas le temps de terminer ma phrase qu’Alakhiel revenait à la charge, se ruant sur moi avec la hargne du désespoir. Du revers de la main, je le renvoyais au sol, riant de sa faiblesse et face à tant de dramatisme.

- Pauvre larve, déclarais-je. Des vampires de bas étage comme toi devraient savoir ce qu’il en coûte de braver un de leur aîné. Ravale ta fierté Alakhiel, tu ne fais pas le poids. Qu’as-tu donc fait toutes ces années ? Tu n’aurais pas dû négliger ton entrainement. Regarde-toi, misérable rat d’égouts que tu es…

Cependant, s’il m’écoutait, Alakhiel ne suivit pas mon conseil, aveuglé par sa rage et se jeta une nouvelle fois sur moi, les crocs découverts, le regard haineux. Avec une aisance déconcertante, je l’envoyais valser.

- Garde ton rang, minable ! Crachais-je. Tu n’es pas digne d’être ma créature, pauvre petit pantin, vampire d’opérette.

Semblant avoir compris qu’il ne parviendrait pas à m’atteindre, Alakhiel n’esquissa pas le moindre mouvement pour se relever, se recroquevillant un peu plus sur lui-même dans les ténèbres du souterrain, à la façon d’une bête traquée.

En dépit de l’obscurité totale des lieux, je distinguais parfaitement sa silhouette frêle et tremblante. Répriment une mimique de dégoût face à se spectacle dégradant, je me détournais de lui et regagnais ma place.

Fermant les yeux, je me laisser aller, sombrant lentement dans le sommeil du vampire, gardant néanmoins mes sens en alerte. Ce fut un courant d’air qui attira mon attention quelques heures plus tard. Gardant les yeux clos, rien ne trahissant ma prise de conscience, j’attendais la suite des événements, et quelle ne fut pas ma surprise lorsque je sentis Alakhiel s’asseoir sur mes cuisses alors que ses mains se posaient sur mon torse.

Puis, avant que je ne réalise pleinement ce qui se passait, Alakhiel s’empara avidement de mes lèvres. Je restais un instant sans réaction, trop choqué pour réagir et ce fut les doigts de mon amant se faufilant sous ma chemise qui me ramenèrent à la réalité. Alakhiel avait-il réellement l’intention de continuer, sachant pertinemment ce que cela impliquait ? Savait-il seulement ce qu’il faisait ?

Toutes ses questions restèrent sans réponses, occultées de mon esprit à l’instant même ou Alakhiel m’ôtait ma chemise alors que ses lèvres se posaient avec douceur et sensualité dans mon cou.

Galvanisé par l’innocence qu’il dégageait et son corps étroitement pressé contre le mien, attisant mon désir de façon plus que certaine, je m’emparais violemment de ses lèvres pour un baiser enflammé. Ne sachant me contenir davantage, le désirant depuis trop longtemps, je le saisi par les hanches et le fis basculer sous moi, prenant d’autorité le contrôle de la situation.

Il avait éveillé le désir qui dormait au plus profond de mon être, tel en volcan en sommeil et en assumerait les conséquences, de gré ou de force. Avec une avidité sans pareille, je m’emparais de ses lèvres, suçant sa langue avec ferveur alors que lentement, mon bassin entrait en mouvement, ondulant sensuellement contre celui d’Alakhiel qui émit un gémissement de plaisir.

Enhardi par ce son qui ravit mes oreilles et provoqua un frisson dans tout mon corps, j’arrachais sa chemise avant de déboutonner son pantalon avec empressement. Mes lèvres quittèrent les siennes, lui arrachant un couinement de protestation qui me fit sourire et allèrent se poser dans son cou.

Lentement, presque avec douceur, je plantais mes crocs dans sa peau diaphane qui m’attirait inexorablement et avec délectation, j’aspirais son sang, le marquant comme mien. Alakhiel ondula sous moi, pressant son bassin contre le mien, attisant mon désir déjà plus que conséquent, s’agrippant à moi sous l’afflux de plaisir. Libérant son cou, je cicatrisais la plaie d’un coup de langue avant de m’emparer de nouveau de ses lèvres pour un baiser fiévreux.

Alors que ma langue jouait avec la sienne, l’entrainant dans une chorégraphie toujours plus complexe et rythmée, ma main migra vers la source principale de son plaisir. Sadiquement, j’effleurais sa virilité sur toute sa longueur, lui arrachant un hoquet de surprise avant de continuer ma course, glissant lentement entre ses cuisses.

Rompant le baiser, haletant, je déposais de multiples baisers papillon sur son visage avant de retracer du bout de la langue la courbe gracile de son cou, descendant le long de sa gorge pour m’attarder sur le creux de sa clavicule. Consciencieusement, j’explorais la moindre parcelle de peau, apprenant son corps, mémorisant ses courbes et ses vallées et enregistrant les zones érogènes qui le faisaient frémir sous mon contact aérien. Je voulais l’apprendre par cœur, savoir ou le toucher pour lui procurer un maximum de plaisir.

A contre cœur, je lâchais momentanément sa peau au goût légèrement salé par la sueur et m’écartais de lui. L’espace d’un instant, je le contemplais d’un regard appréciateur, maudissant sur plusieurs générations tous ceux qui avaient ne serait-ce qu’oser poser les yeux sur lui. Bientôt, la vue de son corps alanguis et abandonné à mes caresses ne suffit plus et avec empressement, je lui ôtais ses vêtements ou ce qu’il en restait, avant de le contempler une nouvelle fois dans son entière nudité.

Avide de le sentir s’abandonner à moi sans concession, je me positionnais à genoux entre ses cuisses en une position sans équivoque qui amena le rouge aux joues de mon amant.

Attendri malgré moi par cette vision des plus adorables j’happais avec tendresse sa lèvre inférieure, la suçotant avec sensualité et érotisme, le faisant gémir doucement. Je prenais un malin plaisir à le voir se languir et se tortiller sous moi en une demande muette mais oh combien explicite à ce que je m’occupe de lui.

Accédant à sa requête, je laissais ma langue s’attarder sur ses tétons durcis par le plaisir, tentant d’ignorer mon propre désir et mon sexe douloureusement tendu encore retenu de sa prison de toile. Migrant toujours plus au sud de son corps, avec une lenteur exagérée destinée à attiser son plaisir à son paroxysme, je redessinais du bout de la langue le contour de ses abdominaux finement sculptés.

Alakhiel, complètement abandonné à mon bon vouloir, gémissait sans retenue aucune et soulevait ses hanches en une demande suppliante de le satisfaire. Souriant à cette constatation, je cessais tout attouchement, le faisant se languir davantage puis sans prévenir, je léchais avec gourmandise la pointe de son sexe. Un cri de plaisir et de surprise déchira sa gorge et son corps se cambra violemment, se soulevant vers moi comme pour m’inciter à renouveler mon geste. Fier de sa réaction, n’en attendant pas moins de lui, je réitérais mon geste avec plus de conviction. Alakhiel soupira de bien être et le voir ainsi abandonné au plaisir que je lui offrais gonfla mon coeur d’orgueil.

Cédant enfin à mon propre désir, je le pris entièrement en bouche, lui arrachant un nouveau cri qui vient ravir mes oreilles, faisant écho sur les parois du souterrain. J’entamais alors un va et vient aléatoire, alternant entre un rythme soutenu et un autre beaucoup plus lent, destiné à attisé son plaisir à son paroxysme. Je sentais Alakhiel frémir sous mes doigts qui caressaient sans la moindre once de pudeur l’intérieure de ses cuisses pour se diriger vers son intimité, commençant à le préparer avec douceur.

Après plusieurs minutes de ce traitement, Alakhiel rendit les armes et se libéra dans un cri de jouissance des plus érotiques. Je léchais son sexe sur toute sa longueur, ne perdant pas une goutte de son essence vitale avant de remonter m’emparer de ses lèvres pour un baiser passionné.

Ce que je vivais à cet instant n’avait rien à voir avec ce que je partageais avec Shaolan. L’un comme l’autre, nous recherchions le plaisir pour le bien être physique que nous octroyait la jouissance. Avec Alakhiel, c’était différent, plus… Fusionnel. Je voulais lui donner du plaisir, quitte à mettre le mien de côté pour l’entendre crier mon prénom alors qu’il se libérait sous l’afflux de plaisir.

A bout de patience, l’envie de le prendre se faisant obsédante et cruciale, je lui présentais mes doigts. C’est avec satisfaction et soulagement que je le vis les happer pour les lécher avidement et avec sensualité, me rendant fou de désir. Sa langue caressait mes doigts avec un érotisme déroutant que je ne lui connaissais pas et n’y tenant plus, le peut de patience que je possédais mis à rude épreuve, je m’emparais de ses lèvres rougies et gonflées par nos baisers.

Lorsque je les jugeais suffisamment humidifiés, je mis un terme au baiser et retirais mes doigts, lui arrachant un couinement de protestation. Un sourire attendri étira mes lèvres, amusé, mais néanmoins heureux de le voir ainsi offert sans retenue à mes soins.

Puis, stimulant son désir, je laissais mes doigts glisser le long de son corps en un effleurement aérien, redessinant ses courbes graciles, le faisant se tordre de plaisir, alors qu’il se cambrait comme pour appuyer le contact de mes doigts sur sa peau brûlante. Dans un spasme plus violent que les autres, sont corps se souleva à ma rencontre alors que j’arrivais au niveau de son intimité, frémissant d’anticipation. Faisant preuve d’une délicatesse tout particulière dont je ne me serais pas cru capable auparavant, je jouais avec son intimité afin de le détendre. Quand ses muscles se relâchèrent, j’introduisis lentement un premier doigt en lui.

Celui-ci entra sans trop de difficultés, même si Alakhiel se crispa légèrement face à la gêne occasionnée par cette intrusion. Cependant, il se relaxa assez vite si bien que j’insérais rapidement un second doigt qui lui, fut plus douloureux que le précédent et arracha un hoquet de surprise à mon amant. Toujours avec cette même douceur, j’entamais un lent mouvement de ciseaux afin d’écarter ses muscles contractés et le préparer soigneusement à ma venue. Ne sachant que trop bien ce qu’il devait ressentir, je m’empressais de le détourner de sa douleur, en massant son érection avec conviction. Cela eut l’effet escompté car un cri de plaisir franchit la barrière de ses lèvres et son bassin entra en mouvement, ondulant de lui-même lorsque j’atteignis le point le plus sensible de son anatomie.

Je l’habituais encore un instant avant d’insérer un troisième et dernier doigt qui lui arracha un cri de douleur malgré la douceur dont je faisais preuve. Aussitôt, je cessais tout mouvement, lui laissant le temps de s’habituer à cette intrusion. Je ne repris un lent mouvement que lorsque je le sentis se détendre, aidé par le plaisir que lui procurait ma main caressant langoureusement son sexe.

Une fois assuré qu’il ne ressentait plus la moindre douleur, aussi infime soit-elle, je retirais mes doigts de lui, m’attirant un gémissement de protestation. Remontant vers ses lèvres, je les happais avec douceur pour un baiser des plus tendres. Puis, je m’écartais de lui à contre-cœur, le temps de me dévêtir à mon tour. Une fois entièrement nu, je l’embrassais de nouveau avant d’écarter ses cuisses et de prendre place entre, passant ses jambes de chaque côté de mes hanches. Ainsi exposé, danse cette position des plus indécentes, il était magnifique.

Je lui volais un nouveau baiser, complètement dépendant de la douceur et du goût suave de ses lèvres. Puis, alors que je me présentais à son entrée, tentant de réprimer mon désir qui me hurlait de le prendre sauvagement, je sentis deux mains se poser sur mon cou. Je compris instantanément les intentions de mon amant, mais contrairement à un peu plus tôt, je ne fis rien pour l’en empêcher. Bien au contraire, je l’invitais à accomplir ce pourquoi il avait survécu jusqu’à présent.

Toujours avec cette même douceur, je le pénétrais prudemment afin de ne pas le blesser alors que de son côté, Alakhiel resserrait sa prise autour de mon cou, serrant toujours un peu plus fort. Alors que j’étais entièrement en lui, il accentua son étreinte de façon proportionnelle. Je ne m’en formalisais pas plus que ça et entamais un lent et ample déhanchement.

Après quelques coups de reins maitrisés, je le sentis desserrer ses doigts alors que ses yeux s’humidifiaient étrangement. Ne pouvant accéder à ses lèvres, je me contentais de l’observer, mon regard ancré dans ses yeux brillants de larmes contenues alors que j’accélérais progressivement la cadence de mes vas et vient.

Dans un mouvement plus profond que les précédents, je touchais quelque chose en lui et le plaisir ressenti lui arrachant un hoquet de sanglot. Je réitérais plusieurs fois mon geste, souhaitant le mener à la jouissance. De son côté, Alakhiel semblait perdu. Ses mains se resserraient sur mon cou pour ensuite le relâcher avant de le serrer de nouveau.

Faisant fi de cela, je me contentais de le pénétrer toujours plus profondément avec une fougue sans cesse renouvelée et une passion grandissante. Soudain, je cessais momentanément tout mouvement avant de le pénétrer entièrement d’un ample et violent coup de rien qui lui arracha un hurlement de plaisir à l’état pur. Puis, dans un sanglot, il murmura la voix brisée :

- Je… Je peux pas…

Je compris immédiatement ce à quoi il faisait allusion et l’instant d’après, vaincu, ses mains relâchèrent mon cou et retombèrent mollement le long de son corps.

Ainsi libre de mes mouvement, je me penchais vers lui dans le but de lui réclamer un baiser, privé trop longtemps de ses lèvres. Mais alors que je m’apprêtais à m’en emparer, je fus devancé par Alakhiel qui combla de lui-même la distance qui nous séparait encore. Nos langue se cherchaient avec avidité, en manque l’une de l’autre.

Galvanisé par l’intensité qui se dégageait de la rencontre ardente de nos lèvres, je réduisais mes barrières, laissant libre court à mon propre désir. Enhardi par les gémissements plaintifs de poussait mon amant, j’accélérais la cadence de mes va et vient, ne pouvant me contenir plus longtemps.

C’est dans un ultime déhanchement plus puissant et violent que les précédents que nous nous libérons dans un cri de jouissance qui déchira les ténèbres de souterrain qui nous servait de refuge. Encore haletant, le corps parsemé de spasmes de plaisir, je me laissais retomber entre les bras de mon amant, la tête callée contre son torse imberbe. Fébrilement, Alakhiel décolla les cheveux de mon front luisant de sueur, m’arrachant un soupir de bien être. Comblé au delà des mots, je me laissais aller en toute confiance à un repos amplement mérité entre les bras de mon amant.

D’instinct, je me réveillais au coucher du soleil, l’appel de la nuit résonnant dans mon esprit. Lorsque j’ouvris les yeux je fus surpris de voir qu’Alakhiel n’avait pas dormit. Je plantais mon regard dans le sien et c’est non sans surprise que je le vis me sourire alors que du bout des doigts, il replaçait une mèche de cheveux derrière mon oreille. C’était bien la première fois qu’il esquissait une geste tendre à mon égard et cela me perturba grandement, ébranlant toutes mes convictions.

Je restais un moment immobile, détournant les yeux sous son regard perçant, étrangement gêné. Sans un mot, je me rhabillais imité par Alakhiel.

Aujourd’hui, quelque chose avait changé en lui. Je percevais une sorte de résignation émané de lui. Alors que la lune montait lentement dans le ciel, éclairant notre chemin, j’emmenais Alakhiel au cimetière où je l’avais trouvé au petit matin. Arrivés à destination, je m’arrêtais un peu en retrait, le laissant aller seul. Il y avait certaines choses pour lesquelles je ne lui étais d’aucune utilité et il devait faire seul son deuil d’Elizabeth.

Après un temps que je jugeais suffisament long pour qu’il ait le temps de lui dire que qu’il avait sur le cœur, j’allais le chercher. Si depuis mon réveil je le trouvais étrange, en cet instant, il avait l’air vide de toute énergie. C’est sans opposer la moindre résistance qu’il me suivit à travers les allées sombres et silencieuses du cimetière.

Soudain, ne sentant plus sa présence derrière moi, je me retournais pour le voir débout, immobile face à une tombe, les yeux dans le vague. Je le rejoignais, intrigué, et suivant son regard, je lisais “Marie Amelin 1717 - 1768 et Charles Keller 1715 - 1769″. Aussitôt, je compris qu’il s’agissait des parents d’Alakhiel. Je restais silencieux sachant pertinemment que les mots seraient totalement obsolètes face à son désarroi. Comme pour Elizabeth, il devait oublier ses parents et tout ce qui avait trait avec sa vie d’antan. Posant une main sur son épaule, je l’incitais à poursuivre notre chemin.

Une heure plus tard, nous flânions dans les rues de Paris, à l’affut de notre future victime. Repérant une fraiche jeune fille un peu à l’écart, je l’attirais à moi et c’est avec satisfaction que je me délectais de son sang. Repu, je la poussais dans les bras d’Alakhiel qui l’acheva sans la moindre protestation ou once de culpabilité. Etonné de le voir se nourrir sans rechigner, je déclarais, ironique :

- Tu te décides enfin à te nourrir seul comme un grand ?

Alakhiel ne répondit rien, et laissa tomber le cadavre de la jeune fille sans la moindre considération avant de poursuivre sa route sans un regard en arrière. Je le regardais faire, interloqué. Quand avait-il changé à ce point ? Où était passé cet Alakhiel que j’avais créé, celui qui pleurait lorsqu’il était question de tuer ? Etait-il en train de devenir le même monstre que j’avais été, mais qui au lieu de prendre plaisir à tuer le faisant avec un sang froid inquiétant.

Sur ses interrogations sans réponses, je le suivais sur une courte distance et mon interrogation se changea rapidement en inquiétude lorsque je le vis tuer sans ménagement une seconde proie. Il faisait preuve d’une indifférence qui ne lui ressemblait pas, lui habituellement si révolté à l’idée de boire du sang humain.

Paris, 9 avril 1800

Lorsque j’ouvris les yeux à la tombée de la nuit, je sentis immédiatement que quelque chose n’allait pas. Je ne sentais plus la présence d’Alakhiel à mes côtés. Nous étions rentrés ensemble au petit matin, retrouvant le luxe et le confort de notre ancienne demeure, ce même manoir qui avait vu le début de notre relation.

Cependant, je pris sur moi pour ne pas partir immédiatement à sa rechercher. Après tout, il était à présent suffisamment mature pour se débrouiller par lui-même.

Affamé, je quittais le manoir et me rendis en ville à la recherche de quelques proies à me mettre sous les crocs.

Quelques heures avant le levé du soleil, Alakhiel n’était toujours pas rentré et cela m’étonnait de lui qui habituellement, n’aimait pas traîner dans les rues plus que nécessaire.

Usant de mon pouvoir mental, je le localisais au cimetière où l’on avait été la vieille. Que faisait-il là bas ? N’avait-il pas tourné la page de son passé révolu ? En moins de temps qu’il ne fallu pour le dire, je me retrouvais également dans les sombres allées embrumées de ce vieux cimetière abandonné et défraichi, oublié de tous. A mon plus grand étonnement, je ne retrouvais pas Alakhiel sur la tombe d’Elizabeth ou de ses parents, mais bien dans un caveau familial.

M’adossant à l’entrée, j’observais Alakhiel qui semblait surpris à la vue d’une tombe. Il n’avait pas sentis ma présence et je ne la lui faisais pas connaître tout de suite, plongé dans mes souvenirs qui refaisaient surfaces à la vue des tombes marquées au nom de ma famille.

Mais je savais que celle qui l’intriguait le plus était celle gravée au nom de Cassandre Von Akhvarynn, la mienne…

Lentement, je commençais à parler, faisant sursauter Alakhiel qui se retourna vivement pour me faire face :

- Shaolan à dû te raconter la façon dont j’ai été initié au don obscure. Mais la folie et la cruauté de Darius allait bien au delà de ça. Après avoir fait de moi sa créature, il m’a laissé pour mort durant les quelques jours de ma transformation. Mon cadavre et ceux de ma famille ont été retrouvés et inhumés dans le caveau familial. Quand je me suis réveillé, je ne me souvenais plus de ce qui s’était passé et j’ai paniqué. Je hurlais de terreur, enfermé vivant dans un cercueil scellé. Je suis resté au moins deux jours enfermé, mes forces s’amenuisant dangereusement, avant que Darius ne vienne me sortir de mon tombeau. Je t’épargne les détails de ce qui s’en est suivit…

Je ne me rendis compte que des larmes maculaient mes joues que lorsqu’Alakhiel les essuya délicatement du bout du pouce. Sans un mot, il me prit dans ses bras, me berçant tendrement contre lui avant de s’emparer de mes lèvres avec une extrême douceur. Étonné de ce geste, je me laissais néanmoins transporté par la tendresse dont il faisait preuve à mon égard.

Cet article a été publié le Vendredi 15 mai 2009 à 15:13 et est classé dans Silent scream. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

10 commentaires opour le moment

Véra
 1 

Waouh!Il s’en passe des choses..!!
j’adore cette histoire, vraiment!!
merci beaucoup pour ça et puis, j’attends la suite avec impatience!! (comme d’hab’!!^^)
gros bisouxxx

15 mai 2009 à 17:03
elodiedalton
 2 

et ben y’en a du changement dans ce chapitre!!! Surtout au niveau du comportement d’alakhiel!

j’ai hâte de voir ce que sa va donner pour la suite!

bonne continuation bisous

15 mai 2009 à 18:57
Emeline
 3 

Ca devient de + en + interessant, Alakhiel qui ne veut plus tuer son créateur, j’me demande ce qui se passera alors …
Vivement la suite ! bsx

15 mai 2009 à 19:19
Missiz
 4 

J’ADOREEEEE IL NA PAS PU LE TUER ^^ je le savais….^^ mais la j’ai hâte de voir ce qui c’est passé avec Alakhiel, pourquoi il réagit comme ça… HÂTE À LA SUITEEEE

15 mai 2009 à 21:02
Sylvia
 5 

Ya des chapitres ou j’ai du mal a acrocher, mais celui ci j’était a fond dedant.
J’adore!!!
Bravo pour ce chapitre, Bisous les filles

16 mai 2009 à 17:06
 6 

super, merci, suis trop contente voir éblouit par cette suite des plus suprenante , vivement la suite ne nous faites pas languir trop longtemps, encore merci pour ce chapitre

16 mai 2009 à 20:27
 7 

merci pour ce chapitre , il est fantastique , j’ adore ces deux là , vivement la suite j’ espère que nous n’ aurons pas à attendre longtems , encore merci j ‘ ai adorèe

16 mai 2009 à 20:34
Ayase
 8 

j’adooooore troop *-* .Vivement la suite <3

19 mai 2009 à 17:23
 9 

*O* On savait tous que t’arriverais pas à le tuer , hein !! Sinon ça sert pas à grand chose ..

Merci les filles pour cette histoire elle est superbement bien écrite .. Mais bon vous connaissez l’étendu de votre talent maintenant je vais faire un paragraphe dessus .. En tout cas je suis entièrement dans l’histoire et j’espère que la suite arrivera vite :)

Chu~~~~~~

27 mai 2009 à 8:34
lutraah
 10 

oh noooon, ils deviennent trop sensibles! :’(
Où est le salaud d’Ezekiel? Je l’aimais bien comme ça moiii…
Super super super, je suis pas déçue d’avoir lu tout ça.

15 juin 2009 à 10:19

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