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oct

Mourir pour revivre - Chapitre 28

   Ecrit par : admin   in Mourir pour revivre

Chapitre 28 écrit par Lybertys

Daevlyn aurait aimé prolonger ce baiser indéfiniment. Le monde aurait pu prendre fin, il n’aurait rien regretté. Mais il mit tendrement fin au baiser, lorsque le besoin en oxygène se fit ressentir. Ils s’écartèrent l’un de l’autre avec une lenteur presque calculée. Daevlyn ne put exprimer sa joie que par un sourire radieux qui illuminait son visage, sourire que Raphaël lui rendit timidement. Jamais il ne s’était sentit aussi heureux, aussi serein, autant en paix avec lui même. Pour la première fois depuis des années, il se sentait de nouveau vivre. Il avait l’impression d’avoir enfin brisé les chaînes avec lesquelles son passé et son frère l’avaient emprisonné.

Daevlyn ne put s’empêcher d’embrasser une nouvelle fois furtivement le jeune homme qui appartenait à son présent et à son avenir, puis il démarra la voiture et ils prirent le chemin du retour ; chemin qu’il faisait pour la dernière fois. Comme à l’aller, le voyage ce fit en silence.

Daevlyn aurait bien était incapable de décrire par des mots ce qu’il ressentait, et préférait ne pas gâcher l’instant présent en tentant de le nommer et par là même de l’amoindrir. Ce silence était loin d’être pesant, c’était un silence complice ou tous deux n’avaient en aucun cas le besoin d’ouvrir la bouche pour s’exprimer.

Jamais il ne s’était sentit aussi proche de Raphaël. Plus aucun obstacle ne semblait pouvoir les atteindre.

Ils arrivèrent au ranch en début d’après-midi et il allèrent directement au réfectoire. Ils mangèrent tranquillement. Il ne restait plus personne dans le réfectoire, leur permettant ainsi de profiter pleinement de leur intimité encore un temps. Ils passèrent ensuite nourrir Amaranth, mais Daevlyn ne fit pas monter Raphaël à cheval, préférant attendre son complet rétablissement. Bien qu’il allait mieux, Raphaël abordait encore un visage fatigué et des cernes soulignaient son regard couleur pierre précieuse. Mais tant de bonheur dans une journée ne pouvait durer.

Alors qu’ils arrivaient tous deux le cœur léger au box du poulain, Sébastien interpella Daevlyn et le prit à part :

- J’ai une excellente nouvelle à t’annoncer Daevlyn ! s’exclama-t-il enthousiaste.

- Ah oui ? demanda Daevlyn sceptique.

- Oui, j’ai trouvé un acheteur pour Amaranth ! Il vient le chercher demain dans la matinée…

Toute la joie et la légèreté que Daevlyn avait pu jusqu’alors ressentir retomba immédiatement.

Alors que tout allait pour le mieux, pourquoi fallait-il qu’une nouvelle chose vienne entraver ce bonheur ? Alors que Daevlyn allait répondre tentant de raisonner Sébastien et de trouver un arrangement, Raphaël déclara subitement :

- Nooon !!!! je refuse de me séparer d’Amaranth !

Avant que les deux hommes n’aient le temps de réagir, Raphaël s’enfuit en courant à l’extérieur. Daevlyn l’appela plusieurs fois vainement, sachant par expérience que cela ne servirait à rien. Il se tourna alors vers Sébastien, lui lançant un regard assassin signifiant “on en reparlera plus tard”, et se précipita à son tour à l’extérieur après avoir attrapé un licol. Sans vraiment réfléchir, arrivé au parc des chevaux, il enfila à la hâte le licol à Waterfalls après une rapide caresse. Après l’avoir sortit du pré, il le monta à la façon des indiens et partit directement au galop à la poursuite de Raphaël dont la silhouette avait déjà disparut dans la forêt.

Pourquoi fallait-il qu’une chose comme celle là arrive maintenant ? Sébastien avait-il fait exprès ? N’auraient-ils pas pu finir pour une fois une journée en paix. Mort d’inquiétude, il dû tout de même ralentir sa monture une fois arrivé dans la forêt, le galop y étant une allure impraticable. Il tenta tout de même de prendre des raccourcis et d’accélérer l’allure dans les champs.

Rien que le fait de penser à la détresse de Raphaël, Daevlyn sentait son cœur se serrer. Comment aurait-il réagit si on lui avait retiré Waterfalls ? Plus le temps passait et plus Daevlyn s’inquiétait. Il avait beau tourner dans la forêt, pas une seule trace de l’adolescent.

Il rebroussa chemin arrivée à une distance plus que raisonnable et choisit de s’avancer plus avant dans la forêt. Son instinct lui disait de prendre cette direction et il n’hésita pas. L’inquiétude laisse place à l’angoisse. La nuit allait tomber dans quelques heures, et il n’imaginait même pas le laisser seul dans la forêt.

Arrivé dans une clairière, alors qu’il allait s’élancé au galop pour la parcourir, il vit une chose ne semblant pas lui appartenir. Il s’en approcha au petit trot, et sauta immédiatement de cheval en voyant le corps inerte de Raphaël étendu dans l’herbe.

Il se jeta sur lui, sentant son cœur s’emballer. C’est avec un immense soulagement qu’il constata la respiration régulière de Raphaël, signifiant qu’il était uniquement endormit. Ne pouvant pas le laisser ainsi, il le porta dans ses bras, une fois encore surprit par sa légèreté. Il le déposa à l’ombre d’un arbre, sa monture le suivit.

Une fois Waterfalls attaché à l’arbre, il s’assit aux côtés de Raphaël, qui déjà s’agitait dans son sommeil. Il s’adossa à l’arbre et veilla sur son sommeil à la fois soulagé de l’avoir retrouvé et inquiet de son état.

Mais alors que l’adolescent avait commencé à ce calmer, il se réveilla en sursaut, semblant retenir difficilement un cri d’horreur. Voulant l’aider à se calmer et surtout à revenir à la réalité, Daevlyn prit calmement la parole ce qui eut pour effet de faire sursauter une fois de plus violemment le jeune homme.

- Un cauchemar ?

Raphaël sursauta et émit un hoquet de surprise en se retournant vivement vers lui. Voyant l’adolescent hocher la tête, Daevlyn poursuivit d’une voix douce mais néanmoins autoritaire sentant maintenant qu’il était plus que temps de lui dire cela ne pouvant se contenir plus longtemps :

- Ne met refait jamais une peur pareille Raphaël ! Je te cherche depuis des heures ! J’étais fou d’inquiétude en te voyant t’enfuir de cette manière…

- Je… je te demande pardon Daevlyn, répondit l’adolescent. Un air coupable d’un enfant prit en faute se reflétait sur son visage tandis qu’il se tortillait les mains, mal à l’aise.

Immédiatement attendrit par cette image, toute angoisse, toute colère s’envola à l’instant même où Raphaël avait commencé à parler.

- Viens là, souffla Daevlyn voyant parfaitement que Raphaël n’osait pas lui demander de le prendre dans ses bras.

L’adolescent ne se le fit pas dire deux fois et il alla prendre place entre les bras de son moniteur, la tête reposant sur son torse. Daevlyn quant à lui, lui caressait tendrement les cheveux, le serrant dans ses bras, lui montrant ainsi qu’il n’était pas seul et qu’il ne le serait plus jamais. Ayant repris son calme et se sentant apaiser par la présence si particulière de Raphaël dans ses bras, il lui demanda doucement :

- Pourquoi t’es-tu enfuis ?

Raphaël inspira longuement afin de maîtriser les tremblements de sa voix puis répondit :

- Je ne veux pas que Sébastien vende Amaranth… Je ne veux pas être séparé de lui… et puis c’est à moi que tu as demandé de l’élever… je veux tenir la promesse que je t’ai faite… ne le laisse pas le vendre Daevlyn… S’il te plait… ne le laisse pas…

Voyant qu’il commençait de nouveau à paniquer, et à se laisser envahir par ses sentiments, Daevlyn tenta de le calmer, avant qu’il ne panique réellement.

- Chuuut… calme-toi Raphaël… j’irais parler avec Sébastien, je te le promets…

Sur ces mots, il embrassa Raphaël sur les cheveux et le berça longuement tout en  lui murmurant des paroles de réconfort. Oui, il irait lui parler et mettre les choses au clair. Jamais il ne vendrait Amaranth. Il avait bien trop besoin de Raphaël et celui ci était nécessaire à son épanouissement.

Plus jamais il ne voulait voir cette expression peinée sur son visage. Mais alors qu’il se laissait aller dans la sensation de l’avoir de nouveau tout contre lui, au creux de ses bras, il sentit quelque chose de chaud et de poisseux coller à sa chemise au niveau de son ventre, là où était posé le bras du jeune garçon. Inquiet, il baissa les yeux et s’aperçut avec horreur que c’était sa chemise était tachée de sang.

Evitant le plus possible des gestes trop brusques et précipités, il se redressa incitant Raphaël à en faire de même.  Ne perdant pas un seul instant, il déchira le bas de sa chemiser afin de lui faire un nouveau bandage de fortune pour patienter. Pouvant lire l’interrogation de Raphaël dans ses yeux rougis il déclara :

- Tes plaies ont dû se ré ouvrir… fait moi voir ton bras…

L’adolescent le lui tendit sans faire de commentaires et Daevlyn enleva le bandage souillé pour le remplacer par un neuf. Il n’avait rien pour désinfecter la plaie et espérait que cela pourrait attendre leur retour au centre. Daevlyn ne fit aucune réflexion à Raphaël, se contentant de le soigner comme il le pouvait, bien qu’à chaque fois qu’il voyait ses plaies, il avait un peu plus mal. Cette vision était à la limite du supportable ; pas parce qu’il ne supportait pas la vue du sang ni celle des plaies, c’était parce qu’elle était justement sur le bras de l’homme qu’il aimait.

Ressentant le besoin de protection et de tendresse qui émanait de l’adolescent, Daevlyn l’attira à lui et lui déposa un chaste baiser au coin des lèvres, laissant à Raphaël le choix d’aller plus loin ou non. Raphaël partit à la recherche des lèvres de son moniteur, et prit possession de sa bouche. Il voulait se rassurer en s’assurant que Daevlyn était bel et bien à ses côtés. Le baiser qu’ils échangèrent n’avait rien de passionnel, c’était un baiser empli de désespoir.

Après ce qui leur parut durer une éternité, Daevlyn murmura afin de ne pas briser le silence de la forêt :

- On ferait bien d’y aller avant qu’ils ne s’inquiètent…

Raphaël n’esquissa pas un geste pour se lever, ce qui fit sourire Daevlyn. L’adulte lui déposa un baiser sur le front, le serrant plus fortement contre lui. Il avait eut si peur de le perdre. Sentant qu’il était plus que temps de rentrer, et lorsque l’adolescent consentir enfin à se lever, Daevlyn alla chercher Waterfalls. Le jour commençait à tomber et ils ne devaient plus trop traîner, pensant déjà au savon que Sébastien allait leur passer. Il monta lestement sur le dos de sa monture et alla rejoindre Raphaël. Là, il lui tendit la main, l’invitant à prendre place derrière lui, ne voyant pas d’autre moyen pour rentrer. Les joues de Raphaël s’empourprèrent alors violemment, mais il prit tout de même place derrière Daevlyn, montant avec souplesse sur le dos robuste de l’animal. A peine eut-il lâché l’adolescent assit derrière lui, que celui-ci passa ses bras autour de sa taille afin de se maintenir en équilibre. Un frison parcourut Daevlyn à ce simple contact, sentant la chaleur du corps de Raphaël collé tout contre le sien, le réchauffant  plus qu’il ne l’aurait penser. Ne voulant pas se laisser envahir par les idées qui lui vinrent alors à l’esprit, il mit sa monture en route, et il prirent tranquillement la direction du ranch à travers bois. Daevlyn sentait Raphaël se resserrer plusieurs fois contre lui, tentant de trouver son assiette. A chaque pas de l’animal, son bassin se collait toujours plus près de celui de l’adulte, sans qu’il ne puisse l’empêcher.

La première fois, Daevlyn ne put s’empêcher de se tendre de tout son être à ce contact, ne s’attendant pas à ressentir ce qu’il ressentait. Mais il finit par se détendre en sentant la tête de Raphaël posée contre son dos. Ils marchèrent ainsi pendant un long moment collé l’un contre l’autre, tentant tous deux de se maîtriser. Daevlyn mourait d’envie de se retourner et d’embrasser l’adolescent, et devait faire appel à toute sa raison pour s’en empêcher.

Après un long moment, ils arrivèrent devant un immense pré. Habitué à y galoper, Daevlyn sentit que Waterfalls attendait patiemment l’ordre lui autorisant à s’élancer. Voulant faire partager cette jouissance qu’il ressentait à l’instant d’un galop comme celui-ci, il voulut l’offrir à Raphaël. Il voulait lui faire partager son ressenti. C’est pourquoi , il lui dit :

- Tu es prêt  Accroche-toi bien… déclara Daevlyn avec un sourire radieux étirant ses lèvres.

Daevlyn ne lui laissa pas le temps de répondre, et à peine eut il exercé une pression de jambe sur les flans de sa monture, qu’elle s’était lancée avec joie dans un galop endiablé, volant au dessus du sol. Le départ avait dû être un peu brusque, car Daevlyn sentit immédiatement Raphaël s’agripper de toutes ses forces à lui. Il tenta alors de le conseiller pour qu’il profite pleinement de cet instant :

- Détends-toi ! Laisse toi aller ! Sens les mouvements du cheval sous toi… suis le rythme…

Raphaël suivit les conseils de son moniteur et desserra sa prise sur sa chemise. Petit à petit, il trouva le rythme de l’animal et de son bassin, il le suivit afin de rester en parfaite harmonie avec les mouvements de sa monture. A chaque appuis, le corps de Raphaël allait rejoindre celui de Daevlyn.

Au fur et à mesure de leur cavalcade, Daevlyn sentait la température de son corps augmenter rapidement. Un galop comme celui-ci avait toujours était une source de bonheur, mais partager cela avec Raphaël, l’avoir tout contre lui, dépassait tout ce qu’il avait pu ressentir jusqu’à aujourd’hui. Il voulait lui offrir cette liberté que l’on pouvait atteindre pendant un court instant, que l’on frôlait de si près que l’on avait presque l’impression de l’atteindre à jamais.

Lorsque le galop prit fin, Daevlyn tourna légèrement la tête afin de voir quelle était l’expression qui ornait son visage. Raphaël abordait un sourire resplendissant qui réchauffa un fois de plus le cœur de l’adulte. Mais alors qu’il tournait la tête, il sentit Raphaël déposer un léger baiser sur sa nuque et lui murmurer un “merci” à l’oreille avant de resserrer son étreinte autour de sa taille. Ce contact fut presque électrique et un frisson lui parcourut l’échine. C’était plus qu’il n’aurait pu en espérer. Daevlyn ne fit et n’ajouta rien, ne voulant pas gâcher ce bonheur infime que lui offrait maintenant la vie.

Après s’être arrêté au bord de la rivière afin de faire boire Waterfalls, il repartirent au pas jusqu’au centre. Lorsqu’ils arrivèrent, la nuit était définitivement tombée.

Daevlyn préféra ne pas penser au sermon que leur réservait Sébastien, qui arriverait de toute façon tôt ou tard. Ils offrirent un pansage bien mérité à Waterfalls, avant de le ramener au pré. Alors que l’adolescent s’éloignait, Daevlyn lui fit une dernière caresse, le remerciant de lui avoir offert cet instant magique une fois de plus, qu’il avait pu cette fois-ci partager.

Après quoi, Raphaël suivit son moniteur jusque dans sa chambre ou il alla désinfecter son bras puis ils se rendirent au réfectoire. Ils mangèrent tous deux en silence, profitant du calme qui régnait dans la salle vide.

Alors qu’ils se dirigeaient vers leur chambre, ils furent interpellés par Sébastien qui semblait être de très mauvaise humeur.

- Tous les deux !! Dans mon bureau immédiatement !!!!

Docilement, les deux coupables le suivirent dans un silence de mort. Jamais Daevlyn n’avait vu Sébastien dans une telle colère. Il le trouvait vraiment étrange en ce moment. A peine furent-il entrés que Sébastien se mit à crier sur Raphaël :

- Mais qu’est-ce que tu as dans la tête non de dieu !!! Ca te prends souvent de t’enfuir comme tu viens de le faire  ? Tu n’es qu’un petit emmerdeur ! Je vais t’apprendre à bien te tenir !

A peine eut-il prononcé ces mots que Daevlyn avait du mal à digérer qu’il vit la main de Sébastien s’élever dans les airs. Sachant immédiatement où sa trajectoire aller la mener, il fut envahi par une rage et une haine glaciale. Que l’on puisse faire du mal à Raphaël, cela il ne l’admettait pas. Rien que le fait de lever la main sur lui était de trop. Le visage apeuré de Raphaël qui ferma les yeux attendant le coup ne fit que l’enrager un peu plus. Avant que la main se Sébastien atterrisse sur la joue de l’adolescent, il saisit le poignet de Sébastien en pleine trajectoire, le serrant si fort, qu’il savait qu’il lui faisait mal. Daevlyn se mettait rarement en colère, mais quand cela arrivait, il ne valait mieux pas le chercher. C’était presque une folie meurtrière qui l’envahissait peu à peu. Quiconque tenterait de faire du mal à Raphaël le regretterait.

D’une voix aussi glaciale que la calotte polaire, il déclara :

- Ne relève jamais la main sur Raphaël !

Il accentua volontairement sur le mot “jamais” afin de faire comprendre à Sébastien ce que cela impliquerait s’il tentait une nouvelle fois de le frapper. Ce qui l’énervait le plus, c’est qu’il n’avait jamais vu Sébastien dans cet état. Pourquoi une telle colère contre Raphaël ?

Furieux, Sébastien retira violemment son poignet de l’étreinte douloureuse qu’exerçait Daevlyn sur celui-ci et lui lança un regard assassin, lui faisant parfaitement comprendre qu’il n’acceptait pas ce genre de comportement et qu’il y remédierait d’un façon ou d’un autre. Daevlyn espéra de tout son cœur que cela ne retombe pas d’une façon où d’une autre sur Raphaël. Sébastien se retourna à ce moment-là vers Raphaël, et lui dit, cachant mal la haine qu’il éprouvait, et qui donnait une fois de plus envie à Daevlyn d’user de la violence :

- Écoutes moi bien sale morveux ! Je n’ai jamais eu autant de problèmes depuis que tu es arrivé ! J’ai été patient jusqu’à maintenant, mais là je suis à bout ! A partir de maintenant, le moindre faux pas que tu feras te vaudra un retour direct de la d’où tu viens ! Est-ce clair ?

Le silence qui régnait alors était presque dérangeant. C’était comme on dit : le calme avant la tempête. Plus le silence perdurait, plus le regard que Sébastien posait sur lui devenait désagréable. Daevlyn semblait réaliser peu à peut ce qu’il venait de faire et l’autorité qu’il venait de défier. Il préféra ne rien dire pour ne pas aggraver son cas. Lorsque la voix de Sébastien retenti dans la pièce, Daevlyn tressaillit intérieurement, mais se reprit aussitôt.

- Ca te prends souvent de défier mon autorité ? Je t’avais prévenu Daevlyn une seule erreur et tu es viré.

Daevlyn ne se laissa pas démonter, et rétorqua immédiatement :

- Ecoutes, tu as dis que je devais m’en occuper, tu n’as pas à te mêler de tout cela et Raphaël a tout sauf besoin de violence.

- Tu défies mon autorité, tu me menaces et tu m’apprends mon métier ! De quel droit te permets-tu de me dire comme il faut éduquer ces adolescents ? Je ne crois pas que tu sois le mieux placé, répliqua Sébastien en haussant le ton.

- Je m’occupe de lui depuis le début, je pense que je suis plus à même de savoir ce qui est bon pour lui.

- Je trouve que tu t’occupes d’ailleurs un peu trop de ce morveux. Tu est trop gentil avec lui.

Daevlyn choisit sa réponse avec précaution, sachant qu’ils abordaient là un terrain dangereux pour lui et Raphaël. C’est pourquoi, il préféra détourner un peu la conversation.

- La règle de l’établissement n’est-elle de laisser chaque moniteur juger de ce qui est bon pour leurs élèves ? J’ai toujours bien fait mon travail, qu’est ce que tu as à y redire ?

- Tu lui laisses passer bien trop de choses.

Daevlyn commençait à être agacé. Il voulut alors mettre les choses au clair. D’une voix plus calme et posé, il dit :

- Séb, je pense que tu n’as pas réalisé ce que tu as fait avec Amaranth. J’ai donné la responsabilité à Raphaël de s’en occuper. Il s’en occupe comme personne, jamais je n’ai vu un élève aussi appliqué.

Sébastien lui lança un sourire cynique et répondit immédiatement :

- Tu te vois en lui lorsque tu as eu Waterfalls.

- Non, c’est différent. Il a besoin de ce poulain, tout comme ce poulain a besoin de lui. Tu ne peux pas imaginer combien il compte pour lui. Il a fait d’énorme progrès.

Sébastien, qui reprenait peu à peu son calme, déclara alors d’une voix plus grave :

- Daevlyn, tu sais très bien que tout cela ne dépend pas de moi. L’établissement a besoin d’argent.

- Combien tu le vends  répondit immédiatement Daevlyn, sans réfléchir, sa décision étant déjà prise.

- Tu as déjà un cheval Daevlyn, tu n’auras pas le temps de t’en occuper.

- Mais ce n’est pas moi qui m’en occupe. Laisse lui élever Amaranth.

- Tu serais prêt à mettre tes économies dans un cheval qui n’est même pas pour toi ? demanda Sébastien sur un ton septique.

- Oui.

Sébastien n’ajouta rien. Son attitude était de plus en plus étrange. D’autant plus qu’il commençait à s’approcher à une distance plus que raisonnable de lui,  allant au delà de la limite amicale.

Semblant réfléchir, il lança soudain :

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Qu’a t-il de si particulier ? Je ne t’ai jamais vu t’investir autant dans ton travail. De là à offrir un cheval à un des ados…

- Il a besoin de moi Sébastien.

- Cela a toujours était ton point faible…

Daevlyn tressaillit. Que voulait-il dire par là ? Qu’insinuait-il ? Heureusement, il reprit après un temps et rajouta :

- Dès qu’un enfant ressemble de près ou de loin à ton frère tu te prends d’affection pour lui et tu serais prêt à tout pour lui, même aller jusqu’à me menacer et à défier mon autorité. Je l’ai très bien vu à ton regard quand il est arrivé le premier jour.

Pourquoi fallait-il que Sébastien appuie sur ce problème qui était déjà résolu. Cela n’était que du passé. Il hésita cependant avant de répondre :

- Je… ne dis pas de connerie. Mon frère est mort et enterré depuis des années. Et Raphaël n’a aucun rapport avec lui.

Ils s’engageaient tous deux sur un terrain plus que glissant. De plus en plus inquiet, Daevlyn ne voyait pas du tout où Sébastien voulait en venir.

Toute colère contre ce qu’il venait de se passer semblait avoir totalement disparue.

- Tu souffres encore Daevlyn. Tu n’as jamais cessé de souffrir. Presque chaque nuit, tu fais un nouveau cauchemar. Chaque jour tu vas un peu plus mal. Je suis là à te tendre la main et tu ne vois rien. Quand vas-tu te résoudre à tirer une croix sur ton passé et à ouvrir les yeux ?

- …

- Je suis là moi… Je suis là depuis le début…

Le sang de Daevlyn se glaça à l’entente de ses derniers mots, et la manière dont Sébastien se collait un peu plus à lui, ne faisait que confirmer ses craintes.

- Qu’est ce que…

A peine eut-il prononcé ces mots que Sébastien se colla tout contre lui, le plaquant contre le mur, ne lui laissant aucune échappatoire. Il avança son visage tout contre le sien voulant prendre possession de ses lèvres, mais Daevlyn ne lui en laissa pas le temps, et remis de l’effet de surprise, il le repoussa violemment.

Sébastien fut loin d’apprécier ce rejet et hurla :

- Putain mais quand vas-tu cesser de penser à Asiel !!!

Daevlyn perdit tous ses moyens à l’entente du nom de son frère défunt. Il avait beau se dire que tout était finit, il avait suffit qu’il entende son nom à voix haute pour sentir son cœur se serrer de peine. Toute ses bonnes résolutions, toutes ses convictions, tout cela semblaient se fissurer peu à peu. Il avait suffit qu’il entende son nom : Asiel. Il était maintenant totalement déstabilisé, et Sébastien profita de cet instant. Il dit tout en s’approchant de nouveau tout contre lui :

- Il est mort il ne reviendra plus !!! Je suis là moi et bien vivant et je t’aime. Laisse moi te …

Il s’approcha alors du visage de Daevlyn plongé de nouveau dans un état de stupeur et lui murmura à quelques centimètre de sa bouche :

- Te toucher…

Après avoir déposé ses lèvres sur les siennes, il glissa jusqu’à son oreille et ajouta :

- Laisses moi t’aimer…

Mais c’est à ce moment là qu’un bruit de porte qui claque brusquement retenti et les petits pas si caractéristique de Raphaël foulant lestement le couloir le suivit.

Profitant de cette interruption Daevlyn parvint à récupérer pleinement tous ses esprits. La seule idée qui l’envahie alors était qu’il devait rejoindre immédiatement Raphaël et dissiper ce malentendu. Mais un obstacle se trouvait sur son passage : Sébastien.

Il le repoussa alors une seconde fois,  tellement violemment que celui-ci s’écarta de plusieurs mètres. Avant de partir à la poursuite de Raphaël, il se tourna une dernière fois vers celui qui se disait être son ami, et lui lança d’une voix à la fois froide et haineuse :

- Jamais…

Il courut directement vers le box du poulain, sachant pertinemment que c’était le seul endroit ou Raphaël avait pu se réfugier. Arrivé dans l’écurie, il appela plusieurs fois Raphaël et seul ses pleurs lui répondirent. Enfin devant le box, il vit l’adolescent à genoux à côté du poulain, le corps secoué par ses larmes semblant sourd au monde extérieur. Il n’hésita pas et entra directement dans le box. Il tenta plusieurs fois de l’appeler, mais Raphaël ne répondait pas. Ne supportant pas de le voir dans cet était qui était proche de la crise de nerf, il s’abaissa et posa une main sur son épaule. La réaction de Raphaël fut immédiate et il poussa un cri d’horreur mêlé au désespoir. Il se redressa immédiatement et alla se réfugier à l’autre coin du box.

L’adulte recula à son tour, allant jusqu’à sortir du box tout en disant d’une voix qui se voulait une fois de plus rassurante :

- Calmes toi Raphaël, je vais m’écarter, regarde, je m’éloigne.

Une fois à l’extérieur, il se décida à parler, ne voulant surtout pas le voir dans cet état une minute de plus. Son regard à la fois peiné et haineux lui glaçait le sang. Il avait tellement peur qu’Asiel apparaisse de nouveau, il était effrayé rien qu’à l’idée de le perdre une fois de plus.

- Je… je ne sais pas ce que tu as vu, ni entendu, mais laisse moi t’expliquer… Sébastien s’est jeté sur moi, je ne connaissais pas ses intentions et je ne savais pas ce qu’il éprouvait pour voir jusqu’à maintenant. Je…

- Tu étais pourtant… Tu étais pourtant sur le point de l’embrasser.

Daevlyn fut soulagé de l’entendre parler, bien que le ton qu’il venait d’employé le fit frissonner.

- Non Raphaël, je n’étais pas sur le point de l’embrasser, c’est lui qui…

- Tu ne faisais rien pour le repousser Daevlyn, tu ne peux me mentir sur ce que j’ai vu.

- J’étais déstabilisé par ce qu’il venait de me dire, je… J’étais comme paralysé. Je…

Mais Raphaël ne lui laissa pas le temps de se justifier plus longtemps.

- Pourquoi tu lui as parlé d’Asiel ? Je te faisais confiance Daevlyn, je…

Les larmes inondèrent les yeux de Raphaël.

- Asiel ? Je ne lui ai pas parler de…

Soudain tout s’illumina, et Daevlyn comprit d’où le mal entendu avait commencé. Mais avant qu’il ait le temps d’ajouter quoi que ce soit, Raphaël lui dit :

- Ne fais pas l’innocent , j’ai entendu son nom !!! cria-t-il presque agressivement.

Calmement, Daevlyn lui répondit :

- Il ne s’agit pas du même Asiel, Raphaël. Celui dont Sébastien me parlait, était le nom de… Mon frère s’appelait Asiel lui aussi.

Il déglutit avant de poursuivre.

- Si je ne me suis pas écarté lorsqu’il s’est approché de moi, c’est parce qu’il a prononcé son nom et que cela m’a déstabilisé. Je… Je ne pensais pas qu’entendre une nouvelle fois son nom me ferait aussi mal. Je suis désolé Raphaël, je m’excuse de t’avoir fait du mal une fois de plus.

Intraitable, Raphaël répliqua sèchement, semblant encore extrêmement blessé.

- Je pensais que tu avais tiré un trait sur ton passé ? Je me trompe ?

Daevlyn tressaillit à cette question. Comment Raphaël faisait il pour lui poser toujours les bonnes questions ? Mais au lieu de le laisser sans réponse comme la dernière fois, il ne perdit pas pied et lui répondit d’une voix trahissant son trouble :

- J’ai tiré un trait sur mon passé, c’est indéniable, mais je ne peux l’oublier Raphaël. Et rien ne pourra changer le fait que je serais déstabilisé et peiné lorsque j’entendrais son nom. Mais surtout, rien n’entravera l’amour que j’éprouve pour toi, et encore moins mon passé. Un trait ne se tire pas aussi rapidement, il faut du temps, tu le sais aussi bien que moi.

Raphaël essuya alors les dernières larmes qui coulaient sur ses joues et s’approcha lentement de Daevlyn. Il sortit à son tour du box, et arrivé à sa hauteur, il lui murmura :

- Des mots… De simples mots… Prouves-le moi…

A l’entente de ses simples mots que Daevlyn interpréta comme une invitation, il s’approcha lentement de ses lèvres, appréhendant encore un rejet la part de l’adolescent. A peine eut-il posé ses lèvres sur les siennes, qu’après un contact presque électrique, Raphaël y répondit immédiatement. Timidement leur langues se rencontrèrent comme pour la première fois, prenant soin de se frôler avant d’entamer des caresses plus ardentes. Leurs mains ne mirent cette fois-ci pas longtemps à aller à l’aventure sur le corps de l’autre. Alors que Raphaël passait ses mains sur la taille de Daevlyn se glissant peut à peu sous son t-shirt. L’adulte  posa une main sur le bas de son dos et laissa l’autre se balader sur la nuque si fine de l’adolescent, l’attirant chaque fois un peu plus contre lui, voulant approfondir le baiser au maximum. Jamais ils n’avaient échangé un tel baiser, jamais ils n’avaient ressentit ce qu’ils ressentaient. Quelque chose de nouveau s’y était immiscé : le désir de consumer l’autre, la passion d’en vouloir plus, toujours plus. Bien que Daevlyn sentait que Raphaël était prêt, il ne voulait pas le brusquer et voulait lui offrir cet instant comme un moment inoubliable. Il voulait par cet acte l’aider à oublier son passé, à effacer la douleur, tout comme il allait le faire. Bientôt, sa main se glissa sous le t-shirt de Raphaël et s’aventura, passant une main sur la peau de son dos si douce et délicate.  Il avait l’impression de sentir tout le corps de Raphaël s’enflammer sous sa main. Chaque main de Raphaël parcourait avec plus une extrême sensualité sa peau s’attardant à certains endroit, le mettant dans un état second.

Daevlyn avait beau se coller tout contre lui, un obstacle encore empêchait leur peau de se toucher. Lentement, il enleva la main de sa nuque, et sans lâcher ses lèvres, toujours tout contre lui, il l’entraîna jusqu’à la réserve à foin, attrapant au passage discrètement une couverture.

Arrivé à celle-ci, il s’écarta de Raphaël tendrement, et fut surprit de la difficulté avec laquelle il dû le faire. Raphaël semblait avoir tout, sauf envie de le quitter ne serait-ce qu’un instant. Il étala rapidement la couverture sur le foin, et s’approcha de nouveau de Raphaël, tout en enlevant son t-shirt d’un manière plus que provocatrice. Le laissant tomber sur le sol prêt de lui, il s’approcha et reprit presque instantanément possession de ses lèvres. Les mains de Raphaël se posèrent sur la peau de Daevlyn qui recula jusqu’à l’attirer dans sa chute avec lui, tombant sur le foin. Posé au dessus de lui, l’adolescent sembla tenté de cacher sa légère gêne, mais le baiser de Daevlyn sembla la lui faire oublier. Toute honte s’étant envolée, il passa ses mains sous le t-shirt noir de l’adolescent et le remonta, découvrant sa peau à la lumière de la pleine lune. Délicatement, il le débarrassa de son t-shirt, se séparant un seul instant de ses lèvres. Leurs corps se collèrent de nouveau l’un contre l’autre, sans aucun intermédiaire cette fois-ci, pouvant se toucher et se consumer librement.  La chaleur de leur corps augmenta presque instantanément. A aucun instant Daevlyn ne remarqua ou ne déposa ses yeux sur une les cicatrices qui zébraient le corps de Raphaël. Il en faisait totalement abstraction, plongé maintenant dans la contemplation de ses yeux améthystes. Ne résistant plus, il retourna Raphaël, et prit la position du dominant. Au dessus de l’adolescent, il passa un main sur son torse, se dirigeant lentement jusqu’à son bas ventre. En faisant cela, il quitta les lèvres d’adolescent et glissa jusqu’à son cou, traçant un sillon à l’aide de sa langue à la recherche de points sensibles, qu’il dû apparemment trouver au petit gémissement retenu que Raphaël laissa échapper. Daevlyn ne pu s’empêcher de sourire et lui murmurer :

- Je t’aime Raphaël.

L’étreinte de l’adolescent se resserra sur lui, l’obligeant à se coller un peu plus près. Mais bientôt la main de Daevlyn s’avançait dangereusement vers son entre jambe et Raphaël sembla ne pas réussir à masquer sa crainte, crispant ses mains dans le dos de l’adulte. Sentant la détresse de l’adolescent, Daevlyn stoppa sa course sur son ventre et ses lèvres vinrent reprendre possession des siennes. Ce baiser qu’il voulait rassurant, sembla fonctionner, car bientôt Raphaël se détendit de nouveau. L’adulte poursuivit alors la trajectoire de sa main, effleurant de manière subtile l’entre jambe de Raphaël, s’arrêtant au niveau des genoux, il remonta cette fois-ci, faisant plus que l’effleurer à ce second passage. Plusieurs fois il réitéra l’opération, continuant de caresser sa langue d’une manière de plus en plus érotique et sensuelle. Tout le corps de Raphaël semblait s’arquer sous les caresse habiles de l’adulte, mais pourtant il préféra lui demander en s’écartant un instant de ses lèvres :

- Tu es sur Raphaël ?

L’adolescent ne prit même pas là peine de répondre et repris vivement possession de ses lèvres qu’il semblait ne pas vouloir quitter. A force de délicates caresses sur l’entrejambe du jeune garçon, Daevlyn le sentit se durcir. Sentant qu’il était plus que temps, mais toujours avec finesse et tendresse, il remonta sa main sur le bas de son ventre et s’arrêta sur le premier bouton du jean de Raphaël. Lentement, d’une main, il dégrafa le premier avant de subtilement s’attaquer aux suivants. Les mains de l’adolescent s’attardaient maintenant sur le bas des rein des Daevlyn, augmentant de plusieurs degrés la chaleur de son corps. Lorsque son pantalon fut entièrement déboutonné, son autre main quitta la nuque de Raphaël, afin d’aider l’autre à le débarrasser de ce vêtement devenu de trop. Raphaël dû se redresser, s’agrippant à son cou pour ne pas lâcher les lèvres de l’adulte. Daevlyn en profita pour ôter ce qui recouvrait leurs pieds, passant lentement une main sur ses chevilles si fines et douces, avant de reporter son complète attention sur Raphaël.

Daevlyn redoubla de douceur dans son baiser, voulant lui montrer qu’il ne risquait rien. A cet instant présent, Daevlyn et Raphaël avaient la parfaite impression que rien ni personne ne pouvait les atteindre. Ils étaient comme coupés du monde, arrachés de celui-ci pour un autre endroit, un autre lieu dont eux seuls avait la clef. Les mains de Daevlyn s’attardèrent sur le boxer de l’adolescent, qui eut tôt fait de suivre le même chemin que le jean. Étonnamment, cette fois-ci Raphaël ne semblait pas gêné de sa nudité. Etait-ce par qu’il s’offrait à l’unique personne en qui il avait totalement confiance ?

Une des mains de Daevlyn s’attarda à cet endroit, offrant dès lors à Raphaël des caresses beaucoup plus intimes. D’autres gémissement virent accompagner le premier et il se mit à onduler du bassin semblant s’abandonner à ce qu’il ressentait. N’y tenant plus, Daevlyn quitta les lèvres de l’adolescent et prit cette fois-ci une toute autre direction que celle de son cou. Sa bouche s’attarda plusieurs fois sur le torse de Raphaël, goûtant au passage sa peau si douce. Mais arrivé au niveau du bas de son ventre, il sentit la main de Raphaël se poser sur sa tête, le sentant se tendre :

- Daevlyn je…

- Chuuuut, chuchota Daevlyn.

Il parcourut les quelques centimètres qu’il le séparait de son point d’arrivée, laissant sa bouche remplacer subtilement sa main. A ce contact, le corps de Raphaël s’arqua tout entier de plaisir. Daevlyn était étonné de l’extrême sensibilité dont il faisait preuve. Il avait l’impression d’éveiller en lui des choses nouvelles qu’il n’avait jusqu’alors même pas soupçonner d’exister. Daevlyn sentit alors la main de Raphaël se crisper d’une toute autre manière sur sa tête, l’incitant à aller plus loin, plus profondément, ce qu’il fit sans se faire prier, offrant à Raphaël la chose qu’il n’avait jamais imaginer ne serait-ce que ressentir. A la caresse de la langue, il y ajouta celle de sa main, exerçant ainsi des va et viens plus intenses, arrachant de nouveau des gémissements à l’adolescent qui semblait de moins en mois parvenir à les étouffer. Lorsqu’il sentit la jouissance venir, il ôta sa main de la tête de Daevlyn, ne voulant pas lui imposer cela, mais à sa grande surprise, celui-ci accéléra le mouvement, voulant clore cet instant à la perfection. Daevlyn n’hésita pas et se délecta du fruit de leur plaisir avant d’aller rejoindre la bouche de celui qu’il pouvait maintenant appeler son amant. Leurs langues se retrouvèrent avidement, se mêlant de nouveau avec passion, mais aussi avec une certaine langueur. Daevlyn mit pourtant fin à ce baiser, s’écarta de Raphaël et le regarda alors droit dans les yeux. C’était un tout autre regard que l’adolescent posait sur lui, un regard qu’il n’avait encore jamais vu. Daevlyn lui sourit tendrement, ne prononçant aucun mot pour ne pas gâcher cet instant. Lentement il amena deux doigts à sa bouche qu’il humidifia de manière si érotique que les joues de Raphaël s’empourprèrent. Avec une lenteur calculée, Daevlyn s’approcha à quelques millimètres de ses lèvres, sentant la respiration de l’adolescent s’accélérer sous l’excitation et l’appréhension de ce qui allait maintenant se produire.  Daevlyn frôla ses lèvres plusieurs fois, fixant toujours ses prunelles améthystes. Un doigt hésitant, s’immisça dans la cavité étroite et chaude de l’adolescent, la préparant pour ce qui suivrait. Lisant la peur de Raphaël dans ses yeux, il reprit possession de ses lèvres pour le rassurer, lui montre qu’il était là, qu’il ne lui voulait aucun mal et surtout qu’il l’aimait. Bientôt, Raphaël se détendit sous les vas et viens  experts de Daevlyn, passant sur son dos jusqu’au bas de ses reins, allant même jusqu’à s’aventurer un peu plus loin, glissant ses mains sous le jean toujours présent de son moniteur. Sentant qu’il était temps, Daevlyn ajouta un deuxième doigt, alternant des mouvements de ciseaux et de vas et viens. A aucun moment leurs lèvres ne se séparèrent. Ils continuaient à se consumer l’un autre de leur baiser. C’était comme une pure  tentative de faire sien l’autre, un désir de s’offrir à l’autre. Se retirant de l’orifice de Raphaël maintenant plus que préparé, il  s’attaqua à la fermeture de son propre jean, faisant glisser avec lui son boxer, se retrouvant tout comme Raphaël en tenue d’Adam, offrant une toute autre vue à l’adolescent, qui s’hasarda sur son intimité, les joues rosies par le plaisir et par la légère gêne qui ne semblait jamais le quittait totalement. Daevlyn fixa alors Raphaël, l’interrogeant du regard. S’il lui avait demandé d’arrêter à l’instant, Daevlyn l’aurait fait. Jamais il ne forcerait Raphaël, il voulait qu’il se sente prêt. C’est avec beaucoup de sérieux que Raphaël acquiesça consentant par là même occasion à ce qui allait suivre. Daevlyn lui sourit, il ne voulait pas le montrer, mais il appréhendait sa réaction. Il avait subitement peur de lui faire mal, peur de ne pas être à la hauteur. Il tenta pourtant de chasser toutes ces idées devenant presque négatives dans cet instant où elles n’avaient pas leurs place. Daevlyn inonda le visage Raphaël de multiples baisers, plus tendres les uns que les autres, déviant dans son cou et revenant au coin de ses lèvres, tout en se préparant au moment ultime. Il releva les jambes de l’adolescent les posant souplement sur ses épaules. Avec toute la douceur qu’il était possible d’exercer, il pénétra Raphaël, tout en emprisonnant ses lèvres, entremêlant sa langue à la sienne, s’arrêtant quelques fois pour lui susurrer à l’oreille des mots rassurants. Une fois totalement en lui, il s’arrêta un instant, pour laisser à Raphaël le temps de l’habituer à cette présence, avant d’entamer des mouvements de bassin langoureux au départ. La douleur que pouvait ressentir Raphaël sembla se dissiper peu à peu, laissant place à une sensation toute autre qu’il semblait ne jamais avoir ressentit car il laissa échapper sans gêne aucune cette fois ci de petits cris de plaisir plus francs. Encouragé par ceux-ci, Daevlyn accéléra la cadence, se laissant aller à son tour à ce qu’il ressentait, ce mouvant dans cette cavité chaude et humide, faisant Raphaël sien, effaçant la souillure de son passé. Raphaël s’agrippa au dos de l’adulte pour suivre le rythme donné par celui-ci, laissant parfois glisser ses mains sur la musculature de son dos.

Daevlyn se donna, lui offrant tout ce qu’il pouvait et c’est un long moment après dans un baiser enfiévré que la jouissance presque simultanée eut lieu, se déversant dans un dernier gémissement de satisfaction et de bien-être commun.

Délicatement, presque à regret, Daevlyn se retira de Raphaël avant de s’étendre à côté de lui. Raphaël vint immédiatement se lover tout contre lui, ne semblant pas vouloir mettre fin à leur contact. Il posa sa main sur le torse de l’adulte, bougeant au rythme de sa respiration encore légèrement accélérée par l’excitation et l’effort. Daevlyn tourna la tête vers Raphaël, dégageant une des mèches des cheveux de son visage, avant de l’attirer un peu plus vers lui et de déposer un léger baiser sur son front. Il attrapa une des extrémités de la grande couverture sur eux, car la fraîcheur de la nuit commençait à se faire ressentir. Blottit l’un contre l’autre, leurs corps encore légèrement transpirant, ils fermèrent les yeux, comme pour se couper du monde et profiter de la sensation du corps chaud de l’autre à proximité. Aucune pensée négative du passé, aucune peur du futur, ne vint perturber le moment de perfection présent vécu. Tous deux enlacés l’un contre l’autre, la tête de Raphaël au creux de son cou, s’assoupir à la lueur du clair de lune.

Cet article a été publié le Mercredi 17 octobre 2012 à 18:51 et est classé dans Mourir pour revivre. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

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