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mai

Silent scream - Chapitre 4

   Ecrit par : admin   in Silent scream

Chapitre 4 écrit par Lybertys

Très brusquement, cette faim qui me torturait avec douceur fut totalement dissimulé derrière une souffrance que je n’avais jamais connu. Je n’arrivais pas vraiment à mettre un mot sur ce que j’étais en train de vivre, mais j’avais cette cruelle impression que l’on était en train de m’arracher quelque chose d’extrêmement précieux, aussi précieux qu’un simple battement de cœur qui offrait la vie et la faisait subsister. Ma vue était totalement voilée et je me trouvais dans le noir, un noir si absolu que je me croyais perdu à jamais. Mon corps, salit par ce liquide carmin était maintenant parcouru de spasmes et de contractures de plus en plus violent. Je n’avais aucune idée de ce qui était en train de m’arriver, mais je sentais la vie m’abandonner totalement. Pourtant, ma conscience était encore là. Je pouvais ressentir la souffrance physique, mais je semblais être uniquement spectateur, n’appartenant plus à ce corps en train de disparaître pour se transformer en quelque chose qui m’apparaissait comme monstrueux. Mes yeux se révulsèrent et je ne pus que laisser échapper de ma bouche entrouverte, un cri de douleur muet. La peur m’envahit d’un seul coup, un peur sourde que je n’avais jamais ressenti aussi vivement, une peur à laquelle chaque être humain est soumis : la peur de mourir. Car c’était bien cela qui était en train de m’arriver. Une à une, je perdis toute mes perceptions, me faisant sans m’en rendre compte et bien trop violemment, tomber dans l’inconscience. J’eus le temps de laisser aller un dernier souffle pour abandonner soudain, trop facilement tout effort de survie. La seule chose que je pouvais percevoir de manière faillible était une présence proche de moi, dont je n’arrivais pas à déterminer la nature. Elle semblait jouer à la fois le rôle du protecteur, mais avait aussi quelques chose de terrifiant et de terriblement dangereux. Le froid envahissait peu à peu mes membres, un froid si éthéré qu’il était semblable à celui de la mort, un froid qui paralysait peu à peu la totalité de mon être jusqu’à faire cesser de battre mon cœur. Ce fut une douleur soudaine à la fois tellement vive et tellement pure qui me fit soudain perdre l’esprit, et je sombrais brutalement dans l’inconscience.

Lorsque j’ouvris les yeux, j’avais cette impression cruelle que l’on m’avait changé de corps. Il était indéniable que celui que j’habitais à présent était différent, tout comme mes souvenirs au sujet de ce qui m’avait amené jusqu’ici. Je ne gardais de la nuit dernière qu’un pâle souvenir brouillé, d’où rien de clair ne se démarquait. Alors que je tentais de bouger, découvrant mon corps tel un nouveau né, ayant du mal à être maître de ceux-ci, la panique et la peur commençaient à se saisir de moi. Ne pas comprendre ce qui m’arrivait, réaliser que cela n’était pas un simple mauvais rêve avait quelque chose d’effrayant. Je le savais, j’étais différent, ma perception du monde était différente, et il s’était passé quelque chose, mais je ne savais pas quoi. Tout semblait si irréel que je ne parvenais à dire si je n’étais finalement pas dans un monde différent. Encore allongé sur ce qui semblait être un lit je me redressais et ce fut à ce moment là que j’entendis une voix légèrement moqueuse qui me glaça le sang à cause de la surprise :
-              Alors, c’est que maintenant que tu te réveilles ? Je t’attends depuis un moment déjà…
Je ne pus que sursauter, ne m’attendant pas à partager la pièce avec une autre personne. Ne pouvant que reposer ma colère liée à ma peur sur lui, trouvant un responsable parfait à mon état, je m’exclamais furieux, sans prendre le temps de répondre à sa question qui était le cadet de mes soucis :
-              Où suis-je ? Qui êtes-vous ? Que m’avez-vous fait ?
-              Commence déjà par te calmer, répondit-il d’un ton sec qui n’acceptait pas de réponse.

L’angoisse me serrait la poitrine, mais je tentais de me contrôler, comprenant qu’il ne fallait pas chercher cet homme. Je savais que ma place ici dans ce lit et mon état actuel était lié à cet homme, mais toujours ce même brouillard sur le passé que je ne parvenais pas à lever, l’esprit totalement brumeux. Le silence régnait dans la chambre, n’osant rien lui répondre. Satisfait, il me demanda, plus en guise de confirmation que dans l’attente d’une réponse :
-              T’es calmé ?
Ne supportant pas son petit air supérieur, qui ne faisait qu’attester de la toute puissance qu’il avait sur moi, je ne puis que lui adresser un regard meurtrier. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais je haïssais cet homme. Cela était certainement lié à ce qui s’était passé avant. Je lui en voulais pour plus d’une raison. Il semblait en savoir bien plus sur moi, que moi au moment actuel. Poursuivant dans sa lancée, sans répondre à mon agressivité, il déclara d’une voix calme et posée, synonyme de l’assurance qui l’habitait et qui me faisait cruellement défaut :
-              Bonsoir Alakhiel…
-              Comment m’avez-vous appelé ? Demandais-je, la crainte remplaçant instantanément la colère.

-              Alakhiel, répondis-il patiemment, contrastant avec mon état de part son sang froid.
Jamais je n’avais entendu ce nom, et il ne me semblait pas familier, même dans mes vagues souvenirs. Comment cet homme qui n’avait rien d’humain, connaissait-il mon nom ? N’était-il pas en train de se tromper de personne ? Cette situation n’était-elle pas en fait, un terrible mal entendu ?
N’ayant pas de réponses satisfaisantes à mon sujet, je décidais d’en choisir d’autres parmi la foules de questions qui se bousculaient dans mon esprit.
-              Qui… Qui êtes-vous ? Demandais-je, non sans appréhension. Qu’est ce que je fais là ?
Mon vis-à-vis ne cacha pas sa surprise et me demanda, sans prendre la peine de répondre à mes questions :
-              Tu ne te souviens de rien ?

Assis en face de lui, je restais silencieux, tentant de distinguer quelque chose de précis parmi les impressions et les ressentis qui me restaient de la veille. C’était comme si je venais de vivre une profonde coupure entre ma vie d’avant et ma vie de maintenant. Plongeant dans mes tentatives de souvenirs, je finis par répondre honteux et gêné de cet homme qui en savait bien plus :
-              Je… Non, c’est encore tout embrouillé…
-              Ne t’inquiète pas, tes souvenirs reviendront, mais pour le moment il est préférable que tu ne cherches pas à t’en souvenir. C’est encore trop tôt, tu n’es pas assez fort…
Totalement perdu et apeuré, je répliquais :
-              Qu’est ce qui est encore trop tôt ? De quoi parlez-vous ? Et puis, d’abord qui êtes-vous ? Vous n’avez pas répondu à ma question…
Je savais que j’étais en train de jouer avec le feu, mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais pas m’en empêcher, supportant de moins en moins sa primauté sur mon être. Mais c’est avec patiente qu’il me répondit :
-              Je m’appelle Ezekiel. Et je suis ton créateur.
A sa dernière phrase, je ne pus que m’exclamer :
-              Mon quoi ?

-              Tu ne te souviens vraiment pas ? Hier soir, ajouta-t-il face à mon hochement te tête négatif, j’ai bu ton sang et j’ai fais de toi une créature de la nuit… Tu es un vampire à présent…
A cet instant là, je sentis le sol s’affaisser sous mes pieds. Dans d’autres circonstance, je l’aurais pris pour un fou, mais j’avais peur de mettre fois en ses paroles qui me semblaient cruellement véridiques. C’est pourquoi, plus par angoisse que par moquerie, je me mis à rire de façon hystérique, ne souhaitant pas croire un traitre mot de ce que cet homme qui s’apparentait maintenant plus à un fou, était en train de me raconter. Vexé que je ne le prenne pas au sérieux, il s’exclama bien trop vivement :
-              Regarde-toi ! Regarde tes mains ! Et si cela ne suffit pas, regarde dans ce miroir…
Prenant son exclamation au sérieux, je posai mon regard sur mes mains, et mes yeux s’agrandirent d’effroi, confirmant ce que j’avais crains jusqu’à maintenant. Celles-ci s’étaient affinées et mes ongles étaient à présent aussi durs et longs que des griffes acérées. Ce n’était plus mon corps, je n’étais plus la même personne que dans mes souvenirs.
Furieux, je m’exclamais :
-              Qu’est ce que vous m’avez fait ?
-              Je te l’ai dit, j’ai fais de toi un vampire… Alakhiel… Prince de la nuit…
Je ne pus que pâlir à cette appellation et ce fut seulement lorsque l’instant de surprise et d’incompréhension fut passé que je fus envahis par une haine à son égard qui n’avait pas de nom. Sans prendre le temps de réfléchir, je me jetais sur lui, le saisissant à la gorge en m’exclamant, les yeux embrumés par les larmes de rage :
-              Noon ! Vous mentez !

-              Pour quelle raison le ferais-je ? Demanda-t-il à présent agacé de mon comportement.
Réalisant alors seulement maintenant que tout ceci allait bien au-delà d’une simple farce, je le lâchais comme si je venais de me brûler au contact de sa peau qui semblait tout aussi irréel que la mienne. Je me précipitais vers la porte et alors que j’esquissais un geste pour l’ouvrir, celle-ci me résista. Dans la panique la plus totale, au bord de l’hystérie, la peur guidant mes faits et gestes, je tambourinais des poings contre la porte en m’écriant :
-              Laissez-moi sortir !

-              Mais je ne te retiens pas, fit-il remarquer avec calme. Tu es libre de sortir. De plus ajouta-t-il avec ironie, et une pointe de sadisme, tu dois avoir faim… Ne le sens-tu pas ? Cet instinct de chasseur qui s’éveille en toi ? Ce désir insatiable qui s’embrase en toi au point de te faire vibrer… Ne frémis-tu pas à la simple idée d’une veine palpitante de vie roulant sous tes crocs, en sentant la vie de ta victime s’échapper de son corps inerte ?
Lentement, je me retournais et lui lançais un regard perçant, tentant de le comprendre. Je finis par murmurer d’une voix qui cachait mal la peur qui m’habitait :
-              Vous êtes complètement fou !
Il éclata de rire face à cette accusation et le regard que je lui lançais alors n’en fut que plus dur et accusateur. J’avais peur de lui, tout comme j’avais peur de donner foi en ses paroles. Les yeux brillants d’une lueur de satisfaction, signe de la folie qui l’habitait, il esquissa un sourire sadique que j’avais maintenant en horreur et déclara :
-              Mais qui est le plus fou des deux ? Celui qui le sait ou bien celui qui accuse l’autre ?
Je ne pus que rester muet, était à dix mille lieux de m’attendre à une telle réponse de sa part. Puis, reprenant le contrôle de moi-même, je m’exclamais plus pour moi-même que pour cet être auquel je ne pouvais donner le nom d’homme :

-              Je refuse de devenir votre jouet ! Je ne deviendrais pas comme vous ! Vous êtes le mal en personne et je refuse de finir comme vous, fou à lier et monstrueux !
-              Et bien il faudra t’y faire ! S’exclama-t-il en retrouvant son sérieux, comme lassé.
-              Jamais ! M’écriais-je avant de courir à travers la pièce et de sauter par la fenêtre qui vola en éclat.
C’était mon instinct qui m’avait guidé, et la seule issue que j’avais trouvé à ce piège qui se refermait trop douloureusement sur moi. Arrivé sur le sol avec une légèreté qui me déconcerta, je me redressais et courait le plus vite qu’il m’était donné de le faire. Il fallait que je m’éloigne de cette créature qui m’avait contaminée. Peu à peu, mes souvenirs devenaient plus clair, mais je ne voulais pas me souvenir. Au plus profond de moi, je savais qu’il n’avait fait que me dire la vérité, ce saut par la fenêtre n’avait fait que le confirmer, mais je ne voulais pas l’accepter. De plus je courais lestement sans même me fatiguer, sans même ressentir un simple essoufflement ou une faiblesse. La seule chose que je ressentais, c’était cette faim que m’avait décrite Ezekiel et qui commençait effectivement à me tirailler. Mais je ne pouvais pas l’admettre, car cela donnerait raison à ce vampire.

Il faisait nuit, et seule la lune éclairait ma course. Pourtant, j’avais l’impression d’être en plein jour et de découvrir le monde dans lequel j’avais grandi sous un regard nouveau. Ce qui était éloigné de moi me semblait si près et la façon dont je pouvais distinguer les détails en était presque effrayante. Mais c’était loin d’être le seul sens à être amplifié. Chaque odeur parvenait à mes narines, et je parvenais à les distinguer très nettement les unes des autres. Quand aux sons, le plus minime, même le souffle d’un petit rongeur à mille mètres d’ici pouvait me parvenir. J’entendais surtout son cœur battre, provoquant mon essence, souhaitant accorder le mien au sien. Je finis par m’arrêter de courir. Je m’étais volontairement éloigner de la ville, ne souhaitant croiser personne dans mon état. Seulement, j’étais loin de vouloir m’extasier sur mes capacités. J’avais en horreur ce que j’étais en train de devenir. Je marchais d’un pas rapide, étant maintenant très près de la forêt. Je finis par m’arrêter, jugeant inutile d’aller plus loin. Inconsciemment, je m’assis sur un petit muret à la lisière de la forêt et scrutait une maison qui m’était familière. Le souvenir revint presque immédiatement : Elisabeth. La suite suivit tout naturellement, jusqu’au moment où Ezekiel m’avait attiré dans cette chambre et m’avait mordu après avoir profité de mon corps de la plus douce des manières qui soit. J’eus un bref sentiment de répulsion vis-à-vis de nous, et de ce qu’il m’avait forcé à faire. Ce que je ne comprenais pas, c’était pourquoi il m’avait fait à son image. Pourquoi avait-il choisi de faire de moi un vampire au lieu de me tuer ? Pourquoi ne m’avait-il pas laissé le choix ?
Ma condition m’empêchait maintenant de retourner à mon ancienne vie, annihilant toute possibilité de ne serait-ce que parler une dernière fois à Elisabeth. Que dirait-elle en me voyant ? Elle prendrait peur, cette même peur qui me saisissait actuellement. Je ne pouvais qu’être là, à regarder cette maison. Etait-elle en ce moment en train de dormir paisiblement dans son lit ? Je sentais sa présence, mais ne cherchais pas à en percevoir plus sur elle. Me contenter de la savoir ici, loin de ce monde dans lequel je venais d’être entraîné. J’avais mal, mal de ne plus avoir le droit de l’aimer, souffrant de ne jamais lui avoir dit : « Je vous aime ».

Je restais là, sans bouger, laissant le temps défiler, me contentant de fixer la maison, tentant de ne plus penser à rien d’autre qu’à cette femme que j’aimais encore passionnément. Ce ne fus qu’au petit matin, que j’entendis dans un murmure provenant de Ezekiel qui s’était rapprocher de moi sans que je ne m’en aperçoive :
-              Il nous faut partir. Le soleil va bientôt se lever et tu n’as toujours pas mangé. Il faut te nourrir…

-              Je ne bougerais pas d’ici, répondis-je calmement.
Je désirais rester là, à songer encore un peu au futur idéalisé que nous aurions pu vivre. Après tout, il ne me restait que cela. Seulement agacé par mon attitude, il soupira de lassitude et sur un ton qui dissimulait mal ses ressentis il déclara :
-              Ecoute, je fais cela pour toi, mais si tu préfères te laisser mourir ici c’est ton problème.
-              Et qui vous dis que ce n’est pas ce que je souhaite ? Rétorquais-je.
De toute façon, je n’avais plus rien qui me retenait ici, pas même une main tendue qui allait m’aider à me hisser de cet enfer. Il n’y avait en fait qu’Elisabeth qui me retenait et l’espoir fou d’un amour possible qui persistait…
Aux derniers mots que je venais de prononcé, Ezekiel laissa échapper un rire sonore et moqueur qui eut pour effet de m’énerver d’avantage. Je lui adressais un regard meurtrier qui ne l’intimida pas le moins du monde, et il me demanda entre deux éclats de rire :
-              Tu crois vraiment que tu serais prêt à l’abandonner ?

Comprenant immédiatement le sous-entendu, mes yeux s’agrandir d’horreur et d’une voix emplie de terreur, je m’exclamais :

-              Co… Comment savez-vous ?

-              Je sais beaucoup plus de chose que tu ne le penses, répondit-il avec sérieux en s’approchant dangereusement de lui.
Tétanisé, j’esquissais un pas en arrière, et perdant toute mon assurance, je murmurais, maintenant saisit d’une peur plus profonde que celle de perdre ma propre vie :
-              Je… Vous ne lui ferez aucun mal…

-              Je ferais ce qui est nécessaire pour que tu l’oublies ! S’exclama-t-il menaçant, comme s’il ne supportait pas de me voir ainsi pour cet amour qui me rattachait encore à la vie.

Face à cette menace implicite, mes yeux s’écarquillèrent d’horreur et d’une toute petite voix, je m’exclamais, comme désespéré :

-              Je vous en prie, ne la touchez pas… Je ferais ce que vous voudrez, mais épargnez sa vie…
Sa vie était ce qui me tenait encore à la mienne. Je ne pouvais que le supplier, me pliant totalement à sa volonté, priant pour qu’il accepte de ne pas lui faire du mal. Agenouillé, je tremblais, j’étais prêt à tous pour lui sauver la vie. Je l’aimais et cet amour me préparait à surmonter n’importe quoi. Si ce vampire désirait que je me plie à ses envies, les plus malsaines soit-elles, alors que je le ferais. Ma vie de mortel idéalisé avait pris fin à l’instant même où j’avais croisé le regard d’Ezekiel et le don qu’il m’avait fait me condamnait pour l’éternité. Il ne cessait de me regarder, comme écœuré et dégoûté de mon état. Soudain, il déclara avec hargne :

-              Soit !
Il m’empoigna alors par le col, et me souleva avec une facilité déconcertante au niveau de son visage. Lorsque je fus à seulement quelques centimètres de lui, tremblant de peur, il murmura d’une voix qui me fit frissonner :

-              Je ne veux plus jamais que tu reviennes à cet endroit. Oublie-la ! Où je serais forcé de la tuer…

Sur ces menaces, il me lâcha sans ménagement, et sans un regard en arrière, il prit le chemin de son manoir. Passant ma main sur mon cou, le massant légèrement, je regardais une dernière fois la maison, comprenant que jamais plus je ne reviendrais ici. Résigné, sauvant la vie d’une femme qui ne se souviendrait plus de moi que comme un vague souvenir, je suivis Ezekiel. Plus nous marchions et plus je sentais un manque abyssale s’emparer de moi. C’était comme une faim si importante que rien ne semblait pouvoir faire taire. Pourtant, je n’en fis surtout pas part à Ezekiel.

Lorsque nous arrivâmes à son repère, les premiers rayons de soleil pointaient déjà à l’horizon, inondant le ciel de couleurs vives et chatoyantes. Nous allâmes directement dans sa chambre. Découvrant les lieux pour la première fois, je pus apercevoir un cercueil trônant au centre de la pièce. Ezekiel se tourna vers moi et rompit le silence qui s’était installé entre nous depuis que nous avions quitté la maison d’Elisabeth :

-              Tu dormiras avec moi cette nuit, et demain nous irons te trouver ton propre cercueil.
Ce fut non sans hésitation que je pris place dans le cercueil, étant loin d’être à l’aise à l’idée d’y dormir. Lorsque je fus installé, le vampire vint prendre place à mes côtés avant de nous plonger dans noir. Une angoisse m’envahie aussitôt, me rappelant ma crainte des endroits exigus durant ma vie de mortel. Tout contre lui, je ne parvenais à faire taire cette agitation, mêlée à une faim de plus en plus insupportable. Ne tentant pas en place, je gesticulais dans tous les sens, à la recherche d’une position qui permettait de faire taire en moi cette chose qui hurlait famine. Etant collé contre Ezekiel, celui-ci ne tarda pas à se tourner vers moi et à s’exclamer avec agressivité :
-              Quand tu auras finis ton cirque peut être que je pourrais dormir ! C’est de ta faute si ta faim, alors maintenant tu prends ton mal en patience et tu dors ! La prochaine fois que tu bouges je te fous dehors !
Prenant sa menace très au sérieux, je ne répondis rien, tentant au mieux de faire taire cette faim qui me dévorait de l’intérieur. Seulement, je ne tins qu’un temps, la faim étant trop grande, je ne pus me contenir, à la plus grande exaspération d’Ezekiel. Jamais je n’avais ressentis un tel besoin de me nourrir. A bout de patience, Ezekiel se tourna de nouveau vers moi et de son bras, il me plaqua contre la paroi du cercueil. Très vite, n’ayant pas le temps d’avoir réellement peur, il me présenta son poignet dont il venait de couper la veine. Après un court instant d’hésitation, ce ne fut pas ma raison qui me poussa à l’attraper et je m’abreuvais de son sang qui coulait à flot. Je n’aurais su décrire le bien que cela me prodigua. Son sang coulait à flot dans ma gorge et pour rien au monde je n’aurais voulu que cela cesse. Une sensation de chaleur engourdissait peu à peu mes membres, m’enivrant comme jamais. Je perdais peu à peu tous ressentiments, ne vivant plus que pour ce sang qui caressait mes lèvres avec volupté. Chaque goûte de ce liquide carmin m’était la plus précieuse du monde, et je me faisais violence pour ne pas penser à sa provenance. Puis, jugeant que j’avais suffisamment bu, il retira son poignet, accompagné d’un sentiment de frustration pour ma part. Celui-ci fut vite tu par sa voix froide et sèche qui m’intima :
-              Maintenant dors !
Provisoirement serein, je me laissais aller à fermer les yeux, suivant de peu Ezekiel dans son sommeil. Des peurs sourdes et profondes m’envahir pendant mon sommeil et je ne trouvais qu’un corps proche du mien comme réconfort à cette solitude qui commençait à me ronger. J’avais beau détester cet homme pour ce qu’il m’avait fait et ce qu’il allait me faire, il était maintenant le seul à faire parti de mon monde.
Je ne me réveillais que lorsque je sentis Ezekiel quitter le cercueil. Prenant sur le temps de me préparer à une nouvelle nuit en sa compagnie. Lorsque je consentis enfin à me lever, je le vis assis sur la rambarde du balcon, qui donnait le jardin. Il semblait contempler le ciel, observant la lune et les étoiles. Ses cheveux tombaient délicatement sur ses épaules. Je ne pouvais nier qu’il était vraiment un être de toute beauté, une beauté mortelle. Assis ainsi, il ne sembla pas percevoir ma présence. Quelque chose semblait émanait de lui. A le voir seul ainsi, à regarder vers un espace infini semblable à sa vie d’immortel, il reflétait une certaine mélancolie. Je ne savais pas si cela venait de moi, projetant mon état sur le sien, où s’il souffrait réellement. Arrivé à sa hauteur, d’une voix douce à laquelle je ne m’attendais pas, je lui demandai, me surprenant moi-même :
-              Vous allez bien ?
Il se tourna vers moi, mais ne répondit rien, se contentant de me fixer de son regard perçant qui me rappelait sans cesse sa supériorité sur moi. Je ne pouvais nier le fait que j’étais contraint par lui, et non libre comme il l’aspirait pour sa propre vie. Le vampire que j’avais devant moi semblait être bien plus complexe que je ne le pensais. Je n’eus pas le temps d’aller plus avant dans mes réflexions. Il se détourna soudainement de moi et avant que je n’ai eut le temps de dire quoi que ce soir, il déclarait, d’un ton un peu trop sec et cassant :

-              Il est temps de t’apprendre à chasser…

Sur ces mots, nous nous mîmes en route et il me conduisit dans la taverne la plus réputée de la ville pour la classe sociale de personne qui s’y rendait. Si j’avais pu entrapercevoir Ezekiel assez torturé à notre réveil, ce n’était plus le cas maintenant. Il était redevenu le vampire froid parti en chasse. J’avais peur de comprendre ce qu’il attendait de moi, et l’angoisse commençait à me nouer les entrailles. Rien que le terme « chasser » me dérangeait. Je savais que nous devions nous nourrir de sang humain, mais l’idée de devoir tuer m’était impossible. Sans chercher à dissimuler notre présence, nous traversâmes la salle bondée pour aller nous asseoir à une table située dans le fond de la pièce, là où la lumière tamisée semblait nous assurée un minimum de discrétion. Une fois que nous fûmes confortablement installés sur la banquette de velours noir, je vis Ezekiel scruté la foule tel un prédateur choisissant avec méticulosité sa proie future. Si j’avais déjà côtoyé la foule du temps de mon vivant, c’était maintenant une expérience complètement nouvelle. Chaque personne avait une odeur différente, chaque sang coulant dans leur veine semblait avoir un goût différent. Un nouvel instinct était en train de naître et de croître en moi, et je n’avais de cesse que de le réprimer. A plusieurs reprises, des femmes de bonnes compagnies cherchèrent à se joindre à nous, mais il les rejetait sans ménagement, à monplus grand étonnement. Ezekiel prit alors du temps pour m’expliquer :
-              Des chasseurs de notre rang se doivent de chasser des proies de qualité. Et quel plaisir y a-t-il à chasser des proies qui se jettent sous nos crocs… Non, le mieux, c’est d’attendre qu’une belle jeune fille pure et innocente s’égare en ce lieu…
Je ne pus que lui adresser un regard outré et empli d’effroi alors qu’il éclatait de rire. Plus le temps passait et plus je le pensais complètement fou. Malheureusement, après peu de temps, je vis Ezekiel figer son regard sur une jeune fille, dans la fleur de l’âge. Emmitouflée dans une longue cape de tissus de qualité, je pouvais sentir émaner d’elle, tout comme Ezekiel, une amère odeur de tristesse. Horrifié qu’il la choisisse, je ne fis cependant aucun commentaire, me contentant d’observer la proie et le prédateur, me refusant à y être impliqué. Lorsqu’elle quitta la taverne, la mort dans l’âme, Ezekiel se leva et partit à sa suite. Je le suivis de près, ne pouvant faire autre chose. Nous la suivîmes durant un bien trop long moment à travers les ruelles sombres et mal éclairées, lieu parfait pour le crime qu’il allait commettre. Alors que sa proie tournait au détour d’une ruelle, il se tourna vers moi et déclara, une lueur de malice malsaine au fond des yeux :
-              Observe !

Sans plus de cérémonies, il m’abandonna derrière lui et reprit son jeu. La fille s’était rendue compte de notre présence et je parvenais à entendre malgré moi son battement cardiaque accélérer considérablement alors que la peur grandissait en elle. Jouissant de son pouvoir, il continua un instant à l’observer avant de finalement se montrer à elle. Je ne comprenais pas comment l’on pouvait être aussi vicieux et mauvais, à dix mille lieu d’y voir une quelconque forme de plaisir à exécuter cela. A sa vue et semblant comprendre que sa vie était à présent entre les mains de ce monstre, elle laissa échapper un sanglot de terreur et s’agenouilla lamentablement à ses pieds, le suppliant :

-              Je vous en prie, sanglota-t-elle. Ne me tuez pas…
Alors que je pensais un instant possible qu’Ezekiel accède à sa requête, il lui demanda avec un calme qui contrastait avec l’intensité qui régnait autour de nous :
-              Et pourquoi t’épargnerais-je ? Tu empestes la tristesse et le mal-être à des kilomètres, je peux te soulager… Ne t’inquiète pas, ajouta-t-il en la relevant. Tu ne sentiras rien…

Et avant qu’elle n’ait le temps de réagir, il planta ses crocs dans la veine chaude et palpitante de son cou. Même si la faim me tiraillait les entrailles, le dégoût et l’horreur furent plus fort. Si c’était cela être vampire, alors jamais je ne suivrais ma nature.

Avant qu’elle ne trépasse, Ezekiel m’appela et m’invita à le rejoindre avant de me jeter le corps inerte mais toujours vivant de la jeune fille dans mes bras, m’intimant l’ordre de l’achever. Engourdis par l’odeur du sang qui vint instantanément caresser mes sens, je commençais à abaisser ma tête vers le cou ensanglanté de la jeune fille. Sentant son cœur extrêmement ralentis, je repris conscience de ce qu’il était en train de me demander de faire. Rejetant le corps inerte de la jeune fille comme s’il me brûlait le corps, je m’exclamai :

-             Je ne peux pas… Vous me demandez de la tuer…

-              Je te demande d’assumer ce que tu es ! S’exclama-t-il furieux face à ma réaction. Abandonne ton humanité Alakhiel, elle ne t’est plus d’aucune utilité.

Je ne pus que lui adresser un regard apeuré, totalement terrifié, avant de finalement m’enfuir en courant, seule et unique solution qui s’imposait à moi. Je courus aussi vite que mes capacités me le permettait. Cependant, sachant pertinemment qu’il finirait par me rattraper, je finis par m’arrêter sur le banc d’un parc, tremblant légèrement d’émotions toutes plus puissantes et violentes les unes que les autres. Ezekiel arriva après très peu de temps, sa colère étant si forte qu’elle me vrillait les tempes. Arrivé à ma hauteur, il m’attrapa par le col, sans me laisser le temps de réagir, et me souleva de terre, comme si je ne pesais rien. Une chose était sûre, même si je devais maintenant subir sa colère, jamais je ne regretterais de ne pas avoir mis fin aux jours de cette jeune fille.

-              Cesse immédiatement ces simagrées ! Tu es un vampire Alakhiel, comporte-toi comme tel ! S’exclama-t-il hors de lui. C’est cette fille qui te rend si faible… Peut-être devrais-je la tuer, pour qu’enfin tu te la sortes de la tête ! Elle te rend faible et misérable, tu ne vaux strictement rien Alakhiel, tu es pathétique.
Si je pouvais supporter sa violence aussi bien verbale que physique, le simple fait qu’il menace de toucher à Elisabeth me mit hors de moi. Un éclair de rage traversa mes prunelles, et d’un geste vif, sans la moindre réflexion, je laissais ma main atterrir sur sa joue. De surprise, il me lâcha et je me reculais précipitamment de quelques pas, réalisant la portée de mon geste, tandis qu’il portait sa main à sa joue. Une fine coupure zébrait sa joue et une goutte de sang s’en échappait. Un sourire démonique étira ses lèvres faisant vibrer mon être de crainte, tandis que la coupure cicatrisait instantanément. Léchant la goutte de sang qui perlait sur son doigt, il s’approcha de moi, et d’un geste vif que je n’eus pas le temps d’intercepté, il me saisit par le cou et me souleva à bout de bras. Suffoquant, je pus l’entendre me dire :
-              Ne recommence jamais ça !

Et sans la moindre considération pour ma personne, il me jeta plus loin avant d’ajouter :

-              Si tu ne veux pas te nourrir soit, mais ne compte pas sur moi pour t’aider comme je l’ai fait la dernière fois. Nous verrons bien combien de temps tu tiendras le ventre vide, mais à mon avis, tu changeras vite d’avis lorsque tu commenceras à ressentir la faim. Maintenant vient, il nous reste une course à faire.

Paris, 16 avril 1752

Ce soir là, comme tous les soirs précédents, je suivais Ezekiel lors de ses chasses nocturnes, celui-ci gardant le vain espoir que je daigne enfin chasser ma première proie. Cela faisait maintenant trois jours que je n’avais toujours pas bu de sang, et la faim me rongeait constamment l’esprit. Je passais la journée à me tordre dans tous les sens dans mon cercueil, tentant de faire taire cette douleur qui possédait mon corps si violemment qu’elle me faisait perdre la raison. La seule chose qui m’aider à tenir, était de penser qu’il n’y avait rien de pire que de tuer. En me refusant à vider le sang d’un homme, je n’étais pas encore pleinement vampire. Dans mon cas, il était de toute façon plus facile d’avoir faim que de m’en vouloir à jamais par la suite. Malgré son indifférence, je pouvais sentir malgré moi Ezekiel s’inquiéter pour moi. Bien évidement, je me gardais bien de lui faire savoir, semblant croire que je ne parvenais à aucun moment à lire en lui. Certes, je ne saisissais que furtivement et sans que je m’y attende, de vagues impressions.

La faim revint me brouiller les pensées. Celle-ci était de plus en plus prenante, ses assauts violents ne me laissaient que peu de répit, et j’avais du mal à avoir plusieurs réflexions cohérentes à long terme. Ce soir là, il semblait simplement attendre, que je me décide enfin. Il m’avait enseigné comment vider une proie avec rapidité et efficacité, espérant que j’adopte cette méthode qu’il jugeait comme étant barbare à défaut de savourer le sang de ma victime. Mais cela prouvait qu’il ne pouvait pas m’obliger à manger. Je ne voulais pas céder, pour rien au monde et pourtant, je sentais au plus profond de moi que je ne pourrais échapper à cette tentation sans cesse grandissante qu’en trouvant un moyen de me donner la mort. Et cela m’était impossible, du moins tant qu’Elisabeth serait toujours en vie.

Cependant, alors que nous longions la Seine, mes narines furent chatouillées par cette odeur de sang que je ne pouvais que trouver délicate malgré moi. Humant son odeur à défaut de m’en repaître, je me mis inconsciemment à suivre Ezekiel qui marchait en direction de cette odeur. Plus nous approchions, plus il m’aurait été impossible de faire marche arrière. Nous arrivâmes bientôt sous un pont sous lequel un homme dans la force de l’âme, gisait, assis contre le mur, le corps ensanglanté. Mon corps tremblait presque sous la résistance que je m’imposais. Ezekiel était en train de s’approcher furtivement de lui, de façon à ne pas éveiller ses soupçons. Je ne fis bientôt plus du tout attention à lui, étant hypnotisé par la vision de sang et son odeur au combien délicieuse. Sans vraiment le réaliser, j’avais déjà fait un pas vers lui, marchant dans ce seul sens unique qui m’était imposé. Je finis par marcher vers cet homme à demi conscient, et une fois à sa hauteur, je m’agenouillais près de lui, me mentant en me disant que c’était pour lui porter secours. Du bout des doigts, j’essuyais le sang qui maculait la peau de son cou et les portais à ma bouche. Galvanisé par le goût suave du liquide carmin aux reflets de rubis, je perdis pied. A la seule pensée qu’il allait de toute façon mourir, je me jetais sur lui. C’était comme si me donnant cette excuse, je me lavais du péché que j’allais commettre. Mes crocs entrèrent avec une facilité déconcertante dans la peau de son cou, réalisant ce geste par pur instinct. Sentir la veine palpitante entre mes lèvres dans le cou de ma victime était électrisant. Dans un état second, je me fis enfin taire cette faim qui me refusait un sommeil réparateur depuis plusieurs jours, m’offrant une nouvelle jeunesse. Avec avidité, je me remplissais de ce liquide vital, souhaitant que cet instant magique ne prenne jamais fin. Malheureusement, ce fut Ezekiel qui me ramena à la réalité, me déclara d’une voix douce :
-              Cela suffit Alakhiel… Il faut t’arrêter maintenant, ne bois jamais de sang mort. Il faut t’arrêter juste avant que le cœur ne cesse de battre…
Trop brusquement ramené à la réalité, je relâchais le cadavre que j’avais attiré à moi pour mieux le vider de son sang. J’avais fais cela avec tellement de facilité, qu’un vide abyssale se tenait sous mes pieds. Ne pouvant supporter cette vue, symbolisant mon humanité à jamais perdu, je finis par me relever, fuyant comme rarement il m’était arrivé de le faire, fuyant ce que j’étais vraiment. Je pus entendre Ezekiel éclater de rire et me crier :
-              On ne renie pas sa vraie nature Alakiel… Tu es fait pour tuer…
Je pouvais encore sentir ce sang si doux coulant généreusement dans ma gorge. Cela m’avait fait tellement de bien… Et pourtant je venais de commettre ce contre quoi je m’étais battu pendant plusieurs jours. J’étais devenu un monstre et plus jamais je ne pourrais redevenir celui que j’étais. Il fallait que je me fasse une raison, Elisabeth m’était à jamais interdite. En même temps que le sang de cet homme coulait dans mes veines, je me sentais investie de cette solitude si cruelle qui je le savais, m’accompagnerait à jamais.
Ezekiel ne tarda pas à me rejoindre, s’asseyant sur le même banc que le mien. Je m’y étais installé sans trop m’en rendre compte, trop perdu dans ma détresse. C’est alors que je sentis sa main se poser sur ma cuisse, en un geste qui m’apaisa plus que je ne l’aurais cru. N’ayant que lui, et craquant à cause de cet élément déclencheur, je me mis à pleurer, ne cherchant pas à dissimuler mes sanglots, et posai ma tête sur son épaule, ayant plus que tout besoin de réconfort, le trouvant dans celui qui était la cause de tout. C’était le seul avec qui j’avais pu avoir un contact, le seul avec qui je pouvais parler, l’unique être qui faisait partit de mon monde. Et bien que je nourrissais pour lui une rancœur sourde, il était la seule épaule sur laquelle je pouvais m’épancher. Ezekiel resta parfaitement immobile, comme s’il ne savait que faire. Comprenant sa réaction et trouvant que j’étais peut être aller un peu trop loin, je finis par retirer ma tête en m’excusant, honteux mais toujours meurtri. Il me regarda étrangement, alors que les larmes roulaient silencieusement sur mes joues bien moins pâles depuis mon repas. Du bout du pouce, il essuya les larmes qui perlaient aux coins de mes yeux et délicatement, ses lèvres prirent possession des miennes pour un baiser des plus tendres dont seule la lune fut témoin. Je ne savais pas vraiment ce qui me poussais à échanger ce baiser avec lui, je savais juste que j’en avais besoin et envie. Comme mû par une force qui m’était inconnue, je le laissais goûter les lèvres. Cette fois-ci, ce n’était pas comme la dernière fois. Il ne me forçait pas, je possédais entièrement ma force de volonté, et je pouvais y mettre fin lorsque je le désirais. A mon plus grand étonnement, ce fut même moi qui approfondit notre échange. Ma langue timide et hésitante, vint quémander l’accès à ses lèvres afin d’aller rejoindre sa jumelle pour l’entraîner dans un ballet des plus sensuels. Avec délicatesse et douceur qui contrastait avec sa force de caractère, je caressais langoureusement la sienne, comme pour lui faire découvrir quelque chose qui lui était inconnu, tout comme cela l’était pour moi.
Soudain, Ezekiel s’écarta précipitamment, comme réalisant ce qu’il venait de faire. Dans un sursaut d’effroi, il mit donc fin au baiser. J’ignorais pourquoi mon cœur se serra à cet instant, ce baiser prenait une teinte d’interdit. Il me sembla voir de la crainte dans ses yeux, chose que je n’aurais jamais crue possible venant de sa part.

Sans un mot, il se détourna de moi, et prit la direction du manoir.
Le chemin du retour, s’effectua dans un silence monastique, et l’inquiétude de son état, me fit oublier la mort que j’avais donné à un homme. Comme envoûté, je le suivais pas à pas, rechignant à m’éloigner plus de lui. Alors que les premiers rayons du soleil commençaient à illuminer le ciel, nous regagnâmes la chambre où était entreposé nos deux cercueils. Après m’avoir prononcé de brèves paroles, il referma son cercueil me laissant seul. Résigné, j’allais faire de même, mes yeux restèrent figés sur lui, comme incapable de me résoudre à rejoindre le mien. Quelque chose avait changé entre nous, à l’instant même où j’avais accompli ma véritable nature, je m’étais lié à lui, seul être qui empêcherait cette solitude de m’envahir et qui au combien me faisait trembler. Sans vraiment réaliser mes faits et gestes, je me dirigeai vers son cercueil et l’ouvrit. Il était là, étendu, me fixa de son regard plein d’effroi. Je me rappelais de ma nuit avec lui, dans ce même lieu exiguë. Accepterait-il au moins cette nuit, une nouvelle fois ma présence près de lui ?

Le fixant longuement, il finit par comprendre, et après avoir soupiré de lassitude il finit par se décaler sur le côté en une invitation explicite à venir le rejoindre. Je ne me fis pas prier et je vins instantanément à ses côtés, fermant le cercueil avant de me blottir contre lui. C’est enlacé l’un contre l’autre que nous parvînmes finalement à trouver le sommeil.

Paris, 1er décembre 1759

Les mois défilèrent, puis les années durant lesquelles nous menâmes paisiblement notre vie de vampire, vivant ignoré de tous, tuant nos proies lors de soirées mondaines auxquelles Ezekiel aimait à se rendre dans l’ombre.
Nous menions une vie plutôt calme, régie par nos fréquentes disputes. Mon premier meurtre était maintenant loin dernière une série d’autres bien trop longue, et pourtant, je ne parvenais pas à prendre autant de plaisir que mon semblable, ne tuant vite et bien que lorsque c’était nécessaire.
Une seule chose menaçait notre équilibre apparent, comme ce soir là, où je m’étais encore rendu malgré les risques, devant la maison d’Elisabeth. Cette nuit, emprunt d’un profond sentiment de mélancolie, je ne parvenais pas à me décider à partir de ce lieu, contemplant jusqu’aux derniers instants qui m’étaient possible Elisabeth assez proche de l’éveil et entendre chacun de ses battements de cœur faisait comme vibrer le mien. Perdu dans mes pensées, je ne me rendais même pas compte que le matin était bien trop proche, chose dangereuse en soit… Je ne m’en rendis compte que trop tard…
Je fus brusquement attrapé par l’épaule par Ezekiel, pour me retrouver face à lui. La violence de son geste n’était rien par rapport à celle que je pouvais déceler sur son visage. Sa main s’abattit sur ma joue avec une brutalité que je ne lui avais jamais connue, me faisant chanceler sous le coup porté. D’une voix dangereusement basse qui provoqua chez moi de violents frissons de terreur, il déclara :
-              Il me semble que nous nous étions mis d’accord sur ce point, non ? Tu as rompu notre accord, alors assume tes actes et regarde la mourir…
-              Nooon ! M’exclamai-je, en sentant vibrer mon âme de douleur et de peur.
Instinctivement, je me plaçais entre lui et la maison où elle vivait. De toutes mes forces, j’allais empêcher cela, même si je devais le payer de ma vie. Ezekiel se jeta sur moi, me poussant brutalement sur le côté de façon à lui libérer le passage. Dépassant mes capacités, il entra dans la maison, sans que je puisse le rattraper. A peine fut-il dans sa chambre, qu’il l’attrapa Elisabeth par le cou, un sourire dépeint sur ses lèvres tel que je les haïssais. Alors qu’il allait planter ses crocs dans la veine qui palpitait au niveau de son cou, je me jetais de toutes mes forces sur lui dans le but de lui faire lâcher prise, ignorant volontairement que tout cela était vain. D’un revers de la main, il m’expulsa de nouveau. En me voyant tomber, Elisabeth poussa un cri d’horreur et d’une voix emplie de surprise, elle s’exclama :
-              A… Adriel ? Est-ce vous ? Je vous en prie… Dites-moi ce qui se passe…
A l’entente de mon nom d’humain, tout me revint clairement. La soirée où tout avait basculé. Adriel… C’était mon vrai nom. Je n’étais pas ce qu’Ezekiel avait tenté de me faire croire. Je ne pus que murmurer son nom d’une voix brisée et emprunte de tristesse. Mais Ezekiel ne semblait pas vouloir me laisser de répits, ce n’était pas dans sa nature, tout en lui respirait le mal…
-              Comme tu l’aimes ta belle jouvencelle, clama-t-il en riant avant de reprendre plus enragé que jamais. Tu risque ta peau pour cette catin, s’exclama-t-il furieux, mais avec quoi est ce que tu réfléchis ?

Elisabeth émit un cri de surprise face à son excès de rage, et reportant son attention sur elle, il déclara calmement, un sourire diabolique étirant ses lèvres :
-              Ici s’arrête ta vie ma chère… Quel dommage, de mourir si jeune par le simple fait qu’il soit amoureux de toi… Tout cela est de ta faute vois-tu !

-              Qu’est ce que… Qu’est ce que tout cela signifie ? Demanda Elisabeth en palissant soudainement, se tourna vers moi, toujours étendu sur le sol, trop faible pour faire quoi que ce soit.
Chaque mot prononcé par Ezekiel était un poids supplémentaire, nourrissant cependant ma haine.
-              Adriel… Expliquez-moi ce qui se passe, je vous en prie… Que signifie tout cela ?

Aussitôt, Ezekiel m’attrapa par le cou et en un lien d’œil, je fus entre ses bras, lamentable et vulnérable dans le reflet de ses yeux. Tout contact avec lui me révulsait, mais pas autant que son être et ses actes. D’une voix qui cachait mal le sentiment de délectation qui le faisait vibrer de satisfaction, il déclara sans se départir de son maudit sourire :

-              Oui, Alakhiel, explique-lui ! Dis lui comment elle va mourir !
Dans un vain espoir, je gémis pitoyablement :

-              Je vous en prie. Epargnez-là… Je… Je ferais ce que vous voudrez…
-              Tu m’as déjà servi ce refrain la dernière fois, s’exclama-t-il furieusement.
Puis, se tournant vers Elisabeth, il la saisit par les cheveux et d’un geste vif, son visage sur à seulement quelques centimètres du mien. Tout mon corps était criblé de douleur, comme des spasmes qui semblaient ne jamais prendre fin, m’empêchant de faire quoi que ce soit. Une lueur bestiale et malsaine étincela dans son regard de braise, tandis que d’une voix redevenue calme, il déclara, caressant tendrement les cheveux soyeux d’Elisabeth, humant son odeur à plein nez :
-              Ton cœur bat si vite… Aurais-tu peur ? Peur de mourir ? Je peux entendre les battements frénétique de ton cœur qui s’emballe dans ta poitrine, murmura-il en posant sa main sur son cœur. Je peux sentir ton sang palpiter dans tes veines qui ressortent sous ta peau pâle en une sensuelle invitation à venir y goûter… Me laisseras-tu boire ton sang, ma chère ? Je frémis à l’idée de sentir l’exquise volupté de ton sang se répandre dans ma gorge, tiède et savoureux comme le plus doux des arômes, de te sentir t’amollir dans mes bras alors que je te vide de ton sang avec une lenteur extrême qui te mènera de vie à trépas en une longue et interminable attente. Puis, ton corps finira par se raidir totalement alors que j’aspirerais hors de toi la dernière goutte de ton sang, comblant mon désir insatiable et à ce moment là seulement, tu rendras ton dernier souffle. A jamais belle, froide comme une pierre tombale, tu erreras dans la mort…

Effrayé tout autant que je l’étais, mais pour d’autres raison, Elisabeth laissa s’échapper un hoquet de sanglot, alors que son regard se détournait de celui du monstre. Puis d’une voix suppliante, elle s’exclame :
-              Libérez-moi, je vous en prie… Laissez-moi m’en aller…

Sa main n’emprisonnant plus mon cou, il continuait d’exercer une pression insoutenable sur moi. Je pouvais le sentir frissonner de pure exaltation, prenant plaisir à lui torturer l’esprit, encore plus qu’avec ses autres proies.

Un sourire cruel naquit sur ses lèvres et la vue de l’étincelle meurtrière qui luisait dans ses yeux me réveilla de mon effroi. Je me jetais une fois de plus sur lui, afin de tenter de protéger Elisabeth d’une mort certaine. Mais comme la première fois, ce fut peine perdue. Me saisissant par le cou, il me porta à bout de bras, tandis que mes mains attrapaient ses poignets, je tentais désespérément de lui faire lâcher prise. Comme perdu dans sa folie, une idée sembla lui traverser l’esprit, et avec un rictus satanique dépeint sur le visage, il déclara :
-              Et si… Au lieu de la tuer, je lui offrais le don obscur ?

Je ne répondis rien, en étant de toute façon incapable, me contentant de me débattre alors qu’il amplifiait la pression de ses doigts autour de mon cou en une menace non feinte. C’était une chose de suffoquer en étant humain, mais mes nouvelles perceptions de vampire me rendaient le mal-être encore plus abominable et éprouvant. Lentement, il amplifiait la pression, me faisant perdre peu à peu conscience. Il me ramena vers lui, et lorsque mon visage ne fut qu’à quelques centimètres du sien, il déclara :

-              J’ai laissé passer trop de choses ces dernières années, Alakhiel, j’ai été beaucoup trop indulgent avec toi. Sais-tu pourquoi je t’ai choisi ? Parce que tu as cette haine et cette rage en toi, mais trop attaché à ta vie humaine, tu te refuses à laisser ta vraie nature rependre le dessus. Tu est lâche et misérable Alakhiel, tu ne vaux absolument rien. J’aurais mieux fait de te laisser mourir après t’avoir vidé de tons sang au lieu de faire de toi un enfant de la nuit.
-              Vous êtes un monstre, soufflais-je.
Je rajoutais, plus pour me convaincre que pour le convaincre lui :
-              Je ne suis pas comme vous…
-              Oh si tu l’es, murmura-t-il. Toi et moi nous sommes pareil… Nous sommes nés pour tuer, Alakhiel…
Son esprit s’infiltrait dans le mien, sans qu’il en ait véritablement conscience, tentant de me faire ployer sous sa volonté.
-              Arrêtez ça tout de suite ! M’écriais-je.
-              Alors prends-là, Alakhiel ! S’écria-t-il. Tue-la et débarrasse-toi de cette humanité qui te ronge. Pour toi la souffrance est atroce, tu la ressens parce que tu es un vampire, Alakhiel, cesse de renier ta vraie nature… Tu résiste au seul remède qui t’apporterais la paix…
Le pire était de savoir que ses paroles était empreinte de vérité. A bout de force moralement, je m’exclamais tout de même :
-              Je ne peux pas …
-              Songe gamin, que tout ce qui t’attend, c’est de la regarder vieillir au fil des années, annihilant toutes possibilités d’être un jour un vampire sain d’esprit, noble et puissant. Tu t’adonnes à tes remords et à ta culpabilité que tu chéries tant et tombe dans la décadence…
-              Taisez-vous, le suppliais-je, cessant de me débattre pour porter mes mains à mes oreilles, dans l’espoir d’échapper à cette vérité trop cruel qui me frappais brutalement.
Ezekiel voyait plus profondément en moi que je n’en serais jamais capable ; une vérité qui ne devait m’être dévoilé.
Sans tenir compte de mes supplications, il poursuivit son réquisitoire passionné :
-              Tu es un vampire de la pire espèce… Amoureux de tes remords et de ta culpabilité, tu te complains dans ton malheur et ta souffrance alors que tu as la possibilité de tout faire cesser…
Me lâchant, il se retourna vers Elisabeth pétrifiée de terreur et d’un violent coup de coude, il la bouscula dans mes bras, m’offrant le contact que je n’avais jamais eu d’elle durant ma vie humaine, faute de l’avoir espéré. Son cœur battait si vite… Et sa peur venait vriller mes tympans. Comment pouvait-il jouir de pareille souffrance d’autrui ?
-              Tu as le choix, déclara-t-il. Tu as la possibilité de la tuer rapidement sans la faire souffrir ou de prendre ton temps, mais fait le ! Tue-la ! Si tu ne le fais pas, c’est moi qui m’en chargerais et ce ne sera pas de la manière la plus douce. Si c’est moi qui la tue, elle agonisera lentement dans d’atroces souffrances… A toi de prendre ta décision, Alakhiel !
Je ne supportais plus qu’il m’appelle ainsi. Si je ne détenais pas la vie d’Elisabeth entre mes mains, j’aurais ôté la mienne sur le champ. J’étais incapable de protéger celle que j’aimais. Je restais silencieux, immobile, pitoyable comme il le disait… A bout de patience, il s’exclama, de plus en plus énervé :
-              Ma patience à des limites !
Une rage immonde semblait luttait dans l’esprit de Ezekiel, prêt à tout pour arrivé à ses fins. Constatant que je me refusais encore à lui ôter la vie, me demandant une chose que je ne pouvais faire, déchiré entre les deux seules possibilités que je ne pouvais et ne voulais pas voir accomplie, Ezekiel saisit violemment Elisabeth par les cheveux et l’attira à lui sans aucun ménagement. Elle laissa s’échapper un cri de surprise qui se transforma bien vite en hurlement de terreur alors qu’il découvrait ses canines acérées avant de plonger dans son cou, la maintenant fermement contre lui. Cette image : j’avais prié ne jamais la voir. Ezekiel avait raison, sa mort entraînerait la mort de ma vie humaine. Mais il se trompait, jamais sa mort ne me permettrait de devenir un vampire comme lui. En me choisissant, il s’était condamné à voir en moi un être qui le révulserait…

Entrant soudain dans un état second, je me jetais sur lui, le projetant violemment sur le sol avec une force que je m’ignorais. Sans perdre de temps, fou de désespoir, laissant échapper toute haine, enroulant Elisabeth dans un flot d’amour perçut uniquement par elle et invisible aux yeux de tous, je mordis profondément dans la gorge de ma bien-aimée, aspirant le sang qui s’échapper de la plaie causées par mes canines.
Je fis vite, me surprenant tout de même à savourer ce goût si différent de tous les autres, aspirant la vie d’Elisabeth, me condamnant à jamais. Plus sa vie s’échappait plus je me sentais sombrer. Ezekiel m’avait détruit, tout comme il le faisait avec le reste du monde. Alors que les battements de son cœur allaient cesser, je fus brutalement entraîné par Ezekiel dans l’endroit le plus sombre de la pièce, s’avisant du jour qui se levait. M’empêchant de pleurer sa mort, d’admirer une dernière fois son corps animé par un souffle de vie, je me laissais faire. Hagard, je ne savais pas ce qu’il faisait, mais je fus brusquement jetais dans une pièce totalement noire par Ezekiel, avant qu’il ne m’y rejoigne. Fermant la trappe par laquelle nous étions rentrés. Perdu, je me laissais tomber à genoux sur la pierre glacée et humide. Ezekiel déclama furieux plusieurs paroles que je ne pris pas la peine d’écouter, en étant tout bonnement incapable. J’étais vide… Le goût du sang de celle que j’avais aimé était encore imprimé dans ma bouche. J’étais pris de stupeur d’avoir aimé le goût de son sang, la saveur de sa vie… C’était le meilleur que je n’avais jamais bu.  Son sang coulaient maintenant dans mes veines, me rendant compte que j’y avait pris du plaisir. Aussi, je me contentais de murmurer une pensée qui s’imposait à moi :
-              Notre place est en enfer…
Ezekiel ne répondit rien, me laissant seul et s’éloignant de moi. Je rampais jusqu’au coin opposé au sien, comme si je m’éloignais du propre mal qui m’habitait à présent, celui que j’avais toujours fuit. Il avait finit par me rattraper, et de la plus odieuse des façons qui soit…

Durant les jours qui suivirent, j’étais comme éteint. Plus rien n’attirait mon regard, me laissant dépérir en perdant cette vie qui m’avait animé toutes ses années. Le manoir était devenu mon seul lieu de vie, ne chassant plus que quelques rats au détour d’un couloir lorsque la faim était trop douloureuse. Ezekiel poursuivait sa vie de vampire, sortant chaque jour, constatant dans son regard lorsqu’il se déposait sur moi qu’il me perdait…

Paris, 16 décembre 1759

Encore une nuit de plus qui commençait, une nuit si infinie et si cruelle. Chaque jour, je rêvais de la mort d’Elisabeth et de cet instant avec Ezekiel, et à peine eussè-je ouvert les yeux que je me sentais accablé par ce poids qu’aucun humain n’aurait pu soutenir. Cette nuit là cependant, quelque chose changea et ce dès mon réveil. Alors que je pouvais entendre Ezekiel quitter le manoir, je sus que je ne pourrais supporter sa vue une fois de plus. Je me trouverais la paix en sa présence qu’en lui donnant la mort, et cela j’en étais incapable. Cette nuit là, je me sentais étouffé, et je pris la décision de faire ce que depuis longtemps j’aurais du faire. Fuyant la solitude, j’avais été responsable de la mort d’Elisabeth, mais cela ne me faisait pas lui pardonner. C’est uniquement seul que je pourrais m’en remettre, ou du moins, seul que je pourrais décider moi-même de mon avenir. J’étais sur le balcon, enroulé dans une cape qu’Ezekiel m’avait offert un an auparavant. J’avais vécu beaucoup avec lui, en si peu d’années, mais notre séparation était inévitable. Me redressant, vacillant à cause du manque de sang, je pris ma décision. Sautant du balcon, j’atterris un peu trop lourdement sur le sol. Mais cela ne m’empêcha pas d’entamer une course à une allure raisonnable. Il fallait que je m’éloigne.
Au fond de moi, une petite voix me murmurait que ce n’était pas un adieu définitif et que je serais amené à le revoir. Mais cela entraînerait forcément la fin de l’un de nous deux…

Cet article a été publié le Jeudi 7 mai 2009 à 14:35 et est classé dans Silent scream. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant au flux RSS 2.0 des commentaires. Vous pouvez faire un commentaire, ou un trackback depuis votre propre site.

4 commentaires opour le moment

Dadoune
 1 

Oooh le pauvre… heu… y a moyen il a un nom plus facile MDR Bon je vais l’appeler Adriel lol Il a dût tuer sa chérie :( Mais je suis pressé de lire la suite!

10 mai 2009 à 11:34
ayase
 2 

ooo j’attend avec impatience la suite *__* c’est vraimment troooop beau

10 mai 2009 à 11:34
 3 

ça anonce un beau combat entre les deux !!!

27 mai 2009 à 7:01
lutraah
 4 

je trouve ça chouette en fait que ce différent des autres histoires de vampires. Ici, ils ressentent vraiment des choses, ils ont des sentiments profonds même si certains le refusent plus que d’autres. Ils gardent une part d’humanité que j’apprécie et qui fait la “profondeur” de votre histoire. Vraiment bien. Et je confirme que la petite victime (Sarah, j’ai déjà oublié son nom.. mdr) a besoin d’être loin d’Ezekiel pour pouvoir devenir vraiment un vampire et accepter plus ou moins son statut.

Quel dommage qu’il ait perdu son amour, c’est si triste :( Ses sentiments envers elle étaient quand même vachement purs et respectueux, dommage qu’elle crève cette conne (désolée, bien parler au bout d’un moment ça va plus, faut que je mette quand même un gros mot :D)

<3

12 juin 2009 à 18:40

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