Archive du 28 avril 2009

28
avr

Silent scream - Chapitre 1

   Ecrit par : admin   in Silent scream

Chapitre écrit par Shinigami

Paris, 12 avril 1752

Debout dans un coin reculé de la grande salle de réception, à moitié dissimulé par les grands rideaux de velours sombre, je posais sur l’assemblée, un regard hautain et méprisant. Ils étaient tous là, insouciants, totalement inconscient du danger qui les guettait et planait au dessus de leur tête. Enivrés par le vin qui coulait à flots et la musique entraînante des violons, tous dansaient en un ballet de masques et de couleurs toutes plus chatoyantes les unes que les autres, sous la lumière des chandelles disposées par centaines dans les vieux candélabres qui meublaient l’immense salle de bal.

Les odeurs entêtantes de parfums mêlées à celle âcre de la transpiration me montaient à la tête et m’enivraient. Je ressentais toutes leurs émotions, leur hypocrisie me frappait comme une poigne de fer se resserrant autour de mon cœur et m’étouffait. Leur fourberie et la mesquinerie qui émanaient d’eux me répugnait au plus haut point et je ne pouvais m’empêcher de haïr tous ses faux semblants. C’est cette haine farouche qui me poussait à les traquer sans relâche, débarrassant, à mon niveau, la terre de cette vermine grouillante et répugnante.

L’harmonie et la joie dépeintes sur leur visages poudrés à outrance n’étaient qu’illusions et la réalité me sautait au visage comme une évidence que j’étais le seul à percevoir. Cette jungle humaine était régie par ce jeu à la mode, de séduction subtile qui donnait à tous ces êtres, l’impression d’être important aux yeux des autres alors qu’en vérité, ils ne valaient pas mieux les uns que les autres. Et cette suffisance m’écœurait. Le snobisme me répugnait et leurs gestes maniérés et tous pensés à l’avance, m’exaspéraient.

La seule préoccupation de ses gens était le souci de plaire et de se faire bien voir de la haute société et de la maîtresse de maison qui avait organisé cette soirée, dans le but de s’attirer leur bienveillance, ce qui leur assurerait un avenir tout tracé dans cet univers ou l’hypocrisie régnait en maître. Poussés par ce désir, cette horde d’aristocrates n’hésitait pas à s’avilir au point de devenir de véritables pantins que l’on pouvait manipuler à notre guise par devant et qui agissaient dans l’ombre, capable de vous poignarder dans le dos lorsqu’ils avaient à y gagner pour parvenir à leurs fins.

Alors que je m’apprêtais à aller me dénicher une fraîche jeune fille afin de m’amuser un peu à ses dépends, une odeur suave et envoûtante s’imposa à moi, surplombant toutes les autres, les annihilant totalement. Mon odorat s’était comme figé sur cette odeur particulière qui enveloppait tout mon être. Portant mon regard sur la marée humaine, je cherchais l’origine de ce parfum qui m’enivrait et faisait naître en moi un désir incontrôlable.

C’est alors que je le vis, là, immobile au milieu de la foule qui virevoltait autour de lui en une synchronisation parfaitement effrayante. Le regard rivé sur moi, il semblait sonder mon âme à la recherche d’une réponse peut être, mais d’une réponse à quoi ? Derrière son masque qui recouvrait et dissimulait la partie supérieure de son visage, à l’exception de deux petites fentes pour ses yeux, je découvrais un bas de visage aux traits fins et magnifiquement bien sculptés, qui laissaient à deviner un visage divinement beau et délicat. Ses lèvres fines et ourlées étaient d’un rouge profond, à demi entrouvertes, représentaient à mes yeux, une véritable invitation à aller y goûter, à me repaître de son goût et de cette bouche si indécemment tentatrice. Comme je le voyais, il symbolisait une tentation charnelle et une invitation à la luxure, éveillant en moi un désir violent.

Me détournant de mon objectif premier, je me tournais vers lui, un sourire prédateur dessiné sur mes lèvres, avant de me diriger dans sa direction avec une lenteur exagérée et toute calculée. Il était là, comme paralysé et ne me quittait pas du regard, tandis que son odeur me pénétrait et m’enivrait toujours plus alors que j’approchais de lui. Arrivé à quelques pas de lui, je m’arrêtais mais ne le quittais pas du regard. Mes yeux rivés dans les siens, je sondais son âme à la recherche de la raison qui rendait son regard si triste car une curiosité malsaine me poussait à tout savoir de mes futures victimes. J’aimais le spectacle que m’offraient leurs regrets et la culpabilité qui les assaillaient aux souvenirs de leurs actes accomplis. Je jubilais du pouvoir que j’usais sur eux comme bon me semblait, sans même qu’ils en aient conscience, et ce que je pouvais lire en lui me plaisait plus que tout ce que j’avais pu voir jusqu’à maintenant.

La musique autour moi s’était tue et plus rien ni personne n’existait à mes yeux, hormis lui. En l’espace d’un instant, il était devenu mon univers et plus que jamais, je le voulais. Je le voulais comme je n’avais jamais voulu personne auparavant. Je voulais le goûter, me rassasier de sa saveur et m’enivrer de la délicate odeur qui l’enveloppait et annihilait toute ma volonté, hormis celle de le posséder.

Réduisant à néant l’infime distance qui nous séparait encore, j’effectuais les derniers pas et fébrilement, je tendais la main jusqu’à sa joue, laissant mes doigts glisser subtilement sur sa peau en une caresse délicate et aérienne qui contrastait avec le désir violent qui me brûlait les reins et faisait bouillonner mon sang dans mes veines. Jamais encore je n’avais ressentis un tel désir et une telle attirance pour quiconque et je devais l’admettre, cela me perturbait. En tant normal, j’étais le prédateur, c’était moi qui attirais ma proie dans mes filets, mais là, les rôles semblaient s’être inversés et je me retrouvais proie.

Bien que ses yeux d’un vert profond ne trahissent rien de ses sentiments, les battements de son cœur s’étaient accélérés, signes irréfutables que ma proximité ne le laissait pas indifférent. Sans me départir de mon petit sourire satisfait et arrogant, je glissais mon index sous son menton. Plantant mon regard le plus perçant et captivant dans le sien, je commençais à reculer, l’entraînant à ma suite par la seule force de ma volonté, sachant pertinemment ce que j’attendais de lui. Mes doigts effleuraient à peine sa peau, mais mon pouvoir d’attraction n’en était pas moins puissant.

De son côté, il ne lâchait pas mon regard et même si cela ne venait pas de son plein gré, je l’en aurait empêché. A présent, j’étais l’unique personne qu’il devait regarder et sur qui il avait le droit de poser les yeux. Je l’entraînais derrière un rideau au fond de la pièce, à l’écart des autres, là où personne ne pourrait nous surprendre. Mais étourdis par la musique assourdissante, aucun des danseurs ne faisait attention à nous, virevoltant autour de nous au rythme des notes endiablées, s’écartant à notre passage, nous traçant le chemin sans même en avoir conscience.

Arrivés à l’abri des regards indiscrets, j’attirais un peu trop brutalement mon magnifique inconnu à moi et cédant à la tentation qui me tiraillait depuis que j’avais croisé son regard, je m’emparais avidement de ses lèvres avec une passion et un désir non feint. Totalement à ma merci, ma victime y répondit avec le même entrain. Il n’y avait aucune douceur dans ce baiser, juste du désir, une pulsion presque bestiale à assouvir. Mon instinct de prédateur se réveillait alors que nos langues entamaient un ballet farouche et sensuel. Puis, mettant fin au baiser, je laissais ma langue redessiner avec volupté les traits fins de son visage, alors que mes mains s’affairaient à dénuder son cou. A présent, j’étais totalement hors de contrôle, et rien ni personne ne pourrait m’empêcher d’assouvir mon désir ardent qui me consumait. Assoiffé comme je l’étais, il m’était impossible de faire demi-tour. Glissant mon visage dans son cou, je lapais sa peau avec avidité, m’imprégnant de son goût et de son odeur qui commençaient déjà à me rendre fou, l’imprimant dans ma mémoire.

Complètement abandonné à moi, ma proie s’agrippait de toutes ses forces à ma veste de velours cobalt, comme pour se raccrocher à la réalité. Cependant, alors que je m’apprêtais à prendre sa vie et me repaître de son fluide vital qui me maintiendrait en vie, je ne pus m’y résigner. Je ne pouvais m’abandonner à l’idée que son corps sans vie puisse devenir, un jour, aussi froid qu’une pierre tombale. Pour la première fois de ma vie, je ne pouvais me résoudre à tuer une proie… Non, je voulais bien plus que cela… Je voulais qu’il m’appartienne à jamais… Je voulais qu’il soit mien. Ainsi j’avais décidé, ainsi il serait ! Changeant de plan pour la seconde fois de la soirée, je raffermis mon emprise sur lui et le guidais à l’étage.

Ma victime fermement accrochée à moi comme si sa vie en dépendait, je l’attirais tout contre moi, tandis que nous pénétrions dans la première pièce venue. Par chance, celle-ci était celle que je recherchais. Refermant la porte derrière nous, je prenais sur moi pour ne pas me jeter sur lui sans préavis, maîtrisant tant bien que mal mon côté animal et impulsif. Malgré mon empressement, je pris le temps d’observer un peu plus attentivement le produit de ma chasse nocturne, admirant sans pudeur, la grâce de ses traits efféminés mais à la fois indéniablement masculins. Des lèvres fines mais bien dessinées, une taille gracile et des courbes agréables à regarder, mais qui ne laissaient aucun doute sur sa masculinité. Je crois que jusqu’à ce soir là, je n’avais encore jamais eu le loisir de contempler pareille créature de rêve.

Lentement, je m’approchais de lui et estimant avoir suffisamment patienté, je lui retirais son masque d’un geste vif mais emprunt de douceur. Bien que j’ai à demi conscience de sa beauté, je ne m’étais pas attendu à cela… Je ne parvenais à trouver de mots suffisamment puissants et éloquents pour décrire la beauté divine de mon vis à vis qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. Je restais longuement à contempler sa beauté à la fois angélique et démoniaque par l’attraction qu’elle avait sur moi.

Après m’être momentanément rassasié de sa vénusté, avec une tendresse et une délicatesse qui m’étaient inconnues, je pris de nouveau possession de ses lèvres si tentatrices. Contrairement au précédent baiser qui représentait la passion qu’il faisait naître en moi, ce baiser était le symbole de sentiments bien plus profonds et inconnus. Alors que notre échange gagnait en intensité, je passais les mains entre nos deux corps, dans la ferme intention de lui ôter un à un ses vêtements qui, à présent, étaient devenus une entrave à mon désir de sentir sa peau sous mes doigts.

Habilement, j’entrepris de déboutonner sa veste et dans un geste empli de délicatesse et de désir contenu, je la fis glisser le long de ses bras avant de la laisser tomber au sol ayant perdu tout son intérêt. Cependant, le spectacle qui s’offrit à moi aurait pu valoir mille fois les pires damnations… Sa chemise d’un blanc presque transparent, laissait deviner une peau parfaite et exempte de toute imperfection. Sous la peau d’albâtre de son cou, son sang pulsait dans sa veine, attisant mon désir de le faire mien tandis que je résistais tant bien que mal à l’attraction de cette vision si fascinante, refoulant au plus profond de moi mon instinct de prédateur.

Chassant cette idée au fond de moi, je laissais mes mains partir à l’aventure sous cette chemise ample qui masquait vulgairement la beauté de son corps et, ne résistant pas à la tentation de goûter à nouveau au doux parfum de ses lèvres indécemment innocentes, je m’en emparais délicatement, en une caresse aérienne. Laissant ma langue caresser ses lèvres, je l’invitais implicitement à les entrouvrir afin que je puisse de nouveau investir sa bouche et jouer avec sa langue dont la saveur égalait celle des plus doux parfums. Lorsque nos langues se rencontrèrent enfin, je réprimais tant bien que mal un violent frisson de bien être et de satisfaction. Cet homme dont j’ignorais toujours le nom mais dont je n’avais cure en cet instant présent, représentait à lui seul le péché de la luxure et du désir charnel.

Nos langues se caressaient et se liaient en un ballet des plus sensuels. Les yeux mi-clos, le souffle erratique et ses cheveux mi-longs encadrant son visage, il renvoyait une image des plus érotiques et je faillis de nouveau me laisser aller à cette vision, répondre à ce feu qui embrasait mes reins et la bestialité de mon don obscure. Je ne comprenais pas d’où venait cette subite attirance que je ressentais pour lui et dont la pression de ma volonté de le savoir mien me vrillait douloureusement les entrailles. Une chose était certaine, c’est qu’il faisait naître au creux de mes reins et dans mon corps tout entier, une chaleur étrange que je n’avais jamais ressentie auparavant. Le désir et la passion qui grandissait en moi, me faisait perdre tous mes moyens et j’en oubliais tout ce qui n’était pas lié à lui, à la chaleur de son corps et son odeur exaltante.

Cédant à la tentation de son corps si attrayant, je fis glisser ma langue le long de sa mâchoire, redessinant les contours de son visage avant de descendre dans son cou, goûtant chaque parcelle de sa peau. Du bout des doigts, j’effleurais sa colonne vertébrale, le faisant frissonner entre mes bras, tandis que de ses lèvres entrouvertes, s’échappaient un hoquet de surprise bientôt suivit d’un profond soupir de satisfaction et de bien être. Les yeux à présent clos, il s’agrippait à mes épaules comme s’il tentait désespérément de se raccrocher à une réalité qui n’existait déjà plus. Descendant une énième fois le long de son dos, mes doigts finirent par l’abandonner pour partir à la découverte du reste de son corps.

Mes doigts frôlaient en un contact aérien la peau parfaite et fragile de ses reins, avant de revenir sur son ventre. Je redessinais amoureusement la sculpture délicate de ses abdominaux finement dessinés, puis remontais lentement vers les boutons de chair rose qui pointaient sous le plaisir ressenti sous la fine toile de sa chemise qui dénuait éhonteusement son épaule gauche. Je défis avec dextérité les premiers boutons de ce bout de tissu inutile qui cachait sa beauté et le fis glisser sur ses épaules et dans son dos, mettant à nu un torse parfait.

Galvanisé par cette vue, je délaissais son cou pour partir à la découverte de son torse imberbe, léchant et goûtant à chaque parcelle de peau encore inexplorée, dans le but de le goûter entièrement. Je voulais laisser mon emprunte sur lui, qu’il m’appartienne ainsi à jamais. Du bout de la langue, je jouais un moment avec ses boutons de chair suffisamment longtemps pour les exciter et les sentir se durcir d’avantage sous mes lèvres. Un petit gémissement franchit alors la barrière de ses lèvres entrouvertes, faisant monter en flèche mon désir pour lui. Inconsciemment, il dégageait une image érotique qui attisa la passion qui brûlait déjà en moi.

Ne parvenant plus à rester maître de moi-même, ma patience mise à rude épreuve, je le plaquais violemment contre moi, frottant lascivement mon intimité douloureusement gonflée contre son bassin, tandis que mes mains se glissaient sans honte aucune, sous le tissu de son pantalon en toile, caressant ses fesses avec un plaisir non feint. Un râle rauque s’échappa de sa gorge alors que nos corps enlacés entamaient un langoureux déhanchement érotique dénué de tout sentiment de honte ou de gêne.

Alors que je m’affairais à défaire les attaches de son pantalon, le visage enfouis dans son cou gracile, je le sentis se tendre brusquement et il commença à se débattre entre mes bras. Je me rendis compte, qu’aveuglé par mon désir, j’avais inconsciemment relâché mon emprise sur lui, libérant son esprit de mon contrôle. D’un geste vif et précis, j’attrapais ses poignets, le stoppant dans son action de vouloir me frapper et l’immobilisais instantanément. Le prédateur en moi jubilait d’excitation à la vue de la peur que je pouvais lire dans son regard anxieux dans lequel se bousculait une multitude de questions.

Brusquement, presque avec violence, je le jetais sur le lit à baldaquin qui trônait au milieu de la pièce, lui arrachant un cri de stupeur. Vif et agile, je pris place à quatre pattes au dessus de lui, maintenant fermement ses mains au dessus de sa tête. Alors qu’il cherchait toujours à se soustraire de ma poigne de fer, guidé par le désespoir qui s’abattait sur lui, je plongeais mon regard dans le sien. Aussitôt, il cessa tout mouvement, n’étant à présent, rien de plus qu’un corps inerte, telle une poupée de chiffon totalement à ma disposition, répondant au moindre de mes désirs et éveillant en moi mes fantasmes les plus fous.

Du genou, j’écartais ses cuisses tout en effleurant son intimité afin de réveiller le désir qui, je le sentais, était en train de grandir en lui. Reprenant mon exploration de son corps d’une pâleur presque maladive, je m’enivrais jusqu’à écœurement de son odeur qui me rendait ivre de désir. Reprenant là où je m’étais arrêté un instant plus tôt, je laissais mes mains dévêtir avec soin ma victime. Prenant soin d’effleurer son intimité durcie par le plaisir, je lui retirais son pantalon et ses sous vêtements avec une lenteur exagérée qui, à mon plus grand plaisir, le fit frémir d’impatience.

Une fois qu’il fut entièrement nu, je me reculais afin d’admirer avec convoitise, ce corps si parfait éhonteusement alanguis entre les draps blancs. Je m’exaltais d’excitation à la simple idée que cette beauté n’appartiendrait qu’à moi, que moi et uniquement moi aurais le privilège de le toucher et de le faire mien. Certes, les autres pourraient le contempler, sous mon regard jaloux et possessif, mais cela s’arrêterait là. Il était à moi à jamais et désormais personne d’autres que moi ne pourrait poser les mains sur lui.

Après l’avoir contemplé à mon gré, j’entrepris à mon tour de me dévêtir. Cependant, alors que j’esquissais un mouvement pour retirer ma veste, je le stoppais aussitôt et plongeant mon regard dans celui vert profond de ma proie, je lui intimais silencieusement de se relever. Obéissant à cette injonction muette, et avec une grâce féline, il s’agenouilla face à moi, et comme je l’avais fait précédemment, il entreprit d’explorer ma bouche et ma peau d’une pâleur mortelle, tout en défaisant un à un les boutons de ma veste. Galvanisé par la douceur et l’hésitation de ces gestes, malgré le désir de bien faire, j’émis un gémissement de contentement lorsque ses doigts effleurèrent fébrilement mon torse.

Craintif, il se recula, intimidé, et dans un geste qui se voulait rassurant, je caressais son visage avant de me pencher vers lui et de ravir ses lèvres pour un long baiser empli de douceur, qui eut pour effet de le détendre presque instantanément. L’aidant, je me débarrassais rapidement de ma veste que je jetais aux pieds du lit comme un vulgaire bout de tissu, toute mon attention étant ciblée sur ma victime. Réitérant son geste, il entreprit de faire la même chose avec ma chemise, et ravi de tant d’audace et d’initiatives de sa part, je le laissais faire, frissonnant de plaisir au contact aérien de ses doigts sur ma peau plus que sensible.

De nouveau, je m’emparais de ses lèvres avec une avidité qui trahissait mon désir de le posséder. Nos langues jouaient ensemble, se caressant et dansant au son d’une mélodie que nous étions les seuls à entendre, en une chorégraphie parfois langoureuse et sensuelle, parfois avide et passionnée. Alors que ses mains commençaient à descendre le long de mon torse, caressant mes abdominaux au passage pour se rendre à un endroit bien précis situé un peu plus en aval, je lui saisis fermement mais tendrement les poignets, stoppant toute action, tout en le rassurant du regard.

Sans le lâcher ni le quitter des yeux, je m’approchais de lui et après un énième baiser, je l’invitais à s’allonger sur les draps immaculés. Mentalement, je lui demandais de me faire confiance et de fermer les yeux sans tenter quoi que ce soit. Au vue de l’éclair fugace de crainte qui traversa son regard, je tentais de le rassurer comme je pouvais, lui offrant un baiser empli de toute la tendresse dont j’étais capable. Passablement rassuré, il ferma les yeux tout en lâchant un soupir de bien être. Sans le quitter des yeux, je me redressais et tendis le bras en direction de la petite table de bois sculpté sur lequel trônait un vase de grande valeur, contenant un magnifique bouquet de roses, d’un rouge carmin flamboyant. Je m’emparais de l’imposant bouquet et après avoir séparé la plus belle des fleurs du lot que je déposais un peu plus loin afin de ne pas l’abîmer, je me redressais au dessus de ma victime et secouais les fleurs dans un bruit de courant d’air brassé. Les pétales les plus fragiles se détachèrent instantanément pour virevolter un moment dans l’air avant d’aller se poser sur ma victime et sur le lit en un gracieux ballet aérien, formant ainsi un doux linceul. A ce contact, son front se plissa d’interrogation et son corps frémit de part en part.

Je souris à cette vision des plus attendrissantes et lorsque les fleurs eurent perdu tous leurs pétales et que ceux-ci recouvraient le lit en un somptueux manteau carmin, j’effleurais du bout des lèvres, la bouche entrouverte de mon futur amant alanguis dans les draps, avant de m’emparer de la rose épargnée.

Avec toute la subtilité et la douceur dont je pouvais faire preuve, m’étonnant moi-même, je fis glisser la rose le long de son visage, en une caresse éthérée, telle un courant d’air. Avec elle, j’explorais les formes ravissantes de son visage à la beauté androgyne, redessinant les traits fins de son faciès, m’attardant d’avantage sur ses lèvres, résistant à l’envie de les goûter encore et encore.

Les pétales carmin diffusaient dans la pièce un délicieux parfum de fraîcheur qui se mélangeait à merveille à l’odeur suave et envoûtante de ma victime, me rendant complètement ivre. Lorsque je jugeais m’être suffisamment attardé sur son visage, redessinant sa vénusté avec ma rose, j’entrepris de la laisser effleurer la peau sensible et fragile de son cou. Tout en faisant cela, je prenais bien soin de ne pas le toucher avec mes doigts ou quelconque autre parcelle de peau, le frustrant toujours un peu plus en le privant de contacts prononcés. Le plaisir que je pouvais lire sur son visage et les soupirs de contentement qui résonnaient à mes oreilles comme la plus douce des symphonies me confortaient dans l’idée qu’il semblait apprécier le traitement reçu.

C’est avec satisfaction que j’observais son corps tressaillir et se cambrer violemment lorsque la rose vint effleurer une zone érogène de son anatomie, la fine ligne verticale qui descendait jusqu’à son nombril. Abandonnant finalement son torse, j’amorçais ma lente descente vers la partie la plus sensible de son anatomie, le point culminant de son plaisir et de son désir. Des pétales de la rose, j’effleurais son intimité, me repaissant des gémissements rauques et des grognements bestiaux qui grondaient dans sa gorge. Attisé par cet attouchement des plus intimes et brûlant, il se mit à onduler inconsciemment du bassin, dans l’espoir vain de renouveler et approfondir ce frôlement qui l’avait galvanisé au plus haut point. Sous mes caresses interposées, il semblait découvrir une passion et un feu nouveau qu’il n’avait encore jamais ressenti auparavant. Toutes ses sensations semblaient être comme décuplées car le moindre frôlement de la rose s’attirait un déhanchement dépourvu de toute honte, dans une piètre croyance de voir se réitérer cette exquise chaleur.

Après avoir accédé à sa requête dans un élan de générosité de ma part, je lui intimais de se retourner afin d’exposer son dos à mon regard gourmand, mais toujours sans ouvrir les yeux. Comme précédemment, il accéda à ma requête sans la moindre hésitation, et s’allongea sur le ventre, écartant légèrement les jambes comme je le lui avais demandé. Lorsqu’il fut confortablement installé, je repris mon manège, partant de sa nuque sur laquelle je ne m’attardais pas indéfiniment, pour me concentrer sur sa colonne vertébrale.

Un violent frisson lui parcourut l’échine à ce doux frôlement et un sourire satisfait étira mes lèvres. Jamais je n’aurais imaginé qu’il puisse prendre autant de plaisir, mais j’en étais étrangement heureux. Mon coeur se gonflait de ce sentiment de supériorité qui m’exaltait. Son corps si sensible réagissait au moindre effleurement, même le plus infime, et à sa réaction, le doute ne me fut plus permis. Il était encore ignorant des plaisirs charnels, et son corps inviolé ne l’en rendait que plus ensorcelant, me faisant gémir d’impatience à l’idée d’être le premier à le prendre.

Après un moment de ce traitement, lorsque son corps ne réagit plus aussi intensément qu’aux premiers effleurements, je descendis à la découverte de la chute de ses reins et du haut de ses fesses galbées, passant et repassant à cet endroit, poussant parfois le vice jusqu’à laisser la rose glisser entre ses fesses, s’attirant ainsi un gémissement étouffé par les draps de la part de ma victime qui semblait avoir de plus en plus de mal à se retenir de se libérer. Ne souhaitant la le voir venir tout de suite, l’attisant toujours un peu plus, le menant toujours plus près de sa petite mort, mais sans qu’il ne puisse l’atteindre enfin, je stoppais tout mouvement, arrachant à ma victime un couinement de mécontentement qui semblait bien proche d’un hoquet de sanglots. Son corps ondulait éhonteusement à la recherche d’une caresse plus poussée, de manière à la fois sensuelle et terriblement indécente. Cette vision ne fit qu’attiser mon désir à son paroxysme et cédant finalement à mes pulsions et le désir qui me vrillait douloureusement les reins, j’accédais à sa requête muette et inconsciente.

Je portais mes doigts à ma bouche dans le but de les humidifier et lorsque je jugeais que cela était suffisant, je les fis glisser le long de sa colonne vertébrale, m’attardant sur la chute de ses reins et titillant son intimité dans le but de le détendre. Puis, avec douceur et dans une lenteur infinie, j’entrepris de le préparer à ma venue future. Mes doigts jouaient avec son intimité, détendant ses muscles au maximum, avant d’y insérer le premier.

Son corps se tendit légèrement sous cette intrusion et ses doigts se crispèrent sur les draps. Je l’habituais à ma présence en lui et lorsqu’il finit par se détendre, je patientais encore un instant avant d’insinuer délicatement un second doigt en lui. Détendu comme il l’était, il n’eut pas de mal à s’habituer à la gêne occasionnée par ma préparation, mais alors que j’insérais le troisième et dernier doigt en lui, il laissa s’échapper son premier cri de douleur. Aussitôt, prenant sur moi, je cessais aussitôt tout mouvement, et me penchant au dessus de lui, je pris possession de ses lèvres dans l’optique de le détourner de sa douleur.

Usant de toute ma patience, je m’efforçais à ne pas le prendre sur le champ, ayant de plus en plus de mal à me retenir. Puis, comme je le vis onduler de lui-même en un lent déhanchement érotique, s’empalant toujours plus profondément sur mes doigts sans chercher à étouffer ses gémissements de plaisir, je stoppais toute action et retirais mes doigts de son intimité, m’attirant par la même occasion, un gémissement rauque de frustration.

En un temps record, j’achevais de me dévêtir, et attisé comme jamais à la vue de son corps alanguis sous moi, j’esquissais un ample mouvement pour le pénétrer. Alors que je le pénétrais lentement, je fus assailli de sensations intenses et exquises que je n’avais pas souvenir d’avoir ressentis auparavant. C’était à la fois doux et chaud, provoquant en moi des sensations inconnues qui me vrillaient douloureusement les reins. Dans mes veines, je sentais mon sang pulser et bouillonner, tel de la lave en fusion lors d’une éruption volcanique.

Galvanisé par toutes ces perceptions qui me grisaient, je saisis mon amant par les hanches, l’incitant à écarter les cuisses et à relever les fesses, et le pénétrais d’un grand coup de bassin, ample mais profond. Ce que je ressentis à être enfin en lui était quelque chose d’indescriptible. Il n’y avait pas de mots assez puissants et éloquents pour décrire les sensations ressenties et la satisfaction que j’éprouvais. La sensation d’être en lui, de le sentir se resserrer autour de moi et la vision de son dos cambré et de ses doigts crispés sur les draps augmenta prodigieusement la chaleur de mon corps. C’était tout simplement divin et à présent, il était à moi, pour toujours.

L’estimant suffisamment détendu et habitué à ma présence en lui, j’entamais alors un ample et régulier mouvement de va et vient qui attisa cette passion et ce désir charnel qui m’exaltait. Son corps ondulait au même rythme que le mien, en une antique chorégraphie sensuelle et érotique, et ses petits cris d’animal sauvage retentissaient à mes oreilles comme la plus belle et la plus harmonieuse des mélodies qui se mêlaient au rythme endiablés des violons, alors que la réception atteignait son apogée.

Je gardais un moment ce même rythme ample et lent, prenant sur moi pour ne pas me laisser guider par mon instinct animal et sauvage et le prendre passionnément et avec fougue. Puis, atteignant les sommets ultimes de ma patience, subitement, j’esquissais un mouvement pour me retirer puis, le saisissant par les hanches, je l’attirais vivement à moi, le pénétrant plus violemment et plus profondément en gémissant mon plaisir, tandis qu’il se cambrait violemment en étouffant tant bien que mal un cri de plaisir, les yeux fermés et une expression extatique affichée sur son visage.

Galvanisé par cette vision et le plaisir ressenti, je réitérais mon geste, encore et encore, jusqu’à lui arracher un cri de plaisir à l’état brut, alors que je m’acharnais à atteindre le point de son plaisir ultime. Sa peau luisait d’une fine pellicule de sueur et ne résistant pas à la tentation de sa texture si délicate sous mes doigts, je caressais fébrilement sa colonne vertébrale. Je le sentis alors se contracter sous moi et ne souhaitant pas le voir venir tout de suite, je retirais mes doigts de son dos et ralentissais la cadence de mes déhanchements, avant de me stopper totalement et de me retirer de lui. Un sanglot de mécontentement et de frustration accueillit mon initiative et je faillis accéder à sa requête et le pénétrer de nouveau jusqu’à l’épuisement et la jouissance suprême mais fier du pouvoir que j’avais sur lui, je me fis violence et résistais à la tentation.

Je lui volais un baiser ardent et fiévreux, mêlant nos langues avec une ferveur dévorante et lui intimais mentalement de se retourner. Je voulais le voir exploser sous mes coups de bassin, il m’était inconcevable de ne pas me réjouir de la beauté de ses traits lorsque je le ferais jouir. Obéissant docilement à mon ordre muet, il se retourna avec une grâce féline et écartant les jambes, il en passa une de chaque côté de moi en une invitation explicite et terriblement sensuelle.

Ravissant ses lèvres au goût électrisant, je l’entraînais dans un baiser des plus passionnés tout en le pénétrant de nouveau. D’un ample et habile coup de reins, je fus de nouveau profondément en lui, touchant du premier coup le point le plus sensible de son anatomie. Les lèvres entrouvertes en un cri muet, le souffle erratique, il semblait sur le point de se libérer. De mon côté, je sentais ma patience s’amenuiser irrémédiablement alors que j’accélérais la cadence de mes va et vient. Les petits cris érotiques qu’il poussait achevèrent les dernières barrières de ma résistance et alors que je le pénétrais une ultime fois, en un violent coup de bassin, il se libéra sur son ventre dans un cri muet tandis que son corps s’arquait brusquement et qu’il rejetait la tête en arrière. A mon tour, je me libérais en lui, lorsque je le sentis se resserrer autour de moi, le marquant de mon sceau invisible et indélébile.

L’esprit embrumé par la vague déferlante de la jouissance qui venait de s’abattre sur moi, je posais mon regard sur son visage. Son expression extatique et sa beauté à cet instant me frappa de plein fouet et encore enivré par l’effet du plaisir intense que je venais d’éprouver, j’enfouissais mon visage dans son cou. Par ce simple geste je commis une erreur impardonnable. Immédiatement, je me retrouvais hypnotisé par les pulsations de son sang dans la veine de son cou, et je ne parvenais pas à en détourner le regard. Je sentais mon instinct de prédateur s’éveiller en moi, reprenant lentement mais sûrement, le contrôle de mon corps. Puis, bestialement, ne répondant plus de mes actes, je me jetais sur son cou, plantant mes crocs acérés dans la veine qui palpitait de vie et me narguait. Avidement, je me repaissais du liquide carmin qui pour moi, était synonyme de renaissance. Comme je me l’étais imaginé, son sang avait un goût suave et délicieusement sucré et jamais encore je n’avais eu le privilège de goûter pareille saveur. Galvanisé par le bien être que j’éprouvais à me repaître de son sang, je ne m’arrêtais que lorsque je le sentis au seuil de la mort. Dans un état semi conscient, enivré par la douceur de ce liquide carmin qui coulait à présent dans mes veines, réchauffant mon corps froid et rigide, je portais mon poignet à mes lèvres et d’un coup vif, je me tranchais une veine. Dans une geste empli de lenteur, je le portais aux lèvres de ma victime. Sans hésitation aucun, il s’empara de mon poignet avec la lenteur qui caractérisait le trépas, et le porta à ses lèvres, aspirant mon sang avec une avidité telle, comme s’il craignait de ne pas en avoir assez. A la vision que m’offrit son corps recouvert de sang qui coulait lentement dans son cou jusque sur son torse, je réalisais alors l’ampleur de mon geste et lui retirait vivement mon poignet. Cependant, reportant mon attention sur lui, je sus qu’il était, à présent, trop tard…